Reseña du 23 juillet 2007

 

MONT DE MARSAN : « ANNE ET CHIMENE ! »
« Orejita » au Juli… de Mont de Marsan.

     23 Juillet : Elle a des beaux yeux, Chimène ! Avec son jeans, bien en dessous « de la ligne de flottaison », son chemisier immaculé, qui laisse deviner toute sa « générosité », et son petit foulard bleu, elle est l’archétype des filles de Mont de Marsan, au début des Fêtes de la Madeleine. Vendredi matin, ce ne sera peut-être pas la même chose, mais en attendant, elle est jolie comme un cœur. Elle a dix-neuf ans, et son père, vieux festayre « qui ne peut plus suivre », la voit s’envoler peu à peu, du nid familial. Ca l’inquiète un peu, avoue t’il tout haut… mais en secret, il enrage et se morfond intérieurement. Mais qu’y faire… c’est la vie !
     Et puis il y a sa sœur aînée, Anne, qui veille sur elle. Moins bien dotée que sa cadette, Anne n’a que cela à faire : Veiller sur Chimène…
     Dans cette famille montoise, on est aficionados, de père en fils, ou plutôt « de mère en fille ! » Le père, lui, c’est plutôt « le rugby », du temps des frères Boniface, de Darrouy et des autres. Du temps où la balle arrivait bien à l’aile, « proprement ! », du temps où les lignes arrière n’avaient pas carrure de déménageur…
     Chimène, elle… c’est les toreros, surtout un !
    
Déjà sa jeune grand-mère lui parlait de Luis Miguel Dominguin, lorsqu’il se présenta au Plumaçon. Mais c’est surtout sa mère qui la serina, avec son Paquirri. En plus, elle avait des photos… « Mon Dieu, ces yeux qu’il avait, ce Paquirri ! » Et cette année, sa mère avait même essuyé une larme : « Cela fait exactement quarante ans qu’il faisait sa présentation à Mont de Marsan. Je me rappelle, il y avait Antoñete, en noir et or, avec sa mèche blanche ; El Cordobes, avec les cheveux tout courts, et lui, en bleu France et or… Ces yeux qu’il avait, ce Paquirri ! Je m’en souviens comme si c’était d’hier » s’était elle écriée, en jetant un coup d’œil inquiet, au miroir…
     Chimène écoutait, mais elle, c’est pour le Juli qu’elle en pince, depuis quelques années déjà. Elle n’a pas vu son premier paseo à Mont de Marsan, mais, avec des copains de l’escalier 12, elle était là, pour la faena au toro de San Martin. Et puis, il y avait eu ce don du torero, à une Peña Montoise qui œuvre dans l’humanitaire. En plus d’être beau, le Juli a un cœur d’or. Depuis, Chimène, la belle montoise, n’a d’yeux que pour lui.

     Cette année, des choses ont changé, à Mont de Marsan… et la plaza est pleine à nouveau. Chimène aime à être « en bas », surtout quand torée El Juli. Sa sœur Anne, elle, préfère le tendido alto, et même les dernières gradas. Avec ses jumelles. Elle voit tout !
     Hier, le « portable » a fonctionné. Chimène avait révisé la fonction « photo » de son téléphone, mais bien avant le paseo, elle avait appelé sa sœur, là-haut :
     « Anne, ma sœur Anne, ne le vois tu pas ? ».
    
