SPECIAL " FERIA DE MONT-DE-MARSAN"
 

MONT-DE-MARSAN : LA MADELEINE 2009

Vendredi 17 Juillet :
     Toros de La Quinta, pour El Fundi, El Juli et Juan Bautista. 
Vendredi 17 Juillet, en nocturne: Grand concours Landais.
Samedi 18 Juillet, en matinée: Festival de l’Avenir Taurin, avec des erales de Bonnet.
Samedi 18 Juillet :
     Toros de Victoriano del Rio, pour Julio Aparicio, Sébastien Castella et Jose Maria Manzanares.

Dimanche 19 Juillet :
     Toros de Fuente Ymbro, pour Julien Lescarret, Sergio Aguilar et Luis Bolivar.
Dimanche 19 Juillet, en nocturne – Corrida de Rejoneo :
     Toros de Benitez Cubero, pour Antonio Domecq, Andy Cartagena et Leonardo Hernandez.
Lundi 20 Juillet, en matinale – Novillada mixte :
     Novillos de Enrique Ponce, pour le cavalier Thomas Baqué, et les deux novilleros Thomas Dufau et Mathieu Guillon.
Lundi 20 Juillet :
     Toros de Samuel Flores, pour Enrique Ponce, El Cid et Salvador Vega.
Mardi 21 Juillet, en matinée – Novillada sin picar:
     Erales de Bonnet, pour, Diego Hernandez, Jose Miguel Valiente et Mario Alcalde.
Mardi 21 Juillet :
     Toros de Zalduendo, pour El Juli, Miguel Angel Perera et Daniel Luque.

     Pour tout savoir et bien préparer la Madeleine 2009 : http://www.fetesmadeleine.fr/lutece/jsp/site/Portal.jsp

 

AVANT MONT DE MARSAN : « QUE HAYA SUERTE PARA TODOS ! »

     17 Juillet : « Une Grande Madeleine pour tous…sur la terre, comme au ciel ! »
    Avouez que cela commence « un peu  mal » ! Toute la nuit, comme si les dieux des antis s’étaient coalisés pour « aguar la Fiesta », des trombes d’au se sont abattues sur grande partie de la France… dont notre Sud-ouest. Et cela continue, ce matin...
     Bien évidement, nos caprices Aficionados, dont le moindre est « Sol y moscas ! », ne sont rien au côté des soucis de ceux qui, en une nuit, ont tout perdu, victimes d’inondations ou de quelque bombardement de grêle… mais il est vrai qu’une Feria mérite ciel bleu et chaleur. Pour ce qui est « des moscas », on peut s’en passer.
     Donc, avant tout, on souhaite à la Madeleine 2009, « calor », dans le ciel et dans les cœurs…
     Ensuite : « Que embistan los toros ! » Que les toros, présentés du plus « normalement », correctement et « en su tipo »… chargent !
Sans viser l’ultra spectaculaire, la Feria est replète d’événements, notamment en trois ganaderias qui vont forcément « ne laisser personne indifférent ». Ce sont:
     Les toros de La Quinta, en ce jour d’ouverture (Vont-ils sortir « aussi forts, et aussi bons que l’an passé ?) 
     Les Fuente Ymbro de Dimanche, dont on peut penser qu’ils peuvent démontrer « de quel bois » ils se chauffent…
     et Les Samuel de lundi, dont on sent qu’ils ne seront pas… ceux de Dax.
     Pour ce qui est des Victoriano du Samedi, et des Zalduendo de clôture…si l’on ne doute pas du gabarit, le point d’interrogation est majeur, surtout pour les derniers.

     Du côté des hommes, avouez que « chaque » jour attire : Le doublé du Juli ; la journée de Ponce, lundi, ganadero le matin, maestro matador le soir ; le cartel « artista » du samedi ; le duel « des jeunes », le dimanche ; le retour du Fundi, la relance du Cid ; la revanche, on l’espère, de Perera « qui sait » que Mont de Marsan fut une des rares places « où il ne fut pas bien », l’an dernier… ; la confirmation de Luque, séduisant, l’an passé… « solidifié » en 2009. 
     De verdad ! Tous les jours apportent un intérêt particulier, à condition que… les toros chargent, et qu’il fasse « un peu beau » !

     C’est ce que « Toros 2000 » essaiera de vous faire vivre, chaque matin, selon son opinion, (et « seulement » son opinion !),  en cette première grande feria de notre été…
     La passion et la Fête n’empêchant en rien le raisonnable, on souhaite à chacun de trouver ici le compte de ses rêves…
     Que les toros tiennent debout ! Que se muevan !
     Que l’on pique « devant », et « medido » !
     Que l’on suive les lidias, les bregas, les tiers de banderilles !
     Que l’on tienne compte « de la façon » d’entrer à matar, à l’heure des oreilles (pas vrai, Monsieur Juli !)
     et qu’enfin, chaque diestro, chaque novillero, chaque rejoneador rencontre « son » toro.
     Alors, la Fête sera belle !

     Vive Madeleine 2009 et « Suerte para todos ! »

 

MONT DE MARSAN : « EL QUINTO DE LA QUINTA ! »
El Juli, pour sa première sortie a hombros.

     18 Juillet : Une drôle d’impression, à la fin de cette première corrida de la Madeleine 2009 ! Un peu comme si… rien n’avait changé. Des toros « comme ci », un public « comme ça », froid, comme figé par les gros nuages qui filaient, droit sur la plaza, et qui consentirent enfin à se retirer tout à fait, après qu’un nouvel épisode « Juli au Plumaçon » n’ait envahi la plaza toute entière ! Jusque là, entre deux averses, pas trop agressives, la corrida s’était traînée, avec bien plus de bas que de haut : les toros de La Quinta, bien moins « cuajados » que ceux de l’an passé, et dans les gradins, de murmures peu flatteurs le confirmèrent ; Un Fundi, ovationné dès le paseo, mais « siffloté » au milieu de grosses exclamations déçues quand le Madrilène, intrépide guerrier, grand lidiador et « gros tueur » chanté par tous, rompait, sursautait, laissait ses jambes commander la tête, et estoquait bien piteusement le toro du retour. Devant le quatrième, ce fut un peu mieux, mais le public, sans pitié, avoua grande déception… « On a payé – clamait la dame – et s’il n’est pas prêt, qui attende et se fasse remplacer ! » Dans l’absolu, elle a raison, la dame ! Mais de fait, un torero se sent toujours prêt, même si alentour on pense que « ce sera juste ! » Il a fait du campo, a lidié quelques toros « a puerta cerrada »… mais seule l’épreuve de la plaza pourra vraiment dire « où il en est ! » Et là, un frémissement de la jambe, un regard perdu, un temps de retard, au quite d’un banderillero… de toutes petites choses pourtant si graves de conséquences… Hier, peu sûr de ses jambes autant que de ses réflexes, le Fundi  s’est forcément rendu compte que… « ce n’est pas encore cela ! » Peut-être le public aurait il du se montrer plus patient, plus conscient, plus… aficionado ! N’y en a-t-il pas eu qui réclamèrent les banderilles par le maestro ? Là, on exigea du Fundi ce qu’il pouvait donner… Ce que personne, peut-être, n’aurait pu donner.
     Des hauts et des bas… Un Bautista qui torée bien, touchant deux toros  « muy buenos », et le sachant. Par deux fois on se dit que « là, il a l’occasion d’un gros coup de cymbale ! », celui qui remettrait en selle une temporada « entre deux eaux ». Hélas, impression mitigée, là aussi ! Deux faenas replètes de beaux gestes, mais qui vont « a menos », parfois « zébrées » des petites hésitations, de quelque tressaillement… Et là, aucune convalescence pour expliquer l’inexplicable. Malheureusement, « l’épée » confirma  la mauvaise passe…

     Et, au milieu de tant de petit « bas », un grand « haut », avec le Juli… « au quinto de la Quinta ! »
     Jusque là il faut bien dire que le Julian avait « fonctionné », toréant « suave », avec le capote, un premier adversaire « noblon, soson, sin motor »… en un mot, un mou sans aucune transmission. Sa faena fut un gros fourre tout, « à fond la caisse », et l’épée fut.. « des siennes ». Une des cent cinquante faenas de l’année. Una mas ! Dame pétition n’insista pas… 
     Par contre, lorsque le Juli « se prend au jeu », rien ne peut arrêter ce torrent de « rabia torera », de force et de rage, de technique et de courage, en un mot… de toreria et d’Aficion. Le cinquième sortit « troton », sans aucune codicia au capote, comme pour annoncer que plus tard, il resterait « marcheur ».  Juli n’insista pas, mit de l’ordre dans ses deux tiers… et se chargea du troisième.
     Et là… « Un Señor Juli ! » : Voyant son toro « andarin », marchant et marchant sans cesse, le torero va décider que « celui-là, je vais en faire mon affaire ! » Et il le fit ! A force de patience, d’intelligence, de placement et de toque, Juli va d’abord « arrêter » le pèlerin, puis l’intéresser, le convaincre, et enfin… en faire ce qu’il en voulait, quand il le voulait, là où il le voulait.
     Ce ne fut pas « une grande faena », mais un crescendo en intensité torera, et en qualité  muleteril. A la fin, tout le monde était d’accord… le toro, le premier. Pour conclure, un « Julipie » beaucoup plus honnête que de coutume, et une joie « totale », partout, y compris en un palco qui n’hésita pas à tirer les deux mouchoirs… Et on le comprend ! Que bueno !

