TYROSSE :
« TIR…ROSSE !!! »
Une oreille, forte, pour Fernando Cruz
30 Juillet : Il est des jours, comme cela... On met toute son énergie,
son espoir, son aficion, à essayer de « faire les choses, bien ! »… On
soigne les moindres détails, jusques à des clarines qui sonnent
magnifiquement, dignes de Versailles… mais « le destin » est là qui, en
quelques minutes, vous met tout par terre.
Le destin… et les hommes !
Hier, Saint Vincent de Tyrosse n’a pas eu de chance… Ce
n’est pas la première fois, et il est vrai que cela commence « à
peser ». Comme dans un stand de tir où l’on annonce « Mal partie à
gauche ! Mal partie à droite ! », ce qui peut sous entendre « Planquez
vous ! », Tyrosse a vécu, hier, ce que l’on pourrait baptiser, en un
triste calembour, « un tir rosse ». En effet, les toros de Charro de
Llen, outre présentation et comportement inégaux mais très intéressants,
ont vécu des accidents dont la plaza ni le public n’avaient besoin. Par
ailleurs, la « maldonne » du moment nous a valu la prestation « vulgarissime »
de deux des trois diestros, pourtant « pleins d'intérêt », au moment où
ils ont signé leur contrat. Heureusement restait le troisième qui, en
une courte mais intense faena, nous a rabiboché avec ce qui nous reste
d’Aficion, après le désastre de la Madeleine récente…
Une plaza ovale, des cuadrillas mal placées, qui citent le toro « bien
perpendiculairement » aux planches… et le toro fuse. Un joli toro, haut,
bien fait, très sérieux pour cette plaza. Le plus beau du lot, rapporte
la photo. Le toro fuse donc et percute le burladero, dans un affreux
crac. Pas besoin de vérifier : Le piton gauche est cassé net « por la
cepa ». La pauvre bête ira, secouant sa douleur, avant d’être remplacée…
Un puyazo, pris avec force, et le quatrième qui sort en
un vilain saut de carpe, suivi d’un rapide « ramping ». Lorsqu’il se
relève, le pauvre animal s’est à demi paralysé, victime d’une probable
lésion vertébrale. Durant dix douloureuses minutes, aggravées par les
maladresses du diestro de turno, le public assistera au désolant
spectacle, de plus en plus coutumier, du toro « descordinado »,
magnifique machine de guerre soudain devenue « vieille guimbarde à trois
roues ».
Affligeant ! Ecoeurant ! Douloureusement révoltant !
Qu’ont ils donc fait de nos toros ? Et… qui l’a fait ?
Les ganaderos ? Le public ? Le « Système » ?
Restent les hommes !
Héros de Madrid… parce que les toros de Palha « lui ont
imposé » ce rythme et ces attitudes, Rafaelillo a réussi, à Tyrosse, à
battre le grand record de vulgarité, laissé ici par Antonio Ferrera, il
y a peu.
Por favor !!!! Toréer « despatarrado » est une chose,
mais « faire des demi passes » à un toro noble, un pied à Dunkerque et
l’autre à Gibraltar n’atteste que d’une chose : Que la couture médiane
de la talleguilla est solide. Mais comme le tout est vivement tourné
(c’est peu dire !) et que le public est « bonachon », on ira chercher au
patio l’oreille qui avait été arrastrée avec la pauvre bête. Que
tristeza, Señores !
Quant à Domingo Lopez Chaves… « ni eso ! » : Le
salmantino se débat vilainement dans le trou profond où il s’est enfoui,
« destoréant » à outrance, faisant croire que le toro est mauvais, et
attaquant avec l’épée, comme les mauvais bougres dans les westerns… « de
nuit et dans le dos ! » Très mauvais moment d’un torero vaillant qui a
déjà peut-être trop donné. On peut s’inquiéter de le savoir convié par
deux fois, en plaza de Bayonne. Là, le public ne sera pas celui de
Tyrosse, et la bronca risque d’être sévère… Attendons, comme pour
l’anticyclone des Açores, un possible miracle. Mais, au train où c’est
parti… l’été sera « perturbé ».
Heureusement, la corrida fut sauvée par un Fernando
Cruz dont la faena au troisième fut chichement sanctionnée de la même
récompense que celle de Rafaelillo au premier. De quoi se frotter les
yeux jusqu’à mettre au chômage tous les ophtalmos de la planète… Décidé
et torero, le jeune Madrilène tira un trasteo court, classique mais
intense, du colorado troisième. On lui vit notamment de longues
naturelles ciselées, qui auraient soulevé Madrid.Certes il pincha et son
estocade ne fut pas « modèle du genre », mais on avait vibré, et le
garçon avait laissé sur le sable Tyrossais un éventail de muletazos à
garder dans les souvenirs 2007. Asi que !!! Par contre, l’espèce de
« moustique » vilainement cornu sorti sixième, semblait connaître latin,
grec et gascon… A la troisième passe du torero, la bête lui joua un sale
tour et Fernando Cruz s’envola durement, comme la veille à Collado
Villalba… comme tant de fois. A la fois secoué par le toro et par un
apoderado du genre « Ce n’est rien ! Avance ! », le brave Fernando
revint à la galère, et rama comme il le put ! Mais hier, il fut « un
pedazo de torero ».
Et pourtant !!!
