SPECIAL " BAYONNE 2008"

 
BAYONNE  - Temporada 2008 

Lundi 14 Juillet – Novillada :
     Novillos de Santafé Marton, pour Marco Leal, Juan Luis Rodríguez et Miguel Tendero.
Samedi 2 Août – Corrida de Rejoneo:
     Toros de Niño de la Capea, pour Ribeiro Telles, Pablo Hermoso de Mendoza et Sergio Vegas.
Dimanche 3 Aout:
     Toros de Yonnet, pour Juan Jose Padilla, Julien Lescarret et Luis Bolivar.
Samedi 9 Août:
     Toros de Miura, pour El Fundi, Javier Valverde et Joselillo.
Dimanche 10 Août:
     Toros de Alcurrucen, pour Enrique Ponce, Juan Bautista et Daniel Luque.
Vendredi 15 Août:
     Toros de La Reina y El Tajo (Joselito), pour Victor Mendes, El Juli et Jose Maria Manzanares.
Samedi 30 Août:
     Toros de Palha, pour Rafaelillo, Diego Urdiales et Sergio Aguilar.  

Dimanche 31 Août:
     Toros de Valdefresno, pour Enrique Ponce, El Cid et Miguel Angel Perera

Concours des Novilladas non piquées, les matins des 14 Juillet, 10 Août (éliminatoires) ; et 31 Août (finale)

 
 

BAYONNE: « LA ROUTE DE SANTAFE… »

     15 Juillet : On peut s’imaginer ce que ressent un ganadero lorsque, pour la première fois, il passe « en piquée ». Surtout dans une plaza où il a conquis respect et lauriers en maintes prestations « sin picar ». Envie de crier, lorsque l’on ne met pas en valeur la qualité de ses produits… Envie de « rentrer sous terre », lorsque ses bichos fléchissent par trop… Envie d’embrasser la terre entière, lorsque le public, aficionados et néophytes réunis, ovationnent en chœur le trapio du magnifique sixième de la tarde…
     Pourtant, malgré tous ces sentiments mêlés, malgré le devoir en grande partie accompli, malgré les « Enhorabuenas ! » et autres « Félicitations ! », il sait très bien, le ganadero navarrais, qu’elle est encore longue… la route de Santafé !

     De même que longue, très longue est la route de trois novilleros de « corte » et de « trapio » différents. Certes, « être torero » est principalement le courage et le talent... mais aussi, et même avant tout, une certaine « esthétique » corporelle… Déjà à ce niveau, on peut dire que les trois toreros d’hier étaient « d’un corte » différent. Pourtant, leur volonté était la même, peut-être, mais disparate furent leurs manières et leur bilan.
     Marco Leal, auteur à notre goût, du meilleur quite de la tarde (les chicuelinas et la demie, à son premier) a connu des moments très estimables, avec cape, banderilles et muleta. Cependant, « tout en muscles », le jeune Arlésien aura toujours du mal à se classer dans les rangs des « finos ».
     A voir Juan Luis Rodriguez au capote, on peut penser que le frêle Albaceteño est justement, « un fino »… Hélas, plein de bonne volonté mais sans réel fil conducteur, du moins en ce jour, le garçon « accumula les passes », alla « de mas a menos » et finit de tout gâcher avec l’acier.
     Pourtant, la grande déception du jour fut Miguel Tendero. Curieusement cet autre Albaceteño, déjà « muy toreado », que l’on vit très bien à Madrid, dernièrement, n’est jamais sortie d’une élégance « artificielle », accentuant à outrance ses sorties du toro, après avoir toréé parfois « templado », mais relativement inélégant, la tête dans les épaules, la muleta bizarrement tenue, pointe du palo très haute, en un ensemble relativement « basto » et sans réelle ou « naturelle » expression artistique. De plus, un certain air compassé ne parvint en rien à « transmettre » par delà… le callejon où, apparemment, il fit quelque unanimité.
     « Pues lo siento mucho ! A mi, no me gusto na ! »  Mais… ce n’est là qu’une opinion!

     Bref, du toro et du Toreo pour tous les goûts, hier à Bayonne, en un 14 Juillet où le beau temps joua una mala pasada à l’Organisation : En effet, il faisait un « grand bleu », bien trop rare, cette année, sur notre Côte Basque, et beaucoup restèrent à la plage… Et pas que des touristes !
     Là aussi, on peut dire qu’elle est longue… la route de l’Aficion !

 

    Lundi 14 Juillet – BAYONNE – Novillada piquée – Demasiado poca gente ! – Grand Beau: Novillos de Santafé Marton, ganaderia Navarraise qui prenait du grade en faisant sa présentation « avec picadors ». Bonne présentation, en général, allant « crescendo de trapio », les deux derniers étant ovationnés à leur sortie. Guapisimos le burraco « Tranquilino » et le colorado « Estudiante ». Au moral également, les Navarrais se montrèrent très nobles, un peu trop faibles au premier tiers, « remontant » à la muleta, mais manquant peut-être de ce « nerf », de ce « piquant » qui avaient fait leur réputation, lors de plusieurs « non piquées », épiques, en ce même ruedo. Pour le torero, on retiendra le grand quatrième « Cancionero » et le sixième. Belle présentation du ganadero, même si elle n’est pas tout à fait « bonne ». 
     Poids de la novillada : 432, 468, 436, 493, 482, 486.

     Marco Leal : Vuelta après pétition, et Une oreille – A touché le bon lot, et s’est « multiplié » tout au long de la tarde. On l’aura préféré devant le premier, tant au capote (jolie demie, à la réception, et bon quite « chicueliné ») qu’à la muleta, en certaines séquences « bien tirées ». Faena « voulant faire bien les choses » à un novillo un peu tardo. Pour conclure, gros coup de rapière, un peu desprendido et une pétition d’oreille somme toute très logique.
     Devant le grand quatrième, très noble, qui demandait « confiance », temple et distance, l’Arlésien se mit trop « dessus » en un long trasteo sans grande classe mais toujours plein de volonté. Plongeant une lame contraire, qui tua vite, Marco Leal coupa la seule oreille du jour.
     Juan Luis Rodriguez : Silence et Silence – Se montra très élégant torero au capote, en une belle réception de son premier par quatre bonnes véroniques « pata palante » et gagnant du terrain. Il en fut de même au cinquième, mais cette fois, le remate se conclut par un capote mis en charpie. Hélas, à la muleta, le jeune diestro alla par deux fois, de très « mas », a très « menos », accumulant les séries et les suertes souvent bien débutées mais tournant mal, par faute de dominio. Comme il n’y avait pas de confiance, il tua mal, par deux fois. Il faut attendre, car le jeune « apunta » de la qualité.
     Miguel Tendero : Silence après un avis, à ses deux toros – Revenait après le dur accident vécu en un festival, près d’Albacete, il y a une quinzaine de jours. Bizarrement, le novillero « promesse » d’Albacete n’a pas paru au mieux, hier à Bayonne. Très avare de ses efforts au capote, en deux réceptions discrètes (deux bons delantales, au centre, à son second) Tendero se montra muletero décevant, toréant souvent templé, mais jamais naturel, la tête dans les épaules, « codilléant » beaucoup, bras raccourci, la pointe de la muleta en haut, en d’inégales séries, orphelines de réel dominio. Malgré les encouragements, logiques, du callejon, le novillero que l’on vit bien, lors de la dernière San Isidro, n’aura pas convaincu. Beaucoup penseront qu’il aura tout perdu en de calamiteuses entrées a matar, très « tendidas » (avec une vilaine atravesada au troisième)… mais on peut penser que c’est « bien avant », qu’il n’a pas convaincu.
     A noter « un pique », un duel aux quites, au cinquième de la tarde, entre les deux élèves de l’Ecole d’Albacete : Tendero et Rodriguez. Ce dernier répliqua « par chicuelinas » à une quite de son collègue « par chicuelinas ». On aurait peut-être souhaité plus de variété, mais « ya es algo ! ». De même, Marco Leal exécuta, un peu tardivement, un quite un peu laborieux, par lopecinas, au dernier de la soirée.
     En un mot, tarde intéressante où l’on aurait souhaité que « les toros et les hommes » eussent plus de… moteur !

 

« PABLO, PABLO, ROI DE BAYONNE !!! »

     3 Août: On laisse de côté les notes ! On ne va pas voir les sites des copains ! On se cantonne à des impressions, à des sentiments, à des coups aux yeux, des coups au cœur, des coups aux tripes. N’étant pas féru de Rejoneo,  n’en connaissant pas les secrets techniques, ou n’en sachant que quelques uns, je reste dans mon petit coin, j’observe et j’admire…

     J’ai vu, j’ai ressenti…
     Bon Dieu que la plaza de Bayonne est belle, lorsqu’elle est pleine et peinte de blanc et rouge, comme en ce samedi de fêtes, sous un ciel « grand azur ». Beaucoup de spectateurs, un poil imprévoyants, « manquèrent » le premier toro, pour être un peu arrivés « à la bourre », mais bon, en grande et belle convivialité, tout se passa bien, dans le meilleur esprit.
     Dieu que ces chevaux sont magnifiques, racés, attentifs à tout, en un mot très Toreros

     J'ai vu, j'ai ressenti....
     La corrida du Capea fut parfois impressionnante de trapio… de grande qualité. Certes un peu de mansedumbre, en particulier chez un premier, aquerenciado en tablas ; parfois quelque faiblesse, mais en général un allant, une fixité et une noblesse qui auraient pu « servir » en corrida formelle. En point d’orgue, le toro quatrième, excellent, et le cinquième, auquel on donna vuelta, car il servit Pablo Hermoso de Mendoza, dans son énorme succès. Pourtant, il me semble que le quatrième lui fut supérieur.
     Antonio Ribeiro Telles resta dans le classicisme des grandes castes de cavaliers Portugais. Il manqua son descabello au premier, écoutant une forte division d’opinions. Par contre, il coupe une oreille au quatrième, pour l’ensemble de sa prestation et un rejon de muerte d’effet immédiat. Un gros reproche : il « blesse » beaucoup ses chevaux, aux éperons.
     Sergio Vegas ne m’a pas plus « du tout »… mais ce n’est là que mon opinion. Cavalier peu élégant, le cou enfoncé dans les épaules, palliant un évident manque de classe et de préparation, par un dynamisme et un goût du spectaculaire frisant la vulgarité, surtout lorsqu’il obligea son cheval à s’agenouiller, alors que celui-ci, de forme évidente, ne l’entendait pas de cette oreille. Ce fut long, vilain et en aucun cas, torero. Lui, également « zèbre » les flancs de ses chevaux de longues traces rouges… que l’on effacera artificiellement pour le prochain paseo. Comme son confrère Portugais, Sergio Vegas cloua beaucoup « à la croupe », et ne dut de couper deux oreilles totalement « hors de propos », à son premier, que sur une banderille posée « al violin », et une estocade très efficace, portée avec une véritable épée de « a pie »… La surprise aidant, le rejoneador obtint là un triomphe qui, on l’espère, ne trompe personne.

