DAX : « AIMABLE ET DEPASSIONNE ! »

     7 Septembre : Qui dit corrida de toros, dit… « Toros » ! Et qui dit « mano a mano » dit « competencia », duel, bagarre « a qui met le bain à l’autre ! »
     Hier, en plaza de Dax, on chercha l’un, et l’on ne vit jamais l’autre.
     Une corrida « terciada », pauvre de tête, faiblissime, noblona et sans race, avec un quatrième toro « indigne de Dax »… Et des toreros qui ont joué « la quantité », chacun faisant son job, mais sans passion, sans coup de cœur ou « coup de ventre ». Ce n’est qu’à la sortie du cinquième Montalvo qu’un Juli bougon et sans flamme, jusque là horrible tueur, a montré ce « qu’il aurait pu donner » s’il avait vraiment été dans le coup du mano a mano… En six delantales, pieds joints, sans bouger d’un centimètre, le Juli a soudain allumé la flamme, ou « la flamèche », d’une tarde dépassionnée et « aimable », le public Dacquois  ne manifestant aucunement devant la sortie d’un quatrième, imprésentable, dont le cul était plus maigre que celui de la fille de ma concierge…
     Avec mes respects et mes excuses, « on ne vous comprend pas, amis Dacquois ! » Certes il y eut des oreilles ! Certes il y eut « double salida a hombros ! » Certes il y eut « Salsa para todos ! », mais pardonnez moi… Cette fois, « la sauce n’a pas pris ! »  Y cuanto lo siento !
     De Juan Bautista l’on retiendra les coups d’épée et quatre naturelles de face, au dernier de la soirée. Pour le reste, le sable et or de son costume se confondit avec celui du ruedo de Dax, au cours de longs monologues où il sembla se joindre au public, pour essayer de trouver… un peu de passion !

    Samedi 6 Septembre – DAX – Première corrida de la Feria de la Salsa 2008 – Plaza pleine – Tarde agréable et « sèche », après une matinée où la corrida de rejoneo de la Feria, renvoyée à cause de la pluie, subit le même sort, encore une fois : Six toros de Montalvo, de peu de trapio, le quatrième étant indigne de cette plaza. Le deuxième de la tarde sortit « descoordinado », et fut immédiatement rentré au corral. Son remplaçant, du même fer, fut le plus armé de la corrida, asfino et plus long que tous. Corrida faible, à peine piquée; sans race, excepté chez les deux derniers, le sixième rematant « vers le haut », qui blessa un cheval, en lui « montant » au cou, directement. Corrida noble, en particulier les toros de Bautista, et surtout le cinquième, pastueño, du nom de « Vigilante ». Toro noblissime et très limité de forces, à templer « avec des pincettes », ce que fit très bien el Juli. Hélas, corrida « morne », qui ne suscita aucune passion. Déception totale, des Montalvo, tant au « plumage » qu’au « ramage ».

      El Juli : Applaudissements au tiers ; Silence avec quelques sifflets ; Deux oreilles – A tué très vilainement ses deux premiers adversaires, multipliant sans honte des « julipiés » dont le public, peu à peu, découvre la supercherie. Certes ces deux toros « ne méritaient » guère autre chose, mais, renfrogné et comme « absent », Julian Lopez supporta la première charge du toro d’ouverture, dans chaque série, pour ensuite la conduire à son aise, notamment sur main gauche. Final par passes hautes et… passons à d’autres choses.
     Devant le troisième, qui s’arrêta, après trois doblones « hauts », et se mit à gratter consciencieusement le sable déjà meuble du ruedo, le Madrilène sut aguanter plusieurs charges « de rage  et sans aucune classe », sur la gauche, avant d’entendre des sifflets pour une conclusion sans honte, en sept épisodes (quatre entrées, dont un metisaca « muy feo », et trois descabellos.
     Heureusement, on retrouva le Juli « tel qu’il aurait du être dans un mano a mano, dès le paseo » : Ambitieux, vibrant, bref… « en figura ! » qu’il est. Dès sa sortie, le cinquième lui plut (à moins que le torero, d’un coup, ait décidé de hausser le ton, et gagner son semblant de duel avec Bautista), et Juli « joua » avec le toro : Tout d’abord, six véroniques en tablier, pied joints, sans bouger d’un centimètre, les bras et la ceinture « allant chercher » le toro qui passa en de nobles va et vient. En conclusion de cette brillante entame, une talaverana, une demie et grande rebolera. L’ovation éclata, enfin unanime. Au cheval… « un picotazo de na ! », et Juli s’envole pour un quite par « lopezinas », pas très limpio mais de gros effet sur un public qui, à ce moment, ne demandait qu’à s’enthousiasmer. Brindis à tous, décidé, et joli début par passses hautes, au tercio. Ensuite, la faena va devenir un festival de « douce puissance » : « accompagnant » les charges nobles et suaves du faible « Vigilante », Juli va se régaler en tirant doucement des droitières à mi hauteur, très templées, « codilleando » volontairement, toréant vertical, le coude cassé, avec grande douceur. Faible mais plein d’envie, le toro fléchit à plusieurs reprises, mais Juli lui donna confiance, au point d’allonger sa charge, sur main gauche, et de lui imposer au final de longues allées et venues, « à l’envers et à l’endroit ». Faena qui eut gros effet, bien que l’adversité fût infime. Comme le coup d’épée, bien que d’effet tardif, fut entier, décidé et « plus droit », semble t’il, les deux oreilles furent accordées, que le Juli promena avec aux lèvres un grand sourire enfin retrouvé.
     Juan Bautista : Une oreille (un peu protestée) ; Silence ; et Une oreille – A corrigé, en partie, le « mauvais souvenir » laissé au cours de la Feria. Certes le Français mit toute sa bonne volonté, tant au capote qu’à la muleta, mais c’est probablement à son épée qu’il devra une sortie en triomphe que l’on qualifiera « d’aimable et dépassionée ».
     Face au sobrero du même fer Salmantino, toro colorado, astifino, noble mais faible, Bautista monta une longue faena, propre mais sans passion, sans « la chispa ». Comme il tua bien et vite, une oreille tomba, bien généreusement.
     Devant l’affreux quatrième, qui ne fut protesté que lors de l’arrastre, le diestro « ennuya et s’ennuya », mais tua vite, la aussi.
     De fait, c’est encore devant le dernier que l’on retrouva, en quelques bons passages, le Bautista de l’an dernier. Toro castaño, bien armé vers le haut, qui « monta » immédiatement au cou du cheval, le blessant spectaculairement mais semble t’il, sans gravité. Toro « noblon » avec tendance à remater dur « vers le haut », ce qui empêcha une estocade à laquelle Bautista « dut penser », après une faena « longue  et intermittente », dont on gardera trois jolies naturelles de face et des enchaînements de bon aloi, près des barrières. Hélas, il y eut un pinchazo, précédant une nouvelle estocade, de gros effets immédiats. L’oreille fut accordée, permettant à Bautista une sortie « a hombros », un peu discutable, aux côtés d’un Juli qui a sauvé la corrida… « en six coups de cape ! »