Reseña du 12 Août 2006

 

 

DAX : « RINCON, AVEC LE CŒUR ET LES TRIPES… »

     13 Août : Quand sortit le quatrième toro, très bien présenté et d’un comportement « inquiétant », bien peu pouvaient penser qu’un maestro vétéran allait « se risquer », prétextant la violence, la force et le genio de la bête. Oui mais voilà : Quand « la caste rencontre la caste », cela peut faire des étincelles. Alors que ses collègues « passaient au travers », devant deux ou trois toros « de dulce », César Rincon s’envoyait  un « bicharraco » qui vendit très cher sa peau, chargeant méchamment mais « tête en bas », heureusement.
     Un toro « para apostar », comme on dit… Un toro « pour sa la jouer », sans être sûr de gagner. Un toro qu’il fallut « forcer » plus que « convaincre doucement ».
     Devant ce bicho, qui portait le faux nom de « Durmiente », on a retrouvé le Rincon « poderoso », qui se joue le physique, avec grand pundonor, et finit par dominer une situation qui était loin d’être gagnée d’avance. Violent et impétueux à droite, impossible à gauche, le toro ne se rendit vraiment que sur la dernière série de trois derechazos « muy limpios y a gusto ».
     Mais la plus admirable était à venir : L’estocade.
     César Rincon, pour sincère et courageux qu’il soit, n’a jamais été ce que l’on appelle « un grand tueur ». Pourtant, la tête et le cœur remplaçant la haute stature, il lui est arrivé plus d’une fois de tuer « perfecto ». Et c’est ce qu’il a fait, hier. Non une estocade « à l’aveugle », mais un coup d’épée « pensé », préparé et formidablement exécuté.
     Le toro avait gardé « force et rage », de même que grande « fijeza ». Rincon mit à profit ces trois éléments pour porter un gros coup d’épée « al encuentro », c'est-à-dire provoquant d’abord la charge du toro, et « y allant » ensuite.
     Les deux forces opposées se rencontrèrent en un moment de rare intensité, dont le toro sortit « rodado ». En quelques secondes, le toraco chancelait et finissait par s’écrouler aux pieds de son « matador ». Vaya estoconazo, Señores !
     Une nouvelle fois, Cesar Rincon venait de démontrer que la tauromachie, c’est « avec la tête, bien sûr ! », mais avant tout « avec le cœur et les tripes ».

     En parlant « de tête » ou « de cœur et de tripes », on ne pourra que déplorer le « trop de tête », chez le Cid, et le « trop peu de cœur » chez Salvador Vega… Cela paraîtra peut-être excessif à certains, voire méchant, mais « un chat devant être appelé un chat »…
     El Cid nous a refait le coup du « Cid..stema ! » Il est rentré dans « ce fonctionnement » qui le pousse à un effort minimum ayant pour but d’aller « au bout » de tout le programme négocié par son duo apoderado, sans la moindre anicroche. Alors on torée « juste ce qu’il faut », parfois bien, souvent « sur le voyage », on trépigne un peu, on crie juste ce qu’il faut, et l’on donne l’impression que l’on est parti pour la faena du siècle. Pourtant, à ce petit jeu on y perd son âme… et même sa main gauche.
     Ajoutez à cela que le « trop de tête » impliquant « un peu de cœur en moins », le Cid montre actuellement une franche aversion à tout ce qui ressemble à une épée, au point d’en être…détestable. Le premier « metisaca », hier, pouvait paraître « un accident », mais hélas, il répéta la même opération, exactement la même, au toro cinquième, et là, force est de constater que… ce fut tout sauf un accident.
     Actuellement troisième au classement, El Cid veut aller « au bout de la temporada », et de cette façon… il y arrivera sûrement. Mais on aura perdu un torero.

