DAX : « EL RIO… A COULE »
Une oreille à Perera, in extremis !

     18 Août : Deux toros faibles; un toro qui perd un sabot au cours de la faena ; un toro qui subit une grave lésion, d’entrée au ruedo, et, après vingt secondes  de tristes sauts de carpe, étendu sur le sable, se relève « descordinado »… il n’en fallut pas plus pour plonger la dernière corrida de Dax dans la torpeur et l’ennui.
     Les toros « del Rio » ont coulé !
     Malgré la présence du ganadero, les toros de Victoriano del Rio, très bien présentés et armés, ont fait couler la corrida, en partie sauvée par les deux toros du « second fer », de Cortes, l’un permettant au Juli de démontrer que « ça coince un peu, en ce moment ! », notamment en une détestable façon de porter ses estocades ; l’autre qui démontra le grand moment de Perera, même si la France, et en particulier le Sud Ouest, dédaignent à le reconnaître. Au milieu, Jose Maria Manzanares se contenta de quelque minimum syndical, face à deux toros tristes, l’un parce que flojo ; et l’autre parce que manso, aquerenciado en tablas.
     Restent « de bons détails » : Certaines naturelles du Juli, au quatrième ; Un pecho de Manzanares ; les delantales de Perera, au trois.. sa faena, au sixième. Et au milieu… coule une rivière d’ennui.

     Le dernier toro de la feria, un mastard portant le fer de Cortes, permit à Perera une faena « doucement autoritaire », avec une terrible facilité à lier les passes fondamentales, au point que cela en devient d’un « répétitif lassant » (quoique techniquement admirable) ; puis à enchaîner d’incroyables muletazos entrelacés, tricotés à l’envers autant qu’à l’endroit, au point que toros et publics en perdent la boussole, et que lui-même en tombe tout seul…
     Pourtant, le public reste froid, comme s’il hésitait à « se laisser aller à laisser éclater son admiration ! » Parfois, un « olé ! » commun est bien forcé de sortir de mille poitrines, tandis que cinq mille cœurs « soupirent » et siffloteraient presque « Ah, c’qu’on s’em.. nuie, ici ! »
     Sacrilège que cela, car, regardez bien : Perera « torée ! ». Il conduit le toro, il « impose » au toro, un trajet qu’il ne voulait pas forcément prendre ! Sa muleta est plane, rarement, très rarement touchée… et ses pieds sont bien à plat au sol… Señores ! On peut ne pas forcément goûter, mais en aucun cas « nier » !

     Reste la mélancolie !
     Reste « l’Agur », ce bel adieu à la feria de Dax 2008 !
     Reste le gamin qui torée de salon !
     Reste « la ilusion » de centaines de jeunes qui rêvent d’être un jour Fundi ou Perera…
     Reste « le respect » à la vieille dame, grande actrice Française, que l’on a voulu utiliser en un faux combat qui n’est pas le sien. Dax est « grande » ! On y est formidablement accueilli ! Alors, que personne ne vienne « salir », « médire ou mépriser »… car cela, ce n’est pas Dax !
     « Mala suerte ! », pour cette dernière de Dax 2008 ! Sous son panama, don Victoriano del Rio dira plutôt : « Mala pata ! »

    Dimanche 17 Août  - DAX – 5ème et dernière de feria – No hay billetes – Ciel magnifique: Six toros de Victoriano del Rio, dont deux (1 et 6ème) sous le fer de Cortes), magnifiques de présence les 1, 3 et 6, variopintos, bien armés, les 2 et 4 « tapandose con los pitones ». Hélas, le lot souffrit de nombreux accidents, les 2 et 3 « flojeando » d’entrée ou a mi faena ; le quatrième perdant un sabot, douloureusement, durant le trasteo, et le cinquième, se péguant « una costalada » dès sa sortie, s’écroulant d’un coup, essayant de se relever, en de douloureux sauts de carpe, se relevant enfin pour reprendre quelque course « en tanguant beaucoup ». Le président Amestoy sortit rapidement le mouchoir vert, ce que ne perçut pas le public, immédiatement (Une sonnerie « spéciale » aurait peut-être « centré » les attentions sur le palco). Sortit alors un sobrero de Abilio et Ramiro Hernandez, qui s’avère être le second fer de Los Bayones. Le toro à la tête bien frisée ne fit illusion que durant quelques instants… Dès le début de la faena, « canto la gallina ».

      Pourtant, les Victoriano avaient de la bravoure, comme le premier, romaneando al caballo ; le troisième, qui poussa « muy fijo en el peto…et se montrèrent nobles, en général… Mais, « faiblesse et accidents... Mala pata » !!!
     El Juli : Ovation rapide, et Silence – Ne semble pas très préoccupé de  faire plaisir au public. Si cela marche, tant mieux, sinon… quatre derechazos, deux naturelles, un « Julipié », et « adios, à la prochaine,  en Septembre ! ». Passe encore les faenitas, sans appuyer, comportant de très bons passages, mais en tout cas, il va falloir maintenant censurer avec énergie sa façon d’attaquer à l’épée. Ces deux pas de côté, avant même que la lame n’atteigne le toro, et « très bas » ou « loin, de côté », deviennent inadmissibles de la part d’un torero de cette trempe.
     Hier, à Dax, Juli n’était pas à son affaire ! Peut-être digérait-il encore mal le « Niet ! » de l’empresa, devant son « désir » de changer quelques éléments du lot de Victoriano qu’il avait été voir au campo, dit-on ! On retiendra cependant quelque quite, quelques derechazos au premier, qui méritait mieux que cette « faenita » rapide et sans âme ; et trois grosses naturelles au quatrième, devant lequel « il voulait » probablement, mais qui s’abîma durant la faena, perdant un sabot, avant de mourir, d’un Julipie sans respect. Devant le premier, l’épée fut plus infâme encore.
     Juli nous doit un desquite, et nous serons les premiers à chanter bien haut, une « vraie estocade », poussée « droit, et dans le haut ! ». Quand sera-ce ?
     Jose Maria Manzanares : Silence ; et Silence – Fut plus « impressionnant » dans ses dévotions avant que ne sorte son toro, que dans ses interventions.. lorsqu’il fut sorti. Mal servi, un peu goguenard, l’Alicantino fit un peu penser à Papa, quand il voulait à peine. Il n’était jamais « mal », mais démontrait… que cela ne valait pas la peine ! Son premier fut faible, et Manzana hijo « s’étira » sans grande conviction. Et lorsqu’il prit la muleta, devant le sobrero cinquième, il savait déjà que… Il avait raison, le toro filant aux barrières, à peine après un premier couplet. Mato rapido, sin mas !
     Pas de chance au sorteo… Certes !
     Miguel Angel Perera : Silence et Une oreille – Reçut son premier par delantales très propres, avant de débuter, impavide, par autant de passes hautes, sur place. Le toro, qui avait poussé bravement vers le centre, n’aguanta pas les allées et venues, finissant par avouer sa faiblesse. Perera s’arrima au soleil, jouant l’ombre et la lumière en des allers et retours qui ne passionnèrent pas. Une estocade, desprendida, en attaquant fort.
     Devant le gros dernier, Perera monta la faena « de maintenant », démontrant grand temple en plusieurs séries sur les deux mains, parfaites techniquement, mais « sans sel », et finit par « secouer le public » en plusieurs enchaînements alambiqués, à deux doigts des cornes, jouant plusieurs « pile ou face » qui méritent grand respect. Après pinchazo, Perera porta un gros coup d’épée qui tua vite en provoquant gros derrame. Une oreille… parce qu’il en fallait bien une !