SPECIAL " BAYONNE 2012"

 
 
 LA TEMPORADA BAYONNAISE 2012:

Samedi 28 Juillet – Ouverture de la Temporada – Corrida de Rejoneo:
     Toros de Lose Espartales, pour Pablo Hermoso de Mendoza, Sergio Galan et Leonardo Hernandez.
 
Samedi 4 Août:
     Toros de Fuente Ymbro, pour Antonio Ferrera, Ivan Fandiño et Thomas Dufau.
Dimanche 5 Août:
     Toros de Alcurrucen, pour Juan Jose Padilla, Juan Bautista et Daniel Luque.
 
Samedi 1er Septembre:
     Toros de Cebada Gago, pour Javier Castaño, Julien Lescarret et Arturo Saldivar.
Dimanche 2 Septembre, au matin – Novillada piquée:
     Novillos de Camino de Santiago, pour Cayetano Ortiz, Juan Leal et Brandon Campos.
Dimanche 2 Septembre: Corrida de clôture:
     Toros de Joselito, pour El Juli, Miguel Angel Perera et Sergio Flores (qui prend alternative).

     Il y aura trois novilladas sin picar, en éliminatoires, les 4 et 5 Août au matin ; et la finale, le 1er Septembre.
 

 BAYONNE : LE GRAND RENDEZ-VOUS !!!

     1er et 2 Août : On le sait, Bayonne a, depuis quelques années, un gros challenge à défendre : Comment respecter une volonté « torista » de première ligne, tout en faisant venir les vedettes qui mettront du public dans les gradins ?
     De fait un énorme défi, tout à fait respectable… et souhaitable.
     Le problème porte deux noms : Le temps, et donc… l’argent ! « Changer les mentalités » n’est pas facile, mais une chose est sûre : cela prend du temps ! Et donc, cela coûtera de l’argent !
     « Semer pour récolter… plus tard ! », c’est un pari que tous ne sont pas prêts de jouer, surtout lorsque les responsabilités sont là, au bénéfice de tous, et que la « double crise » frappe les esprits : La plus terrible, économique, qui frappe à tous les porte monnaie ; et la plus insidieuse: « l’anti–taurine », qui occupe facilement le champ de la communication, alors que le Taurin, localement, a du mal à comprendre de « la Culture Tauromachique… c’est toute l’année ! »

     Cette saison, Bayonne a travaillé en un véritable équilibre… Et elle le fera, sûrement, jusqu’à ce que cela porte ses fruits… 
     Les vedettes, toutes les vedettes, ne seront pas là !!! Cependant, on saluera le geste du Juli de vouloir se mettre à nouveau devant les toros de Joselito, dont la caste nous a valu, l’an passé en ce ruedo, l’un des plus gros moments de « Fête des vrais braves » de toute la saison 2011… Le garçon s’en sortit, le visage en sang, mais « en Torerazo » ! Oubliés les millions, les G10 et autres tractations de tapis vert. En torerazo !
     Pour le reste, Bayonne a visé un équilibre… et un équilibre basé sur les toros : Quatre corridas ! Et quatre ganaderias « qui accrochent l’Aficionado ! »…tout en laissant bouche bée ceux qui sont de passage, ou viennent « pour en voir une ! »
     Certes, les toros « sont comme les melons », dit le proverbe… Pour beaux et sérieux qu’ils soient au plan présentation, nul ne peut dire, avant leur sortie, s’ils seront « solides », mobiles, braves et noblement encastés… Cependant, Fuente Ymbro arrive, portant tout chaud le souvenir éclatant du lot de Mont de Marsan, avec un toro grâcié et une vuelta d’honneur, le lot entier donnant du jeu…
     Alcurrucen sait mêler « présence » et « caractère », tout en favorisant le courage et la toreria des hommes. Que l’on se souvienne des deux dernières Ferias de Bilbao, ou de Castella à Madrid.
     Cebada est… Cebada !!! Triomphateur, cette année encore, à Pamplona, Cebada Gago est synonyme de caste, de noblesse souvent « acidulée »… Mais un toro qui donne de l’importance à l’homme qui l’affronte…
     Quant aux toros de Joselito, on ne souhaitera qu’une chose : Que les toros et leur maître gardent à nouveau pour Bayonne ce qu’ils lui ont donné, au cours des deux monumentales sorties dont ils furent les auteurs, magnifiquement servis par des toreros… toreros !

     Samedi, un grand évènement qui doit toucher au plus profond, les cœurs aficionados de notre plaza : Un torero, Basque d’Orduña, fait sa présentation… en la plaza, Basque de Bayonne ! Avouez que cela vaudrait bien « un coup de béret » !!! Et quand ce torero est avant tout « vérité, sincérité, courage et savoir faire ! »… mas todavia !!!
     Samedi, Ivan Fandiño fait sa présentation à Bayonne, et c’est en soi, un évènement taurin qui ne peut se manquer… Surtout devant les Fuente Ymbro !

 
 

BAYONNE DECOUVRE FANDIÑO
Les Fuente Ymbro, un ton au-dessous !

