SPECIAL " FERIA DE DAX 2009"
 

DAX : « PITONES… Y NADA MAS ! »
Luis Bolivar coupe la première oreille

     14 Août : Première de Feria… et impression de « No paso nada ! »
     En fait, « il s’est passé des choses ! »… mais pas celles que l’on voulait !!! Et « à tous les étages ! »
     On comprendra « l’anxiété interne » des organisateurs, même s’ils auront du mal à l’avouer.
     On comprendra « las ilusiones » du ganadero, qui, au plan physique, fit son devoir. 
     On comprendra « las ganas » des toreros, à divers degrés, et leur déception de ne pouvoir « estar a la altura ! »
     On comprendra enfin la déception discrète d’un public « plein d’envie », approuvant la sortie de chaque toro, mais gardant sa morosité devant des trasteos « abondants »… et plats !
     La corrida de Bañuelos a beaucoup déçu, non par sa présence, surtout au plan des têtes et des pointes, mais par un comportement déconcertant, chargeant « sin fijeza » et surtout… sans classe. La corrida fut « noblona », mais ne laissa jamais les toreros « sereins ». En un mot, une corrida qui ne passionna jamais, sauf en un seul moment, lié à un incident…
     Le cinquième sortit fort, abanto, courant en tout sens, imparable, mettant un terrible « susto » à un Juan Bautista qui parut ne jamais s’en remettre. De longs instants, le toro fut le maître du ruedo, multipliant « arreones » et charges « croisées », mettant les hommes en danger, parfois fusant sur le lointain, faisant fi du proche, prenant au passage des refilonazos d’aucun effet, pour finir, après un nouveau méchant tour à Jalabert, par sauter la barrière, à laquelle il resta accroché, par le train arrière. Il fallut dix bonnes secondes pour qu’à mains d’hommes, on le bascule dans le callejon. Dans l’ambiance que l’on imagine, le toro ressortit en piste, le temps qu’au palco apparaisse le mouchoir vert.
     Défaut de vue ? Manso perdido ? – On penchera pour la première explication… peut-être !
     Un fait est sûr : Toute la corrida manqua de « fixité »…

     Chez les hommes, on trouva Uceda Leal bien crispé, avant… et après le paseo. Pourtant on lui devra les grands gestes toreros de la tarde, en particulier un début de faena, royal, au quatrième. L’ensemble du trasteo fut d’ailleurs de fort bonne tenue… mais de peu de réponse, de la part des gradins.
     Juan Bautista fut certes mal servi, mais ne parut pas dans un bon jour, multipliant les muletazos à foison, mais toréant sans âme ni passion. Souvent distant, toréant « en ligne » ou « echando el toro fuera »… Bref, un Bautista, sans quiétude et encore moins de profondeur, mais qui s’en sortit, grâce à son épée. Mato bien ! Ya es algo !  
     Quant à Luis Bolivar, personne ne pourra lui reprocher un quelconque manque de volonté. Tant à la cape qu’à la muleta, le Colombien fut sérieux et sincère, peut-être trop « volumineux », faute d’être « définitif », devant le sixième. Le public suivit avec alegria sa première faena, réclamant à grands cris la première oreille de la feria, que la présidence dut accorder… malgré le bajonazo. Peut-être, tout simplement parce que « même là », le jeune Caleño avait été… sincère.
     Au final... on comprendra la déception de tous, organisateurs, ganadero, toreros et public… Mala suerte!
     Ahora vendra lo bueno !

     Jeudi 13 Août – DAX – 1ère de Feria – Plaza pleine – Grand beau : Toros de Antonio Bañuelos, très bien faits, sérieux de tête et de port, astifinos (et résistants au choc), qui sortirent « abantos », distaits et coureurs, durs à fixer. Ensemble qui cacha son manque de force, de race et de classe, par des charges discontinues, sans fixité sur les hommes et les leurres, condamnant les bregas et les faenas en « à coups » décevants. Si Juan Bautista eut malchance au sorteo (voir l’incident du cinquième, rapporté plus haut), Uceda Leal toucha le meilleur, en quatrième ; et Luis Bolivar un bon troisième, mais qui ne dura pas. Le dernier multiplia les charges, mais manqua de chispa. A la pique, les Bañuelos se montrèrent discrètement  bravitos.. ou mansitos !
     Dans les cuadrillas, le Jeringa salua, au troisième, même s’il a déjà été bien meilleur, tandis qu’à cheval, Ismael Alcon était très propre, devant le troisième, et Luis Miguel Leiro « arrêtait » bien le dernier. Les deux picadors de Bolivar sortirent très applaudis. Muy bien !
     Uceda Leal :
Silence et Ovation – Se montra rapide et « nerviosillo » devant le toro d’ouverture, qui voulut prendre querencia au soleil. Coupant à gauche, « reponiendo » à droite, le toro fut passé rapidement, et tué en trois voyages. Par contre, le diestro d’Usera monta bon trasteo au quatrième, débutant joliment par trincherazo et desden, de la classe qui est sienne. Faena essentiellement droitière, Uceda tirant pourtant trois grosses naturelles, avant de se faire accrocher la muleta. Retour à droite pour d’inégales séries, précédant un adorno de fin, marchant avec le toro, superbe. Entrant et tuant très bien, Uceda Leal méritait plus, peut-être, que cette petite ovation. Mais Dieu qu’il paraît triste, ce garçon !
     Juan Bautista :
Silence et Silence – A connu « journée noire »… ou « jour sans ». Facile au capote (il se fâchera, à la réception du cinquième bis), l’Arlésien montera des trasteos « décidés »… mais sans se décider tout à fait. Impression de quantité plus que de qualité, n’appuyant jamais ses muletazos, et par conséquent, jamais… sa domination. Malgré quelques efforts, Bautista ne trouva jamais la solution, tant technique qu’artistique. Heureusement, par deux fois, son épée le sauva d’un verdict plus dur d’un public exigeant mais juste.
     Luis Bolivar :
Une oreille ; et Grande ovation – Fut « le sérieux », le volontaire et souvent, le « muy torero » ! On le vit très bon au capote, tant à la réception que dans le quite à son premier ; puis joli muletero, notamment en un début de faena « enlevé », par deux cambios dans le dos, de grande quiétude. Le toro s’activa fort, dans les deux premières séries, mais alla vite « a menos », la faena baissant un peu de ton. Le public, avide d’applaudir, suivit pourtant, réclamant un trophée, après que Bolivar eût porté, en toute sincérité, une lame entière, très basse mais d’effet immédiat.
     Devant le sixième, la faena fut longue, trop longue, le diestro cherchant la série « définitive ».. qui ne vint jamais. Travail honnête, mais… travail ! Le coup d’épée libéra tout le monde.. avec l’espoir qu’en cette première, on aura vu… « la moins bonne ».   

     Ce soir, « Cartelazo » : Ponce, Juli, Manzanares et… la cuadrilla de ce dernier. Les toros seront de Daniel Ruiz.

