MONT DE MARSAN : GRAND TOREO DE… MANZANARES !
El Juli sort a hombros… de « chez lui »

     24 Juillet : Sacré Juli !!!! Il pourra venir une fois, dix, cent fois… il lèvera un doigt, et coupera une oreille. Il en lèvera deux, et… devinez ! Mont de Marsan est son jardin, son palais. A croire que toutes les Chimène du monde y ont élu domicile (ce que je souhaite, pour les Montois… une fois que Juli soit reparti). Aucun torero, en aucun lieu, ne bénéficie de telle cote d’amour. Et au fond, c’est ainsi très bien : « Ce que le peuple veut… Dieu le veut ! » Même si…
     Même si la corrida du Ventorrillo (avec deux « R », s’il vous plaît !) a profondément déçu, particulièrement après la grande course de la veille : Pas de présence, pas de force, pas de caste. Des toros qui grattent le sol, tardent à charger, prennent deux muletazos et refusent le troisième. Rien à voir avec ces Ventorrillos « d’avant », dont la noblesse encastée sentait la dynamite. Rien à voir non plus, avec les Ventorrillo de Pamplona. Mais on n’en demandait pas autant ! Cependant on attendait bien mieux… « en tout » !
     Mais voilà ! « Juli, mi Juli » était là, et Mont de Marsan se fit câline. D’ailleurs on ne lui en voudra guère, car le torero « répondit » à cette amitié sans faille, par un de ses tours magiques dont il a le secret : Une faena « enlevée » ; deux passes inversées dont une, incroyable, liant redondo à l’envers à une naturelle à tour complet, faisant « deux tours en un seul », templadisimos. Chapeau ! Et puis, l’estocade, à fond, moins « Julipié » que de coutume, semblait-il. Rageur, furieusement torero, et au final, rayonnant, le Juli avait retrouvé sa Mont de Marsan, et Plumaçon « son Julian ». Bueno !

     Pourtant, qu’on nous permette d’avoir « savouré » avec bien plus de plaisir, le toreo de Jose Maria Manzanares. Ce que le Juli met « en force », le fils de Manzana le met en douceur, en finesse, en « sentiment ». Et ça…
     Sans pour autant lui nier « force  et courage », c’est du côté  de l’expression artistique que l’on attend le jeune Alicantino, et tous seront d’accord pour dire que ses muletazos, lorsqu’il est « a gusto » ont un « velouté », une profondeur, à nul autre pareils, surtout lorsqu’il « accompagne » la charge du toro, avec tout le corps, le bras « qui ne torée pas », légèrement levé, donnant à la silhouette torera une personnalité unique, une identité reconnaissable entre mille.
     Sur la photo « Ce muletazo… c’est Manzana ! ». On le disait de son père, depuis le fameux pecho de la San Isidro 1975… On le dira d’un fils qui ne peut qu’aller s’améliorant, au plan artistique, avec en plus deux qualités : Il est « bien » avec le toro encasté ; et il tue « fort »…
     Enfin ! Il tue fort, à condition qu’il soit convaincu ! Hier, il tua « fort » son premier, mais « douta » devant le cinquième. Il douta, parce qu’il savait qu’il s’était « passé de faena », et que le toro, au moment de l’assaut « no estaba con él ! », n’était pas fixé sur lui, prêt à reculer, à gratter, à se décadrer… Manzana pincha trois fois, un peu plus profondément la troisième… comme bien d’autres l’auraient fait. Sauf que les autres (ni el mismo Juli) ne toréent pas comme…Manzana !
     Hier, Mont de Marsan en a vue « une partie »… Patience ! Un jour, elle le vera « en plenitud ! » Et là…

     Hier, outre les toros, la déception eut pour nom Miguel Angel Perera. Auteur d’une première moitié de saison « impressionnante », l’Extremeño arrivait de Valencia où, la veille, il avait gâché  un nouveau faenon, à cause de l’épée… Hier, il tua très bas, vilainement, après deux faenas « propres » et « techniquement irréprochables, probablement », mais sans sel ni poivre, face à des toros qui ne voulaient en rien… se décarcasser.
     Mont de Marsan, en 2008, a vu le Perera de 2006, bon torero, vaillant, mais vide de toute expression, plat et répétitif. En 2006, elle aurait sifflé ! Cette année, sachant le niveau atteint par Perera, et garda un silence déçu…
     Et puis, de toutes façons, on voulait être prêt, on voulait être bien… pour la sortie a hombros du Juli…
     La « combientième », déjà ? 

