SPECIAL " FERIA DE MONT-DE-MARSAN"
 
MONT DE MARSAN : FANDIÑO, « MAILLOT JAUNE ! »

   18 Juillet : On aurait pu tout aussi titrer : « Trois oreilles pour le diestro d’Orduña, qui met un gros repaso au Juli ». Et même « plus agressif » ou insolent, ce titre eut été pure vérité.
     Hier, Mont de Marsan vient d’inscrire le nom de sa plaza, et « la date », dans l’histoire d’une trajectoire torera qui, de continuer en cette ligne, ne peut se terminer qu’au plus haut…
     On sait à quel point les « figuras » actuelles dédaignent toréer avec Fandiño… parce qu’il leur rend la vie impossible. Mérite donc au Juli d’avoir accepté, peut-être parce que le ruedo Montois est son jardin, et qu’il peut compter sur l’appui inconditionnel de « son » public Montois… Pourtant, mal lui en a pris : Pour sa deuxième rencontre avec Fandiño, le Juli sera resté le témoin du triomphe de son rival, multipliant moues et grimaces aux exploits de ce diable en jaune, qui s’est imposé à lui, dans « sa » plaza, à force de « vérité totale » avec cape, muleta et épée, là ou lui, « Roi Juli », a bataillé, sué, craché, un peu menti, et tué… comme d’habitude ! Et tandis que Fandiño sortait a hombros, devant une plaza, debout, dont personne n’avait quitté le gradin, Juli rentrait, souriant mais « intérieurement furieux » car… « Ce jour, il n’y avait pas photo !! »

      Attention, personne ici ne se réjouit d’une quelconque déroute, qu’elle soit d’un Juli, forcé, violent, face il est vrai au mauvais lot du jour ; ou d’un Tejela, mieux servi que tous, qui la joua « à la légère », rapide, décentré, un poil « nervosillo », au point de se perdre face au meilleur de la journée, le cinquième toro, et « de rendre » en partie, les triomphes des deux années précédentes.
     Ira t’on jusqu’à dire qu’il les rend tous nerveux « ce Fandiño actuel », torero complètement « embalado », qui voit et fait les choses clairement, en toute sobre vérité, et auquel qui tout sourit… ?
     – La réponse est : « Oui ! probablement… »  Car, là où ils suent et crachent ; là où, malgré tous leurs efforts, leur courage et leur talent, les choses se passent mal et les toros ne veulent pas répondre comme ils le souhaitent… le Basque arrive, se plante sur le sable, avance « muleta et pecho », cite et tire le toro, avec une telle force, une telle « netteté », une telle vérité, que celui charge et accepte le défi, convaincu, vaincu… Les séries se déroulent alors, intenses, longues et profondes, certain « troisième muletazo » paraissant interminable, tant ils sont lents, profonds, « compacts »… Sur les gradins, les aficionados « savent » qu’il se passe quelque chose, et les néophytes « le ressentent » : Faire passer un tel fauve, « si près » et avec une telle  puissance, ne peut relever que de « l’extra-ordinaire ». 
     Et c’est cela que les autres craignent, ceux du pico, de la jambe en arrière et sur « sortir a matar ». La vérité « transmet » toujours une émotion… Hier, Juli, qui n’a ému personne, en a été première victime ! Demain, un autre ! Qui sera le suivant ? – Peu importe ! Ils seront bien obligés de venir s’y frotter, car… c’est le public qui commande, dicte et décide !

     Ira-t-on jusqu’à dire que Fandiño s’est habillé « de jaune », pour défier le Juli à Mont de Marsan ?
     – Non ! Quoique… cette couleur, honnie du monde taurin, met tout le monde nerveux ! Et puis, il n’était pas tout à fait jaune, mais plutôt « champagne ». Quoique !!! Plus sérieusement, on dira « qu’intraitable », Fandiño ne pardonna aucun quite, hier, mettant même en boule la cuadrilla de Tejela, au cinquième, qui considérait que le quite ne lui appartenait pas, le toro étant « à sa troisième entrée ». A souligner le geste de Tejela de clore le début d’incident, et « aguanter » les bravos adressés… au collègue !
     En parlant « de quite », on signalera de même qu’en Ivan Fandiño, tout n’est pas que force et puissance : à preuve le remate, en revolera inversée, au premier quite, par tafalleras, au deuxième de la tarde. Très fin, et très torero, le desplante… A ce moment précis, le torero avait déjà fait différence.
     On l’a vu, classique et puissant avec cape et muleta, Fandiño « se diffère » des autres, également, avec l’épée : Le matador se cadre, regard sur le morillo, l’épée au niveau de la poitrine, lame haute, là où les autres sont tous « épée en avant, bras tendu ». Au moment de l’attaque, en puissance, c’est « le bras gauche », et la muleta, qui tuent ! Hier, Fandiño donna le seul pinchazo de la journée. Mais là aussi, ce fut un pinchazo « de verdad ».

     On aura vu des Fuente Ymbro « bien meilleurs », ou des Ricardo… « plus gaillards ». Inégalement présentée mais « bien pointue » la corrida n’aura pas donné entière satisfaction…surtout au Juli. On le comprend ! Et le public pensera qu’avec ce cinquième, Tejela aurait du être mieux. On le comprend, également… Le problème, c’est qu’il y avait là, « ce diable en jaune » !!!
     Trois oreilles, sortie en triomphe !
     A l’heure où, sur le Tour, le nouveau génie « supplie qu’on le croit », Fandiño arrive, fixe son noir regard sur le toro, avance muleta et pecho, et démontre, avec la cape, la muleta, l’épée et un cœur « gros comme ça ! » que, dans l’esprit du public… il est bien l’actuel « Maillot jaune » !
     Et ce n’est pas fini !

     Mercredi 17 Juillet – MONT DE MARSAN – 1ère corrida de la Madeleine – « No hay billetes » - Grand beau, très chaud, avec quelque rafale de vent (au quatrième) : Toros de Fuente Ymbro, inégaux de présence (les trois derniers, plus « cuajados »), mais tous armés très fins. Le quatrième se cassa un piton sur une charge violente au burladero. Il fut remplacé par le sobrero, « un tio » à la sortie ! Au plan comportement, trois toros auront paru « au dessus », notamment le cinquième, qui poussa fort au cheval et vint, très noble et avec du moteur, à la muleta ; le deuxième, sorti « flojito », qui garda noblesse et quelqu’alegria ; le troisième, après que son maestro l’eût fortement aidé, en début de faena. Le sixième eut bon piton droit, après avoir bien voulu se laisser fixer (était sorti et longtemps resté « sin fijeza »). Au rang des plus durs : Le quatrième, qui rapidement se figea ; et surtout « l’os » premier, qui se défendit sa faiblesse première par un vilain hachazo, reponiendo à chaque fin de passe. En un  mot, un lot « très inégal en tout », qui exigeait de faire les choses « Ferme et vrai ! »