     J'ai vu, j'ai ressenti... 
     Pablo Hermoso de Mendoza, authentique « Roi de Bayonne ».
     Cette fois, le Navarrais fut « énorme »… et à ses deux toros. Certes il manqua son descabello au premier, mais sa prestation avait connu des moments sensationnels, entre autres : Un desplante du téléphone, avec le sombrero, après seulement deux rejones de castigo ! Le passage de haut vol, monté sur « Silveti », un vrai frère de Chenel ; Les virevoltes sur « Fusilero », toujours aussi fringant ; et enfin la vaillance de « Pirata », au moment de l’épée, malgré la blessure de la veille, en plaza de Huelva. Deux oreilles en vue, sans contestation…   mais le cavalier manqua son final, au descabello, et l’ambiance « baissa d’un coup ». Beaucoup trop, d’ailleurs !
     Quand Pablo passa à côté du panneau indiquant le poids du cinquième (539 kgs), il fit le show, et le public d’un coup, sut que quelque chose allait se passer. Certes le toro fut excellent, brave et « con mucha fijeza ». Il dut se faire mal sur un quiebro, se retrouvant à terre et fléchissant sur plusieurs rencontres, mais ce fut un grand toro, que l’on récompensa d’une vuelta posthume. Cette fois, même si l’épée de rejon provoqua quelque hémorragie, l’actuacion de Pablo Hermoso de Mendoza fut  « énorme », complète, méritant tous les trophées qu’il reçut, dans une explosion d’enthousiasme collectif.
     Sensationnel sur « Chenel », en de longues poursuite « de costado », et des changements par l’intérieur, «  a dos bandas ». Des quiebros « au cordeau » et un gros bisou d’amour dans la crinière du grand successeur de « Cagancho ». Puis, la relève… Un cheval nomme « Icaro », qui a longuement templé, de flanc, à deux centimètres des cornes, en parfaite conjonction avec le torero. « Sensacional ! me parecio a mi ! »… et à toute la plaza. Enfin, le brave « Pirata », au moment des courtes à deux mains et du rejon de muerte…
     « Chapo, Don Pablo ! » Grande tarde ! Impeccable tarde! Enorme cavalier et grand showman ! Bravo, monsieur, pour ce « énième rabo », coupé en « votre » plaza de Bayonne. Celui-ci, à l’encontre de certains précédents, fut des plus mérités. Et la chaleur de la vuelta al ruedo, gentiment partagée avec le Capea, heureux ganadero du jour, le disait bien mieux que mille reseñas plus ou moins savantes.

     J’ai vu cela… et je l’ai « ressenti » comme cela. Et avec moi, je crois… beaucoup de monde !
     Enhorabuenas mil, Bayona !

     Samedi 2 Août – BAYONNE – Corrida de Rejoneo – Plaza pleine – Grand beau temps, chaud : Six toros du Capea, sous le fer de San Pelayo, bien et parfois « très bien présentés », avec mobilité et noblesse, en général. Aquerenciado en tablas, le premier ; un peu « quedado » le deux ; Excellents les quatre et cinquième, malgré une lésion, pour ce dernier. Vuelta posthume à ce toro, du nom de « Canastito », N°2, 535 Kgs.
     Antonio Ribeiro Telles : Silence et Une oreille – Perdit au descabello, probable oreille du premier.
     Pablo Hermoso de Mendoza : Ovation et Deux oreilles et rabo – Sensationnel torero et cavalier, grand maître et complice de ses chevaux : « Estella » (à la sortie), « Silveti », « Chenel », « Fusilero », aux banderilles. Mentions spéciales à « Icaro », en fin  de deuxième faena, et le brave « Pirata », qui tint son poste par deux fois, au moment de l’épée, malgré une blessure reçue la veille à Huelva. On notera que ces chevaux avaient voyagé toute la nuit et une grande partie de la matinée, en provenance de Huelva, au fond du fond de l’Andalousie.
     Sergio Vegas : Deux oreilles (très généreuses) et Applaudissements – Fit beaucoup de bruit « hors du toro ». Tua avec une épée de matador. Bien, la première fois, et « horriblement » la seconde. Pas facile !
     En fin de course, Pablo Hermoso de Mendoza, qui remporte une nouvelle fois le prix de la Peña Campera, sortit a hombros, en compagnie de Sergio Vegas.  

 

BAYONNE : « DESOLE, MONSIEUR ! »

     4 Août : Probablement un ganadero met il tous ses espoirs, toute son aficion et, disons le mot, tout son amour, dans son élevage - surtout s’il est de dimension modeste - et dans le choix des toros qu’il fera, pour se présenter dans une grande plaza. Aussi pourra t’on imaginer sa douleur lorsque, par des accidents de lidia, ses toros ne peuvent faire briller ses couleurs, ou qu’ils sortent mal, aux yeux du grands public, tandis que quelques pros y trouvent une poignée d’excuses plus ou moins valables.
     Désolé Monsieur Yonnet, pour la « double douleur » ! Celle de perdre un toro, sans qu’il n’ait pu combattre… et celle de voir ses produits « ne pas favoriser » les faenas que le tout Bayonne attendait, en cette corrida du « Dimanche des Fêtes ».
     Probablement ce sera « presentacion… y despedida ! », mais pour les deux, ce sera avec notre admiration, notre respect et affection Aficionada.

     La corrida est sortie « seria por delante », armée pointue et sérieuse dans le regard… Hélas, les toros avaient perdu beaucoup de poids au corrales, et le trapio global en montra quelques inégalités. Cependant, on restera sur l’impression générale d’un lot « très sérieux », spectaculaire au premier tiers, mais décevant par la suite.
     Pourtant on gardera avant tout la tristesse d’un incident qui, après celui du Torrestrella de Mont de Marsan, vint se répéter à Bayonne : Cité de loin, un toro va percuter le burladero et s’y tue, « desnucado ».
     Le quatrième toro de la tarde, second de Padilla, du nom de « Mournes », N°412, avait fait grosse impression, depuis qu’il était arrivé à Bayonne. Grand, puissant, armé large, le toro « était à tout », agressif, violent, au point qu’il avait fallu le séparer des autres, dans les corrales. Au moment de l’enchiqueramiento, il avait longtemps bataillé, le front haut, en perpétuel mouvement. Un tio!
     Quand sonnèrent les clarines de son entrée en piste, il dut multiplier ses coups de tête, tremblant de rage, au point que malencontreusement, la devise verte et blanche rencontra le frontal au lieu du garrot. Le front ainsi orné de rubans, « Mournes » déboula dans le ruedo, imposant à tout le monde le plus grand respect. Hélas, après deux courses, il répondit fort à l’appel d’une cape, au burladero des matadors. Le toro fonça, frappa et s’écroula, foudroyé, sa tête faisant « un drôle d’angle », avec le reste du corps. Exactement le même accident que celui du pauvre « Valenciano », au Plumaçon.
     Stupeur ! Douleur… et rage ! C’était la deuxième fois, au cours de la corrida que le peon de Padilla, Manuel Soto, particulièrement malheureux dans toutes ses interventions, faisait taper un toro. Déjà il avait vilainement envoyé le toro d’ouverture percuter la tranche du burladero, ce qui lui avait valu une juste, quoique un poil « grandiloquente » réprimande de l’alguazil. Mais là, le geste fut « fatal »: Il fallut puntiller la pauvre bête.
     Le bon professionnel qu’est Manuel Soto « a t’il fait exprès ».. ou a t’il agit « aux ordres », comme on l’entendait dire ça et là…?
     - On ose espérer que non ! Certes le geste demeure, mais la conclusion est accidentelle : Question « d’angle » de choc. D’ailleurs, il nous semble que sur la tronera du burladero, le premier toro aurait pu se fendre le crâne.
     Problème lié aux toros « agressifs », forts, sans grande fijeza, « qui ne calculent pas »… Le pauvre « Mournes » s’est jeté sur l’ennemi, mais « il est mal tombé ».  Affreux craquement et grosse douleur pour tous, excepté pour une poignée de rigolards qui n’ont plus rien à faire dans une arène. Bien sûr on demanda des comptes au subalterne, mais le mal était fait. Pour le ganadero, on imagine « le coup de poing au ventre… et au coeur » Désolé, monsieur !  

     La corrida, en son entier, n’a pas plu. Certes il y eut de belles sorties, de spectaculaires entrées au cheval, parfois même des indices de bravoure, mais ensuite, les choses partirent vers de vilaines demi teintes. Toros compliqués, souvent distraits, restant tête haute ; forces qui limitent les charges, provoquant d’agressives réserves, à grands coups de tête. Certes il y eut de bons passages, presque nobles, sur certaines cornes, telles les droites des deux premiers de la tarde... mais il n’y eut aucun toro « de faena », et donc… aucune faena complète.
     Chez les hommes, Padilla fit l’effort, devant son premier, toréant « plus reposé » que de coutume, sur corne droite. Face au sobrero de Cortijoliva, qui se blessa à l’avant gauche, il prétendit faire faena, mais le public ne l’entendit pas ainsi. Pour résumer le tout, on dira que, probablement, Padilla ne reviendra plus, ni à Mont de Marsan, ni à Bayonne.
     Julien Lescarret s’est battu, comme il le fait toujours, avec son coeur et ses moyens. On aura un peu de mal à comprendre, devant le deuxième, mansito distrait, à la bonne corne droite, d'abord qu’il ne fît pas taire la musique, ce qui lui aurait permit de fixer le toro « à la voix »; et deuxièmement, de ne pas revenir sur main droite (le bon côté), après avoir subi un premier échec, à gauche. Il y perdit probablement beaucoup, car le public, en sa majorité, était à ses côtés. Devant le cinquième, un sacré lascar aux terribles hachazos, le Français fut très vaillant, recevant un vilain paletazo au coude, et tua difficilement, car « la porte » était bien fermée.
     De son côté, Luis Bolivar aura fait preuve d’un courage serein, ce que l’on appelle « valor seco », restant bien ferme sur ses appuis, « pensant » devant le toro, et tirant les faenas que lui permirent deux bêtes sans fond ni classe… Tuant bas, mais vite, il coupa la seule oreille d’une tarde que le grand public de Bayonne voudra oublier.

     Une de ces tardes que l’on ne souhaite pas voir « se multiplier », dans une arène où, qu’on le veuille ou non, les spectateurs abonnés attendent « autre chose »…
     Difficile « alchimie » que de monter la temporada en plaza de Lachepaillet. Cette première, même si elle fut très sérieuse, ne peut satisfaire tout le monde, et rendre… le sourire et l’espoir. D’autant que le triste accident du quatrième Yonnet marquera la saison d’une vilaine pierre noire.
     « Désolé, monsieur Yonnet ! Ud no se merecia esto! »