     Première de Feria ! « Quinto de la Quinta »… pour faire un jeu de mot « incontournable »… Mais il  y en eut bien d’autres, bien meilleurs, comme les deux de Jalabert, et le second du Maestro Fundi…
     Ya ! Les Quinta, « de la primera ! » sont passés… et la pluie aussi, on le souhaite ! Le Juli règne en maître, mais d’autres viennent « l’épée entre les dents ». Du moins.. on le souhaite !!

  Vendredi 17 Juillet – MONT-DE-MARSAN – 1ère corrida de Feria – « No hay boletos » – Temperature agréable ; « deux douches » avant le ciel tout à coup bleu ; pas de vent : Toros de La Quinta, inégalement présentés, certains « flacuchos », mais armés très corrects. Robes « Santa Coloma », gris cendré pour la plupart, et un caractère « grisonnant » à la sortie : Noblones mais sans appuyer : Quatre véroniques mais pas cinq. Au cheval, à part le troisième qui appuya fortement la première, la corrida « se laissa », quelquefois trop. Cela dit : « Quand tu crois qu’un Buendia est piqué, donne lui en une de plus ! » (vieil adage !). Et de fait, c’est au troisième tiers que les Buendia de La Quinta se révélèrent et allèrent « à mas », en noblesse, en allant, à condition « d’empujarlos », de les guider, les envouter, leur donner « qu’envie de charger ». Au tableau d’honneur, le 3ème, noblissimo ; le 6ème, qui débuta fort mais finit au toril ; et le 4ème qui garda noble nerf. « Au coin, avec cent lignes ! », le 1er, court, dont le début de sentido fut accentué par certaines hésitations du muletero ; et le 2ème, noble mais soso, triste et sans moteur.
     El Fundi fut salué d’une grande ovation, en fin de paseo. Ce fut hélas la seule de sa tarde, qu’il fit d’ailleurs partager à ses collègues de cartel. Torero !

       El Fundi : Silence et Applaudissements – Revenait aux ruedos, après les deux accidents consécutifs qui viennent de stopper sa temporada (chute de cheval, au campo, en, Mai ; et cornada, lors de son premier retour, à Tolède, en Juin). Hélas, même si son premier toro se montra compliqué, et qu’il fut « mieux » face au quatrième, l’impression laissée ce jour par le maestro est… « qu’il faut encore attendre ». Le public… les publics ne pourront accepter facilement ces sursauts, ces hésitations, ces reculades « épidermiques », de la part d’un homme que tous considèrent « comme un roc ». Hier, le maestro Fundi fit de la peine, d’autant que le public n’eut guère patience.
     Son premier prit du sentido, chargeant court, « regardant  beaucoup »,  au fur et à mesure d’un trasteo qui n’exista pas, clos vilainement, de la part d’un des grands tueurs du moment. Face au quatrième, Fundi – qui eut du mal à sauter au callejon, sur un arreon du toro, pendant le deuxième tiers – fit un véritable effort, et ne fut pas loin à parvenir à rester quieto. Seules trois naturelles attestent que… cela reviendra. Cependant, devant un toro noble, plein d’allant, le Madrilène ne put tenir la course, lorsqu’il voulut « emballer » la série, main droite ; et sur les doubles pechos, « le premier, si ! mais le second… pues ! » Le public le perçut, sourdement déçu. L’épée étant plus digne, on applaudit… mais pas assez, car l’effort avait été, probablement… incommensurable !  Hay que esperar !
     El Juli : Ovation après petite pétition ; et Deux oreilles – A été « en Juli », devant son premier, « royal » avec le capote, templant de beaux delantales en réception, et de lentes chicuelinas, au quite. Ensuite, devant un toro fade, noble mais triste, le Juli « inventa » une faena « fourre tout » où l’important était de faire passer la bête… et le temps. Coup d’épée « de l’époque » et un public sympathisant qui n’insista guère.
     Ce même public lui fit grande fête après sa faena au cinquième, du nom de « Borrero », un toro qui arriva à la muleta « andarin », marchant sans cesse, sin fijeza, après avoir fortement déçu aux premiers tiers. Juli, qui avait surveillé sa lidia, se fit « mathématicien et prestidigitateur » : Avec l’intelligence et la rage torera qui sont les siennes, Julian Lopez « arrêta » le flâneur, puis lui inventa une charge, continue et rectiligne. Cela se fit avec patience, au long d’une faena qui alla « crescendo » en rythme et en qualité. Séries sur les deux mains ; derechazos « poussées à fond » ; naturelles soudain « soupirées », avant d’à nouveau « monter dessus ». Beaucoup de quantité, de volume et de rage torera, communicatrice, les pechos spectaculaires aidant à l’ovation. Au final du long trasteo, tout le monde adhérait, y compris « ce chamaco de Borrero ! »  L’estocade, poussée à fond, en un Julipié plus droit que de coutume, ne fut, presque, que formalité. Final d’apothéose et deux oreilles, incontestées.
     Juan Bautista : Silence et Palmas – Est passé tout près du triomphe dont il avait besoin pour « lancer » enfin une temporada bien discrète, en particulier à Madrid. Hélas, s’il fut souvent « bien, bien ! », avec cape et muleta, devant deux toros « muy buenos », ses faenas allèrent souvent « a menos », et surtout, lui qui est grand tueur, « fracassa » d’importance avec l’acier.
     On ne peut penser que le vilain coup de yatagan « dans le bas pescuezo » du troisième fut intentionnel, mais le trois quarts de lame qui suivi, dans la façon d’attaquer… De même la demie ladeada au dernier, suivie de deux descabellos, interdisaient tout succès majeur, pourtant mérité par deux faenas classiques, templées parfois profondément, sur les deux mains, « gustandose » par moment, sans pourtant l’insolente facilité qui fut sienne, il y a deux ans.
     Son premier, « flacucho », portait une grosseur au flanc droit. Ce fut un toro très noble, qui suivit de près comme de loin la muleta templée du Français. Bonne faena, hélas gâchée comme on l’a vu. Devant le sixième, bien au capote et très décidé dans un bon début de faena par doblones « à fond », en gagnant vers le centre. Faena crescendo, au début, sur les deux mains, mais qui va tout à coup « tomber », le toro « s’ennuyant un peu » et partant vers le toril. Bautista ne put que plaquer en ce terrain, quelques beaux détails, dont un grand trincherazo, avant de finir… comme on sait. Un gros dommage car… il n’est pas loin !

