Reseña du 17 juillet 2006

 

MONT DE MARSAN : « MUSICA, MAESTRO ! »

Enrique Ponce « entre » au Plumaçon !

   18 Juillet : On aurait envie de s’écrier « Enfin ! ».
     « Enfin, on a vu une belle corrida ! » Du moins, ce sera le sentiment général. Ce n’était pas difficile, vu ce qui s’était passé précédemment. Et « Enfin, on a vu Ponce à Mont de Marsan ! », et cela est bien plus intéressant.

       Par une chaleur qu’on qualifiera de « casi inaguantable », surtout pour les spectateurs du « Soleil », la troisième corrida de la Madeleine aura permis, si ce n’est de voir de grands toros, au moins… de voir toréer.
     Certains argueront avec un brin de mauvaise foi, que la corrida était aussi faible que celle de la veille. On évacuera l’argument en répondant que, contrairement à ceux du Sierro, les toros de Javier Perz Tabernero «se movieron », eurent toujours l’envie de charger, même si parfois leur mufle allait tutoyer le sable, encore trop dur, semble t’il, de la plaza.
     La corrida du Sierro fut « una bueyada invalide » ; celle d’hier fut une corrida, bien présentée, haute, un peu « estrecha de culata », un peu faible et noble, avec certains toros de classe. Autre « détail », ce qui est quand même un comble : Il a fallu attendre la troisième corrida pour assister à un vrai puyazo, bien porté et magnifiquement pris par le deuxième de la tarde, qui provoqua un « vrai » batacazo, mettant en grave danger le picador Luis Alberto Parron, pris sous le cheval.
     D’autres, et souvent les mêmes  s’écrieront : « Des toros commerciaux, faibles et que tous auraient pu toréer ! » - Libre à eux, bien sûr, de penser de la sorte… mais  qu’il  nous soit permis d’en douter deux minutes. La corrida, pour noble qu’elle devint, aurait pu basculer vers l’ennui, si les hommes n’avaient mis du leur, certains avec plus de bonheur et de métier que d’autres.
     « Ah ! Vous allez nous parler de Ponce ! »
     - « Et oui, de Ponce ! » Hier, on a vu une corrida « quasi complète », au plan noblesse. Pourtant, tous les toros ayant quelque problème de force, on aura vu trois toreros, trois « façons »… et trois résultats : Enrique Ponce, « en lidiant », dès le premier capotazo, a su « construire » deux toros, leur donner confiance et les convaincre « qu’ils étaient capables de charger ». De son côté, « El Cid », moins scientifique, plus viscéral, « a travaillé dur », parfois en force, souvent en longueur, pour profiter des moindres arrancadas. Et cela lui a fort bien réussi. Et puis, il y eut Julien Lescarret ! Passant derrière « le monstre Ponce », et « la belle machine Cid », le landais, dans un jour-sans, laissa passer sa chance, ne pouvant soutenir le troisième, et « laissant passer » le dernier, qui nous parut le meilleur de la tarde, avec le cinquième.

