Reseña du 22 juillet 2007

 

MONT DE MARSAN : « OLE, CŒURS ! »

     23 Juillet : Les années suivent et ne se ressemblent pas… mais c’est toujours la même chose ! On a beau changer « la directiva », repeindre le décorum, les taureaux sortent tous avec quatre pattes, plus ou moins solides, deux pitones, plus ou moins effilés… et « des idées », plus ou moins claires. Devant eux, les toreros sont « ce qu’ils sont », plus ou moins décidés, plus ou moins talentueux, et le public… ce qu’il est, avec ses caprices, ses outrances, ses coups de cœur… Comme dans la vie ! Alors, après cette première corrida « de la nouvelle ère », qui ressemblait un peu à « celles de l’ancienne », on a simplement envie de dire « Hauts les cœurs ! » ou plutôt « Olé, cœurs Montois ! »

     Superbement faite, la corrida de Margé a chèrement vendu sa peau. Cependant, les Cebada Français n’ont jamais été « nets », entre la fureur et de soudains accès de faiblesse, entre la caste et le subit « manque de tout ». Certes tous firent illusion, à la sortie, mais, à part les deux d’Encabo, ce furent des toros « de mucho cuidado ! »
     Et là surgit « la division » : En aficionado « toreista », qui va juger le torero « en fonction » du comportement de son adversaire, peut-être les silences de Séville eurent ils été de mise, hier… y compris pour un Luis Miguel Encabo qui, certes, « a voulu », mais n’a pas pu… Devant le meilleur lot, et de loin, le Madrilène mit de l’animation et fit « illusion » un long moment : faenas copieuses, sans jamais s’y mettre vraiment, accumulant les passes, « rapidillas », rejetant le toro dehors, cherchant vainement « la série » parfaite et décisive. Encabo a voulu… mais n’a pas pu. Et ce n’est pas la mort instantanée de son premier adversaire qui change quoi que ce soit à l’impression finale. Le public s’est peut-être trop emballé à réclamer une oreille qui n’aurait en rien grandi le sérieux de la plaza… heureusement sauvegardé par un  président qui eut le courage d’aguanter l’ire des uns et des autres, même si pour cela, il tutoya un peu le règlement.
     Pepin Liria n’est plus en heures d’aller se jouer un cuir depuis longtemps tanné par de rudes batailles sous tous les soleils d’Espagne. Pepin « veut » toujours, mais « ya… ! » Et puis, son lot fut des plus décevant : Manso aquerenciado le premier ; court et « reponiendo » le quatrième. Il fit… ce qu’il put !
    
Julien Lescarret quant à lui…nous a fait peur. Outre une nouvelle et terrible voltige dont on ne sait par quel miracle répété le jeune Français sort encore vivant et quasi indemne, c’est « l’impuissance », avouée au dernier, qui préoccupe beaucoup. Hier « no pudo con ellos ! ». « Eux ! » ce furent deux « sacrés tontons », violents et encastés, qui lui firent mal, peut-être encore plus « moralement » qu’au plan physique. Devant des toros auxquels il fallait dicter le chemin, aussi brutalement qu’ils chargeaient, Julien Lescarret nous sembla se mettre en danger, citant de la jambe ou de la zapatilla, plutôt que « toquant » dur, avec la muleta. En un éclair, le toro était sur lui, et c’est vraiment miracle d’échapper ainsi à une bonnes dizaines « d’achuchones » absolument interdits aux cardiaques… et même à ceux qui ne le sont pas. Julien a eu du mal, hier, et ce n’est pas méchanceté de le dire, bien au contraire.

     Bueno ! La feria a débuté… Nouvelle plaza ! Nouveau ruedo… Sur la piste, une ligne perpendiculaire à la barrière, en contre querencia, « invite » fortement les picadors à ce placer « là, et pas ailleurs ! », pour le premier tiers. Durant toute la corrida, l’alguazil s’époumona vaillamment à vouloir faire exécuter la consigne, aidé en cela, bien plus diplomatiquement, par Alain Bonijol… Mais « Chante, beau merle ! » les picadors n’en firent qu’à leur tête, et seul le deuxième puyazo, court, bien cité et bien tenu, du premier piquero d’Encabo valut le déplacement… Sinon, « bis repetita ! » et le pauvre alguazil, toute la tarde, s’en fut « à la pêche... à la ligne ! »
    
Venga Mont de Marsan ! La Madeleine a commencé, alors… « Olé, cœurs ! ». Pardon, « Hauts les cœurs ! »

    Dimanche 22 Juillet – MONT DE MARSAN – 1ère corrida de feria – Casi lleno – Beau temps chaud : Toros « preciosos » de Robert Margé, variopintos (le sardo cinquième était « una estampa »), et très armés. Toros « très sérieux », dont le comportement fut « très inégal », mêlant de fréquents agenouillements soudains à des charges violentes et encastées. Ce fut le cas des deux toros d’Encabo, le cinquième allant s’améliorant, à condition que le torero « mette » la muleta.. et la jambe. Mauvais lot « déclaré » pour Pepin Liria : Un premier, manso au toril et le quatrième, très court et se retournant « dans » la passe (reponiendo). Les toros de Julien Lescarret furent très violents, impliquant que le torero s’impose à eux d’entrée. Sinon..