     El Juli (de vermillon et or) : Silence et Une oreille (généreuse, et en partie contestée)
– n’a pu faire passer, face au « concept Fandiño », une tauromachie désormais connue par cœur, faite de puissance et de malice, face il est vrai, aux deux toros les moins commodes du jour. Il débuta pourtant fort bien, au capote, face au premier : Delantales et bonne demie, suivis après la pique, d’un bon quite de chicuelinas, bien rematé. Hélas, la réussite s’arrêta là : Le toro arriva au troisième tiers, « flojito » et se défendant d’un dur hachazo, avec saut, en fin de chaque passe. Le diestro faillit en prendre au visage, qui se méfia désormais, et se mit « à tirer de lignes », malin, avant de tuer, d’un Julipié dégoûté.
     Le quatrième sortit « en tio », qui cacha quelque faiblesse, et se fit durement châtier, à la deuxième. Arrivant « remiso » à la muleta, rechignant à charger long, le toro, noble, accepta un long arrimon d’un Juli  rendu nerveux par le triomphe de Fandiño. Voulant à tout prix « faire quelque chose », Juli se mit « sur et dans » le toro, tirant, un à un, à l’endroit et l’envers, des muletazos certes valeureux, mais hâchés, qui ne cadraient plus avec la fluidité du Basque, au toro précédent… Certes un toro différent, mais « un toreo » également différent, de même… que l’épée. L’oreille fut celle « du cariño et de la fidélité », mais pas plus !
     Matias Tejela (de pourpre et or) : Une oreille ; et Ovation,
saluée du callejon, un peu hagard) – a probablement laissé passer… un grand triomphe. Rapide, « léger », un poil tricheur dans son placement, le torero n’a jamais paru sincère, se méfiant exagérément de son premier dont il coupa un trophée pour des muletazos isolés, « bien vendus », et un coup d’épée, bien porté. Par contre, il aura déçu beaucoup d’espoirs, devant un cinquième qui parut charger long, noblement, et longtemps. Sa faena fut une perpétuelle quête, au résultat chaque fois incomplet, sans saveur, sans personnalité, et sans repos. L’épée, encore une fois portée en force, tomba un peu de côté, mais là n’est pas la raison de l’échec. Un gros échec, avec un tel toro. Déception.
     Ivan Fandiño (de champagne et or) : Deux oreilles ; et Une oreille, avec salida a hombros
– a remporté une grande victoire, sur les toros, sur les « grands » concurrents, et aux yeux d’un public, littéralement conquis par sa vérité, cape, muleta et épée en main. Recevant bien le troisième au capote, il « l’aida », muleta en main, après avoir ouvert faena par deux cambios dans le dos et retours, au centre, clos d’un grand pecho.  Très décidé, clairvoyant et sûr de lui, le Basque sut convaincre le toro, et dès lors l’entraina en d’intenses séries de naturelles, dont la troisième, souvent,  fut de grande profondeur. Jusque-là, le toro gâcha les remates, mais, à partir de mi faena, maintenant sur main droite, ce ne fut que « forte fluidité », en longs muletazos, souvent très serrés, bien liés et rematés. Explosion dans les gradins, totalement conquis, « exigeant les deux oreilles » après une série finale de manoletinas (la première, « à l’envers »), et un énorme coup d’épée, porté « à sa manière » : pommeau au pecho, la muleta « tuant plus » que l’épée. Gros triomphe, entièrement justifié.
     Le sixième tourna longtemps, au fil des barrières, avant de pousser au cheval, et continuer ainsi, « sin fijeza », entre les épisodes. On retrouva cette tendance à la distraction (ou à la fuite mansa) en début de faena : Trois hautes, laissant faire le toro… puis, sur un petit reproche des gradins, le torero, comme un pêcheur qui ferre son poisson, décida que « Stop, maintenant ! C’est moi qui commande ! » Et recommença la ronde des muletazos, surtout main droite, longs, lents, tirés à fond, pleins de force et de sincérité. Par deux fois, le toro tenta bien « d’intimider » son adversaire, « amagando », par des regards et des faux départs, mais Fandiño est en un tel état d’esprit et de confiance, que rien ne peut actuellement lui résister (torero embalado). Alors, le toro accepta le dominio, permettant les audaces du « vraiment très près », que ce soit dans le toreo fondamental ou l’adorno des bernaldinas. Sentant le deuxième triomphe à portée de lame, Fandiño partit fort, mais pincha à la première ; laissant par la suite une quasi-entière, poussée en deux temps, mais qui tua très vite. Une seule oreille, en toute logique… mais un authentique triomphe, nouvelle pierre à une impressionnante temporada du diestro d’Orduña.
     Après Madrid et Pamplona, très important, ce qui s’est passé, et « de la façon que cela s’est passé ! » hier à Mont de Marsan.
     La feria débute sur un authentique « coup de canon !  C'est aussi, et surtout cela, La Fiesta Brava!

 

MONT DE MARSAN : « SOLEIL DE VALENCIA ! »
    
Les trois diestros coupent une oreille à une corrida décevante del Cuvillo

     19 Juillet : On pouvait tout aussi bien dire « A chacun sa chacune… et tutti contenti !! » Mais d’une part, ce titre très diplomatique, aura probablement servi quelque part; et de plus, il ne dit pas l’exacte vérité car, si effectivement chaque diestro d’hier coupa « son oreille », on ne pourra donner à chaque trophée « un poids » similaire. Et si, au fil de la course, la préoccupation première de tous, fut de savoir « à quel moment » et combien d’eau on allait prendre sur la tête, c’est quand même la faena d’Enrique Ponce, au quatrième, qui restera le fait majeur d’une corrida par ailleurs décevante de Nuñez del Cuvillo.

   L’orage menaçait le Plumaçon, hier à l’approche du paseo : gros amoncellements de gris sombre dans le ciel, pleins de sourdes et humides promesses. La corrida elle-même avait vécu quelques intempéries, bien avant l’heure, puisqu’on le sait, quatre toros avaient été renvoyés à expéditeur, pour « non-conformité à la commande ». En fait, au vu du troisième, on aurait pu tout aussi bien en renvoyer cinq, mais celui-là… on l’avait commandé. Bref ! Mauvaise humeur du ciel, et « protestas », ou pour le moins « division des opinions », lorsque parut le troisième.
     Jusque là, Ponce avait pris suée et douche devant un premier, très faible, sans race ni classe, comme le sera toute la corrida. Déjà la pluie faisait une première apparition et chacun « se préparait » à la suite.
     Manzanares démontra, suavement mais sans vouloir salir son beau costume, que le deuxième « renâclait à tout », et, vu qu’il pleuvait déjà, ne rajouta aucune goutte de sueur…Sur le tendido « Zzzzzz ! », et dans le ciel « Badaboum ! » Heureusement, presque… car la sieste promettait lourde, et longue.
     S’il était « très bas », le troisième remonta un peu le moral, grâce à un Daniel Luque plein d’une élégante volonté à toréer varié, et donner belle esthétique à un trasteo agréable, compact, mais sans réelle émotion. Tuant avec habileté coutumière, le jeune diestro de Gerena coupa la première oreille de la tarde.

       L’averse tomba « vraiment » au début du quatrième, et chacun se construisit son abri perso, en attendant la suite… sans grands espoirs de lumière, vus le ciel et la condition du jabonero sorti pour un Enrique Ponce dont tous s’accordent à dire… qu’il est fini !
     Ce sont là des choses à ne jamais dire d’un torero vétéran, quel qu’il soit… Et encore moins d’un Ponce, dont la technique et l’intelligence, alliées à une élégance toute naturelle, se mettent depuis des années au service d’une Aficion et d’un pundonor torero que l’on souhaiterait à tous. Jouant à fond de ces qualités, Ponce alla « coincer » le manso dans son pré carré de prédilection, aux barrières, et, « muleta puesta », le força à charger de plus en plus long, de plus en plus clair, jusqu’à lui tirer des muletazos , puis des séries, de plus en plus « reposées » et templées. C’est alors que le public, trempé, demanda musique, et qu’apparut « le soleil de Valencia », au moment où, après doblones et poncina, le maestro de Chiva « voulait » tuer, et le fit bien. La lame fut un peu « tendenciosa », qui mit du temps à faire effet, mais l’oreille fut des trois, la plus méritée.
    