         Mercredi 23 Juillet – MONT DE MARSAN - 4ème corrida de Feria – Plaza pleine – Grand beau/bleu : Six toros del Ventorrillo, de présence pour le moins « inégale ». Lot de « trois et trois », les deux derniers sortant plus charpentés, tandis que les deuxièmes et troisième parurent bien plus terciados, Le quatrième alla se fracasser les cornes dans un burladero, les plantant par la suite dans la pierraille, sous le sable (on dira, prudemment, que les deux pitones « en souffrirent beaucoup »). Au moral, la corrida fut décevante : Toros flojotes, qui tardent et grattent beaucoup le sol (escarbando). Noblotes sans continuité de charge. Les deux meilleurs furent les quatre et cinquième, en leur première mi-temps de faenas. Le lot de Perera fut bien terne, sa mettant au diapason du torero…et réciproquement. La corrida entière sortit « abanta », ne se fixant pas, sortant « à l’envers » et ne permettant aucune continuité, au capote. Limitée de force, elle fut peu piquée..

     El Juli : Applaudissements au tiers ; et Deux oreilles – Trouva en premier un toro jabonero (beige) faiblot et reservon, qui chargea à contretemps, refusant toute série liée. Le madrilène va « essayer », parvenant à tirer, un à un, quelque bon derechazo, avant de tuer d’un trois quarts de lame, en arrière.
     Le quatrième, plus haut, petite tête, alla percuter un burladero et s’explosa vilainement les deux pitones. Toro sans grande qualité, noblote, qui va permettre au Juli une faena, « sa » faena Montoise, brindée à tous. Technique souriante et volonté « musclée » en un trasteo suivi avec ferveur, dont les deux sommets seront un redondo inversé, changeant de main, poursuivi en une naturelle sans fin (Deux tours complets, sur deux mains… en une seule passe) ; Et un gros coup d’épée, « à fond », qui mettra un peu de temps à faire son effet. Cependant, nous étions à Mont de Marsan et ici, l’oreille méritée se transforma illico… en deux.
     Jose Maria Manzanares :
Une oreille ; et Silence – Ne put que rarement toréer de capote, au cours de la tarde. Son premier, petit noir peu piqué parce que faible, va lui permettre une faena d’excellents détails, sur les deux mains, hélas gâchée par la propension du bicho à gratter le sol, à « tardear » et refuser les remates par le haut, en fin de série. Cependant, on retiendra trois somptueux derechazos, en début de faena, accompagnés de tout le corps, marqués de l’élégance naturelle d’un Manzanares en voie de plénitude. Tuant efficacement, l’Alicantino coupera  une oreille logique.
     Il aurait pu en couper une autre, après la faena au cinquième, un beau noir au cou d’astrakan, du nom de « Impérial ».  Hélas, Manzana hijo « se paso de faena » et perdit tout avec l’épée. Faena qui débuta « en grand », sur chaque main, mais qui alla « a menos », le diestro allongeant trop son action, en quête de la série parfaite. Elle faillit surgir, à plusieurs reprises, mais le toro, jusque là « agradecido », changea, et se mit à gratter le sable, lui aussi. Trasteo trop long, a menos, mal conclu en trois voyages peu convaincus, parce que le toro « se décadrait ». Pourtant, Mont de Marsan a vu (on l’espère), une partie de « la classe » de Manzanares.
     Miguel Angel Perera :
Silence et Division – A clos, de deux bajonazos, deux prestations bien fades, qui allèrent « a menos », de même que ses adversaires. Deux faenas longues, certes volontaires, mais qui ne réussirent jamais à franchement « décoller ». On espéra un moment, devant le toro dernier, guapo et bravito à la pique : Faena ouverte par deux cambio dans le dos, en cinq passes liées sur place, mais qui « coula » rapidement, le diestro n’arrivant pas à trouver « la bonne marque ». Il avait souvent jeté « vers l’extérieur » le petit jabonero troisième et Mont de Marsan, déçue mais sachant la qualité de ce torero, siffla poliment deux coups d’épée bien bas. « Ayer, no estuvo Perera, « en Perera » !!

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