Reseña du  24 juillet 2007

 

MONT DE MARSAN : L’UN « Y EST »… ET L’AUTRE PAS !
Bonne faena de Juan Bautista
Déception majuscule signée Moises Fraile
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     25 Juillet : Cela faisait un peu penser à la fameuse « partie de cartes » de Pagnol, dans « Marius », vous savez :
     « Alors, on joue ou on joue pas ? »
     « - Moi, je connais très bien le jeu de la manille, et je n’hésiterais pas une seconde si je savais que Panisse coupe à cœur… »
« Mais bougre d’imbécile ! Si tu avais suivi le jeu, tu le saurais si Panisse coupe à coeur ! »..
     Tout cela, dit avec « l’accent » du Vieux Port, est des plus plaisants, et chaque fois l’on savoure cette authentique « tranche  de vie », tout autant que l’impérissable souvenir du grand Raimu…
     Ici, c’est clair : L’un « y est », et l’autre pas… sinon, il saurait « si Panisse coupe à cœur ! » Et hier, on ne pouvait s’empêcher d’avoir la même impression, dans le ruedo de Mont de Marsan. Certes les circonstances étaient bien différentes, et l’on n’était pas là pour rire, loin s’en faut… mais c’était ça : L’un « y était »…clair, net dans ces interventions, calme et souriant ; et l’autre « n’y était pas », comme « ailleurs », flottant dans son monde intérieur, éloigné de tout et tous, n’en ressortant que pour s’appuyer l’une des carnes du Sieur Moises Fraile, le cinquième, mais n’arrivant pas à retrouver « cet angel », cette sorte de facilité envoûtante qui emporte tout le monde, toro inclus, vers des sommets de profonde beauté… Souvenez vous de la faena de Dax, l’an passé !
     L’un « y était ! ». Il s’appelle Juan Bautista, qui encore une fois, hier au Plumaçon, a donné preuve qu’il est actuellement l’un des meilleurs interprètes du plus pur toreo Rondeño. Il n’est que de revoir son début de faena, au premier de la tarde ; sa façon de « mettre la jambe », de charger la suerte, sur les séries classiques, des deux mains ; sa façon de terminer la faena, quand le toro est venu aux barrières. Avouez que les trincherazos, les firmas et l’ultime pecho valaient bien les dix mille manoletinas ou bernaldinas soudain revenues à la mode. Avouez que cela a… une autre gueule.
     Le public bouda un peu le recibir, parce que la lame n’était « que demie ». Mais c’était un recibir, un vrai, et bien porté. Clair, net, calme et souriant. Muy torero !
     L’autre, celui qui « n’y était pas »… c’est Sébastien Castella !
     Qu’arrive t’il donc à notre Numéro Un ? Quel mal intérieur le ronge t’il, au point de le voir ainsi « errer dans le ruedo », lorsque ce n’est pas son tour, loin de ses compagnons, hors de tout, comme « pas concerné ». Bien sûr on s’arrêtera sur ce terrible « bache » avec l’épée, encore une fois traduit par des entrées à matar un peu « en catastrophe », à son premier adversaire.  Mais le mal semble « ailleurs », et la carence avec l’acier n’en est peut-être que la conséquence. Alors… « fatigue » d’un torero « atorado », trop sollicité, en Europe autant qu’en Amérique ? Autre cause possible à chercher du côté physique : Une lésion qui demeure, après ses terribles blessures, comme celle de Cali, cet hiver, ou plus discrètement, comme la méchante voltereta de Madrid, le jour de l’orage… On n’ose penser à une autre cause, plus délicate : le mal que peut faire « dans la tête » la cornada de trop, la cogida de trop… Là, on sait qu’il faut plus de temps.
     Pourtant, Sébastien Castella a été très bien, hier, devant le cinquième : un toraco sournois, qui a cherché tous les coups durs, « amagando », faisant semblant de charger et voulant surprendre l’homme, comme il l’avait fait du picador, lorsqu’il avait « quitté le palo », croyant soulager… un faible. Une vraie carne, forte et très dangereuse. Un roi « du regard en dessous » et du coup « en vache ». Castella se mit devant, et tenta l’impossible, manquant de peu d’y arriver, tirant des muletazos certes isolés, mais dont la qualité n’avait d’égal que le courage « à rester là »… Ce toro demeura dangereux jusques après la vilaine épée ladeada, pourtant portée avec décision... le puntillero peut en témoigner qui, malgré les avertissements de son matador, faillit se faire emporter. Là, Castella montra « qu’il y est toujours ! » : attentif à ses hommes, prévenant et responsable. Peut-être méritait il grande ovation de la part d’un public qui n’a peut-être pas perçu le mérite à être « comme il a été », devant ce toro.