 

DAX : « EXPRIMER LA NOBLESSE… GERER LA FAIBLESSE !!! »
Deux oreilles pour el Juli ; une pour Ponce, mais…

     15 Août : Malgré la superbe ambiance ; malgré les efforts de chacun, et le talent des toreros… la feria  ne « décolle » pas. Certes hier, le Juli a coupé deux oreilles à un toro, et une Enrique Ponce. Mais la vuelta du Madrilène fut « rapide », et la sortie a hombros.. par la petite porte. Le Valenciano quant à lui fut en partie contesté, tant durant son interminable faena, au quatrième, que pendant la vuelta, donnée « mécaniquement »…
     Certes il y eut succès, oreilles et satisfactions. Mais jamais il n’y eut ce pic d’émotion qui fait que, lors de la vuelta, donnée lentement, au ras des planches, les fleurs tombent autant que les chapeaux, tandis que parfois, de discrètes larmes vous montent aux yeux…
     Non, malgré trois oreilles coupées, la Feria n’a pas encore décollé !
     La faute à qui ?  - D’abord à des toros de Daniel Ruiz, plus « bas » que ceux de la veille, nobles mais faibles… Trop nobles, et trop faibles !
     La faute à des toreros qui, pris dans le tourbillon du marathon Aoûtien, se sont  « multiplié » en muletazos, mais ont laissé loin « le sentiment torero », l’empaque, la profondeur… Bien sûr on rétorquera que la profondeur ne peut s’exprimer que « main basse », et qu’à ces toros, rares étaient les possibilités de baisser la main « à fond ». Exact ! Mais était-ce raison pour assener ainsi plus de quatre-vingt passes à chaque toro, avec des « han ! » de bûcheron, oubliant le moindre relâchement, le moindre abandon. On le nota, d’ailleurs, aux exclamations des aficionados, lorsque, parmi les monceaux de derechazos, les myriades de naturelles, tirés avec technique et force, « un muletazo » surgissait, soudain lent, « velouté »… naturel et forcément… torerisimo.
     Il y eut trois naturelles du Juli, profondes, relâchées !
     Il y eut « un » pecho de Manzanares, « pur velours » ! Et le public fit la différence.
     Il y eut.. une faena de Ponce, en deux temps, avec en son milieu « un bajon » d’ennui. Il fallut que quelque part dans le gradin, « quelqu’un » se fâche, pour que le diestro de Chiva se fâche aussi, jetant l’épée et tirant un coktail de muletazos « maison ».
     Il y eut....  quelques instants! 

     Pourtant ils étaient nobles, ces Daniel Ruiz… Mais ils étaient aussi « bien faibles ». Seule « la race » leur dictait de charger, charger encore, parfois long, parfois bien… au point d’en mourir sur place, de congestion ou d’arrêt du coeur. C’est ainsi que le quatrième soudain chancela, dans les dernières passes, faisant mine de vouloir se coucher là, soudain rendu au dominio du torero. Habile et très efficace, Ponce le cadra, en une seconde, et le coucha d’un gros coup de lame…
     « Tue le… avant qu’il ne meure ! » Peut-être beau, mais bien triste !

     Reste le Juli !!!!
     Regardez-le : En fin de paseo, dès les véroniques « de salon », pour essayer sa cape, il « écrase » le toro imaginaire…
     Hier, le Juli est parti « à fond », dès le quite par chicuelinas. Un quite de « Aquí estoy yo ! Y despues de mi… nadie ! » La faena fut mélange de puissance, d’adresse et de formidable enthousiasme torero. La rage d’un novillero ! L’envie et l’aficion. Grande faena, condensé de classicisme et du baroque « puissant », qui presse comme un citron le toro qui ne demande que cela. Faena templée, rarement « abandonnée », mais emplie de sensationnels enchaînements, par l’avant et l’arrière, qui ravit tout le monde. Rien à redire, sinon… « Vaya raza, la suya ! » A le voir « sortir » du toro, après quelque remate puissant, le visage « enragé », le regard furieux de cette « ilusion torera », personne ne pouvait douter de la toreria de ce vétéran toujours gamin.
     L’épée fut « forte » rapide et habile, comme de coutume, son « placement » attestant de toutes ces « qualités »… qui sont autant de défauts. Deux oreilles pour le Juli, que nul ne pourra contester, mais une vuelta « bien rapide », comme pressé de rejoindre… la prochaine plaza, la prochaine faena, la prochaine sortie a hombros.

     Corrida attendue ! Cartel « de lujo » ! Mais impression d’inachevé…  

     Vendredi 14 Août – DAX – 2ème de Feria – No hay billetes – Grand beau, très chaud : Toros de Daniel Ruiz, bas, inégaux de trapio, lourds, dont les deux principales caractéristiques furent la noblesse générale… et la faiblesse. Les piqueros réduisirent au maximum leurs interventions, tandis que les toreros allaient profiter au maximum de leur apparente candeur, tout en prenant garde à les maintenir debout. Le deuxième fut un torrent de charges, et le quatrième, plein de noble alegria, vint de très loin, en début de trasteo. Vuelta de campana pour le troisième, qui ne l’accusa pas trop. C’est que « la race » était là, enfouie bien au fond !
     Enrique Ponce :
Ovation et Une oreille après avis – A quand même pris « un petit coup de vieux ». Oserait-on dire que son visage « s’est empli », et que son souffle s’est un peu « raccourci ». Ce serait « sacrilège »… Pourtant, ce serait bien naturel.
     Le Diestro de Chiva monta une faenita au grodito premier, dont le final point d’orgue fut une grosse série, main droite, avant une épée, tendidita mais bien portée. Ponce se régala, et nous régala, en début de faena du quatrième, citant de très loin, templando la charge d’un noble toro… pourtant faible. La faena connut un gros bajon en son milieu, le diestro finissant par « se mettre en colère » sur deux ou trois réflexions tombées du tendido. Une banderille le gênant, Ponce jeta l’épée, et là, se mit à toréer « de verdad », purement et « à fond », soulevant de vraies ovations, enfin. Faena interminable, avec un avis qui sonne « en toréant », notamment par naturelles, au coup par coup, en citant en « cartucho de pescao ». Alors qu’on sortait des adornos ultimes, le toro chancela, fit mine de vouloir se coucher. Ne perdant pas un instant, Ponce évita le scandale, se cadrant en un instant, et portant une lame « définitive ». Ouf ! Pétition « divisée », une oreille et vuelta « un peu mécanique », tout comme le sautillement élégant, pour le salut au centre. Ayer, un Ponce « a medias » !
     El Juli :
Deux oreilles et Ovation après un avis – Attaqua « à fond », devant le petit deuxième, curieusement plus lourd que le premier. Après un puyazito au cours duquel le toro « se dolio », Juli embarqua tout le monde sur un quite de quatre chicuelinas « au cordeau », clos à une main, torerisimo. (Il y aura aussi un joli remate, à la cape, en réception du cinquième). La faena qui suivra sera un véritable « concert Juli », digne du plus légendaire Woodstock taurin. Faena « enlevée », liée, les séries s’enchaînant aux autres en un torrent de temple et de puissance, le toro suivant l’aimant de la muleta. Faena torerisima, sur les deux mains, certaines naturelles, soudain relâchées, faisant rugir la plaza. Puis en final, des enchaînements incroyables, tressés « en huit » ou « en seize », à l’envers et à l’endroit, mais toujours  templés et superbement « rematés ». Du grand Juli ! Unanimité… générale ! L’épée sera portée « à fond », à la Juli… résultant ladeada et en arrière. Cependant, personne ici ne contestera les deux oreilles.
     Devant le cinquième, ce sera tout aussi volontaire, tout aussi « musclé », mais beaucoup moins « limpio », le toro, trop lourd, ne pouvant tenir aucun rythme. La faena ira « a menos », avec de soudaines relances, mais les deux vilains pinchazos et la casi entera, encore plus vilainement portée (évident « Julipie ») interdiront tout trophée. Grand Juli, quand même, hier en Dax, qui sortit « a hombros », une fois de plus.
     Jose Maria Manzanares :
Palmas et Silence – Ne parut pas dans un grand jour, multipliant les muletazos par dizaines, à grands coups de gueule, sans qu’aucun ne soit franchement « reposé ». Crispé...  et crispant! Seul un grand pecho, langoureux, fit soupirer d’aise un public avide de l’applaudir. Manzanares, hier, se comporta en torero « puissant », technique, apparemment désireux de bien faire, mais sans réussite. Son épée, au troisième, fut celle d’un coquin, tandis que la dernière fut plus honnête.
     Pour le moment, Manzana « n’entre pas » à Dax, lui qui pourtant y donna sa première vuelta, tout enfant… en 1990.

