SPECIAL " FERIA DE DAX 2010"
 
FERIA DE DAX 2010

Vendredi 13 Août :
     Toros de Daniel Ruiz, pour Enrique Ponce, Morante de la Puebla et Daniel Luque.
Samedi 14 Août, en matinée – Novillada piquée:
     Novillos del Pilar, pour Juan del Alamo et Tomasito, en mano a mano.
Samedi 14 Août:
     Toros de Victorino Martin, pour Jose Luis Moreno, Diego Urdiales et Alberto Aguilar.
Samedi 14 Août, en nocturne: Corrida Portugaise.
Dimanche 15 Août (au matin) – Corrida de Rejoneo :
     Toros de Bohorquez, pour Fermin Bohorquez, Pablo Hermoso de Mendoza et Manuel Manzanares.
Dimanche 15 Août :
     Toros du Conde de Mayalde, pour Rafaelillo, Sergio Aguilar et Mehdi Savalli
Lundi 16 Août* :
     Toros del Pilar, pour El Cid, Sébastien Castella et Luis Bolivar.
Mardi 17 Août*:
     Toros de La Quinta, pour Curro Diaz, El Juli et Miguel Angel Perera

     * Il y aura novilladas non piquées, les matinées des 16, 17 Août.

 

DAX : « LA FAUTE A CHRISTIAN… »

Grisaille et platitudes, pour la corrida d’ouverture.
Les Daniel Ruiz « n’ont pas plu » aux toreros.

     14 Août : Tout le monde connaît le célèbre refrain, tiré des « Misérables » : « Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire… le nez dans le ruisseau, c’est la fête à Rousseau !!! ».
     Eh oui ! C’est ainsi ! Il faut toujours que l’on cherche un responsable à nos grands malheurs, ou nos plus petits bobos, et lorsque l’on ne trouve pas, on soupire : C’est la faute à « pas de  chance !! »
     Mais hier, à Dax, la raison est claire : « C’est la faute à Christian !!! »

     Dax, on le sait, met un soin particulier à choisir ses invités et ses parrains, pour ses fêtes autant que ses corridas. Et cette année, personne ne pourra lui reprocher d’avoir parmi ses VIP, Pierrot Perret qui, grand auteur du fameux « zizi », aura quand même pu constater que, malgré un bilan « mitigé » côté engagement, les toreros ne manquent pas de « c…. ». Quant à Laura Flessel, belle et fameuse épéiste, elle aura apprécié combien nos escrimeurs en lumières auront pratiqué avec habileté ces attaques par coups pas très droits, « aux avancés ».
     Mais il manquait quelqu’un et, là, Dax a elle-même manqué… de nez ! Car, si la corrida d’hier à manqué « de Morantisme »… c’est la faute à Christian !
     Eh oui !!!! Suivez moi bien ! On sait le goût prononcé du Morante de la Puebla… pour les cigares, et maintes photos nous le montre, dégustant un gros havane, dans le callejon, entre deux toros… On sait également qu’il y a peu, un ministre du nom de Christian Blanc fut débarqué du gouvernement, entre autre raison, pour quelques douzaines de cigares achetés sur le dos du contribuable Français.
     Raison « fumeuse », me direz vous, mais… le fait est là ! Eh bien ! Si Dax avait invité Christian Blanc à son callejon, le jour où le Morante faisait en sa plaza un paseo que tous attendait… on aurait « autre chose » à constater et raconter que  le maigre bilan d’aujourd’hui !!!
     Eh oui !!! Avec Christian au burladero, les havanes auraient forcément circulé et... auraient « inspiré  ». En quelques « volutes », la générosité de l’un aurait conquis l’autre… et le Morante nous aurait tous emporté…sur un petit nuage !!! Peut-être!!!!
     Mais là, point de Christian ! Point de havane ! Bernique !!! (« Ouf !!! Je connais « un autre Christian », bien Dacquois celui-là, qui poussera un petit soupir de soulagement, car, avec ses collègues, il n’a que bien peu à se reprocher… »)

     « Je me trompe ou l’on n’a pas vu le Morante fumer ses gros cigares, « entre les toros », hier à Dax ? »
     - Au fond, au point où il en était, il aurait pu aussi en fumer… « pendant », car, en un jour que nous baptiserons « sans », le Morante s’est conduit comme un vrai chenapan, devant des toros qui, certes, présentaient quelques écueils et aspérités, mais qui méritaient, pour le moins… un petit effort, même s'il souhaitait ardemment « ne pas risquer plus qu’un poil ». Un peu comme le fit, fort élégamment et très longuement, un Ponce certes bien habillé, mais un tantinet…sur le « je m’en vais bientôt ! ». Quant à Daniel Luque, dont la plastique est évidente, il n’eut pas l’ambition de mettre un bain à ses prestigieux collègues, préférant les bajonazos aux grandes estocades, lesquelles on l’imagine, lui auraient valu les premiers trophées de la feria…

     « Que paso ? » La corrida de Daniel Ruiz était elle donc si mauvaise ? 
     - Non ! Mais la corrida de Daniel Ruiz eut un immense défaut: elle ne fut pas celle que prévoyaient nos trois maestros : Elle fut une corrida « avec des cornes ! » ; pire encore « avec des pattes ! » ; mais surtout, elle fut une corrida « sin fijeza », distraite, sans fixité sur les leurres, ni continuité dans sa charge…
     Pour beaucoup, Daniel Ruiz signifie : Noblesse « douce », liée à pas mal de faiblesse. Bref ! ce que beaucoup d’artistes de l’arène qualifient de « Toros de classe ! » Mais hier à Dax, les Daniel Ruiz ont eu autant de cornes et de pattes, que bien peu de fixité et encore moins… de classe. Pour autant, il y avait probablement d’autres « essais » à tenter, surtout en terre de rugby, que ceux pratiqués par nos trois diestros du jour, lesquels firent bien peu d’honneur à la grande banderole, dignement promenée dans le ruedo par les représentants et responsables de tous les clubs et peñas de la ville, où l’on pouvait lire « Dax, ville de culture taurine ».
     En fait, hier, nos trois héros n’en eurent guère cure… de la Culture Taurine. Et à avouez qu’à Dax, n’en pas avoir « cure »… c’est pas bien !

     Tout cela ne serait pas arrivé si, ayant un peu plus de « Psychologie Morantesque », Dax avait invité… « Christian ! »…  
     Et puis… c’est sa faute, aussi : L’aurait bien pu s’inviter lui-même !!!
     En Septembre, peut-être ?

     Vendredi 13 Août – DAX – 1ère corrida de Feria – No hay billetes – Temps gris, agréable : Toros de Daniel Ruiz, bien roulés, musculeux, armés fins, très correctement. La corrida est sortie « avec de pattes » (très peu de flojedad « évidente »), le dernier, jabonero claro « precisoso » étant peut-être le plus limité). Le deuxième fut « une estampe », que le Morante aurait préféré « en photo ». Gros défaut de l’ensemble : Le manque de « fijeza », la distraction ; et de classe à la muleta. Très noble fut le troisième, les autres ayant tous « un quelque chose de tordu » qui mit mal à l’aise les maîtres du jour. Le lot du Morante fut certes le plus compliqué, mais… « de là à !!! »
     En début de corrida, juste avant le paseo, les représentants de toutes les entités taurines Dacquoises promenèrent dans le ruedo, sous l’ovation unanime, une grande banderole où l’on pouvait lire : « Dax, ville de culture taurine ». Enhorabuena ! Et… c’est peut-être le bon moment pour construire un vrai « Musée Taurin ». Avouons qu’ici, il y a de la matière !!!

     Enrique Ponce : Silence et Silence – Se montra consciencieux, devant le premier toro de la feria, colorado bas, bien armé, sin raza. Trasteo droitier, facile, essuyant achuchon sur petit essai à gauche. Deux tiers de lame « ladeados », et trois descabellos. Face au quatrième, sin fijeza au capote, comme tout le lot, le Valenciano fit « dans la quantité », avec habituelle élégance, mais superbe…précaution : séries sur deux mains « en ligne », mettant le pico, tirant le toro « dehors », profitant de ses élans naturels, mais n’imposant rien de « personnel ». Ponce fit « de l’illusion », mais Dax ne mordit qu’à moitié, coupant tout enthousiasme après deux tiers de lame « très » de côté.
     Morante de la Puebla : Bronca et « Division », avec grosse bronca à la sortie
– Ne voulut pas voir, d’entrée, le deuxième de la tarde - muy guapo el toro – qu’il « règla » en quatre trapazos dégoûtés, et une lame presque entière « a traicion ». Bronca sèche et totalement justifiée, pour le matador et son entière cuadrilla, aux basses œuvres.
     On eut quelque espoir, face au cinquième, joli roux bien mobile : Une véronique, une seule, qu’il ne fallait pas manquer, dans le menuet capotero ; Quatre jolis muletazos, d’entrée, dont un trincherazo et une firma, bien « morantescas » ; deux derechazos, qui promettent mais, à l’heure du pecho, le toro se refuse soudain. Dès cet instant, le bicho se fera longuement prier, pour déclencher sa première charge, avant « d’exploser » ses suivantes, violentes, au visage du torero... Dès lors, Morante, avec une moue des plus dubitatives, fit savoir au public… qu’il pouvait préparer une autre bronca. Désarmant ! Du coup, Dax se divisa, après une lame « à la course », sortant par devant.
     Bronca, à la sortie, mais… Dax sera là, en Septembre.
     Daniel Luque : Ovation, saluée à contre cœur ; et Silence
– est pétri de qualités, tant au capote qu’à la muleta. Cependant, son manque d’ambition et une certaine « uniformité » dans son toreo, liés à « une forte tendance » à tuer vite mais « bas », lui ont fait perdre à Dax un triomphe dont il se croyait méritant. En effet, c’est en faisant la gueule qu’il vint saluer une ovation, au troisième, alors qu'il pensait couper « une oreille, au moins! », avec tous les mérites du monde. Certes il avait été brillant, au capote, notamment, dans un quite par delantales, bien rematé à la revolera ; et à la muleta, dans une faena classique, en séries sur les deux mains, closes de jolis pechos, agrémentés de quelque adorno « d’en bas », agréable à constater. Cependant, le toro très noble, répétant sa charge, méritait « une autre émotion ». Comme Luque tua d’une quasi entière « très très en arrière » et de côté, Dax lui dit logiquement « la prochaine fois, peut-être ! ».
     Cette prochaine fois se présenta, partiellement, avec le jabonero sixième, noblote, un peu faible et sans classe, devant lequel Luque fut longuement et platement bon, sans connecter vraiment, et tuant d’un gros bajonazo. Falto ambicion « de la buena », y talento !!!
     Falto ambicion... à toute la terna du jour!!!

