SPECIAL " FERIA DE LA MADELEINE 2008",  A MONT DE MARSAN
 

MONT DE MARSAN : « LE DERNIER TRAMWAY ! »

« Rafaelillo » coupe deux oreilles au sixième Miura.

     21 Juillet : En suivant la Miurada de Pamplona, le 13 Juillet, devant leur télévision, les Aficionados Montois devaient se frotter les mains : exactement sept jours après, Mont de Marsan accueillait le même cartel : Six toros de Miura, pour Fundi, Padilla et Rafaelillo.
     Ils avaient bien raison… La corrida avait été « un puits sans fin » d’émotion et de bravoure, surtout du côté des hommes. En une semaine, ces trois fiers guerriers n’avaient pu décider d’un coup de « plier les cannes » et signer ensemble la Paix des Braves…
     Ils avaient bien raison… d’espérer, les Montois…
     Hélas, ce n’était pas les mêmes Miuras, et les toreros n’avaient pas la même « folie Sanferminera ». Ce petit oubli, pourtant d’importance, nous aura valu une déception majeur, un peu comme lorsque l’on part en goguette, un samedi soir, alors que la plus jolie, la plus gentille des filles nous a posé un gros lapin… D’entrée, le cœur n’y est pas et l’on erre, de ci de là… en attendant « le dernier tram » !
     Et Dieu sait si « l’on a erré », ce dimanche d’ouverture, au Plumaçon… Exactement « durant cinq toros »…
     Un peu comme en l’ancienne Pigalle, où chaque cabaret faisait tout pour accrocher les passants, les Miuras sont sortis « beaux »… sur la première photo. Mais la première seulement… Chaque fois on se la promettait belle, pensant « que celui-ci, enfin… » allait tenir debout, gardant intactes ses grandes cornes et furieuse sa « race » légendaire. Hélas, on les passa en revue, les cinq, et cinq fois le moral en prit un coup… comme cinq fois on entre dans un de ces cabarets aux rutilantes lumières, aux aguichantes photos, pour découvrir des murs délabrés, une ambiance « vulgairissime », avec du champagne chaud, très cher, servi par des serveuses borgnes… ou louches.
     Bref « the big déconvenue » !
     Du coup, la soirée plongeait à pic, et l’on continuait d’errer un peu, en attendant presque avec impatience, « le dernier tram ! » Ce dernier tramway… nommé désir !
     Et  c’est là que s’est produit le petit miracle : Un toro, qui tient debout, et un torero… qui tient ses promesses…
     Non, ce ne fut pas le Fundi, revenant de blessure et mal servi par le sort, qui ne put que longuement s’escrimer, non sans avoir permis  que son second fût assassiné en une pique… qui en valait bien cinq. Non, ce ne fut pas le Padilla « pas maravilla du tout ! », utilisant tout son arsenal de « grosses ficelles » pour attirer les bravos d’un public qui l’avait, d’entrée, « à la bonne »… Au moment « du dernier tram », il n’en fut pas de même, et Padilla essuya des sifflets de sortie qu’il « aguanta » beaucoup mieux que ses deux toros, avec un sourire et un geste qui disaient à quel point le courroux montois lui était « équilatéral ».
     Non ! Le petit miracle s’appela Rafaelillo, dont la sortie Pamplonaise avait déjà marqué les esprits. A n’en pas douter, Mont de Marsan lui donnera l’occasion de quelque nouvelle page de pub. Avouez que « San Fermin et Santa Magdalena »… font un couple magnifique !
     Lorsque sortit « Habilidoso », toro castaño sardo, le petit géant de Murcia partit à l’assaut en deux largas à genoux qui disaient bien ses intentions. Le toro fit un bon tiers de piques (il y aurait pu en avoir d’autres, au cours de la tarde) et tint debout, venant de loin, gardant du souffle et restant « muy Miura ». Cette fois, le torero se hissa à la hauteur du toro… et de l’événement… Ce fut une faena vibrante et courageuse, close d’un coup d’épée « royal », transformant d’un coup la rogne et la grogne en belle euphorie… Ouf !
     Ainsi se terminait une première de feria où l’on voit bien que l’ambiance en la plaza n’est pas revenue à la sérénité. Il est vrai que la faiblesse des Miura (accentuée peut-être par des blessures visibles - 1 et 5èmes), l’aspect lamentable de certaines armures et des premiers tiers « sabotés », en des mono-piques, « traseras » et interminables (en particulier aux 4 et 5èmes), n’étaient pas faits pour ramener la paix sur les gradins…
     Attendons et espérons… Mont de Marsan est une grande feria, et une grande plaza. Donc, il se passera forcément quelque chose… avant le dernier tramway !

Dimanche 20 Juillet – MONT DE MARSAN – 1ère corrida de la Madeleine – Plaza pleine – Tarde nuageuse, agréable : Six toros de Miura, en général bien présentés, dans le type de la casa, longs, hauts et correctement armés… à la sortie. Plusieurs toros « se encampanaron », s’arrêtant, la tête haute dressée, défiant les gradins… Beaucoup « rématèrent » durement aux burladeros, « s’explosant » les cornes à un degré « des plus alarmants ». Hélas, toute la corrida fut marquée par la faiblesse, notamment chez le premier, quasiment invalide. Les autres « voulurent » charger, mais finirent par s’affaler vilainement, à un moment ou un autre de la faena. A la pique, on déplorera cette maladie du « mono puyazo », interminable, en particulier au quatrième (purement scandaleux !) et au cinquième. Les 2ème, 4ème, 5ème et 6ème  poussèrent bravement, à un moment de l’intense châtiment.  A la muleta, on gardera le grand allant du dernier, noble et fort, tandis que les deux de Padilla, violents et malins, se montrèrent les plus compliqués, d’autant que jamais dominés.

El Fundi : Silence et Ovation après avis – Revenait de blessure, raison pour laquelle, peut-être, il ne banderilla pas (il n’avait pas banderillé, non plus, à Pamplona).
     Le Madrilène connut journée grise, longue, laborieuse, ses deux longues faenas se trouvant gâchées par la faiblesse de ses adversaires. Il essaya longuement de tenir debout son premier, mais le mit par terre dès qu’il baissa d’un centimètre la palo de sa muleta. Fundi, le poderoso, n’est pas fait pour jouer les infirmiers, surtout devant un Miura. Pinchazo et entière « coup de poing ». Sifflets au toro et respect au torero.
     On le respectera moins pour avoir laissé le quatrième subir une pique interminable, qui en valait bien quatre… Le toro fléchit à plusieurs reprises, au cours d’une longue faena où le Madrilène chercha distance et hauteur de muleta « adéquates », au point de tirer quelques bons muletazos, sur chaque main. Le bon public ovationna après ce trasteo laborieux et une entière en force. Pero eso no fue « Fundi !!! »
     Juan Jose Padilla : Division et Forte Division – Partit fort en accueillant le deuxième par bonne larga à genoux et capeo correct. Le toro poussa dur, en la première partie de la pique, et en sortit.. très affaibli. Après un quite par faroles invertis, Padilla banderilla sans grande gloire et se mit à patiner, d’entrée, devant un toro qui chargeait un peu rebrincado, jouant du hachazo et autres coups de tête méchants. Sur un violent retour, Padilla se blesse à la main gauche (rapidement « strappée ») et repart au combat… avec circonspection. Sans aucun dominio, se faisant menacer, malgré ses facultés physiques et les grosses ficelles du métier, Padilla subit un gros échec, clos en trois voyages.
     Le cinquième fut assassiné à la pique, Padilla s’en prenant à la présidence pour avoir changé le tiers sans sa demande, alors que le picador revenait du centre de la plaza en murmurant bien haut « esta picado ». Vexé, le Jerezano « s’employa » à bien banderiller, la deuxième paire étant « celle de la soirée ». Ensuite, ce fut un nouvel échec, à demi caché par des recours tels que demi passes en gagnant la queue, longs cites grandiloquents où l’on sait que le toro ne va pas charger, et desplantes faussement vainqueurs. Il est vrai que le toro, dont les cornes ne ressemblaient plus à rien, ne chargeait pas, se défendant violemment sur place. Heureusement, le « Cyclone » à bout de souffle en termina rapidement, ce qui lui évita une probable bronca.
     Rafaelillo : Applaudissements et Deux oreilles – Aurait probablement coupé une oreille au troisième, s’il ne l’avait « pinché » deux fois, et descabellé « longuement trifouillé », après une lame courte en bonne place. Sa faena, peut-être trop longue, allant de mas a menos, en sa dernière partie gauchère, avait connu de très bons moments, notamment sur la droite, face à un toro peu piqué, noblon et chargeant bien, malgré une vilaine chute, en plein trasteo. Rafaelillo montra là courage et poder, en une faena « virile », allègre, bien reçue d’un « grand public », surpris… qui attendait surtout Fundi et Padilla.
     La surprise tourna à l’enthousiasme, devant le dernier de la soirée, « Habilidoso », toro important, qui se battit bravement à la pique (désarçonnant son cavalier) et arriva plein d’allant à la muleta. Rafaelillo, qui l’avait reçu par deux largas à genoux, monta une faena pleine de force et de courage, citant de loin, « montrant » le toro, sans réellement le dominer, le Miura n’oubliant jamais de remater durement par le haut, notamment sur des pechos doublés, souvent compromis. Longue faena, vaillamment dessinée, qui alla « a mas », faisant la quasi unanimité sur des gradins jusque là privé « d’émotion-passion ». Unanimité qui se fit « totale » et enthousiaste, après un gros coup d épée, entrant « à fond », qui roula le Miura en quelques instants.  Très rapidement, deux mouchoirs tombèrent au palco, et Rafaelillo, radieux, ouvrit la première « grande porte » d’une feria que l’on espère… « de la réconciliation ».

