Reseña du 14 juillet 2006

 

BAYONNE : LOULOU AURAIT AIME

     15 Juillet : A n’en pas douter, il aura aimé… Loulou, du haut de son ciel !

     Alors que tous se figeaient en deux intenses minutes de silence, le cheval d’un alguazil « salua » à sa façon, sabot tendu, comme pour une sorte de poignée de main, naseau frémissant, surpris de ce calme déroutant. Par deux fois le cheval lui lança ce salut, à celui qui du campo connaissait les secrets…
     Il aurait aimé la journée, Loulou ! La novillada non piquée du matin : Encore des gamins qui font « leur maxi », qu’on encourage et qu’on va relever, les tirant par le fond du pantalon, « lorsqu’ils ont pris un vol ». (Attention, la fille, non ! Il savait respecter les dames, Loulou, surtout si elles étaient sévillanes…). Il aurait aime la muleta de la Vanessa Montoya, mais aurait grimacé en la voyant « sortir a matar ». « Es que… no son cosas de mujeres, hombre ! » Il aurait apprécié la portagayola du Salmantino, mais aurait pensé qu’on pouvait tirer meilleur parti du novillote… Il aurait pensé que, malgré son évidente volonté, le jeune Nîmois… no tiene planta torera. Et il aurait été estomaqué par les chicuelinas du petit Tomas Cerqueira, de Béziers. Après, il nous aurait cligné de l’œil et aurait lâché gentiment « otro Sébastien Castella ! ». Peut-être même se serait-il mis en petite colère, quand le garçon donna la vuelta, oreille en main : « Mais, garçon ! Tu t’habilles de lumières pour la première fois. Tu es « muy bien ! » Tu coupes une oreille et tu te qualifies pour la finale de Septembre… Alors, souris !!!! » C’est sûr qu’il aurait aimé ces gamins !
     Et il aurait aimé la novillada du soir. En haussant les sourcils toutefois : « A la fin, ce n’est plus une novillada. A 548 ou 569 kgs, ce n’est plus un novillo ! » Il aurait aimé « l’ambiance » qu’ont mis les trois derniers à la pique. Pas de vraie bravoure, mais de terribles coups de boutoirs dont certains chevaux de Bonijol et « un picador » se souviendront. Et puis, il aurait suivi les efforts des garçons, devant telle adversité. Il l’aurait fait avec grande tolérance, contrastant avec l’intransigeance générale. Hombre, il savait, lui, ce qu’il en coûte de « rester quieto » devant ces missiles à deux cornes. De Savalli, il aurait peut-être pensé  qu’il en fait beaucoup, mais qu’il ne progresse pas. Et c’est bien ennuyeux, à l’avant-veille de l’alternative ! Du Valenciano, il aurait dit quelque beau compliment, car il  aimait sa rage et sa classe. Quant au Sévillan, il l’aurait logiquement trouvé bien vert, mais « pas tant que cela ! », devant un tel ganado. Ne pas oublier qu’il en était à sa quatrième novillada, depuis la matinée Bayonnaise où il avait gracié le Santafé Marton, l’an passé. « La quatrième, en dix mois ! Dis moi !!! »
     Du haut « de là-haut », il voit tout le campo, Loulou ! De Jaen à Salamanca ! Il voit les toros, parle avec eux, les prévient quand un camion arrive… Clignant des yeux, au soleil de l’infini… il doit aimer cela, Loulou ! Et avouez « qu’à un détail près ! », on aimerait aussi !!! 

  14 Juillet – BAYONNE – Novillada piquée – Casi media plaza – Grand beau temps : Six novillos toros de Hoyo de la Gitana, solidement charpentés et très lourds. Un lot qui a fait grand bruit au premier tiers, les trois derniers provoquant de vraies « gamelles », dont les chevaux de Bonijol se sont relevés lestement. On ne parlera ni de bravoure ni de fijeza, mais plutôt de « gros bouchons » en y allant à fond. Peut-être, s’il y avait eu de vrais bons picadors, avec du bras, du métier… et du pundonor, aurait-on vu de meilleurs tercios et de vraies piques. A la muleta, le quatrième fut un vrai furieux, mais un vrai noble ! Le cinquième parut trop peu piqué, mais finit presque « agréable », à la muleta. Le troisième eut un grand piton gauche, et le sixième n’eut aucune classe. Le vrai dur, court de charge et « reponiendo » fut le premier. A noter que, s’il arriva à un toro de trébucher, ce fut par pur hasard, et il le fit savoir immédiatement.