 

DAX : LA PASSION VICTORINO
 

Diego Urdiales a hombros

     15 Août: « Ne le bouge pas! »; « Reste là ! »; « Non ! ne lui donne pas ce capotazo ! »; « Vas-y, il est prêt !!! » …
     Pas facile d’être juste à côté de Victorino Martin. Pas facile, mais passionnant !
     Assis parmi le public, à côté de son père, respectable octogénaire qui désormais se tait, le fils Victorino a entièrement récupéré ce qui faisait que « Victorino était Victorino… et personne d’autre ! » : ce don de la communication, cette facilité à expliquer, à se mettre « à la portée » des aficionados voisins, en les respectant, tout en « dictant » la lidia aux professionnels dans le ruedo, d’une voix de stentor, rude comme les hivers de Galapagar, et chaude comme la Fiesta Brava toute entière.
     Déjà « en soi », une corrida de Victorino est forcement « intéressante ». Mais elle peut devenir passionnante, lorsqu’à deux mètres de vous, le ganadero se comporte… « en aficionado al toro », sans pour autant oublier... l’homme. En fait, amoureux et fier de ses toros, Victorino Martin est un parfait « Toreista »… Ce que nous devrions tous être !

     Et il y eut de quoi l’être, tout au long d’une tarde de grand intérêt, allant « a mas », et dont les permanentes vedettes furent… les toros.
     Soyons clair ! Ils auraient porté autre nom, autre fer, autre devise, quatre des six toros de cette grande corrida auraient été fortement protestés, voire « renvoyés », pour « trop petits » et manquant de trapio. Oui mais voilà, par leurs cornes, leur personnalité et leur immédiate « présence » dans le ruedo, les Victorino ont imposé à tous « leur différence ». A part le premier, toro compliqué, parado, que Moreno parvint à « débrider », avant de la mal tuer, les cinq autres ont donné du jeu, allant souvent « a mas » au muleta des trois toreros qui, chacun selon sa personnalité et son concept du Toreo, surent les exploiter. Plus que la bravoure à la pique, où ils allèrent, souvent de loin, mais en se faisant prier, les Victorino ont marqué la course par « la noblesse encastée », et la continuité, dans leurs charges…Certes on donna vuelta posthume au troisième, du nom de « Poleo », en partie parce qu’il avait servi « le vibrato » d’Alberto Aguilar, petite nouvelle coqueluche du grand public…, mais, quoique moins complet (parce que mal piqué), le cinquième fut un grand toro, « por cuajo » et « por ir a mas », en particulier sur une corne gauche, supérieurement exploitée par Diego Urdiales, le grand bonhomme de la soirée.
     Habitué des Victorinos, devant lesquels il a souvent triomphé, en sa plaza de Logroño, alors que c’était là son seul contrat de l’année, Urdiales, sec Riojano au visage anguleux, peu souriant (alors que c’est le plus gentil des garçons), Diego Urdiales a une main gauche « en or », en des naturelles qui font un peu penser à celles du Viti : bras cassé, le muletazo « coule » naturellement, muleta tenue « à deux doigts », le poignet faisant tout le travail, « au millimètre ». Et cette main gauche, au cinquième, fit grande merveille. On lui donna une oreille… je lui en aurais donné deux. Et cela aurait été le Juli… il coupait « le rabo ».

     Jose Luis Moreno à un terrible défaut : On le verrait bien en barman, au Wellington; en steward dans un avion de ligne; ou prof de ski à Megève… mais pas en torero... C’est idiot, mais c’est cela et, devant le grand public, ce « détail » joue en sa défaveur. Hier encore, il tira du quatrième, les meilleurs muletazos de la tarde, templadisimos et profonds… mais aucun « n’entra » dans le public, parce que celui-ci le prit « a risa », ou « en grippe »… ce qui est, tristement, la même chose. Pourtant, encore une fois, le Cordouan fut « muy bien », devant le quatrième.
     Alberto Aguilar étrennait un costume neuf, blanc et argent… Et de même, une montera, à l’intérieur bleu. Mais pour brinder, il utilise « la vieille », doublée de rouge ! Todo un lujo ! Cela se voit que l’on est entré dans une grande… casa !!! Pourtant, il faudra, un jour, montrer « plus encore » que ce vibrato qui lui fait débuter les faenas « à fond », avec l’appui total du public, mais également « stagner », à  mi-trasteo, par manque de profondeur, de recours et de registre. Cela dit, le diestro Madrilène a fait vibrer la plaza par son ardeur juvénile et son habileté… sauf à l’épée.

     « Pero, yo me quedo… con los toros ! »
    
Hier, en plaza de Dax, Victorino Martin « est revenu », ou est « re-rentré » en France.
     Enhorabuena pues ! Et pour tout le monde !

     Samedi 14 Août – DAX – 2ème corrida de Feria – No hay billetes – Tarde bleu gris, très agréable : Toros de Victorino Martin, homogène en trapio, bas, semblant petits, « tampandose  por la cara » et, deux secondes plus tard « por la seriedad » de leurs premières charges, encastées, obligeant les toreros à « se sortir » vers le centre, comme ils le pouvaient. Seul le premier se réserva, frein bloqué, en début de trasteo. Le quatrième fut lourdement piqué, avec probable lésion interne, qui l’empêcha de charger « en continu ». Le deuxième obéissait au toque, mais n’allait pas au bout d’une charge pourtant très noble. Enorme fut le cinquième, qu’il fallut « aguanter », sur piton droit, avant de le faire « s’exprimer », totalement, sur la bonne corne, qui était la gauche (grand toro, cuajado, avec une sortie « de respect »). Le lot d’Alberto Aguilar fut le plus vibrant, bien servi par un torero « vibrant. « Poleo », le troisième, fut récompensé d’une vuelta d’honneur, pour avoir été « à peu près » complet en deux piques courtes, prises de loin, et poussées avec fijeza, avant de charger « à fond », en faisant même l’avion, à la muleta d’Aguilar. Le sixième, de même, chargea avec grande caste, museau au sol, donnant grande importance à ce…qu’aurait pu faire le diestro.