 

DAX : DECEPTION TOTALE
Les Bayones condamnent le Dacquois.

     16 Août – Lors de la présentation des carteles, je m’étais étonné, devant un ami Dacquois, de quelques « variations » ou « nouveautés » qui ne me semblaient pas « cadrer » avec Dax. M’étant fait renvoyer « à dix mètres », j’avais donc gardé silence et m’étais tranquillement… « esbigné ». Et au fond, l’annonce des cinq « No hay billetes » semblait donner raison à ceux qui annonçaient que les choses « allaient changer ! »
     Pourtant, depuis jeudi, le sort mauvais semble poursuivre Dax en cette saison 2009. En effet, après les deux premières corridas, dont le moins que l’on puisse dire qu’elles n’ont pas provoqué grand enthousiasme, la troisième a soulevé l’ire d’un public Dacquois dont l’identité Aficionada est de toujours connue : « Torerista », ou, pour le moins… « Toreista ». Aussi, proposer un fer de peu de garantie (mais, qui en offre, à l’heure actuelle ?), face à un trio de jeunes « seconds plans » (talentueux, mais « seconds plans » quand même… ) était peut-être une espèce de « pile ou face » que le public Dacquois allait « surveiller » du coin de l’œil… en vue des futures perspectives.
     Hélas, la réalité fut hier bien méchante : Les toros de Los Bayones n’ont pas donné le moindre jeu, et les toreros, chacun dans son style, ont fait de vains efforts pour se sortir de l’ornière.
     Tous rêvaient de « bien plus ! », « de beaucoup mieux ! ».
     Hélas, tandis qu’à Bayonne on baillait, à Dax on râlait. Si l’on ajoute qu’il va falloir vite trouver un substitut au Fundi, à nouveau gravissimement touché, en plaza de San Sebastien, on se dit que : « Décidément, ce fut un 15 Août à vraiment oublier, et très vite ! »

     Samedi 15 Août – DAX – 3ème corrida de Feria – Plaza pleine – Intense chaleur : Cinq toros de Los Bayones, et un de Abilio y Ramiro Hernandez, sorti quatrième. Corrida inégalement présentée mais armée fin, qui hélas, ne donna aucun jeu. Seul le quatrième « aurait permis », tandis que le troisième « régala » quelques discrètes charges.
     Ivan Vicente :
Silence, et Silence « divisé », après avis – Aura pratiquement tout manqué de sa présentation en « grande feria » Française. Notamment face au quatrième, qui, semble t’il, offrait quelques possibilités. Rendez-vous manqué ! « Train » à nouveau manqué.
     Sergio Aguilar :
Silence et Silence – Multiplia de sobres efforts, ouvrit faena par des changées dans le dos, mais rien n’y fit. Long et « a menos », à cause des moruchos Salmantinos.
     Morenito de Aranda :
Silence et Silence, après chaque fois un avis – A su donner quelques bons muletazos au troisième, avant de sombrer, lui aussi, dans le quasi désastre.
     Au final, le public se fâcha un peu, en guise d’avertissement sans frais.. pour le moment. 

 

DAX : GRANDE CORRIDA DU PILAR
Sébastien Castella : Deux des quatre !
Julio Aparicio : Sous les bouteilles… mais pas « de 51 ».

     17 Août : Deux grandes nouvelles, aujourd’hui :
     La lésion du Fundi est moins grave qu’on ne le pensait de prime abord…
     Et ensuite : Dax a vécu (enfin !) une grande corrida...
     En effet, « il y eut tout », en cette quatrième ! Des toros… et des hommes ! Du triomphe… jusqu’au plus violent scandale !
     Le scandale n’est peut-être pas forcément celui auquel penseront quatre vingt dix neuf pour cent des « aficionados » présents, c'est-à-dire… la désolante prestation de Julio Aparicio… « seulement » à son premier toro. Non ! Le grand scandale de la tarde est, qu’à aucun moment on n’ait réclamé vuelta posthume à un toro, sinon deux, et que l’on n’ait pas fait saluer le mayoral (pour le moins), au final de la corrida…
     Et quoi ? - Ne pense t’on qu’à récompenser un toro « que » si son matador lui a coupé les trophées?
     Et quoi ? - Dax avait elle encore « la rancune » du précédent « méfait », pour continuer à châtier ainsi une ganaderia qui, après le triste souvenir d’un certain 12 Septembre 2004, vient de signer ici un énorme « desquite » ? 
     Et quoi ? - Dax n’a-t-elle donc pas vu un toro brave, « romaneando » et chargeant ensuite, « pronto », « fijo en el engaño », répétant à souhait noble charge ?
     – Dommage, non ? 