     Bien sûr, « il y eut celle de Manzanares ! » De fait, il ne pleuvait plus et le toro cinquième semblait promettre noblesse et allant…Il eut de tout cela, et il ne manqua aucun bouton de guêtre au défilé Manzanarien. Sauf l’émotion du beau, du grand, de l’unique. La faena fut un élégant standard, et l’épée, recibiendo exécuté à la porte même du toril, ne tua pas… Comme le puntillero releva l’animal, Manzanares lui-même s’en alla faire le beau, pour la photo… et coupa son oreille. Vuelta facile, sans grandes effusions, et à une autre fois. De même pour Nuñez del Cuvillo dont le dernier pensionnaire ne redorera aucun blason.
     Et ce fut tout !!! L’orage était passé ; le soleil était revenu…en direct de Valencia ! C’était déjà ça !

     Jeudi 18 Juillet – MONT DE MARSAN – 2ème corrida de La Madeleine – Plaza pleine – Chaleur et orage éclatant pendant la corrida. Soleil revenu à partir du quatrième : Toros de Nuñez del Cuvillo, variopintos, inégaux de présence, sans grand trapio mais bien armés, manquant hélas de force et de race. Noblesse sans piment, soseria et mansedumbre. Un lot très décevant, le manso aquerenciado quatrième donnant un peu d’intérêt, grâce à son lidiador. Le troisième fut de noblesse exquise ; le premier, flojo, le plus triste. Et « entre les deux », des échelles de soseria.
     Enrique Ponce (de gris souris et or) : Silence ; et Une oreille, après deux avis
– traça longuement des lignes, devant le faible toro castaño d’ouverture. Faena « sui generis », facilona, close d’un vilain bajonazo. La pluie menace, lourdement.
     Quad sort le jabonero quatrième, il pleut fort et la mansedumbre du toro ne promet rien de bon. Confirmation au début du trasteo, tandis que Ponce tente de retenir l’animal, avec élégante patience. Cependant, peu à peu, jouant des terrains de barrière, querencia prononcée du bicho, et de toutes les techniques muleteriles, toquant fort, muleta au mufle de la bête, le Valenciano ira tirer, deux, puis trois passes suivies, certes heurtées, forcées, mais insoupçonnées. Et tout à coup « converti », le toro se mit à suivre, et Ponce se lâcha : deux séries entières, droite et gauche, avec pecho forcé, furent le point culminant d’une vraie « faena », pensée, travaillée, construite avec force, ferveur… et tête. Du coup, le soleil revint, comme pour saluer l’exploit du Valenciano qui alors, termina en diverses « joliesses », inclus la Poncina (d’ailleurs inélégante) à laquelle on aura préféré des doblones « d’ornement » et autres adornos, galbés. Voulant bien tuer, Ponce attaqua fort, faisant bien la suerte, pour une lame entière, dans le haut, un peu tendenciosa, qui mit un peu trop de temps à tuer. Oreille « forte », sous le soleil revenu.
     Jose Maria Manzanares (de violet et or) : Silence ; et Une oreille
– aura, globalement, passé une tarde « d’élégante facilité torera », déroulant son indiscutable classe muletera, devant deux toros sans race, le cinquième lui permettant plus de continuité et de relâchement, sans pour autant atteindre les sommets attendus de tous. Soseria et noble mansedumbre, accompagnée de « freins serrés », en particulier dans les remates de série, pour ce qui concerne le deuxième. Le cinquième aurait demandé bien plus d’intérêt et de « conviction » de la part du torero. Mais, jouant sur l’esthétique et un recibir, facilement tiré au fil des barrières du toril (manso el Cuvillo), l’alicantino coupa une oreille « facilona », dont personne ne se souviendra plus, sous peu (ou même… déjà !)
     Daniel Luque (de violet et or) : Une oreille ; et Applaudissements
– a immédiatement fait part de ses intentions artistiques : Un gros quite, au deuxième, par toreo « de frente por detras », sans bouger le moindre orteil, joliment clos. De même le remate, à la réception du troisième, et la larga cordobesa, templadisima, scellant le quite par chicuelinas.  Jolies intentions, de même, en une longue et belle faena à un troisième toro, manquant hélas de trapio et d’émotion. Faena constellée d’élégantes trouvailles, que le public ne salua qu’en fin de série, alors que chaque muletazo combiné méritait peut-être le « olé ! » immédiat, plus encourageant. Bien, mais sans émotion! Cependant, le public récompensa « le tout », conclu d’une lame entière, pelin desprendida. Le sixième, lui, « manqua de tout », se réservant rapidement, ne permettant rien au Sévillan que le recours à des attitudes forcées, comme une inévitable luquesina qui ne souleva pas les foules.
     Corrida relativement décevante, par le jeu d’un ganado « de lujo », qui se révéla, ici… sans classe.
     Heureusement, même vieillissant, le soleil de Valencia a encore brillé.

 

MONT DE MARSAN : «EL GANADERO… A HOMBROS ! »

     19 Juillet : A tout prendre, et en comparant ce qui est comparable, on aura préféré « la non piquée » du matin, avec, avant tout, un lot « muy serio » de Darré, qui en plus se montra noblement encasté, pour un gros examen de passage à de futures promesses.
     Ce fut « trop ! » pour beaucoup, notamment au moment de « commander » au lieu de songer à « ponerse bonito », comme devant le miroir, et bien sûr, au moment de l’épée.  C’est ainsi qu’il y eut bien plus d’avis que de trophées, mais que l’on devra féliciter les quatre garçons « pas encore dans le vent », pour leur envie et leur courage, face à de petits tontons qui voulaient les manger tout cru, et y ont partiellement réussi.
     Pourtant, parmi tous ces essais, pas toujours transformés, on gardera en mémoire un nom qu’il faudra suivre : Joaquin Galdos Moreno. Petit Péruvien au teint cuivré, râblé, têtu et loin d’être maladroit, le garçon  « est torero », et il ne joue pas. Mené par l’Ecole du Juli, très décidé, valeureux et varié, il torée bien de cape, banderille comme un grand, et « attaque dur », à la muleta. Sa prestation, qu’une solide voltereta ne troubla guère, se termina mal : il y eut des avis et descabellos en trop, dont on devra grande part à un puntillero particulièrement « malheureux », et à un novillote particulièrement brave, auquel on donna vuelta… De son côté, le jeune diestro, dont on imaginera la déception, refusera le tour d’honneur… en vrai « Torero » qu’il est déjà. A suivre !
     Un grand moment ; un « futur grand », peut-être, et, pour le présent, un remarquable lot de Jean-Louis Darré. Enhorabuena, ganadero !