     « Alors, vous allez encore nous parler de Ponce ! »
     - « Et oui, de Ponce ! » Depuis qu’il vient au Plumaçon, et cela fait quelques années déjà, Enrique Ponce n’a jamais « vraiment triomphé » à Mont de Marsan. Chaque fois « quelque chose tournait mal ! » : Le sorteo, une lésion, un pet de travers… Le fait est que, même s’il avait coupé quelque oreille, de-ci de-là, le Valenciano n’était jamais vraiment « entré » au Plumaçon. Comme de plus, le diestro multipliait les apothéoses en la plaza de Dax voisine, on avait à son égard, la dent de plus en plus dure, même si elle restait « admirative ». Depuis hier, non seulement il est « entré » à Mont de Marsan, mais il en est également « sorti », vraiment a hombros. Et, du premier abrazo, à son arrivée à la plaza, au dernier autographe, dans la camionnette, avant l’hôtel et la douche, Enrique Ponce s’est comporté « en torerazo »… et en authentique « Numéro Un ».
     Certains bien sûr, s’écrieront : « Numéro Un… mais devant quels toros ? Des faibles, toujours des faibles ! Là, il est fort ! »
     La réponse est simple : « Voyez Séville ! Voyez Madrid ! »
     Pour qui l’a vu en direct, soit dan la plaza, soit à la télé, Enrique Ponce « est entré », enfin, cette année, à Séville, en se montrant héroïque devant deux toros très forts et très brutaux, qui le mirent en grave danger. Et à Madrid, le Valenciano a monté une faena « à deux carcans » qui pensaient « à tout » sauf à tomber…
     Non ! Enrique Ponce est le « Number One ! », parce qu’il est le meilleur, tout simplement ! Parce qu’il a « une intelligence » et une connaissance du toro, qui lui permettent de calculer spontanément les paramètres d’un combat auquel il saura donner une grande beauté esthétique, tout en imposant sa loi, sur le toro et sur le public. Et deux autres éléments : L’Aficion et…  le courage ! Riche « à milliards », Enrique Ponce reste « au sommet », seize ans après son alternative, alors que beaucoup veulent le décrier, avec plus ou moins de mauvaise foi. Pourtant, depuis des années, « techniquement et artistiquement », le Toreo « est » Enrique Ponce ! 
     Par ailleurs, il faudra aussi parler de la qualité « de l’homme » : Un torero qui garde « la même cuadrilla » depuis ses débuts, pratiquement… a « un quelque chose » de spécial, humainement parlant. Et ce n’est pas Jean Maire Bourret qui contredira cela, lui qui fut le seul à quitter l’équipe, pour la seule excellente raison « d’une retraite » bien méritée.
     Hier à Mont de Marsan, Enrique Ponce a pris deux toros, qui sont sortis faibles, les a jaugés, leur a donné toute confiance, et, au bout de trois séries, sa muleta a exactement fait ce qu’elle voulait, pour le plaisir de tous… y compris de ceux qui lui refusent « el pan y la sal ! »
     - « Oui mais, Trois oreilles, c’est bien trop ! »
     - Il est évident que l’on pourra discuter la deuxième oreille, au premier, après cette estocade « à un invalide », le toro s’étant cassé l’arrière droit, juste avant la conclusion. On est d’accord ! Pourtant, il faut revenir « au contexte » : La faena avait été « de maestro », et d’autre part, le public n’avait presque rien vu, depuis deux jours… C’est donc une décision très compréhensible, et le public n’aurait pas accepté un refus, tout en sachant que la deuxième oreille est « celle du président ». Enrique Ponce aurait coupé ces deux oreilles en n’importe quelle grande plaza de feria.
     Et puis… avouez que « Ponce, au quatrième, avec cette musique ! »… Non ?
     Hier, certains moments ont atteint le grandiose, tant était parfaite la conjonction entre le rythme de la faena de Ponce, et le pasodoble, magistral « de sensibilité taurine », déclamé par l’Orchestre Montois. Le maestro ne s’y est d’ailleurs pas trompé, qui salua par deux fois, « l’autre Maestro », là-haut… la première, pendant la faena, et l’autre durant la vuelta… Un formidable moment qui n’a qu’un nom : Harmonie !

     On en parlerait des heures…
     Allons ! Hier, même si tout ne fut pas « tip top », la feria a connu une grande et belle journée, qu’il conviendra de garder dans les mémoires, sous le titre de : « Il y a Ponce… et les autres ! »

    17 Juillet – MONT DE MARSAN – 3ème corrida de la Madeleine – Casi lleno – Intense chaleur : Six toros de Javier Perez Tabernero, bien présentés, très hauts et bien armés. La corrida est sortie « en Atanasio », allant et venant, « suelta » au capote, pour ensuite gagner de la fijeza et aller « a mas ». Hélas, la plupart manifestèrent quelque faiblesse, bien que cela n’atteigne jamais les frontières du scandale de la veille. La corrida fut peu piquée, mais alla au cheval sans rechigner, la palme revenant au deuxième de la tarde, qui prit un gros puyazo à l’issue duquel il balança tout le monde à terre, retournant le cheval sur le corps du picador Luis Alberto Parron, qui frôla le gros accident, restant un long moment, coincé à la merci du toro. Tous au quite, et grande chance ! A la muleta, on pensera que les deux derniers furent les meilleurs, et le troisième le moins abordable… peut-être.