     5 Août : Je ne comprends pas ! Je ne « vous » comprends pas, vous, public de Bayonne, Basque de naissance et « d’essence »: Un torero « d’Ikuriña au cœur » se présente chez vous, et vous n’êtes pas là, pour l’accueillir ! Pas un drapeau, dans les gradins, semi vides, alors que l’on appréciait les couleurs Colombiennes, lorsque Rincon dictait sa vérité, dans le ruedo ! Pas un aurresku de bienvenue, pour un Torero Basque… dans une grande plaza Basque ! Je pense vraiment, que, sans faire « couleur locale » ou « folklore », ces marques d’affection et de grand respect, n’usurpaient en rien le bon déroulement de la corrida à venir… Bien au contraire! Y que conste que je ne suis pas Basque...
     Je ne vous comprends pas, les Aficionados des Landes, qui avez eu la bonne fortune d’assister à la grande corrida de Fuente Ymbro, lors de la dernière Madeleine à Mont de Marsan… Un lot magnifique ! Outre l’indulto d’un toro, et la vuelta d’honneur pour un second, une corrida… que l’on ne pourra oublier ! Et les Fuente Ymbro reviennent, quinze jours après, non loin de chez vous… et vous ne venez pas ? – Etonnant ! Surprenant ! Décevant…
     On imagine ici la peine de ceux qui ont « bataillé », pour monter cette corrida, et malheureusement  on aboutit à deux conclusions, depuis longtemps ici argumentées, étayées par de nombreuses preuves :
     D’abord : « Il n’y a pas d’Aficion ! »
     Et ensuite : « Le public est ici, Torerista ! Y nada mas!!! »

     Quoiqu’il en soit, les absents auront eu tort ! « Il faisait beau ! » (puisqu’il faut souvent commencer par là !) ; « Il y avait des Toros ! », bien présentés, armés (un troisième qui était « una preciosidad ») et qui donnèrent du jeu, même s’ils furent « un ton en dessous » de ceux de Mont de Marsan… « Et il y avait des Toreros ! », et en particulier « Un torero ! ». Un torero « vrai », sincère dans chacune de ces action…qui doit en gêner plus d’un (voir le grand édito de Viard, ce dimanche 5) et qui a démontré, à Bayonne comme ailleurs, ce qu’est « se planter là », avancer jambe et pecho, essayer de trouver la solution à chaque problème, prendre de vrais risques… et respecter le toro !
     Hier, Ivan Fandiño s’est comporté en « Figura del Toreo », en vraie figura, respectueux du costume qu’il porte, du toro et du public… Et devant le cinquième, qui en aurait fait douter plus d’un, sa valeur torera fut amplement démontrée, qui aurait pu être récompensée de deux oreilles si la grosse épée portée avait fait plus rapide effet…
     Le public aura-t-il fait la différence, lui qui demanda et obtint aussi une oreille du sixième, après un long monologue de Thomas Dufau, ponctué d’interminables « Ventéé !! » ou « Miraaa ! ». (Pues hombre! Miraba.! y venia...). Certes il y eut de bons moments, et des muletazos achevés, et si l'on précise que le garçon a de la facilité et a bien tué, on ne pourra s’empêcher de penser que l’ensemble fut cependant « légèrement pesado »…
     « Toréer, c’est transmettre ! » et « On torée… comme on est ! » Peut-être Thomas Dufau devrait il songer à ces deux préceptes, à l’orée d’une situation qui risque de se compliquer, malgré louanges et flatteries…
     Antonio Ferrera quant à lui, a donné… ce qu’il avait, avec ses possibilités et ses limites. Le quatrième, le plus compliqué du lot, ne fut jamais consenti, et tout se termina en un bajonazo « de los de antes ! »…  Le « jeune fou » qu’il était, est devenu un vieux soldat, couturé de partout, qui sait encore avoir des coups d’honneur (le solo de Badajoz en est preuve). En l’occurrence, il ne put, cette fois-ci, se décider tout à fait. Dommage, mais on comprend. On n'est pas des chiens, tout de même !

     Hier, il y avait des toros à Bayonne ! Et aussi des toreros !
     Hélas, il n’y avait pas de monde ! Pas assez de monde pour faire, d’une bonne tarde de toros… une grande tarde de toros !
     Peut-être la demi arène est elle la raison pour que Fandiño, au final a hombros, demanda t’il a donner que « demi-vuelta »…