     Hier cinq des six toros ont chargé fort, « con alegria, fijeza y nobleza », après s’être bien comportés devant les chevaux… Et lorsque l’on dit « cinq », c’est parce que Julio Aparicio, contrairement à beaucoup d’autres… « n’aime pas le 51 ».
     Ce toro s’appelait « Burriño ». Il pesait 471 kgs, portait le N° 51, et avait deux gros défauts : D’abord il portait deux « petacos »  de respect, cornes hautes et pointues... Et surtout... « il remonta » fort, au deuxième tiers, manifestant une caste trop débordante pour un Julito Aparicio qui se sentit d’avance… débordé. Aussi, toute honte bue, le torero plia aussitôt les cannes, de très vilaine façon. La bronca fut épique, et divers objets tombèrent dans le ruedo… 
     « Burriño » aurait il « servi », en d’autres mains ? – Peut-être que… probablement ! Mais il n’aurait pas été facile ! En tout cas, la malédiction du 51 poursuivit Aparicio tout au long de la tarde, même lorsqu’en de louables efforts (sur lui-même), il sortit de jolis détails du grand quatrième. Dax (ou « une partie » de Dax) « ne le laissa pas » et lui fit, en fin de spectacle, une sortie houleuse, avec jets de coussins et bouteilles complètement odieux. Que faisait donc la police ???
     Comme quoi, il n’y a pas que chez les antis que la violence et la bêtise font loi. Triste !

     Heureusement, il y eut les hommes ; il y eut… le Toreo ! Mais hélas… il y eut aussi « crise de l’acier » !
     Sébastien Castella, dont la facilité (peut-être excessive !) subjugue les publics et les « pros », a coupé « deux oreilles sur quatre », perdant un formidable succès, devant son premier toro… à cause de « la maldita espa ! » Cependant, et bien que sa faena au sixième n’eût pas le même « impact », le même « coulé » que la première, le triomphe du Français est incontestable, complétant ainsi son magnifique retour dans les plazas du Sud Ouest, Mont de Marsan, Bayonne et Dax.
     El Cid aura perdu, pour le moins, une oreille de chaque adversaire… Peut-être même plus. Seule, l’épée lui a volé les mérites de deux faenas « enlevées », variées, pimpantes… mais « rapides », sans réelle profondeur (saut en la série de naturelles qui ouvrit faena, au cinquième), et « cherchant toujours » son incontestable « main gauche ». Hier à Dax, El Cid a été très bien, mais jamais « a mas », et peut-être… un poil en dessous du cinquième, par exemple. Peut-être Dax l’a-t-elle vu ainsi, qui ne donna pas de force unanime à sa pétition, la présidence refusant justement une oreille, et le public ovationnant grandement la vuelta « de consolation ». De fait, on aurait aussi aimé que vuelta soit demandée pour le brave et noble « Mirado », qui livra au Sévillan, des torrents de nobles charges, après avoir levé haut son cavalier…

     Grande et belle corrida ! Corrida « de Dax », avec des toros de respect, des premiers tiers « respectables », et… du Toreo. Seul manqua une chose : « Le respect » que l’on doit à un homme qui, à chaque instant, se joue la vie… même s’il a été « mauvais »…Peut-être est-ce la raison pour laquelle Sébastien Castella refusa t’il la sortie a hombros. No sé !!! Si c’est le cas… « geste Torero ! »

     Dimanche 16 Août – DAX – 4ème corrida de Feria (5ème de abono) – Plaza pleine – Grand beau/très chaud : Cinq toros du Pilar, et un de Moises Fraile (sorti 2ème), magnifiquement présentés, dans le type, et armés « de respect ». Corrida « brave » au cheval, poussant fort, « con fijeza », et mettant à mal les montures (le 3ème provoqua batacazo ; les 4 et 5èmes « romanearon » avec force). Corrida « noble » et très « fixe » dans la muleta, la palme revenant au 5ème, probablement, qui galopa, de loin, et permit au torero « tout ce qu’il voulait ». Les 2 et 3èmes furent également de grands toros. On se posera la question quant au 4ème, insuffisamment dominé, et l’on restera dubitatif sur le premier, petit mais très armé, qui « remonta » au deuxième tiers, après avoir durement poussé à la première. Peut-être lui en fallait il « un peu plus » ? Toujours est il que le toro arriva « violento » à la muleta… Le reste fut « à charge » de son matador.
     Julio Aparicio : Terrible bronca (avec jets d’objets divers) ; et Sifflets de rancune, avant une sortie « houleuse » en fin de corrida – Aura donné à Dax la triste image d’un torero « vétéran » qui, se sachant incapable de dominer un toro, « rend les armes », d’entrée, et, en trois torchonnades, plie le toro, avant de l’expédier d’une lame basse, à la vapeur. Bronca épique, avec jets de bouteilles et de coussins.
     Bien sûr, la colère, voire la haine de certains, poursuivirent le torero, toute la tarde. Les sifflets redoublant, dès qu’il sortit au quatrième, Julio Aparicio ne put « renverser la tendance », malgré une volonté évidente, et des gestes, certes isolés, d’une belle qualité. Bien sûr, ce ne furent « qu’un » trincherazo, « qu’un » pecho, « qu’une » firma, sur retour violent du bicho, « qu’un » grand derechazo, « con empaque »…et, qu’on le veuille ou non, il y eut bien pires estocades que la sienne, au cours de la feria. Cependant, l’ensemble fut marqué par « l’incertitude » et le manque de facultés physiques, sans appel devant tel adversaire. Les injures et la haine, à la sortie… furent « odieuses ».
     El Cid :
Vuelta ; et Vuelta, après pétition d’oreille – A montré une véritable envie et un grand regain de forme, même si… son toreo du jour, bien que galbé et souvent « important », fut extrêmement rapide, parfois « despegadito », le diestro ne se récréant souvent que dans des grands pechos, libérateurs. Cependant, les séries de passes fondamentales (à gauche et à droite) furent souvent « courtes », et aucune des deux faenas alla, réellement, « de menos a mas ! ». Devant le deuxième, il toréa « à fond », souvent très vite, devant la noblesse enracée du Fraile. Un changement de main et un grand pecho, à mi faena, eurent grande allure. Hélas, alors qu’une, sinon deux, oreille était gagnée, Cid pincha deux fois, avant la lame définitive. Contrit, le torero donna grande vuelta.
     Le cinquième fit belle pelea, « romaneando al caballo », et arriva « sensationnel » à la muleta. Cid le vit qui brinda au public, (après une bonne troisième paire de l’Alcalareño), et débuta formidablement, après court tanteo, par une grande série de naturelles, redressées, ralentissant le toro à force de temple. On se croyait parti pour.. un faenon. Hélas, ce ne fut qu’une longue faena, où le torero brilla « y se gusto », par intermittence, mêlant le « mécanique » au très bon. Faena durant laquelle le Cid démontra « qu’il revenait bien », sans pour autant avoir « totalement » retrouvé sa légendaire main gauche. Cette fois l’épée « voyagea » un peu mieux, pour une demi-lame, « muy trasera », contresignée d’un descabello. Là, le public se divisa, et la pétition ne fut pas « totale ». Probablement Dax avait elle raison, qui refusa l’oreille, mais ovationna fortement la vuelta.
     Sébastien Castella :
Grande ovation, après avis ; et Deux oreilles – S’est montré magnifique, au capote, en deux réception où « l’intelligence lidiadora » se mêla au talent et au courage. Le troisième de la tarde poussa fort et « tomba le cheval », le picador devant se défendre, adossé aux barrières. Ouf ! Ce fut un toro de grande noblesse, un poil soson, dont Castella « se joua », littéralement, à la fois « puissant » et léger, impressionnant de facilité, d’empaque et de bon goût. Faena suave et templée, sur deux mains, sans exagérer l’arrimon final. Grande faena, hélas close d’un petit désastre avec les aciers : Quatre pinchazos, une demie et trois descabellos. Maldita sea !!! Dax ne s’y trompa point, qui fit énorme ovation au torero, tout en « attendant » le matador.
     Devant la magnifique sixième, Castella brinda au public « sa » faena, ouverte par deux fois « dans le dos, au centre », suivie « sur deux mains », totalement « poderosa », et close d’un enchevêtrement de passes « à bout portant », un peu trop « dessus », mais portant fort sur les gradins. Cette fois, l’épée entra, trasera, tendida, mais entière et « à fond »… et le public, qui n’attendait que cela, donna libre cours à son enthousiasme.
     Grande actuacion de Sébastien Castella, dont l’insolente facilité, devant le toro, « laisse pantois »… mais inquiéterait, presque !

