Reseña du 14 Août 2007

 

 

DAX : MÊME ZARA AURAIT AIME…
Faenon du Juli, mal rematé à l’épée.
Juan Bautista, torero « embalao »
Fernando Cruz « manque » son rendez vous.

     15 Août : Eh oui ! Peut-être bien que, même « anti », Madame Zara Whites aurait aimé !
     Oh bien sûr, cette corrida n’aurait pas bousculé ses convictions, surtout lorsque le troisième toro se blessa à une patte ; surtout après quelques épées provoquant derrame… Pourtant, cette nouvelle apôtre de l’anti taurin aurait peut-être « vibré » à la faena, pardon, au faenon du Juli, face au noble quatrième. Peut-être elle aurait apprécié la classique élégance d’un Juan Bautista « embalao », en ce moment ; et peut-être même se serait elle pris d’affection pour un Fernando Cruz dont la modestie alla même jusqu’à s’habiller horriblement, d’un espèce de « vieille canelle et noir », dont les teints différaient, entre chaquetilla et taleguilla.
     Hombre ! la première obligation d’un matador est de « vestir bien », et non comme un vieux banderillero… d’autant qu’aujourd’hui, le banderilleros s’habillent bien. Fernando, torero, c’est là un détail, mais à Dax, s’habiller ainsi… est une faute de goût.

     Certes elle ne pouvait aimer les premiers tiers, « mâme Zara »... Cependant, on lui précisera qu’ils furent réduits, même si le remplaçant troisième mit tout le monde par terre, et que le dernier de la tarde prit un gros puyazo. Pour le reste, les Montalvo, bajitos et « diplomatiquement » armés, furent surtout des toros noblones, un poil fades, qui acceptèrent maintes « diableries », en particulier de la part d’un Juli qui fit hurler tout Dax et ses environs.
     Même Mont de Marsan, déplacée en toute amitié, en pâlit de jalousie: « Quoi ! « son » Juli.. Faire cela, à Dax ? – Grrrr ! »  

     Et puis, reste « le » gros dossier ! Et là, elle ne pourra se prononcer, « mâme Zara », même si « au fond d’elle », quelque chose lui fera penser qu’on aurait bien du lui donner… « la queue ! »
     Fallait il concéder « le rabo » au Juli, après cet immense moment de toreo, ce cours de prestidigitation taurine, cet exercice de « champion du monde des fakirs », qui eurent la vertu de mettre absolument tout le monde d’accord… jusqu’au moment de l’épée ?
     Au nom de « ce moment », et de cette « communion magique », fallait il concéder « tous les trophées », que le public réclamait à grandes clameurs ?
     – Oui, car le Juli s’était montré « historique ».
     – Non, parce que la faena s’est terminée par un coup d’épée, certes porté avec foi, mais par trop « ladeado », de côté, pour qu’il soit aussi radicalement récompensé. Oh! l’on sait bien que maintenant, « l’épée » ne compte que très peu, comme il a été démontré, l’autre jour à Béziers (cinq oreilles et un rabo à Castella, « sans l’épée » !), mais on ne peut que suivre la mesure de la Présidence d’hier, à Dax, si l’on veut bien encore garder un peu de sérieux dans la maison. L’épée était vraiment de côté, et l’on en est les premiers désolés.
     « Le rabo » oui ! avec la faena du Juli… et l’estocade de Bautista. Mais là, non !

     Pour le reste, et bien que le toro fut « peu de chose » au plan de la caste, on n’est pas prêt d’oublier ce numéro « sans filet », à deux doigts des cornes, même modestes, d’un Juli « comme visité », dans un autre monde, jouant avec le toro, comme un enfant avec son jouet, ou son petit chien. Pourtant, c’était bien un toro, et même modestes, ses cornes servaient à tuer…
     Intelligent, le Juli perçut le manque de fond, mais aussi la noblesse du Montalvo, raison pour laquelle il se mit « dessus », lui faisant exécuter mille « circonvolutions millimétrées » sans que jamais sa muleta ne fut touchée. Le public entra en transes, et le torero, transfiguré, atteint des sommets jusqu’alors rarement vus, par chez nous.
     A ce stade de la faena, oui, il méritait « tous les rabos du monde »… Mais, amis Dacquois, l’épée ! Cette épée qui est « le sommet » de la faena ! Ne dit on pas qu’une « grande épée » mérite une oreille ? Alors, pourquoi une lame « de côté » ne ferait elle pas « perdre un rabo » ?
     Il n’y a aucun mal à cela, et en rien cette « sanction » n’enlève le moindre mérite à la faena. Certes… il n’y a pas « la photo » !!! Bon ! Dommage pour tous… mais c’est ainsi. Cela « doit » être ainsi !
     Mais une chose est claire : Même « mame Zara » aurait aimé le Juli, hier à Dax.