     Soyons clairs ! Tous les toreros, absolument tous, on connu « des baches », ces passages à vide parfois inexplicables, qui font que soudain… tout leur coûte, même de dire bonjour à un ami. Tous, absolument tous, ont vécu ce moment où ils ne savaient pas « si Panisse coupe à cœur », et ils n’en avaient que faire…
     Parfois, un toro, un seul, leur a « quitté le sitio », pour une raison insignifiante… Souvent, un toro, un seul « le leur rend ». Tout à coup un enchaînement que l’on n’avait pas réussi, depuis des semaines ; une épée, qui rentre exactement « là où on voulait », et « comme on le rêvait » depuis des mois. A partir de là, comme par enchantement, le déclic s’est fait et tout rentre dans l’ordre… Alors « on ne fend plus le cœur » de personne.
     En attendant, il faut être patient ! Tous doivent l’être : Le torero, ceux qui l’entourent, et nous tous… Attendons ! C’est peut-être pour jeudi !
     Hier, l’un « y était », complètement : Juan Bautista. L’autre, beaucoup moins. Quant au troisième, Cesar Jimenez, toujours bien coiffé, superbement habillé, il est « ce qu’il a toujours été » : Parfois admirable, souvent irritant, toujours intéressant… avec un gros « mais ! »

     Enfin restent les toros : Mont de Marsan est elle frappé de quelque malédiction ?
     - Il faut attendre et espérer. Je sais que c’est dur à lire, et si facile à écrire… « lorsque l’on ne paie pas sa place ! » Pourtant c’est cela : il faut attendre !
     Ce n’est plus, on le sait, un problème de « décideur », puisqu’à Mont de Marsan désormais, la « démocratie participative » est de mise… 
     Certes on peut penser que la présentation n’est pas toujours au rendez-vous, certains toros du Sieur Moïse, hier, n’étant pas forcément inscrits en haut des Tables de la Loi du « toro bien fait », homogène, au trapio impressionnant mais harmonieux.
     Certes on peut penser que le ruedo, « tout neuf », n’a pas eu le temps de « se faire », surtout après quatre spectacles en vingt-quatre heures, raison pour laquelle les toreros durent quitter les zapatillas. Les toros, eux, ne pouvaient « lâcher » leurs sabots… on aurait crié encore plus !
     Ensuite, les toros « como los melones son… » Et cette année, que voulez vous, il n’y a pas qu’à Mont de Marsan… que les melons ne sont pas bons !
     Mais, tous « les éleveurs de melons » vous le diront aussi : « Peuchère, on ne sait pas ! Une année « ils y sont ! », et l’année suivante « Ils n’y sont pas ! » Va t’en savoir ! »
     En attendant, Mont de Marsan et ses fidèles attendent toujours le grand triomphe…
     C’est vrai monsieur Panisse… « Ca vous fend le cœur ! »

    Mardi 24 Juillet – MONT DE MARSAN - 3ème corrida de Feria – Plaza pleine – Grand beau revenu : Toros de Moises Fraile (dont le sobrero premier bis, remplaçant le toro d’ouverture, sorti « descordinado »), de présentation très inégale et de jeu médiocre. Faiblesse et total manque de race furent les communs dénominateurs d’une corrida à bien vite oublier. Pour le torero, le premier fut le meilleur, malgré une grosse pointe de soseria, suivi du troisième. Au rang du « sale bougre » dangereux, le cinquième. Pour le reste, mansedumbre à la pique, faiblesse et soseria. En général, on piqua peu et mal, même si les diestros mirent mieux en suerte. Aux banderilles, on s’aperçoit dorénavant que dans chaque cuadrilla, les « troisièmes » sont de plus en plus brillants. Que bueno !