       Mehdi Savalli : Ovation et Une oreille – Prend l’alternative en début Septembre. Y est-il prêt ? - Peut-être… mais il doit bien se dire que dans un mois et demi, il devra « vraiment » peser sur le toro, et non se contenter de faire « ce qu’il fait », un œil sur le toro, et l’autre sur les gradins. Cette « légèreté de vue » lui a valu deux cogidas sévères, dont il est heureusement sorti indemne, et c’est tant mieux. Mais… attention !
     Il attaqua fort, donnant au premier une larga doublée et un bon quite par chicuelinas. Avec les palos : Deux cuarteos et un violin qui n’émurent personne. La faena débuta par deux cambios dans le dos, au centre. Certes, toujours spectaculaires, mais impliquant une suite « poderosa » et dominatrice. Or, le toro était court, se retournant vite, et Savalli s’en rendit compte bien vite, se faisant enlever sur un méchant retour. Ensuite, le jeune Arlésien « donna des passes », mais le toro resta le même, le menaçant souvent avant de vite succomber, sous une lame habile.
     Le quatrième, de 548 kgs, prit trois piques, topando, sans recevoir de vrai châtiment. Du coup, le Français se retrouva avec un vrai costaud, aux banderilles. Et là… échec ! Non tant dans la pose elle-même, mais bien plutôt dans des poursuites « programmée, qui finirent en des « sauve qui peut » très sérieux, dans les barrières. Tout le monde peut subir un échec, mais « Garçon, por favor, ne vas pas saluer, triomphant, ou alors…pose la troisième paire ! »
     A la muleta, on craignait la force et la violence du bicho. Savalli débuta bien, par doblones, et se rendit compte que le toro venait « fort mais clair ». Il y eut un bon début, puis le torero joua dans le facile, et sur une sortie de pecho désinvolte, le toro l’accrocha et l’envoya très haut. Avertissement sans frais, heureusement, dont Mehdi tint compte sur deux les séries suivantes, tirées à fond, main basse, s’imposant au toro. Là, il fut réellement le patron. Ensuite, on revint à plus de fantaisie plus ou moins tournicotée, qui fit quelque effet sur des gradins qui ne demandaient que cela. Après pinchazo, une bonne épée régla l’affaire, et l’on demanda une oreille… de 14 Juillet.
     David Esteve : Silence, après un avis, et Une oreille – Sans être « le grand patron », il aura été des trois le plus constant, le plus talentueux. Hélas, l’épée lui vola un possible trophée de son premier qu’il fallut animer au capote, par véroniques, chicuelinas et demie à genoux. A la muleta, il fallut faire les choses « bien » et « une à une » pour enfin pouvoir lier deux séries droitières importantes, agrémentées de quelque adorno bienvenu, comme la capeina liée au molinete. Hélas, le Valenciano « se passa de faena » et le paya à la mort ; cinq pinchazos, en restant sur le devant et il ne put donc faire honneur à son brindis au gouverneur de l’Etat de New York, présent au callejon. 
     Le cinquième, de 534 kgs, monta un premier tiers infernal, avec gros batacazo, à la première entrée, et formidable voltige du picador, à la seconde. Esteve, qui avait été bien au capote, arrêta les dégâts, et beaucoup se grattèrent la tête : « Pas assez piqué, le toro ? » Le muletero va vite prouver qu’il avait raison, en une faena très torera quoique un peu trop longue, essentiellement sur main droite, en séries templées et « sintiendose », se sentant torero. Faena très agréable, très sérieuse, à un bicho qui ne l’était pas moins. Pour conclure, une entière en rentrant fort, et un trophée « moins réclamé » que pour Savalli, mais bien plus probant.
     Pepe Moral : Palmas après un avis, et Palmas – En était à sa quatrième novillada, et l’on pouvait craindre un manque de bagage évident, surtout devant de tels « tontons ». Effectivement, il y eut quelque moment délicat, mais on aura apprécié les deux très bonnes réceptions du Sévillan, au capote, en espérant voir au cours de la saison d’aussi bonnes véroniques, liées, « pata palante » et aussi bien rématées.
     A la muleta, il manqua de mando devant le troisième, un mansuron noble qui chargeait un peu rebrincado. Pourtant, il trouva à gauche bonne solution, tirant trois naturelles qui avait « une sacré gueule ». Mais comme il tua en trois voyages, le public fit gentiment la moue.
     Le sixième pesait 569 kgs !!!! Un tio ! Un toro ! Cela n’impressionna point Pepe Moral qui aligna six véroniques superbes, sous l’ovation unanime. Le bicho pris un gros puyazo à la deuxième, après avoir provoqué  un énorme batacazo. La faena qui suivit fut « abondante et sans fil conducteur » : après une bonne première série à droite, le Sévillan, qui ne put jamais prendre la gauche, amassa les muletazos, en demi passes ou rematant souvent par le haut. Et cela finit par ennuyer un peu, y compris le toro qui décida de se coucher. On le releva pour une lame quasi entière, mais le puntillero finit mal, lui aussi.