Voir la suite des photos en galeries

 

MONT DE MARSAN : PAUVRES « VALENCIANOS » !
Daniel Luque sort a hombros
    
22 Juillet : Il s’appelait « Valenciano » et devait être lidié, en quatrième, par… Enrique Ponce, Valenciano de Chiva. Comme quoi le destin fait parfois bien les choses.
     Du moins… « faisait » bien les choses !
     Le toro, une bête magnifique, « montada », cambrée vers le haut, fit une sortie spectaculaire. Au burladero, Ponce songeait probablement qu’il avait là le toro « du desquite ». En effet, le premier de la tarde, toro « guapo » lui aussi, mais très problématique, lui avait valu un échec et une méchante voltereta au moment de l’épée…Double douleur !  
     Ce « Valenciano » quatrième galopait « franc » et pouvait lui donner l’occasion du rachat. Hélas, « Valenciano » galopa si franchement qu’il alla se fracasser dans le burladero de matadors, et s’écroula, agonisant. « Se desnuco ! » Tristesse infinie de voir la tête du magnifique animal doucement se coucher sur le sable, tandis que son corps est déjà mort. La puntilla abrégea toutes les peines.

     Ce fut « un moment » de cette deuxième corrida de la Madeleine. Le plus triste !
     Il y en eut d’autres, bien sûr… Les moments heureux, avec le triomphe de Daniel Luque, qui augure bien de la saison « Française » du fin torero de Gerena. Toreo garanti « pur Sévillan », sachant « marcher avec le toro », ouvrir et clore les séries fondamentales par des adornos qui fleurent bon la Giralda. Mais il peut encore mieux faire ! A suivre, Luque !
     D’autres jolis passages, grâce à un Juan Bautista, sobre et torero, signant de deux bons coups d’épée son passage au Plumaçon. Ca et là quelques détails d’Enrique Ponce, très malchanceux au sorteo. En effet, après la fin tragique et prématurée de « Valenciano », le Valenciano dut affronter le sobrero de Charro de Llen, très sérieux, puissant, qui passa de violent à tardo, de tardo à « grattant le sol », puis à « reculant » pour finir par « chanter » sa qualité de manso aquerenciado en terrains de toril. Vaya pues ! Ponce alla l’y poursuivre, après avoir brindé au public, comme un novillero « rabioso », et ne s’avoua vaincu qu’après sept pinchazos… Pauvre Ponce ! Pauvres Valencianos !

     Et puis des moments « franchement pénibles ! » Quelle tension ! Quelle haine, parfois, dans cette plaza ! Mont de Marsan ressemble trop souvent à une cocotte minute qui siffle beaucoup et dont on se demande si le couvercle est bien serré… En plusieurs instants de la corrida, des gestes et des paroles ont failli provoquer de gros incidents dans le public… Outre les habituels contestataires, il est une large gamme « de cons ! » (excusez moi !) dont certains sont connus, qui semblent trouver plaisir à « détruire » systématiquement, ne perdant aucune occasion de brailler leur bêtise. Certains d’ailleurs, qui ne sont pas Montois, devraient peut-être souffler dans le ballon, avant de monter au tendido… (pas vrai monsieur Michel ?) Interjections, invectives, insultes échangées, les « ta gueule » volant de l’ombre au soleil et réciproquement… Ceci n’est pas de l’Aficion ! C’est de la bêtise et de la pure « mala ostia »… le tout, souvent « bien arrosé » !
     Enfin, un moment « inédit » : Antonio Saavedra, grand piquero d’Enrique Ponce, se fit basculer par le Charro de Llen et, depuis l’estribo, continua à piquer, défendant ainsi sa propre vie et son cheval. Certains ne comprirent pas, qui sifflèrent. Une fois le danger passé, le cheval redressé, Ponce fit un quite par delantales dont le remate fut violemment contesté par le toro. Cependant, le Valenciano demanda le changement, qui lui fut accordé.
     Y a-t-il eu « connivence » ou pas ? Le picador pensait il que son maestro s’était trompé, laissant le toro « trop cru » ?– Allez savoir… Mais alors qu’il feignait prendre le chemin du retour, après la sonnerie du changement, Saavedra « appela » le toro, pour un puyazo que tous auraient pensé « de défense » sur charge intempestive du toro… Ce ne fut pas le cas, et le picador voulut exécuter là quelque « basse œuvre ». Mal lui en coûta puisque le toro lui infligea un nouveau batacazo, en force, dont Saavedra se releva, furieux, sortant sous les sifflets et faisant même « le doigt » en passant le porton du patio. Un geste et une attitude qui ne correspondent pas à ce grand professionnel, ni cette « buena persona » qu’est Antonio Saavedra. Comme quoi, l’ambiance est « chaude », à Mont de Marsan…à tous les étages !!!! Parfois bien trop chaude !
     Aficion ! « Aimer, savoir.. et ressentir ! »
     Aficion « Respect et convivialité », tout en sachant rester exigeant.
     Aficion « Passion… dépassionnée ! »
     Aficion… quand tu nous tiens !
     Tiens nous bien, parce que… des fois !!!!!

      Lundi 21 Juillet – MONT DE MARSAN – 2ème corrida de Feria – Deux gros tiers de plaza – Soleil et bleu : Six toros de Torrestrella, dont le quatrième fut remplacé, après s’être tué net en percutant un burladero, dès son premier galop.
     Corrida en lot de « trois et trois », les 1, 4 et 6, plus montados, hauts et musclés, que les autres, bas et plus ronds. Le sixième fut rapidement protesté pour quelque boiterie passagère et un piton qui s’éclata vilainement au premier burladero. A la pique, les Domecq ne rechignèrent pas, notamment le troisième, qui prit bravement un énorme puyazo. Le premier fut « piqué repicoté » par  Quinta ; le deux prit un court châtiment, très « limpio » par Monnier. Les deux derniers furent plus discrets au fer, tout en faisant leur devoir. Le sobrero, un cinqueño de Charro de Llen, fut à l’origine du premier tiers « à l’ancienne » conté plus haut. A la muleta, on retiendra le troisième « Fresquito », noble et « suavon » ; et le deuxième, avec plus de moteur. Soso le cinquième ; vite arrêté le dernier ; violent, court et dangereux, le premier. Quant au Salmantino, après avoir laissé quelques espoirs lors des deux premiers tiers… il « chanta » vite sa condition : Manso aquerenciado en toriles.