     Samedi 4 Août – BAYONNE – Demi plaza (esparcida) – Tarde très agréable : Toros de Fuente Ymbro, bien mais inégalement présentés(le 4ème « baissant » un peu le belle moyenne. Magnifique le 3ème, seul noir du lot ; impressionnant le 5ème, un sacré « tonton ». A la corrida, en général noble (à part le 4ème et en partie le 5ème) il manqua du poder, un peu plus du moteur. Elle fit à la pique un devoir « passable », sans grandes marques de réelle bravoure. Les toreros firent leur possible pour ne pas forcer les deux premiers, un poil faibles mais « de respect ». Le 5ème, du nom de « Recobero », fit grande impression, d’autant qu’il eut grande chance de tomber sur un torero qui voulut vraiment l’affronter. Le 3ème, dont la noblesse se doubla d’une certaine soseria, ne fut peut-être pas entièrement valorisé.
     Poids de la corrida : 568, 527, 575, 483, 541, 517 kgs.
     Antonio Ferrera (de blanc et or, soutaché de noir) : Palmas et Courte division
– n’a pas touché le bon lot, mais on peut penser que le Ferrera des grandes années se serait envoyé le quatrième, dans « danser ainsi », muleta en main, essayant de faire illusion en une série finale, « un peu » plus reposée. Le reste fut « limite », ce que le public protesta gentiment, d’autant que le bajonazo final méritait correction. Il avait tenu debout le toro d’ouverture, en une faena discrète dont les pechos furent les points d’orgue. Avec les banderilles, Ferrera reste « un spectacle », même si, là également, l’Extremeño d’Ibiza est moins « bondissant » que le Basque d’ici ! Il brinda son second à Alain Lartigue : Souvenir des jours plus heureux, ou espoir de lendemains plus souriants ???
     Ivan Fandiño (de bleu France et or) : Une oreille ; et Une oreille « forte », après avis
– a scellé, de deux coups d’épée « à fond », deux actuacioners impeccables de sincérité, de force et de toreria. Point de dentelle ! Point d’esbroufe ! Pura verdad ! A la cape, le castaño deuxième est reçu « con señorio », jambe en avant, marquant déjà la différence. Le public s’en aperçoit, qui salue ! Un toro « con mucha fijeza », qui ne cessera de suivre le moindre geste du diestro, même loin ; mais un toro « noblon », comme « dormido », un peu faible, que Fandiño « soignera », débutant en statue, par six hautes, suivies des séries droitières, citées « vrai », muleta plane, mouvement lent et cadencé, que le toro ne put suivre totalement. Après quelques bonnes naturelles et les manoletinas finales, un gros coup d’épée, poussé à fond, et une bonne oreille.
     Le cinquième, durement charpenté, sera reçu par calmes delantales, et des remates « nets et précis ». Toro costaud, « romaneando y encelado en el caballo », dont le châtiment sera mesuré, et qui arrivera, fort et clair à droite, mais violent et “tordu” sur piton gauche, notamment sur chaque premier muletazo. Fandiño va livrer dure bataille, allant chercher la victoire sur ce piton gauche, prenant des risques et se faisant durement désarmer. D’autres aurait coupé leur effort… le Basque, non ! (Têtus et fiers qu’ils sont, les bougres !) : revenant main droite, le torero d’Orduña se le passa très près, templado, corrigeant partie des défauts, pour enfin tenter nouvelle fortune à gauche en deux grosses naturelles et bon pecho. Du toreo « vrai » ! Du toreo « roc » ! Du savoir-faire, de l’envie, et un cœur « gros comme ça ! », comme le prouvera, encore une fois, une entrée a matar monumentale, pour une lame entière qui, hélas, mit trop de temps à faire son effet. Aux barrières, le toro « se amorcillo », et Fandiño troqua la seconde oreille, méritée, contre un avis.
     Poco importa !!! Ivan Fandiño « est entré » à Bayonne, même si, au lieu de brinder à tout un peuple, il le fit à deux gentes dames, dont Yolanda Barcina, ex Maire de Pamplona et actuelle Présidente de Navarre…
     Thomas Dufau (de pourpre et or) : Ovation forte ; et Une oreille, après un avis chaque fois
– a bénéficié du caractère « cocardier » du grand public, au point de couper au sixième, une oreille qui n’a rien à voir avec les précédentes. Esta dicho ! Cela dit, c’est grand dommage de voir un torero ayant ces qualités « ne rien transmettre », toréant « pour lui » en longs monologues psalmodiés, qui n’ont guère plus d’effet sur le toro que sur le public. Dufau torée « propre », mais ses faenas, très courtes de registre, sont longues, longues, looooonngues, et finissent par devenir indigestes. D’autant que son premier fut noble mais un peu soson, ce qui n’arrangea guère l’ambiance.
     Devant le sixième, plus ardent, reçu par larga à genoux (seule « liberté » que le Landais semble se permettre), Dufau égrena longues litanies de muletazos, propres mais sans sel ! « Eso si, mato fuerte ! » Par deux fois, le matador entra fort (après pinchazo, au troisième), laissant à la fois des satisfactions (joli quite par chiculinas au deuxième de la tarde)… et des regrets. Mais chhhtttt !

Ils y étaient, aussi :
     La reseña et les photos de Pierre Charrain, dans Eltico.org :
     http://www.corridafrance.fr/Temporada_2012/aout_2012/info_04082012_4.html

 

BAYONNE : JOLI MOMENT DE BLEU, SOUS LA PLUIE !
Si Luque voulait bien rester Sévillan !!!