     Jeudi 18 Juillet/ le matin – MONT DE MARSAN – Novillada sin picar – jolie entrée – Soleil de plomb : Quatre erales de Camino de Santiago, très sérieusement « bien roulés », qui montrèrent noble caste et longue durée, le troisième étant honoré de vuelta posthume.
     Daniel Soto : Applaudissements après deux avis.
     Louis Husson : Applaudissements après deux avis.
     Joaquin Galdos Moreno : Grande ovation après deux avis.
     Thibaud Garcia : Applaudissements.

 

MONT DE MARSAN : « AINSI EN A DECIDE LE BON PEUPLE ! »
    
Corrida triomphale… et « triunfalista », avec sept oreilles et « quatre » sorties a hombros.
     Nouvelle « grosse faena » d’Ivan Fandiño.

     20 Juillet : « La Fiesta appartient au peuple, et c’est lui qui décide ! » A partir de ce précepte, et quoi que l’on pense du résultat final, il n’y a plus rien à dire, même si on peut en écrire bien des choses.
     Avant tout, respect pour ceux « qui se sont mis devant », avec la volonté de triompher, chacun selon sa personnalité et son talent. Cela étant posé, reste le problème majeur : peut-on réclamer, par simple « sympathie », un trophée, après une « non faena » à un toro faible, soso, sans race aucune ? 
     - Le public la réclama, le président la concéda, et la corrida… « dériva ».
     A partir de ce constat, sera-t-il « insolent » de prétendre que « trois oreilles sur sept » étaient logiques ? 
     - Bien entendu cela fera hurler, mais on prétendra ici que, puisque nous sommes dans une arène « de première », les corridas se doivent d’en être de même, les publics et les trophées itou ! La France a déjà atteint ce niveau, au niveau des ganados et des organisations… Ne reste plus… qu’un peu plus d’Aficion.

     Hier, au milieu d’une euphorie à laquelle la « grandiloquence Padillesque » n’est nullement étrangère, le public Montois a fait attribuer trois oreilles au pirate de Jerez, dont le calme et la toreria de l’an passé semblent avoir aujourd'hui laissé place à « ce qui faisait Padilla… avant ! » Le problème est que cela ne se passe pas devant « le même toro… qu’avant ! », et le Padilla d’aujourd’hui, virulent et forcé, devient le roi… du piratage. Mais, peu importe ! Devant un premier toro faible et fade, puis un quatrième noble à souhait, Padilla a fait « du Padilla », et le peuple a décidé, secondé en cela par une présidence « aux ordres ! »
     Pour nous : « Une sur trois ! » : celle du quatrième, pour « le violin », impeccable, centré, marquant le temps d’arrêt à l’embroque. Pour la faena, enlevée, variée, vibrante, mais « en dessous du toro ». Et pour l’épée, portée avec foi… « Una ! » y nada mas… Mais.. le public a demandé « trois » ! Dont acte !
     Thomas Dufau, qui jouait grande carte, ce jour, a coupé « une oreille de chaque ! ». Vu le contexte et l’incontestable volonté de briller du Landais, on ne pourra contester sans se faire écharper… Pourtant, osera t’on prétendre qu’après un début remarquable, le jeune Français a été « muy a menos » au cours de ses trasteos, alors que la noblesse de ses adversaires suggérait un crescendo artistique et torero dont on le sait capable. Certes il fallait « administrer » (que horrible nouveau mot taurin !) la faiblesse des deux (surtout le sixième, justement protesté), mais on peut couper aussi deux oreilles en une faena de vingt-cinq passes… surtout si on tue comme le fit Dufau, par deux fois. Pour nous, on pense que « De mas a menos ! » et donc deux vueltas auraient suffi, pour l’envie et l’épée ! Le public a demandé « deux » ! Dont acte !
     Reste Ivan Fandiño, auteur d’un nouveau « coup de cymbale », devant le seul toro « important » de la tarde, quoique non exempt de défauts, en une longue faena « en deux temps », qui alla « a mas » en force et profondeur, deux séries intenses à la naturelle en étant les grands sommets, de même que l’estocade, après vrai pinchazo. « Deux oreilles ! » toujours, et partout !!! Ce torero-là est sur un petit nuage, comme il le prouva plusieurs fois au cours de la tarde : dans le quite, risqué, au quatrième ; et même dans sa faena première, devant un toro faible, soson, « parado », rétif au moindre effort, que le Basque obligea à charger, « de uno a uno », en muletazos sur chaque main, certes isolés, peu spectaculaires parce que d’impossible « ligazon », mais tirés avec une puissance et une toreria qu’on aurait du mieux saluer. Toro « sans option de succès », mais… bien toréé. Désormais trop bien habitué, le public se déçut…

     Cet authentique triomphe, après une authentique faena, aura-t-il permis à chacun « de faire la différence » ?
     – Ou pourrait le souhaiter… mais on songera de même à quel point de telles « euphories » sont importantes, qui peuvent arriver en chaque feria, dans les plus grandes plazas… Cependant, que l’on y pense bien : De quelle faena d’hier, se souviendra t’on, demain ? – De una ! Una, na ma !  
     On gardera donc la photo « des trois a hombros », auquel vint se joindre, en cachondeo final, le mayoral de Joselito… parce que « Ainsi en avait décidé le bon peuple ! » Dès lors, plus rien ne peut étonner… ni même le remplacement de Javier Castaño, dimanche, par Rafaelillo, en mano a mano face aux toros d’Escolar Gil !
 

   Vendredi 19 Juillet – MONT DE MARSAN – 3ème corrida de Feria – Plein de « No hay billetes » - Chaleur intense : Toros de Joselito, (du Tajo y la Reina), le ganadero était présent, à un burladero plein soleil. Toros de présence inégale, les deux derniers sortant avec grande allure. Corrida « variopinta », noble mais bien limitée de force (gros fléchissements arrières des 1, 2 et 6èmes) et surtout de cette caste qui fit exploser Bayonne, en un récent jadis. Pour le torero, 3, 4 et 6èmes (malgré sa faiblesse) auraient du être « des régals ». Le cinquième, dont les charges folles, au début, inquiétait un peu, fut magnifiquement compris, « lidié » et valorisé par Fandiño. Le deuxième fut le mauvais élève, le carcan, bloqué sur sa mauvaise volonté, traînant les sabots, concédant une charge, mais pas deux. Le cancre, au coin du radiateur, même en ce jour d’intense chaleur. Au cheval, aucune vraie bravoure ! A la muleta… de la noblesse, à couper… dix oreilles ! Il n’y en eut que six… dont trois de trop ! Corrida décevante, avec sortie a hombros du mayoral, totalement hors de propos.