 

MONT-DE-MARSAN : « TRES... TOREROS ! »
Trois oreilles pour le grand retour de Castella

     19 Juillet : C’est l’histoire d’un livre d’histoire… Dans le patio, avant la corrida, un aficionado « desos » feuillète le précieux document, empli de photos, constellé  de dédicaces et d’autographes. Amoureusement, passionnément, il montre l’ouvrage. Soudain il s’arrête sur une double page des années 50 au Plumaçon et en commente deux photos.
     La première montre Luis Miguel Dominguin, tombé à découvert sous les yeux d’un toro dont les cornes le menacent. Au loin, un torero s’élance au quite. Photo « classique » d’un incident toujours émouvant, mais qui constitue un bon souvenir lorsque les chose se sont bien terminées.
     La photo suivante est plus émouvante, et grandement « torera ». Luis Miguel Dominguin, sauvé de la cornada, a triomphé et donne la vuelta, les oreilles en main. Classique ! Pourtant, et « le geste torero » est là, le grand Luis Miguel, fier parmi les fiers, orgueilleux au point d’en parfois paraître infect, n’a pas oublié celui qui l’a sauvé d’une blessure probable, et il l’a invité à donner la vuelta avec lui… Ce torero n’est autre que Julio Aparicio, le père de celui d’aujourd’hui, lui-même « figura », dès son époque de novillero, en duo avec son compère Litri. Ce jour-là, à Mont de Marsan, un jeune matador avait sauvé son aîné, et celui-ci l’invitait en retour à partager son triomphe. Torero, non ?
     Belle anecdote, et « enhorabuena » à cet aficionado anonyme, rencontré au patio, pour l’avoir racontée avec tant de passion dans la voix, et d’amour dans les yeux. Au moins, en écoutant bien, on pouvait deviner les slogans d’un petit groupe d’anti… qui n’auront jamais l’émotion de vivre ces moments-là. Comme on les plaint…  

     Hier, ce fut au tour du fils Aparicio de faire un geste « muy torero ! » Et de le faire, en deux temps : Le quatrième toro paraît bon, mais un peu faible. Aparicio l’a fait « cuider » au premier tiers, en deux puyacitos « de na ». Au changement demandé, Castella s’avance pour prendre son quite. Il est là dans son droit le plus absolu.
     Voulant défendre son maestro, un banderillero « se croise », prétendant empêcher le quite du Français. Aparicio perçoit l’incident et invite Castella à y aller. Sobrement, Sébastien dessinera trois tafalleras très douces, « mimando al toro » et rematera en torero. C’est alors que surgira ce « moment », ce geste torero… Il durera l’espace d’un instant : Plein de superbe et de pundonor, probablement très sincère dans son élan, Aparicio s’en ira vers le Français, la main tendue, et les deux toreros ses donneront « une grosse poignée », sourire aux lèvres. Un moment tout simple, fugace, mais qui dit pourtant toute « l’humanité » qui existe chez ces hommes de combat, durs et fiers.
     Il aurait pu râler, Aparicio hijo ! Comme par le passé, « pour un quite, on aurait pu avoir un incident (souvenez vous d’Aranjuez, entre Camino et Cordobes ! De Valencia, entre Manzanares et Soro ! De Valencia encore, entre Morante et Talavante…à cause d’un quite !) Il aurait pu se vexer, car son concurrent allait « lui voler » quelques passes à son toro, alors qu’il était faible et qu’il avait besoin de chacun de ses élans.
     Vexé par les sifflets reçus au terme de sa première faena, simplement parce qu’il n’avait pas pris la gauche, face à un grand toro, Aparicio « sentait » qu’il pouvait « faire quelque chose », devant ce quatrième. D’ailleurs, il avait déjà ouvert quelque flacon, avec le capote… Hélas, le toro resta faible, et Julio ne put jamais baisser la main. De ce fait, « Brevito » ne fut guère dominé, et joua deux mauvais tours au jeune vétéran, torero « de sentiment », peut-être un peu juste de recours. Par deux fois, Aparicio se sentit « pris », mais il revint, très dignement, et salua une chaude ovation… pour de moments fugaces, mais « très toreros ».

     « Très toreros ! », deux banderilleros, membres de la cuadrilla de Jose Maria Manzanares. On les  connaît et on les suit : Le premier s’appelle Juan Jose Trujillo, qui dut saluer l’ovation, au troisième ; le second, Curro Javier, lequel, après avoir « rejonéé » son premier envoi, devant le trouble sixième, posa une dernière paire de banderilles « monumentale » de rage, de courage, et d’immense toreria…
     Ce jour, on ovationna les subalternes, car leur maestro ne put que constater l’immense malchance qui fut la sienne, au tirage au sort, même si l’on se dit que, peut-être, avec l’engagement qu’avait eu ses deux banderilleros… Grande cuadrilla que celle de Manzana hijo. Muy torera ! Quant au maestro… bien sûr qu’il est « très torero »… comme il le démontra, fugacement, ce jour…

     Mais hier, Mont de Marsan retrouvait Sébastien Castella, après les « sombres nuées » de la double actuacion 2007, et les négociations rompues, en 2008.
     Hier, Mont de Marsan retrouvait Castella, et le public a retrouvé « Sébastien »… Et, à voir l’insolente facilité avec laquelle le torero faisait des choses difficiles, on peut penser que cette admiration n’est pas prête de s’éteindre. Car c’est un Castella « très torero » que l’on a retrouvé, hier. Un Castella « changé », souriant, « communiquant » avec une cuadrilla, donnant calmement ses ordres, durant la lidia, ne manquant pas d’envoyer un salut spécial à « Bertrandou, le fifre !* » qui, du haut de son dernier rang, sifflota joliment durant tous les deuxièmes tiers. (Ce fut ici diversement apprécié, pourtant… « Ecoutez les Gascons, c’est toute la Gascogne !* »)
     Très torero, Castella, à la cape, dans ses quites ; à la muleta, malgré la tête haute du premier adversaire, et la faiblesse « enrazada » du second. Aux deux problèmes il trouva solution, sans exagérer les « arrimones », sans vouloir « faire peur à la peur ! ».
     Ce ne furent pas « de grandes faenas », mais des faenas « très très toreras », avec sincérité, jusque dans le pinchazo qui précéda les deux oreilles au cinquième.
     Castella, tout sourire, a entièrement retrouvé son sitio, sa totale toreria, et le Sud-Ouest tout entier à retrouvé son torero… Que bueno !

     Ah… j’oubliais un autre « torero » ! Il s’appelle « Moïse » et il est… cheval de picador ! Mais attention, pas n’importe quel cheval… Cheval « de Bonijol ! »
     Le bon « Moïse » se trouva emporté par la charge brave et encastée du premier toro, de Cortes, et bascula violemment au sol, avec la malchance de sentir le toro « rôder » autour de lui, le relever, la corne au niveau du cou, des yeux, de la bouche, et le menacer longuement. Le brave cheval se releva, tandis que son maître, justement inquiet, vérifiait qu’il ne semblait rien y avoir de grave… et, la bouche en sang, « Moïse » repartit au combat, méritant l’une des premières ovations « toreras » de la tarde…
     Quand au toro, du nom d’« Ebanista », il mérita amplement la grande ovation qui salua son arrastre…
     Ne disait t’on pas que Mont de Marsan cherchait « son » indulto ?
     - Peut-être qu’avec Perera… on l’aurait eu !!! Parce que… « cuajo, tenia el toro ! » ; de la bravoure, on le vit. De la caste, de la force et de la noblesse.. on les vit aussi, au cours de la faena.
     Mais on attendait « Aparicio ! », et plus précisément sa main gauche… Et comme on ne la vit pas… on ne vit pas (ou que trop tardivement) le grand toro que fut « Ebanista ».
     Je me trompe ou l’on a indulté certain toro, il ya peu, pas très loin d’ici…. pour moins que cela ???  
     Comme quoi, avouez que les trois quarts des « indultos » sont dus « à la faena »… et non aux qualités intrinsèques du toro…  
     « Ebanista », un grand toro, « major » d’un lot « normal » de Victoriano del Rio, avec les qualités et défauts du toro de lidia, devant lequel les hommes se montrèrent… « très toreros ».  
     Pero que muy toreros !

    Samedi 18 Juillet – MONT-DE-MARSAN – 2ème corrida de Feria – Plaza pleine – Temps agréable, avec soleil nuages et quelques rafales de petit vent : Six toros de Victoriano del Rio (dont trois sous le fer de Cortes (1, 2, 4èmes), très correctement présentés, bas et bien faits, armés pointus, certaines cornes s’astillant pour avoir « tapé », comme démontré par la suite. Les toro sortirent souvent distraits, sans grande fixité, et il ne fut pas commode de les toréer de capote. En général, à part le premier, les toros avouèrent une certaine faiblesse au cours des lidias, même s’ils allèrent volontiers au cheval, dans un  châtiment « calibré » par les toreros. A la muleta, on retrouva « cette envie », pourtant parsemée de défauts. Ainsi le deuxième chargea tête en haut ; le troisième « crocheta » chaque muletazo, « s’appuyant » et virant court ; le quatrième, faible, ne laissa jamais qu’on lui baisse la main. Et les deux derniers, qui mirent grande panique au deuxième tiers, finirent par charge, l’un noble, l’autre « résistant », mais pourvu d’un probable défaut de vue qui ne permit pas de s’y confier entièrement.
     « Chapitre à part » mérite le premier de la tarde, du nom de « Ebanista » qui, s’échappant du burladero de capes, fila droit sur le piquero et poussa d’une telle violence qu’il envoya tout le monde valdinguer, menaçant durement le cheval « Moïse », de Bonijol, la corne frôlant longuement le cou de la pauvre bête, sans défense. (Heureusement, rien de grave, nous a-t-on assuré). Aussitôt, le cheval « remis en selle », Ebanista  poussa fort et longuement, dans un puyazo terrible, Aparicio ne sachant plus comment arrêter la « vendetta » de son picador. « Moïse » aguanta… et « Ebanista… embistio, de bravo que fue ! ». Là ne s’arrête pas le chapitre, car le toro chargea fort, long et noble, montrant grande fixité… sur le piton où il fut sollicité. A l’arrastre, « Ebanista » reçut une forte ovation.
     A signaler les paires de banderilles de Juan Jose Trujillo, au premier de Manzanares (il salua), et la troisième paire au dangereux sixième, posée par Curro Javier (qui aurait du saluer).