     Salvador Vega quant à lui, fait peine à voir. Où donc est le jeune diestro « poderoso y artista » que l’on a connu, dès novillero, dans les plazas du nord ? Qu’est devenu le torero « brillant » qui promettait tant, au point que Dax lui fit deux contrats, à la feria 2005 ? Où !
     Fidèle en amitié comme en aficion, Dax lui a logiquement fait confiance, en 2006. Et qu’a-t-on vu ? Un garçon qui « a perdu le nord » et qui cherche désespérément à se convaincre qu’il est resté « le même » et  que tout le monde, du callejon au dernier rang de la andanada en est aussi convaincu. Pourtant, nerveux, sans idée, sans « firmeza », sans aucun dominio, Salvador Vega s’est fait manger par son premier, et ne sut que partiellement profiter du sixième.
     Comme « la situation » d’un torero se confirme « avec l’épée », Salvador Vega confirma bien, à ses deux toros, qu’il se trouve dans un gros « bache » dont son apoderado, Pedro Castillo, ne semble pas se soucier, trop occupé qu’il est à bavarder avec son voisin de burladero, l’ex matador Miguel Marquez, vedette des années 67/69, que peu auront reconnu, tant il a changé. C’est pourtant dans ces heures basses » qu’un jeun matador a besoin d’encouragement, voir de coups de gueule et s’il le faut… d’un bon coup de pied au c…
     Salvador Vega « n’y est pas » en ce moment… et tout le monde le déplorera.

     Première corrida intéressante, qui débuta bien mal, avec un toro extrêmement faible, mais qui changea dès la sortie du deuxième. Une corrida où, une fois de plus Cesar Rincon démontra qu’on est « Figura del Toreo » lorsque l’on est capable, à tout instant, de mettre sur le ruedo « le cœur et les tripes », sans calculer, sans lorgner sur son compte en banque, sans regarder ses cicatrices…
     Eso es la grandeza del Toreo !
     Et c’est pour cela qu’il y a peu de vraies « Figuras » !