     Juan Jose Padilla (de canelle et or allégé, « con cabos negros ») : Une oreille ; et Deux oreilles – a remporté un indiscutable succès populaire, ce dont il profita amplement, donnant ultime vuelta avec un grand drapeau de pirate, bien préparé, bien « planchado », sorti de quelque bagage… « L’héritage de Pamplona ! » en somme… (au fond, pourquoi pas ?) Plus sérieusement, on dira que le Jerezano ne fut avare d’aucun effort, d’aucune suerte, en deux faenas « fourre-tout », enchaînées à grande vitesse, avec force vocifération. Padilla « comme avant ! ». On retiendra, au hasard de deux actuaciones « kilométriques », les largas à genoux ; le remate de capote, à la réception du quatrième ; les banderilles « musclées », avec en point d’orgue, un bon « Violin », en marquant les temps; et deux coups d’épée, portés avec foi (surtout le deuxième). Pour le reste, des débuts par le haut (à genoux, à son premier), des séries « très inégales », avec de moments de doute et incertitude qu’on ne lui avait pas vus, l’an passé. Le tout noyé dans un océan de vociférations. L’épée et « la sympathie » firent qu’il alla recevoir une oreille du premier… Et la corrida en fut faussée ! Comme il fut bien mieux, face au bon quatrième, et que l’épée entra fort… « les deux » et le drapeau de pirate ! Bravo Juanjo: Apothéose… et « abordage » réussi !
     Ivan Fandiño (de rose et or) : Silence ; et Deux oreilles
– s’est encore montré « en réelle Figura », clair, ferme, superbement décidé « devant ses deux toros ». Hélas, ils étaient bien différents, l’un bougeant fort (et même dans tous les sens), et l’autre, deuxième de la tarde, se refusant très vite au moindre galop. Face à ce premier adversaire, le Basque aura déçu beaucoup de monde, bien qu’il ait pu, à force de sitio et de volonté, tirer, un à un, des muletazos très importants, très serrés et même profonds, sur chaque main. Mais, « impossible liaison », et silence écrasant, après pinchazo et bonne lame.
     Cependant, le quite au quatrième, cape dans le dos, plein centre de la plaza, compliqué et risqué, disait à quel point l’affaire n’en resterait pas là. Le cinquième sortit « guapo », levantado, que Fandiño « étudia » bien en une bonne réception de capote. Allant franco au cheval, mais sans marquer l’Histoire, le toro chargea fort décousu, en une première partie de faena, enlevée, débutée par le haut, le torero essayant de mettre un peu d’ordre dans des charges intenses mais désordonnées (les photos, à cet effet, sont surprenantes) : Séries droitières, d’abord rapides et vibrantes, parvenant à dicter meilleur chemin à un toro qui se mettra, alors, au vrai diapason du torero. Les séries se feront de plus en plus « claires », compactes, lentes et profondes, une séquence de la gauche faisant tout à coup logique unanimité. Dès lors, les naturelles s’enchaîneront, fortes, serrées, profondes, rematées par de gros pechos, « libérant tout le monde ». Final de grand vibrato, tant dans le classique, sur les deux mains, que dans les manoletinas d’adorno, serrées, impavides. Faena passion ! Faena passionnante, close d’une grande lame, encore une fois, après pinchazo. Explosion dans la plaza, et deux « vraies » oreilles, dont on nous fera grâce d’accepter qu’il y avait « petite différence », avec les deux à Padilla, au toro précédent. Vuelta « très forte », et succès encore une fois mérité.
     Thomas Dufau (de violet et or) : Une oreille ; et Une oreille
– jouait une dure carte, ce jour. Il lui fallait triompher à tout prix. C’est acquis : Faisant preuve d’une incontestable « envie de triompher », et mettant pour cela, tout ce qu’il avait en registre - de la véronique, un genou à terre, comme au troisième, à la larga « a portagayola », comme au sixième - le landais a fait preuve de belle toreria et a bien tué. Pourtant, malgré un toreo fondamental, parfois bien léché, ses deux faenas allèrent « de mas a menos », et peut-être pensera t’on que, grâce à l’épée, notamment, Thomas Dufau coupa une oreille, à deux toros « de deux ». Car, malgré leur faiblesse (évidente et protestée, au sixième), les deux sont arrivés « nobles et très clairs » à la muleta, le troisième chargeant de dix mètres, comme le démontra lui-même le jeune diestro, dans ses cambios d’entrée, dans le dos, puis sur les cites aux premières séries. Celles-ci furent courtes, parfois joliment relâchées, auxquelles le torero préféra le toreo de près, sur des muletazos inversés, cherchant l’aval des gradins, qui ne suivit qu’à moitié. Cependant, personne ne pourra nier ses deux estocades, portées à fond, la première tardant un peu trop à faire effet. Le public, dans l’ambiance du jour, demanda un trophée chaque fois, permettant la sortie a hombros en compagnie de ses deux compagnons de terna. C’est logiquement généreux… ou généreusement logique ! Pourtant, il faudra « encore convaincre », dimanche à Tyrosse.  
     Au final : Sortie a hombros générale, fort sympathique, le mayoral venant joindre le trio torero... ce qui sembla bien excessif.

 

MONT DE MARSAN : LEA VICENS FAIT UN TABAC !
    
« Tres y un rabo » pour la jolie cavalière torera.

     20 Juillet : C’est à une véritable découverte, que la plaza tout entière aura assisté, hier soir, au Plumaçon. Paraissant bien frêle mais magnifique cavalière, pleine d’ardeur et d’adresse torera, la jeune Lea Vicens a conquis tout le monde, « en haut » dans les tendidos ; et « en bas », chez les pros de Rejoneo, au callejon.
     « Muy torera », avec gros contact au public, et réelle « casta », comme le prouve sa réaction de pur courage après que son premier l’ait brutalement percutée, contre la barrière. Gros susto et grimaces de douleur, en boitant bas, vers l’infirmerie, pensait-on. Or le rejoneadora réapparut immédiatement, montée sur son cheval-vedette « Betico ».
     Magnifique actuacion de la jeune amazone, avec un succès éclatant, devant son second adversaire. « Trois oreilles et un rabo ! » pour une jeune « Rejoneadora » Française, que le Sud Ouest  retrouvera avec grand plaisir, en plaza de Bayonne et Dax, les 27 Juillet et 18 Août, respectivement.
     Au côté de la jeune cavalière, accompagnée de son « maître », Angel Peralta, Sergio Galan et Joao Moura Jr ont également brillé, tandis que les forcados de Chamusca, une fois de plus, affichaient magnifique pundonor.

     Vendredi 19 Juillet – en nocturne – MONT DE MARSAN  - Corrida de Rejoneo (à la Portuguesa)  - Grande entrée – Chaleur : Toros de Fuente Rey.
     Sergio Galan : Vuelta à chacun.
     Joao Moura Jr : Une oreille ; et Deux oreilles.
     Lea Vicens : Une oreille ; et Deux oreilles et rabo.
     Chaque actuacion a été conclue par une pega des Forcados de Chamusca.

Voir ici la video résumé du festejo – Dans Feria.tv :
     http://es.feria.tv/video-2607_lea-vicens-impacta-en-el-plumacon.html

 

MONT DE MARSAN : « NO HAY QUINTO MALO ! »
    
Grande actuación d’Alberto Aguilar, devant un Victorino de vuelta al ruedo.

     21 Juillet: Bon Dieu que cela partait bien mal! Les trois premiers Victorino, certes « bien » présentés, avaient fait quelque bruit à leur sortie, avant de montrer soit leur mauvais caractère, soit leur faiblesse, soit... les deux ! Dans le ruedo, les gars s’étaient joué la peau pour rien, Bautista de la gauche, Aguilar de la droite, et Mora avait volé quelque muletazos au troisième, mais jusque là, déception, tant au plan des forces que de la race… La corrida était « très sérieuse », mais les « Haaaa ! » d’admiration se changeaient vite en « Hooo ! » dubitatifs, au fil des fléchissements de ces fauves antiques.   