     Jose Luis Moreno : Silence après avis ; et Silence – n’est pas « entré » dans le public, celui-ci ne percevant pas son application, face aux deux toros les moins « spectaculaires » de la tarde, parce que ne répétant pas leurs charges, pour des raisons distinctes. Le premier, petit noir musclé, se défendit et s’arrêta, dès le deuxième tiers, et Moreno eut grand mérite à lui tirer trois séries droitières, allant « crescendo » en qualité. Le public ne le vit pas, qui se moqua un peu de ses desplantes trop souriants, et siffla une bien vilaine première épée, transperçante. Les trois épisodes suivants, à l’acier, n’arrangèrent pas la « mauvaise presse » du blond Cordouan frisé.
     Par contre, devant le quatrième, ce même public ne tint pas compte de muletazos excellents, lors d’une faena très sérieuse, posée, très torera, donnée à un toro qui se fit peut-être mal sur un premier puyazo hautement excessif. Là également, l’épée voyagea « incertaine », et le public dénigra. Dommage !
     Diego Urdiales : Une oreille ; et Une oreille après avis
– est justement sorti a hombros d’une plaza dont il a baisé le sable, sans démagogie aucune (pour une fois !). Emouvant triomphe justifié d’un torero qui aura tout donné, en une double actuacion, sérieuse et très torera, dont « sa main gauche » fut la grande championne « toutes catégories ». Son premier, pegajoso au capote, tardo à la pique, avait… un mètre de charge, mais répondait noblement au toque. Urdiales commença par « allonger » le trajet du toro, avant de l’exploiter joliment en deux séries de naturelles, courtes mais allurées, « muy asentada la figura ». Faena « a mas », que le public comprit et « poussa » et récompensa justement après bonne demi lame.
     Mais c’est au cinquième, toro très sérieux « de cuajo » que le Riojano donna toute sa mesure : Tout d’abord en une bonne réception, au capote ; puis dans une faena « a mas », pourtant mal enclenchée à cause d’une lidia des plus approximatives, surtout côté cheval. Dommage, car le toro perdit là possible vuelta posthume. Faena « en deux temps », allant crescendo en qualité, finissant pas séduire entièrement la plaza. Il fallut « aguanter » courageusement les premières charges, à droite, et Urdiales montra là énorme disposition. Puis, passant à gauche, le diestro « découvrit » (ou sembla découvrir), et « fit découvrir à tous » l’immense qualité du piton gauche de « Baratillo » - 510kgs – qui passa de « bon » à « sensationnel ». Se succédèrent alors des séries de naturelles, absolument « naturelles », tirées lentement, « profondément », le torero « encajado », bien posé sur le sol, tirant la charge, bras légèrement cassé, en une attitude des plus toreras. Hélas, le toro ne le laissa pas terminer par des adornos que la faena méritait, et il y eut « un pinchazo », avant une entière « à fond » qui provoqua mort spectaculaire du grand toro. Une seule oreille… Merecia mas !!
     Au cours de la vuelta, Diego Urdiales félicita grandement le ganadero, en barrera de sombra, et prit une poignée du sable de Dax, qu’il baisa… en toute sincérité. Emouvant triomphe d’un  diestro qui mérite plus d’attention de la part des empresas.
     Alberto Aguilar : Une oreille ; et Vuelta après un avis
– a perdu la salida a hombros que lui promettait un public tout acquis à sa juvénile ardeur...à cause de ses carences avec l’acier. Et au fond, c’est peut-être plus « juste » ainsi ! En effet, tout en reconnaissant « les ganas » et « la vibration » que met le jeune Madrilène en chacune de ses actions, le tout « transmettant » beaucoup au gradin, il faut reconnaître « qu’il est toujours en mouvement », que la majorité de ses muletazos sont très courts, et qu’il a tendance à « amontonarse », c'est-à-dire, « vouloir faire tout, tout de suite ». Le calme et la « construction » viendront, avec le temps… Toujours est il que le garçon « met du cœur » (et un peu plus !) et que cela fonctionne bien auprès du public.
     Faena vibrante au bon troisième, avec des muletazos bien tirés, sur main droite ; et gros début, à gauche depuis le centre, face au sixième. A chaque fois, la vaillance, la transmission et… « le volume ». Cependant, chaque fois un peu « en-dessous » de la qualité des toros, et… cette épée qui ne fonctionne pas, une fois encore. Une grosse oreille du troisième, au lieu des trois ou quatre que promettaient les toros, à un diestro « en pleine maturité » et bon tueur. Cela dit : « Chapeau à l’envie… et la passion ! » La Fiesta Brava a besoin de beaucoup d’Alberto Aguilar.
     De même qu’elle est heureuse du grand retour… de Victorino Martin.

 

DAX: « SALIO CHUNGA !!! »
Sauf en présentation, les Mayalde ont déçu
La terna… encore plus, malgré une oreille pour Sergio Aguilar !

     16 Août : « Oye !!! La corrida salio chunga !!! »
     La corrida n’est pas mal sortie… elle est sortie « à l’envers »! Un peu comme une cérémonie, une réunion, un repas que l’on prépare avec soin. Et au moment précis où cela commence, on a oublié les stylos sur la table ; le micro ne marche plus ; le rôti est trop salé !!! Et du coup, tout s’enchaîne !! La réunion capote, sombrant dans la polémique stérile ! La cérémonie est d’une rare platitude, où tout le monde « parle faux ! » Quant au repas… bonjour Alka seltzer ! et en plus, le champagne était chaud !!! 
     Pourtant, Dieu sait que tout était bien préparé !!!

     Y’a des jours, comme ça !!! Hier était un de ceux-là, en plaza de Dax ! La corrida du Conde de Mayalde était « una preciosidad » de corrida. Tout y était: Le trapio, le poids, les cornes, bref… « la seriedad! »
     Hélas… « salio chunga ! »
     La malchance s’abattant d’un coup sur la plaza, le ganadero et les organisateurs, la corrida connut tous les avatars du monde, y compris le toro qui sort « descordinado », ce qui est le plus vilain spectacle qui soit. Qu’il est triste, en effet, de voir ce « noble seigneur » sortir en titubant, trébuchant, se croisant les pattes, un peu comme un festayre qui rentre, au petit matin, dans une maison qui n’est pas la sienne. Una tristeza !
 
     Rafaelillo est un malin… un vrai malin ! Comme personne, il sait retourner en sa faveur ses approximations, ses excès de vitesse et ses « inesthétismes ». Certes son lot « le salio chungo », mais le Murciano en fit quelques tonnes… de trop. Le coup de pousser la tête dans le flanc du toro, au cours du pecho, histoire de  « se mettre rouge », cela fait deux fois en deux corridas… Le hasard ferait il des siennes ! A surveiller.
     Pourtant il faillit bien couper, au quatrième, un toro dont la tendance était « de s’appuyer » un peu trop, au passage. Lui également… avait oublié d’être couillon ! Rafaelillo se battit, à grands coups de « han ! » de bûcheron, mais manqua ses derniers coups de hache. Cependant, personne ne lui en voulut… et c’est très bien ainsi !

     Ah quel grand torero serait Aguilar, s’il avait la face d’angelot et vibrato … d’Aguilar !
     Ah ! quel grand torero serait Aguilar, s’il avait le temple, la « quietud » et l’aguante… d’Aguilar !
     Il est très dangereux, surtout en une feria où l’on… se fatigue beaucoup, d’aligner coup sur coup, en deux jours, deux toreros du nom d’Aguilar. Pourtant, on aura du mal à s’y tromper, même avec quelques bières de trop dans le cornet : Autant Alberto Aguilar, le petit, « vibre » et « boue », par toutes les fibres de sa peau; autant Sergio Aguilar, longiligne et sec, est « d’un sérieux » qui passerait même pour « un peu triste » ou « carrément fade » », au point de monter Don Quichotte lui-même au rang de franc rigolard.
     Dieu que ce garçon torée bien, mais… Seigneur qu’il est triste ! Oye ! A côté, le Viti était un véritable boute en train !!!
     Cela dit, Aguilar, « le grand », monta « sérieuse » et bonne faena, un peu longuette cependant, au sobrero de Bañuelos, astifinisimo, qui lui… no salio chungo. Par contre, avec  tous mes respects pour le diestro et tous ceux qui l’encensent… « qu’est ce qu’il nous a emm… devant le cinquième !!! » Mais bon ! L’important est que lui, il ne trouve pas le temps long, devant le toro !!! Et là, c’est clair : Il ne s’ennuie pas !
     Pues bien ! 

     Mehdi Savalli avait, dit-on, « mis le feu » à la plaza de Béziers, sortant a hombros en compagnie de Juan Bautista et du ganadero. Peut-être avait il laissé là toutes ses forces, tout son sitio, toute sa vista et son bon goût… car hier à Dax, « todo le salio… chungo !!! »
     Mais, plus que la malchance et le Destin, on incriminera un manque « d’ambition torera » qui, probablement involontaire, aura fait beaucoup de mal à un torero qui  n’a plus d’apoderado ; n’a pas de contrat ; et dont l’horizon professionnel paraît dorénavant voué… à l’argent plutôt que l’or.
     Hombre ! Si le torero « est » torero et veut sortir du trou, il va à tous les quites, « monte » sur ses  toros, et part à la conquête totale des grands publics… Hélas, hier, Savalli ennuya un peu… et déçut beaucoup. Au point qu’à mes côtés, un ami photographe s’écria : « ça va… au lit !!! »
     Au fond, cela aussi aurait fait un bon titre. A que si ???

     Dimanche 15 Août – DAX – 3ème corrida de Feria – No hay billetes (La plaza preciosa » !) – Beau temps, avec quelques gouttes passagères, d’un nuage oublieux: Cinq toros du Conde de Mayalde, et un sobrero d’Antonio Bañuelos, sorti deuxième, en remplacement du titulaire, sorti « descordinado » (lésion vertébrale ou de la moelle ?). Corrida de grand trapio, et joliment armée (inclus le sobrero !). Corrida très sérieuse et mobile. Corrida, hélas, mélangeant la caste et la violence, le manque de fixité, parfois la soseria, et la justesse de forces. Le lot de Rafaelillo sortit violent et peu franc ; le cinquième sombra dans la plus profonde des soserias, face à un torero qui, jamais, ne sut ni ne voulut « alegrarlo ». Le lot du Français ne se définit pas bien… du fait de !