     6 Août : « 501 kgs ! » Il pesait 501kgs, et il débordait de caste violente, de noblesse brute, sauvage. Il s’appelait « Bastonito », le Baltasar Iban de Madrid,  et il fait partie de la légende vécue de Cesar Rincon.
     « 501 kgs ! »
Il pesait 501 kgs, et il débordait de caste douce, de noblesse suave… sans pourtant ne laisser à personne le doute ou l’erreur. Il s’appelait « Bandurria », et il fait partie « de la relance » d’un Daniel Luque, Sevillano de Gerena, qui, s’il voulait bien rester « classique et Sévillan », ne se trouverait probablement à un autre niveau que n’est le sien, aujourd’hui.
     Que le toro est résisté au cafouillis embrouillaminé de muletazos et demi passes amoncelés dans la deuxième moitié du trasteo, dit  justement sa qualité, sa noblesse, sa caste suave. Que toro mas bonito ! Y que toro mas bueno ! Comme quoi il n’est pas nécessaire de peser 600 tonnes pour être un grand toro.
     Il ne fut pas totalement brave, « Bandurria », attaquant par deux fois le cheval, d’un piton et très haut… mais il poussa et poussa, limpiamente ! Par contre, quel torrent de charges suaves, que le torero ne sut pas complètement « administrer », liant les passes en vis sans fin, alors qu’en laissant le bicho respirer, il eut pu terminer en adornos « limpios », classiques, profonds ou légers, « andandole al toro » (comme eu début du sixième) qui lui auraient probablement valu « un rabo », à condition de tuer « como mandan los canones ». Là, Luque enthousiasma par des tours de passe-passe, épée jetée, alternant demi droite et demi gauche, que le brave et noble « Bandurria » lui permit, de bon et gros cœur. A l’épée, Luque « se jeta », dehors et vite, mettant lame basse, très en arrière.
     Comme le noble animal eut l’ultime noblesse de tomber rapidement, les deux oreilles furent exigées, et aussitôt servies. Mais, comme il n’en avait pas eu lui-même idée, l’autoritaire président se refusa longtemps à mettre le mouchoir bleu de la vuelta, finissant par céder aux injonctions… du public. Vuelta d’honneur pour le bon toro d’Alcurrucen, et seul morceau de bleu dans la grisaille du sirimiri Bayonnais…

     Il pleuvait depuis la mi-journée et à dix huit heures, on ne donnait pas cher de la corrida. L’annonce d’un report de trente minutes avait été diversement entendue, et déjà, une date se murmurait, pour un éventuel report… Mais, bien que la Saint Dangou fasse désormais partie de « la légende de Lachepaillet », les lidiadores et en particulier leur chef, Padilla, décidèrent de faire paseo, tandis que le rideau de pluie s’épaississait… Merci les Toreros ! Bravo le public qui aguanta, stoïque, de longues et lourdes brumées, de celles qui pénètrent bien et vous laissent glacés…
     De fait, ce sera le seul « vrai » point positif de l’actuacion de Juan Jose Padilla, par ailleurs admirable, par le seul fait de faire la paseo… Très maigre mais paraissant en relative bonne forme physique, le Jerezano torée pratiquement tous les jours, actuellement, toréant, banderillant, estoquant tout ce qui passe à sa portée. Admirable, encore une fois, mais ne manquant pas, toutefois, de créer malaise ! L’ovation, à la fin de sa première prestation en est preuve, qui fait part de « la charité » du public, alors que le torero, auteur d’une authentique boucherie au descabello, aurait été durement conspué, s’il avait été en possession de toutes ses facultés. Le jour où une plaza « osera » siffler Padilla, marquera la fin d’une période « dorée » où, malheureusement à cause d’une tragédie, le torero n’aura jamais autant toréé, et toréé « du doux » (Es un decir!). Hier, ses deux toros se sont vite éteints, mais disons qu’il n’a rien fait pour qu’ils restent « allumés ».
     Quant à Bautista, dubitatif dit-on, pour ce qui était de faire paseo, on l’aura retrouvé, en partie, devant le cinquième, en une première moitié de faena qui prouva à quel point l’Arlésien a encore bien des choses à dire, muleta en main… Pour le reste, entre « trop long » et « pinchazos », ce fut grisaille et tiédeur...

     Déception passagère… Corrida pleine de contrastes donc, entre « le bleu » d’un grand toro, des capotazos de Luque, de ses premières moitiés de faena, et le gris du restant, certes honnête, tant du côté des hommes que des toros, mais sentant un peu à pétard mouillé…comme au soir d’un 14 Juillet, rincé par un méchant orage…