     Enrique Ponce : Silence, et Silence après un avis – A connu noire malchance en une plaza « qui ne lui réussit pas », malgré quelque triomphe bien sonné.
     Noire malchance et… beaucoup de chance ! En effet, le magnifique premier se révéla soudain un méchant « garbanzo », violent, court, tête toujours en haut. Ponce passa rapidement au pur châtiment par en bas, et entra a matar. Le toro l’attendait, lui infligeant une dure votereta dont le valenciano se releva, la taleguilla « fendue » de haut en bas. Pas de mal, heureusement, mais une première manche « douloureuse » pour le Valenciano, contresignée de cinq descabellos. Dans les gradins, on rendait un « intempestif gueulard » responsable de la cogida (Peu probable, même si « pénible » !)
     Une autre douleur, probablement que l’accident que quatrième, du nom de « Valenciano », foudroyé d’entrée, au pied du burladero. Et puis, la troisième déconvenue : Le desquite impossible, devant le sobrero de Charro de Llen, toro puissant, auteur d’un premier tiers « musclé », dont le picador de Ponce fut à la fois « victime » et total responsable.
     Ponce « crut » en ce toro, et alla le brinder « de verdad ». La faena débuta bien, par le bas et une bonne ébauche à droite. Puis le toro se mit successivement à « tardear » (retarder le déclenchement de sa charge), « escarbar » (gratter le sol), « recular ! » (devinez !), avant de sortir « à l’envers » et filer aux toriles, puis en barrières de soleil. Ponce l’y poursuivit, voulut l’en sortir, puis finit par lui imposer quelques bonnes droitières, vigoureusement closes au pecho. Hélas, le toro restant « tête droite », sans humilier, Ponce (qui n’avait pas bon souvenir de sa précédente estocade) dut s’y reprendre à sept fois, avant une demie dans le haut, scellée d’un descabello. Désolation Valenciana.
     Juan Bautista :
Une oreille et Ovation – S’est montré très torero au capote, tout d’abord dans un bon quite par chicuelinas, au premier, et grande réception au deuxième de la tarde. Bon toro que ce « Mentecato », toro bajito, noble et répétant sa charge. Bautista monta une faena « a mas », essentiellement droitière, très propre, mais sans ce « sel », cette personnalité qui était la sienne, l’an dernier. Bonne faena, limpia, close de bernaldinas « sans l’épée », clôturée d’une grande estocade, bien préparée (on songeait au recibir !) et un descabello. Oreille « normale » !
     Le cinquième également se montra noble, mais fade, ne transmettant rien. Hélas, le matador, seulement aidé et encouragé par Romero (où donc est Santiago ?), toréa très proprement, mais sans rien dire. Encore une fois, une lame bien préparée pour une récompense « normale », malgré les efforts consentis.
     Daniel Luque :
Deux oreilles et Ovation – A conquis la plaza, « saupoudrant » de douceur Sévillane le chaud sable du Plumaçon. A la cape, tout d’abord, avec une réception, courte et moelleuse, close d’un remate très personnel. Le quite confirme la grande impression. Puis vint la faena, faite de remarquable douceur et « d’improvisations préparées », comme seuls « ceux d’en bas » savent faire… Faena classique, templadita, dont les sommets furent « la garniture » : Trincherazos, kikirikis, firmas, en début et fin de trasteo, face à un toro noble, auquel il manquait peut-être un peu plus de « voyage » pour que le tout atteigne le divin. Se jetant sur le garrot, le jeune Sévillan de Gerena porta un gros coup d’épée qui déclencha l’enthousiasme, après que « Fresquito » mourût en brave. Deux oreilles, en juste proportion du précédent trophée.
     Le sixième fut protesté, dès ses premiers galops… qui furent les seuls. En effet, dès l’ouverture de faena, le toro réduisit sa charge et c’est en un élégant « coup par coup » que Daniel Luque tira quelques droitières, avant de porter une estocade entière, vigoureuse, mais sans décomposer. Succès mérité d’un jeune torero à découvrir, au cours de cet été… et qui peut encore mieux faire (Voir la faena d’Aire sur Adour, en 2007).
     Deuxième corrida intéressante, hélas troublée par un « climat » parfois détestable, dans les gradins. Non vraiment, la « réconciliation » n’est pas pour demain ! Triste !

Voir la suite des photos en galeries

 

LA NOVILLADA DE MONT DE MARSAN : « TOREER » ET « FAIRE DES PASSES »…

     23 Juillet : Bien décevante, cette novillada matinale où, face à un ganado bien présenté et encasté de Bucaré, les trois toreros ont un peu « explosé », y compris celui qui est sorti a hombros.
     On ne pourra en vouloir aux jeunes apprentis d’avoir des hésitations et même de rendre copie presque blanche. Cependant, on leur reprochera des airs de matamores, alors qu’ils sentent bien qu’ils ont été mangés tout cru. « Peor par ellos ! » s’ils ne l’ont pas senti !
     Par contre on sera bien plus dur envers leur entourage, et l’on restera plus que jamais bien dubitatif au sujet des… « Ecoles ». On en voudra pour preuve « la verdeur » des deux élèves d’Albacete, dont le bilan matinal au Plumaçon témoigne des difficultés rencontrées. Tant Jose Luis Rodriguez que Miguel Tendero, qui frôlèrent chacun les trois avis et le toro « al corral », ont confirmé certains doutes émis lors de la novillada du 14 Juillet à Bayonne.
     Certes il y avait des difficultés, mais le cinquième était « un grand toro », noble et encasté, répétant une charge qui donnait de l’importance à la faena… Hélas, malgré ses efforts, pâle et toujours « téléguidé » depuis le callejon, le jeune torero ne put jamais lier plus de trois passes et pecho. En fait, il n’essaya même pas !
     Et c’est bien là le plus grave ! Qu’il ait « essayé » et qu’il ait « coincé » eut imposé un total respect ! Mais là, trois derechazos et pecho...alors que le toro permettait des séries de cinq ou six… en redemandant encore, en bon Buendia bueno qu'il était!!!
     Le pire peut-être… les félicitations tombées du callejon ! « Torerazo ! » entendait on, tandis que Tendero « rendait les armes » devant le sixième… que son peon faisait charger, de loin, tandis que le torero allait quérir épée… et conseils.
     Lui a-t-on suggéré de citer son toro, « de plus loin » ? - Même pas ! Du coup, Tendero, aussi déçu que totalement dominé, « catastropha » bien vilainement sa conclusion avec les divers aciers.
     A tout prendre, on préférera Lamelas, qui tente tout, en vrai novillero, « manque » plein de choses, mais « rentre dedans », avec pundonor, allant jusqu’à retirer trois fois des épées qu’il jugeait médiocres.

     Des passes, il y en eut « multitude », au cours de cette novillada. Le peu de public présent en a-t-il quelque souvenir ? 
     - Peut-être quelques capotazos de Tendero… quelque pase de pecho de Rodriguez… les  plongeons « a portagayola » de Lamelas et peut-être, sa façon de « faire la suerte », avec l’épée.
     « Poca cosa… y mucha preocupacion por el futuro !  - Digo yo! »

       Mardi 22 Juillet – MONT DE MARSAN – Novillada de feria, en matinée – Pauvre entrée, « l’ombre » étant bien garnie : Novillos de Bucaré, très correctement présentés, sortant fort et « con codicia » au capote. A la pique, ne firent guère d’étincelles, tardant à y aller, pour pousser court et un peu limités en tout. Cependant, en Santa Coloma qu’ils sont, beaucoup « remontèrent » à la muleta. Excellent au troisième tiers, le cinquième.

         Alberto Lamelas : Une oreille ; et Applaudissements après avis – Tenta de nombreuses choses, en novillero enthousiaste et un peu brouillon : Deux « portagayolas » fort compromises ; des paires de banderillles « con mas pena que gloria », et des faenas longues et peu convaincantes (sa seconde, brindée au Fundi, présent et discret, aux portes du toril). A son véritable actif : un quite par gaoneras et sa façon de faire la suerte de matar, même s’il subit au quatrième le curieux échec de trois « metisacas » pourtant pas si mal placés. Novillero « sympathique », mais au futur nébuleux.
     Juan Luis Rodriguez : Silence, après deux avis ; et Deux oreilles, très généreuses – Bien timide et bien « perdu », devant son premier. « Pegando muchos pases » mais ne toréant jamais son premier, en une longue faena d’où émergèrent deux bons pechos. Calamiteux à la mort.
     Devant le magnifique et formidable cinquième, le jeune Albaceteño fut incapable de lier plus de trois passes en chaque série. Par contre il tua « fort », coupant deux oreilles « pour la quantité »… Triomphe totalement surévalué.
     Miguel Tendero : Silence, après un avis ; et silence, après deux avis – A part en ses deux réceptions de cape, notamment celle au sixième, par grandes véroniques, serrées, en marchant vers le centre, ce deuxième élève de l’Ecole Taurine d’Albacete a complètement déçu, confirmant la piètre impression laissée le 14 Juillet, à Bayonne.
     Faena longue, fade, à son noble premier. Menacé à droite, un peu mieux à gauche, tuant facile mais « atravesado », avec échec au descabello. Le sixième promettait et le novillero brinda à la plaza une faena qu’il croyait « toute faite ». Cependant, le toro « se paro », s’arrêta, prenant du sentido et mettant le jeune en échec. Cependant, on vit qu’à plus longue distance, le novillo accourait, au capote du subalterne. Mystère! Tendero continua, trop « dessus », et subit un échec désolant, avec les deux armes. Echec qui ne semble en rien l’avoir affecté.
     « No hubo suerte ! » diront les pros de son entourage…
     « Pues no !
No fue cuestion  de suerte ! »

 

MONT DE MARSAN : « A LA TERCERA… LA QUINTA ! »

Bonne alternative de Antonio Joao Ferreira.

     23 Juillet : Enfin des sourires dans les yeux !! Pour des raisons différentes, peut-être, mais… « dans tous les yeux ! »
     Pour les uns, la majorité, la raison du bonheur portait un nom : La Quinta. Nous sommes de ceux-là, ce qui vous vaut ce titre qui essaie de singer quelque dicton connu. Pour l’occasion, ce n’est pas « A la tercera fue la vencida », (La troisième fut la bonne !), mais « A la tercera, la Quinta ! » (A la troisième de feria, les toros de La Quinta ont fait un tabac).
     Pour d’autres, dont certains arboraient fièrement la bannière Portugaise, « le « petit » avait été très bien ! ». Et il est vrai qu’au jour de son alternative, Antonio Joao Ferreira a fortement surpris ceux qui le connaissaient bien, pour l’avoir souvent vu dans nos contrées. En un moment si délicat où la tension peut se faire paralysante, et face à de tels « tontons », le  nouveau matador de toros se montra calme, plein de sereine décision, et très torero. On lui doit les grands, parfois très grands, muletazos de la tarde, et seule la malchance à l’épée, devant le sixième, le priva d’une sortie a hombros bien méritée.
     Pour d’autres, Fundi fut le grand bonhomme de la tarde, et c’est probalement vrai… même si sa sortie a hombros est due à un écart du président quant au règlement en vigueur. On était loin de la pétition majoritaire, à la mort du quatrième, mais la minorité vociférante et « l’amitié » ayant pesé dans la balance, le Madrilène obtint donc son passeport pour la Puerta Grande… ce qui n’est guère volé, au fond, vue « l’entrega », la rage de vaincre du Madrilène, que ce soit dans la lidia de ses deux toros, avec deux volteretas à la clef, ou dans les quites dessinés aux toros de ses jeunes collègues. En cela, Fundi se montra « comme un novillero », donnant leçon d’Aficion et de Toreria aux trois jeunes qui, le matin, avaient bafouillé une leçon mal apprise, incapables d’alterner aux quites et faisant certes beaucoup de passes, mais ne toréant que bien peu. Si l’on y ajoute la décision qui fut celle du Fundi au moment de l’épée, il serait bien piètre de lui bouder son apothéose finale.
     Et enfin Julien Lescarret aura ses supporters, heureux parce que, pour une fois « Julien n’a pas volé », mais de plus, gardant le bon souvenir d’une poignée de naturelles dessinées avec chic, devant son premier, alors qu’il fit bien la suerte de matar au cinquième, le plus compliqué du lot….