     Rafaelillo : Silence et Ovation forte, après deux avis – Prit deux méchants uppercuts (un de chaque côté) par le toro d’ouverture, court et violent. Le Murciano en termina rapidement, dans la compréhension généreuse… et générale.
     Devant le quatrième, toro « sérieux », un  poil faible, mais à la noblesse rude, encastée, Rafaelillo fit de tout, très vite, avec beaucoup « de voix », et aurait bien coupé quelque poil d’oreille s’il n’avait bafouillé son final au descabello, après un très dangereux loupé à sa première entrée à matar. Dax ayant le petit diestro en sympathie, l’ovation fut « l’une des vibrations » de la corrida. Au capote, un peu brouillon, beaucoup de toile et de vibrato, après chaque fois, la larga à genoux…
     « A fond », mais quand même!!!
     Sergio Aguilar : Une oreille ; et Ovation apres un avis
– fut « la quiétude même » ! Son premier toro fut rentré, laissant place à un Bañuelos, très armé, qui arriva noble mais « gazapon », à la muleta. Marchant sans cesse, le toro pouvait être « molesto », mais l’aguante, le placement et le temple du Madrilène firent merveille, au cours d’une faena un brin trop longue, mais pleine de sobre qualité, les séries de derechazos et de naturelles se succédant, liées, templées, bien rematées. Tuant vite, mais desprendido, Aguilar coupa un juste trophée.
     Par contre, le torero est responsable de l’immense torpeur qui s’empara de la plaza (en pleine feria !), face au cinquième. Ce fut un concours de soseria, entre un toro qui prit soixante dix passes, « sans rien dire ! » et un torero qui en donna autant… sans rien dire non plus. Pourtant, en milieu du long trasteo, trois naturelles, tirées à fond, firent immédiatement la différence, dans le public… Asi que !!! Entière, caidita, à la vapeur… et Zzzzzz !!!
     Mehdi Savalli : Silence et Silence
– n’a pas été bien. Prétendre le contraire ne serait aucunement lui rendre service. Certes il vit au troisième « un quelque chose » que la majorité n’aura pas vu, qui lui fit s’en méfier d’importance, dès les premiers capotazos. Cependant, il se devait de montrer une autre attitude, en particulier devant le sixième, jouant les « valientes », à bout portant… en sursautant un peu. Le public le vit, qui le prit avec quelque ironie.
     Mais, bien plus que ses échecs devant des toros « sérieux », c’est « l’attitude » qu’on lui reprochera un peu : Lorsque l’on ne torée pas, et que l’on est dans la situation qui est sienne, on est de tous les quites (surtout aux toros des copains), de toutes les largas, de toutes les portagayolas, de tous les « arrimones… de verdad ! ».
     Mais… peut-être me trompe-je !!! Au fond, cette reseña aussi…« quiza me sale « chunga ! »

 

DAX: «  QUE PASA CON UDES ????  »
Corrida désagréable… à présider!
Deux oreilles au Cid… « en cualquier feria de primera »
Luis Bolivar n’est pas loin!
Sébastien Castella… s’éloigne

     17 Août : Tandis que le monde aficionado (de verdad) suit, avec anxiété l’état de santé de Luis Mariscal, grand banderillero connu de tous (en principe), qui a reçu dimanche cinq cornadas en une seule, en plaza de Séville… Tandis que le monde taurin suit, préoccupé, le lamentable nombre des entrées à la Feria de San Sebastian, malgré des cartels étincelants… Dax poursuit sa feria, remplissant ses rues et sa plaza, mais… boude son plaisir.
     C’est dans l’air du temps : « On n’est pas content ! On n’est jamais content !
     On veut plus… Mais quoi exactement ???

     Hier, 16 Août 2010, alors que tout aficionado digne de ce nom, sait « le bache » profond dans lequel se trouvait le Cid, depuis deux  temporadas, un toro lui a tout rendu d’un coup : le sitio, le temple, la main gauche, le gusto, la… sensibilidad ! Dax a été témoin de cela. Et au lieu de s’en satisfaire, Dax, en une infime partie vociférante, a boudé son plaisir, protestant deux oreilles que le Cid aurait coupées... « même » en pleine San Isidro.
     A ver un poco : « Que lui reprochez vous ?  - De n’avoir pas eu à « batailler » ?  - D’avoir été tellement « dans le sitio », d’entrée, devant un grand toro, que vous en avez oublié le danger? - Le toro lui, n’oublia pas, qui mit au Manuel de Salteras, un bon avertissement à la première de ses erreurs…
     Que lui reprochez vous donc ? - La verticalité et le temple « exquisito », précieux, de certaines séries qui furent pourtant « parfaitement » conduites, c'est-à-dire « toréées » ?
     Peut être auriez vous préféré, devant ce toro, Rafaelillo ? Ou Alberto Aguilar, en deux trasteos sponsorisées par les piles Wonder « petit bras » ? Ou encore Sergio Aguilar, et son toreo Temesta ? - Le Cid a mis la passion et l'art!
     Bien entendu, on ne peut comparer, on ne peut « se substituer à… » , comme on ne peut « refaire le monde »… Il faudra, certes, revoir la faena… tout comme l’on reverra le toro, depuis son entrée : Fort, codicioso, templado mais « pas couillon », qui surprit par deux fois le Cid, alors qu’il était a gusto, au capote. Toro puissant, qui s’arranqua proprement et provoqua un batacazo spectaculaire qui ne doit rien au hasard. Toro que le Cid changea « à un puyazo », le laissant entier, « crudo », ce qui provoqua des murmures de doute et d’inquiétude, chez certains.
     Et quoi donc ? Le toro « n’était pas toro », parce qu’il n’était pas entré deux fois ? – Jodééé, tios !!!

     Le Cid a été « sensationnel » avec ce toro, débutant main gauche, où il a démontré que le sens du temple, du rythme, lui était revenu. Les pechos signalèrent à quel point le torero « sentait » qu’il allait faire quelque chose de grand, et, se relâchant totalement… « se sentir torero ! », enfin !
     Et Dax était témoin de cela !!!
     Et il le fut, grand et même « très grand », le Cid, en des séries droitières, entièrement verticales, totalement relâchées, où le toro, noble ennemi, devient total complice… C’est donc cela que vous lui reprochez ?
     – Le toro n’était nulle babosa… il était noble, parce que brave et « entregado ». Et pour vous faire honneur, il portait même le N°40…
     Que reprochez vous donc au Cid ? - La « tardanza » du toro à tomber, après une épée très correctement portée ? 
     - Hé !!! On a vu « des rabos », accordés en les mêmes circonstances…et des deux oreilles après des « Julipies » de vous savez qui.. (peut-être même, aujourd'hui!!!). 
     « Pero que pasa con udes ? » Doit-on, pour exister, « être contre tout » ?
Bien entendu, toute critique est et doit être constructive, à condition d’être argumentée et constructive…
     Qu’attendiez vous du Cid, devant ce toro ? - Qu’il mourût ?
     « Pour moi… Deux oreilles, et vuelta al toro !!! » Mais, ce n’est là que mon opinion !!!

     Le reste de la corrida fut un ensemble de choses, parfois « désagréables », qui rendirent l’atmosphère bien lourde… au point de tourner à la fureur, lorsque le sixième toro fût rentré au corral, se classant troisième au rang des « devueltos »… puisque trois toros furent « changés », lors des deux dernières lidias…
     Au final, cela tourna « au cachondeo », certains désirant probablement arriver au fatal « Il n’y a plus de toros !! », d’autant qu’à son palco, le président se sentait de plus en plus seul, « bataillant » qui au téléphone, avec le président de la commission; qui « par sémaphore » avec l’alguazil chef, en porte du toril.
     Ya !!! On peut rire ! Et l’on peut être absolument d’accord sur le double renvoi du cinquième : Flojo le titulaire ; et « feisimo » le petit remplaçant… On le sera moins sur celui du sixième, mais... le « crescendo » était logique !!!
     En passant, on félicitera un subalterne, énorme torero, qui fit de ses trois renvois aux chiqueros, « de simples anecdotes », au plan du chronomètre… A lui seul, Domingo Navarro vaut « cinquante cabestros »…

     Que dire du reste de la corrida ? 
     - Que Luis Bolivar, peu à peu, rejoint les qualités toreras de Cesar Rincon : Distance et sincérité. Bien entendu, on lui reprochera, hier, « d’avoir baissé », sur main gauche, lors de sa première faena, après avoir été remarquable, sur main droite. On lui reprochera, et « il » se reprochera  le metisaca déjà provoqué par un toro qui passa son temps à « descuadrarse », à bouger, se « décadrer », au moment de l’épée.
     Il y aurait pu avoir « un gros bajonazo », à la vapeur… Il ya aurait pu tout aussi bien y avoir trois avis ! De fait, la faena méritait « un peu plus » que ce silence fatigué.
     Devant le beau Mayalde, « sixième bis », le Colombien ne fut pas si mal… mais le public était fatigué, et la corrida, terminée depuis longtemps. Comme le toro se mit encore à gratter et reculer, au moment de la mort… ya !!!

     De son côté, le « pétage de plombs » de Castella, au final de sa première faena, ne dit rien qui vaille : Après un pinchazo hondo, feo, qui ne pouvait rien donner, le Français « se trompa », pensant le toro touché à mort. Il demanda le descabello, malgré les justes protestations, et… « s’entêta ». Là est « le pétage de plombs » : Castella « s’entêta », renvoyant ses peones et descabellant seul, sept fois, à toro « tapao ». Curieux autant qu’étrange !
     Là, Dax se porta « en grande dame ! », parce que la bronca dut être « au moins «  à la hauteur » de celle au Morante. Asi de claro !
     Devant le cinquième tris, de Bañuelos, Sébastien Castella confirma ses actuelles « heures basses », les automatismes lui permettant toutefois de rester digne. Pero, no esta !!!

     Dieu que la corrida fut longue, parfois « tendue », voire « désagréable » ! On le devra à un lot de la famille Fraile, « desigual en tout » ; à quelque malchance de la lidia ; à quelque « fatigue » logique d’un public qui, pour autant, ne doit oublier ni justice ni générosité !
     Il n’est jamais facile d’être à la présidence, mais hier, « intérieurement », ce dut être l’enfer. Bien dommage, car au fond, tout cela reste une « fiesta »: la Fiesta brava, celle « du brave et du beau !!! »..
     Et il y en eut, hier à Dax.
     Du moins je le crois, sincèrement !