     Dimanche 5 Août – BAYONNE – Deux tiers de plaza – Fine pluie, suivie des lentes averses, entrecoupées de grise humidité (ya estamos ?) – Le paseo est retardé de 45 minutes en tout, et le public se porta « de maravilla » : Toros d’Alcurrucen qui, s’ils furent correctement présentés, n’eurent ni « l’allure », ni le trapio qu’on leur connaît, par ailleurs. Seul le troisième, blond roux pourtant réduit de caisse (501kgs) fit sortie magnifique, et garda ce qualificatif tout au long de sa lidia, tant au premier qu’au dernier tiers. Le noble animal, du nom de « Bandurria » - N°314 – fut très justement ovationné lors d’une vuelta d’honneur, à pétition du public. Si elle ne montra pas réelle bravoure, la corrida « alla au cheval », parfois durement, et fit son devoir, avant de finir, noble en général mais sans grande race, à la muleta. Pour le torero, Luque toucha le grand loto, le sixième promettant beaucoup…
     Juan Jose Padilla (aubergine et or, paré de noir) : Ovation et Ovation
– aura passé « une journée de plus », dans sa croisade  personnelle d’Aficion et de toreria. Bayonne le fit saluer, sans grande effusion (pas facile d’applaudir, un parapluie à  la main, et suivit avec gentillesse deux actuaciones « bien roulées », mais limitées en tout, au fil du manque de race de ses deux adversaires. Le public lui pardonna un véritable carnage au descabello, devant son premier. Attention ! Cela ne durera pas indéfiniment…  
     Juan Bautista (menthe et or, paré de noir) :Palmas et Ovation
- toujours correct au capote, nous bricola une faenita devant un premier adversaire, noble mais soso, qui raccourcit vite ses efforts. Bien plus intéressant et concerné, au cinquième, notamment dans une première partie de faena templée, « gustandose » en plusieurs moments. Hélas, Juan allongea un peu trop et pincha de même, perdant là un bon trophée, mérité.
     Daniel Luque (de sable et noir) : Deux oreilles et Ovation, sortant a hombros
– aura été magnifique, sans discussion aucune, cape en main : Les véroniques sont de soie (poignets magiques !), les remates, demi-véroniques ou recortes, très toreros ! De même les débuts de faena, le torero de Gerena « marchant avec le toro » avec une grâce, un « empaque » purement Sévillans. Malheureusement, ses faenas, même les grandes, vont à menos, à cause d’une propension à vouloir se compliquer la vie par des suertes qu’il a inventées, mais dont le « heurté » et « bousculé » ne servent aucunement la beauté et la profondeur première. C’est ainsi qu’il « rêva » le Toreo, en la première partie de faena devant le fameux « Bandurria », puis, ayant un peu asphyxié le toro, s’embarqua sur des enchaînements de muletazos et demi passes enchaînés, sans l’aide de l’épée, que le brave animal suivit sans renâcler…Cela porta sur les gradins, tout comme une lame semi entière, très en arrière et ladeada, portée à toute vapeur, qui fit rapide effet. Deux oreilles, méritées pour la cape et… la première moitié de faena.
     De même, Luque débutera « sensacional » son trasteo, devant le dernier de la soirée. Toreo Sevillano puro, digne des plus beaux jours du Morante… Bonnes séries droitières, compas ouvert ou pieds joints, jolis remates. Hélas, le toro s’est éteint et l’épée a pinché. Mais ne pas bouder : la corrida donna bien plus que ce qu’elle promettait, sur les coups de six heures.  Asi que !!!

Ils y étaient, aussi :
     La reseña de la corrida, et les grandes photos de Roland Costedoat, dans Eltico.org :
     http://www.corridafrance.fr/Temporada_2012/aout_2012/info_05082012_6.html

 

BAYONNE : « SURFIN CEBADA !!! »

     2 Septembre : Je ne sais si, tout jeune futur retraité, le surfer Julien Lescarret a dans sa discothèque l’intégrale des Beach boys… Probablement cela nous est il réservé, nous qui avons usé tous nos fonds sur les bancs des écoles, aux sons de « Babara ann » ou « Wouldn’it be nice »… Et oui, l’âge ne pardonne pas !
     En tous cas, on souhaitera à l’encore jeune aquitain de « good vibrations », chevauchant les vagues du proche océan sur sa nouvelle planche flambant neuf (laquelle, curieusement, manquait de « pink », sa couleur favorite !)… Des « vibrations » bien meilleures en tous cas, que celles démontrées devant les deux Cebadas de sa despedida dans le Sud-ouest, bien « cocoonée » par un public pétri de tendresse et d’indulgence, au point de le sortir a hombros, d’une manière plus ou moins « spontanée »… Cela fait partie de toute coutume « locale », sous tous les cieux taurins de la terre, et ses collègues n’en auront pris aucun ombrage, notamment le Mexicain Arturo Saldivar qui coupa une bonne oreille au bon troisième, après quelques naturelles de grande qualité… Bref, Julien peut maintenant siffloter « Surfin USA », sur le sable de la Chambre d’Amour, parce que pour ce qui est de « Surfin Cebadas », assurément, cela ne fera jamais… un tube !

     Bien, très bien présentés, les Cebada gago, variopintos, sans excès de poids ni de charpente, le quatrième étant une véritable gravure… Pleins d’allant, à leur sortie, ils ne montrèrent pas la caste ni la codicia des « Grands Cebada », même si, après qu’on les ait longuement sollicités, certains s’arranquèrent de loin, et même très loin, faisant penser à beaucoup qu’ils étaient braves…
     Cette nouvelle mode, de « mettre loin », va dans le sens du public… mais elle est trompeuse, et à vrai dire, totalement superfétatoire. On préférerait, (et de loin, pour le coup !), que la première pique soit citée «  à distance normale », puis, qu’à l’évaluation de la bravoure du toro et de la qualité du puyazo, on mette le toro « plus loin » pour voir si, en connaissance de cause (parce qu’il n’est pas fou !) il s’arranque d’un coup, sans avoir à labourer la piste, au grand dam des areneros,  et du picador, menacé d’extinction de voix toute prochaine… On veillera à des puyazos courts, delanteros, et l’on pourra répéter ainsi l’opération à souhait, y compris avec le regaton (pique inversée), en prenant garde de ne pas éborgner les spectateurs de la barrera, derrière… Ainsi, même d’un œil, on pourra calibrer la bravoure d’un toro, et non en le mettant dans ce nouveau dilemme : « Lequel je prends ? Le picador qui est tout là-bas… ou le réserve, derrière moi ? »
     Lequel prendrions nous, en bon mansotes que nous sommes ???