Pourtant nous avons vu des toros, très correctement
présentés pour cette plaza. Certes les trapios et les cornes étaient du
genre « inégal », mais les toros ont eu de la présence, et ont fait
beaucoup de bruit à la pique… Ce ne fut pas toujours de la bravoure,
mais ils poussèrent, remuant les chevaux, en des premiers tiers… que
l’on n’a pas vus en cinq jours de Plumaçon ! Las cosas como son !
Au bilan… « on aurait pu ! »
Si les toros n’avaient eu ces accidents…
Si deux des trois toreros avaient « planté les
zapatillas »… Si, si, si…
« C’est rosse, quand même !! »
29 Juillet – SAINT VINCENT DE TYROSSE – Pratiquement
plein – Grand bleu : Toros de Charro de Llen, inégaux de présence mais
très corrects pour cette plaza. Le troisième, magnifique, se cassa le
piton gauche dans un burladero. Il fut remplacé par le sixième (se
corrio turno) et en donc, en dernier lieu sortit le sobrero de Tardieu,
petit maigre mais musclé, « estrecho de cienes » et très sérieusement
armé, veleto.
Au comportement, les Salmantinos sont tous sortis au
pas, très réservés au capote. Par contre, tous se sont « allumés » en
des piques fortement poussées, avec des styles différents, obligeant les
piqueros à s’employer (bien mieux qu’en d’autres lieux, d’ailleurs). Le
colorado troisième s’employa à fond. Le quatrième prit un énorme puyazo
dont il sortit mal, mêlant avec un saut de carpe et une partie « sur les
genoux », qui témoignèrent d’une mauvaise lésion (probablement
vertébrale) dont il ne se remis jamais. Ce fut un long et douloureux
moment que de voir ce noble animal « tanguer » ainsi, totalement « descordinado »,
finissant paralysé de la patte arrière gauche. Pour l’homme, le deuxième
fut le plus difficile, ainsi que le sobrero de Tardieu, malin et vite
avisé. Les 1, 3 et 5 permettaient le toreo, pour peu que l’on veuille « clavar
la zapatillas ».
Rafaelillo : Une oreille, généreuse, et Courte
division – Ne put, malheureusement, ne s’exprimer que devant le premier
toro. Avec un entrain juvénile, le Murciano entraîna toro d'ouverture et
public dans une ronde illusoire où l’on ne sait trop « qui bougeait le
plus ». Amassant les demi muletazos, très rapides, les jambes largement
écartées, Rafaelillo « derviche tourna » longuement, et à tout dire,
assez vulgaire. Trois quarts de lame et une oreille que l’alguacil alla
chercher après l’arrastre d’un bicho qui méritait mieux, semble t’il.
Devant le quatrième, on ne pourra que lui pardonner ses échecs à l’épée,
devant un toro dont les douloureux soubresauts rendaient imprévisibles
les charges désespérées.
Domingo Lopez Chaves : Bronca après deux avis,
et Sifflets – A connu noire journée, complètement « à la dérive », tant
devant son premier, probablement compliqué (mais on ne put « le voir »,
tant le muletero « dansa » sans cesse) que le cinquième, bien plus
abordable. Essayant de « vouloir » fixer au sol des pieds qui ne
voulaient que fuir bien loin, Lopez prit le parti de faire « de la
provoque », répondant à quelque spectateur qui le prenait à parti, où
jouant « les chulos » en fixant longuement la longue agonie du cinquième
qui se résista, aux planches, avec une lame entière, heureuse, en
sortant « par devant ». Mauvaise, très mauvaise journée de Domingo Lopez
Chaves. « Pa quitarle de esto ! »
Fernando Cruz : Une oreille, forte, et Ovation –
Eut le malheur de voir son premier « se casser » dans un burladero,
suite à un cite « mal placé » de son peon. Le remplaçant (en fait son
second adversaire) sortit « anovillado », mais bien armé et nerveux,
correton. Bravucon en un puyazo fort poussé, le toro se montrera encasté,
puissant et noble à la muleta, donnant du piment à la tauromachie du
Madrilène. Le public fit aussitôt la différence : Gros début de faena,
par doblones et droitières en marchant vers le centre, avec en final un
énorme pecho. Superbe ! Aussitôt, main gauche pour trois séries de
naturelles de qualité croissante, chaque fois closes de grandes passes
de poitrine. Ce fut « le » moment de la tarde, qui confirme la qualité
entrevue à Mont de Marsan. La faena se poursuivra sur main droite, le
toro baissant un peu d’intensité, empêchant le jeune diestro de sculpter
le final prévu, au centre de la plaza. Un pinchazo rageur précédera un
trois quarts de lame vertical et un peu de travers, nécessitant un
descabello. Peu importe, le succès était là, méritant bien plus qu’un
trophée, au vu de celui précédemment accordé. Bon triomphe, mérité.
A n’en pas douter, Fernando Cruz voulait rééditer « toreo
et exploit », face au sixième. Hélas, ce fut impossible, devant un
sobrero de Tardieu, avisé, court de charge, qui le prit de bien vilaine
façon, après que le torero eut cru pouvoir s’étirer, sur main droite,
suite à un intelligent début de placement et mise en confiance commune.
Hélas, le toro ne l’entendit pas ainsi, et la voltige fut sévère. Après
avoir été recherché au sol, Cruz fut relevé, arrosé d’eau et renvoyé
« au mail ». Hélas, tout toreo fut impossible, plus moult raisons, et
l’épée, sincère, précéda deux descabellos douloureux. Mais Fernando Cruz
est revenu dans son Sud Ouest, espérons pour longtemps...
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