     Ce jour, El Fundi sera remplacé par Rafaelillo, devant les toros de Hoyo de la Gitana. Les compagnons restent Diego Urdiales (très sérieux et torero, samedi à San Sebastian, et Julien Lescarret (qui vient d’être bien, par deux fois en deux jours)

 

DAX : « IN VINO VERITAS ! »
La gitane, au fond du trou !
Merci, Monsieur le Comte !

     18 Août : Déroutants, non, comme titres à une chronique taurine ? Et pourtant, chacune des ces sentences pourrait parfaitement illustrer la conclusion de cette Feria de Dax 2009, « au bout du bout  » d’une ultime corrida qui aura peut-être satisfait quelque « fanatique de clocher », qu’il soit de Dax, du Campo Charro ou d’ailleurs…

     « La Gitane, au fond du trou ! » ne pourrait qu’évoquer l’incroyable fracaso des toros de la ganaderia Salmantina « Hoyo de la Gitana », lesquels, s’ils avaient donné grande satisfaction, l’an passé, ont totalement déçu, voire « interloqué » plus d’un aficionado, de par leur comportement, mais également, de par leur présentation… 
     Comment, par exemple, a-t-on pu sortir le premier de la tarde ?
     Comment, par exemple, a-t-on pu « choisir » le sixième, dont les bananes en guise de cornes (même « engatilladas ») évoquaient certaines turpitudes des années 60/70 ?
     « Fracaso total » d’un lot entièrement décasté, faible, vide de tout… que le public conspua fortement, à quatre des cinq premiers arrastres, avant de se fâcher tout rouge, au point de faire changer le fameux sixième… Colère qui ne se désunit point lorsqu’apparut le premier des deux sobreros du même lait, sorte de « vaquilla brava », cardena, certes armée de redoutables et fines pointes… Le toro, car c’en était un, bien sûr, démontra immédiatement sa complète solidarité avec ses frères, et la présidence, un œil sur le public, un sur le toro, et un autre sur le responsable Dacquois (ben oui ! Cela sert d’être trois au palco !), décida de renvoyer le dernier intrus. Bref ! Il restait encore un sobrero de la Gitane, au fond d’un corral, et les deux responsables de la ganaderia espéraient secrètement, que le dernier allaient les sauver du désastre. Mais, lui aussi « responsable »  et Aficionado, le Président Laborde décida d’arrêter les frais, et, ce fut un Conde de Mayalde qui fit irruption, sous un tonnerre d’applaudissements et… des tonnes d’espoir, pour certains…

     « Merci, Monsieur le Comte !!! » illustrerait la suite, heureuse au possible (sauf pour une personne), de ce dernier épisode Dacquois : « Joyero », N°26, toro roux tacheté du Conde de Mayalde, fit non seulement une entrée remarquée, mais démontra être, d’un coup… le toro de la feria ! En effet, plein de caste de force et de bravoure, le toro fut l’auteur d’un formidable tiers de piques, venant de loin, secouant et levant le cheval, une première fois; puis provoquant un formidable batacazo « de bravoure », à la deuxième, avant de revenir, de loin, une troisième fois, devant un piquero pundoroso, qui « ne se vengea » pas de la terrible et dangereuse « bascule » dont il avait été l’involontaire héros.
     Ce premier tiers, au sobrero « du Conde », sera probablement « le » moment de la Feria, toro et piquero étant confondus en une formidable ovation. Ovation d’émotion, d’admiration… et de passion.
     Le toro était brillant, fort, encasté et… très noble sur main gauche. Cela dit, « fort », attentif à tout, il ne permettait pas la fantaisie et imposait une muleta ferme, autoritaire.
     On y a cru un long moment, Julien Lescarret semblant gagner grande bataille et belle page de gloire, en tirant deux séries de naturelles pleines de vérité et de toreria. Hélas, le torero alla se perdre « à droite », et le toro lui prit le dessus. Vinrent alors les sustos, les accrochages de muleta, les bourrades en passant... Julien se fit déborder et ne remonta jamais, « coulant » même, toujours avec pundonor, avec l’épée. Il est évident qu’un tel toro, non dominé, ne peut être bien estoqué… Normal !
     L’ovation au toro s’entendit… jusqu’au Campo Charro… et la feria, qui avait débuté par le joli film du Zocato « en terres du Conde de Mayalde », y retourna pour une vuelta d’honneur que l’on aurait peut-être pu offrir à ce « Joyero » si précieux…

     La Feria se terminait donc « à la Dacquoise » sur un moment taurin de plus passionnants, des plus passionnés, et, bien sûr, par l’adieu de tout un peuple à sa Feria, au son du formidable « Agur », et du nom moins fameux « Vino Griego ».
     Tout un peuple qui scande avec émotion, sa joie, son amour à sa ville, sa passion pour « la Fête Brave »... Rien ne pouvait aussi « bien tomber », après ce nouvel épisode de la tauromachie en ce Sud-Ouest chéri, où l’on sait vibrer comme nulle part ailleurs, de colère autant que de joie, d’Amour autant que de passion…
     Avouez que tout cela justifie amplement le dernier titre qui passera en tête, définitivement : « In vino veritas ! »
     In vino « griego », bien sûr … sans modération, pour une fois!!!!