     Les Cebada ont fait leur job, et parfois très bien. A part le sixième, costaud et de mala leche, tous ont eu « une corne » favorable, et même parfois deux… Et si rien ne fut jamais facile, les Cebada de Bayonne remportent bonne note, au souvenir comparé des dures désillusions passées, notamment vers la Sévillane Maestranza.
     Pâle, chaleco ouvert, mal remis de ses récentes et terribles corrections, notamment reçues à Mont de Marsan et Bilbao, Javier Castaño n’aura que trompé le monde, et l’on imagine quelles douleurs furent les siennes, sur chaque muletazo étiré, sur chaque pecho, sur chaque entrée a matar… Mais, en bon professionnel et bon Salmantino, rude et têtu, Castaño se remit chaque fois à la tâche, souvent laborieux, en particulier devant le toro d’ouverture. Sur son premier pinchazo au blanc quatrième, son épée partit dans les gradins, et poursuivi par la bête, lui-même partit au callejon, se mettant un nouveau coup au ventre, sortant en grimaçant, plus pâle que jamais, le public applaudissant la vuelta « d’un autre Castaño », dont on lui avait parlé, après le début de saison, après Nîmes…
     Long et tout aussi pâle, vouant longuement son proche destin à la Vierge de Guadalupe, le Mexicain Arturo Saldivar en aura surpris plus d’un, sur main gauche… Car, si le début de sa prestation, face au premier, fut loin du souvenir qu’on avait de sa confirmation d’alternative, en particulier, à la San Isidro 2011, la faena elle, s’en alla crescendo, démontrant rythme et poder, en particulier sur deux séries de naturelles, bien « enganchadas delante », longues, fluides et bien rematées. Superbe ! Et comme le garçon s’engage, avec l’épée, le public suit complètement, avec raison. La sincérité, même malhabile, « paie toujours ! » Il y eut pétition des deux oreilles… que la Présidence eut raison, probablement, de ne pas suivre… car l’ovation eût été moindre, pour un torero qui mérite qu’on le revoie…

     Ce ne fut pas « une grande corrida », mais s’il en sortait comme cela tous les jours… « wouldn’it be nice » ?

     Samedi 1er Septembre – BAYONNE – Première corrida « de l’Atlantique » - Deux tiers de plaza – Grand beau, un peu venté puis frais : Toros de Cebada Gago, très finement présentés, guapos, variopintos, très armés, astifinos, qui firent de belles sorties, applaudies. Mobiles, bravucones à la pique, certains insistant plus que d’autres, ils furent souvent mis « très loin », tardant beaucoup, grattant le sol, offrant fausse impression de grands premiers tiers, les piqueros étant plus applaudis pour leurs effets de voix que pour des puyazos en règle, portés dans le haut « sin rectificar ». Le quatrième « démonta », sur un coup tordu. A la muleta, les cinq et sixième se montrèrent mauvais garçons, tandis que le troisième, du nom de « Cencerillo » fut récompensé d’une vuelta, pour l’ensemble de son comportement.
     Javier Castaño (de bleu nuit et or) : Applaudissements et Vuelta, après avis
– sortit « infiltré », toréant « chaleco ouvert », pour mieux respirer. Son capote ne fut pas des plus inspirés, et sa première faena traîna en longueur, devant un noble, un peu soson, qu’il allongea consciencieusement, sur piton droit. Il eut de jolis gestes, montera puesta, devant le beau quatrième, lors d’une faena longuement travaillée, tirant d’estimables muletazo, mais ne se libérant vraiment que sur un pecho magnifique. Pinchant durement, le salmantino vit sa lame s’envoler vers le tendido (sans mal, heureusement), et se donna un nouveau et mauvais coup, en sautant au callejon. Pâle comme un mort, il donna rude vuelta, et ne réapparut pas lors des lidias suivantes.
     Julien Lescarret (fuschia doré et violettes mélées) : Ovation et Ovation
– fut logiquement honoré, lors de sa dernière, dans son Sud ouest. (Despedida définitive, curieusement, à Nîmes, dans quelques jours). Outre les différents « à côtés », de toutes les couleurs, qui marquèrent ce jour, on dira simplement que le torero fut digne et très respectable, devant un lot dont le premier semblait lui offrir de bonnes possibilités sur piton gauche… tandis que le cinquième, lui, fut loin du toro rêvé pour une finale apothéose. Par deux fois, il tua « habile » et les professionnels, en fin de courses, le sortirent a hombros. Au fond…
     Arturo Saldivar (de bleu Caraïbes et or) : Une oreille, avec pétition de la seconde ; et Applaudissements
– a débuté « sincère mais électrique et peu sûr », au capote, son quite par chicuelinas suscitant quelques craintes. Pourtant, le muletero sera bien plus convainquant, notamment sur main gauche, face au joli toro troisième, noble et répétant sa charge, que le Mexicain toréa « a mas », jusqu’à un final inversé qui porta beaucoup sur les gradins. On aura, de loin, préféré les naturelles, longues et fluides, méritant à elles seules la grosse oreille accordée après un bel engagement, avec l’acier. Le rude sixième, par contre, le mit en doute… et on le comprendra. Là encore, le matador s’engagea durement, se coupant au pouce, dans l’embroque.
     Succès certes incomplet, mais « les muletazos de la tarde furent siens ! » On notera qu’il brinda son permier à son compatriote Sergio Flores, qui reçoit aujourd’hui alternative, de mains du Juli, en présence de Perera, devant les toros de Joselito.