    Lundi 16 Août – DAX – Quatrième corrida – No hay billetes – grand beau : Du fait de plusieurs incidents de lidia, dus à la faiblesse de quelque toro, il est sortis neuf toros, ce jour, en plaza de Dax : le cinquième, flojisimo, a été changé deux fois ; et le sixième fut à son tour renvoyé, pour des raisons plus obscures, la cuadrilla de Bolivar se mettant au diapason du public, pour « descendre » l’animal (car nul n’aurait tenu compte de l’action du matador, quoiqu’il fît.
     Au final du final, au bout du bout, sont sortis : Trois toros du Pilar (2, 3, 4èmes – bien présentés et sérieux de comportement – le 4ème, « important » !) ; un de Moises Fraile (1er, petit, feucho !) ; un sobrero de Bañuelos (5ème tris – que no sirvio) ; et un du Conde de Mayalde, (beau remplaçant du 6ème – qui eut quelque qualité). Corrida « muy a menos » à partir du cinquième. Lors des trois renvois au corral, Domingo Navarro fit merveille, avec son capote, sa vista, et son aficion.

      El Cid : Silence et Deux oreilles (la deuxième, protestée par « un secteur » du public), de même que la salida a hombros – Aura connu « des sensations paradoxales », durant cette corrida : Sûr de lui et volontaire, il aura tout fait pour convaincre et « se convaincre », face au toro premier, bastote  sans fijeza, qui termina faible et sin raza. Cid essaya de « le pousser », mais dut renoncer, le tuant bien.
     Quand sortit « Dudalegre » - N°40, du Pilar, le Cid « le vit » aussitôt, le recevant bien de capote avant de devoir s’échapper, par deux fois, sur des « doutes » siennes, le toro chargeant avec codicia. Cette même force de charge amènera le bicho à provoquer gros batacazo, le Cid changeant le tiers, laissant le toro « cru », et convainquant tout le monde qu’il avait raison par un gros quite en véroniques.
     La Faena, brindée à tous, débuta main gauche, le Sévillan se trouvant rapidement « a gusto », en naturelles amples, templées, liées, bien rematées au pecho, dont un, long, sensationnel. Vinrent alors plusieurs séquences droitières, tantôt longuement tirées, tantôt « verticales », la figure, totalement relâchée, la muleta « plane », main très basse, lentement tirée à la vitesse du toro… Enorme moment « de toreo », parfaitement conduit, templé, en un minimum de terrain. Le torero « s’oublie » à sa joie de se retrouver, d’un coup... mais le toro lui rappelle que « aqui hay un toro ! Que no se olvide nadie ! » Achuchon que le diestro efface vite par de nouveaux muletazos de belle ampleur, la faena se terminant en adornos superbes, dont un grand trincherazo gaucher.
     Ce fut une faena… « seigneuriale », rematée d’une entière bien portée, pelin trasera, qui ne fit pas effet immédiat. Là, Boni et Alcalareño en firent trop, avant que le Cid ne remate au descabello. Est-ce la raison qui poussa une partie du public à protester la deuxième oreille, immédiatement accordée ? – On ne sait… Pourtant, ce fut une grande faena, à un grand toro… pas loin de la vuelta d’honneur.
     Sébastien Castella : Sifflets après un avis ; et Silence
– est passé « de puntillas », en ce premier rendez vous Dacquois. Certes avec l’excuse d’un mauvais tirage au sort, mais donnant également l’impression d’une fatigue morale  qui le mène à « fonctionner », au point d’abuser de la gentillesse du public à son égard. Son « descabello, à toro vivo », après le vilain pinchazo hondo, à son premier, n’est pas digne de lui… Que paso ???
     Et Dax fut là, très gentille. On imagine sa réaction si, à la place du Français, le Morante de vendredi s’était risqué à telle bravade, en sept coups de descabello… Otra vez sera !!
     Luis Bolivar : Silence, après deux avis ; et Silence
– A franchement bien toréé sur main droite, son premier adversaire. Après un début au centre, par pedresina, le Colombien alla citer de loin, recevant le toro comme le faisait Rincon, son maître, en longues séries bien tirées, longues et templées. Là, il fut « très bien ». Les choses se gâtèrent, sur main gauche, le toro « n’étant pas le même ». Lorsque Bolivar revint main droite, le public s’était refroidi, et le toro, au moment de la mort, se refusa, « descuadrandose » au moment de l’attaque. Bolivar mit un vilain metisaca, et porta une demi lame « plate », sans effet, suivie de trois descabellos. Tristesse, et deux avis à la clef.
     Devant le sixième, après tous les incidents qui avaient émaillé les deux dernière lidias, Bolivar tenta d’intéresser… Il y eut des choses, des « moments », comme l’ouverture, par cambio au centre ; comme certain derechazo, certain pecho bien roulé… mais la faena ne décolla jamais, et le Colombien s’épuisa en vain. Mala pata ! Pourtant, en un final de saison bien meilleur, Bolivar progresse, purifie son toreo, va « a mas ». Si si !!
     Corrida longue, parfois dure à vivre; dure à raconter et... dure à présider!!! Pobre!

 

DAX: « ALLEZ! ON LEUR PARDONNE !!! »
Puerta grande, « grande », pour El Juli et Miguel Angel Perera
Six toros… six faenas !

     18 Août : Allez ! On leur pardonne à tous… Aux La Quinta, d’avoir été « un peu petitous » ! A Juli, d’avoir mis deux « Julipiés » ! A Curro Diaz, de ne pas avoir assez « pesé » sur ses toros ! A Perera…rien, sinon d’avoir eu la malchance de pincher un faenon. Mais, comment lui en vouloir ?
     Comment pourrait on leur en vouloir, quand, du début à la fin, les Santacoloma de la Quinta sont sortis « avec des moteurs de formule 1 », et qu’ils les ont gardés jusqu’à la fin, ou presque.
     Comment pourrait on en vouloir à « Callejuelo », le sixième, d’avoir mis un batacazo énorme au cheval, en le prenant « par le cul », comme un vilain manso (y maricon, en plus !), quand, dans les minutes qui suivirent, il devint brave, très brave, à force d’inépuisable noblesse, pourtant « sans niaiserie »…
     C’est que, hier, amis Dacquois, on ne fut pas très loin de « Lo de Desgarbado » : Un toro de taille réduite, peu ou pas piqué, qui révèle une inépuisable et noble codicia, à la muleta…au point d’en être un brave « total ». Miguel Angel Perera a du y penser, lui à qui le destin donna le rôle et la chance de les toréer tous deux…
     « Dans cette ligne-là », on ne fut pas loin d’un indulto, hier à Dax… Oui mais voilà ! Il avait débuté manso, au cheval, et n’avait pas été piqué…
     C’est vrai : on ne pouvait dire qu’il était « complet de chez complet ». Mais… vaya toro !!!

     En général, et grâce au « poder » des toreros, deux en particulier, la corrida a chargé… A chargé longtemps, et souvent bien ! Seuls (et encore !), les deux de Curro Diaz n’ont pas été « a mas », parce que le diestro, tout de finesse Andalouse construit, n’a pu les prendre, les pousser, les exprimer, les presser comme des citrons, à l’image des quatre autres faenas menées par le duo Juli – Perera, très copains dans la vie, terribles ennemis dans le ruedo.
     Les toros de La Quinta ont largement démontré que « la taille et le poids » ne sont rien… Ce sont « les idées, les regards…  et les pattes ! » Qu’on le demande à Curro Diaz, qui s’est vu pris, totalement « à la merci » du premier, un « moustique » de 482 Kgs du nom « d’Artesano », et cela, à quatre reprises, terribles.
     Six toros ! Six faenas ! Seules manquaient les estocades « à la primera » !!! Dans ce cas, on partait pour « le double » de trophées, pour le moins, avec en plus, quelque « rabo » pour bonne mesure…
     C’est que… « Comment ils ont toréé !!! »

     Il faut courir aller voir toréer « El Juli », en ce moment !!! Vous achetez un billet, et vous allez le voir « au capote ! » Seulement au capote !!! Après, vous allez à la buvette, vous faites ce que vous voulez… de toute façon, il montera une faena, tuera d’un « Julipie », sous les vivas, et coupera toutes les oreilles du monde… Normal ! Logique ! Justifié et prévisible !!!
     Mais, « au capote », il est encore « imprévisible » ! Et ce qu’il a fait hier, en réception de son premier adversaire est simplement « magique », gigantesque, complètement fabuleux et presque… inexplicable ! Là, le Juli « surprend » encore, et donc… passionne !
     La temporada 2010 sera « ce qu’elle sera », avec énormément de « gris clair à gris foncé !!! ».. mais « Le Juli, à la véronique »… ça, c’est quelque chose !!! Et l’on sait comment Pierre Albaladéjo l’aura expliqué, avant, à Elise Lucet, présentatrice du « 13h d’Antenne 2 »…invité au callejon de Dax. Le reste, elle l’aura vécu « en direct », et à priori… ses yeux avaient du mal à croire à tant de beauté, au milieu de tant de furie…
     Sensationnel de lenteur et de « gusto », le Juli, à la cape. Extraordinaire de ce temple magique, qui lui fait « ralentir le toro », au point même de lui « rallonger » le trajet de cinquante centimètres, d’un suave mouvement du corps, de bras et du poignet…
     Définitif : Le Juli est actuellement celui qui fait les choses « les plus belles », les plus lentes, les plus profondes, les plus « nouvelles »… au capote. Ne serait-ce que pour cela, courrez-y ! Courrez y vite !! Avec la cape, El Juli est actuellement… une symphonie !

