DAX :
« IL » EST REVENU !
12 Août : Ceux qui restaient un peu dubitatifs, après une première faena
où déjà pointait « la différence », ne purent que se rendre à
l’évidence, après ce qui se passa au cinquième : « Il » est revenu !
Le « Il » en question n’est autre que Jose Tomas.
Certes, tout ne fut pas parfait et l’on est encore loin
« du rêve éveillé », mais en une date pour lui « cruciale », le revenant
de Galapagar (et « d’ailleurs ») a démontré « qu’il » est différent des
autres, au point de monopoliser l’attention, renvoyant « à dix mètres »
un Sébastien Castella, toujours en recherche de son épée… mais également
« del angel », cette divine et majestueuse facilité qui, en 2006, muait
le beau en grandiose… en particulier à Dax.
Hier, c’était la première confrontation entre les deux hommes, et la
réponse fut sans appel. Malgré une oreille « bien gentille », après une
faena « a menos » et un estoconazo bien vilain, Castella donna la vuelta
avec le même air, la même expression qui sont les siens, dès le paseo.
Vides de tout ! « Long comme un jour sans pain » devant un premier
adversaire auquel il pégua au moins 148 muletazos de qualité diverse, le
Français débuta très fort, devant le sixième, meilleur toro de la tarde.
Hélas, le trasteo alla s’effilochant et chacun, en son for intérieur…
resta sur sa faim. A que si?
Le Fundi, lui, se comporta en maestro « de guerre », et
« en matador de toros ». C’était sa seule option, lui qui ne sera jamais
un torero « de fiorituras »… Et c’est probablement ce qu’il a dit à ses
deux compagnons d’un probable « unique jour », en leur brindant son toro.
Pourtant, des fioritures, le Fundi en fut capable, notamment au capote
et en un muletazo, un seul… mais qui fut « de cartel » : Le trincherazo
par lequel il ouvrit sa deuxième faena. Hélas, le toro rendit vite les
armes, et des trincherazos, il y en eut d’autres, signés Jose Tomas… si
bien qu’on en oublia celui du Fundi. Mais, celui là fut parfait, tant
sur le plan technique qu’esthétique… et il fut la toute première passe
de la faena, « sin ninguna probatura ». Chapeau ! Et pour ce qui est de
l’épée, le Fundi rentre fort, « à fracasser les toros », comme le
faisait Paquirri, en un récent jadis. Des fois « ça pinche », des fois
« cela tombe un peu », mais nul ne pourra lui reprocher… de ne pas y
aller « à fond ».
Mais revenons à Jose Tomas qui fait que déjà, la Feria de Dax 2006 est à
marquer d’un blanc caillou.
Ses deux toros furent relativement incommodes, pour le
toreo qu’il prodigue… d’où quelques accrochages, quelques « secousses »,
mais, Señores, il se les passe « très près », les prenant « devant, les
jetant « loin derrière », en particulier sur des naturelles longues,
fluides, dont deux ou trois soulevèrent ces « ooolé ! » qui viennent
« du fond du ventre », quand on ne peut s’empêcher de s’écrier
intérieurement « Bon Dieu, que c’est beau ! ».
Non, tout ne fut pas parfait, mais on gardera dans la
rétine, sur le sable d’ocre de Dax éclairé du soleil couchant d’un
nouvel Austerlitz, le quite par gaoneras « en coup de fusil », à son
premier; l’ouverture de faena, par quatre statuaires « sin pensarselo » ;
les trois naturelles, en fin de trasteo, qui renversèrent la plaza....
Mais tout cela n’était rien, ou presque…
Lorsque sortit le cinquième, Tomas ouvrit le grand bal
par un capeo parfait de cadence, de saveur, couronné d’un remate « pa
morirse ». Ensuite, brindis à tous et un début de faena, « illuminé » de
deux énormes trincherazos soulignés du crépitement de tous les appareils
photos de la planète toros. Vaya muletazos… Puis ce fut la faena,
presque parfaite, le toro changeant parfois son rythme et « sa hauteur
de corne »… Peu importe ! Impavide, mêlant douceur et fermeté, Jose
Tomas tira des séries « a mas », faisant monter l’émotion et
l’admiration générale. Une faena « à revoir » et déguster (Canal+, qui
filmait, s’en chargera !). Bien sûr, le toreo « fondamental », mais
également les adornos et les remates. Tout ...ou presque!
