BAYONNE : A CHACUN « SA » SIENNE !
Très sérieuse corrida d’Alcurrucen
Enrique Ponce, « en Numero Uno » !
Juan Bautista, en partie retrouvé.
Daniel Luque triomphe, “hors de son registre”.
11 Août : Les absents ont eu tort… Peor para ellos !
Est-ce une question de pouvoir d’achat ? –
Probablement ! Demandez à Nicolas… lui seul serait capable de le nier !
Est-ce une question de programmation, de date ou de
cartel ? - Certes il y avait « concurrence », et les Cebada de San
Sebastian, dont le « partenaire » de Bayonne est également empresa d’Illumbe,
ont du « piquer » quelques aficionados « que yo me sé » à Lachepaillet.
Pour autant, seraient ils venus à Bayonne ? Eso si que no lo sé !
Certes, d’aucun « de media aficion » autant que « de
media casta » auront pensé que « Ponce, sur la retraite ! », que
« Bautista, en pente douce ! » et que « Luque… qui c’est cui-là ? » Du
coup, ils ne seront pas venus, d'autant que « Alcurrucen.... c'est
commercial! »
Et puis il y a la plage, qui ne coûte pas cher, sans
parler de toutes les beautés du Pays Basque…
D’accord, mais voilà… même si la corrida ne fut pas « triomphale », avec
sortie a hombros et tout et tout, elle fut « importante », notamment sur
deux points, essentiels :
D’abord et principalement, parce que la corrida d’Alcurrucen
est sortie « sérieuse » et supérieurement armée. Aucune corne n’explosa
(n'en déplaise à Monsieur De Miura!!!), malgré de gros chocs, et les
toros ne permirent aucune fantaisie.
Ensuite, les hommes, dont les statuts très distincts
pouvaient engendrer autant de diverses « attitudes », n’ont éludé aucun
problème, ni aucunement tergiversé.
« Lorsque ce fut impossible… c’est que c’était
impossible! », comme pour Enrique Ponce, face au quatrième, et la
majorité du public a eu rapidement raison des quelques braillards qui
n’ont rien vu… ou rien voulu voir. Enrique Ponce s’est comporté en
l’habituel grand maestro qu’il est. D’abord en une très bonne faena,
face au premier de la tarde, « convaincu » en cinq premiers muletazos
par le bas, de prime importance. Ensuite, et n’en déplaise à certains,
face au quatrième, manso parado, refusant les capes, les banderilles et
la muleta, en début de trasteo.
N’importe qui l’aurait attaqué en grosse série de
chasse mouche, et l’aurait trucidé « à la volée » et « como puede uno »,
avec force geste désolé. Ponce partit au combat, et faillit bien le
remporter : Au début du trasteo, le toro avait « 25 cms de charge ». A
la troisième passe, il en avait… 75 ! Une minute après, le morlaco
prenait une mini série entière, sur main droite…
Hein !! C’était donc cela, un torero « qui ne voulait
pas voir ce toro » ?
Ponce était parti « pour le convaincre », et il a
failli y réussir. Peut-être eut il mieux fait de rester sur la corne
gauche, car le Valenciano alla citer à la naturelle, et le toro, là, se
refusa à la moindre négociation. Au retour à droite, c’était fini, et
les efforts du torero furent vains. Alors arriva le petit chemin de
croix : Le toro, tête en haut, regard perdu, encore entier et
« attendant » le torero, devint impossible. Ponce, comme il est très
logique et excusable, eut beaucoup de mal, avec l’épée.
Juan Bautista s’est montré « torero » toute la tarde, montrant une
« attitude » de tous moments, une volonté de bon aloi, toujours bien
placé, allant aux quites, se montrant attentif en tout. Bautista a été
« très bien », à Bayonne !
Un seul petit reproche : Jean Baptiste ! Le Juan
Bautista se l’an dernier aurait tenté un « recibir », au premier… et
l’aurait réussi, malgré les cornes et malgré…tout ! » Et là… deux
oreilles, au lieu d’une ! » Mais, c’est un tout petit, tout petit,
reproche…
Reste Daniel Luque ! Le jeune Sévillan de Gerena
faisait sa présentation, hier à Bayonne. Il y a coupé une oreille, comme
chacun des trois a coupé « sa sienne », mais de fait… Bayonne « n’a
pas » vu Daniel Luque, et l’on espère que cette bonne et solide
présentation vaudra au diestro « la répétition », de façon à montrer à
Lachepaillet « qui est le vrai Daniel Luque »...