     Quant à Miguel Angel Perera (avec un seul R, amis de Dax – merci de rectifier, sur vos panneaux, dans la plaza !), il est revenu à ses meilleurs moments, ceux d’Août et Septembre 2008. Mais avec « quelque chose en plus ! » : A la force et au sens du temple qui sont siens, quand il est bien, Perera ajoute désormais une vraie personnalité « artistique », dans la mesure où il ne cherche plus « le lié… pour le lié ! », mais « le lié… pour le beau ! ». Au toreo classique, à distance, Perera ajoute désormais « le goût », et les enchaînements « en profondeurs », changeant parfois le toreo « à la hache », pour de belles caresses… Hier, le Juli « emporte tout », mais Perera torée « plus beau », artistiquement parlant…

     Jo !!! Six toros, et six faenas… Je dis bien : Six faenas ! Certes de divers « poids », de différent calibre… mais, « six faenas ».
     Et surtout, que l’on n’oublie pas (et Dax l’a fait, un peu !) le formidable mérite de Curro Diaz, en sa faena (et en son estocade) devant le premier, qui lui avait fait si peur. Alors qu’il revenait de grave blessure, cicatrice toute fraîche et visage encore marqué, Curro Diaz monta un trasteo « uniquement gaucher », de grande beauté, face au premier de la tarde. Et sa faena, plutôt droitière, en « accompagnant » le quatrième, plus qu’en « pesant » sur lui, en « s’imposant » au toro, eut des passages de véritable beauté. Sans parler d’un coup d’épée « royal » (le meilleur de la tarde), mais qui arriva, après deux vaines tentatives…
     Tandis que Juli et Perera, accompagnés du mayoral de Conradi, sortaient a hombros, Curro Diaz partait « à pied », probablement « doublement endolori »… Injuste parfois, mais c’est la loi de la « Fête des braves ! »

     Alors qu’une banderole « Dax, Ville de culture taurine », accompagnait les triomphateurs, c’est un peuple tout entier qui chantait sa fête, son « au revoir et à bientôt ! » Là aussi… purement magique !
     Elise Lucet en parlera t’elle, au 13h ? Sinon… allez, on lui pardonnera aussi !!!

     Mardi 17 août – DAX – 5ème et dernière corrida de Feria – No hay billetes – Grand beau, bleu : Six toros de La Quinta, totalement dans le type Santacoloma, un peu petits, peut-être, armés « engatillados », serrés et courts, mais dangereux, qui sortirent « pura dinamita ». Corrida de noblesse encastée, le premier, seul, manifestant « du vice », d’abord sur piton droit, puis gauche. Petit toro « de cuidao ! ». Corrida dont les deux derniers, en partie grâce à leur toreros, « mirent le feu » à la plaza. Le sixième, du nom de « Callejuelo », alla « a mas, y mas, y mas ! », au point de charger encore, pour trente muletazos probables, au moment de l’épée… Un grand toro, qui perdit peut-être l’indulto à cause d’un comportement « manso bousculant » au cheval (gros batacazo, encelado en el caballo). Le torero voulant le laisser « cru », on ne le vit pas sur une seconde entrée. Alli, quiza, perdio la vida ! Dommage ! « Callejuelo » fut récompensé d’une vuelta d’honneur, tandis que le mayoral s’unissait à la salida a hombros des triomphateurs.

     Curro Diaz : Ovation et salut au tiers, à ses deux toros – Reprenait l’épée, après sa grave blessure du 7 Août, en plaza d’Alicante. Et pour ce retour, le sort lui réserva dix premières minutes de véritable enfer, le premier de la tarde lui coupant le  terrain, par trois fois, faisant fi du capote, le poursuivant très dangereusement, l’obligeant à trois sauts, en panique, probablement fort douloureux, au callejon.  Remis de ses émotions, le toro poussant dur au cheval, le Linarense l’entreprit alors sur la corne gauche, uniquement, en une faena « d’inquiétude » autant que de beauté. Il y eut des naturelles d’authentique « olé ! », que Dax ne perçut peut-être pas, entièrement. En fin de faena, le toro « coupe à gauche, également », et manque de prendre Curro Diaz, par deux fois encore. Tuant d’un gros estoconazo, très courageux (compte tenu du double contexte), Curro Diaz aurait pu attendre plus de récompense, après tel effort. Au moins une pétition, sinon une grosse vuelta !
     Devant le quatrième, après faena « de gusto », en grande partie droitière, où il « accompagna » plus qu’il n’imposa, Curro Diaz perdit tout, sauf l’estime des Aficionados, en mettant deux vilaines entrées, précédant un gros volapié, le meilleur de la tarde.
     El Juli : Une oreille après avis ; et Deux oreilles – s’est montré « absolument sensationnel », lors de sa réception au capote, devant son premier : Une dizaine de véroniques, lentes, suaves, éternelles… et la demie, au centre. Toma ya !!! Après mise en suerte, précise, le quite par chicuelinas… du même tonneau. Sensationnel ! Unique, en ce moment ! Puis, à partir d’un brindis « qui dit tout », Juli emporta tout le monde… dans son monde à lui ! La faena, puissante et douce à la fois, « coula », naturellement, bercée sur les deux mains, à peine survoltée par des desplantes heureux, bouillants de santé et de joie torera. Du grand Juli, à peine « ombragé » par un pinchazo et une entière « à la Juli », qui mit du temps a rouler le brave Conradi.
     La même chose, mais « en plus mieux », devant le cinquième, cette fois roulé d’un « Julipié » sans bavure aucune. Le toro était tout autre, et peu de monde aurait parié faena, au moment de banderilles. Pourtant, quelques doblones et une première série plus tard, Juli avait dicté sa loi, que le toro suivit avec noble entrain. Alors, les choses coulèrent, presque de source… Et de toute cette magie, on retiendra deux secondes, un flash : un changement de main, gauche droite, qui dura… une éternité. Grand triomphe et grand toreo, d’un grand Juli !!! Rien à dire... sinon que, « sans le Julipié », il coupe le rabo !!!
     Miguel Angel Perera : Une oreille ; et Une oreille après avis – a aussi perdu un rabo : celui du dernier de la tarde, du nom de « Callejuelo ». Deux pinchazos, un gros volapié et un descabello en sont la cause… Quel dommage ! Parce que le torero a lui aussi été « sensationnel ». Et doublement ! On sait que, d’une part, il a ses détracteurs, partout ; et qu’ensuite, « passer derrière le Juli, comme il est en ce moment !!! », avouez que…
     Par deux fois, l’extremeño a été « énorme » de temple et de « poder », notamment devant le sixième, auquel il monta un véritable faenon, tirant, sur chaque main, de longs muletazos, profonds, cadencés, mettant « du gusto » dans ses actions les  plus puissantes, les enchaînements les plus osés. Enorme faena que celle de Perera, au sixième toro, magnifique de noblesse et d’entrega. Formidable torero, Perera, qui faillit bien rééditer le coup de « Desgarbado ».
     Hier, avec « Callejuelo », les antis et les Catalans étaient… à la rue !!! « Que se vayan al diablo »! Lorsque la Fiesta est si brave, elle est… éternelle !
     Ainsi se termina, sous « l’Agur » traditionnel, la feria de Dax, Ville de culture Taurine, et qui le proclame bien haut… como dede de ser !
     Enhorabuenas mil, et au revoir, Dax Taurina, bonita !

 
 
 
 
 

QUAND PASSENT LES CIGOGNES !!!
Corrida « étrange » de Garcigrande

     12 Septembre : Tandis que Sébastien Castella s’escrimait avec son premier toro, un vol de cigognes tournait sur la plaza, cherchant longuement son cap… Un peu comme le public, aficionado et très bon enfant, de cette première corrida de la Salsa, littéralement « imbuvable », du fait du comportement des toros de Garcigrande ou Domingo Hernandez… lo que es igual.

     On ne peut protester de son Aficion, sincère ; de l’orgueil de sa tradition ; de l’identité de sa Terre… et laisser passer le fait que quatre des six toros d’hier, au moins, en plaza de Dax, implique que soit dicté un examen post mortem approfondi…
     « Lo siento… pero es asi ! »
    
Que ce soit à Dax, terre amie, à Madrid, Séville ou Algimia de Almonacid… je ne suis pas de cette partie-là !
     « Algo paso ! » et il faudra savoir quoi ! On parlera de « mansedumbre »… On parlera de « défauts de vue » Ya ! Mais avouons que les « sauts de carpe » du troisième, au capote de de Sergio Aguilar, furent « du rarement vu » !!!! A que si ? Avouons que le comportement des premier (achuchon à Escobar et Ponce, sur arreon imprévisible) ; troisième (achuchon à Castella, sur autre arreon « a lo loco » ) ; sixième (sortie « comme flânant sur les Champs Elysées », pour ensuite « fuser » sur le piquero de sortie, et prendre « le » plus gros puyazo de toute la temporada dans le Sud-Ouest, avant de retomber dans ses somnolences)… est de nature à se poser des questions.
     « Que paso, ayer, en Dax ? »  - Il faut le savoir, techniquement, scientifiquement, officiellement.
     Si on ne trouve rien… alors on parlera « mansada total », loin devant « la super moruchada ». Et là : « pas d’pot ! »
     Mais s’il y a « d’autres raisons », auxquelles nous pensons tous… alors il faudra de tout cela, tirer conséquences. De par la temporada, il y a trop de toros soudain « descordinados » ; trop de toros « fous », pour qu’on ne se penche pas, sérieusement sur la question…
     « Nous sommes une Terre Taurine ! » Mais nous voulons l’être « limpiamente », sans poudre aux yeux  et « sin pasarse… le la raya ! » A ver si nos entendemos !!!