     Dimanche 3 Août – BAYONNE – Corrida des Fêtes (3ème de la Temporada) – Trois quarts de plaza – Grand beau : Six toros de Yonnet, très sérieux de tête, astifinos, mais inégaux de corpulence. Les 1, 4, 5 et le burraco 6 firent impression à leur sortie. Comme on le sait, le quatrième alla se fracasser dans un burladero, s’écroulant, foudroyé. On dut le puntiller. Il fut remplacé par un Cortijoliva qui débuta manso acorralado, mais finit par s’allumer, arrivant noble à la muleta. Hélas, lors du deuxième tiers, il se blessa à l’antérieur droit, obligeant le muletero à abréger.
     Point positif de la corrida, sa promptitude et sa puissance au cheval, en des premiers tiers puissants, où les hommes et les chevaux de Bonijol s’illustrèrent souvent (les piqueros de Lescarret et Ismael Alcon, ovationné au dernier. Hélas le scénario changea, à la muleta, où les forces manquèrent, laissant place à « une défense agressive », souvent par le haut. Les trois premiers montrèrent de la noblesse : très claire, à droite, pour le premier ; « distraite » mais également « droitière », pour le deuxième ; un peu « sosa », pour le troisième. Il manqua au sixième « deux bons mètres de charge », pour laisser la torero « a gusto ». Le plus compliqué, de loin, fut le cinquième, aux terribles « hachazos », à droite, se laissant « à peine » sur main gauche.
     Poids de la corrida : 498, 522, 480, 557(s), 570 et 547kgs.
     Juan Jose Padilla : Silence et Silence – « Ne passe plus ! » Mal attifé, mal peigné, sans aucune espèce de classe, le Jerezano n’est plus le gladiateur qui avait électrisé les foules, en un récent jadis. Sa cape fut des plus banales, et ses banderilles de même. Le « violin » lui-même semble désaccordé. Cependant, on lui reconnaîtra l’effort fait devant le toro d’ouverture, brindé au duo « des alcaldes jumelés » : Yolanda Barcina, pour Pamplona, et Jean Grenet, pour Bayonne. Après un début « compromis », à genoux, Padilla donna de bonnes droitières, de qualité croissante, mais la trop longue agonie du toro, après un trois quarts de lame tendu, divisa fortement les opinions.
     Après l’accident du quatrième et devant le Cortijoliva, blessé à la patte, Padilla prétendit faire faena, mais le public l’en empêcha, en tout respect de la bête.
     Julien Lescarret : Ovation au tiers, par deux fois (avec quelque division) – « A fait face », avec toute sa volonté. Très habile et « bien » au capote, le Français s’est peut-être trompé (cela dit très respectueusement), face à son premier. Après avoir bien entrepris le distrait sur bonne corne droite, le torero alla se perdre à gauche, où le toro lui accrocha quelque muletazo, au point que tout vira vers le brouillon. Curieusement, Lescarret ne revint jamais « à droite », s’entêtant à sombrer… à gauche. Tuant d’une lame vaillante, notre Aquitain perdit encore quelques bravos, à cause du puntillero.
     Devant le cinquième, qu’aguanta formidablement Marc Reynaud en son deuxième puyazo, Lescarret se montra très courageux, car les terribles hachazos sur corne droite d’un toro « plus haut » que lui, en aurait dégonflé plus d’un. Là également le torero « aguanta » et réussit à arracher quelques bonnes gauchères, au coup par coup. Recevant un méchant paletazo au coude droit, le Français eut du mal à tuer : On ovationna le très bon premier pinchazo, mais ensuite, le toro « ferma la porte », tête en haut, « hachazo » assassin. En quatre voyages, Lescarret signa sa fin, et l’on respectera entièrement sa sortie.
     Luis Bolivar : Une oreille et Silence, après un avis – A signé une bonne présentation à Bayonne, avec cape et muleta. Pour l’épée, il faudra attendre. Certes l’épée entière qui clôtura sa première faena fut bien basse, mais le public demanda l’oreille et la présidence l’accepta. Jusque là, il faut bien dire que le Colombien s’était montré brillant et très torero, devant un bicho « flacon » mais astifino. Toro noble mais faible et soso, auquel Bolivar va servir une faenita sérieuse, sur deux mains, après une ouverture par cambio au centre. Très appliqué, pourvu d’un courage serein et d’une sobre élégance, Bolivar va tirer « ce qu’avait le toro », et tuer d’une entière bien portée, mais basse, d’effet immédiat.
     Devant le burraco sixième, magnifique, on lui applaudira sa réception de cape, en cinq véroniques et une bonne demie. Le premier tiers sera exemplaire, en deux piques courtes d’Ismael Alcon, ovationné à sa sortie, entrecoupées d’un bon quite par chicuelinas, bien rematées à la rebolera. Hélas, la faena coulera doucement, le toro manquant « de ce tranco », de ce « bout de charge » en plus, qui auraient permis au muletero « de se sentir ». Puis ce fut l’épée, et là, l’échec fut complet.
     Hier, en terres de Cesar Rincon, Luis Bolivar est peut-être entré dans la plaza des Bayonnais, avant d’entrer tout à fait... dans leurs cœurs.

 

BAYONNE: « A MALIN, MALIN ET DEMI! »
El Fundi sort a hombros de la Miurada

    10 Août: Il y a, en gros, trois sortes de passes de poitrine : la première, « gustandose », artistique et profonde, prenant loin derrière la charge du toro, et la lançant en avant, en le faisant tourner vers l’épaule contraire. C’est ce que voulut faire Joselillo, par deux fois, devant le sixième Miura, et par deux fois il se mit en danger. La deuxième est le pecho « en linea », lançant le toro droit devant, le parcours de la muleta restant parallèle à la ligne de charge du toro. C’est ce que fit, régulièrement Valverde, ce qui donna des images « propres » et spectaculaires, provoquant les bravos du public. La troisième enfin est de donner la passe, « echando el toro por fuera », le diestro restant d’un côté, et, de la pointe de sa muleta, « jettant le toro », littéralement, de l’autre côté. C’est ce que fit le Fundi, continuellement, parfois avec raison, souvent… par principe.
     Bien entendu, il est hors de question, ici, de critiquer le Fundi. Son  curriculum, son parcours, son courage, son sens de la lidia et sa toreria ne sont plus à vanter. Pourtant c’est aussi un malin, un vrai « batailleur », qui sait, en bougeant beaucoup et en criant un peu, convaincre bien des publics. C’est de bonne guerre et lorsque l’on sait ne pas être un artiste, « le métier » aidant, on trouve les recours pour « se gagner tout le monde », surtout lorsque, dans le ruedo, il y a… d’autres malins !
     Car ils sont malins, les Miuras !
     Même lorsqu’ils sont « prontos » et nobles, ils « regardent »  d’une drôle de façon. Ils « pèsent » sur l’esprit des toreros qui, d’entrée, se méfient… avec raison. Ils chargeront droit, clair et long, sur les deux premières charges, et « couperont » méchamment, le terrain ou le rythme, à la troisième. Alors, deux solutions : Ou l’on essaie de les toréer « classique », et advienne que pourra…!  Ou on est aussi malin qu’eux, d’entrée...! Fundi fait partie de la deuxième catégorie, et son mérite n’en est pas des moindres.
     Hier, à Bayonne, le Fundi a vaillamment « bataillé », d’abord devant un noble, puis un bien plus compliqué. Certes il coupa une oreille de chaque, mais sa sortie a hombros ne fut pas « chaude », comme lorsqu’elle est incontestable. Cela dit, « à malin, malin et demi ! » et Fundi fut bien plus malin que ses Miuras… et que ses collègues.

     Trop sage, trop sobre, trop vrai, Javier Valverde. On ne le changera pas… et c’est très bien ainsi. Pourtant, il lui manque cette « picardia » qui valent à certains de couper des sacs d’oreilles, à moindre mérite. Le Salmantino eut des très bons moments, hier, en une plaza qui l’apprécie grandement, mais ses conclusions à l’épée n’étant pas assez « nettes », il dut se contenter d’une chaude vuelta.
     Joselillo prétendit toréer les Miuras « comme des Domecq », et il faillit le payer cher. Après un début alluré, au capote, il oublia que les « doblones », secs et durs, par en bas, ce n’est pas que pour faire joli, mais bien aussi pour « tordre » le toro, lui dire que « le patron, c’est moi ! », bref… commencer à le dominer. Sur le premier pecho, Joselillo, « pas malin », prit le Miura dans la figure et partit au sol. Dès cet instant, le toro était le patron, et il le savait. Devant le dernier, probablement « possible », le Vallisoletano ébaucha le toreo « classique » et laissa la jambe, en plusieurs naturelles. Cependant, l’impression ne fut pas « complètement favorable », même après la meilleure estocade de la tarde.

     Restent les Miuras ! Des sacré malins qui, à Bayonne, firent bonne impression à la sortie, par leur mobilité, leur promptitude et leur allant, notamment au premier tiers. Il n’y eut pas, ou très peu de faiblesse (chez les deux premiers), et quatre toros au moins « acceptèrent » près de soixante muletazos… ce qui n’est pas commun. Cela dit, reste l’esprit « malin » des Miuras, qui fait que, dans les cuadrillas, personne ne se sent bien à l’aise, notamment aux banderilles (si tant est que l’on puisse se sentir « à l’aise », devant le moindre toro !).
     Et puis… en parlant de « malin », il faudra quand même que Mr Miura explique comment se fait il que ses toros, « qui ne sont jamais touchés », finissent régulièrement avec les cornes « en plumeaux », comme certains, au Plumançon, ou le sixième, hier, à Lachepaillet… Là également, « A malin, malin… trois quarts ? »

     Ah, au fait !!! Depuis le début de saison, Bayonne a droit à un véritable concert « de canards », à chaque sonnerie de clarine. Curieux de se mettre « à sept » pour si piètre résultat. Cela finit par tourner « au cachondeo ».
     Pas malin !  

     Samedi 9 Août – BAYONNE – Entrée bien décevante, pour les organisateurs (entre demie et deux tiers de plaza) – Grand beau : Six toros de Miura, bien présentés, dans le type, les hautes et longues carcasses cachant, à l’habitude, des poids importants (entre 566 et 610 kgs). Corrida d’une très grande mobilité, prompte et noble au capote. Fixité et allant aux piques, mais « topando », jouant plus sur « le choc » au cheval, que la franche poussée. Cependant, les Miuras firent grand devoir et les picadors, de même (formidable mobilité et aguante des chevaux de Bonijol), en quinze rencontres qui valurent quelques belles ovations aux cavaliers. A la muleta, le troisième, distrait, gazapon et violent, devint impossible, parce que jamais dominé. Les deux premiers furent nobles, et le dernier le devint sûrement. Toro « coriace » et violent, « interdit à gauche », le quatrième, tandis que le cinquième sans grande fijeza et tardo, ne permit aucun lié.
     El Fundi : Une oreille et Une oreille – Fit preuve en tout instant d’un grand « métier », notamment devant son premier qui semblait bien accepter la droite, en début de trasteo. Sur deux fléchissements (les seuls) du Miura, Fundi partit main gauche et imposa sa bataille en un final peu limpio mais vibrant. Après pinchazo hondo, une entière efficace, et une présidence qui obéit à la pétition, sans se faire prier.
     Le quatrième sera un tout autre client, sortant fort et violent, prenant trois piques et bondissant au visage du Fundi, dans un tiers de banderilles qu’il aurait du refuser. Faena « bataille », encore une fois, le diestro parvenant à tirer de très bonnes droitières, isolées, avant de jeter le toro « fuera » sur des pechos de défense. A gauche, le Miura interdit toute approche et Fundi continua d’attaquer à droite, avec intelligence et « gros métier ». Final « en castigo », genou à terre et desplante, dans la même position. Entrant habilement, Fundi laissa une lame « passée » et de desprendida, qui roula le Miura. L’oreille tomba, et le public en fut ravi.
     Javier Valverde : Ovation et Vuelta – Manqua deux probables oreilles, à cause de l’acier. Les deux descabellos qui scellèrent les longs effets retardés d’une lame trop courte, à son premier ; et l’entière au cinquième, qui se révéla « atravesada », au fur à mesure qu’elle ressortait, coûtèrent au Salmantino les récompenses qu’auraient méritées une première faena, propre et abondante, au noble deuxième ; et la seconde, volontaire, au coup par coup, citée à grands cris, devant le cinquième. Pour le reste, toreo « sobre », classique, sans fioritures aucune, un peu répétitif, peut-être, mais grandement sincère et « valiente ». Valverde est « vrai », du paseo à la sortie de la plaza. Et cela… c’est important. A son grand actif, une larga à genoux « très forte », devant la sortie impressionnante du cinquième, suivi d’un grand capeo. A Bayonne, Valverde paya content.
     « Joselillo » : Division, après un avis ; et Applaudissements -  N’a probablement lidié que peu de Miuras, ce qui lui valut grosse déconvenue, hier à Lachepaillet. Débutant très bien au capote, face au troisième de la tarde. Ce toro prit deux puyazos, « durmiendose » ou « saliendo suelto », mais un troisième en poussant. En un mot : « Un malin ! ». Aux banderilles, on le vit « remonter », arrivant à la muleta « como si tal cosa ! », en plein forme. Joselillo débuta par élégants doblones, peu appuyés, et une première série droitière à l’issue de laquelle, dans un pecho mal conduit, le torero se fit jeter au sol où le toro tenta de le chercher. A partir de cet instant, il n’y eut plus de doute : Le toro s’imposa, avec tous ses défauts (marchant, jouant les distraits, restant tête en haut !), et le diestro perdit pied. Souvent menacé, il termina en des doblones plus secs, insuffisants à fixer le toro, maître du combat. Ce fut le début d’un petit calvaire, épée en main, avec un avis et quelques sifflets (gentils) à la clef. Depuis le callejon, Fundi encourageait et conseillait, mais ce fut insuffisant : Le Miura était devenu le patron.
     Face au sixième, Joselillo eut de bons passages, notamment main gauche, mais son trasteo ne prit pas d’envergure, d’autant qu’il fut méchamment menacé sur deux pechos qu’il prétendait vouloir « tourner » sur l’épaule contraire (Ayant retenu la leçon, il tira les suivants « en linea »). Cependant, il laissa la jambe, en quelques bonnes occasions et, après pinchazo, porta l’estocade de la journée. Hélas, le public n’a pas suivi, malgré final spectaculaire, le toro campé sur ses quatre fers, la muleta posée sur le dos, en une estampe des temps anciens. Pas assez « malin  », Joselillo!   