Et sa sœur de scruter dans le patio de caballos, qu’elle avait dans sa jumelle : « Non ! Je ne vois qu’un type très brun, en bleu ciel et or ! J’le connais pas, cui là ! Oh, attends, « Il » est là ! « Il » est beau ! En bleu « presque Madeleine » et or. Ahhhh ! Il y a un photographe avec un grand nez qui me le cache. Pousse toooiiii ! Ca y est ! Il est beau ! »
     Chimène est plus tranquille : Son Juli est là, et il a l’air en forme…
     Ensuite, Chimène regarda la course d’un air distrait. Certes les taureaux étaient beaux, mais son voisin disait qu’ils étaient « nuls », que tout était nul. Mais elle se méfiait un peu… il avait l’air d’avoir déjà « un bon carton ! » De temps en temps, elle appelait sa sœur, pour savoir « ce qu’il faisait… » Et la sœur Anne lui racontait : « Il vient de boire un peu d’eau, dans une timbale en argent. Il est beauuuuuu ! »
     A l’entendre, on se rendait bien compte qu’elle était également « toquée », la sœur Anne… mais elle connaissait plus les toros, et avait l’Aficion. De temps en temps, c’est elle qui appelait Chimène, au portable : « Tu te rends compte, c’était pas mal, ce qu’à fait Curro Diaz, au premier… » Mais Chimène n’en avait cure, c’était au tour de « son » Juli.
     Hélas, il fallu déchanter bien vite : Le toro était si faible que « même le Juli » ne put rien faire. Les sifflets, les cris, les insultes fusaient de partout, et dans son joli cœur, Chimène vécut un calvaire. Elle ne savait pas « qui » ses voisins insultaient : Le toro ? Le président, ce jeune insolent d’Aire sur Adour… et « de droite », en plus, qui n’avait pas remplacé le toro ? Elle demanda à son voisin : « Ce n’est pas le Juli, que l’on injurie ainsi ? ». Les yeux hors de la tête, il explosa : « Mais nooooonnnnn !  Lui, il n’y est pour rieeennnn ! » Alors, Chimène baissa ses beaux yeux, et attendit la suite, rassérénée.
     Parfois, sa sœur Anne, qui voyait venir le désastre, essayait de la consoler, de prévenir une nouvelle déception : « Tu sais, si ça se trouve, les six vont sortir comme çà… et « il » ne pourra rien faire. En attendant, « on ne voyait rien »
     Et puis, le toro du Juli est sorti. Il a donné l’impression de tenir le coup et la plaza toute entière explosa, lors des passes de cape. Chimène entendit vaguement les mots « delantales », et « chicuelinas ». Ensuite, ce ne fut « que du bonheur ! » : Le Juli fit des passes et des passes, certaines très longues, très douces, et d’autres plus heurtées.
     Chimène était heureuse et préparait son téléphone…  pour faire la photo de son Juli, avec deux oreilles en main. Hélas, son cœur se brisa lorsque le Juli s’y reprit à quatre fois pour tuer le toro… Mais déjà, tout le monde hurlait, et elle ajouta à la pétition, son mouchoir blanc et sa petite voix. A ses côtés, complètement cramoisi, son voisin hurlait « Il a intérêt à la donner, l’oreille, sinon…. »
     Et elle put la faire, sa photo ! Elle aurait pu en faire trois… mais lorsqu’il passa devant, elle eut l’impression que le Juli ne regardait qu’elle…
     Elle appela aussitôt sa sœur : « Il m’a regardée ! J’te jure, il m’a regardée ! Il m’a souri ! On va aller le voir à l’hôtel, après ? »
     Ensuite, elle ne sait pas trop ce qui s’est passé : Il y a eu beaucoup de cris. Elle entendit le voisin s’écrier : « On va vite être à l’apéro ! Tant mieuuuux, j’ai soif ! », mais aussitôt un autre lâcher, avec un accent Camargue « Oh ! Tu as parlé trop tôt, collègue ! »
     Il y a eut beaucoup de cris, à nouveau des sifflets. A la présidence, un mouchoir qu’elle ne connaissait pas, tout vert. Elle appela sa sœur : « Anne, que se passe t’il ? »
     - « On a changé le toro.. parce que celui là était vraiment abîmé. Tiens, voilà le remplaçant… qu’il est beau ! » Chimène regarda, d’un air distrait. C’est vrai qu’il était beau ce toro, mais on n’avait le droit d’utiliser ce mot… « que pour El Juli ».
     Tout à coup, tout le monde hurla… le toro venait de sauter la barrière. « Ouf ! Il n’avait pas sauté… où était El Juli ! Tant mieux ! » La foule s’amusait : en bas, les « pistonnés » du callejon se faisaient tout petits. C’était bien leur tour. Enfin, tout rentra dans l’ordre et les sifflets reprirent. Tant que ce n’était pas « contre le Juli !!! »

     La corrida se terminait. Il y avait de nouveaux cris, de nouveaux sifflets… Après un dernier bravo, un dernier baiser à « son » Juli, Chimène leva ses beaux yeux et appela sa sœur.
     « Anne, ma sœur Anne… qu’est ce que tu vois ? »
     - « Je ne vois que le ciel qui rougeoie et la feria… qui merdoie ! »

    Lundi 23 Juillet - MONT DE MARSAN – 2ème corrida – Plaza pleine – Grand beau, après matinée de pluie : Six toros de Vellosino, dont le sixième, qui s’abîma patte gauche, fut changé. Pour le reste, une présentation « plus que correcte », mais bien trop de poids. Le quatrième était un auroch, sans cou, armé de cornes de vieux yack. « Un monstruo, feo, sin cuello »… et sans possibilité  de baisser la tête. Comment donc avait on pu choisir « tel engin » ?
     En son ensemble, la corrida fut noble, noble, mais faible, très faible. Le deuxième, totalement invalide, fut maintenu en piste, à tort. Le cinquième fut presque du même acabit, au point que le Juli hurla le traditionnel « vale ! » avant même que le toro n’eût touché le cheval, pour la première fois. Ensuite, il partit prendre un refilon au cheval de réserve, et le premier tiers s’arrêta là. Pour le torero, le premier, sans nul doute, fut le meilleur… une noblesse d’ange, mais trop peu de transmission, peut-être. On se trompe : Aucun toro n’est un ange.