 
     Il y eut une jolie pique, courte, bien citée parce que la seule « bien mise en suerte », de toute la tarde. Elle valut belle ovation au premier picador de Luis Miguel Encabo. Aux banderilles, El Chano s’illustra en allant banderiller le premier de Lescarret « al sesgo por fuera », en partant des barrières. On le fit saluer, « pour la réunion », mais aussi pour l’initiative technique. Dans la cuadrilla de Pepin Liria, les frères Cervantes ont brillé de concert.
     Pepin Liria :
Silence et Silence, avec quelque sifflet mêlé  - Gardera un souvenir « bien vide » de cette corrida. Il toucha deux toros « clairement » mauvais, parce que bien plus enclins à la défense qu’à l’attaque : Le premier « fila à querencia », presque immédiatement, en barrière du toril, et le diestro de Cehegin alla lui voler quelques passes en ce terrain, profitant du retour naturel du bicho vers « sa » barrière, pour placer çà et là, une naturelle, un beau pecho et un remate en regardant le public. Après une lame courte, tendeciosa et insuffisante, Liria abrégea en deux descabellos.
     Il abrégea encore plus face au quatrième, sorti fort, qu’il avait reçu par larga à genoux. Le toro se montra « court » d’entrée, se retournant même dangereusement, dans les essais main gauche. Sur ce constat, Pepin Liria « plia les cannes », de trois quarts de lame.
     Luis Miguel Encabo :
Vuelta, après forte pétition et furieuse bronca au président ; Petite ovation au cinquème – Aura été le principal acteur de cette ouverture, en particulier en estoquant son premier d’une lame dont l’effet instantané a un peu trompé le monde. Du coup, il y eut « grosse pétition » d’oreille, plus de la voix que du mouchoir… mais le président refusa le trophée. S’ensuivit alors une grosse bronca, tandis qu’en bas, Encabo regardait fixement le palco, avec aux lèvres un « cabrones ! » à peine dissimulé. La vuelta fut très fêtée, et les président entendit « le deuxième couplet » de la chanson.
    
Il y avait pétition majoritaire, et au vue du règlement actuel, le président devait donner l’oreille, même s’il estimait que le torero ne la méritait pas… Et nous sommes d’accord avec lui ! Durant une faena « légère », éludant le toreo « de verdad » pour accumuler les passes, Encabo fut « très en dessous » du toro, et ni ses banderilles, rapides et faciles, ni son estocade, habile, roulant immédiatement de toro, n’y pourront rien. No merecia premio !
     Il confirma son apparent mauvais moment devant l’impressionnant cinquième qui finit « avec de la qualité », malgré des cornes « de cauchemar » et une charge parfois hésitante. Mais le toro « mettait la tête », quand le torero, lui « ne mit jamais la jambe ». En un mot : « No estuvo bien con el toro ! » Après une estocade tendida, trasera, en sortant par devant, Encabo, vint saluer une ovation qui s’adressait… au toro.
     Julien Lescarret :
Applaudi fort, chaque fois, avec un « ouf ! » de soulagement – Son principal mérite fut « de sortir » vivant de cette corrida. Rarement l’on avait vu le jeune Aquitain autant en danger devant des toros.
     Si le seul souvenir de son actuacion est la terrible voltereta que lui infligea son premier, c’est le reste qui préoccupe : l’impression de danger permanent, le sentiment perpétuel « qu’il va se faire attraper ». Hier, Julien Lescarret passa une très dure après-midi… et le public de même, à le voir en danger constant. Ses deux toros le menacèrent durement, tant au capote qu’à la muleta. Deux toros très « durs », violents, « regardant beaucoup » le jeune homme qui les défiait, plus de son corps que de sa muleta… Et ils firent leur devoir ! Sans pouvoir s’imposer à eux ; manquant de ce « toque » sec, vigoureux, qui fixe le toro sur la muleta, Lescarret ne put éviter des charges forcément désordonnées, courtes et ultra violentes, de deux toros qui faisaient… ce qu’ils devaient faire.
     Dur ! Très dur, hier, pour Julien Lescarret qui, outre l’affection du public (à part quelques idiots !), bénéficia « de tous les quites » de Sainte Madeleine.