     Face à ce lot de dingues, les toreros ont fonctionné, chacun selon ses capacités et l’humeur du moment : Enrique Ponce a été long, long, long… parfois élégant, toujours propre, mais sans la moindre seconde des envoûtements passés. Sébastien Castella mêle le superbe au « soudain dolent », comme si « triompher  vraiment » ne l’intéressait que partiellement… Quant à Sergio Aguilar, qui avait le mérite de réapparaître, avec toutes fraiches, les blessures de Bilbao, il essaya de faire face, avec un courage totalement serein… « Au fond – se sera-t-il peut-être dit – si c’est cela, toréer des corridas « buenas », mieux vaut que je reste « con la duras » ! On saluera sa volonté et sa sincère désolation… surtout après sa lame, atravesada, au sixième.

     Dans le ciel, les cigognes sont reparties, majestueuses. Elles ont retrouvé leur cap… Elles ont bien de la chance !!!     

Samedi 11 Septembre – DAX – 1ère corrida de La Salsa – Plaza pleine – Tarde très agréable : Six toros de Garcigrande, dont deux furent remplacés par des sobreros de Antonio Bañuelos, sortis 2 et 3ème bis. D’une présentation correcte (excepté le troisième, bas et gordinflon, muy feo), le lot aurait séduit s’il n’avait affiché, tout au long de la lidia, un comportement souvent étrange, que l’on devra peut-être à une somme de mansedumbre et défauts de vue « peu commune ». Des apparentes « somnolences », qui se transforment en « arreones » ou « explosions » soudaines ; des regards torves, qui glaceraient le sang à plus d’un Espartero ; des fléchissements constants, légers ou « déguisés »… En tout cas, un manque total de… logique ! Ainsi, au comble de l’ennui et de la sage désespérance, le public dut supporter les « loufoqueries » du sixième, lequel sortit des capes « plus idiot » qu’il n’y était jamais entré, pour s’en aller, tout à coup franchement décidé, prendre un puyazo monumental au réserve, qui lui, ne demandait rien ! Puyazo « de manso » ? de manso « encastado » ? – A voir ! La suite prouva que « manso, oui ! Mais… avec quelque chose en plus ! Mais quoi ? »
     Corrida désolante, du fait des toros de Garcigrande, dont seul le premier donna quelques opportunités. Quant au deux Bañuelos, ils tinrent leur rôle de remplaçant… sans ambition de titulaires pour l’an prochain.

      Avant le paseo, les organisateurs de corridas du Sud Ouest firent le tour du ruedo en portant une banderole, fièrement marquée de ces mots : « Nous sommes une Terre Taurine ». Cette noble revendication eut mérité meilleure suite. Mais là… « pas d’chance ! »
     En début de corrida, Enrique Ponce fut l’objet d’un hommage, à la fois simple et remarquable de solennité, comme seule Dax est capable de le proposer. Après longue ovation, Ponce invita ses deux compagnons à la partager, ce qu’ils refusèrent poliment, lui laissant logique exclusivité de l’hommage.
     Avant que ne sorte le troisième, Dax ovationna fortement Sergio Aguilar, en reconnaissance du « geste » de venir toréer, avec la blessure encore fraîche. Curieusement, on ne trouva pas son apoderado, Careño, pour l’accompagner dans ces durs moments…(mais on espère que c’est là une erreur !) Ayyyy ! el mundillo este !!!
     Enrique Ponce : Ovation après un avis (petite pétition) ; et Ovation après deux avis – dut se méfier du premier qui, avant que ne sortent les chevaux, surprit son banderillero, Alejandro Escobar, qui dut partir vers l’infirmerie, victime d’une lésion à l’épaule (La cuadrilla de Sébastien Castella « aida » celle de Ponce, avec grand pundonor et professionnalisme). Longue faena, sur beaucoup de terrain, devant le premier Garcigrande, qu’il avait reçut de cape, tirant des véroniques distantes, traversant tout le ruedo et rematant « en tablas de tendido sol ». Uyyy ! Faena « à la Ponce », sans forcer, tirant quelques jolies naturelles, et tuant « habile », après pinchazo. Face au quatrième, lui aussi « desrazado » (avec quelques scories « de plus », à la sortie), le Valenciano « voulut », longuement, parvenant même à tirer, ça et là, quelque bonne suerte, sur les deux mains. Pourtant, malgré sa science et son effort, Ponce ne parvint à allumer « aucune mèche » en une Dax qui lui voue pourtant toute sa dévotion. Long et parfois pénible.
     Sébastien Castella : Applaudissements et Silence après un avis
– faillit bien se faire surprendre, d’entrée, par un arreon du deuxième, qui fut renvoyé « pour défaut de vue » possible, après avoir contourné par quatre fois le cheval et s’être promené parmi les cuadrillas « como si tal cosa ». Devant le sobrero de Bañuelos, après un bon quite par chicuelinas « ceñidas », le Français débuta al estribo, tira une bonne première série de naturelles, suaves, mais peu à peu, se contagia du peu de classe de son adversaire. La lame, presque entière, mit beaucoup trop de temps à faire son effet. Quand sortit le cinquième, la corrida, déjà, « allait par en-bas », et il fut difficile de remonter la pente, d’autant que le toro, bien présenté mais « pelin loco », se retourna court, chageant « en haut », puis « en bas », puis « plus du tout », cela en une même série de trois passes. Castella pincha avant de tirer une demie, en arrière et tendenciosa. Una tristeza !
     Sergio Aguilar : Ovation et Silence
– reçut le sobrero de Bañuelos par des delantales très serrés, qui lui valurent grande ovation. Par contre, le public ne valorisa peut-être pas assez de sérieuses naturelles, bien tirées, dont les dernières, pieds joints, que le Madrilène égrena au cours d’un trasteo « plus enlevé » que de coutume. Pinchazo et entière « en puissance », mais le toro tarda à tomber. Quand sortit le sixième, la corrida était « morte », et dans le cas contraire, ce toro l’aurait tuée. Sortant « endormi », l’animal fonça soudain sur le réserve et prit un énorme puyazo, en grande force. Puis il se rendormit… et Aguilar souffrit pour le réveiller un peu, avant de laisser tomber. Alors survint une vilaine lame atravesada, transperçante.
     Le calice jusqu’à la lie !  

 

DAX : ON M’APPELAIT « FAROLERO »
Apothéose du ganadero et des toreros
Un rabo pour El Juli, impressionnant.
Morante « Génial et... différent »!
Cid, totalement « revenu »

     13 Septembre : « D’abord, j'ai tout entendu… Ensuite, j’ai tout vu ! »
     On m’appelait « Farolero », et d’où je suis, maintenant, je suis bien… Oh bien sûr, ce ne sont pas les mêmes senteurs, les mêmes lumières… mais je suis bien, en paix… 
     Hier j’étais à Dax ! Je ne connaissais pas ! Avec les copains, on était arrivé, il y a quelques jours. On y avait été très bien accueilli. Il y avait de l’ombre dans les corrales, et l’on nous avait bien nourris.
     Hier, vers midi, beaucoup de gens étaient venus nous voir… On nous observait, sans agressivité… et nous, nous avions donné notre meilleure image, notre meilleur profil. J’avais repéré un gaillard bien sympa, que les autres appelaient « Rafaé »… Je l’avais suivi du regard et intercepté ses mots, quand il m’avait montré du doigt : « Este en cuarto ».
     Et pourquoi en quatrième ? Moi qui suis le plus beau, le meilleur ! « Premier en tout! », j’aurais du être ! »
     Et puis ce fut le noir, après un gros claquement de porte. J’ai attendu, tranquillement…

      « Bien plus tard, il y a eu grand bruit : Beaucoup de monde parlait; il y eut des bravos, puis, l’espace d’une minute, ce fut le silence. Et puis, tout a repris !
     J’ai tout entendu… D’abord, les gens se sont mis en colère ! J’ai même entendu le mot de « cabron » ! Pas poli ! Nous au campo, on s’en met de bonnes, mais… jamais d’insultes comme cela.
     Ensuite, ce fut une véritable explosion… les rugissements, les Olés, les ovations. Pendant un moment, les gens ont hurlé d’enthousiasme, semble t’il. J’ai entendu des mots : « Cumbre ! », « Le rabo pour El Juli » (Juli, je le connais ! Il est venu à la finca ! Un bon garçon !)… Et puis d’autres mots : « Vuelta pour « Buenasuerte » (Lui aussi, je le connais… un bon copain !)
     Cela s’est soudain calmé, l’espace d’un instant. Pourtant, à peine quelques minutes après deux gros claquements de porte, cela a repris… De nouvelles clameurs, moins intenses, mais à nouveau les mêmes mots « Vuelta pour « Aldeano » !  (Lui aussi c’est un copain, mais plus dur de caractère. Un noble, mais qu’il ne faut pas chatouiller)… Et des ovations !
     C’est la fête, alors !!! 

