LA NOVILLADA DE MONT DE MARSAN : « TOREER » ET « FAIRE DES PASSES »…

     23 Juillet : Bien décevante, cette novillada matinale où, face à un ganado bien présenté et encasté de Bucaré, les trois toreros ont un peu « explosé », y compris celui qui est sorti a hombros.
     On ne pourra en vouloir aux jeunes apprentis d’avoir des hésitations et même de rendre copie presque blanche. Cependant, on leur reprochera des airs de matamores, alors qu’ils sentent bien qu’ils ont été mangés tout cru. « Peor par ellos ! » s’ils ne l’ont pas senti !
     Par contre on sera bien plus dur envers leur entourage, et l’on restera plus que jamais bien dubitatif au sujet des… « Ecoles ». On en voudra pour preuve « la verdeur » des deux élèves d’Albacete, dont le bilan matinal au Plumaçon témoigne des difficultés rencontrées. Tant Jose Luis Rodriguez que Miguel Tendero, qui frôlèrent chacun les trois avis et le toro « al corral », ont confirmé certains doutes émis lors de la novillada du 14 Juillet à Bayonne.
     Certes il y avait des difficultés, mais le cinquième était « un grand toro », noble et encasté, répétant une charge qui donnait de l’importance à la faena… Hélas, malgré ses efforts, pâle et toujours « téléguidé » depuis le callejon, le jeune torero ne put jamais lier plus de trois passes et pecho. En fait, il n’essaya même pas !
     Et c’est bien là le plus grave ! Qu’il ait « essayé » et qu’il ait « coincé » eut imposé un total respect ! Mais là, trois derechazos et pecho...alors que le toro permettait des séries de cinq ou six… en redemandant encore, en bon Buendia bueno qu'il était!!!
     Le pire peut-être… les félicitations tombées du callejon ! « Torerazo ! » entendait on, tandis que Tendero « rendait les armes » devant le sixième… que son peon faisait charger, de loin, tandis que le torero allait quérir épée… et conseils.
     Lui a-t-on suggéré de citer son toro, « de plus loin » ? - Même pas ! Du coup, Tendero, aussi déçu que totalement dominé, « catastropha » bien vilainement sa conclusion avec les divers aciers.
     A tout prendre, on préférera Lamelas, qui tente tout, en vrai novillero, « manque » plein de choses, mais « rentre dedans », avec pundonor, allant jusqu’à retirer trois fois des épées qu’il jugeait médiocres.

     Des passes, il y en eut « multitude », au cours de cette novillada. Le peu de public présent en a-t-il quelque souvenir ? 
     - Peut-être quelques capotazos de Tendero… quelque pase de pecho de Rodriguez… les  plongeons « a portagayola » de Lamelas et peut-être, sa façon de « faire la suerte », avec l’épée.
     « Poca cosa… y mucha preocupacion por el futuro !  - Digo yo! »

       Mardi 22 Juillet – MONT DE MARSAN – Novillada de feria, en matinée – Pauvre entrée, « l’ombre » étant bien garnie : Novillos de Bucaré, très correctement présentés, sortant fort et « con codicia » au capote. A la pique, ne firent guère d’étincelles, tardant à y aller, pour pousser court et un peu limités en tout. Cependant, en Santa Coloma qu’ils sont, beaucoup « remontèrent » à la muleta. Excellent au troisième tiers, le cinquième.