        Sortit le quatrième, d’un autre type, qui chargea mieux au capote de Bautista… Oh ! « presque mieux ! », sans oublier cependant de mettre les pattes en avant. Se montrant brave au deux piques bien données, le toro trompa son monde, affichant au quite d’Aguilar un sentido qu’il allait confirmer à la muleta d’un Bautista, bêtement pris à parti par quelques sempiternels râleurs, et remis à leur place, publiquement par un torero qui montra, à la fois, son caractère et son savoir-faire, devant le morlaco ese…  Division d’opinions en saluant, faisant fi, ostensiblement du carré de couillons ! Bien, Torero !

     Jusque-là, et même s’il y avait toujours « espoir de… », la corrida décevait, et le couple Victorino, « padre et filiu », se faisait très discret, bien à l’ombre, sous Madame le Maire.
     C’est alors que sortit le cinquième, qui, d’un coup, justifia le proverbe fameux : « No hay quinto malo ! ». Un toro qui sortit fort, arrivant bien au capote d’Aguilar, et prenant trois puyazos « a mas », surtout le troisième, bien administrés par un  piquero dont le mérite fut grand, sa selle s’étant desserrée lors du premier assaut. Moment superbe, de caste et de classe torera.
     Déjà très applaudi à l’issue de son premier combat, Alberto Aguilar monta bonne faena à ce fameux « Mocito », tirant notamment de vibrantes naturelles, closes de pechos spectaculaires. Faena importante d’un torero en claire progression, mais triomphe hélas mis à mal par cinq pinchazos répétés, le public ayant la grandeur d’en applaudir la sincérité. Enfin l’acier fit son office, et l’on obtint vuelta pour le toro, tandis que, fort dignement, Aguilar refusait de faire un deuxième tour d’honneur, pourtant bien mérité.
     Ce fut là « le » grand moment d’une corrida où l’on ne s’ennuya pas, même si, sous une chaleur à crever, les moments de déception furent nombreux… Car il est toujours désolant de voir de tels « engins » perdre équilibre ou « charger à genoux » comme il fut donné  de le voir, bien trop souvent, avec ces « Victorinos d’aujourd’hui »… très éloignés de ceux d’hier !
     Moment « unique », que le sixième ne releva pas, bien conscient du fait qu’il n’existe pas de proverbe : « No hay sexto malo ! »:  Promettant un peu d’allant à la cape, le Victorien se mit rapidement en garde, et Mora, vite en défense, frôla la correctionnelle en portant l’épée… Une épée qui, somme toute, restera le seul point positif de sa prestation.
     Corrida… qui laisse sur sa faim (ou plutôt soif!) de « nobles et viriles bagarres ! »… comme les Victorinadas d’antan !
     Bien heureusement « no hubo quinto malo ! »

     Samedi 20 Juillet – MONT DE MARSAN – 4ème corrida de La Madeleine – « No hay billetes » - Intense chaleur : Toros de Victorino Martin, très bien présentés et spectaculairement armés, plusieurs d’entre eux recevant ovation à leur sortie. Malheureusement, la corrida manqua de force et de race, les toros fléchissant souvent, ou chargeant de façon désordonnée, déséquilibrée dans la rencontre, mettant à dure épreuve le désir de lier des muletazos « propres », de la part de diestros habitués à ce genre de ganado. Le premier, spectaculaire « cornipaso » accepta main gauche, mais manqua d’empuje ; Affreux, le deuxième, gazapon et pegajoso, qui menaça et « regarda » lourdement son matador. Toro de sentido, lequatrième trompa son monde, après deux gros puyazos, pris en brave. Et allant « a menos », court et défensif, le lot de Mora. Seul le cinquième, du nom de « Mocito » - N°93 – alla « a mas », offrant de belles qualités de bravoure et noble caste à son lidiador.
     En un mot, une mauvaise corrida de Victorino, sauvée par « un »  grand toro, qui se vit honoré d’une vuelta posthume, méritée.   
     Juan Bautista (bleu paon et or) : Division, après un avis ; et Ovation, contestée, après avis
– Aura connu dure après-midi, en partie à cause de sa patience et constance à vouloir construire une charge correcte à des toros qui n’en avait aucune ; et aussi parce qu’il fut bêtement pris à parti par un quarteron de contestataires, dont on ne sait bien s’ils protestaient contre la stratégie du torero, ou la musique en son honneur, ordonnée trop tôt. Bautista ne se démonta pas, qui inventa quelques bonnes naturelles au fade premier ; puis montra du caractère, face au sentido du quatrième, en une faena risquée, sur les deux bords, avant de mettre une entière, très en arrière, close d’un gros coup de descabello, préparé seul, avec belle technique, rappelant Roberto Dominguez.
     Alberto Aguilar (de vert émeraude et or) : Vuelta ; et Grande ovation, après avis, déclinant de donner vuelta
– est à créditer d’une grande journée, même si les pinchazos au cinquième l’ont « rayé des statistiques », et lui volé la photo de la porte grande. Torero toujours décidé, mais bien plus clair dans sa tête et assuré dans ses actions, le minuscule Madrilène affronta crânement un premier adversaire, genre « alimaña », qui faillit le couper en deux au premier muletazo. Toro dangereux, « marchant et regardant beaucoup », court ou « amagando », faisant semblant d’y aller, mais s’arrêtant alors que le torero avait commencé sa passe. Au final d’un dur combat, Aguilar mit un premier pinchazo hondo, reprenant l’épée, honnêtement, alors qu’il aurait pu éluder, au descabello.
     De même on saluera sa sincérité, muleta en main, face au grand cinquième : Après un grand tiers de piques, en trois rencontres « a mas », détectant vite la qualité du toro, notamment sur piton gauche, le diestro va monter bonne faena, vibrante, parfois un peu rapide, tirant notamment de grandes naturelles, enfin liées, que le public ovationna en force. On partait vers une, voire deux oreilles, mais le destin s’y opposa, Aguilar pinchant cinq fois avant de plonger un lame, verticale, qui tua. A noter que le public, conscient de leur honnêteté, applaudit les quatre premières tentatives. Ce fut « le » grand moment de la tarde, le toro recevant les honneurs de la vuelta, tandis que le petit matador, encore « grand », la refusa dignement.
     « En Torero ! » Aguilar, hier à Mont de Marsan.   
     David Mora (de bleu nuit et or) : Silence ; et Silence
– « sauva » son actuacion par deux coups d’épée très corrects, avec un gros accroc à la taleguilla, lors de la dernière rencontre. Et « entre les deux », quelques bons lances de cape à des toros qui allèrent rapidement « à menos », tout comme le torero. Mora vola quelques passes au troisième, court et décasté ; puis baissa rapidement pavillon devant deux menaces du sixième, pourtant brave en la première pique. Décevant Mora, devant un lot complexe.

 

MONT DE MARSAN : « LE DUR CHEMIN ! »
     Les novillos de Fuente Ymbro ont semé le doute…

     21 Juillet : « Caminante, se hace el camino al andar ! Al andar, se hace el camino, y al volver la vista atrás, se ve la senda que nunca se ha de volver a pisar..».
    