Pas à dire ! Cette fois, Jose Tomas est bien revenu !
Peu importent les trophées ! Peu importe si « Trois, c’est trop ! »…
C’est « autre chose » que l’on doit retenir. C’est « la différence », le
charisme, « l’unique » qui font que chacun, de sa place, « attend » le
prochain capotazo, le prochain muletazo… Elle est là, cette
« différence », et ils sont bien peu à pouvoir la revendiquer.
Ils sont bien peu… Au fait, jusqu’à hier, y en avait il
un ?
Jose Tomas se dit fervent admirateur de Manolete… On
peut penser, peut être, que l’énigmatique Cordouan provoquait cet effet,
sur les aficionados autant que sur le grand public. « Algo diferente ! ».
En tous cas, et même s’il tua « vite mais pas bien »
Jose Tomas a marqué, à Dax, le premier but de son grand retour. On dira
"le premier" parce que « Barcelone… c’était presque joué d’avance ! ».
Là, Tomas était attendu. Il arrivait en France où tous
l’attendaient avec ferveur, avec « ilusion », mais également avec « la
loupe » et il était le premier à savoir qu’une actuacion du type de
celles d’Alicante, de Burgos ou d’Avila, le menaient tout droit… à
quelques soucis.
Mais cette fois, après Pontevedra et surtout, Dax…
l’évidence est là : « Il » est revenu !
11 Août – DAX – 1ère corrida de Feria – No hay
billetes – Grand, grand bleu : Six toros d’Antonio Bañuelos, inégalement
présentés, les trois derniers plus charpentés, mais tous très
honorablement armés. La corrida, en son ensemble, est sortie
« distraite », sin fijeza au premier tiers, allant et venant dans le
ruedo, s’échappant des capes, changeant de route et cherchant la fuite.
Elle fut limitée de forces, sans pour autant « se casser la figure »,
mais, si elle chargea, ce fut souvent avec des réflexes « de défense »,
qui impliquaient parfois la défiance. Pour le torero, le sixième sembla
le plus clair, et le troisième, malgré sa soseria, permit des dizaines
de muletazos. Dangereux le premier, reponiendo fuerte, sur le piton
gauche, et triste le lourd quatrième, qui s’éteignit d’un coup, comme on
mouche une chandelle. Incertain le deuxième, et noble mais «changeant »
le cinquième. Le falto raza, a la corrida.
En début de paseo, à la grande surprise de ceux qui
viennent d’ailleurs, une grosse bronca se déchaîna, résultant de
l’éviction de Yannick Boutet, l’alguacil « de toujours », en la plaza
Dacquoise (A lui, un gros abrazo de réconfort, et au nouveau venu « Curagiu ! ».
Il en aura besoin…) Dans les gradins une banderole : « Rendez nous
Boutet ! ». Ne dit on pas « Vox populi… » ?
En fin de paseo, grande ovation de bienvenue pour Jose
Tomas qui la fit partager à ses deux collègues.
El Fundi : Une oreille et Ovation – Se montra
souvent excellent, avec le capote, tant dans ses réceptions que ses
quites. Un remate au premier semblait « pas de lui ! ». Aux banderilles,
le diestro de Fuenlabrada « passa vite ».
Sa première faena, à un toro « qui remonta » au
troisième tiers, se montrant violentito à droite et carrément dangereux
à gauche, eut grand mérite d’insister sur main gauche, et « de rester
là » tandis que les cornes et les charges se faisaient menaçantes.
L’autre bon point fut le coup d’épée, un peu tombé mais porté avec foi
et force. Une oreille un peu généreuse peut-être, mais nullement volée.
Incertain aux deux premiers tiers, le gros quatrième
sembla s’améliorer, au point que le Fundi alla le brinder à ses deux
compagnons. Surprise, d’entrée, avec un trincherazo, phénoménal de
toreria, précédant un gros début vers le centre, salué d’une grande
ovation. La première série le sera aussi, bien que l’on sente déjà que
le toro aura du mal à aller « au bout ». Hélas, confirmation, dans les
secondes suivantes, le bicho se transformant en bloc de marbre. Fundi
insistera au mieux, avant d’attaquer à l’épée, pour un gros pinchazo,
digne d’applaudissements et une quasi entière, un poil ladeada. Refusant
toute assistance, le matador, sûr de lui, accompagna le toro jusqu’à sa
chute. Certains sifflèrent son salut, ils eurent tort.