     Lundi 17 Août – DAX – 5ème corrida de Feria (7ème de l’abono) – No hay billetes – Temps gris bleu, agréable : Six « toros » de Hoyo de la Gitana, « feos », laids, et totalement décastés, faibles et médiocres. Le sixième, plus haut mais affreusement armé, fut rentré, remplacé par un « petit gris, maigre, mais très armé » qui fit aussi des siennes, au point d’être « devuelto » à son tour, dans un climat qui virait à l’insurrectionnel.
     Décision (bravo aux responsable !) fut prise de « sauter à la torera » les règles établies, et en lieu du deuxième sobrero du Hoyo de la Gitana, sortit « Joyero », N°26, du Conde de Mayalde. L’histoire, alors, changea.. de même que l’atmosphère. Le reste… est écrit plus haut. Merci, monsieur le Comte !
     Rafaelillo :
Une oreille et Ovation – Se battit bien, à sa façon, tirant des naturelles insoupçonnées, avec beaucoup de fermeté, et, tuant bien le petit premier, coupa une « petite » oreille.
     Diego Urdiales :
Silence après un avis; et Silence – Se montra volontaire mais « effaré » du peu d’options que lui offrirent deux moruchos faibles et décastés. On se divisa, à ses efforts vains, mais on respecta ses épées.
     Julien Lescarret :
Silence et Applaudissements après avis – Fut le héros malheureux d’une malheureuse tarde, qui se termine « en apothéose ». Il s’en est fallu d’un peu plus de quiétude ! Il s’en est fallu de deux séries de plus, à gauche, exactement comme les deux premières… il s’en est fallu d’un peu plus de fermeté, même si le pundonor était là, bien présent. Il s’en est fallu de plus de réussite à l’estoc, car « si entra a la primera », même un peu mangé, Julien était le héros, voire le sauveur, de la Feria.
     Digo yo….

 

DAX: « JULISSSSIMO ! »
L’épée vole au Juli la faena de l’année

     13 Septembre : Depuis longtemps déjà nous dénonçons ici la forme d’entrer a matar du Juli, sorte de « facilité spectaculaire » qu’il a trouvée, de couper les trophées, presque à coup sûr, sans pour autant se mettre « dans les cornes » et décomposer les temps. Cela marche… tant mieux !
     Hélas, hier, lorsqu’il voulu « vraiment tuer », au terme d’une faena « magique », le Juli pêcha de précipitation et de malchance. Et du coup, tandis que le « Hooooo ! » du public se perdait dans un torrent de déception, le torero perdait les deux oreilles et le rabo que sa faena avait amplement mérités.
     « Como estuvo, ayer, El Juli !!! » Comment a été le Juli, hier à Dax, face à « Viboro », cinquième toro de Victioriano del Rio !!! Lui qui avait du baisser pavillon (c’est rare !) devant la caste violente d’un premier adversaire, manson, qui avait durement « remonté », après un mono puyazo interminable, annonça d’entrée la  couleur en des véroniques suaves, côté gauche, pata palante, templadisimas. Après un discret premier tiers, ce fut « le » quite, sensationnel, explosif, débuté en tafallera, lié por detras et faroles inversés, avant le remate, larguant le cape à une main, pour reprendre le toro en pecho, suivi d’une sortie « molinétée », capote à l’épaule. Tout le monde debout !
     Et ce fut « la » faena !
     A le voir partir ainsi, brinder à tous, au centre, on sentait bien que… Et les espoirs furent comblés, O combien! Faena « immense », de temple, de bon goût, d’aguante et même d’expression artistique. Faena où la technique et le courage se mettent au service de la plus parfaite toreria, comme lors de ces deux changements de main, en fin de série droitière, le torero « récupérant », impavide, abandonné, la charge du toro, de la gauche, avec… « cinq centimètres » de muleta... Comme ces deux faroles, parfaits, liés à un pecho « monumental », tournant le toro sur l’épaule contraire… Comme ces derechazos, coude cassé, « codilleando » exprès, donnant au muletazo une impression de douceur et de totale sécurité… Comme ces inversées, citées de dos, dont la troisième, liée, « fait deux tours », se terminant en longue naturelle… Comme ce petit toque, « millimétrique », qui capte la charge impromptue du bicho, alors que le torero s’adornait, pour le prochain cite… Comme ces adornos, justement, en fin de faena, où le diestro revient progressivement vers les tablas, en trincherazos et firmas, qui n’avaient rien de « desden »…
     Sensationnel ! Torerisimo, le Juli, en cette faena qui, peut-être, sera « sa » faena de l’année, de très loin supérieure à celle de Bayonne, car cette fois, il sut « administrer » le toro, le maintenir allègre, jusqu’au bout de près de quatre vingt passes, sans la moindre faute de goût… Que bueno !
     Quel Torero ! Mais hélas… quel piètre matador !
     Comme si le sort avait d’un coup, voulu se venger de tant de « Julipiés », l’épée lui vola, d’un coup, l’immense et juste triomphe que la cape, la muleta, le talent et le courage, lui avaient offert. Quel terrible coup de barre ! Le public en fut stupéfait, et le torero faillit en pleurer, maudissant le sort, se maudissant lui-même, probablement jusqu’à très tard dans la nuit, camino de…Aranda de Duero, où il torée aujourd’hui !
     Quelle guigne ! Quelle vacherie !
     Une oreille, vite abandonnée, alors que « tous les trophées » étaient là, amplement mérités… Pourtant, outre les images qui fleurissent déjà, le souvenir de cette faena restera gravé dans les mémoires, bien rangé auprès d’autres chefs d’œuvre dont Dax fut le témoin…
     Sensationnel, Juli, en plaza de Dax !
     Julisssimo !!!

     On ne pourra en dire autant, tout en gardant total respect, d’un Ponce un peu « maniéré », facile et un poil malin, qui aurait coupé deux oreilles, si son premier était sorti… quatrième.
     On ne pourra en dire autant d’un Castella dont le courage ne sera jamais mis en doute, tout autant que sa toreria, mais qui sembla un peu « en dedans », hier, après une semaine d’intenses succès. De fait, en cette rencontre au sommet, il était dit qu’un toro allait rencontrer un « torerazo », et que celui-ci n’allait pas le laisser passer…
     Par contre, bien peu se doutaient que le Juli allait « cuajarlo », de cette manière… « Hasta en artista estuvo ayer Julian Lopez « El Juli », en Dax ! »

     Même si la corrida fut « inégale », en son comportement, mais « respectable » de présence; et même si quelque toro « baissa un peu » en trapio, tout en se cachant derrière de correctes et solides encornures, on saluera le ganadero, une fois de plus. Compte tenu du cartel, on pouvait craindre pire… En cela, Victoriano del Rio est de ceux qui, d’ores et déjà, « s’en sortent bien », cette saison… Et ils ne seront pas pléthore ! Asi que...

     Grand moment, hier, en plaza de Dax !
     Grand moment ! Grande faena ! Grand torero ! Dax… en su salsa !!
     Aujourd’hui, la fête continue, avec « el dia de Victorino ! » Mais ce ne sera probablement pas la même chose !  