     Pourtant, c’est vers les toros que penchera la balance.
     Quelles sorties magnifiques ont fait les Buendia de La Quinta ! Quelle joie de sentir la plaza vibrer à l’unisson et ovationner ensemble les « Toracos » Santcolomeños, qui non seulement montrèrent impeccable trapio, mais firent preuve de grande noblesse aux engaños, sans ne jamais permettre la moindre erreur, « remontant » souvent, après des premiers tiers inégaux, jouant parfois les fades, pour tout à coup « peser » sur les hommes et confirmer leur race.
     En tête du bataillon des braves, le premier de la tarde, du nom de « Frasquito » qui prit un premier puyazo d’enfer, avec énorme « batacazo » à la clef. Jusque là, le toro avait joué « les endormis », allant et venant, au train d’un sénateur sorti de sa sieste. « Pero jo !!! Como desperto ! » Comment il se réveilla, et comment il réveilla la plaza !!! Et comme par la suite, le toro garda noble codicia, un mouchoir bleu flotta au palco, que l’on ne discutera pas : Un toro était sorti, « guapisimo », brave et noble… et Mont de Marsan avait enfin droit à « la fête partagée ».

     Si la corrida était sortie le cinquième jour, le jeu de mot aurait été parfait : « A la quinta fue la vencida ». Mais cela aurait signifié que les quatre précédentes, pues… Là, nous n’en étions qu’à la troisième et donc, tant pis pour le dicton : « A la tercera… la Quinta !!! »
     En espérant que les deux courses restantes seront « encore plus ! », on gardera longtemps le souvenir d’une grande course, où « les toros et les hommes » se sont affrontés, en toute bravoure, en tout honneur, en toute dignité taurine.
     Hier à Mont de Marsan, les « antis » ont perdu une nouvelle bataille…

          Mardi 22 Juillet – MONT DE MARSAN3ème corrida de Feria – ¾ de plaza – Grand bleu : Toros de La Quinta, magnifiques de présence, faisant grandes sorties (le 4ème fut « une estampe »), fiers, tête en haut, galopant et se fixant vite sur les appels, des voix ou des capes. Corrida qui se montra brave en degrés divers de force. Sorti comme « dormido », le premier fit un premier tiers remarquable, donnant le ton à la corrida. Par la suite, on mit les toros « de loin », mais pour des puyazos plus courts, moins intenses. En général, on piqua bien la corrida. A part le cinquième, les toros de La Quinta se montrèrent nobles aux diverses muletas, parfois un peu fades, « quedaditos », mais finissant par y aller, toutefois sans niaiserie aucune. Le lot du jeune Ferreira fut excellent pour le muletero.
     Corrida « très importante », avec vuelta posthume au toro premier, du nom de « Frasquito », et sortie a hombros du mayoral, en compagnie du Fundi. Sur les gradins, les sourires retrouvés.

      Le jeune Portugais Antonio Joao Ferreira a pris l’alternative, devant le toro « Frasquito » - N°81 – de La Quinta. Vêtu de blanc et or, il lui coupa une oreille et donna vuelta à la mort du sixième.
     El Fundi :
Une oreille (unanime) et Une oreille (minoritaire) – Par-delà les éventuelles polémiques concernant les trophées accordés ce jour au diestro de Fuenlabrada, il faudra souligner son immense « entrega », à tous les moments de la corrida, face à ses deux toros, mais également sur deux quites, somptueux, aux toros des jeunes collègues. Malgré deux cogidas très dures, Fundi fut un torero « de la tête au pied », doublé  d’un « matador  de toros » dont personne ne peut nier la suprématie actuelle, épée en main.
     Son premier s’avéra noble et soson, sans toutefois permettre le moindre écart. Fundi se montra « a gusto », notamment en trois lentes droitières finales, très templées, le bras « à peine sorti ». Entrant a matar « à fond », le diestro se fit méchamment accrocher, au niveau de la poitrine, mais heureusement sans mal. Pinchazo vaillant,  épée « sin puntilla », et une oreille unanimement demandée.
     Après bonne lidia au grand quatrième, Fundi, totalement décidé, va se lancer dans une longue faena d’inégale qualité, mêlant le vibrant, parfois brouillon, au plus classique, plus templé, plus posé. Faena « en puissance », sincère, encore une fois marquée d’une très dure voltereta dont le diestro se releva, « comme un novillero affamé ». Attaquant fort, le Fundi porta une épée contraire, mais dut « pointer » trois descabellos, pour conclure. La pétition bruyante d’une minorité s’imposant à l’ovation polie de la majorité, le président ami accorda l’oreille. Une très grande vuelta aurait suscité plus belle ovation. Cela dit, Fundi s’est comporté « en torerazo ». Chapeau bas ! 
     Julien Lescarret :
Une oreille et Ovation – S’est montré à son avantage, avec cape, muleta et épée, face à un premier adversaire, de trapio plus réduit, noble d’entrée, bien lidié et piqué, mais montrant forces réduites. Après deux paires de banderilles « con entrega » du Chano, le toro « remonta », donnant sa seule « permission » sur le piton gauche, alors que le droit menaça méchamment le jeune Français par deux fois. Bien en place, Lescarret tira de bonnes gauchères, se montrant « a gusto » en trois naturelles bien templées, qui firent l’unanimité. Faisant bien la suerte, Lescarret porta une entière et coupa juste trophée.
     Le cinquième fut le « garbanzo » de la tarde. Magnifique à sa sortie, le toro s’avérera plus faible, arrivant à la muleta « reservon », court de charge, tête en haut, «se défendant » plus que n’attaquant vraiment. Lescarret essaya vaillamment, mais n’en put rien tirer. Faisant bien la suerte, encore une fois, il conclut d’une entière « con vomito », après pinchazo. Journée très digne du diestro Aquitain.
     Antonio Joao Ferreira :
Une oreille ; et Vuelta, après deux avis – Est à créditer d’une magnifique prestation, très torera, en l’occasion si difficile qui est « la corrida d’alternative ». Face à de tels toros, on aurait pu penser « nervosité » et « manque de recours ». De fait, le jeune Portugais s’est montré calme, très torero tout au long de la tarde, ne manquant la sortie en triomphe que pour une raison : La maldita espada !!! La maudite épée !  Cependant, on lui doit les meilleurs muletazos de la tarde, en particulier trois énormes naturelles à son premier, et plusieurs derechazos « con caché », au sixième, excellent sur les deux côtés.
     Son premier « ne se réveilla » que sur une énorme première pique où il bascula tout le monde dans la poussière… Après la cérémonie d’alternative et un brindis conjoint à ceux qui l’ont amené à ce jour, Ferreira débuta par doblones une faena très torera, bien posée, en séries « limpias » sur main droite, close de pechos un peu courts.  Sur l’un d’entre eux, le toro lui infligera une grosse voltereta, alors que le nouveau matador s’était senti « a gusto » en trois naturelles remarquables de douceur et de temple. Faena sereine, « muy limpia », très bien conclue d’une casi entera « en haut ». Oreille unanime, et une vuelta au toro, qui le fut un peu moins.
     Le sixième, du nom de « Préseidario » va se révéler excellent pour le torero. Déjà très bien au capote, en suaves véroniques,  Ferreira va banderiller « long et inégal » (bien, la première paire) et toréer très joliment sur main droite, accompagnant en grande douceur, la noble charge du toro. Naturelles longues et derechazos, pieds joints, joliment rématés, vont compléter cette faena « d’oreille », sans discussion, hélas gâchée par un gros échec à l’épée et au descabello : Après une vilaine demi-lame verticale très « pasada », le jeune diestro va se précipiter un peu, accumulant pinchazos et descabellos. Una lastima, avec deux avis à la clef. Cependant, la faena était là, tout comme l’ensemble d’une belle actuacion d’alternative. Raison pour laquelle, Mont de Marsan, enfin retrouvée en son Aficion, lui demanda une grande vuelta de consolation. « Enhorabuena, Matador ! »