 

BAYONNE : A CHACUN « SA » SIENNE !
Très sérieuse corrida d’Alcurrucen
Enrique Ponce, « en Numero Uno » !
Juan Bautista, en partie retrouvé.
Daniel Luque triomphe, “hors de son registre”.

     11 Août : Les absents ont eu tort… Peor para ellos !
     Est-ce une question de pouvoir d’achat ? – Probablement ! Demandez à Nicolas… lui seul serait capable de le nier !
     Est-ce une question de programmation, de date ou de cartel ?  - Certes il y avait « concurrence », et les Cebada de San Sebastian, dont le « partenaire » de Bayonne est également empresa d’Illumbe, ont du « piquer » quelques aficionados « que yo me sé » à Lachepaillet. Pour autant, seraient ils venus à Bayonne ? Eso si que no lo sé ! 
     Certes, d’aucun « de media aficion » autant que « de media casta » auront pensé que « Ponce, sur la retraite ! », que « Bautista, en pente douce ! » et que « Luque… qui c’est cui-là ? » Du coup, ils ne seront pas venus, d'autant que « Alcurrucen.... c'est commercial! »
     Et puis il y a la plage, qui ne coûte pas cher, sans parler de toutes les beautés du Pays Basque…

     D’accord, mais voilà… même si la corrida ne fut pas « triomphale », avec sortie a hombros et tout et tout, elle fut « importante », notamment sur deux points, essentiels :
     D’abord et principalement, parce que la corrida d’Alcurrucen est sortie « sérieuse » et supérieurement armée. Aucune corne n’explosa (n'en déplaise à Monsieur De Miura!!!), malgré de gros chocs, et les toros ne permirent aucune fantaisie.
     Ensuite, les hommes, dont les statuts très distincts pouvaient engendrer autant de diverses « attitudes », n’ont éludé aucun problème, ni aucunement tergiversé.
     « Lorsque ce fut impossible… c’est que c’était impossible! », comme pour Enrique Ponce, face au quatrième, et la majorité du public a eu rapidement raison des quelques braillards qui n’ont rien vu… ou rien voulu voir. Enrique Ponce s’est comporté en l’habituel grand maestro qu’il est. D’abord en une très bonne faena, face au premier de la tarde, « convaincu » en cinq premiers muletazos par le bas, de prime importance. Ensuite, et n’en déplaise à certains, face au quatrième, manso parado, refusant les capes, les banderilles et la muleta, en début de trasteo.
     N’importe qui l’aurait attaqué en grosse série de chasse mouche, et l’aurait trucidé « à la volée » et « como puede uno », avec force geste désolé. Ponce partit au combat, et faillit bien le remporter : Au début du trasteo, le toro avait « 25 cms de charge ». A la troisième passe, il en avait… 75 ! Une minute après, le morlaco prenait une mini série entière, sur main droite…
     Hein !! C’était donc cela, un torero « qui ne voulait pas voir ce toro » ?
     Ponce était parti « pour le convaincre », et il a failli y réussir. Peut-être eut il mieux fait de rester sur la corne gauche, car le Valenciano alla citer à la naturelle, et le toro, là, se refusa à la moindre négociation. Au retour à droite, c’était fini, et les efforts du torero furent vains. Alors arriva le petit chemin de croix : Le toro, tête en haut, regard perdu, encore entier et « attendant » le torero, devint impossible. Ponce, comme il est très logique et excusable, eut beaucoup de mal, avec l’épée.

     Juan Bautista s’est montré « torero » toute la tarde, montrant une « attitude » de tous moments, une volonté de bon aloi, toujours bien placé, allant aux quites, se montrant attentif en tout. Bautista a été « très bien », à Bayonne !
     Un seul petit reproche : Jean Baptiste ! Le Juan Bautista se l’an dernier aurait tenté un « recibir », au premier… et l’aurait réussi, malgré les cornes et malgré…tout ! » Et là… deux oreilles, au lieu d’une ! » Mais, c’est un tout petit, tout petit, reproche…
     Reste Daniel Luque ! Le jeune Sévillan de Gerena faisait sa présentation, hier à Bayonne. Il y a coupé une oreille, comme chacun des trois a coupé « sa sienne », mais de fait… Bayonne « n’a pas » vu Daniel Luque, et l’on espère que cette bonne et solide présentation vaudra au diestro « la répétition », de façon à montrer à Lachepaillet  « qui est le vrai Daniel Luque »...
     En fait, on l’a juste « entre-aperçu » en trois véroniques, au sixième, un toro sérieux, dont la noblesse et l’alegria permettaient de penser que le jeune artiste avait là « son » toro : Un toro « con motor », noble et plein de mobilité. Peu importent alors les cornes et la caste ! Bien au contraire !
     Déjà le torero « voyait » sa faena, et nous avec lui, toute de fluidité, dans le classique; et de mains détails « de gusto », que seuls peuvent dessiner quelques artistes « privilégiés », devant un toro de combat… Hélas, dès les premiers muletazos, le toro s’arrêta, et c’est à « grands coups de courage » que Daniel Luque le fit passer, parfois très bien, et lui monta une faena, close d’un gros coup de rapière.

     Hier, chacun a coupé « son » oreille. Pas de jaloux ! Chacun « sa » sienne ! Et, même s’il n’y eut pas de « grande porte », les trois diestros ont « honoré » leur paseo à Lachepaillet : Daniel Luque est bien « entré » ; Juan Bautista « demeure » ; quant à Enrique Ponce, c’est bien simple… « il ne sortira jamais ! »     
     Oui vraiment, hier à Bayonne, les absents ont eu tort !

     Dimanche 10 Août – BAYONNE – 2/3 de plaza – Tarde très agréable : Six toros d’Alcurrucen, diversement mais bien carrossés, mais tous armés « sérieux » et « astifinos ». Au plan trapio on retiendra le quatrième, un tio de 546 kgs, alton, montado et très imposant ; le sixième, très bien fait et le colorado troisième, toro « guapo » mais que l’on ne put voir.. En gros, trois toros « qui permirent », à divers degré : Le deuxième, noble et s’améliorant ; le premier, qui, en d’autres mains, n’aurait peut-être pas eu tel rendement ; le dernier enfin, sorti allègre et restant noble, mais tardo, freins souvent bloqués.
     Pour ce qui est des trois autres : Le quatrième fut un méchant manso, transformé en bloc de marbre, bien piqué par Saavedra (n’en déplaise à certains) et forcément mal banderillé, ce qui n’arrangea rien. Peut-être eut on du prendre, « là-haut » la décision du cambio, bien avant. Le troisième fut très mal piqué, « muy trasero », malgré les récriminations du torero. Le toro ne voulut plus de la muleta. Carton jaune au piquero ! Quant au berrendo cinquième, très armé, il se montra brave, « con fijeza », aux deux puyazos de Monnier, mais partit vers « soson et quedado » à la muleta de Bautista.
     Enrique Ponce : Une oreille et Ovation, qui éteint les sifflets – A, une fois de plus, et « en cinq doblones », gagné une nouvelle bataille, démontrant à tous, si besoin était, que de « Numero Uno », il n’a y en a qu’un. Très armé son premier, qu’il fixa tranquillement au capote, lui apprenant, déjà, à charger. Après avoir « percuté » plus que poussé le cheval, le toro arriva avec une certaine violence au troisième tiers. Et là, en cinq doblones, bien appuyés, techniques autant qu’élégants, et deux pechos, en terrain des barrières, le Valenciano a montré qui était le patron. Ensuite, la maestria a parlé, en particulier sur main droite, mi-acier mi velours, tandis qu’à gauche, les enganchones du début furent efficacement oubliés. Faena de figura « qui a encore soif », tant de toro que de gloire. Faena de torero et de torero-aficionado. Tuant d’une demie tendue et un peu de côté, Ponce coupa une oreille (si cette faena « vient » au quatrième, « corta dos »).
     Face au fameux quatrième, tandis que les banderilleros souffraient en vain pour poser un bâton « à la media vuelta »; tandis que les siffleurs… sifflaient, et que la présidence aurait du « changer » plus vite, car le toro ne pouvait « qu’empirer », Ponce faillit bien gagner son pari : Faire charger ce toraco qui ne le voulait absolument pas. Sur quatre muletazos droitiers, à la fois doux et impératifs, le maestro réussit le tour de force « d’allonger » la charge, d’un bon mètre. Il y eut même une série de trois derechazos très convaincants, bien close au pecho. Voulant « essayer » la même tactique, à gauche, Ponce se heurta à un dur refus, et quand il voulut revenir à droite, le toro s’était définitivement décomposé, arrêté…  Ponce essaya, vainement, et dut renoncer…Evidemment, le toro restait figé, tête en haut, le regard un peu « perdu », ne se fixant sur rien. Comme on pouvait s’y attendre, le moment de l’épée devint très dur, et Ponce dut pincher beaucoup, vilainement, avant la casi entera, basse, libératrice. Certains continuèrent à siffler, mais la majorité avait compris. Enhorabuena, Monsieur Ponce !
     Juan Bautista : Une oreille et Ovation – A fait plaisir à voir, par son attitude et sa volonté de chaque instant, beaucoup plus « engagées » qu’en ce début de saison. D’entrée, il plaça un bon quite par delantales, au toro d’ouverture, puis dessina une faena « a mas », faite de temple et d’élégance, au bon toro deuxième, bas de caisse mais très armé. Faena classique, débutée plein centre, faite de séries posées, essentiellement sur main droite, bien rematée, et close de bernaldinas, après avoir fiché l’épée dans le sable. Attaquant fort, au volapie, le Français porta une lame desprendida et coupa une oreille méritée (qu’il aurait peut être doublé, s’il avait tenté le recibir).
     Le cinquième démontra de la bravoure à la pique, mais « tourna » rapidement au soso, noble mais fade, sans transmission aucune. Là, Juan Bautista insista, avec beaucoup de volonté, mais ne put remonter la pente d’un ennui naissant. Lo mato perfecto.
     Daniel Luque : Ovation  et Une oreille, forte – Ne put que partiellement démontrer sa toreria et un avenir que l’on souhaite florissant, parce qu’il toucha deux toros « à contre style ». Pourtant, Daniel Luque a remporté un succès prometteur.
     Le troisième, magnifique colorado, sortit abanto, distrait, comme grand part de la corrida, et ne se laissa pas toréer de cape. Hélas, et malgré les indications du patron, le piquero porta deux puyazos terribles, très en arrière, dévastateurs. Le toro accusa immédiatement le châtiment, devenant tardo, quedado. A la muleta, Luque ne put que « se mettre dessus », arrachant les passes, une à une, certains excellentes, en un combat sans relief ni chance de succès. On l’applaudit fort, après un bon trois-quarts de lame. Faena « trabajadora », laborieuse… Mais çà, « ce n’était pas Luque ! »
     Lorsque sortit « Cumbre roja », magnifique dernier, on reprit l’espoir en cinq véroniques et belle demie, en marchant vers le centre, dont deux où le diestro « se gusto », en un geste lent, abandonné. Toro d’espoir, noble et allègre, que Luque fit très peu piquer, afin qu’il gardât son allant. Hélas... peut-être quelque capotazo de trop, à la brega ? - Toujours est il que dès le brindis à tous, le toro se retint, refusant toute charge longue et répétée. Déçu, en un premier temps, le jeune Sévillan, très bien encouragé par une cuadrilla « qui croit en lui », entama une dure bataille de porfia, en un très courageux « arrimon » où il prit souvent de gros risques. Ce ne fut pas une faena fluide, mais peu à peu, Luque put lier deux, trois passes, et même joliment remater de grands muletazos, à la fois pleins de force et de toreria. Faena « a mas », qui en a surpris plus d'un, close d’un gros coup d’épée « en mettant tout », qui roula spectaculairement le toro.
     Daniel Luque, un torero à revoir très vite en cette plaza… car, s’il fut très torero, il ne put être « en artiste », par la force des choses. Au fond, c’est peut-être le seul regret en une tarde, sérieuse, où les absents on eu tort.