Ils y étaient aussi :
     La reseña et les bonnes photos de Pierre Charrain, dans Eltico.org :
   
 http://www.corridafrance.fr/Temporada_2012/septembre_2012/info_01092012_3.html
    
La reseña de Jean-Claude Olvera, dans Opinion y Toros :
     http://www.opinionytoros.com/noticias.php?Id=38772


     Le matin, devant du bétail de choix des Frères Bats, le blond d’Aquitaine « Clemente », plus virevoltant et meilleur tueur, remporta le prix de non piquées 2012, devant un Filiberto Martinez, bon torero, mais sans grande « transmission » et affreux tueur.
     « Le métier qui rentre ! »

 

BAYONNE : « VIVA MEXICO ! »
Joselito réédite, en un peu moins.
El Juli réédite, à l’habitude.
Perera réédite… « mode 2012 » !

     3 Septembre : Quelle plaisir de voir la plaza de Bayonne, pleine ! Et quelle chance, pour un tout jeune torero, de trouver en ce lieu, baigné de lumière et de chaude attention, le toro idéal pour une alternative rêvée.
     Hier, Dimanche 2 Septembre 2012, Sergio Flores a reçu l’alternative, des amicales mains du Roi Juli, en présence du prince consort Miguel Angel Perera, et l’on peut dire que l’évènement restera à jamais gravé dans sa mémoire, et dans celle de l’Aficion Mexicaine : Vingt cinq minutes après le paseo, une actuacion juvénile, vibrante, très prometteuse… et un gros coup de trique, le jeune nouveau diestro donnait triomphale vuelta, brandissant fièrement « sa bandera nacional » en même temps que deux oreilles, tout à fait méritées en une telle circonstance.
     Tant à la cape qu’à la muleta, Flores s’était montré « puesto y dispuesto ». Et comme il tua « fort », on aura que bien peu à redire à ce que d’aucun ont baptisé « largesse présidentielle ». D’ailleurs, face à un sixième, quedado et faible, Sergio Flores se montra « ferme et bon technicien », exprimant jusqu’au bout, le bout de charge du toro.
     Belle grande journée pour le nouveau matador Aztèque, en espérant pour lui la même aubaine, lorsqu’il ira confirmer son alternative Bayonnaise en la Monumental capitalina. Ojala !! En tous cas, beaucoup d’aficionados, là-bas, savent aujourd’hui où est Bayonne.
     Asi que : « Un abrazo y… Viva Mexico ! »

     Jose Miguel Arroyo « Joselito », aujourd’hui ganadero, a réédité le succès de l’an passé. Peut-être de moindre intensité, car le lot s’est montré assez inégal, tant de force que de race. Cependant, et la couleur jabonera a aidé à cela, quelle présence ! Quelles sorties ! Quelle majesté, lorsqu’au bout d’une course puissante, le toro « se emplaza », s’arrête et lève la tête, défiant le monde entier… Et quelle tristesse, lorsque le coup de cachete ferme ses yeux à jamais ! C’est le paradoxe total de la Fiesta Brava ! On le prend pour le plus bel animal au monde… et on applaudit sa mort. Pas facile à comprendre, je sais !
     A Bayonne règne « le Roi Leon » (entre autres ! »). Mais chaque année, à une ou deux reprises, il laisse place au Roi Juli… Et il le fait avec bienveillance, sûr de vite récupérer son trône, et peu enclin à venir « se réveiller » sur le sable de Lachepaillet. Et donc, « Roi Juli » a encore triomphé, hier, en « sa » plaza de Bayonne, coupant trois oreilles qu’on ne discutera pas trop, même si « un roi » devrait mieux que cela manier rapière… Cependant, sa faena « de vrai novillero », devant un gros mastard de manso premier, aquerenciado en tablas, fit plaisir à suivre ; et la seconde, inégale et « a menos », fut celle d’un maestro accompli. De l’ensemble cependant, on gardera dans les mirettes, une demie, sculpturale, scellant le quite par chicuelinas au quatrième, meilleur toro de la tarde, puis le remate qui suivit, pour le mettre en suerte… Deux détails « Royaux » ! Quant à l’épée, que voulez vous.. on ne se refait pas ? – Lui non plus !!!
     Miguel Angel Perera aura bien montré qu’il est cette année, un véritable chevalier, prince des grandes croisades… mais sans épée ! Allez donc savoir pourquoi, l’Etremeño, maître des distances extrêmes, a perdu le sitio avec l’acier, le tempo, la hauteur des bras, de la muleta… le sitio ! Et il part, convaincu de pincher ! Et il pinche ! Cependant, sa faena au troisième fut celle d’un immense torero, tant dans sa première partie, classique, corrigeant le défaut du toro, que dans une deuxième moitié, absolument « hérissante » de par le serré des suertes, enchaînées sur place. Hélas, il en pincha quatre, de vilaine et similaire façon… et en perdit deux ! Bis repetita, face au cinquième qui fut le garbanzo du jour…
     C’est ainsi ! Même les preux chevaliers, les princes des grandes croisades, ont perdu des batailles !!! Hier, pour Miguel Angel Perera, Bayonne est venue s’ajouter à la longue liste 2012 de batailles perdues… et pourtant gagnées !
     Bayonne aussi a remporté une bataille ! Pour autant aura-t-elle gagné sa guerre si particulière ? – En tous cas, nul ne lui chicanera cette belle soirée.
     Pourvou que ça doure… l’hiver venu !