    Samedi 12 Septembre – DAX – 1ère corrida de la Feria de la Salsa – Plaza pleine – Grand beau : Cinq toros de Victoriano del Rio et un de Cortes, sorti deuxième. Présentation très correcte, le troisième « baissant un peu », mais « tapandose con los pitones ». Le lot entier sortit « distrait », courant beaucoup, « sin fijeza ». Le deuxième voulut plusieurs fois sauter aucours de la lidia (faillit y parvenir, à la première tentative). Au cheval, plusieurs toros « tapèrent » fort, déplaçant le cheval, « romaneando », provoquant même batacazo (le quatrième, a Saavedra), mais sans pousser « fijo », mettant les reins, de réelle bravoure. A la muleta, le premier fut un bonbon pour le toreo, prompt, franc, fixe, très noble ; et « Viboro », le cinquième, fut un torrent de nobles charges répétées. Quatre et sixième ne donnèrent que peu de jeu, tirant l’un au reservon, tardo et quedado, l’autre au « soso », que le torero ne voulut guère forcer…
     Reste le deuxième, qu’une pique très lourde, « multirepiquée », ne réduisit que partiellement, le toro « remontant » dès les banderilles, pour arriver avec caste et genio à la muleta du Juli, y compris dans les terrains de barrière où il fila vite… Manso con casta ! A lidier et toréer, eux aussi !!!
     Poids de la corrida : 542, 529, 538, 568, 523, 551 kgs.

     Enrique Ponce : Une oreille après un avis ; et Silence – Tira une faena très agréable du très noble premier Victoriano, tant sur main droite que gauche, close d’une lame desprendida, qui fit long feu. Vuelta longue et salut cérémonieux. Devant le quatrième, un début par doblones qui promet, mais le toro se met en réserve, tarde, « explose » quelques mauvaises charges au nez du Valenciano, lui mettant même un susto (le Juli bondit à un quite éventuel), et finit par le faire renoncer. Lo mato, y… en paz !
     El Juli :
Applaudissements au tiers, et Une oreille « fortissime » : « N’a pas pu », devant un premier adversaire « qui remonta » fort et violent, dès le deuxième tiers. La faena commença « en maestro », mais la charge devint de plus en plus âpre, de plus en plus rude, de plus en plus violente et dangereuse. Croyant que le toro serait plus « jouable » en terrain des barrières où il était parti se réfugier, le Juli s’y fit manger et dut renoncer, les attaques du « manso con casta » n’étant pas de celles qu’il rencontre tous les jours. Juli tua vite… et respira mieux.
     Lorsque sortit le cinquième, Juli annonça d’entrée… un festival ! D’abord au capote, en de grandes véroniques sur corne gauche ; puis en un quite compliqué, mêlant « dos et haut inversé », formidablement rematé, cape sur l’épaule. Brindée à tous, la faena débuta par cinq « militaires », par le haut, avant de conjuguer puissance et douceur, force et esthétique, en de longues séries sur deux mains, parfaites de liant, de temple et… d’expression artistique. On a parlé plus haut, des derechazos « codilleando » ; des naturelles en reprise de changement de main; des deux faroles et du pecho ; des adornos de fin, scellant un trasteo d’une immense classe torera, d’une faena complète, difficilement « repetible » (en espagnol !)… Hélas, alors que tous espérions l’estoconazo « définitif » (on lui aurait même pardonné un Julipié !), Juli porta un affreux mete y saca (glissant sur une banderille, peut-être) et une demi lame, en buen sitio, mais précipitée et « peu limpia » dans son exécution. Et re-hélas, le descabello ne fonctionna qu’au deuxième essai… Una tristeza !
     Dax alors, se montra « grande », à l'habitude, obtenant « une immense oreille », qui ne consola que peu un Juli terriblement déçu… La vuelta fut d’enfer, qui de même que l’ovation à la sortie de la plaza… qui valait bien une sortie a hombros. Sensationnel, le Juli, à Dax, de 12 Septembre 2009. 
     Sébastien Castella :
Une oreille et Silence après avis – N’aura guère à se reprocher, après cette corrida, sinon que, malgré sa toreria, son courage et deux « arrimones » parfois angoissants, il n’aura pas réussi à « impactar » suffisamment, pour provoquer l’euphorie. On admire, on suit avec envie les longues séries de muletazos templés, certains parfaits, mais « l’ensemble » paraît long, un peu monocorde, même si « muy torero ».
     Son premier, dont on put croire un moment « qu’il voyait mal », lui permit longue faena, comportant notamment une grande série gauchère, pieds joints, terminant crescendo, mais close d’une lame « ladeada »… tandis que le sixième versa vite dans la soseria d’où Castella ne put le sortir, s’appliquant à tirer des muletazos à la chaîne, avant de clore, une fois de plus, « facile, mais de côté » !
     Et puis… passer derrière le Juli, tel qu’il avait été… tela marinera !!!  

 

DAX : « LETTRE A DIDIER ! »
Grand retour des Victorinos, en Sud Ouest Français.
La terna « très en deux sous ! »

     14 Septembre : « Mon cher Didier - Nous ne connaissons que très peu… Pourtant, la poignée de main et le regard suffisent, dit on, pour « calibrer » les hommes… Cette poignée de main, nous l’avons échangée quelquefois, dans les couloirs d’Alegria, la tristement disparue. Ce regard, nous l’avons échangé, intense, le soir où Dax s’était engagé à aider mon ami Colombien, le jeune Albeiro Vargas... Asi que… bien que nous connaissant bien peu, je sais que nous nous comprenons, simplement, humainement… Aussi, il ne m’étonne absolument pas d’entendre la formidable ovation qui a salué tes derniers exploits… dans un ruedo.
     Pour ton dernier écart, Torerazo Landais, prendre le risque d’affronter le regard et les incroyables cornes d’une vache brave cinqueña de Victorino Martin, situe à quelle hauteur tu places le pundonor et la toreria. A cette ovation gigantesque qui secoua la plaza toute entière, pleine à ras bord, en cette matinée du 13 Septembre 2009, j’y joins bien modestement la mienne, par écrit, puisque malheureusement, je n’ai pas pu voir cela « de mes yeux vus ! ». Il y a des priorités qu’il faut respecter, surtout auprès de ses « anciens »… et cela fait deux mois que j’y suis !!! Certes il y aura la vidéo… mais je suis d’accord que « ça n’est pas la même chose !! ». En tout cas, et en attendant ces images qui viendront, laisse moi te dire avec quel plaisir j’écris à ceux de Russie, du Canada, ou à ce Dacquois du Mexique, à tous ces Aficionados qui, de si loin, nous suivent de près, à quel point les adieux de Didier Goeytes, superbe torero Landais, ont été héroïques et grandioses…
     Exactement comme « l’homme » et sa carrière le méritaient.
     Exactement comme les Landes toute entières, le méritaient…  
     A toi donc, Didier, ces quelques fleurs, et cette reseña d’une corrida qui, de loin, si elle fut un événement, ne monta jamais « à la hauteur » de ton « faenon » du matin…