En fait, on l’a juste « entre-aperçu » en trois
véroniques, au sixième, un toro sérieux, dont la noblesse et l’alegria
permettaient de penser que le jeune artiste avait là « son » toro : Un
toro « con motor », noble et plein de mobilité. Peu importent alors les
cornes et la caste ! Bien au contraire !
Déjà le torero « voyait » sa faena, et nous avec lui,
toute de fluidité, dans le classique; et de mains détails « de gusto »,
que seuls peuvent dessiner quelques artistes « privilégiés », devant un
toro de combat… Hélas, dès les premiers muletazos, le toro s’arrêta, et
c’est à « grands coups de courage » que Daniel Luque le fit passer,
parfois très bien, et lui monta une faena, close d’un gros coup de
rapière.
Hier, chacun a coupé « son » oreille. Pas de jaloux ! Chacun « sa »
sienne ! Et, même s’il n’y eut pas de « grande porte », les trois
diestros ont « honoré » leur paseo à Lachepaillet : Daniel Luque est
bien « entré » ; Juan Bautista « demeure » ; quant à Enrique Ponce,
c’est bien simple… « il ne sortira jamais ! »
Oui vraiment, hier à Bayonne, les absents ont eu tort !
Dimanche 10 Août – BAYONNE – 2/3 de plaza – Tarde très
agréable : Six toros d’Alcurrucen, diversement mais bien carrossés, mais
tous armés « sérieux » et « astifinos ». Au plan trapio on retiendra le
quatrième, un tio de 546 kgs, alton, montado et très imposant ; le
sixième, très bien fait et le colorado troisième, toro « guapo » mais
que l’on ne put voir.. En gros, trois toros « qui permirent », à divers
degré : Le deuxième, noble et s’améliorant ; le premier, qui, en
d’autres mains, n’aurait peut-être pas eu tel rendement ; le dernier
enfin, sorti allègre et restant noble, mais tardo, freins souvent
bloqués.
Pour ce qui est des trois autres : Le quatrième fut un
méchant manso, transformé en bloc de marbre, bien piqué par Saavedra
(n’en déplaise à certains) et forcément mal banderillé, ce qui
n’arrangea rien. Peut-être eut on du prendre, « là-haut » la décision du
cambio, bien avant. Le troisième fut très mal piqué, « muy trasero »,
malgré les récriminations du torero. Le toro ne voulut plus de la
muleta. Carton jaune au piquero ! Quant au berrendo cinquième, très
armé, il se montra brave, « con fijeza », aux deux puyazos de Monnier,
mais partit vers « soson et quedado » à la muleta de Bautista.
Enrique Ponce : Une oreille et Ovation, qui
éteint les sifflets – A, une fois de plus, et « en cinq doblones »,
gagné une nouvelle bataille, démontrant à tous, si besoin était, que de
« Numero Uno », il n’a y en a qu’un. Très armé son premier, qu’il fixa
tranquillement au capote, lui apprenant, déjà, à charger. Après avoir
« percuté » plus que poussé le cheval, le toro arriva avec une certaine
violence au troisième tiers. Et là, en cinq doblones, bien appuyés,
techniques autant qu’élégants, et deux pechos, en terrain des barrières,
le Valenciano a montré qui était le patron. Ensuite, la maestria a
parlé, en particulier sur main droite, mi-acier mi velours, tandis qu’à
gauche, les enganchones du début furent efficacement oubliés. Faena de
figura « qui a encore soif », tant de toro que de gloire. Faena de
torero et de torero-aficionado. Tuant d’une demie tendue et un peu de
côté, Ponce coupa une oreille (si cette faena « vient » au quatrième, « corta
dos »).