      Julio Aparicio : Division des opinions, et Ovation – Aura été surpris de se faire « diviser », à la mort de son premier. Pourtant sa faena avait comporté de formidables moments, devant le fameux « Ebanista », toro fort, qui « remonta », chargeant noble mais encasté. Les séries furent toutes droitières, courtes mais pleines de personnalité et de toreria « añeja ». En fin de trasteo, trois derechazos « verticaux » et des adornos de classe, dont un trincherazo et une passe du mépris, très personnelle. Le Plumaçon « suivit », charmé…Cependant, il « se divisa » lorsque Julito Aparicio s’abstint de tout essai à gauche. Aussi, après un trois quarts de lame honorable, il y eut plus de pitos que de bravos, tandis que la dépouille d’« Ebanista » était fortement ovationnée.
     Devant le quatrième, Aparicio se fit une grosse chaleur au capote, le toro « se croisant » sur un retour mal ajusté. Mais le Madrilène, pundoroso, se reprit magnifiquement en quatre véroniques « de las suyas », liées à deux demies et un remate superbe, que le toro gâcha un peu en chutant. Faible il se montra…en deux rencontres avec les deux picadors, Aparicio exigeant « un gros minimum » à la seconde entrée. C’est alors que survint le petit incident raconté plus haut, avec un quite « suave » et par le haut, de Castella, et une souriante poignée de main « très torera » (Manzanares, témoin souriant, n’en perdant pas une miette).
     Aparicio partait pour « faire quelque chose » ! Cela se sentait ! Cela se voyait ! Hélas, faible mais enracé, le toro ne lui laissa jamais « tomber la main ». De ce fait, Aparicio ne fut jamais à l’aise, et ne put entièrement dominer un toro qui en profita pour « protester » les muletazos, et le mit deux fois en danger. Un peu « limité » en recours, tant physique que technique, le torero « se vit pris », et fit de gros efforts pour remonter une faena qui, bien que comportant de bons moments, ne put vraiment jamais décoller. Tuant d’une quasi entière « très devant », Aparicio salua une ovation reconnaissante à la sincérité. Bien !
     Sébastien Castella :
Une oreille, et Deux oreilles - Revenait à Mont de Marsan et y démontra être « redevenu » Sébastien Castella… et plus encore !
     Superbe de décision, de sérénité, de « sens de la communication » et « de sitio », le Français s’exprima toute la tarde avec une insolente facilité, tant à la cape (quites par chicuelinas aux 1er ; tafalleras au 4ème), qu’à la muleta, en deux faenas empreintes de grande technique et d’élégante sincérité.
     Son premier s’en vint en s’en fut  « tête en haut », derrotant et accrochant en fin de passe. Castella « trago mucho » dans une première série gauchère, de grand mérite, avant de repartir, plus facilement peut-être, sur main droite. Pourtant, la faena « était à gauche », et le torero y revint, tirant en fin de trasteo des naturelles de grande beauté, « muy limpios y muy toreros ». Après de bons adornos (trincherazo gaucher) sur le retour vers la barrière, une entière ladeadita, qui roule le toro immédiatement. Première oreille et vuelta « chaude », tout sourire.
     Devant le cinquième, noble mais débutant faiblot, Castella va se livrer à un long monologue, sur deux mains, avec  temple et suffisance, entrecoupé d’adornos « surprises » (deux cambios dans le dos, à très courte distance) et des remates de grande classe. Le public « accompagna », ravi, d’autant que le deuxième tiers de ce « Barbuquejo », un peu « bousculé » n’inspirait guère confiance. Après un pinchazo « à fond », Castella porta une demie efficace qui fit tomber le toro… et ses deux oreilles. Grande ovation, joli salut du torero à « Bertrandou, le fifre ! »*, et vuelta d’apothéose.
     Sébastien Castella est revenu, dans le Sud-Ouest, et rien ne lui résistera.
     Jose Maria Manzanares :
Silence et Applaudissements – A connu grande malchance au sorteo, ce qui ne favorisa pas un moral qui semble « un peu à la traîne » en ce moment. Vaya mala suerte !
     Son premier, reçu par trois jolis delantales, se montra retors, « crochetant » méchamment en fin du muletazo, « s’appuyant » sournoisement sur le torero, et chargeant court. Manzana hijo ne fut jamais à l’aise (et on peut le comprendre) mais s’abstint de mettre « une grosse raclée » par le bas, se contentant, apparemment, d’essayer, sur un côté puis un autre. Faenita laborieuse, close d’une entière desprendida.
     Dès sa sortie, le sixième valut au diestro alicantino une grimace et un avertissement : « Attention ! Il ne voit pas ! » Ce ne fut pas forcément évident à tous, même si la panique inspirée à la cuadrilla, au deuxième tiers, pouvait alerter tout le monde. Manzanares débuta, prudent, puis s’enhardit, le toro venant fort, et souvent droit. Ce fut une faena longue, laborieuse, où le torero ne se libéra qu’en dernière minute, sur deux derechazos « en accompagnant ». Jusque-là, « main gauche, main droite… « esforzandose ! ». Le public comprit l’effort, et « accompagna », lui aussi. Hélas, au moment de l’épée, le toro mit en réelle évidence son défaut premier (« Es que no ve ! » s’exclama le jeune diestro, mal à l’aise au moment de se cadrer), et le final fut logiquement difficile.  
     Malchance totale pour un diestro qui, cependant,  ne semble pas au mieux en ce moment. « Manzana » doit un desquite, à Monte de Marsan. Et le sorteo… aussi !  

* (Cyrano de Bergerac – Acte IV : le siège d’Arras)

 

MONT-DE-MARSAN : « FIESTA BRAVA » !
Sergio Aguilar et Luis Bolivar sortent a hombros
Le picador Luis Miguel Leiro donne un cours de « bien piquer » 

     20 Juillet : Voilà « la » corrida que tous attendons, nous qui nous disons Aficionados « Toreistas ». C’est exactement cela… même dans ses défauts, même dans ses passages troubles. Loin de la corrida « enfer de Verdun », mais très loin de la corrida « Grande distribution », dans tous le sens du terme… Une corrida où le toro est présent, sérieux mais « normal », solide et fauve, féroce et malin, mais noble et seigneur… En face, des hommes, tout simplement des hommes, mais avec des cœurs « comme ça ! » Des hommes, avec leur courage « à l’épreuve de mille canons » ; avec leur savoir et leur technique ; enfin des hommes avec leur talent torero, qui les amène à faire de la beauté… avec la mort.
     Hier à Mont de Marsan, la Fiesta Brava, authentique « Fête des braves ! » a marqué de gros point, grâce à des toros et à des hommes. Bien sûr il sera possible de critiquer celui-ci, refuser quelque mérite à celui-là. Peu importe, car il y va du « savoir » et de la conscience de chacun. L’important, le primordial, est que chacun fut bien à sa place : Des toros qui n’eurent pas besoin « d’infirmiers » ; des toreros qui, tous, « voulurent… et purent » ; un président qui prit ses responsabilités, du changement des tiers à la concession « directe » des deux oreilles, (parce que la première est « celle du public », mais la seconde… est « la sienne »). Un public qui, hier, eut grande aficion, même si certains allèrent demander vuelta al ruedo à un toro qui, s’il fut spectaculaire et « a tout donné » au premier tiers, ne fut pas complet, tournant au vinaigre dès les premiers muletazos… Peu importe ! La passion et l’enthousiasme donne beaucoup de droits, même si on se trompe. Parce que l’on se trompe… sincèrement !
     Hier nous avons vu une grande tarde de toros, même si la corrida ne fut entièrement brave, ni totalement noble. Hier, Mont de Marsan, et toute l’Aficion, ont vibré à l’unisson, en plusieurs moments d’une véritable « Fiesta brava », où les hommes, d’or ou d’argent vêtus, ont tous fait honneur à leur vestido de luces. Une « Fiesta brava » où chacun a senti qu’il n’était pas capable de faire ce que font « ces hommes là ! ». Hier, pas de « je pourrais en faire autant ». Chacun à sa place : Les toros, les toreros, le Président… le public ! Et au final, deux diestros « véritablement » a hombros, un faenon, deux grande faenas, et partout de la bonne volonté…
         