On ne saura exactement si Antonio Machado voulait aussi appliquer ces vers à des gosses qui, par les chemins d’Espagne, du Mexique ou d’ailleurs, veulent devenir toreros…Et contrairement au marcheur, qui avale durement les kilomètres et regarde le chemin parcouru, le torero lui, toujours devra « se refaire le film », cherchant à bien cerner « pourquoi cela n’a pas marché ? », et « en quoi il a pu se sentir torero ? »
     Il est évident qu’au sortir de la douche, au final de la chaude novillada matinale de Mont de Marsan, les deux jeunes diestros auront eu des questions à ce poser. Des questions de différents calibres, dont les conséquences dépendront de la sincérité avec laquelle on les aura abordées…
     Des questions que devra se poser un Roman, novillero « puntero » qui devrait démontrer bien plus d’assurance et d’envie, car il possède des qualités « à exploser »…
     Des questions que devra se poser le jeune Aquitain blond « Clemente », au premier rang desquelles : « Qui veut que je sois torero ? – Moi, réellement, ou… mon entourage ? »

     Le toro fait mal ! Il est fort, sent mauvais, et ne permet aucune faute, aucune hésitation !
     Le « mundillo » fait mal ! Il est fort, sent mauvais, et ne permet… rien !
     Les novillos du jour en auront fait quelque expérience, en subissant, outre les assauts des Fuente Ymbro, les permanentes interjections du propre ganadero, littéralement « intenable » à la barrière, et dont la préoccupation première n’était pas forcément le triomphe des toreros, mais bien la façon de « lucir » ses produits… Préoccupation tout à fait logique autant qu’excusable, mais qu’on aurait aimée « plus discrète » et plus tolérante, envers « des gosses » qui vont à leurs premiers feux, la tête pleine de rêves, le cœur plein d’orgueil, et…  le ventre serré !

     La novillada de Fuente Ymbro, encastée, aurait peut-être permis le succès de quelque novilleros plus expérimentés, avec plus de charisme ou de caractère. Là, elle fut relativement dure à des jeunes qui l’ont « subie », à divers degrés d’inexpérience et de « ventre…serrés ! »
     Le toro fait mal ! Il sent mauvais et ne pardonne rien !
     Le mundillo, aussi… et non plus !

     Samedi 20 Juillet – au matin – MONT DE MARSAN  -  Novillada piquée – 1/3 de plaza – Chaleur caniculaire (paseo repoussé (à tort) de dix minutes, à cause des retardataires : Quatre novillos de Fuente Ymbro (dont le sobrero, remplaçant le troisième, joli jabonero, « descordinado » suite à un saut démesuré dans un capote). Présentation très inégale (minuscule le premier ; « un tio » le deuxième, à la sortie), et noblesse rude et encastée, au long de lidias et faenas parfois trop hésitantes, « téléguidées » depuis les barrières.
     Roman (de rioja et or) : Une oreille ; et Vuelta – a déjà un solide bagage, en torero faisant partie d’une maison « privilégiée ». Raison pour laquelle on peut et doit attendre plus que des séries de muletazos « à la pelle », avec des pastiches de « Poncinas » et autres muletazos « empruntés ». Roman promettait « personnalité », il y a un an. Il semble « être rentré dans le rang ». Perdit un trophée du quatrième « por pinchar ».
     Clemente (de violine et or) : Applaudissements ; et Silence
– faisait là son deuxième paseo. Certes on comprendra ses hésitations et logiques maladresses, mais on aurait aimé un peu moins des desplantes « trop prononcés », alors qu’il « subit », la plupart du temps, les charges de ses deux adversaires. A son crédit cependant, des muletazos, isolés, qui disent un potentiel à travailler, travailler, travailler… 

 

MONT DE MARSAN : « GLORIEUSE MALCHANCE ! »
    
« Cantarero », grand toro d’Escolar Gil, eut le tort de sortir… premier !

     22 Juillet : Une étuve ! Une enclume sur laquelle frappait le dieu Soleil, sans la moindre pitié… A l’heure du paseo, Plumaçon ressemblait à une poêle à frire et beaucoup, dans le public, souhaitaient « grosse vibration », dans les seules fins de rester éveillés.
     Et elle vint, d’entrée, cette vibration, cette explosion d’admiration et d’enthousiasme, tour à tour pour la bête et pour l’homme. La corrida démarrait sur les chapeaux de roue…
     Vingt minutes plus tard, la même explosion, mais de colère cette fois : Demandant avec grande force, « les deux oreilles » pour Rafaelillo, le public se voyait signifier une fin  de non recevoir par la Présidence, celle-ci campant fermement sur sa position : « Une ! » et le mouchoir bleu de la vuelta au toro.
     La bronca fut d’anthologie, tandis que certains Aficionados de l’ombre, plus discrètement, applaudissait la décision du palco ! Et nous de même, « en ultime » définitive !

     Avant toute chose:
     Il y avait au palco un président dont personne, ici ou ailleurs, ne pourra nier l’Aficion, la connaissance, ni l’intégrité. Son assesseur de droite, tampoco ! Et, n’ayant l’honneur ni l’avantage de connaître son « assesseuse » de gauche, on lui laissera ouvert un large crédit.
     Par ailleurs, en point de règlement : La deuxième oreille n’est du ressort que de la présidence. Donc, si la présidence du jour a refusé la deuxième oreille au Murciano, « sus razones tendra ! », elle aura ses motifs, sur lesquels on imagine que les tertulias Montoises se sont largement étendues, hier soir, avec probables sautes d’humeur… et qu’il y a encore du grain à moudre, pour les longues soirées d’hiver…
     Quelles peuvent être les raisons de ce refus ?
     - Elles sont  de deux ordres, probablement :
     La première est qu’il est toujours délicat de mettre « deux mouchoirs », au premier toro… à moins, bien évidemment, que l’on ait assisté à quelque faena historique, close d’une épée sans faille. Donner deux oreilles  « au premier » peut vite amener à une escalade sans retour, si la faena suivante et sa conclusion son encore meilleures.
     La deuxième raison est que… Quel que soit son mérite, le torero a quand même été « au-dessous du toro », et, quoique spectaculaire et d’effet immédiat, son épée n’était pas exempte de critique… 
     Et donc, au bilan, non pas pour tenir tête aux invectives et autres insultes de quelque excité, mais bien « en toute conscience », la présidence accorde au public le trophée qui est de son ressort, mais pour la suite, préfère « sur-récompenser » la bête que l’homme…
     La « glorieuse malchance », pour Rafaelillo, est que… « si Cantarero était sorti trois ou cinquième », la palco aurait mis les deux oreilles. Surtout dans le contexte d’une corrida par ailleurs très « pesante », pour ne pas dire « pesada » !

     Cela dit… « même vibrant, même « mieux que de coutume », Rafaelillo a été « en-dessous » de ce toro, brave et noblement encasté ; et son estocade, certes vaillamment poussée, nous a semblé « pelin » de côté…
     Mais encore une fois, si l’on prend le bête argument « des trois oreilles à Padilla, l’autre jour ! » il est évident que devant « Cantarero », Rafaelillo méritait… le rabo ! Pourtant, sachant tous que « ce n’est pas ainsi qu’il faut penser ! », Rafaelillo a très agréablement surpris, la majorité d’un public habitué à voir ses trépignements, souvent excusés par le ganado qu’il affronte toujours, raison pour laquelle son nom, en remplacement de Castaño, n’avait suscité que bien peu d’enthousiasme.  Toréant main très basse, vibrant mais aussi un peu rapide, sur main droite, scellant les séries de vibrants pechos « en ligne », Rafaelillo a sorti sur main gauche de grandes naturelles, très propres, terminant même par une série de trois, « de frente », rematées d’un pecho cette fois très bien tourné…Explosion dans les gradins, justifiée, le torero plongeant alors une folle estocade, dont le brave toro mourut en un instant.
     Forcément, l’enthousiasme fut à son comble, et le scandale monta, la Présidence restant ferme sur sa décision : Un blanc et un bleu ! Une oreille pour Rafaelillo, et la vuelta d’honneur pour « Cantarero ». Y se armo la marimorena !!! La bronca monta, que l’on dut entendre jusqu’à Tyrosse, où se donnait au même moment, la corrida des Dolores Aguirre (lesquels, de même, n’ont pas fait l’unanimité). Violente protestation, par ailleurs compréhensible, et une énorme vuelta pour le diestro de Murcia, qui en profita, évidemment, pour « en remettre deux couches » et donner second tour d’honneur. Auparavant, on avait fait grande fête au grand toro d’Escolar Gil….  
     Malheureusement pour l’homme, le sort a fait que ce « Cantarero » sortît premier…