      Juan Bautista : Une oreille et Applaudissements, après un avis – S’est montré « grand torero », devant son premier, tirant une faena que l’on devra revoir et décortiquer, dans les peñas, au cours des longues soirées d’hiver. Dommage que ce toro soit sorti premier, cueillant le public « à froid »…La même faena, au quatrième, valait probablement deux « peludas » à son auteur. Faena complète, brillante, excellemment bâtie, avec un début de toute beauté, le torero « marchant vers le centre » en trois passes moelleusement enchaînées et pecho « naturel ». Oubliés les sempiternels doblones. Les séries qui suivirent allièrent autorité, intelligence et « naturel », là aussi. Derechazos fluides, bien appuyés sur la jambe « de sortie », et en fin de trasteo, deux grosses naturelles, longues et fluides, « que l’on sentait venir ». Le toro « se rajo » et partit aux barrières. Bautista y conclut sa faena, avec des adornos de classe et un pecho majestueux, à la barrière. Là, il cadra et prépara soigneusement « un recibir », porté  en décomposant bien. Hélas, la lame ne fut que « demie » et le triomphe « divisé par deux ».
     Le quatrième, « feucho », moins présenté que le cinquième novillo du matin, sortit « soson », sans transmettre… et il le demeura. Jalabert se montra volontaire, tirant même une grosse série de trois derechazos et pecho, qui fit bouger les aficionados.. mais hélas il « catastropha » sa mort et entendit un avis, au lieu d’une grande ovation, pour le moins. Actuacion « muy torera » de Juan Bautista, hier à Mont de Marsan.
     Sébastien Castella : Silence, après avis et Ovation de consolation – Si l’on veut être méchant, on dira : cinq pinchazos et trois descabellos à son premier ; et une lame quasi entière, mais « très de côté » et « muy fea », au cinquième. Il est indiscutable que le Français « vit un calvaire » actuellement, avec l’épée (depuis la San Isidro). De même, on restera dubitatif sur la faena « mécanique », froide, donnée à son premier, faible et soson. Par contre, il faudra retenir ses vrais efforts et une quasi réussite à faire charger le cinquième, un manso « remiso » qui chercha le coup dur et la traîtrise, jusqu’au coup de puntilla final. Prenant des risques, froidement, Castella parvint à tirer des muletazos « sueltos » de grande valeur, et faillit bien même parvenir « à lier ». Hélas, le toro se refusa, repartant vers sa médiocrité.
     Mal servi, parfois « comme absent », assez catastrophique à l’épée, Sébastien Castella « doit » un desquite à Mont de Marsan… Peut-être jeudi. Il faut attendre…Le sitio reviendra.
     Cesar Jimenez : Ovation et Division après un avis – A été « en Cesar Jimenez » : Toujours calme, bien coiffé, bien « étudié », mais au final, un peu répétitif et ennuyeux. C’est peut-être ce que lui signifièrent les sifflets qui fusèrent au sixième, un manso qui se transforma « en triste noblon » que le madrilène voulu faire passer mille fois, au coup par coup, sans espoir de succès. De plus, il tua « muy requetemal ! ».
     Il avait mal tué le troisième, également, d’une atravesada transperçante, mais au moins, sa faena avait bien accroché le public, d’autant que ponctuée d’un formidable moment de musique taurine et d’un solo de trompette qui à ce jour, restent le plus beau triomphe de toute la feria. Jimenez, à son habitude, débuta «les deux genoux en terre, plein centre », et tira quatre derechazos « de aupa ». Ensuite, la « fluidité » alla décroissant, à partir de mi trasteo. Pourtant, l’élégance un peu « empesée » et la belle musique faisant bon ménage, l’illusion fut parfaite. Mais, malgré la présence à ses côtés de Joselito, Cesar Jimenez… reste Cesar Jimenez, un éternel « Oui, mais ! ».