     Victorino, on le sait, est un grand aficionado au toro… et un grand malin ! Alors que sa ganaderia « flotte un peu », de ci de là, en ces dernières temporadas, le « paleto de Galapagar » savait qu’il jouait gros, hier, en son retour dans le Sud Ouest Français, un de ses fiefs les plus fidèles.
     Certes il avait concouru, en quelque matinale Vicoise, mais là… il était « vedette », avec un lot complet. Et Dieu sait qu’il fut complet, ce lot Dacquois ! Peut-être pas « completissime ! » parce que les quelques « hésitations physiques » ont forcément limités les châtiments… Quoique !
     Au lire de « la feuille de match », avant le paseo, on pouvait tout craindre, tant les poids, à l’embarquement, prédisaient quelques légèretés. Mais, « Victorino is diferent ! », et dès la sortie du premier, on a tout de suite compris que c’était du sérieux. Léger certes (467kgs), mais « harmonieux », super bien fait, et armé « solide », le sieur « Alevoso » ne s’échappa jamais et mit immédiatement tout le monde dans le bain, y compris un Fundi qui avait repris la veille, et dont le triomphe, « là-bas », à Pozuelo de Alarcon, ne rassurait pas tout à fait. Malheureusement, il faut bien avouer que les craintes se sont en partie confirmées, le diestro de Fuenlabrada cachant mal, derrière deux interminables litanies muleteriles, le « malaise persistant », même si l’on était loin des dramatiques hésitations Montoises, devant les toros de La Quinta.
     Furieux, semble t’il, de ne pas être plus applaudi par Dax, la généreuse, le Fundi piqua une rogne mémorable et porta un espadazo qui, à la fois, dit « sa caste »… et rassure un peu. Pourtant, la santé primant avant tout, de même que la famille, Fundi devrait bien aller finir une saison, totalement « chunga », au soleil de quelque Caraïbe, et se refaire un moral légionnaire pour 2010. Total respect pour le jeune vétéran, mais… « que se cuidé ! por favor ! »
     Peut-être par sympathie… peut-être par amitié pour un autre « mec », on a voulu donner sa chance à un jeune diestro qui a fait quelque bruit, par là, « après Toulouse ». Pourtant, le « vertigineux » et le « vulgaire » n’ayant jamais fait bon ménage avec le Toreo, on aura du mal à dire quelque « superlatif » au sujet d’Alberto Aguilar, même si l’on respecte son courage. On se cantonnera aux classiques « Animateur » et « Spectaculaire »… même si, à côté de moi, on murmurait un verdict sans appel : « C’est un mauvais Ferrera ! » Ouille !
     David Mora était le troisième homme, et, s’il se confirma « muy bueno » au capote, le grand torero, par la taille, ne put s’élever bien haut, à la muleta, malgré de bons moments devant son fade premier. Stylé, mais fade, lui aussi, Mora passa inaperçu. Par contre, il subit les mauvais regards et les faux départs du sixième, l’alimaña du jour, et là… ce fut la Bérézina.

     Que reste t’il donc de cette journée « Victorienne » ?
     – Des toros, sérieux et « différents ». Une corrida « importante », même si elle ne fut pas « complète » et… ce « run run ! » avant chaque sortie du toril ! Ces bravos, lorsque sortirent quatre des six Victorinos… Cette ovation, lors de la vuelta posthume au deuxième (peut-être un peu forcée)… Ces regards du public, qui vont du toro à l’homme, de l’homme au toro…Cet intérêt constant, à chaque mouvement, chaque « mirada », chaque embestida, même courte, même « aléatoire » de toros, encore une fois… « différents ».
     Une corrida qui, si elle ne fut pas triomphale, marquera grandement la journée… et la temporada. Peut-être aussi parce que, le matin, un homme, un torero, fut porté a hombros par tout un peuple, simplement… parce qu’il le méritait.
     Enhorabuena Didier, Torero !

    Dimanche 13 Septembre – DAX – 2ème corrida de la Feria de La Salsa – Plaza llena – Grand beau : Six toros de Victorino Martin, légers mais très bien présentés, finement charpentés, sans un gramme de graisse, tous bien armés. Le sixième fut le seul noir, d’un autre trapio, d’un autre type… et d’un autre comportement. Tous sortirent avec grande vivacité, montrant caste et codicia au capote, allant fort au cheval, pour des châtiments calibrés par quelques ébauches de faiblesse, vite effacées par « la race ». Deux et cinquième furent des torrents de brave noblesse ; tandis que quatre et troisième pointaient vers la soseria. Le premier avait sa faena « à gauche », et le sixième, lui, ne l’avait nulle part. Il fut le seul « garbanzo » de la tarde. Ou alors… en faisant les choses comme on doit les faire à un Victorino… Mais cela n’est pas donné à tout le monde.
     On donna (un peu tardivement) vuelta posthume à « Porquesi » - N°101, sorti second, pour la vivacité et la noblesse qui avaient complété un honorable premier tiers, chargé de loin et « a mas ».

       Poids de la corrida : 467, 492, 470, 469, 475, 518 kgs.

     El Fundi : Ovation et Applaudissements – Revenait en France, après ses accidents incessants, depuis Mai. S’il ne fut pas « calamiteux », loin de là, le torero de Fuenlabrada peina beaucoup à être convainquant, ne parvenant que difficilement à donner quelques bonnes gauchères à son premier, abattu d’une demie contraire et plate. Devant le quatrième, il fut long, souvent sur un infime reculoir, et, vexé du peu de cas que faisait le public de ses efforts, monta l’épée pour une grande lame, définitive. Vexé, il refusa de saluer l’ovation naissante. Il faut attendre… 2010 !
     Alberto Aguilar : Vuelta après avis ; et Palmas après un avis – Surprit le public par son un entrain de tout moment, avec cape, banderilles et muleta ; et une bonne volonté évidente. Cependant, face à deux toros qui furent « des trains de noblesse », le jeune ne sut jamais « se poser », faisant des passes à cent à l’heure, mais ne toréant, véritablement, que rarement. Certes cela porta, plus sur le public que sur les toros, et le manque évident de sitio (il relève de lésion), de métier, et donc, de dominio, connut triste aboutissement à l’épée, où il fut.. calamiteux.
     David Mora : Silence et Silence – Montra de très bons passages, surtout avec la cape. Hélas, son bon toreo, devant le troisième, ne passa pas la rampe, et son trasteo devant le sixième, véritable « alimaña » qui regardait beaucoup, s’arrêtait ou se freinait dans la passe, faisait semblant d’y aller et se reprenait, prêt à un mauvais coup, fut « brinquebalée », le torero « s’en allant » souvent, dès qu’il débutait son muletazo. Là, le Victorino sut qu’il avait gagné. Par deux fois, David Mora s’en sortit chaque fois, tuant honorablement, mais de côté.
     Gros bon retour de Victorino, dans le Sud Ouest; et un nom sur toutes les lèvres: Didier Goeytes. Y se lo merece!