Pourtant, de toutes ces minutes d’apothéose, il en est dix que l’on retiendra : Les trois puyazos « monumentaux » de Luis Miguel Leiro, picador de Luis Bolivar, au troisième de la tarde, du nom de « Taranta ». Dix minutes intenses, où la bravoure et la force du toro se disputèrent à l’adresse et au « pundonor torero » d’un picador, qui donna trois leçons de « bien picar », au point que tout le monde comprit le formidable moment, l’exemplarité de la suerte « parfois, souvent maudite », et fit énorme ovation au cavalier, qui fut obligé de saluer, castoreño en mano.
     Trois puyazos que le toro prit de loin, venant avec force et grande fijeza. Trois puyazos où le piquero bien placé, « reçut » véritablement la charge, piqua delantero, ne rectifia jamais, « ne carioqua » point, « mesura » le châtiment tout en aguantant la force de « Taranta », libérant le toro, en conscience, prêt pour un autre assaut. C’est ainsi que par trois fois « Taranta » partit à l’assaut, de loin, et poussa en vrai fauve, en vrai brave qu’il était… à ce moment-là. Sensationnel moment ! Formidable premier tiers, en totale et royale opposition à ce que l’on voit dans quatre vingt dix neuf pour cent des premiers tiers de toute une temporada… « Fête des braves », homme et toro confondus en un même instant d’apothéose. Ce sera, probablement… « le » grand moment de toute la feria.

     Chaque toro ayant « sa personnalité », du méchant premier au grand et noblissime sixième, en passant par ce troisième qui, soudain, décida de couper « les moteurs de la bravoure », la corrida fut passionnante, car les hommes le furent aussi.
     Passionné, Lescarret, qui bougea beaucoup, devant un lot incommode, dans l’obligation qu’il fut de se défendre du castaño premier, dont la tête voulait « aller sur la lune », peut-être pour fêter quelque anniversaire…
     Passionnant, Luis Bolivar, ce petit Colombien qui a décidé de faire que l’on parle autant de lui que de son « grand patron », Cesar Rincon. Incompris d’une partie du public, face à « Taranta », Bolivar se révéla totalement, tirant du dernier, quinze naturelles qu’aurait immédiatement signées le grand Cesar. Quinze naturelles « à fond », templées « à bloc », tirées « en douce férocité », le mufle du toro râclant le sable, à la poursuite du diable rouge… Sacrées naturelles ! Sacré Bolivar !
     Loin d’être « un faenon  d’infirmier », où le but était « de soutenir », « de pousser » un toro noble mais faible, ce fut un véritable faenon « de poder » et de force esthétique, devant un toro noblement encasté, qui ne se rendit jamais, y compris jusqu’en l’ultime rencontre, au moment d’une estocade qui met « à dix mètres » tous les « Julipiés » du monde…
     Sensationnel, Bolivar, et remarquable, le public, dans sa façon « d’accompagner » le torero. Chapeau, tout le monde !!
         
Un autre torero a conquis : Sergio Aguilar. Lui qui semblait un peu marquer le pas, après les promesses de l’an passé ; lui qui, après Séville et Madrid, laissait la critique « un peu dubitative », s’est totalement et remarquablement exprimé, en deux faenas classiques, dont certains passage « main gauche », face au cinquième notamment, furent d’une grande profondeur, d’une authentique beauté.
     Petite critique : Un peu long ! Un peu froid ! Mais Bon Dieu, qu’il toréa bien… Ainsi le pensa le président Garzelli qui, d’un coup, « tira les deux mouchoirs », à la mort du cinquième, lui aussi remarquablement estoqué.

     Vaya ! Vaya ! Une corrida, comme on en voudrait voir tous les jours. Pas forcément très brave, pas entièrement noble… mais une authentique corrida « de toros », de celles qui remplissent les arènes… et vident les rangs des antis !
     Au final de la course, avant d’être emporté a hombros en compagnie de Sergio Aguilar, Luis Bolivar monta à l’estribo, pour donner un formidable abrazo d’émotion, de reconnaissance et de félicitation, au ganadero, Ricardo Gallardo, car « ce » toro-là, du nom de « Marques », comptera beaucoup dans son parcours vers une inévitable gloire torera. Que asi sea !
     Hier à Mont de Marsan, la «Fiesta brava », la fête des Braves, ne fut pas un vain mot. Et nous en sommes tous « de Enhorabuena ! » 

    Dimanche 19 Juillet – MONT-DE-MARSAN – 3ème corrida de Feria – Casi lleno – Grand beau, revenu : Toros de Fuente Ymbro, costauds, solidement armés, qui firent des sorties souvent « au pas », avant de se libérer, à divers degrés, dans les trois tiers. Corrida « solide », malgré de rares génuflexions ; spectaculaire à la pique et « variée » à la muleta. Corrida où « la caste » fut toujours présente, même lorsque très compliquée, comme chez le castaño premier, un violent, malin, qui fit deux fois le tour du cheval et provoqua deux gros batacazos en levant le cheval « por los pechos ». Caste de grande noblesse, chez le sixième, du nom de « Marques », remarquable à la muleta ; Caste plus « pastueña » chez les deux et cinquième toros, presque bâtis au même moule, dans la muleta. Et caste « tout court », chez le troisième, « Taranta », qui, après une sortie dubitative, partit fort, de loin, pour trois puyazos, avec bravoure et surtout « mucha fijeza », tandis que le picador Luis Miguel Leiro donnait trois leçons de « bien faire » la suerte de picar. Sensationnel moment, goûté de tous (y compris de la cuadrilla), le piquero devant salué, castoreño à la main. Pourtant, le toro déçut par la suite, « tournant court » et « marchant » à la muleta, après avoir tout donné, à la pique. Un toro « qui trompa » un peu.
     Au final de la corrida, le mayoral de Fuente Ymbro salua, et fit un bout de chemin, à pied, au côté des toreros, a hombros. Dans le callejon, tout le monde félicitait Ricardo Gallardo, ganadero ému.