      Puis il y eut l’incident, au sixième : Le toro s’abîma, et le mouchoir vert fut mis, au palco. Cependant, on oublia de sonner les clarines, et les cuadrillas s’aperçurent bien tard que l’on avait changé le toro… Apparut alors un sobrero de « La Campana », armé comme un « Rafale » de la proche BA 118, qui sortit comme un gros méchant, fit un tour et alla sauter au callejon, côté plein soleil, où il y avait peu de monde, heureusement. Il revint en piste, encasté, dur de pattes, et fonça sur le premier piquero, dès son entrée en piste. Recevant un énorme puyazo, campaneando al caballo, le toraco revint à la charge, pour une deuxième pique, lourdement appuyée. Grosse ambiance, et « vrai » premier tiers. Hélas, le toro perdit du brillo, et le torero… de sa superbe.
     Curro Diaz :
Ovation et Palmas – A deux énormes défauts : Il n’est pas très connu de l’Aficion locale, et surtout… il n’est pas « El Juli ». L’idole montoise aurait donné les deux faenas et les deux coups d’épée qu’offrit Curro Diaz, hier au Plumaçon, qu’il serait sorti « a hombros », trois oreilles en main. Là, non ! Nada ! Pourtant, et compte tenu de ses toros (surtout le quatrième), il a été bien, et « très torero », le brun de Linares. Très bien au capote, en de longues et moelleuses véroniques au premier. Très bien à la muleta, citant de loin, tirant de bons derechazos, clos de pechos ou d’adornos « naturellement » galbés. Faena un peu affadie par la soseria du toro, tellement noble que l’on eût pu croire « qu’il se faisait la faena, tout seul ». Et ce n’est pas le pinchazo, précédent honnête estocade, qui d’un coup lui en ôta tous les mérites. Estuvo bien, Curro Diaz. Le quatrième était un auroch, sans cou, qui venait au pas, soson et sans classe aucune. Curro Diaz se comporta « en torero », et lui mit « l’épée de la tarde ». Il découvrait Mont de Marsan… et en fut surpris !
     El Juli :
Grosse bronca (à tous, sauf au torero) et Une oreille (bien généreuse) après avis – A du faire « contre mauvaise fortune bon cœur ». On sait son attachement à Mont de Marsan, et l’idolâtrie que lui voue le bon public Montois. Cependant… il faudrait savoir « un peu raison garder ! » : Lui « offrir » une oreille du cinquième, toro faible, pas piqué, noblon mais triste, après une faena, certes comportant de moelleux passages, mais close « en quatre temps à l’acier »… est un peu « exagérer » dans le côté « Amour toujours ! », surtout après ce qui c’était passé au deuxième. En effet, le blond madrilène tomba sur un premier toro totalement invalide, qu’il tenta de faire passer, demandant patience à des gradins qui, pour toute autre vedette, auraient piqué « grosse colère ». Pour le reste, Juli « plaça » au cinquième, trois delantales, deux chicuelinas, une série « et demi » de bonnes droitières, deux inversées, un pinchazo, une entière et deux descabellos. Malgré tout : Oreille… et « il avait intérêt à la donner, ce président.. !!! » Mont de Marsan est contente. C’est bien là le principal. Mais…
     Jose Maria Manzanares :
Silence et Division, après un avis – N’a pas réussi sa présentation au Plumaçon. Pourtant tous sentent bien « qu’il a quelque chose ! ». Son premier eut de drôles de réactions, à gauche, après deux puyazos « muy traseros ». De plus, il « tarda », refusant longtemps le premier muletazo avant de fuser sur les deux autres, et finir en marchant… Un toro qui se défendit, n’attaquant que par force. Manzana Junior ne fut jamais « a gusto », signant quand même les élégants doblones et quelques bonnes droitières, en début de trasteo. Ensuite, tout alla à un « menos », vite conclu d’une quasi entière.
     Quand le sixième sortit des deux puyazos « en cherchant la bagarre », tout le monde se dit « Voyons donc ce qu’il est vraiment, ce fils de Manzanares ! » De fait, on n’a pas tout vu, et à vrai dire, « presque rien ! ». Le jeune Alicantino, à part quelques naturelles isolées, resta « en ligne », distribuant des passes sans risquer plus que de raison. Comme la conclusion fut plutôt laborieuse, le toro « se couvrant » au descabello, il y eut un avis et quelques qualificatifs peu amènes. Amen !