 

MONT DE MARSAN : GRAND TOREO DE… MANZANARES !
El Juli sort a hombros… de « chez lui »

     24 Juillet : Sacré Juli !!!! Il pourra venir une fois, dix, cent fois… il lèvera un doigt, et coupera une oreille. Il en lèvera deux, et… devinez ! Mont de Marsan est son jardin, son palais. A croire que toutes les Chimène du monde y ont élu domicile (ce que je souhaite, pour les Montois… une fois que Juli soit reparti). Aucun torero, en aucun lieu, ne bénéficie de telle cote d’amour. Et au fond, c’est ainsi très bien : « Ce que le peuple veut… Dieu le veut ! » Même si…
     Même si la corrida du Ventorrillo (avec deux « R », s’il vous plaît !) a profondément déçu, particulièrement après la grande course de la veille : Pas de présence, pas de force, pas de caste. Des toros qui grattent le sol, tardent à charger, prennent deux muletazos et refusent le troisième. Rien à voir avec ces Ventorrillos « d’avant », dont la noblesse encastée sentait la dynamite. Rien à voir non plus, avec les Ventorrillo de Pamplona. Mais on n’en demandait pas autant ! Cependant on attendait bien mieux… « en tout » !
     Mais voilà ! « Juli, mi Juli » était là, et Mont de Marsan se fit câline. D’ailleurs on ne lui en voudra guère, car le torero « répondit » à cette amitié sans faille, par un de ses tours magiques dont il a le secret : Une faena « enlevée » ; deux passes inversées dont une, incroyable, liant redondo à l’envers à une naturelle à tour complet, faisant « deux tours en un seul », templadisimos. Chapeau ! Et puis, l’estocade, à fond, moins « Julipié » que de coutume, semblait-il. Rageur, furieusement torero, et au final, rayonnant, le Juli avait retrouvé sa Mont de Marsan, et Plumaçon « son Julian ». Bueno !

     Pourtant, qu’on nous permette d’avoir « savouré » avec bien plus de plaisir, le toreo de Jose Maria Manzanares. Ce que le Juli met « en force », le fils de Manzana le met en douceur, en finesse, en « sentiment ». Et ça…
     Sans pour autant lui nier « force  et courage », c’est du côté  de l’expression artistique que l’on attend le jeune Alicantino, et tous seront d’accord pour dire que ses muletazos, lorsqu’il est « a gusto » ont un « velouté », une profondeur, à nul autre pareils, surtout lorsqu’il « accompagne » la charge du toro, avec tout le corps, le bras « qui ne torée pas », légèrement levé, donnant à la silhouette torera une personnalité unique, une identité reconnaissable entre mille.
     Sur la photo « Ce muletazo… c’est Manzana ! ». On le disait de son père, depuis le fameux pecho de la San Isidro 1975… On le dira d’un fils qui ne peut qu’aller s’améliorant, au plan artistique, avec en plus deux qualités : Il est « bien » avec le toro encasté ; et il tue « fort »…
     Enfin ! Il tue fort, à condition qu’il soit convaincu ! Hier, il tua « fort » son premier, mais « douta » devant le cinquième. Il douta, parce qu’il savait qu’il s’était « passé de faena », et que le toro, au moment de l’assaut « no estaba con él ! », n’était pas fixé sur lui, prêt à reculer, à gratter, à se décadrer… Manzana pincha trois fois, un peu plus profondément la troisième… comme bien d’autres l’auraient fait. Sauf que les autres (ni el mismo Juli) ne toréent pas comme…Manzana !
     Hier, Mont de Marsan en a vue « une partie »… Patience ! Un jour, elle le vera « en plenitud ! » Et là…

     Hier, outre les toros, la déception eut pour nom Miguel Angel Perera. Auteur d’une première moitié de saison « impressionnante », l’Extremeño arrivait de Valencia où, la veille, il avait gâché  un nouveau faenon, à cause de l’épée… Hier, il tua très bas, vilainement, après deux faenas « propres » et « techniquement irréprochables, probablement », mais sans sel ni poivre, face à des toros qui ne voulaient en rien… se décarcasser.
     Mont de Marsan, en 2008, a vu le Perera de 2006, bon torero, vaillant, mais vide de toute expression, plat et répétitif. En 2006, elle aurait sifflé ! Cette année, sachant le niveau atteint par Perera, et garda un silence déçu…
     Et puis, de toutes façons, on voulait être prêt, on voulait être bien… pour la sortie a hombros du Juli…
     La « combientième », déjà ? 

         Mercredi 23 Juillet – MONT DE MARSAN - 4ème corrida de Feria – Plaza pleine – Grand beau/bleu : Six toros del Ventorrillo, de présence pour le moins « inégale ». Lot de « trois et trois », les deux derniers sortant plus charpentés, tandis que les deuxièmes et troisième parurent bien plus terciados, Le quatrième alla se fracasser les cornes dans un burladero, les plantant par la suite dans la pierraille, sous le sable (on dira, prudemment, que les deux pitones « en souffrirent beaucoup »). Au moral, la corrida fut décevante : Toros flojotes, qui tardent et grattent beaucoup le sol (escarbando). Noblotes sans continuité de charge. Les deux meilleurs furent les quatre et cinquième, en leur première mi-temps de faenas. Le lot de Perera fut bien terne, sa mettant au diapason du torero…et réciproquement. La corrida entière sortit « abanta », ne se fixant pas, sortant « à l’envers » et ne permettant aucune continuité, au capote. Limitée de force, elle fut peu piquée..

     El Juli : Applaudissements au tiers ; et Deux oreilles – Trouva en premier un toro jabonero (beige) faiblot et reservon, qui chargea à contretemps, refusant toute série liée. Le madrilène va « essayer », parvenant à tirer, un à un, quelque bon derechazo, avant de tuer d’un trois quarts de lame, en arrière.
     Le quatrième, plus haut, petite tête, alla percuter un burladero et s’explosa vilainement les deux pitones. Toro sans grande qualité, noblote, qui va permettre au Juli une faena, « sa » faena Montoise, brindée à tous. Technique souriante et volonté « musclée » en un trasteo suivi avec ferveur, dont les deux sommets seront un redondo inversé, changeant de main, poursuivi en une naturelle sans fin (Deux tours complets, sur deux mains… en une seule passe) ; Et un gros coup d’épée, « à fond », qui mettra un peu de temps à faire son effet. Cependant, nous étions à Mont de Marsan et ici, l’oreille méritée se transforma illico… en deux.
     Jose Maria Manzanares :
Une oreille ; et Silence – Ne put que rarement toréer de capote, au cours de la tarde. Son premier, petit noir peu piqué parce que faible, va lui permettre une faena d’excellents détails, sur les deux mains, hélas gâchée par la propension du bicho à gratter le sol, à « tardear » et refuser les remates par le haut, en fin de série. Cependant, on retiendra trois somptueux derechazos, en début de faena, accompagnés de tout le corps, marqués de l’élégance naturelle d’un Manzanares en voie de plénitude. Tuant efficacement, l’Alicantino coupera  une oreille logique.
     Il aurait pu en couper une autre, après la faena au cinquième, un beau noir au cou d’astrakan, du nom de « Impérial ».  Hélas, Manzana hijo « se paso de faena » et perdit tout avec l’épée. Faena qui débuta « en grand », sur chaque main, mais qui alla « a menos », le diestro allongeant trop son action, en quête de la série parfaite. Elle faillit surgir, à plusieurs reprises, mais le toro, jusque là « agradecido », changea, et se mit à gratter le sable, lui aussi. Trasteo trop long, a menos, mal conclu en trois voyages peu convaincus, parce que le toro « se décadrait ». Pourtant, Mont de Marsan a vu (on l’espère), une partie de « la classe » de Manzanares.
     Miguel Angel Perera :
Silence et Division – A clos, de deux bajonazos, deux prestations bien fades, qui allèrent « a menos », de même que ses adversaires. Deux faenas longues, certes volontaires, mais qui ne réussirent jamais à franchement « décoller ». On espéra un moment, devant le toro dernier, guapo et bravito à la pique : Faena ouverte par deux cambio dans le dos, en cinq passes liées sur place, mais qui « coula » rapidement, le diestro n’arrivant pas à trouver « la bonne marque ». Il avait souvent jeté « vers l’extérieur » le petit jabonero troisième et Mont de Marsan, déçue mais sachant la qualité de ce torero, siffla poliment deux coups d’épée bien bas. « Ayer, no estuvo Perera, « en Perera » !!