     Julien Lescarret : Applaudi au tiers ; et Ovation – Aura vécu une tarde compliquée, les toros ne lui permettant de se libérer en aucun moment. Cependant, il fit face avec un réel culot, avec ce courage qui est le sien, et ne perdit en aucun moment les papiers.
     Son premier adversaire « monta au ciel », dès les capotazos d’entrée, « démonta » par deux fois, la cavalerie, par « violente malignité » plus que bravoure, et arriva à la muleta, prêt à tout décapiter. Lescarret partit au combat, ne lâcha pas, même lorsqu’il fut deux fois en gros danger, et tua honorablement la rousse brute. Le quatrième sortit « parado y flojote ». Un toro qui ne s’employa jamais à la pique, et se mit à « escarbar », à gratter le sol, réservé, au troisième tiers. Le diestro Aquitain ne se désunit pas, animant à la voie, tirant même de bons muletazos, sur la fin, et portant une estocade, en tout pundonor. Digne, Lescarret, avec un sorteo « contraire ».
     Sergio Aguilar :
Une oreille ; et Deux oreilles – A montré, devant deux toros qui tournèrent au noble, pastueño, laissant le temps de se replacer, de « s’adorner » en début et fin de série, sa grande qualité, et sa profondeur, muleta en main.
     Guapo, son premier adversaire, très noble, auquel il manqua « una chispa » d’émotion et de moteur. Aguilar, qui avait été bien à la cape, en tira une longue faena, classique, très templée, sur les deux côtés, mais manquant un peu d’émotion. Final par manoletinas, pour « relever le met ». De la belle ouvrage, bien liée, justement récompensée, après une entière, en entrant bien. Par contre, face au cinquième, bien reçu à la cape, un genou en terre, le Madrilène va, à plusieurs reprises, « créer l’émotion du beau et du profond », sculptant de magnifiques naturelles, lentes, par deux fois interminables, liées à de grands pechos. Faena longue, qui connut un petit bajon, avant de bien finir, pieds joints, de trois quarts face, en terrain de barrières. Faena du plus grand classique, enjolivée de sobres adornos, comme un pase de las flores et deux « desprecios ». Un toreo « grand chic », couronné d’un énorme coup d’épée, valant à Sergio Aguilar les deux trophées d’un coup, par le président Garzelli, et la première page des journaux taurins du lundi matin taurino.
     Luis Bolivar :
Division, après un avis et Deux oreilles – A connu « l’injustice du sort »  et « la justice du Destin ». Et face à tout cela, il fut d’abord « très digne », et ensuite « très torero ! ».
     Son premier remata très dur, au burladero de matadors, se cassant net cinq centimètres de corne gauche. Pourtant, à l’origine du tiers de piques « historique » dont on a parlé plus haut, ce toro « trompa le monde », car, ayant tout donné à la pique, il alla « a menos », menaçant le diestro dès la première passe, un cambio « violent », dans le dos, au centre du ruedo. Bolivar enchaîna immédiatement avec un prometteuse série droitière, qui fit hurler le public. Hélas, aussitôt après, « Taranta » se mit « andarin », marchant sans cesse, « regardant » beaucoup, serrant le muletero, la corne droite « pointant » au niveau des chevilles, porteuse de lourdes menaces. Bolivar essaya, toujours sur la corne intacte, mais du rendre copie « presque blanche ». Après deux pinchazos, le Colombien porta une bonne entière, mais le toro se résistant, devint impossible à descabeller, ce que ne comprit pas la majorité, tandis qu’une minorité demandait vuelta pour le toro.
     Cependant, le sort réservait « son desquite personnel » au jeune diestro Colombiano, avec le sixième de la tarde, du nom de « Marques ». On le crut un peu faible, au premier tiers, mais aussitôt l’heure sonnée de la muleta, le toro se transforma en un véritable torrent de charges fortes, et de noblesse. Bolivar le perçut immédiatement, qui débuta main droite, du centre. Mais c’est « tout à gauche » que le Caleño partira pour « l’Historique », avec des naturelles « tirées à fond », templées « toujours plus long, toujours plus beau ! », rematées au pecho tourné, empreintes de passion torera, digne des plus beaux moments d’un certain… Cesar.  Longue faena, dont quinze naturelles furent l’inoubliable sommet, accompagnées de droitières puissantes, de passes hautes stoïques, en adorno final. Peut-être la plaza toute entière « poussa t’elle » l’épée, derrière Luis Bolivar ? L’estocade, entière, fut « de revolucion »… Grande épée, « toute sincérité » !
     Final « passionné » d’une faena passionnante. Deux oreilles « totales », et la grande, la pure, la belle émotion d’une grande faena, devant un grand toro.
     « De verdad », hier à Mont de Marsan, la Fiesta Brava fut entière. Enhorabuenas mil, para todos. 

 

MONT-DE-MARSAN : « DES QUESTIONS SE POSENT ! »
Sortie en triomphe de Thomas Dufau

     21 Juillet : Au sortir de la novillada du matin, alors qu’une chaleur chargée de mauvais présage, assommait Mont de Marsan, des questions se posaient, « turlupinant »  un peu les esprits sereins? ayant laissé « le cocardier » au vestiaire.
     Ces questions étaient les suivantes :
     Premièrement : Est-ce parce qu’une terna de jeunes est « du cru », que l’on doit tout accepter, tout larguer par-dessus bord, en ce qui concerne les trophées, tout féliciter et applaudir… « parce qu’ils sont de chez nous ! » ?  - Ainsi l’oreille du dernier novillo, à Mathieu Guillon ! Ainsi l’ovation à la vuelta que s’est « auto offerte » Thomas Baqué, certes sympathique rejoneador, mais particulièrement décevant, ce jour. Même le deuxième trophée en faveur de Thomas Dufau pouvait sembler « un peu trop », vue les qualités offertes par le bon novillo de Ponce. 
     Deuxième question : Ces deux jeunes novilleros doivent ils continuer « ensemble », en pareja ?  - La réponse est difficile, car ils se complètent bien, l’un classique et posé, l’autre, « allègre » et vibrant. De même, les efforts déployés pour chacun par un  Richard Milian « qui vit le toro »  et « torée avec eux », doivent trouver récompense. Cependant, on peut penser que « les shows, al alimon », tant à la cape qu’aux banderilles, s’ils ont surpris et séduit en certaines occasions, n’ont plus la même fraîcheur, la même « spontanéité », s’ils ne l’eurent jamais. Un peu « téléphonés », les quites… que les jeunes semblent dorénavant « se forcer » à présenter. Tout cela, cette connivence,  peut éventuellement nuire « à la competencia » et donc aux progrès que ces jeunes débutants se doivent de rechercher, chaque jour, et démontrer… à chaque sortie. Hier, ce n’est pas forcément ce que l’on a pu constater…
     La troisième question est « d’ordre logistique », et la réponse ne souffre d’aucune contestation : Combien de temps encore va-t-on reculer le paseo, du fait « de l’importante file de spectateurs attendant à la taquilla » ? - Voilà une « tradition », et pas qu’à Mont de Marsan, qui, encore une fois, favorise les sans-gêne, les « mal educados », les imprévoyants, au dépens de ceux qui sont arrivés « en avance », ont pris leur billet et se sont installés, grillant au soleil sur les gradins, respectant le spectacle, les spectateurs et les toreros qui, en bas attendent de pouvoir « se libérer » par l’action. Les heures des paseos sont inscrites sur toutes les affiches… Commencez donc à l’heure ! Vous verrez qu’au bout de deux ou trois fois, tout le monde sera au paseo !!! A que no ?

     Des questions de ce type, il  y en a beaucoup… On y passerait même, la matinée !
     Tenez : Fallait il sortir le mayoral de Ponce « a hombros » ? – La réponse semble « mitigée ». Certes son troisième novillo fut excellent, mais les trois autres, tant au plan présence que  comportement, laissèrent à réfléchir… 
     Les deux novilleros Landais ont probablement eu l’occasion, en non piquée, de lidier « plus gros » que les deux premiers… mais bon ! Certes on donna vuelta au « Jilguerillo », noble et solide… mais les deux premiers furent bien faibles, et le dernier « compliqua la vie » du jeune Guillon…
     Enfin, la question qui résume le tout : Valait il la peine d’écrire cette chronique ? 
     - Beaucoup diront « que non ! », pour diverses raisons… Pero!!!!

 

  Lundi 20 Juillet – MONT-DE-MARSAN – Novillada matinale – Grosse entrée… à l’ombre – Chaleur intense (le paseo fut reculé de près d’un quart d’heure, à cause de l’affluence « de dernière minute » à la taquilla) : Quatre novillos d’Enrique Ponce, qui faisait sa présentation en France, comme ganadero, mais qui n’était pas présent. Novillos « bien faits », les deux premiers, terciaditos, mais bien plus corpulents les deux suivants. Faibles et nobles, les deux premiers (le lot vint bien, au cheval, mais fut peu châtié), excellent, le troisième, et problématique, par caste désordonnée, le dernier. A mi spectacle, un berrendo de Benitez Cubero, « règlementairement afeité », pour le cavalier.

       Thomas Dufau : Applaudissements et Deux oreilles – « muy suelto » avec la cape, montra une évidente bonne volonté, toréa « ligero » son faible premier, et alterna le bon et le « populaire », devant son second. A signaler, en point d’orgue, devant ce toro : le quite par tafalleras ; l’arrimon, en fin de faena, et l’estoconazo.
     Mathieu Guillon :
Courte ovation, avec vuelta avortée ; et Une oreille « locale » - A multiplié les efforts, les courses et les envies, donnant de la voix et du cœur, mais ne parvint pas à convaincre totalement. De bons détails, devant son premier (un pecho superbe ; les hautes d’adorno ; et la très courageuse entrée à matar, au troisième envoi). Par contre, il « détoréa » le sixième, palliant un manque de qualité par une « quantité » superflue, même si elle était vaillante.
     Les deux novilleros donnèrent deux quite « al alimon » et banderillèrent de même, les quatre novillos.
     Thomas Baqué : Vuelta « auto proclamée » - A subi un gros échec devant un toro qui, très vite, se réserva et « tarda » fort. Mal à l’aise, le jeune Landais passa souvent à faux, fit rudoyer ses montures, et manqua majeur partie de ses poses (notamment aux courtes). Ces échecs répétés, et une mort  laborieuse, auraient du l’engager à plus de retenue, à l’heure des bravos. Dommage, car nous avions le souvenir, dans ces mêmes arènes, d’une réelle promesse.