     Dimanche 2 Septembre – BAYONNE – Corrida de clôture – Casi lleno – Grand beau, tournant au blanc frais : Toros de Joselito (El Tajo y la Reina), précieux de lamina, quatre d’entre eux sortant de jabonero claro a jabonero sucio, le deuxième étant une estampe. Superbe ensemble, qui fit des sorties vibrantes, galopant un peu abantos, en divers degrés de distraite mansedumbre. A la pique « mas ruido que nueces », excepté pour le troisième qui prit deux vrais puyazos, en poussant rudement. Deux toros ont permis de briller, noblement : Le quatrième, meilleur de la tarde, en sa première partie, même s’il alla « a menos » ; et le premier, un peu désordonné dans sa charge. Le troisième, une fois convaincu, suivi l’aimant de la muleta « Pererienne ». A menos, faibles et limités de race et classe, les deux derniers. Le deuxième, lui, voulut sans cesse revenir au burladero du soleil, son fief… mais Juli lui dit non !
     Sergio Flores a reçu l’alternative devant « Espejito »- N°19, toro jabonero de 492 kgs.
Vêtu de « espuma de mar y oro », le jeune Mexicain lui coupa les deux oreilles.
     El Juli (de cardenal et or) : Une oreille ; et Deux oreilles
– se battit « enrabietado », comme un novillero enragé d’aficion et de ganas, pour sortir son premier mastard de la querencia où il prétendait sans cesse revenir. Ce fut vibrant, vaillant, parfois bouillonnant et même brouillon. Mais « Roi Juli » à Bayonne est le roi, et donc, après lui tirer « un sopapo », très en arrière, dont il a le secret, le Roi coupa une oreille.
     Le quatrième lui inspira un formidable moment, au capote : Quite par chicuelinas, au cordeau, et une demie au soleil, pieds joints, lente, sculpturale. A gusto… para el gusto de todos. Suivit une mise en suerte, avec un recorte/remate, sensationnel. La faena elle, fut brindée au public : à l’habitude, elle fut « de technique et de tripes », le poder du Juli le menant à d’intenses séries, un  peu forcées, un peu retorcidas, tout à coup ponctuées de muletazos lents, suaves, verticaux, qui mettent tout le monde d’accord. Après manoletinas et quelques diableries, une demi lame, en puissance, qui roula « Naranjito » en moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire. Deux oreilles : Une pour la demie ; une pour le remate ! Bien payé, mais sans appel !
     Miguel Angel Perera (de rouge vif et or) : Oavation après avis ; et Ovation
– salua deux vraies ovations, désolé et presque inconsolable. Et il y avait de quoi : Il monta un énorme trasteo, au troisième de la tarde, mais le pincha quatre fois, vilainement. Après avoir appris au retors, le chemin de sa muleta, il s’embarqua sur une longue séance d’hypnotiseur, à deux doigts des cornes, tressant d’incroyables enchaînements qui saisirent la plaza, à la fois d’effroi et d’admiration. Eso se llama « poder » ! Hélas, on sait la suite : Le preux chevalier a perdu son épée, et en cette occasion magistrale, deux trophées.
     Hélas aussi, il n’y eut pas de desquite, le cinquième tournant à la violente réserve, avec de méchants upercuts dans les remates de séries. Perera « essaya », vainement, et tua mal, à nouveau.
     Sergio Flores (de vert « écume de mer » et or) : Deux oreilles ; et Ovation
– montra un sitio remarquable, au capote, lors de la réception de son toro d’alternative. Ce fut enlevé, vibrant, spectaculaire, et… torero. De même la faena, après digne et sympathique cérémonie : brindée à toute son équipe, elle fut également brillante, pleine de décision, à la fois classique et baroque. On apprécie les naturelles, bien tirées ; on applaudit les manoletinas, au trajet changé ; et l’on hurle à la cogida, sèche, vilaine, qui les interrompt brutalement. On craint une fracture, mais le garçon revient, grimaçant, et remet en scène la même suerte, sous les protestations du public, craignant une nouvelle rouste. Pundonor y toreria, les deux confirmées par une vaillante lame, faisant rapide effet. Deux oreilles que certains trouveront trop généreuses. Pourtant, « torero » avec cape, muleta, épée…Vaillant et brillant !  Normal donc !
     Le sixième, faible et court de charge, quedado mais noble, une fois parti, lui permit de démontrer technique, fermeté et « envie ».
Nunca se canso, en la cara del toro… Et donc, la grande ovation est fort logique, prolongée sur une vuelta a hombros, en compagnie du Roi Juli… Que rêver de plus ?

     Au final de la corrida, dans le patio, fut remis au Juli le Trophée Claude Pelletier 2011; et à Joselito, la plaque au ganadero vainqueur de cette même précédente temporada…