     12 Août – DAX – 1ère de Feria – Plaza « a tope » - Temps menaçant qui tourne au beau. A peine un peu de vent :
     Six toros de Victoriano del Rio, présentés en « trois et trois », les deux premiers paraissant un peu « justes », la seconde moitié du lot étant bien plus « respectable », avec en particulier le quatrième, « un tio ». A part le premier, quasi invalide, la corrida n’est pas tombée, ayant même tendance « à remonter », à aller « a mas », après des premiers tiers discrets mais pris avec vivacité. Pour le matador, les 2, 5 et 6èmes offrirent de grandes possibilités de triomphe, par des charges longues, vives et nobles. Le troisième demandait à être plié, dominé, d’entrée de jeu.
     Mais la corrida restera marquée par le quatrième, toro puissant, alton et bien armé, qui fit une sortie « bizarre », distrait, figé, dans un comportement qui faisait penser à quelque défaut de vue. Après un châtiment que l’on aurait pu penser trop court, le toro « se révéla », arrivant à la muleta, très violent, sachant « ce qu’il y avait, derrière la muleta », mais avec la qualité «d’humilier », de baisser la tête. Un toro « important », qui « exigeait beaucoup ».
     Cesar Rincon : Silence et Une oreille – Ne put que se montrer désolé d’avoir à couper une faena qui ne débuta jamais, face au premier, aussi faible que noble. Le colombien lui avait donné un bon quite par chicuelinas et pensait pouvoir « soutenir » le bicho. Il le brinda donc, au public. Ce fut… sa seule erreur de l’après midi. Après avoir essayé, en laissant beaucoup de temps au toro, Rincon tua d’une bonne lame un peu tendida.
     A sa sortie, le quatrième ne dit rien de bon. Figé, peu concerné, il dédaigna le capote de Rincon et prit une grosse ration de fer où ce fut le picador « qui poussa le plus ». Pourtant, le toro alla « a mas », au deuxième tiers, et arriva à la muleta de Rincon, avec une noblesse encastée, non  exempte d’un certain genio, s’appuyant sur le torero, lui gagnant parfois « un temps », « reponiendo », se retournant durement, mais chargeant fort, tête en bas, notamment sur corne droite. Cesar batailla ferme pour lui tirer une série complète de derechazos, citant de loin, le toro venant fort; baissant beaucoup la main et le soumettant avec égale violence. Ce fut un gros duel, avec quelques moments « limite » et un gros avertissement dès que le Colombien voulut prendre la gauche. Revenant sans cesse au combat, César finit par dominer le sujet, lui imposant une grosse série finale, où le toro se rendit enfin, et s’offrit même le luxe de quelques statuaires, prises noblement. Il fallait laisser respirer le bicho, car le matador avait besoin de sa force au moment de l’épée (la tête !). Rincon se cadra, lança la muleta « al hocico », au mufle du toro, qui déclencha sa dernière charge, furieusement. Au même instant,  Rincon attaqua  et le toro sortit de l’embroque avec l’épée « dans le haut ». Une estocade « al encuentro », parfaite, dont « Durmiente » sortit.. mort. Aussitôt il chancela, fléchit une première fois, se redressa, luttant un dernier instant, et s’écroula, définitivement. Un gros coup d’épée qui ratifia une grosse faena à un toro « impétueux » qui en aurait fait « réfléchir » plus d’un. Grosse vuelta pour Cesar Rincon et le plaisir d’une amitié qui continue, avec Dax et la France.
     El Cid : Ovation et Silence – A encore manqué sa sortie, malgré un sorteo des plus favorables, encore une fois, et un public très bien disposé à son égard. Bien au capote, le Sévillan fit peu piquer son premier, au vu du toro précédent. Pourtant le bicho « remonta » fort, au deuxième tiers, montrant noblesse, vivacité, allégresse et fijeza, en arrivant à la muleta. Le Cid, convaincu de sa grande chance, brinda au public, bien décidé « à mettre le feu ». Il y parvint partiellement, tirant deux séries sur main droite, un peu rapides, un peu « sur le voyage », mais plaisantes et bien rematées. On pensait que la suite allait acquérir de la lenteur, de la profondeur, et l’on attendait « un faenon ». Hélas, le Cid resta dans « la bonne moyenne », ne parvenant pas à sortir une seule série « limpia » et n’ayant pas sur main gauche, le résultat escompté. En un mot, « une faenita » plaisante, mais bien « en dessous » du toro. Le trophée était probable cependant, mais le Cid confirma sa méfiance en mettant un terrible metisaca, qui fit une grosse estafilade sur le côté du toro. On put croire un instant à « un accident », la lame glissant sur une banderille, par exemple, d’autant que l’estocade qui suivit fut correctement portée, quoique desprendida.
     Pourtant… ce n’était pas un accident, puisque le Cid, attaquant vilainement, mit exactement « le même metisaca » qui provoqua les mêmes dégâts, très bas sur le flanc du cinquième, le public rugissant son dégoût. Il y eut un autre pinchazo, bas, et une épée « comme ça ». Cette vilaine conclusion mettait le terme à une nouvelle faenita, la muleta souvent accrochée, sans réel fil conducteur ni réussite aucune sur la main gauche, privilégiée du Cid. Ce toro cinquième offrait pourtant noble charge, que le diestro avait bien reçue au capote.
     Encore une fois, le Cid « est passé », à Dax, et il lui faudra bien trois toros pour la convaincre, en septembre. Ojala !
     Salvador Vega : Silence et Palmas – Tua très mal un troisième toro très vif, qu’il avait reçu « nerveusement » au capote, ce que beaucoup prirent pour de la vibration et de l’envie. A la muleta, le toro arriva « avec du piquant », demandant à être dominé, d’abord, puis toréé « a gusto », ensuite. Vega ne sut pas, ou ne put pas, se faisant balader par un toro qui comprit rapidement qu’il restait le patron. Séries droitières, la jambe en arrière, parcourant beaucoup de terrain, sans quiétude, sans temple. Au sortir de chaque pecho, un regard quêtant une approbation, qui ne vint pas, si ce n’est… de sa cuadrilla.
     Il fut « à peine mieux » devant le sixième qui semblait permettre grande faena. Ce « melocoton oscuro », précieux de lamina, prit trois puyazos de mansurron, sautant à la gorge du picador à la deuxième entrée, et sortant seul, mais arriva noblement et avec force à la muleta. Salvador Vega eut quelque bons détails, un peu perdus dans un amas de passes « sans sel » ni dominio. L’estocade fut entière, mais de côté, atravesadilla, et le Malagueño constata amèrement que tous ses efforts n’avaient abouti… qu’à de maigres applaudissements. C’est qu’à Dax… on est très poli. Et c’est très bien ainsi.