       Voir la suite des photos en galeries

 

MONT DE MARSAN : « QU’IL EST DONC TRISTE DE TRIOMPHER !!!
Cristian Escribano sort en triomphe de la non piquée.
Les vrais triomphateurs : Les Erales du Lartet

     25 Juillet : « Mais, bon Dieu, les jeunes… souriez donc ! Vous venez de  couper une oreille ! Vous venez de triompher, soi disant ! Alors… vous devez être heureux, et vous pouvez laisser exploser votre joie, devant ce public qui vous a fait honneur. Or, ce ne sont que visages maussades, complètement fermés, lors de la vuelta, y compris « a hombros » ; ce ne sont que tristes mines et yeux hagards, tout autour du ruedo. Mais bon Dieu… que vous apprend t’on donc, aux écoles, puisque l’on ne vous apprend déjà pas de « poder con el toro » avant de vouloir toréer « bonito », avec toutes les « posturitas » qui correspondent, depuis « l’avant course », au patio de caballos, jusqu’au salut final, en fin de vuelta, toujours aussi triste qu’un jour sans pain… ou sans toros…
     Mais qu’avez-vous donc dans la tête, lorsque vous faites le tout d’honneur ? N’êtes vous donc pas fiers d’avoir triomphé et fait honneur à votre costume de lumières tout neuf ? N’êtes vous donc pas « fous de joie », après votre victoire sur le toro, et sur vous-même ? Ou alors... malgré les oreilles, les sourires et les honneurs… n’êtes-vous pas sûrs d’avoir triomphé tout à fait ? »  

     Hier, lors de la novillada sin picar de Mont de Marsan, les trois toreritos ont chacun coupé des trophées que le public, nombreux, demanda, soit pas générosité aficionada, soit au nom du sacro saint «  régionalisme ». Pourtant, chaque vuelta al ruedo de ces « promesses du Toreo » fut autant de « ronde funéraire », avec tant de « distance », voire « de hauteur », que l’on se demandait secrètement si le moindre sourire de leur part allait faire craquer quelque couture du bonito traje, ou s’il fallait passer par taquilla pour un « supplément de joie » ?
     « Por favor ! Vous voulez devenir torero ! Vous l’êtes déjà, en partie… Cela devrait vous rendre fier et très, très heureux. Non ?
     Ou vous faut il aussi « des cours de sourire » pendant la vuelta al ruedo ?
     Si vous ne le voyez pas ainsi… Si vous ne le ressentez pas ainsi, peut-être vous manque il « quelque chose » pour être « en torero », tout le temps…devant et hors du toro ! En el ruedo y en la calle !  
     A vous de voir !

     Ce jeudi matin, la ganaderia du Lartet a « echado » quatre erales dont deux furent « de revolucion », au point que l’on honora le troisième de la vuelta al ruedo. Cependant, pour volontaires qu’ils fussent, les toreros « no pudieron  con ellos » :
    Thomas Dufau, trop préoccupé par les « posturitas, par le haut », devant un novillote qui demandait fermeté « par le bas » ; Cayetano Ortiz, probable fin torero, parce qu’il voulut « toréer » d’entrée, un eral très prompt et « pegajoso », collant, sans lui avoir montré, dès le début, qui devait être et rester « le patron » ; enfin Cristian Escribano, vainqueur du bolsin de Bougue, très « en novillero », qui tente maintes choses, en réussit quelques unes et se fait un peu « tutoyer », sur d’autres. Le premier coupa une oreille, concédée par une présidence qui ne lui rendit là aucun service et, l’inflation aidant, le second coupa aussi. Plus « vibrant », souvent plus torero, le troisième « remplit son sac » de trois trophées qui laissent en suspens un avenir que l’on souhaite, en toute sincérité, plus… souriant !!!!

       Jeudi 24 Juillet – MONT DE MARSAN – Novillada sin picar – Bonne assistance, par une grise mais agréable matinée : Quatre erales du Lartet (Ganaderia Bonnet) dont le troisième, magnifique en tout, fut ovationné à sa sortie, et récompensé d’une vuelta posthume. Nobles les 3 et 4 ; très noble et pegajoso, le 2 ; plus compliqué, derrotant très haut et partant à querencia, le 1.

     Thomas Dufau : Une oreille  - Ne fut pas très bien, donnant trop de priorité aux « posturitas », plutôt que d’écouter les conseils de son mentor. Ne dominant jamais, il tua « chanza ! » et coupa derechef une oreille qui ne doit en rien le tromper.
     Ricardo Ortiz : Une oreille – Eut de fort bons gestes, avec cape et muleta, mais aurait peut-être du donner d’entrée une « bonne râclée par le bas », par doblones très appuyés, à un torito très prompt, collant, qui le mit en danger plus d’une fois, et ne fut jamais dominé.
     Cristian Escribano : Deux oreilles et Une oreille du quatrième, offert au vainqueur – S’illustra en plusieurs quites, dont un, par gaoneras, scellé d’une sévère cogida ; « essaya » de nombreuses suertes, de la larga au début de faena, les deux genoux en terre, comme le Palomo des années 70 ; toréa lié et templé, sur deux mains… mais, à bout de répertoire, finit par se tourner vers le burladero en demandant « que faire, maintenant ? » Coupant trois oreilles, il est le vainqueur de la matinée, mais donna vuelta a hombros… sans le moindre sourire.
     Dans les cuadrillas, le Saint Gillen fit une mauvaise chute, faisant craindre quelque mauvaise lésion, tandis que l’on aura remarqué les vrais bons progrès, tant aux banderilles qu’à la brega, de Rafael Cañada.

 

 

MONT DE MARSAN : LES VICTORINOS… « EN TROIS LECTURES » !
Sortie a hombros pour Pepin Liria

     25 Juillet : Dans tout spectacle improvisé, c'est-à-dire « sans mise en scène » ni longues répétitions préalables, il peut y avoir, selon les tendances et sensibilités de chacun ; selon les connivences naturelles ou les complicités forcées, « au moins » deux lectures… et parfois bien plus. Souvenez vous de la tirade « des nez » de Monsieur de Cyrano…
     En tauromachie plus qu’ailleurs peut-être, la « vérité vraie » n’existe pas. Selon sa culture, mais également selon « son rang », notamment dans les responsabilités « organisationnelles », chacun pourra avoir lecture différente, voir opposée du spectacle proposé…
     La Feria de la Madeleine 2008, à Mont de Marsan, vient de se terminer. On peut dire, pour le moins, qu’elle aura satisfait le public, et, qu’à part en toute première minute, où un malséant et malfaisant « Chopera, ladron ! » tomba du tendido soleil, on n’a guère entendu de critique envers le prestataire de service favori du Plumaçon, « de père en fils ». Curieusement d’ailleurs, après cinq corridas, deux novilladas et une Portugaise, on a eu huit sorties a hombros, synonymes de réelles et indiscutables « apothéose », et pourtant personne, « nadie », « nobody » et même « niemand » n’a songé un seul moment à faire saluer l’empresa Basque, « au centre », pour le remercier de ses bons et loyaux services 2008, lui qui était cause de tant de malheurs et autres déchéances, depuis… des années.
     Là également… « deux lectures », au moins !

     Hier, c’était donc « la ultima », avec le grand retour des Victorino Martin. Ayant quitté le bleu des langues ovines et caprines (ce qui n’aurait donc jamais donc du « toucher » les bovins !) les diverses administrations sont passées du rouge au vert, dessinant ainsi un grand arc an ciel d’espoir sur les cœurs aficionados.
     A Mont de Marsan on se faisait grande fête, car.. quand on dit « Victorino », on pense aussitôt à ces corridas entre 1999 et 2004 et certains passages d’authentique passion, où pour seule lecture, nous avions les mots « Trapio et caste ! »
     Hier, Mont de Marsan a donc revu les Victorinos, et la corrida sera probablement triomphale, puisqu’il s’y est coupé quatre oreilles (on aurait pu aller bien au-delà, sans les aléas de la lidia et la perpétuelle crise de l’Acier..) et que le mayoral de la ganaderia est sorti « a hombros » en compagnie du triomphateur « aux points » de la tarde…