 

BAYONNE: « LE FEU D’ARTIFICE » DU 15 AOÛT
Grande corrida de Joselito
Enorme pundonor de Victor Mendes
Une oreille pour Juli et Manzanares.
Emocion y casta !

     16 Août: Lorsqu’arrive le 15 Août, sur la Côte Basque, on parle beaucoup d’une chose, presque d’une seule : le célèbre feu d’artifice de Biarritz. De toutes parts touristes et « locos » locaux accourent et s’agglutinent en grappes vivantes, pour voir « de belles bleues » ou de « belles rouges » qui font « pchttt boum ! » dans le ciel… Les snobs sirotent leur champagne, au Palais; et le bon petit peuple « bouffe ses sandwiches » sur la plage...
     Le feu d’artifice de Biarritz, le 15 août, est connu du monde entier. On l’attend et l’on en parle, dans les gazettes… On en fait même des reportages vaseux… sur la 6. Bref, c’est « l’événement » de chaque 15 Août, sur la Côte Basque.
     Eh ben… pas cette année !
     Rassurez vous, il y a bien eu « feu d’artifice », en ce 15 Août 2008, mais à Bayonne, et durant deux heures !
     En voilà un qui, vraiment, valait le déplacement, même si au départ, la pluie voulait en mouiller toutes les fusées…

     Bon ! Soyons sérieux ! La corrida du 15 août, à Bayonne, fut un véritable feu d’artifice « de caste et de pundonor ! »
     Caste, force et noble agressivité, chez les toros du Tajo, dont le propriétaire, Jose Miguel Arroyo « Joselito », était présent, discret, en un burladero du callejon…
     Pundonor chez un « monsieur » de cinquante ans, qui eut maille à partir avec deux toros différents en leur comportement, devant lesquels il démontra tout ce qui fut sa force… il y a quelques années. Enhorabuena, Monsieur Victor Mendes !
     Une fois les abrazos et les poignées de main, avant le paseo… se retrouver seul avec sa peur et son envie, face à de tels toros, dut être un sacré moment « intérieur » à passer… Hubo que tragar quina ! Mais le diestro Portugais l’a fait, et de belle manière, d’abord en toréant « a gusto », puis en se battant comme un vieux chien, pour finir par imposer sa volonté, et « sa droite », à un toro qui n’en voulait pas. Ensuite, bien sûr, l’épée fut « sa croix » et le diestro frôla au quatrième, la méchante cornade et les trois avis. La présidence « pardonna » les derniers, et un grand quite salvateur évita la première. Deo gracias !
     Bien sûr, les oreilles « s’envolèrent », mais il n’était que de voir tout le monde applaudir, dans le callejon autant que le tendido, pour sentir à quel point l’émotion était forte, tout simplement parce que l’on avait retrouvé « un torero », avec ses qualités et ses défauts, face à de grands toros, forts et agressifs… O sea : « Toros de verdad ! »

     Enhorabuena au ganadero !
     En de telles circonstances, face à un tel cartel, on pouvait logiquement s’attendre à une corrida « de dulce ». D’ailleurs, l’encaste Domecq des toros du Tajo semblait le suggérer. Hors, surprise du chef, la corrida sortie « très bien faite », avec un cinquième au port superbe, mais c’est surtout dans son comportement qu’elle a surpris, puis ravi le public.
     Mobilité « totale », force, caste et grands moments de bravoure… Et avec cela, s’il vous plaît… de la Noblesse ! Mais attention, pas de la noblesse « baveuse », dégoulinante… genre « trois longues charges, entre deux génuflexions.. » Non pas ! Ce fut de la noblesse agressive, solide et « qui dure »…
     Certes, il y eut bien « un garbanzo » qui ne voulut pas jouer le jeu, et n’en fit qu’à sa tête… Mais peut-être son matador en fit il de même ! Cela ne fera en rien oublier cinq toros « importants », qui furent la parfaite illustration de cette « émotion » qui réunit tout le monde, Aficionados et néophytes, quand la Fête est belle.. simplement parce qu’elle est vraie !
     La corrida d’hier à Bayonne, véritable « feu d’artifice » de caste et de pundonor, tant chez les toros que les hommes… est la meilleure « plaidoirie » pour défendre la Fiesta Brava, la vraie « Fête des Braves ». Je n’en connais pas d’autres !

     Victor Mendes « s’est magnifiquement fait plaisir » devant son premier, fort et très noble. Certes, il y eut des passes, le corps « trop courbé », avec « un peu » de pico… mais c’est bien normal, et à vrai dire, « un infime détail » au côté de « l’envie » et de « la toreria »… Et cela, dans les trois tiers !
     A cause de l’épée (qui ne fut jamais son fort), le diestro perdit là un premier trophée. La rage et la fatigue, sous la grosse averse. 
     Par contre, Mendes nous a « sciés », face au quatrième : Un toro « grand », solide, méchant, qui « remonta » beaucoup, après deux piques et demi, au point que Mendes ne put se risquer à banderiller. Un toro « vorace », qui mangea tout, et voulut « tout dévorer », à droite. Malheur à qui voulait s’y risquer... 
     Mendes s’y risqua, en force et en courage, sans esthétique et en pleine bagarre. Ce n’était pas beau, mais « prenant ». Problème apparemment insoluble ! Mais c’est là que le Portugais se comporta « en grand torero », au point que, quelques minutes plus tard, Oscar Chopera lui-même en battait des mains : Avec patience et grand courage, Mendes fit accepter sa muleta, côté gauche, tirant des naturelles de plus en plus longues, de plus en plus « redressées »… et il n’eut de cesse de batailler, jusqu’à imposer une grosse série, courte mais « complète et muy limpia », sur la corne droite.
     Le toro était « scié »… et nous l’étions tous autant ! A que si ?
     Ensuite, ce fut « la guerre » ! La faena avait été très longue, comme une vraie bataille de tranchée… et les dernières attaques, « à la baïonnette », furent bien difficiles. A un moment, on douta, et de son côté le torero « s’abandonna » presque, se sentant « cogido », contre les planches. Heureusement, « un ange », vêtu de vermillon et noir, passa par là, en un geste salvateur. Merci pour lui, monsieur Antonio Rodriguez.
     Et en passant, merci au président, qui eut « la sensibilité » de mettre le plus long intervalle qu’il n’y eut jamais entre le deux et troisième avis. Un puntillero qui « loupe », un toro qui se relève, un descabello qui hésite un peu… pura mala suerte, l’espace de trois minutes ! No pasa nada !
     Grand moment que cette ovation, unanime, qui salue le torero…
     Grand moment que ces cris qui demandent « la vuelta », malgré les pinchazos, malgré les avis…
     Au diable « les us et coutumes », « fuera, los reglamentos ! » Place à l’émotion vraie, et à la « sensibilidad ». Et là, oui, ce fut un vrai feu d’artifice « de sensibilité  Aficionada ».
     Monterazo, Victor ! Chapeau, Bayonne !

     Il y avait bien longtemps que l’on n’avait pas vu « courir » le Juli ! De fait, le madrilène « ne se sentit » jamais, devant un premier adversaire, à l’agressivité désordonnée, qui « marchait beaucoup » et « regardait » tout autant. Juli, soyons francs, ne voulut pas se compliquer la vie, pensant vite en terminer. Mais là, problème : le « Julipié », superbement répété à cinq reprises, ne fonctionna pas… On vit alors « comment » le Juli « attaque », bien souvent, à l’épée. On appellera cela « le rincon d’Ordoñez… mais « en haut » !
     Heureusement, ce sacré Juli a de la caste à revendre, qu’il démontra face au cinquième, toro imposant, « alton » et fier comme douze Artaban, à sa sortie. Faena de poder, de technique, close de spectaculaires statuaires. Le Juli de toujours !

     Et puis… Manzana ! Sa première faena fut  de pure esthétique, avec des moments, des remates de vrai « Arte rondeño » Pourtant… il nous a bien eus, le Manzana ! Dès le capote, « le » bon piton du toro était le gauche, mais l’Alicantino, à part en quelques naturelles où il n’appuya jamais, resta sur le droit, alternant le léger et le plus profond. Cependant, bien conscient de la qualité « gauchère » du toro, il plaça de nombreuses « inversées », du plus belle effet…
     Faena de grande plastique, notamment dans les remates  et surtout, les pechos… mais faena hélas gâchée par un horrible metisaca, qui en termina prématurément avec le brave. Una lastima !
     Puis vint le sixième, qui mit deux terribles batacazos au picador, avant de prendre un premier vrai puyazo, au cheval de réserve, et un second, dans une grosse « vuelta de campana ». Manzanares eut de bons moments, tua en deux temps et coupa une oreille…
     On l’aura vu mieux ailleurs, un autre jour, mais quand même, certaines images resteront gravées, bien rangées au côté de celles de son père… D’autres viendront, plus belles encore !   

     Corrida « très importante », parce que « corrida vraie » ! C’est probablement ce que soulignèrent les grandes ovations, à la sortie des toreros, et cette ultime, qui fit sortir le ganadero « a saludar ! » Enhorabuena à Mendes, à ses compagnons, au ganadero !
     Mais, ne nous trompons pas ! Hier, c’est la Fiesta Brava toute entière, qui était « de enhorabuena ».

    Vendredi 15 Août – BAYONNE – Plaza pleine – Pluie durant les deux premiers toros, puis « l’éclaircie belle » !: Six toros du Tajo, propriété de Joselito, de belle présentation (cinquième, superbe à la sortie !), très corrects d’encornures, tenant fort sur leurs pattes, courant de tous côtés, sans s’essouffler, « cartonnant » durement, au cheval et finissant « avec beaucoup de moteur », à la muleta. Malgré de durs châtiments, les toros « remontèrent » souvent, mettant les toreros à dure épreuve, (notamment le quatrième). Mais « caste noble », en charges rudes, continues. Seul les deuxième de la tarde se montra retord et « de mala leche », marchant sans cesse sur le torero, et ne tenant pas compte des engaños.
     Emotion spéciale, lors du premier tiers du sixième toro, du nom de « Afanes » - 516 kgs : Le bicho mit d’entrée un terrible batacazo au cheval de Bonijol, le piquero remontant en selle, durement secoué. Pourtant, dès le deuxième choc, le cheval partit à nouveau au sol, faisant craindre quelque blessure. Sans se faire prier, « Afanes » partit au cheval de réserve, qu’il poussa durement, et aurait probablement posé d’autres problèmes, si une grosse vuelta de campana ne l’avait un peu calmé. Gros impact final, sur une corrida qui en comporta d’autres.
     A cinquante ans, Victor Mendes revenait, l’espace d’un jour, en une plaza où il compte de nombreux vrais amis. En fin de paseo, Jean Grenet, député maire de Bayonne, lui remit un souvenir d’honneur, célébrant son passage, et son histoire en ce ruedo.