         Alberto Lamelas : Une oreille ; et Applaudissements après avis – Tenta de nombreuses choses, en novillero enthousiaste et un peu brouillon : Deux « portagayolas » fort compromises ; des paires de banderillles « con mas pena que gloria », et des faenas longues et peu convaincantes (sa seconde, brindée au Fundi, présent et discret, aux portes du toril). A son véritable actif : un quite par gaoneras et sa façon de faire la suerte de matar, même s’il subit au quatrième le curieux échec de trois « metisacas » pourtant pas si mal placés. Novillero « sympathique », mais au futur nébuleux.
     Juan Luis Rodriguez : Silence, après deux avis ; et Deux oreilles, très généreuses – Bien timide et bien « perdu », devant son premier. « Pegando muchos pases » mais ne toréant jamais son premier, en une longue faena d’où émergèrent deux bons pechos. Calamiteux à la mort.
     Devant le magnifique et formidable cinquième, le jeune Albaceteño fut incapable de lier plus de trois passes en chaque série. Par contre il tua « fort », coupant deux oreilles « pour la quantité »… Triomphe totalement surévalué.
     Miguel Tendero : Silence, après un avis ; et silence, après deux avis – A part en ses deux réceptions de cape, notamment celle au sixième, par grandes véroniques, serrées, en marchant vers le centre, ce deuxième élève de l’Ecole Taurine d’Albacete a complètement déçu, confirmant la piètre impression laissée le 14 Juillet, à Bayonne.
     Faena longue, fade, à son noble premier. Menacé à droite, un peu mieux à gauche, tuant facile mais « atravesado », avec échec au descabello. Le sixième promettait et le novillero brinda à la plaza une faena qu’il croyait « toute faite ». Cependant, le toro « se paro », s’arrêta, prenant du sentido et mettant le jeune en échec. Cependant, on vit qu’à plus longue distance, le novillo accourait, au capote du subalterne. Mystère! Tendero continua, trop « dessus », et subit un échec désolant, avec les deux armes. Echec qui ne semble en rien l’avoir affecté.
     « No hubo suerte ! » diront les pros de son entourage…
     « Pues no !
No fue cuestion  de suerte ! »

 

MONT DE MARSAN : « A LA TERCERA… LA QUINTA ! »

Bonne alternative de Antonio Joao Ferreira.

     23 Juillet : Enfin des sourires dans les yeux !! Pour des raisons différentes, peut-être, mais… « dans tous les yeux ! »
     Pour les uns, la majorité, la raison du bonheur portait un nom : La Quinta. Nous sommes de ceux-là, ce qui vous vaut ce titre qui essaie de singer quelque dicton connu. Pour l’occasion, ce n’est pas « A la tercera fue la vencida », (La troisième fut la bonne !), mais « A la tercera, la Quinta ! » (A la troisième de feria, les toros de La Quinta ont fait un tabac).
     Pour d’autres, dont certains arboraient fièrement la bannière Portugaise, « le « petit » avait été très bien ! ». Et il est vrai qu’au jour de son alternative, Antonio Joao Ferreira a fortement surpris ceux qui le connaissaient bien, pour l’avoir souvent vu dans nos contrées. En un moment si délicat où la tension peut se faire paralysante, et face à de tels « tontons », le  nouveau matador de toros se montra calme, plein de sereine décision, et très torero. On lui doit les grands, parfois très grands, muletazos de la tarde, et seule la malchance à l’épée, devant le sixième, le priva d’une sortie a hombros bien méritée.
     Pour d’autres, Fundi fut le grand bonhomme de la tarde, et c’est probalement vrai… même si sa sortie a hombros est due à un écart du président quant au règlement en vigueur. On était loin de la pétition majoritaire, à la mort du quatrième, mais la minorité vociférante et « l’amitié » ayant pesé dans la balance, le Madrilène obtint donc son passeport pour la Puerta Grande… ce qui n’est guère volé, au fond, vue « l’entrega », la rage de vaincre du Madrilène, que ce soit dans la lidia de ses deux toros, avec deux volteretas à la clef, ou dans les quites dessinés aux toros de ses jeunes collègues. En cela, Fundi se montra « comme un novillero », donnant leçon d’Aficion et de Toreria aux trois jeunes qui, le matin, avaient bafouillé une leçon mal apprise, incapables d’alterner aux quites et faisant certes beaucoup de passes, mais ne toréant que bien peu. Si l’on y ajoute la décision qui fut celle du Fundi au moment de l’épée, il serait bien piètre de lui bouder son apothéose finale.
     Et enfin Julien Lescarret aura ses supporters, heureux parce que, pour une fois « Julien n’a pas volé », mais de plus, gardant le bon souvenir d’une poignée de naturelles dessinées avec chic, devant son premier, alors qu’il fit bien la suerte de matar au cinquième, le plus compliqué du lot….