Jose Tomas : Une oreille et Deux oreilles – Ne
put bien fixer au capote son premier toro, sorti abanto et manso au
cheval. Cependant, le premier « toque de atencion » fut sonné en un
quite de quatre gaoneras, plus « claquées » que toréées, mais de bel
effet sur la plaza. Sans brindis, le visage fermé, Tomas partit vers un
terrain inhabituel et, sous la malédiction des photographes (en plein
contre jour), le diestro attaqua par quatre statuaires, une longue faena
qui alla crescendo, malgré l’incertitude et le « coup d’boule » du toro,
en plusieurs occasions. Faena qui s’égrena, un peu « rapidilla », un peu
inégale, alternant les deux côtés, mais avec un commun dénominateur : Il
se le passe très près, et ne bouge pas d’un pouce. Puis, tout à coup,
trois naturelles lumineuses, fluides, qui firent unanimité. Final en
manoletinas serrées, ovationnées et un coup d’épée d’effet rapide. De
belles choses, mais guère d'émotion !
Par contre, elle viendra au cinquième, cette émotion!
Et à plusieurs reprises ! Tout d’abord, au capote, avec en réception,
des lances parfaits, bien balancés, mains basses, contresignés d’un
remate monumental. Puis la faena ! Non « un faenon ! » car on sent le
diestro « toujours en rodage, dans ses placements, dans ses attaques…
Pourtant, après le brindis à tous, son début de trasteo, avec deux
énormes trincherazos, fait déjà partie des grandes archives de l’année
2007, en France. La faena ira crescendo, le diestro affirmant « sa
différence », transportant le public vers « d’autres terrains », vers un
autre toreo. Pieds rivés au sol, bien à plat, Tomas ira chercher loin
devant, la tête du toro, et l’attirera à lui, en de longues séquences de
grande saveur, clôturant chaque série par pechos ou autres muletazos de
bas remate. Encore une fois des trincheras, des firmas et autres passes
du desprecio feront hurler la plaza. Faena où le torero « se gusto » en
plusieurs instants. Faena close d’une épée un peu plate et desprendida,
qui fit un effet immédiat. Deux oreilles incontestables, longuement
fêtées.
Sébastien Castella : Silence et Une oreille –
Selon l’adage du « qui aime bien, châtie bien », on dira que le Français
a déçu. Et pas qu’à l’épée… Le nier ne serait pas service à lui rendre !
Touchant les deux toros de la journée, en particulier
le sixième, Castella « pégua de très nombreuses passes », mais « ne
construisit » pas le toreo dont on le sait détenteur. Il ne put
s’exprimer, au capote, mais n’y força guère le destin. On ne retiendra
de sa cape, que le quite par chicuelinas.. Et encore!
Face au troisième, toro « soson » mais répétant ses
charges, allant et venant à l’appel de la muleta, Castella « distribua »
des dizaines de muletazos, dont certains bons et d’autres « enganchés »,
accrochés et même désarmés. Comme « sans réaction », le torero reprenait
sa longue litanie, jusqu’à ce que quelques sifflets lui rappellent
l’heure. Hélas, cette apparente lassitude « animica » se confirma avec
l’épée, en trois entrées bien peu glorieuses. Déception silencieuse et
respectueuse.
Au sixième, après le début toujours spectaculaire des
deux cambios au centre, Castella sembla « allumer la mèche », mais
celle-ci fut de courte durée et la faena alla « a menos », retombant
dans le « muletazos à foison », dans le style « uno si, y el otro
no ! ». Après un final où il s’enroula le bicho en un court arrimon,
Castella « plongea » une méchante lame « très de côté », coupant une
oreille qui en rien ne doit le tromper.
Mais Dax est ainsi : Elle aime et attend, patiemment…
Ojala sea « pas trop longtemps ! »
Mais enfin... elle a bien attendu Jose Tomas, cinq
ans!!!! |