 

MONT-DE-MARSAN : « CELUI-LA !!!!! »
Trois oreilles pour un Ponce, « spécialiste » des Samuel.

     21 Juillet : « Celui-là !!!! » C’est ce qu’aura eu l’air de soupirer Manuel Jesus de Salteras, plus connu sous l’apodo artistique d’El Cid, à plusieurs occasions, au cours d’une corrida qui fut pour lui, bien compliquée.
     D’abord, Le Cid aura eu l’occasion de maudire « celui-là », premier toro de son lot, baptisé « Loquillo », qui se mit à gazapear « como un loco », à marcher et trotter sans cesse, ne le laissant pas se placer et lui causant gros soucis, au point que le Cid, preux chevalier, alla « au dernier sous-sol » pour un coup de rapière vengeur, bien peu chevaleresque.
     « Celui-là !!!! » aura toujours pensé le Cid, en voyant le vibrant hommage que rendait la plaza à la dépouille de son second adversaire, du nom de « Chiquillon », lors de la vuelta posthume, alors que le président ne lui avait accordé « qu’une seule oreille », à lui, El Cid, malgré l’effort consenti, les très bons moments, au cours de la faena, et l’estocade « dandolo todo ! »... Probablement ces deux-là n’iront ils jamais ensemble en vacances… mais probablement aussi faudra t’il rappeler au Cid que la pétition fut « maigre » pour la seconde oreille, et qu’en fait, devant un toro noble et plein d’allant, le muletero Cid avait parfois été très bien, mais aussi, souvent « en linea », et sans appuyer à fond.

     Mais tout cela n’est rien, ou presque, à côté de l’immense soupir conjugué du Cid et de Salvador Vega, en suivant les évolutions d’un Enrique Ponce, réel « magicien », authentique spécialiste des Samuel Flores.
     « Ah, celui-là !!! », il les comprend, les laisse faire, les cajole presque, alors qu’en lui-même il se dit : « T’en fais pas, mon petit ! Tout à l’heure, ce sera à moi de faire ce que je veux !! »
     Il se le dit… et il se le fait !
     Incroyable « intelligence lidiadora » d’un véritable « professeur Ponce », devant des toros mansotes, abantos, qui restent tête en haut, veulent jouer les gros durs, mais soudain, dès le quatrième muletazo, deviennent – presque – des petits moutons de 500/600 kilos, prêts à se plier au moindre appel de la muleta du maître.
     « A celui-là… comment fait il ? » Est-ce une question de « sitio », de distance, de « toque », au bon endroit, à la bonne hauteur, dans le bon tempo ? - Probablement un peu de tout… mais « celui-là ! », il a le secret, et pendant que les autres « patinent », s’époumonent  et se lamentent, « Monsieur » Ponce tresse de magnifiques arabesques, parfois douces, parfois « impératives », se laisse aller à des « Poncinas », sorte de doblones « doublement génuflexés », suerte qui fit rugir la Monumental de Mexico, cet hiver. Et, malgré les têtes en haut,  monsieur Ponce qui attaque à l’épée « comme un mort de faim » (faim de triomphe), et râle au moindre pinchazo « comme un novillero », mort de vraie faim.

     Ah ce qu’on l’aime… « celui-là ! ».
     A toréer ainsi, il peut rester et « durer » des années… Hier, à « redécouvrir », une fois de plus, sa véritable « science de la lidia », notamment avec les Samuel… Mont de Marsan « est devenue Dax ». Et ce qui aurait pu, et du, il y a peu, constituer « presque une insulte », sera, je pense, compris et partagé.
     Enrique Ponce a toujours « souffert », à Mont de Marsan. Certes il y a triomphé, mais jamais comme hier, il n’y avait trouvé la même ferveur, la même attention, la même admiration… celles-là même dont il est coutumier, à Dax.
     Hier, 21 Juillet 2009, Enrique Ponce est entré « définitivement » à Mont de Marsan, et le patron du formidable Orchestre Montois, l’a bien entendu ainsi, qui le salua de « l’Hymne Valencien », lors de la sortie a hombros. Ponce lui adressa, au passage, un joli sourire, un clin d’œil d’amitié reconnaissante.
     « Ah, celui là… c’est quelqu’un !!! »  
     « Eh oui ! C’est Ponce ! C’est « toujours » le Numéro Un ! »

 

    Lundi 21 Juillet – MONT-DE-MARSAN – 4ème corrida de Feria – Plaza quasi pleine – Temps « bochornoso », qui vire à la grosse menace d’orage, avec de lourdes gouttes « patientes », finissant par laisser le monde « presque en paix » : Six toros de Samuel Flores, sérieux quoiqu’inégalement charpentés, le quatrième frisant les 600 kgs. De moins de trapio et de volume, le deuxième. Tous armés « solide » et sérieux. « Engatillado » le sixième ; aucun de « brocho ».
     Sortant « abanta », faisant « n’importe quoi » et troublant le public, avant la pique, la corrida fut « mansa » au cheval, souvent « sosa », fade et molle à la muleta, avec quelque sourd relents de faiblesse. Seul le cinquième eut véritable allant, moteur et « continuité » au troisième tiers, raison pour laquelle il fut récompensé d’une vuelta posthume qui ne s’imposait pas, car il ne fut pas complet, dans les trois tiers. Manson, noblon, fade et faible, le troisième, qui « dura » longtemps. Court et vite arrêté, le sixième. Impénitent « gazapon », le deuxième… et, les toros de Ponce. Ils ne valaient guère mieux, mais en face d’eux, il y avait… « celui-là ! »

     Enrique Ponce : Une oreille et Deux oreilles – Monta, mi professeur, mi « novillero », deux incroyables faenas, où sa technique imbattable se disputa au bon goût habituel, au courage, au talent et « à la verguenza torera »… après quasi vingt ans d’alternative.
     Manso, tête en haut « Romeralo » prétendit d'abord lui compliquer la vie, comme il l’aurait fait à n’importe quel torero. Mais, en exactement quatre muletazos, « celui-là » le mit au pas, même s’il le laissa « tête en haut » lorsqu’il était loin. Mais, dans la muleta… « en bas ! ». Faena « de maestro », que le public suivit, incrédule.  Trois naturelles, incroyables de soyeux, et gros pecho. Un monument ! Avec l’épée, un pinchazo et une grosse entière. Première leçon !
     En quatrième sortit « Canario », devant lequel Enrique Ponce poussa sa plus belle chanson. Et là, il n’y eut aucun doute, dès les premières passes. On passa du classique au plus baroque, en tout élégance, en toute « maestria » : En fin de faena, Enrique Ponce doubla des doblones inversés, largement fendu, alternant un côté et l’autre dans le même mouvement, en une suerte qui fit fureur au Mexique, la Poncina. Et, debout, après de bien plus élégantes dentelles, Enrique Ponce, Maître des Samuel, partit pour une nouvelle apothéose, entrant a matar « comme un mort de faim ».
     Enorme « double leçon », et formidable triomphe du Valenciano.
     El Cid : Division et Une oreille – N’y est pas ! Peut-être peut il triompher « ailleurs », mais ici, il ne peut tromper… y compris lorsqu’il est bien, comme en plusieurs passages, au cinquième. Des passes « peu appuyées », en ligne, sur le voyage… des petits soubresauts, discrets mais perceptibles « au zoom » aficionado. Et… la grande panique, doublée d’une bonne rogne, devant le terrible « gazapeo » du deuxième.
     Le Cid ne put arrêter le toro marcheur, ne sut stopper le trotteur… Et il se perdit, au point de plonger un terrible « sartenazo », témoin du mauvais moment passé… Devant le bon, l’excellent noble cinquième, le Cid attaqua bien, mais sa faena n’eut pas l’unité ni le crescendo souhaités, et même si bien des muletazos, bien des adornos, eurent grande allure, l’ensemble souffrit de quelque « fragilité », loin des imposantes faenas passées du Cid.
     Après le mauvais début de saison ; après la blessure de Pamplona, juste au moment où « il revenait », le Cid « n’y est encore pas ! »… Et cela se sent, itou dans sa cuadrilla, « méconnaissable » aux banderilles.
     Salvador Vega :
Ovation après un avis, et Silence – A dignement tenu son rôle de jeune challenger, qui a su tenir et faire durer son noble mais faible et fade premier adversaire. Longue faena, avec des enchaînements qui auraient bien porté, si le toro avait eu « l’allégresse » et le « moteur », que ce « Peina Grandes » n’avait aucunement. Le public ne lui en voulut pas, malgré « la longueur » et une mort laborieuse.
     Le sixième quant à lui, s’est éteint rapidement, tournant court, autant que la faena, malgré les lumières des projecteurs allumés dès la vuelta de Monsieur « Celui-là » , dès la mort du quatrième Samuel.