     Pourtant, c’est vers les toros que penchera la balance.
     Quelles sorties magnifiques ont fait les Buendia de La Quinta ! Quelle joie de sentir la plaza vibrer à l’unisson et ovationner ensemble les « Toracos » Santcolomeños, qui non seulement montrèrent impeccable trapio, mais firent preuve de grande noblesse aux engaños, sans ne jamais permettre la moindre erreur, « remontant » souvent, après des premiers tiers inégaux, jouant parfois les fades, pour tout à coup « peser » sur les hommes et confirmer leur race.
     En tête du bataillon des braves, le premier de la tarde, du nom de « Frasquito » qui prit un premier puyazo d’enfer, avec énorme « batacazo » à la clef. Jusque là, le toro avait joué « les endormis », allant et venant, au train d’un sénateur sorti de sa sieste. « Pero jo !!! Como desperto ! » Comment il se réveilla, et comment il réveilla la plaza !!! Et comme par la suite, le toro garda noble codicia, un mouchoir bleu flotta au palco, que l’on ne discutera pas : Un toro était sorti, « guapisimo », brave et noble… et Mont de Marsan avait enfin droit à « la fête partagée ».

     Si la corrida était sortie le cinquième jour, le jeu de mot aurait été parfait : « A la quinta fue la vencida ». Mais cela aurait signifié que les quatre précédentes, pues… Là, nous n’en étions qu’à la troisième et donc, tant pis pour le dicton : « A la tercera… la Quinta !!! »
     En espérant que les deux courses restantes seront « encore plus ! », on gardera longtemps le souvenir d’une grande course, où « les toros et les hommes » se sont affrontés, en toute bravoure, en tout honneur, en toute dignité taurine.
     Hier à Mont de Marsan, les « antis » ont perdu une nouvelle bataille…

          Mardi 22 Juillet – MONT DE MARSAN3ème corrida de Feria – ¾ de plaza – Grand bleu : Toros de La Quinta, magnifiques de présence, faisant grandes sorties (le 4ème fut « une estampe »), fiers, tête en haut, galopant et se fixant vite sur les appels, des voix ou des capes. Corrida qui se montra brave en degrés divers de force. Sorti comme « dormido », le premier fit un premier tiers remarquable, donnant le ton à la corrida. Par la suite, on mit les toros « de loin », mais pour des puyazos plus courts, moins intenses. En général, on piqua bien la corrida. A part le cinquième, les toros de La Quinta se montrèrent nobles aux diverses muletas, parfois un peu fades, « quedaditos », mais finissant par y aller, toutefois sans niaiserie aucune. Le lot du jeune Ferreira fut excellent pour le muletero.
     Corrida « très importante », avec vuelta posthume au toro premier, du nom de « Frasquito », et sortie a hombros du mayoral, en compagnie du Fundi. Sur les gradins, les sourires retrouvés.