      « Tout à coup il y a eu un grand bruit, un gros fracas : On avait ouvert ma porte. J’ai senti comme la piqure d’un gros moustique d’été, là-bas, à la dehesa, et j’ai vu un grand carré de soleil, au fond du couloir. Je me suis précipité, parce que... j’adore le soleil.
     Tout de suite, ce fut une autre ambiance ! Mais ça m’a bien plu… Je me suis dégourdi les pattes. Les gens ont aimé, semble t'il! J’ai vu des couleurs, des ors, des argents, des noirs, sur les costumes. J’ai vu de grands éventails rose et jaune…
     Tout de suite, j’ai repéré mon ami du matin, celui que les autres appelaient « Rafaé ». Il s’était changé, mais, même en rouge et noir, je l’ai reconnu… « Me caia muy bien ! » et je lui ai fait confiance.
     Quand il m’a appelé, j’ai foncé… mais j’ai mal calculé mon coup : Je me suis cogné. Quelque chose a craqué, dans ma tête. Et j’ai eu très mal…
     Beaucoup de gens se sont désolés, semble t’il… Les braves gens ! Ils avaient mal pour moi ! Quelque chose de lourd me pendait sur le côté de la tête… mais j’avais si mal que je n’arrivais pas à bien savoir quoi…
     Puis, tout s’est déroulé très vite : On m’a appelé, et je suis rentré docilement dans un couloir sombre, plus silencieux.
     Alors, il y a eu un « boum ! », soudain, et ce fut le noir… Je n’y ai rien compris. Mais tout à coup, je n’ai plus eu mal…
     On m’appelait « Farolero »… et ce n’est pas « un farol » !

      « Très rapidement, je me suis senti léger, léger ! Comme si  « je sortais » d’un coup de mes 518 kilos. Et je me suis senti libre, libre, au point de m’envoler au dessus de la plaza de toros.
     J’aurais pu partir loin, loin… mais j’ai voulu rester. Et j’ai tout vu !
     Avant, j’avais entendu... Maintenant, j’ai tout vu… et j’ai compris.
     J’ai vu mon copain, « Ecuador », un gros balourd... mais pas mauvais garçon, si on le prend bien ! Je l’ai vu avec un gars qui est un véritable danseur étoile ! En dressant l’oreille, j’ai entendu que les gens l’appelaient « Morante ». J’avais déjà entendu ce nom, le matin : « Farolero », en cuarto lugar, pa Morante ».
     A priori, je crois qu’ils se sont bien entendus, Morante et « Ecuador », parce que les gens semblaient contents… Non ! Pas contents… « transportés ».
     Puis ce fut « El Juli ! » Je l’ai reconnu… et j’ai compris les clameurs d’avant ! Personne ne sait « jouer avec nous » aussi bien que lui. J’ai entendu qu’il avait « pinché deux fois », avant le Julipié … J’ai pas tout compris, mais quand le Juli a fait le tour du rond, j’ai vu le visage des gens. Ils étaient de milliers. C’était des regards d’Amour. Ils sont bien, à Dax ! Je reviendrai…peut-être!
     Et puis, j’ai retrouvé « Sacaperras », mon frère… Il est bien, lui aussi ! Mais parfois ombrageux. Tout à coup, sans que l’on comprenne trop pourquoi, il arrête tout, il se referme… et il faut lui tirer les vers du nez, avec patience. Il a fait le même coup, aujourd’hui… M’étonne pas de lui ! Pourtant, les gens étaient contents, et ont applaudi beaucoup quand le Cid les a salués, tout au long de sa promenade, autour du rond !

     « Que bonito !!! » Comme dans une église, les gens ont attendu, et tout à coup ce fut une clameur d’apothéose, tandis que Morante, Juli et le Cid ont été portés en triomphe… J’ai retrouvé aussi mon mayoral, mais c’est surtout mon maître, Don Victoriano, que j’ai repéré…Il pleurait doucement, mais je ne sais pas bien pourquoi. J’espère que tout va bien pour lui. C’est un bon maître !!
     Je m’appelais « Farolero ». Ce n’est pas des blagues! J'étais un grand toro, colorao, bociblanco, bien armé. Un grand toro ! En rematant au burladero, je me suis cassé une corne… On m’a rentré, et je n’ai pu participer à la grande « Fiesta Brava »… La fête des braves !!! Celle « de toujours ! »… et pour longtemps encore ! A Dax et ailleurs…

 
   Dimanche 12 Septembre – DAX – Deuxième corrida de La Salsa – Llenazo – Super beau temps : Six toros de Don Victoriano del Rio, dont le quatrième, du nom de « Farolero », fut changé pour s’être cassé la corne droite, dans un burladero, répondant, trop impulsif, à l'appel de Rafael Cuesta. A part son remplaçant, toro basto, lourdaud, massif, la corrida est sortie fine, musculeuse, armée fin. Corrida de grande noblesse, dont deux toros furent honorés d’une vuelta posthume : Le deuxième, colorado du nom de « Buenasuerte » - N°114 – d’une extrême et douce noblesse ; et le troisième : « Aldeano » - N°153, très noble également, brave et plus encasté. Le cinquième montra grande qualité, et le quatrième, après début menaçant caprice, se livra entièrement. Seuls les sixième, qui coupa un peu son effort, à mi faena ; et surtout le premier, qui se montra manso, bloqué, aquerenciado en tablas, déçurent un peu.
     Au final de la corrida, le ganadero fut l’objet de toutes les ovations, de toutes les attentions, et son mayoral sortit a hombros avec les trois toreros triomphateurs.

      Morante de la Puebla : Sifflets et Deux oreilles (dont une fut « un moment » contestée) – a fait exactement ce qu’il y avait à faire, devant le manso premier : « Essayer » de l’intéresser, avec cape (andandole al toro) et muleta, en démontrant qu’il ne valait rien ; le régler et le tuer d’une demie lame, habile mais propre. On comprend la déception générale, mais en aucun moment elle ne justifiait les sifflets ni les insultes.
     On comprend aussi les murmures rageurs lorsque le Morante jeta sa montera au callejon, après que le sobrero ait démontré de bien louches intentions, au premier tiers. Pourtant, dès les premiers muletazos, le Morante, « enfermé dans son intérieur », régla les choses en quatre muletazos, clos d’un pecho « à la Cagancho ». Ensuite, ce fut une « demi symphonie » où le diestro s’abandonna souvent, se força parfois, pour finir par se libérer en cinq naturelles de face, de pure merveille. « Demi symphonie » seulement, parce que le toro ne lui permit pas « le crescendo » artistique et génial qui l’aurait entièrement « transfiguré », et le public avec lui. Là, Morante fut « un génial  travailleur », tout à fait différent de tous les autres… Et comme il tua bien, en faisant bien la suerte, les deux oreilles furent des plus logiques, même si certains ne furent que partiellement de cet avis. Ce qui est leur droit. Mais enfin, Dax « a vu » le Morante, ou tout du moins… une grande partie du Morante.
     El Juli : Deux oreilles et rabo ; et Une oreille
– a été sensationnel, totalement « cumbre ». Insolent de facilité et « d’imagination », le Juli a encore inventé des véritables « bijoux » de Toreo, tant à la cape où il excelle, définitivement, que dans les enchaînements nouveaux, précieux, qu’il offrit au cours d’une faena intense, vibrante, pleine de cadence et de « douce force »  à un toro, deuxième de la tarde – qui avait renversé le piquero, cherchant longtemps la monture au sol, et sortant de ce choc avec un gros « ojal », une large blessure béante au côté gauche du morillo. Pourtant, le toro répondit noblement, suavement, au moindre « centimètre » de cite de la muleta d'un Juli, véritable « ingénieur informaticien programmeur du Toreo », percevant immédiatement les distances, les angles, les temps, les rythmes, qui feront que le toro « se confiera » à lui… Faena sensationnelle, classique et enlevée, close d’un monumental « Julipié », qu’on lui pardonnerait presque, en cette occasion. Deux oreilles et la queue ! Vuelta al toro ! Le sommet !
     Devant le cinquième qu’il fixa et améliora par delantales « lidiadores », Juli monta autre faena, dont les quatre doblones d’entrée « réglèrent » la situation. A nouveau, le temple, la cadence, la « virtuosité torera ». A nouveau l’apothéose, la totale communion avec Dax, au point de supplanter « l’ère Ponce ». Hélas, il y eut pinchazo et feo metisaca, dans le style que l’on sait, et la troisième entrée réduisit les récompenses, mais pas le bonheur.
     El Cid : Deux oreilles et Une oreille
– a entièrement démontré qu’il est revenu « au plus haut », même si… sa faena au troisième, abondante et parfois trop légère, sembla « un poil » au-dessous d’un grand toro, d’un immense toro, noble mais encasté, qu’il fallait « tenir ». Heureusement, les naturelles de la fin et une grosse épée ont rétabli grande situation et permis beau triomphe, justifié.
     Cela partait fort bien, à nouveau, devant le sixième, mais là, « c’était peut-être trop », pour le public… et pour les toreros : La faena fut moins précise (mais bien plus sérieuse), et tout à coup, il y eut « un achuchon », montrant que le toro avait changé, d’un coup, se réservant plus, se livrant moins. Cid en termina rapidement, d’une bonne lame, et… dans le soir tombant, Dax fêta royalement une corrida… princière : Les trois diestros et le mayoral de Victoriano del Rio sont sortis, portés à hombros, dans la liesse générale…
     Fue « un corridon » de Victoriano del Rio.
     Dax reste « DAX ! »  et le mérite bien !
     Enhorabuena a todos !