     Le reste de la corrida se noya dans une torpeur faite d’espoirs déçus, de regrets et d’ennui… D’une part, les toros d’Escolar Gil, dont les magnifiques sorties donnèrent grand espoir, ont déçu, allant « a menos », à exception d’un deuxième toro dont on ne saura jamais s’il aurait pu être « un grand », lui aussi… Et d’autre, les toreros dont le classicisme et le répertoire court ne supposaient aucune fioriture, ont multiplié « derechazos et naturales », parfois laborieusement, dans le seul but de « construire une charge » à ces bichos, souvent tardos, apagados et sans race; et leur tirer « une » ou deux séries… complètes et bien rematées…
     Malgré tous leurs efforts, ils n’y parvinrent pas, Robleño approchant trop sobrement, mais « en torero », le succès face à un quatrième toro, magnifiquement sorti « encampanado », et aussi bien estoqué que longuement amélioré, à la muleta. Rafaelillo fit énormément de bruit devant le cinquième, mettant à profit la charanga (superbe d’ailleurs), pour donner une vuelta qui ne s’imposait nullemen
     D’ailleurs, on notera deux gestes « de poca classe » du Murciano : Au quatrième toro, une banderille est restée au sol, en fin du deuxième tiers. Rafaelillo qui revient au burladero, passe à côté, la voit, marque un temps d’arrêt, et continue son chemin (c’est Carretero qui viendra ramasser la palo, avant que Robleño ne débute son trasteo). Et deuxième geste « douteux » : la bronca adressée en public à son puntillero qui manque le cinquième… « Eso no se hace, Señor ! »

     Reste un gros doute : « Le deuxième » aurait il été un grand toro ?
     – On peut le penser, mais on ne le saura jamais : Alors que les piqueros entraient, l’animal alla se fracasser dans le burladero, prenant « plein front » la tranche du gros abri. Complètement sonné, il s’écroula, et nombre d’entre nous pensâmes qu’il s’était tué. Le brave se releva cependant, mais « la viveza » et « la fiereza » dont il avait fait preuve jusqu’alors, disparurent d’un coup, le toro, relevé mais « sonné », restant longuement figé, le train arrière parfois chancelant, rendant les deux premiers tiers particulièrement pesants. On pouvait alors penser à quelque hémorragie interne faisant lentement son œuvre… Toujours est il que ce toro prit enfin deux piques « en brave », avant de tarder et « coincer », par la suite…

     Corrida « pesante », de par son atmosphère, de par son déroulement, de par « l’espoir et « la ilusion » de revoir la corrida de l’an dernier… Corrida toujours intéressante, jamais passionnante, mais constellée de détails qui ravissent l’aficionado : Par exemple, le premier tiers de Juan Jose Esquivel, picador dont certains moquèrent la corpulence, mais qui souleva les bravos « en toréant » à cheval et portant deux des trois puyazos au second de Rafaelillo.. Sensacional piquero !
     Ya esta ! Se acabo la Magdalena ! Et elle se termine avec un nom sur toute les lèvre: Fandiño !
     Si « Cantarero » avait rencontré le Basque, en ouverture de corrida… celui-ci lui aurait il coupé les deux oreilles ? 
     - Nul ne peut le dire, et cette « permanente incertitude » est le réel attrait de cette Fiesta Brava, unique, qui sort ici renforcé de cette Madeleine 2013. A tous, enhorabuena !

     Dimanche 21 Juillet – MONT DE MARSAN – 5ème et dernière corrida de la Madeleine – Plaza au 99% pleine – Intense chaleur : Six toros de don Jose Escolar Gil, magnifiquement présentés et armés, sortant avec grande fougue, faisant leur devoir à la pique, parfois bravement, mais limitant leur comportement par la suite, en de longues incertitudes que les diestros essayèrent de solutionner. Deux toros « ressortent » de ce panel en point d’interrogation : Le premier, du nom de « Cantarero », toro spectaculaire au premier tiers, et noblement encasté, « y con duracion » au troisième tiers, auquel fit accordé l’honneur d’une vuelta. Et le deuxième, victime d’un terrible choc au frontal, en percutant la tranche d’un burladero. Sonné, peut-être victime d’une lésion interne, le toro se figea longuement, prenant cependant deux piques « de brave ».
     En mano a mano, Rafaelillo (remplaçant Javier Castaño) et Fernando Robleño.

     Rafaelillo (de violine et or) : Une oreille, (avec furieuse pétition de la seconde, deux vueltas et bronca à la présidence) ; Silence ; et Vuelta
  - aura tenu son rôle à fond, ayant la chance de toucher un premier toro, sensationnel à la muleta, même si encasté et ne pardonnant rien, comme le prouva une terrible poursuite, « haciendo hilo », à mi faena. Rafaelillo tira d’intenses séries droitières, main très basse, avant de se montrer plus posé et très torero sur de longues naturelles, notamment en la dernière série, pratiquement de face. En plein enthousiasme, le Murciano attaqua fort, pour une épée entière, à peine de côté, qui roula le bicho en cinq secondes. Explosion du gradin, et pétition très forte des deux oreilles. Le président n’accordant qu’un trophée,  la bronca fut épique, et la polémique durera longtemps.
     Par la suite, on retrouva un Rafaelillo « tel qu’en lui-même », certes vaillant, mouvant, à la limite du vulgaire. S’offrit au cinquième une vuelta qui ne s’imposait guère, ses doblones d’entrée, très appuyés, ayant ôté le goût de charger à un toro ayant fait extraordinaire sortie. Sincèrement ou par pure démagogie, Rafaelillo avait brindé ce toro au Fundi, gendre du ganadero, présent au callejon: Grosse ovation.
     Fernando Robleño (de chocolat noir et or) : Silence ; Silence après avis ; et Silence
– n’eut guère de chance, au cours de cette tarde : Touchant le toro « asommé », il essaya de le réveiller, se mettant même en péril sur un méchant « arreon » du morlaco. Il batailla longuement à construire une charge au quatrième, toro gazapon (qui marchait sans cesse) parvenant enfin à tirer de beaux muletazos, sur deux mains, mais manquant de ligazon, avant de mettre un gros coup d’épée, « brutal »… Mais ne public n’avait pas suivi. Quant au sixième, il ne lui laissa aucune option. Le torero tenta, longuement, mais en vain ! « Malchance… sans gloire ! »
     Au final, la cuadrilla de Rafaelillo remporte un  premio de 2800 €, mis en compétition « à la meilleure lidia ». Enhorabuena, Señores ! »