 

MONT DE MARSAN : « MAUVAISES NOTES ! »
Les Zalduendo ont déçu…. tout le monde !  

     22 Juillet – « Vive les vacances ! Point de pénitences ! Les cahiers au feu… l’arène au mi..lieu ! » Tout le monde connaît cette comptine, malheureusement  ici « revisitée » à la mode taurine, du côté de Saint-Perdon… Hélas, le sort, lorsqu’il s’allie à la bêtise, à tous âges, ne peut qu’avoir des résultats ravageurs.
     Hier, la plaza du Plumaçon fermait donc ses portes, au soir d’une feria qui, globalement, est une grande réussite, à tous points de vue… Et lorsque l’on dit « ferme ses portes », c’est faux, puisque Mont de Marsan ouvrira sa plaza et ses bras, pour accueillir « la novillada de Saint-Perdon », le 30 Août. Disparues dans les circonstances que l’on sait, les arènes de Saint Perdon « revivront », mais en attendant, Mont de Marsan a fait un geste qui l’honore, en y recevant l’Aficion du Sud Ouest, pour sa fête annuelle.. de Saint-Perdon.
     En 2009 donc, le Plumaçon n’a pas fermé ses portes, au soir de sa dernière de Feria. Et c’est tant mieux !

     Pour revenir à « Vive les vacances ! Point de pénitence ! Les cahiers au feu… », il faudra peut-être « susurrer » la chanson à Fernando Domecq, maître de Zalduendo, après la désespérante corrida d’hier, à Mont de Marsan, image fidèle d’une cuvée 2009… désespérante. Après ce net fracaso ganadero, Don Fernando devrait penser, en effet… à quelques vacances, ou pour le moins.. à faire pénitence ! En tout cas, il peut brûler toutes ses notes… car elles sont mauvaises !

     Hier, Mont de Marsan n’a pu rééditer « le coup de Fuente Ymbro ». En effet, alors que les lots de Ricardo Gallardo sortent mal, cette année (et Santander, lundi, en fut un nouveau témoin), à Mont de Marsan, trois toros pour le moins, portèrent haut les couleurs vertes du ganadero Gaditano.
     Pour Zalduendo, ce fut « à Mont de Marsan…. aussi ! ou… non plus ! » (en Español : « En Mont de Marsan.. tampoco !!! »)
     A part Nîmes où la fête fut grande; à part les plazas d’Extremadura (sauf Badajoz), les Zalduendo ont fortement déçu, dans les grandes ferias, notamment à Séville et Jerez. Certes il y eut la corrida de Leon, avec un toro gracié… mais, Enrique Ponce « officiait » ! Alors!
     Hélas, Mont de Marsan vint se joindre au noir cortège, et malheureusement, si l’on ne peut totalement incriminer qui que ce soit, pour ce qui est du comportement des toros (« Como los melones, son ! »), c’est au plan « présentation » que les Domecq ont déçu, car, si la corrida était « bien faite », il fallait aller l’attendre « à l’étage au-dessous », par rapport à tout ce qui est sorti, au cours de la feria… z’ compris Victoriano del Rio.
     Bref on l’aura deviné, la corrida de Zalduendo a fortement déçu l’Aficion toute entière, parce que mal présentée et manquant à la fois de force et de race… Assommé, accablé de chaleur et de déception, le public a subi ce pensum qui, malheureusement, fut une cruelle désillusion, et une mauvaise récompense pour la nouvelle équipe montoise, laquelle peut se targuer, pour cette première année, de notes « bien au-dessus de la moyenne »… « dans, et hors le ruedo ! »

     Pour ce qui est des hommes… ils auront fait ce qu’ils pouvaient, voir plus, en tirant, en poussant, en portant… des toros qui, à l’évidence, « pensaient à autre chose ! », du genre : « Vive les vacances ! point de pénitence ! les carnets (du ganadero) au feu… Fernando au mi.. lieu ! »

   Mardi 21 Juillet – MONT DE MARSAN – 5ème corrida de Feria – No hay billetes – Chaleur accablante (ébauche d’orage et quelques gouttes, au cinquième) : Six toros de Zalduendo, terciaditos, petits de tête, dont la comportement fut à l’extrême décevant : Faibles, sans race aucune ; « rajados » dès le troisième muletazo (6ème) ; insipides et tristes (2, 3, 4èmes). Les 1 et 5èmes « durèrent plus » grâce à l’entêtement torero de leurs lidiadores. En fin de paseo, Madame le Maire et le Président de la Commissioon Taurine Montoise, rendirent, en piste, un émouvant hommage à "Bouboule", le vétéran des areneros du Plumaçon, qui tirait hier, son dernier rateau. Enhorabuena, Señor!

      El Juli : Ovation et Applaudissements – Multiplia les suertes, face au faible mais noble premier, allongeant doucement sa charge, notamment sur main gauche, puis montant un festival de tours complets, à l’envers, à l’endroit, en huit, en seize, en racine carrée de 256… avant de pincher deux fois (bien, à la seconde) et porter une entière, ratifiée d’un  descabello. Devant le quatrième, Julian Lopez essaya, consciencieusement, mais « même lui » ne pur rien. Julipié et descabello. Déception, des deux côtés de la barrière.
     Miguel Angel Perera : Silence et Applaudissements après avis – A mis toute sa volonté et sa tauromachie, (un brin répétitive et « pesante », lorsque le toro n’est pas à la hauteur) pour « animer » son maigre premier (passe changée au centre, séries « sur deux mains » à un toro qui les refusaient doucement, estoqué facilement. Devant le cinquième, qui dura plus, Perera tira de longues passes, s’arrima « à fond », mais ne put allumer une mèche… qui n’existait pas. 
     Daniel Luque : Silence, et Silence – « Fit illusion » à la cape, en de vibrantes véroniques de réception. Hélas, par la suite et bien que volontaire, il ne put convaincre, insistant trop longuement, devant son premier (les enchaînements de changées dans le dos, « de Madrid », furent même sifflés) et par contre dut abréger devant un  dernier toro de Feria, qui se refusa… dès le troisième doblon. « Otra vez sera… peut-être ! »


Intéressante Novillada « sin picar »
    
Le matin, sous un soleil « de Justicia », trois jeunes promesses en ont décousu, face à un remarquable lot d’erales du Lartet, dont les deux premiers, d’essence Cebada, furent des machines à charger. Le quatrième, le toro « de la récompense », fut le plus compliqué.
     Du côté des jeunes hommes, de la vaillance, du talent, et de la personnalité… en devenir. A signaler l’excellent toreo, long et fin, de Diego Fernandez, mal récompensé en ouverture de session ; le métier, la bonne volonté et l’abattage de Jose Miguel Valiente, vainqueur de la manche éliminatoire, grâce à un grand novillote, qui lui « donna » près de cent charges « à fond » ; et la personnalité de Mario Alcalde, lui aussi mal récompensé, malgré un superbe coup d’épée.
     Ce jeune, mené par Frascuelo, a une curieuse conception du Toreo. Si on lui doit les meilleurs moments « de chispa » de la matinée, on reste quand même dibitatif sur le « Comment pourra t’il faire cela, aux trois puis aux quatre ans ? » Mais c’est aussi cela, la divine incertitude du Toreo. En tous cas, « Alcalde… is different ! » A suivre.

     Mardi 21 Juillet – MONT DE MARSAN – Novillada sin picar – Grande entrée – Chaleur de plomb* : Quatre erales du Lartet, pleins de verve. Excellent, le deuxième, qui méritait vuelta. Plus retors les 3 et 4.
     Diego Fernandez :
Une oreille – Toréa fort bien (long, limpio, con gusto) mais « traversa », avec l’épée. 
     Jose Miguel Valiente :
Une oreille – Quantité et parfois qualité. Aurait pu couper deux, surtout après l’estocade.
     Mario Alcalde :
Silence (incompréhensif… et injuste) – Très « personnel » dans son concept, mais sans savoir bien « le vendre ». Aurait du au moins pouvoir donner une vuelta.
     Jose Miguel Valiente affronta le quatrième novillote, devant lequel il se montra volontaire, spectaculaire... mais en échec, confirmé avec l’acier.

     * Bravo et merci aux bénévoles de la Croix Rouge, qui "arrosèrent" gentiment les enfants, dans les gradins du Soleil!