     N’ayant lu aucune chronique, n’ayant écouté aucune interview, je me cantonnerai donc à énoncer ici « deux lectures » (et même trois !) que pourront inspirer « les Victorinos 2008 », à Mont de Marsan.
     Première lecture : Corrida triomphale, avec six toros, très correctement présentés (bien dans le type) qui se montrèrent « encastés » (la preuve, ils vinrent de très loin, à la pique) et chargèrent, très nobles, muffle au sol, sans répit, allant mourir « en braves ». Les toreros ont été magnifiques d’engagement, ne rechignant pas à l’effort en de longues faenas variées (selon la personnalité de chacun) coupant quatre oreilles et en perdant trois autres au moins, par malchance avec l'épée  ou « tacañeria » présidentielle. Vraiment on s’est régalé de toreo, et l’émotion fut permanente, d’autant que plusieurs toros résistèrent longuement et bravement à la mort, après d’impeccables épées, portées en toute rectitude. Mais… quelle corrida !!! Elle ferme « en apothéose » une feria « historique » !  
     Deuxième lecture : « Un toston ! » Une longue et pesante tarde où trois diestros nous ont « assommés » de 4871 muletazos, dont 3000 au moins furent identiques de rapidité et de vulgarité, face à une corrida « noblissime » mais le sel ni le poivre de ce qui a fait « l’identité » du sorcier de Galapagar. A l’exception de deux séries de naturelles de Pepin Liria, au premier, et du toreo sérieux de Bolivar au troisième, on aura moyennement savouré le reste, notamment la prestation brouillonne d’un Ferrera « remonté » comme un réveil, le jour de la rentrée des classe, qui ne rechigna à aucune « démagogie » (voire plus !) pour s’attirer toutes les sympathies. Du côté des Victorinos, une seule question : « Le Public aurait il accepté cette corrida, au plan « présentation », si elle avait porté un autre nom, un autre fer ?  - A voir sortir le troisième, véritable « rata » qui se cachait derrière une belle armure, on peut en douter. De fait, on parlera de deux Victorinos : Le premier, et le cinquième ! Los otros… pues ! Quant au paragraphe « caste », il sera très court, laissant place à plusieurs lignes de noblesse, parfois « insulsa », que les toreros exploitèrent selon l’humeur du jour, et la personnalité… de toujours. On a coupé « un monton » d’oreilles, et beaucoup étaient contents, ce qui est le principal. Mais d’autres baillaient… ce qui est un comble !
     Et allez… une « troisième lecture » : Impression « mitigée »… avec une corrida de Victorino, très « moyenne » de présence, de force et de caste. Corrida où cinq des six toros ont chargé avec grande noblesse, notamment le lot de Ferrera, mais sans « la transmission » d’antan… Côté toreros : Pepin Liria a tirés cinq naturelles importantes, au premier, mais son bajonazo au quatrième devait lui interdire tout trophée et donc porte Grande. Antonio Ferrera « nous a bien eus ! », peut-être, mais il doit savoir, au fond de lui « qu’il a laissé passer deux toros ». Quant à Luis Bolivar, on lui devra les plus jolis moments de la soirée : Bien placé, bien « à plat » sur le sable, il tira de grands muletazos du troisième, mais la caste naturelle du Colombien aurait plus brillé (confer la faena au Palha de Madrid), s’il y avait eu en face, justement, plus de « présence » et plus de caste...  Cependant, le public en sa majeur partie fut satisfait de la corrida, applaudissant à tout rompre la sortie a hombros de Pepin Liria et du mayoral de Victorino. Donc ! « Vox populi, vox Dei »… cette lecture « devrait être » la bonne !

     Quelle est la mienne ?
     – Sûrement pas la première !
     Mais l’important est : « Quelle est votre lecture, à vous, de la corrida de Victorino de Mont de Marsan » ?

 

        Jeudi 24 Juillet – MONT DE MARSAN – Ultime corrida de la Feria 2008 – Plaza plein – Temps couvert, agréable : Toros de Victorino Martin, inégaux de présence, mais tous « dans le type », certains « tapandose con la cara », cachant leur peu de trapio, derrière d’amples cornes. Corrida qui ne montra que des forces limitées, notamment au cours du premier tiers que l’on fit « importants » en mettant les toros « loin ». A la muleta, la corrida chargea longuement et souvent « très noblement », les deux et cinquième donnant de l’importance au torero. A retenir aussi la corne gauche du premier, la longue charge du troisième, et la volonté infatigable du quatrième. La plupart des toros chargèrent « moro al suelo », le mufle « râclant » le sable… noblissimes et parfois, un peu fadement. En fin de corrida, le mayoral de la ganaderia fut invité à sortir a hombros, avec le triomphateur de la tarde.
    

    En fin de paseo, Madame la Maire de Mont de Marsan fit honneur à l’inénarrable alguazuil, Robert Soldeville, figure Montoise, après soixante ans de Ferias, sans interruption, au cours desquelles il mena les plus grand cartels et se fit photographier avec les plus grandes figuras. Un véritable « personnage », qui faisait là son dernier paseo Montois. Les trois diestros lui brindèrent affectueusement un toro, et bien après la corrida, Mont de Marsan lui fit grande fête. Chapeau, Señor !
     De même, les responsables montois saluèrent comme il se doit, le dernier paseo dans le Sud Ouest, d’un Pepin Liria qui, on le sait, « donna tout » (et même son sang) dans le ruedo Montois… et face « à des tontons ! » Grande ovation, ponctuée des « Pepin ! Pepin ! Pepin ! » Pamplonais.
     Pepin Liria : Une oreille, après avis ; et Une oreille – S’est montré vibrant et plein de juvénile volonté. Découvrant le grand piton gauche du premier, il lui tira trois séries de naturelles dont on ne sait à qui elles plurent le plus, au public ou… à lui-même. Tuant « delantero et tendido », le Murciano de Cehegin coupa une oreille  « aux cris », après une longue agonie du bicho.
     La faena au quatrième sera plus brouillonne, très abondante et mal conclue à l’épée : Pinchazo et une vilaine lame, entière mais basse, en sortant par devant. Longue agonie du toro, et volonté du public d’un adieu « a hombros » du brave torero. Logique! 
     Antonio Ferrera : Une oreille ; et Silence – Aura marqué la tarde de deux « grands moments » : Le premier, superbe, en une troisième paire de banderilles, « por dentro », s’envolant, dos plaqué aux barrières, sur une charge impromptue de son premier toro, « très Victorino » dans sa promptitude à charger, et sa fixité. Ferrera fit là, preuve de courage, de vista et d’incroyables facultés physiques. Ovation tonitruante et absolument unanime.
     Le deuxième « moment » laissera grand doute dans les esprits : Alors qu’il avait bien débuté sa faena au cinquième, toro « fort » et noble, venant de loin, Ferrera « baissa » et ne trouva d’autre recours, sur un achuchon que l’on croyait sans conséquence, de monter un gros cirque, demandant qu’on lui posât un garrot avec sa propre cravate, sur une blessure… qui ne saignait pas. Boitant bas, en première instance, Ferrera retrouva vite « ses cannes », le temps de patiner en fin de trasteo et mal tuer, partant à l’infirmerie où fut diagnostiquée un gros coup comprimant le nerf sciatique. Le fumeux, pardon, fameux garrot ayant fait son... travail, le torero signala qu’il serait bien au prochain paseo, demain à Santander.
     Luis Bolivar : Une oreille et Silence, avec forte ovation à la sortie – S’est montré d’un sérieux, d’une conscience professionnelle à toute épreuve, mais a peut-être manqué de ce don de communication dont d’autres ont fait si grande dépense. Sa première faena fut d’entière sobriété, basée sur le toreo fondamental, se posant chaque fois mieux, sur le sable, avançant la muleta loin, la tirant loin derrière lui, en plusieurs séquences bien templées, liées en un crescendo de toreria. Fin de trasteo, ayant jeté au sol  une épée qui fit ensuite son office, portée aux trois quarts, un peu en avant. Il y eut pétition de deuxième trophée, somme toute mérité, au vu du premier cadeau fait à Ferrera.
     Le sixième s’avéra plus problématique, sans classe aucune, et malgré ses efforts, Bolivar ne put faire décoller sa faena, finissant « en vrille », avec épée et descabello. Cependant le Colombien est à créditer d’une très bonne soirée, à Mont de Marsan… et cela « dans toutes les lectures ».  

       Voir la suite des photos en Galerie

 
MONT DE MARSAN – Feria de la Madeleine 2008    ... d'un coup d'oeil!

Vendredi 18 juillet : Concours landais.
Samedi 19 juillet - Course de l'Avenir Taurin – (Entrée gratuite) :
     Partie « novillada non piquée » avec deux erales de Bonnet et Miranda de Pericalvo, pour Mario Guirao (Une oreille) et Mathieu Guillon (Deux oreilles);  et partie « Course landaise » avec l'Ecole Taurine.

Dimanche 20 Juillet :
     Toros de Miura, pour El Fundi (Sil - Ov+av), Juan José Padilla (Div - Div) et Rafaelillo (Pal - Deux oreilles) .
Lundi 21 Juillet :
     Toros de Torrestrella, pour Enrique Ponce (Sil - Sil+av), Juan Bautista (Une oreille - Ov) et Daniel Luque (Deux oreilles - Ov)  
Lundi 21 Juillet, en nocturne - Corrida Portugaise :
     Toros de Los Espartales, pour Antonio Ribeiro Telles, Pablo Hermoso de Mendoza et Manuel Manzanares, accompagnés des forcados d'Alcochete.
Mardi 22 Juillet, en matinée – Novillada piquée :
     Novillos de Bucaré pour Alberto Lamelas (Une oreille - Apl+av) , Juan Luis Rodriguez (Sil+2av - Deux oreilles) et Miguel Tendero (Sil+av - Sil+2av)
Mardi 22 Juillet :
     Toros de La Quinta, pour El Fundi (Une oreille - Une oreille), Julien Lescarret (Une oreille - Ov) et Joao Antonio Ferreira (Alternative) (Une oreille - Vuelta+2av)

Mercredi 23 Juillet:
     Toros d'El Ventorillo, pour El Juli (Apl - Deux oreilles), Jose Maria Manzanares (Une oreille - Sil)  et Miguel Angel Perera (Sil - Div).
Jeudi 24 Juillet, en matinée – Novillada non piquée :
     Erales de Bonnet, pour Thomas Dufau (Une oreille), Cayetano Ortiz (Une oreille) et  Cristian Escribano (Deux oreilles - Une oreille)
 
Jeudi 24 Juillet :
     Toros de Victorino Martin, pour Pepin Liria (Une oreille+av - Une oreille), Antonio Ferrera (Une oreille - Sil) et Luis Bolivar (Une oreille - Sil)

 
 
 

IMAGES DE LA MADELEINE

     26 Juillet : Au fil des ballades sur internet, quelques moments forts de la Feria de Mont de Marsan 2008. Ainsi :

La faena de Rafaelillo au dernier Miura (Dimanche 20 Juillet):
     http://fr.youtube.com/watch?v=L1i0c3NAXA0  

Le dernier toro de La Quinta, et la faena d’Antonio Joao Ferreira (Mardi 22 Juillet) :
     http://www.dailymotion.com/relevance/search/toros/video/x67vmk_corrida-la-quinta-montdemarsan-2008_sport

     Il y en aura d'autres...