 
     Victor Mendes : Ovation ; et Grande ovation, après deux avis « et demi », avec vuelta demandée par le tendido – Par sa décision, son « envie » de tout moment, dans tous les tiers, son intelligence et son courage, Victor Mendes a donné une grande tarde, en son  retour à Bayonne.
     Face au premier, du nom de « Alabastro », un toro noble mais sans niaiserie aucune, le diestro Portugais se montra « comme en ses meilleurs jours », avec le capote (grand quite par chicuelinas), et en trois paires de banderilles « a mas », le toro lui touchant le chaleco, à la deuxième, et le bras, dans la grande troisième paire, de dentro pa fuera. Sa faena commença en de durs doblones par le bas, qui montrèrent la voie au toro, berreon noble mais encasté. Les séries qui suivirent, main droite, débutèrent un peu « encorbao », mais peu à peu se redressèrent, en une faena longue, qui alla « a mas », le torero se montrant « a gusto » en de nombreux passages, sur les deux mains, tandis que le ciel lâchait toutes ses eaux, faisant craindre pour la suite du festejo. Hélas, la mort fut bien laborieuse, et Mendes perdit là une première oreille.
     Le quatrième toro, du nom de « Damasco », fera suer « la gota gorda » au diestro. Un toro dur, solide, agressif, déjà très châtié à la pique, mais qui « remonta » fort, dès le quite. Toro très encasté, qui rendit la tâche difficile aux banderilleros de la cuadrilla. Toro très violent, très rude à la muleta, cherchant le coup dur, à droite, mais s’avérera un peu plus « possible », à gauche. Mendes s’en rendra compte, après avoir durement bataillé, sur la droite. Deux séries de naturelles allèrent « crescendo », en qualité, le diestro « ne lâchant rien », jusqu’à finir par s’imposer sur main droite, en une courte série de grosse intensité, « muy limpia », close d’un bon pecho. Chapeau ! Après quelques molinetes et un desplante souriant, il fallut bien se décider à tuer… et là, ce fut difficile.
     La faena - brindée à ses jeunes et illustres compagnons de terna - avait été très longue ; le toro gardait de l’agressivité, et l’on savait bien que « s’il loupait, à la première… ! » Et c’est ce qui arriva ! Il y eut trois pinchazos, le diestro se trouvant en grave danger, à la barrière (grand quite salvateur d’Antonio Rodriguez) avant une demi lame qui fit son effet. Mais il fallut descabeller, en deux temps, le puntillero ayant relevé le bicho.
     Deux avis avaient sonné…depuis longtemps. Pourtant pas un sifflet, mais une immense ovation que le diestro salua, avant d’être prié de donner… une grande vuelta d’honneur.
     « Saluons le torero qui passe ! Enhorabuena, Monsieur Mendes ! »
     El Juli : Division avec sifflets ; et Une oreille – Aura connu « les deux côtés de la chance », ce jour à Bayonne. Sous la pluie, il fit ce qu’il fallait, à la réception de son premier, en sortant vers le centre. Ensuite...
     Après un dur châtiment, le toro reste « muy suelto » et arrive « andarin », marchant beaucoup, à la muleta, faisant mine, très vite de « rajarse ». Il semble que le Juli ne veuille pas trop se compliquer la vie, et souhaite en finir vite. Malheureusement, le matador se montrera bien peu avisé, pinchant vilainement cinq fois, devant même « courir » à la quatrième, avec un palo de muleta, rompu. Vilain passage du Juli, illustrant ici, sa technique du « Julipié », qui fonctionne si bien… quand elle fonctionne.
     Heureusement, on connaît la caste, la race, du torero, et le grand cinquième allait lui permettre de démontrer, tant à la cape qu’à la muleta, technique et poder, en une faena comportant de bons enchaînements, main droite, et un joli final, par spectaculaires statuaires. On partait pour grand succès, mais il y eut cette demi lame qui ne tua pas, et deux descabellos un peu tardifs. Vuelta rapide.
     Juli peut être « mille fois mieux », et nous le savons tous. Lui aussi !!!
     Jose Maria Manzanares : Ovation après un avis ; et Une oreille – En un « grand moment », Manzana hijo reçut magnifiquement le troisième, à la cape : Véroniques « de gusto », et « a gusto », surtout sur le piton gauche. Le toro « fusera » de loin, au piquero, provoquant batacazo après longue poussée. Ensuite, il multipliera les galopades, d’un bout à l’autre de la plaza. Manzanares débutera par doblones suaves, le toro plantant ses cornes au sol… Suivra une longue faena, principalement sur main droite, sans « attaquer » beaucoup, mais intercalant des passages de grande plastique.
     Il semblait bien que le « bon piton » était le gauche, mais le diestro ne s’y força guère, préférant jouer « l’esthétique » et la sécurité, muleta en main droite, y compris par longues et belles passes inversées…sur piton  gauche. Faena « très agréable » à suivre, avec de grands  remates et superbes passes de poitrine. Une oreille « pointait fort », mais le matador mit un terrible « metisaca », très bas, qui fit son funeste labeur… Division dans les gradins, qui se transforma en ovation, après ce mauvais coup, accidentel.
     Devant le sixième, qui fit le premier tiers que l’on sait, le diestro se montra ferme et torero, alternant les séries sur les deux mains en une longue faena, classique, sans fioritures excessives. Tuant en deux temps, Jose Maria Manzanares fut invité à se joindre à la Fête des Braves...
     ... Car ils les furent tous, ce jour, devant des toros « de vérité ». Du moins c’est ainsi que le virent ceux qui demandèrent au ganadero de saluer la dernière ovation d’une belle journée… même si elle fut bien mouillée.

 

BAYONNE : « LE CIEL SUR LA TÊTE ! »

     31 Août : Pour une fois, la météo avait dit vrai : « Orages dans la soirée ».
     Le tout était de savoir exactement « A quel moment de la soirée ? »
     Le ciel a patienté, patienté… puis, las d’attendre, il a tout lâché !

     « Le ciel sur la tête ! » - Débandade dans les gradins… et dans les esprits, hier à Bayonne, pour la fameuse corrida de Palha, qui devait rabibocher l’aficion Bayonnaise avec sa plaza.
     En fait… le ciel tomba « sur toutes les têtes » !
     Tout d’abord, « réellement », par un de ces orages d’été qui éclata en fin de spectacle, provoquant l’évacuation rapide des « ex » tendidos sol ! Après la canicule de  ce dernier samedi d’Août, ce fut presque une bénédiction… pour ceux qui étaient à l’abri !
     Puis, « symboliquement », car la « fameuse » corrida de Palha n’aura rien « rabiboché » du tout, tant avant la corrida, qu’après. A en voir la pauvre entrée (mais oui !) dans une plaza « réputée » Aficionada tournée vers le toro, on pourra se demander combien de temps encore les organisateurs mettront à comprendre que Bayonne est, en sa majeur partie, « Torerista », tout au plus « Toreista », et non « Torista à tout crin ! » ?
     « Pourquoi osez vous dire cela, espèce de vieux... présomptueux? » - Tout simplement parce que la « psychologie » du public Bayonnais est celle… de tant de plazas : « On vient « voir » et « s’y faire voir ! » On vient voir… des faenas, des oreilles coupées, des triomphes ! Mais pour la plupart, on ne saura pas « pourquoi » on a coupé les oreilles, ni « en quoi », tel triomphe est plus important qu’un autre ! 
     « C’était beau… parce que l’on a joué la musique !!! »  - Hombre !!!
     Et c’est bien là, le problème ! Que fait-on, à Bayonne, deux heures après les corridas de septembre… jusqu’à une heure avant la novillada de Juillet ?
     - On vaque à autre chose, notamment au sacrosaint « Rugeby », et l’on s’en fout bien des toros. A part les cinquante « cinoques » qui suivent l’actualité taurine, jour après jour, et qui se retrouvent, dans les clubs et peñas, pour suivre les grandes ferias, en direct à la télé… dites-moi où est l’Aficion, à Bayonne ? Aussi, « on va aux corridas »,  « parce qu’on nous a dit » que tel ou tel torero « est bon ! » ; parce que la corrida « c’est joli ! » et qu’on y rencontre tous les Bayonnais… quelquefois « comme dans un salon où l’on cause ! »  Mais, comme on a (du moins, certains !!!) « l’orgueil » d’être « la première plaza » de France, du moins historiquement, on veut miser beaucoup sur « le toro », ce qui est tout à fait honorable et totalement respectable, mais avec un public… qui ne sait pas tout à fait ce qu’il va voir ! D'où... déception.. et désertion!
     Bien entendu, tout cela ne fera pas plaisir… Pourtant, si l’on ne veut pas prendre encore « des tonnes de ciel sur la tête », il va falloir songer à retrouver le vrai équilibre qui faisait « Bayonne », en ces grandes années : Non « des grandes vedettes, devant des « moustiques », mais… « des vedettes devant des toros « normaux », tant au plan « présence » que « probable comportement ». Ainsi la corrida de Joselito, le 15 Août ! Ainsi la corrida de La Campana, l’an passé ! Ainsi la logique fidélité à Valdefresno… Ainsi, tant d’autres !

     « Le ciel sur la tête ! »
     Hier, les Bayonnais auront été « perturbés » par une corrida qui a fait « illusion », en des premiers tiers où la violence et la sauvagerie ont fait la pige à la bravoure, excepté en de rares mais longs moments… comme celui où le deuxième de la tarde, « encelado » au cheval, poussa et repoussa pendant plus de trois minutes, baladant le cheval sur plus d’un demi tour de ruedo, ne le lâchant qu’à regret.
     Certes il y avait de la bravoure, ici… car il est probable qu’ « Asustado » serait revenu à la deuxième, et aurait agi de même. Mais ce fut bien tout… car le reste fut « genio », « sentido », charges et demi charges, freins serrés, en cherchant le perpétuel coup dur, se retournant violemment au milieu de la passe, tirant derrotes et « gañafones » à qui veut s’y frotter…
     Alors, le « toristas » ou pseudo tels, prennent fait et cause pour les toros, allant jusqu’à ovationner quelque arrastre, aussitôt contredits par ceux qui « attendaient » autre chose… « une faena, je ne sais pas moi !!! ».
     Dans cette division, chacun ira de son commentaire, et « à sa façon », chacun aura sa part de raison… Mais en cela, dans ce capharnaüm d’émotions et « d’impressions », comment donnera t’on à chacun la conviction et l’envie de revenir, l’an prochain ?
     Ne nous trompons pas ! Si la plaza ne s’est pas remplie, hier, c’est en partie parce que Bayonne ne se remplira jamais, au seul nom d’un ganadero, et surtout parce que la majeur partie de ceux qui sont venus, (et à plus forte raison, ceux qui ne sont pas venus) ne connaissait par les toreros qui faisaient le paseo… « On avait lu » que Rafaelillo avait été bien, devant les Miuras, à Pamplona ou Mont de Marsan… Certains, qui aiment le bon vin, savaient vaguement que Diego Urdiales avait régulièrement triomphé, dans sa Rioja natale… Seuls les journaux parlaient de l’oreille de Madrid.
     Quant à Sergio Aguilar… « qui c’est, cui-là !!! »
     Alors, on misa « tout sur les Palha ! » On protesta d’entrée les deux premiers, dont les cornes parurent bien amochées… Et, comme cela s’améliora, par la suite, on attendit chaque fois « le suivant », avec l’espoir d’une faena possible… Mais, « le ciel sur la tête ! », on fut tellement dérouté que « lorsqu’il y eut « une faena », très torera, superbement valeureuse… on ne la vit pas ! Certains même allèrent jusqu’à siffler !  