     Enrique Ponce : Deux oreilles et Une oreille – A donné hier, « deux leçons » de Toreo… et de lidia, dès les premiers capotazos. Mesurant à merveille les forces et les qualités de ses deux adversaires, Ponce a su leur donner confiance et les amener à se livrer entièrement, au point de ne plus tomber.
     Ce fut flagrant, face au premier, qui fléchit plusieurs fois, en début de faena. Les deux premières séries, à droite, la muleta à mi hauteur, furent de « vraies plaidoiries », genre « Tu peux le faire, si tu suis ce que je te dicte ! », et les naturelles qui suivirent : « de vraies caresses ». Alors, sûr de son fait, Ponce se laissa aller, muleta basse, douce et relâchée, en plusieurs séries où l’esthétique se lia « au mando, total ».
     En fin de faena, des doblones de mise en place, mais, catastrophe ! : le toro vient de se casser l’arrière droit. La pauvre bête garde la jambe en l’air, fait quelques pas et s’écroule. Chacun se lamente, partout. On relève le toro pour que Ponce puisse l’estoquer. Un incident et une tristesse qui n’empêcheront nullement le public de réclamer et obtenir les deux oreilles. Ce qui compréhensible, même si…
     Devant le quatrième, Ponce répétera le même scénario, voulant couper deux « vraies oreilles » ! La faena ira « a mas », magnifiquement accompagnée par l’Orchestre Montois, mais le toro ne permettra pas tous les enchaînements. Cependant, le public « rugira » plusieurs fois, notamment sur trois roblesinas enchaînées, et trois « derechazos-caresses » très relâchés, sensationnels. Hélas, il y aura cette lame, bien courte et ce descabello, très bien préparé. Avec une entière sin puntilla, il y aurait eu deux « vraies oreilles ».
     El Cid : Palmas et Une oreille – A très bien toréé, parfois, mais a perdu beaucoup de trophées, à la mort. C’est pour cette raison, probablement qu’il débuta sa vuelta, au cinquième, les mâchoires serrées. Il pensait lui aussi, ouvrir la Puerta Grande. Et il n’en fut pas loin ! Pourtant, pour grandiose que fût parfois son toreo, pour logique que fût son triomphe, le Cid n’a pas eu le même « rayonnement », technique et artistique, que celui d’Enrique Ponce. Ces toros étaient « les mêmes », et probablement meilleurs (le cinquième)… mais, là où Ponce passe en finesse, le Cid passe en force, « martelant » son toreo, pour enfin ralentir son action, notamment lorsqu’il prend la gauche.
     Son premier manqua « d’un bon mètre de charge », à la fin du muletazo. Le Cid monta une faena « de dulce », qui atteint son zénith sur trois séries de naturelles remarquablement tirées. Le toro baissa de rythme, et le trasteo se termina sur quelques adornos et un desplante un peu « énervé » (style Zizou !), en terrain du toril. Hélas, il y eut ces trois pinchazos, et les trophées s’envolèrent, méchamment.
     Le cinquième débuta « suelto », sans fixité, mais devint grand collaborateur à la muleta. Le Cid en profita amplement, au cours d’une longue et abondante faena où des suertes « parfaitement léchées» avoisinèrent des séries « plus fonctionnelles ». Faena « a mas », en plusieurs terrains, et grande épée, après un pinchazo. En Espagne, le Cid aurait coupé deux oreilles. Ici… une !  Un fait à discuter, au cours des tertulias et autres soirées d’hiver dans les peñas. El Cid, lui, s’attendait à en couper deux !!!!
     Julien Lescarret : Palmas et Silence – N’a pas plu ! Sa bonne volonté ne peut être mise en doute, de même que son courage, mais, encadré de deux « pointures » ; à mille lieues de leur technique, acquise en trois ou six cents corridas de plus que lui (sans compter les années d’alternative !), Julien Lescarret n’a pas trouvé le sitio, ni les solutions, devant deux toros dont le sixième semblait excellent, notamment sur piton gauche.
     On le vit bien au capote, face au troisième, mais mal placé à la lidia, laissant s’échapper ses toros « vers le réserve ». C’est hélas, à la muleta, qu’il ne trouva pas la solution, devant son faible premier, et qu’il douta, au dernier. Pourtant, il démontra lui-même que ce toro avait de la qualité. Jamais Lescarret ne parvint à se libérer totalement, à rester quieto, à faire « le pas de plus, en avant »… Comme, de plus, il pincha plus que de raison, ceci étant conséquence de cela, tout le monde aura pris un coup au moral, surtout lui.
     « Bueno ! Una mala tarde la puede tener cualquiera ! » Mais ce n’était pas le jour !