Face au fameux quatrième, tandis que les banderilleros
souffraient en vain pour poser un bâton « à la media vuelta »; tandis
que les siffleurs… sifflaient, et que la présidence aurait du
« changer » plus vite, car le toro ne pouvait « qu’empirer », Ponce
faillit bien gagner son pari : Faire charger ce toraco qui ne le voulait
absolument pas. Sur quatre muletazos droitiers, à la fois doux et
impératifs, le maestro réussit le tour de force « d’allonger » la
charge, d’un bon mètre. Il y eut même une série de trois derechazos très
convaincants, bien close au pecho. Voulant « essayer » la même tactique,
à gauche, Ponce se heurta à un dur refus, et quand il voulut revenir à
droite, le toro s’était définitivement décomposé, arrêté… Ponce essaya,
vainement, et dut renoncer…Evidemment, le toro restait figé, tête en
haut, le regard un peu « perdu », ne se fixant sur rien. Comme on
pouvait s’y attendre, le moment de l’épée devint très dur, et Ponce dut
pincher beaucoup, vilainement, avant la casi entera, basse, libératrice.
Certains continuèrent à siffler, mais la majorité avait compris.
Enhorabuena, Monsieur Ponce !
Juan Bautista : Une oreille et Ovation – A fait
plaisir à voir, par son attitude et sa volonté de chaque instant,
beaucoup plus « engagées » qu’en ce début de saison. D’entrée, il plaça
un bon quite par delantales, au toro d’ouverture, puis dessina une faena
« a mas », faite de temple et d’élégance, au bon toro deuxième, bas de
caisse mais très armé. Faena classique, débutée plein centre, faite de
séries posées, essentiellement sur main droite, bien rematée, et close
de bernaldinas, après avoir fiché l’épée dans le sable. Attaquant fort,
au volapie, le Français porta une lame desprendida et coupa une oreille
méritée (qu’il aurait peut être doublé, s’il avait tenté le recibir).
Le cinquième démontra de la bravoure à la pique, mais
« tourna » rapidement au soso, noble mais fade, sans transmission
aucune. Là, Juan Bautista insista, avec beaucoup de volonté, mais ne put
remonter la pente d’un ennui naissant. Lo mato perfecto.
Daniel Luque : Ovation et Une oreille, forte –
Ne put que partiellement démontrer sa toreria et un avenir que l’on
souhaite florissant, parce qu’il toucha deux toros « à contre style ».
Pourtant, Daniel Luque a remporté un succès prometteur.
Le troisième, magnifique colorado, sortit abanto,
distrait, comme grand part de la corrida, et ne se laissa pas toréer de
cape. Hélas, et malgré les indications du patron, le piquero porta deux
puyazos terribles, très en arrière, dévastateurs. Le toro accusa
immédiatement le châtiment, devenant tardo, quedado. A la muleta, Luque
ne put que « se mettre dessus », arrachant les passes, une à une,
certains excellentes, en un combat sans relief ni chance de succès. On
l’applaudit fort, après un bon trois-quarts de lame. Faena « trabajadora »,
laborieuse… Mais çà, « ce n’était pas Luque ! »
Lorsque sortit « Cumbre roja », magnifique dernier, on
reprit l’espoir en cinq véroniques et belle demie, en marchant vers le
centre, dont deux où le diestro « se gusto », en un geste lent,
abandonné. Toro d’espoir, noble et allègre, que Luque fit très peu
piquer, afin qu’il gardât son allant. Hélas... peut-être quelque
capotazo de trop, à la brega ? - Toujours est il que dès le brindis à
tous, le toro se retint, refusant toute charge longue et répétée. Déçu,
en un premier temps, le jeune Sévillan, très bien encouragé par une
cuadrilla « qui croit en lui », entama une dure bataille de porfia, en
un très courageux « arrimon » où il prit souvent de gros risques. Ce ne
fut pas une faena fluide, mais peu à peu, Luque put lier deux, trois
passes, et même joliment remater de grands muletazos, à la fois pleins
de force et de toreria. Faena « a mas », qui en a surpris plus d'un,
close d’un gros coup d’épée « en mettant tout », qui roula
spectaculairement le toro.
Daniel Luque, un torero à revoir très vite en cette
plaza… car, s’il fut très torero, il ne put être « en artiste », par la
force des choses. Au fond, c’est peut-être le seul regret en une tarde,
sérieuse, où les absents on eu tort. |