     En fait, c’était le « cui-là » en question, qui, avec un courage à couper le souffle, s’est mis à tirer d’incroyables naturelles, citées et tirées avec grande pureté, devant un toro qui lui, n’en avait aucune… Le « cui-là » en question, Sergio Aguilar, un torero jeune, avec un sitio étonnant, devant le toro. Une vrai promesse… qui toréait là sa cinquième corrida de l’année.
     Il essaya tout, faisant les choses « très bien », dans son placement, dans ses sites, dans son aguante… Il alla « tenter le diable », en citant le géant sixième, plein centre du ruedo, pour une passe changée dans le dos. Au moment de l’embroque, « tout le monde baissa la tête ! », mais le toro passa, n’emportant… que la muleta. Menos mal ! Un vrai courage « à l’épreuve des bombes ! » Et deux faenas qui méritaient plus de récompenses…
     Oui mais voilà! certains n’apprécièrent pas le final du troisième, à toro « amocillado », tandis que la majorité filait « aux abris », quant s’écroula le sixième… Sergio Aguilar donna une vuelta qui « sonnait » à une oreille, forte, en or, pour l’ensemble d’une prestation « torerisima » !
     Oui mais voilà : Les « Toreristas » souhaitaient « plus et mieux », probablement, que ce qu’ils ont vu… Et les « Toristas »… n’ont pas voulu voir ! Quant à ceux qui se faisaient une impression sur « le combat de l’homme « en fonction du toro qu’il avait en face ! », ils restaient admiratifs. Mais ils étaient bien peu.

     Corrida très dure, violente, déroutante, dont chacun aura tiré ses conclusions.
     Le ganadero sera peut-être content… Libre à lui !
     L’organisation aura-t-elle perçu un message que le public lui fait passer, de la plus mauvaise, mais logique façon qui soit… en ne venant pas ? 
     Noyés de sueur, roués de coups, les toreros se demanderont ils « si cela vaut la peine de continuer » ?
     – Allez donc savoir !  Hier à Bayonne, certains seront sortis « à demi contents », mais pour la majorité… « le ciel leur est tombé sur la tête ! »

    Samedi 30 Août – BAYONNE – 2/3 de plaza – Corrida débutant sous le soleil, le ciel s’obscurcissant d’un coup, avec grosse averse au sixième toro – Du vent par rafales, en début de course : Six toros de Palha, inégaux de trapio, dont le gigantesque sixième souleva « admiration et crainte ». Protestés les deux premiers, pour des armures abîmées (« Réminiscence » des précédents scandales Palha !) Les autres sortirent astifinos. Six de souche Baltasar Iban, qui se montrèrent violents en tout instant, notamment en des premiers tiers spectaculaires et mouvementés, prenant de grosses rations de fer, sans plier, mais sans réelle bravoure.

      A signaler le puyazo interminable que prit le deuxième de la tarde, du nom d’ « Asustado », le toro chargeant et rechargeant au peto, sans que personne ne puisse l’en décoller. Toro « encelado en el caballo », poussant avec fixité, tout au long de la barrière, sur plus d’une demi arène, « remettant les reins » à deux longues reprises, en un puyazo « qui en valait bien huit ». Toro « brave », peut-être, probablement ! A moins qu’il soit « fiero », tout simplement.
     Au troisième tiers, les Palha sont arrivés avec une violence, un genio, un sentido… que certains appelleront « caste ». En fait, ce furent des toros périlleux, « à la défensive », chargeant « à demi », « se freinant » et « reponiendo », se retournant dans la passe. Ajoutons à cela des coups de tête « à vous arracher la vôtre ! », et l’on aura le panorama… de quatre des six Palha.
     En partie « acojonado », surpris par le courage et l’adresse d’Aguilar, le troisième accepta de « medio charger ». On aura également « un petit doute » sur le quatrième, qui, en des mains moins nerveuses et virevoltantes, aurait « peut-être » pu rompre « a medio  bueno ». Pour le reste « violence et mauvaises idées ». Pouah !!!
     En fin de paseo, une minute de silence, transformée « en minute d’ovation », comme hommage de Bayonne à Charly Forgues, qui mena la destinée de la plaza, avec la force et l’Aficion que tous lui reconnaissaient. En ce même hommage, les toros de Palha sont sortis avec la devise noire.
     « Rafaelillo » : Ovation après un avis, à chaque toro – Fut le torero virevoltant et trépidant de toujours, palliant par son entrain et sa volonté, son manque évident de technique et de classe. Il mena son premier « là où le vent soufflait le plus », et tira, « agachado et aidé de l’épée » des demi naturelles sans espoir de réussite. Tuant habilement, il fut généreusement applaudi.
     C’est au capote, face au quatrième, que Rafaelillo connut son meilleur moment. Parce qu’ensuite, brouillon dans ses idées autant que ses actions, le Murciano ne put qu’aggraver les méchantes tendances d’un toro qui, au début, « semblait vouloir charger ». Forcément, il y eut punition, sous la forme d’une voltereta et d’une dangereuse « paliza » au sol, et les choses allèrent « de mal en pis », heureusement scellées d’un coup d’épée encore une fois très habile.
     Diego Urdiales :
Silence et Silence – N’aura pu convaincre personne. Débutant bien, devant le fameux « Asustado », qui avait fait le premier tiers que l’on sait, Urdiales se retrouva rapidement devant « un marmolillo » acceptant « trois centimètres » de charge, en insistant beaucoup.  Le Riojano fut également très habile, à l’épée, mais le toro « se résista », recevant grande ovation, à l’arrastre.
     Le cinquième, « un tio », provoqua un gros batacazo avant de prendre « double ration », par le réserve. Arrivant à la muleta, aussi bronco qu’affaibli, le toro se mit en réserve encastée, ne permettant que trois passes droitières bien isolées, à un torero que le public avait pris en grippe. Tuant habilement, d’une contraire, le Riojano entendit une courte division.
     Sergio Aguilar : Silence après avis ; et Vuelta sous l’averse – Aura été le héros trop « méconnu » de la tarde. En effet, le jeune Madrilène s’est montré « sensationnel » de vérité, face au troisième de la tarde, parvenant, à force de courage serein et de technique irréprochable, à tirer une « demi faena », entièrement à gauche, aguantant les « regards » et les « idées » du Palha, se replaçant et citant « de verdad », parvenant à tirer de muletazos « limpios », insoupçonnables, après les trapazos que l’on avait vus jusque là. Faena un peu longue, que certains trouvant « pesante », alors que le jeune diestro « pressa le Palha comme un citron »… Entrant bien, le diestro laissa une entière (en terrain de toriles) qui tarda dans son effet, le toro se couvrant, amorcillado. Silence totalement injuste, et applaudissements au toro, tout aussi injustifiés.
     Devant le gigantesque « Cesguno », toro sixième, de 605 kgs de violence et d’armure, Sergio Aguilar « osa » débuter par un cambio de dos, plein centre. Le toro passa, arrachant la muleta, tandis que le public hurlait de peur. Chapeau, Torero ! Ensuite, très calme et hyper courageux, Aguilar essaya de toréer « limpio », agantant de gros coups de tête et arrachant de bons muletazos, isolés, clos de pechos en « pile ou face ». Faena « solide », pleine d’un courage serein, admirable, close d’un coup d’épée entier, vaillant, défectueux mais efficace. L’orage éclatait, qui couvrit la pétition, et le torero donna insuffisante vuelta, tandis que tout le monde s’échappait sous l’averse.
     Oui vraiment, à Bayonne, ce fut « le ciel sur la tête »… à tous points de vue !

Première « finale » des non piquées :
     Samedi 30 août au matin – BAYONNE
– 1ère « finale » des novilladas non piquées de 2008 – Petite entrée – Soleil implacable (+de 30°) : Quatre erales de Meynadier, dont un excellent, sorti troisième. Les autres, mansitos, berreones, pleins de mobilité mais tête souvent « a media altura ».
     Cristian Escribano :
Une oreille de chaque novillote – Eut des moments très toreros, mais « allant a menos » chaque fois, avec un moment d’asphyxie, à mi-faena du troisième (préparation physique à revoir). Tuant habilement, Escribano remporta la majorité des trophées.
     Raul Rivera :
Vuelta et Une oreille – Fut plus brouillon et bien moins brillant que lors de la novillada éliminatoire. Toréant avec une cornada reçue la veille, le jeune diestro multiplia les tentatives « de quiétude et de classe », mais en vain. Au cours de sa deuxième faena, la douleur fut patente, et le garçon montra un courage évident. Tuant rapidement, Rivera garda l’estime et l’affection du public. Mais il perdit la finale.  

 

BAYONNE : TRIOMPHALISME… LOGIQUE !
Trois oreilles "de divers calibre", pour Miguel Perera et El Cid
Grande faena de Ponce à un grand toro de Valdefresno.

     1er Septembre : « Cqfd !!! » Ce qu'il fallait démontrer!
     La corrida d’hier à Bayonne, à en voir la majorité de visages ravis, à la sortie, est l’exacte démonstration de ce qui a été écrit, la veille, en cette même page, après « la tempête » Palha. Malheureusement, elle est aussi la démonstration qu’il va falloir que le public Bayonnais arrive à faire la part des choses, de même que les présidences.
     Sur les sept oreilles concédées hier en plaza de Lachepaillet, on en gardera, selon notre goût… quatre : Une pour le Cid, au cinquième ; Une de chaque toro, pour un Miguel Angel Perera « insolent » de sitio et de temple ; Et enfin une « en or massif », pour Enrique Ponce, magistral devant un grand toro.
     Hélas, la tarde « logiquement triomphaliste » fut lancée par une pétition « vociférée » mais très minoritaire, que le président ne put qu’accepter, règlement en main…

     « Logique triomphalisme ! » d’un public, sevré de faenas et de belles envolées, durant presque toute une saison.
     « Logique triomphalisme » de la part d’un public, avide de voir  des vedettes, « bien toréer et couper les oreilles ! »…
     Mais ojo ! « Logique triomphalisme… devant une corrida très correctement présentée et armée, bien plus sérieuse que ce qui sort actuellement dans les ferias Espagnoles.
     Bref, « logique triomphalisme » de la part d’un public avide d’applaudir et d’admirer « Toros y Toreros ! », ce qui « quand même », l’objectif de la Fiesta Brava…

     Hier, les toros de Valdefresno sont sortis « abantos », distraits, fuyards, faisant de multiples ballades dans le ruedo et refusant gentiment de se plier au jeu des capes. A la pique, ils furent parfois surpris par le premier fer, mais firent leur devoir au second. Et au troisième tiers, ils se partagèrent entre qualités et défauts : La qualité de la noblesse, et le défaut de la mansedumbre, qu’elle soit franchement déclarée, comme celle du premier, aquerenciado en tablas ; ou plus ténue, comme celle du troisième, chargeant bien, au centre, jusqu’au moment où il décida de partir aux barrières. Mansedumbre « noble », qui aura hérissé les amateurs de « l’autre mansedumbre », celle qu’ils disent… « encastée ».
     Puis il y eut deux toros : les quatre et cinquième. Toros « muy guapos, los dos », dans la carrosserie et l’armure. Le quatrième garda une noblesse forte, que Ponce sur mettre à profit, s’enroulant le toro dans une faena classique, illuminée d’adornos et de remates de grande classe, et marquant la différence, par l’étendue de son registre artisitique. Faena « de deux oreilles », la seule de la tarde, hélas gâchée par un pinchazo qui faisait trop penser aux sept qui avaient déçu tout le monde, face au manso premier. Comme l’épée suivante fut discutable, le Valenciano « perdit la seconde », mais « se garda » la première, au cours d’une vuelta « de vraie apothéose ».
     « Pas à dire, M’sieurs dames ! Il y a Ponce… et puis les autres ! »  Et aujourd’hui, plus que jamais !