      Elle aurait peut-être eu plus de difficulté à apprécier Jean Baptiste...« mame Zara ».  Et pourtant… qu’est ce qu’il a été bien, le bougre !
     Jalabert est actuellement « embalao », c'est-à-dire que tout lui réussit: il voit tout « bien clair », construit ses faenas avec patience et courageuse technique, et les termine avec élégance. Pour ce qui est de l'épée... merci, cela va bien, aussi! Et quand le toro « se va pabajo », comme le noble cinquième, et que la faena « en prend un coup dans l’aile », il remonte le tout en mettant un recibir magistral, muy limpio, et s’en va, rayonnant de bonheur, vers les prochains triomphes. Que bueno !
     Certes, son toreo ne produit pas les mêmes « explosions » que celui du Juli, mais… « Que bien esta Juan Bautista ! » en ce moment.
     Quant à Fernando Cruz, il sortira de Dax, profondément déçu, probablement. C’est vrai qu’il en rêvait, de ce triomphe. Et il en avait « désespérément » besoin. (Es que « Dax es mucho Dax ! »). Il a bien failli l’obtenir, ce succès, mais, des faenas « decrescendo », trop longues, et sa terrible déveine avec l’épée, font qu’une, voire deux oreilles, lui échappèrent, sans qu’il ne put désigner d’autre responsable… que lui-même. Pourtant il toréa bien, parfois même très bien, en particulier sur main gauche… pero « falto algo ! », il lui manqua « quelque chose », ce quelque chose qui fait tout basculer, d’un côté ou de l’autre du succès. Un lastima, de verdad !

     Malgré tout cela, voyez ! Je suis sûr qu’elle aurait aimé, « Mâme Zara ». Pourtant, elle a préféré rester avec ses quelques amis, à papoter à l’ombre, côté jardin, tandis que d’autres « tutoyait la gloire », côté cour, au plein soleil de la Fiesta Brava, immortelle.