 

MONT DE MARSAN EST BIEN « TORERISTA »

    29 Juillet : Aujourd’hui que les flonflons de la fête sont retombés et que les clameurs des sont tues, il est peut-être temps, « entre nous », de faire un bilan tout simple, de la dernière feria de La Madeleine, à Mont de Marsan.
     Curieusement, mais pas pour la raison évoquée avec grandiloquence par tous, (quelques médias et organisateurs « z’y compris »), on dira ici que la Madeleine 2008 est une bonne feria, tout simplement… « parce qu’il s’y est passé des choses, tous les jours ». Cela dit, elle peut faire « bien mieux ! »

      La grande raison évoquée pour cette feria « triomphale » est que « chaque jour, il y a eu une sortie a hombros ». Pourtant, une fois retombés les divers enthousiasmes (y compris des présidents !), on pourra légèrement rectifier le tir, sans que pour autant cela ne vienne ternir le satisfecit général. Par contre, cette « gabegie » de sorties a hombros confirme bien, si cela était nécessaire, que Mont de Marsan, comme les autres, est bien « torerista », alors que certains voudraient la voir « torista », pure et dure. En cela réside ce « malaise » qui dure dans cette plaza, depuis des années.
     Est-ce donc un gros défaut d'être Torerista ? Est-ce donc un péché ?
     - Bien sûr que non ! D’autant que l’on pourra facilement, dans cette bataille des mots dont le « ista » est le commun suffixe, trouver grande partie du public, très raisonnable, que l’on pourra qualifier de « toreista »… c'est-à-dire, sachant « calibrer » ce que font les hommes, en fonction du toro qu’ils ont devant eux.
     A l’opposé de ceux qui renaudent « parce qu’ils ne voient rien », ou « pensent » ne rien voir lors d’une corrida « terrible », comme celle des Miuras... Au contraire de ceux qui râlent systématiquement lorsque le fer est dit « commercial » mais laissent passer certaines « sardines », parce qu’elles sont marquées Victorino… l’aficionado « Toreista » aura aimé par-dessus tout la corrida de La Quinta, en son ensemble, car elle aura su mêler les diverses émotions liées à la lidia d’un toro de combat, du premier tiers au moment de l’épée. Rien que pour cette corrida-là, Mont de Marsan 2008 a sa place au tableau d’honneur.

     Pour le reste… public « torerista », qui est heureux parce que l’on coupe des oreilles… Comme partout ailleurs… et « comme à Dax ! » disent certains, ce qui, pour un Montois est, depuis longtemps, la pire des comparaisons…
     Baliverne que cela ! Dax, depuis longtemps, a compris « le grand équilibre » qui réside à mettre des toros « normaux », face à des toreros de prestige… avec une tendance à y rajouter du trapio, depuis quelques années (on ne fera à personne l’injure de rappeler la grande (en tous les termes) corrida de Bañuelos, sous l’orage, en Feria 2006, le jour où Bautista rentra à l’hôtel « a hombros »). Donc, aucune honte à prendre ce chemin… puisque la grande majorité du public le veut ainsi, ouvertement ou plus secrètement. Qu’on nous dise donc le contraire !

     Cinq corridas, deux novilladas, sept salidas a hombros…
     Fabuleux !!!
     Mais, en y regardant de plus près, peut on penser, vraiment, que tous méritaient de tels honneurs, surtout dans une feria … « de première catégorie »? - En  toute honnêteté, on peut en douter. Voyons plutôt :
     Le Dimanche, Rafaelillo monte une faena d’émotion au sixième Miura, souvent «  plus haut que lui ». Il l’estoque « à fond » et coupe deux oreilles. La corrida fut difficile, « obscurcie »  par autant de questions que de défauts. Rafaelillo, sur la lancée de Pamplona, sort a hombros. Logique ! Cela fait « une »
     Le lendemain, Daniel Luque surprend la majorité du public, avec un toreo « mu Sevillano », devant un bon Torrestrella. La faena est agréable et le Sévillan (qui peut faire bien mieux, et moins « enganchado »), coupe deux oreilles et ouvre la grande porte. Cela fait « deux ».
     Le Mardi matin, lors de la novillada piquée, Juan Luis Rodriguez coupe deux oreilles totalement « hors de propos » à un excellent cinquième novillo de Bucaré. Incapable de lier plus de trois passes, quêtant sans cesse les conseils du callejon, le jeune « fait de bonnes passes » et tue bien. Cela mérite « una orejita », mais aucunement la sortie a hombros. Cela fait toujours « deux ».
     Le mardi soir, la corrida de la Quinta est un grand moment, « le » grand moment de la Feria, et probablement « un » de toute la temporada Française. Toros de « preciosa lamina », de grande présence dans le ruedo, qui montrèrent une forte personnalité, dans les trois tiers. La corrida ne fut pas « complète », mais les honneurs faits au mayoral sont de toute logique. On restera bien plus dubitatif sur la sortie a hombros du Fundi, non parce que l’on discutera ses mérites, mais bien parce qu’un président, ami de longue date, « imposera » ses propres critères, appuyant ainsi une pétition « minoritaire », en fin de faena au quatrième. Si l’on prétend « être sérieux », on respecte le règlement qui vise à « préserver le sérieux ». Sans discuter le moins du monde la grande toreria et le pundonor du Fundi, on soulignera que, ce jour-là, la pétition d’oreille était totalement « minoritaire », et donc, il n’y avait pas d’oreille. Par conséquent, il n’y avait pas « sortie a hombros ». Autre chose eut été qu’après les trois descabellos, l’ensemble du public demandât l’oreille… ce qui était tout à fait plausible ! Il ne le fit pas. Cela nous fait donc toujours… deux sorties a hombros.
     Le mercredi, la corrida de Ventorrillo est décevante, tant sur le plan trapio que comportement. Mais le Juli, prince des Montois, est présent et, malgré un toro aux cornes vilainement « explosées » (cela fait deux ans de suite que le Juli triomphe devant des toros ainsi amochés), Julian Lopez, par ailleurs très torero, coupe deux oreilles. Franchement, on discutera ce triomphe et, en aucun cas, malgré tous les amitiés du monde, toutes les admirations de la terre, on ne peut que constater que Juli triomphe ici « un peu trop facilement ». Nous en sommes donc, « toujours » à deux sorties a hombros…
     Arrive le jeudi, dernier jour : Le matin, lors de la sans piquée, la présidence « se laisse aller » à des concessions qui peuvent finir par « tromper » les jeunes toreros. « Inflation d’oreilles » aidant, le jeune Cristian Escribano « en coupe trois », en deux novillos, et sort a hombros. C’est « mathématique ».. et cela fait « trois ».
     Et le soir, la Victorinada, très « disparate » de présence, permet au trio présent de longues faenas, souvent uniformes, répétitives, aux passes rapides mais liées, diversement closes avec l’épée. On fait les adieux « à Soldeville », et bien plus sérieusement, à Pepin Liria. Cependant, si l’oreille du premier est tout à fait logique, on discutera fortement celle du quatrième, coupée après une faena « de volume » plus que de qualité, et, surtout, une vilaine épée, en sortant par devant… De ce fait, la deuxième oreille n’était pas acceptable, et par conséquent, la sortie a hombros n’avait pas lieu d’être.. « Ni tampoco » celle du mayoral !

     Cela nous fait donc « deux...et demi ! » Mais, de fait, bien peu importe !
     L’argument des « une sortie a hombros, chaque jour ! », outre le fait qu’il ne tient pas si l’on veut raison garder, traduit bien avant tout… que Mont de Marsan,  dans sa grande majorité… est bien « torerista », ce dont elle ne saurait rougir si elle fait les choses « sérieusement ».
     Par-delà les petites bagarres de « coupeurs d’oreilles » et « concours de costaleros », c’est l’esprit de la Feria qu’il faut retenir ; c’est la volonté de faire les choses « au mieux ». C’est aussi la partie de chance qui, parfois, fit tant défaut par le passé…
     En cela, Mont de Marsan 2008 a fait certains progrès… qu’elle devra confirmer dans les  années prochaines, sur ses mérites propres, et… sans forcer la dose.  
     Cette année, la feria de Mont de Marsan  est un clair succès. En ces temps de « ferias maigres », ce n’est pas le moindre des mérites. Mais elle peut bien mieux faire, encore. Donc, on attendra un peu…  pour la sortie a hombros !
     Bien entendu, ce n'est là... que mon opinion!