     Les autres, parlons-en un peu :
     Un Cid « laborieux », très court de registre, parfois bien nerveux, frisant une hystérie que l’on souhaite feinte ou savamment orchestrée, lorsque l’estocade est entière. Passe encore au cinquième, qui roula sin puntilla, plus « par accident » que sur l’effet d’un gros volapié. Mais on censurera le gros théâtral, après l’estocade atravesada « qui ne tua pas » son premier, l’obligeant à un descabello «éminemment tardif ». Pour le reste, le Cid de Salteras sut enchaîner les passes au deuxième, en se mettant d’accord avec lui, sur le terrain du burladero des matadors. Et il monta longue faena à un cinquième qui arriva à la muleta « trop piqué », après s’être rompu au cheval, sur le foutu deuxième puyazo « obligatoire »… Toro « pastueño », d’une noblesse molle, dont la race lui permit de rester debout et suivre la muleta du Sévillan, au long d’une interminable faena qui ne passera à aucun « baul de los recuerdos », cette « malle » dans laquelle on garde les grands souvenirs.
     Ce que l’on gardera, par contre, c’est l’immense « sitio » qui est aujourd’hui celui de Miguel Angel Perera. Par delà les longues séries, douces et suavement templées, qui firent la majeur partie de ses deux faenas, c’est « l’envie », c’est « la vista », c’est « l’insolente facilité » dans des remates ou sur des recours instinctifs, lorsque le toro charge par surprise. Toujours élégant, superbe, le torero se sort de la situation « d’un quart de muleta », transformant le moment de risque en une « étincelle artistique ». Actuellement, Perera « voit tout, très clair ! Très facile ! » Ainsi sa façon « d’encelar », de fixer l’attention et la charge du sobrero sixième, avec un capote « qui joue » avec le toro, parfaitement « planchado » et d’une magnifique efficacité… Sensationnel, Perera, en toréant ce sixième « a placer », lui tirant de longues séries sur les deux mains, tandis que les photographes maudissaient la lumière évanouie… Et, au final de la faena, ce cambio dans le dos, doublé, qui d’habitude, est passe « d’ouverture », lorsque le toro est surpris, déboulant de loin, en pleine force « aveugle ». Là, le toro arrive « au pas », et sait de quoi il s’agit. Le risque est multiplié, même si le toro est noble et soumis…
     Pundoroso, clairvoyant, sûr de sa technique et de son envie, y compris avec l’acier, Miguel Angel Perera est bien le torero « embalado », qui marquera la saison 2008. Même si Enrique Ponce, reste… le maître !

     En  cette clôture où tout le monde s’en fut heureux sinon « totalement comblé », Bayonne aurait du avoir « un geste » de spontanéité… un geste « Aficionado » : C’est d’unir Enrique Ponce à la vuelta « a hombros » de ses deux collègues… Oui mais voilà ! Certains parlent « de règlement » ! Un peu comme ce deuxième puyazo « obligatoire », à un toro qui sort « picado » du premier…
     Ponce n’avait coupé « qu’une oreille » ! Exact ! Mais sa faena valait bien l’entier de toutes les autres. Et puis… le règlement « imaginaire » parle « de sortie a hombros por la Puerta Grande », mais pas… de vuelta a hombros.  Et hier… Ponce en méritait deux, aux côtés de ses collègues !
     Mais… ce n’est qu’une opinion ! Cosa de… « sensibilidad ! »

    Dimanche 31 Août – BAYONNE – Plaza pleine – Grand beau, revenu : Toros de Valdefresno, bien présentés et armés, en un lot de « trois et trois », les quatre et cinquième étant particulièrement « guapos », applaudis à la sortie. Le sixième était de même conformation, qui fut renvoyé au corral, peut-être un peu vite, pour un problème de train arrière. Calambre, ou lésion ? Le sobrero fut du même fer, du nom de « Cigarro », dans la bonne lignée des « tabacs ».

          Toros qui sortirent tous « abantos », fuyant des capes, distraits, sueltos, sin fijeza. Mais toros qui « se prirent au jeu », peu à peu, arrivant « très nobles » aux muletas, même lorsqu’ils avouaient une certaine mansedumbre, comme le firent les deux premiers, partant clairement aux barrières. Le troisième agit de même, mais de façon plus discrète, après avoir longuement obéi… au centre. Le quatrième montra une noblesse plus encastée, plus forte, après avoir franchement poussé au cheval de Saavedra (que buenos toreros, los caballos de Bonijol !). Le cinquième sortit « picado » du bon premier puyazo. La « règle » l’obligea à une deuxième rencontre où le toro « s’employa » beaucoup : outre le fer reçu, le toro glissant sous le cheval, multiplia les efforts pour soulever le tout en essayant de se redresser. Résultat : chute à la sortie et gros moment de faiblesse, en début de trasteo. Mais « la race » était là, et le toro, déclinant grande noblesse, ne tomba plus. Bien lidié, le sobrero sixième arriva « noblisimo » à la muleta de Perera.
    
A la fin du paseo, l’on remit au Cid, de façon bien trop discrète, le trophée au Triomphateur de la San Isidro. Hombre ! Cela méritait « une autre annonce », « une autre cérémonie » et donc, l’ovation qui en aurait découlé. Digo yo !
     Enrique Ponce : Division après avis ; et Une oreille « forte », après un avis – Essaya deux petites choses pour garder le premier dans sa muleta, lui qui ne pensait qu’à filer à sa querencia des tablas. Hélas, le Valenciano, très propre jusque là, se mit à pincher feo, à sept reprises. Le public se divisa gentiment tandis que Ponce rageait comme un novillero.
     Devant le quatrième, piqué par le succès des collègues autant que par sa propre aficion, le maestro de Chiva dicta d’entrée son chemin au toro, par quatre doblones bien bas, bien appuyés, histoire de dire « qui était le patron ». Ensuite, on « déroula » ce qui est « une faena » d’Enrique Ponce : c'est-à-dire : Technique, courage et suprême élégance. En un mot cela se résume en « immense Toreria ». On gardera des séries droitières où le toro semble tout à coup ralenti. On gardera du toréo lié, galbé, magnifiquement efficace. On gardera les adornos, le remates de série, le final de faena, tout en profondes enluminures. Bref, « le » grand Ponce de toujours, face à un grand toro, très bien armé. Hélas, il y eut un pinchazo et une quasi entière, verticale et de côté. Un avis tandis que le toro s’écroulait et « une, sur les deux ! ». La vuelta fut « una gozada », pour tout le monde !
     El Cid : Une oreille (très généreuse) et Deux oreilles (en logique conséquence) – Toréa longuement, longuement, toute la tarde, mais sans « le sel » qui fait la gloire du Cid lorsqu’il doit s’imposer à un toro dur, «con mala leche ». Les Valdefresno d’hier « la tenian buena ! » et le Cid s’empêtra un peu dans un toreo long, répétitif et « court de registre » au niveau artistique. Mais comme à Bayonne, le Cid est resté, et restera, celui « du rabo au Victorino », il réussit ce qu’il entreprend, même s’il n’y a vraiment pas de quoi se relever la nuit.
     Le Sévillan trouva la solution, devant le manso deuxième, qui l’obligea à lier quelques passes par le haut, collé aux tablas, sous le palco des invités. Estocade contraire, atravesadilla, qui ne fit aucun effet, malgré les gestes grandiloquents d’un Cid apparemment vainqueur. Après descabello bien tardif, le public rugit sa pétition, tandis que les mouchoirs blancs disaient « minorité ». Très « démocrate », le président accorda une oreille… qui faussa toute la suite.
     Devant le très noble cinquième, qui débuta faiblot, le Cid multiplia des séries inégales, sans se trouver totalement « a gusto », multipliant des « doubles pechos » particulièrement inutiles. Faena très longue, avec une ou deux séries de trop, véritables « polycopies » des précédentes. Pinchazo et grosse épée, avec le toro qui trébuche à la sortie, faisant croire au magnifique « sin puntilla ».
     Miguel Angel Perera :
Une oreille et Deux oreilles – A démontré, ce jour en Bayonne, qu’il n’est plus le torero « plat » et « presque vide » des précédentes temporadas. Ses interventions sont maintenant marquées d’une vraie personnalité torera, notamment par l’élégance, le suave de ses passes, et l’insolente facilité avec laquelle « il voit » le toro. Hier, on lui vit des choses importantes, outre ses logues et douces faenas, qui disent à quel point le jeune Extremeño « a soif » de toro, et « voit clairement » ce qu’il doit faire, dès la sortie de chacun.
     Sensationnel, dans sa façon de fixer avec le capote, en jouant « par devant », l’attention du sobrero. Muy torero ! De même certains réflexes, d’une incroyable facilité, dénotant « sitio, ganas y coraje ! », au cours de ses deux faenas, taillées sur le même patron : Longues séries, suavement liées, notamment sur main droite, et toréo « raccourci », lorsque le toro baisse de régime. Et encore, il  n’abusa point des incroyables enchaînements, à bout portant et… à couper le souffle, qu’on lui a vus ailleurs. Et pour finir, « l’envie » de bien faire la suerte de matar. Ce ne fut pas parfait, devant le troisième. Ce le fut, pratiquement, face au dernier.
     Au cours de cette longue marche triomphale, en 2008, Miguel Angel Perera a conquis une nouvelle place… Bayona ! Et c’est très bien ainsi !
     En fin de corrida, El Cid et Perera sont sortis a hombros, tandis que Ponce, « à pied » entendait une immense ovation. La plus grande, pour… le plus grand !  

Deuxième « Finale » des non piquées :
     Dimanche 31 Août, au matin – BAYONNE
– 2ème finale des non piquées – Grande entrée : Quatre novillotes magnifiques de Jean Louis Darré (« Camino de Santiago »), nobles les quatre ; un peu flojitos les deux premiers ; sensationnels les deux suivants. On donna vuelta posthume au troisième. Mais le quatrième… tambien ! Grand lot, insuffisamment ou mal exploité par les apprentis toreros.
     Au final, le ganadero fut uni au triomphe du vainqueur désigné : Mathieu Guillon.
     Thomas Dufau : Une oreille et Une oreille – Paraît bien en deçà des promesses de l’an passé. Toréant « despegado », « amanerado », avec de nombreux temps morts, « mirandose mucho », il ne fut guère convainquant, d’autant qu’il tua « bas ». Oreilles, sollicitées par les « inchas ».
     Mathieu Guillon :
Une oreille et Une oreille – Toréa très bien de capote, en des véroniques « senties », pata palante… On aurait aimé retrouve cette qualité, cette spontanéité torera, artistique, à la muleta. Cependant, même si le jeune diestro a « de la race », c’est à la barrière qu’il quêta trop souvent les choses à faire. Tuant vite et fort, mais bas, Mathieu Guillon remporta une rencontre où il n’y eut que peu de competencia. En effet, les deux jeune diestros partagèrent tout, du quite al alimon, jusqu’à un tiers de banderilles cité « en duo », à la cadence de la musique, qui fit gros effet sur le public.

     Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, peut-être, mais le chemin pour être « torero, de verdad ! » est bien plus dur encore. Et ce n’est pas « en applaudissant tout et « en régalant des oreilles » que l’on forge les futurs bons toreros de demain… En France comme ailleurs !