     14 Août – DAX – 4ème corrida de Feria – No hay billetes – Temps très agréable : Toros de Montalvo, correctement présentés, bas mais bien faits. Les toros sortirent fort, et à part deux ou trois petites génuflexions vite rectifiée, la corrida ne tomba jamais, fit son devoir à la pique et arriva noble, parfois très noble (4et 5èmes) à la muleta. On lui reprochera peut-être ce manque « de piment », d’Espelette ou d’ailleurs, qui donnent encore plus de force aux faenas.
     Deux, « problématiques » : le premier, qui mit peur à tout le monde et fit de drôles de choses, à droite ; et le troisième, qui sortit d’un puyazo avec une lésion de l’antérieur gauche. Alors qu’elle n’y était absolument pas obligée, la présidence changea l’animal. A sa place sortit « le sixième », et en place du sixième, un sobrero du même fer, noir « capé de blanc », qui fut aussi un modèle de noblesse, mais plus « enrazada » Ayant fait bon devoir à la pique, et respecté au plus haut, son obligation de charger, ce toro fut plébiscité pour une vuelta posthume, par une partie de la plaza. En fin de corrida, alors que les triomphateurs sortaient a hombros, le mayoral de Montalvo fut appelé à saluer. Ce qu’il fit, noblement.
     Le « pleito » des alguacils se poursuit, avec la traditionnelle bronca, dès le paseo, et la banderole dans le tendido réclamant « Rendez nous Boutet ». Pourtant, on s’étonne qu’il n’y ait pas eu d’autres manifestation, de sympathie cette fois, puisque Yannick Boutet était présent à une barrera, « là où on pique les toros ». Curieux, non ?
     A signaler que, par admiration et probable camaraderie, Juan Bautista et Fernando Cruz brindèrent au Juli leur deuxième faena. Compañeros y Toreros !
     El Juli : Division et Deux oreilles, avec formidable pétition de rabo, grosse discussion dans les  gradins et le callejon et… énorme bronca à la présidence – Mal fagoté (un costume « saumon pas frais » et or, qui le gênait dès le patio), semblant fatigué ou de mauvais poil, le Juli fit « fi » du premier moustique, méchant à droite, désagréable en tout (et ce n’est sa cuadrilla, auteur d’un incroyable « mitin » aux banderilles, qui allait lui rendre le sourire). Juli tenta deux petites choses, faillit même réussir, au coup par coup, sur main gauche.. et plia les cannes.
     Par contre, dès qu’apparut le quatrième, Juli enclencha « la marche en haut », à fond : capeo court, efficace et élégant ; lidia mesurée et suivi des banderilleros "qui se rattrapent un peu". Muleta en main, dès la troisième passe, le toro « était sien ». Calibré, mesuré, guidé, porté, enveloppé de fine muleta, « Intrepido » n’avait qu’une solution : suivre, suivre, et suivre encore… Suivre le Juli jusqu’au bout de monde, même s’il le prenait pour un petit chien, lui, un toro brave ; même s’il le tordait en tous sens, doucement mais fermement, au point de lui faire accomplir des figures dont tout toro se serait cru incapable ; même si, en fin de chaque série folle, le blondinet se figeait « au dessus de lui », à quelques millimètres, sans qu’il ne songe à aller le cueillir. Suivre la muleta magique, la muleta aimant… et il aima cela, « Divertido » le toro, noble parmi les nobles.
     Le public, lui, adora, exulta, explosa. C’est logique, et c’est bien ! Aussi, lorsque le Juli plongea, à fond, une épée « bien de côté, ma foi ! », il ne comprit pas, ce public, que la présidence refusât « le rabo », ce « tous les trophées » que méritait la faena. Bien sûr on peut l’entendre, mais de même, il faut bien quelqu’un « pour garder les clefs du temple », même si « le temple »… c’est le Juli qui l’a.
     Triomphe total de Julian Lopez, « figuron del Toreo », auteur, hier à Dax, d’exploits muleteriles que nous n’avions pas encore vus. Et nous n’étions pas les seuls. Mais voilà : « Desprendida, la espada ! »
     Juan Bautista : Une oreille de chaque toro – Se montra « dans sa ligne actuelle », où tout lui semble presque facile, trouvant rapidement le rythme, les distances que demandent les toros. Sa première faena comporta trois étapes : L’étude, courte ; la démonstration, claire, sérieuse, sans bavure ; et « la cerise sur le gâteau », sous forme d’adornos bienvenus et pleins d’élégance. Tuant vite, l’Arlésien coupa juste oreille.
     Après « le gros boum » organisé par le Juli, il fallait passer ! Le noble cinquième faillit l’aider à réussir cet exploit, et ses premières vingt passes furent de toute beauté. Hélas, le toro partit « pabajo » et la faena perdit de son fluide. Bautista eut alors deux recours : La fantaisie, avec des manoletinas, sans épée ; et « le monumental », avec un nouveau « recibir » à l’épée, qui roula le bicho et relança les clameurs.
     Grande journée, encore une, d’un Juan Bautista, actuellement « emballé ». Et quand le maestro est en verve, sa cuadrilla suit : Grand tiers de banderilles au cinquième, où durent saluer Cesar Fernandez et Juan Pedro Alcantud, tandis que Christian Romero était bien en place, à la brega. Tout roule !
     Fernando Cruz : Ovation « dépitée », et Applaudissements – Algo fallo ! Quelque chose ne marche pas, dans le staff : Comment, pour une occasion si importante, voire « capitale », un apoderado peut il laisser son torero s’habiller aussi laidement ? Mais oui ! Il en est aussi de sa responsabilité ! Que venait faire ce moche « vieux pot de terre et noir », dans la lumière de Dax ? Por favor!
     Et puis, quand sort le toro, au lieu de brailler et d’enguirlander son poderdante, comme il le fit à Mont de Marsan et Tyrosse, pourquoi Luciano Nuñez, lui-même torero et confianza de Manzanares, n’est il pas capable de suggérer « plus court », à un torero qui tire et tire des passes, s’étire à tirer des passes, pour finir éreinté, sans presque n’avoir rien dit… car on a oublié le formidable début. Pourquoi? 
     C’est un peu ce qui arriva à Fernando Cruz, en deux faenas interminables, dont il sortit… vide de tout. Pourtant, quelles naturelles, longues, templées, parfois même profondes. Quels pechos, bien enroulés ! Pero no ! « Long, comme un jour sans pain », sans être capable de mêler la moindre fantaisie au fondamental, Fernando Cruz alla chaque fois « a menos », et tua mal : quatre pinchazos à son premier, et une média con vomito, pour « l’ultime chance ». Ainsi perd t’on une, voire deux oreilles. Dommage !