      Le jeune Portugais Antonio Joao Ferreira a pris l’alternative, devant le toro « Frasquito » - N°81 – de La Quinta. Vêtu de blanc et or, il lui coupa une oreille et donna vuelta à la mort du sixième.
     El Fundi :
Une oreille (unanime) et Une oreille (minoritaire) – Par-delà les éventuelles polémiques concernant les trophées accordés ce jour au diestro de Fuenlabrada, il faudra souligner son immense « entrega », à tous les moments de la corrida, face à ses deux toros, mais également sur deux quites, somptueux, aux toros des jeunes collègues. Malgré deux cogidas très dures, Fundi fut un torero « de la tête au pied », doublé  d’un « matador  de toros » dont personne ne peut nier la suprématie actuelle, épée en main.
     Son premier s’avéra noble et soson, sans toutefois permettre le moindre écart. Fundi se montra « a gusto », notamment en trois lentes droitières finales, très templées, le bras « à peine sorti ». Entrant a matar « à fond », le diestro se fit méchamment accrocher, au niveau de la poitrine, mais heureusement sans mal. Pinchazo vaillant,  épée « sin puntilla », et une oreille unanimement demandée.
     Après bonne lidia au grand quatrième, Fundi, totalement décidé, va se lancer dans une longue faena d’inégale qualité, mêlant le vibrant, parfois brouillon, au plus classique, plus templé, plus posé. Faena « en puissance », sincère, encore une fois marquée d’une très dure voltereta dont le diestro se releva, « comme un novillero affamé ». Attaquant fort, le Fundi porta une épée contraire, mais dut « pointer » trois descabellos, pour conclure. La pétition bruyante d’une minorité s’imposant à l’ovation polie de la majorité, le président ami accorda l’oreille. Une très grande vuelta aurait suscité plus belle ovation. Cela dit, Fundi s’est comporté « en torerazo ». Chapeau bas ! 
     Julien Lescarret :
Une oreille et Ovation – S’est montré à son avantage, avec cape, muleta et épée, face à un premier adversaire, de trapio plus réduit, noble d’entrée, bien lidié et piqué, mais montrant forces réduites. Après deux paires de banderilles « con entrega » du Chano, le toro « remonta », donnant sa seule « permission » sur le piton gauche, alors que le droit menaça méchamment le jeune Français par deux fois. Bien en place, Lescarret tira de bonnes gauchères, se montrant « a gusto » en trois naturelles bien templées, qui firent l’unanimité. Faisant bien la suerte, Lescarret porta une entière et coupa juste trophée.
     Le cinquième fut le « garbanzo » de la tarde. Magnifique à sa sortie, le toro s’avérera plus faible, arrivant à la muleta « reservon », court de charge, tête en haut, «se défendant » plus que n’attaquant vraiment. Lescarret essaya vaillamment, mais n’en put rien tirer. Faisant bien la suerte, encore une fois, il conclut d’une entière « con vomito », après pinchazo. Journée très digne du diestro Aquitain.
     Antonio Joao Ferreira :
Une oreille ; et Vuelta, après deux avis – Est à créditer d’une magnifique prestation, très torera, en l’occasion si difficile qui est « la corrida d’alternative ». Face à de tels toros, on aurait pu penser « nervosité » et « manque de recours ». De fait, le jeune Portugais s’est montré calme, très torero tout au long de la tarde, ne manquant la sortie en triomphe que pour une raison : La maldita espada !!! La maudite épée !  Cependant, on lui doit les meilleurs muletazos de la tarde, en particulier trois énormes naturelles à son premier, et plusieurs derechazos « con caché », au sixième, excellent sur les deux côtés.
     Son premier « ne se réveilla » que sur une énorme première pique où il bascula tout le monde dans la poussière… Après la cérémonie d’alternative et un brindis conjoint à ceux qui l’ont amené à ce jour, Ferreira débuta par doblones une faena très torera, bien posée, en séries « limpias » sur main droite, close de pechos un peu courts.  Sur l’un d’entre eux, le toro lui infligera une grosse voltereta, alors que le nouveau matador s’était senti « a gusto » en trois naturelles remarquables de douceur et de temple. Faena sereine, « muy limpia », très bien conclue d’une casi entera « en haut ». Oreille unanime, et une vuelta au toro, qui le fut un peu moins.
     Le sixième, du nom de « Préseidario » va se révéler excellent pour le torero. Déjà très bien au capote, en suaves véroniques,  Ferreira va banderiller « long et inégal » (bien, la première paire) et toréer très joliment sur main droite, accompagnant en grande douceur, la noble charge du toro. Naturelles longues et derechazos, pieds joints, joliment rématés, vont compléter cette faena « d’oreille », sans discussion, hélas gâchée par un gros échec à l’épée et au descabello : Après une vilaine demi-lame verticale très « pasada », le jeune diestro va se précipiter un peu, accumulant pinchazos et descabellos. Una lastima, avec deux avis à la clef. Cependant, la faena était là, tout comme l’ensemble d’une belle actuacion d’alternative. Raison pour laquelle, Mont de Marsan, enfin retrouvée en son Aficion, lui demanda une grande vuelta de consolation. « Enhorabuena, Matador ! »