Reseña du 01 Septembre 2006

 

BAYONNE : « A LA POURSUITE DES ILLUSIONS PERDUES !
Grave blessure de Denis Loré
Domingo Lopez Chaves : Important

     2 Septembre : « Y me toco, me toco perdeee ! Y me toco, me toco llooora ! »
     Sur l’autoroute qui file vers le sud, les phares balaient l’obscurité, l’inconnu, le néant… Qu’y a-t-il, derrière le prochain virage ? Quel toro, lorsque s’ouvrira le prochain chiquero ? Un toro « de ensueño », qui permettra de « libérer » le toreo et les qualités artistiques que l’on a « dentro », au fond de soi; ou une de ces « saletés » que le sorteo nous a réservée, aujourd’hui à Bayonne? Et quand on pense au pauvre Loré...« bien pire encore! »
     Sur la route du retour vers Utrera, Luis Vilches a le regard triste. Lui qui sait ce qu’est la lutte, contre les toros et contre les hommes, dans les ruedos et les « despachos », arrive à se demander si « cela vaut la peine ». Qu’a-t-on à gagner, devant telles « alimañas », sinon quelques pauvres billets, les sifflets, les injures de quelques imbéciles… ou une grosse cornada ?
     « Y me toco, me toco perdeee ! Y me toco me toco lloooora ! »
     Sur la route qui file vers Utrera, tout le monde est triste, dans le fourgon. Même Manolo Corona, d’habitude si enjoué, toujours torero… Hier, on a tout perdu : La corrida est sortie « impossible »… et le Turronero est mort ! Il avait cinquante neuf ans, et malgré sa paralysie, il restait un des tout grands du cante flamenco, du vrai « jondo ».
     Hier, « le pobre Manuel « El Turronero », cantaor de Utrera… perdio ! Et Luis, torero de Utrera.. lloro ! ».
     Certains disent que les hommes ne doivent pas pleurer… Ce sont des c ! Un homme peut pleurer d’amour, de peine ou de rage ! Question de cœur, de tripes et d’émotions !
     Sur l’autoroute qui file vers Utrera, les larmes ne sont pas loin : « Aujourd’hui, on s’est vraiment joué la vie… pour rien, et Manuel « El Turronero » est mort ! »

     On sait que les Fraile ont marqué l’Histoire Taurine de Bayonne.
     En fait, ils l’ont marquée « à l’envers », à l’heure où la Bayonne Taurine était « estancada », où l’émotion était nulle, où l’électrocardiogramme aficionado était plat. Une première corrida « mit le feu », en 84 et certains en firent logiquement des « gorges chaudes ». Hélas, lors des années suivantes, on « avala tout » sous prétexte que les Fraile étaient « différents » et qu’avec eux « l’émotion » était toujours présente, même si elle était… malsaine. Alors on se mit à tout mélanger, aveuglément, faisant passer du genio pour de la caste ; de la violence et du sentido pour de la bravoure. Le « Sud Ouest » lui-même ne titra t’il pas un jour, juste au-dessus du cliché d’un Fraile qui sautait au callejon « Ah, le toro brave !! »
     Et tout le monde de s’esbaudir !
     Et tout le monde d’applaudir !
     Et tout le monde de se lever, « pouce en bas ! » comme aux jeux du cirque, dans l’antique Rome…Una verguenza !
     C’est un peu ce que l’on a ressenti, hier, quand certains « aficionados » ont ovationné l’arrastre du premier Fraile, « una prenda » qui avait gravement blessé Denis Loré et littéralement « épuisé » Lopez Chaves. Certes, le toro avait fait illusion dans le premier puyazo, poussant avec fijeza, mais ensuite… por favor !

     Le reste de la corrida fut « à l’avenant », les applaudissements au ganado se succédant, avec cependant chaque fois moins de force lorsque l’on arrastrait les toros. A la fin peut-être, tout à la fin… on se rendit compte que l’on avait vu une moruchada, une mansada, et une autre « chose », commençant par « m » !
     Oh bien sûr, il y avait des cornes, solides et astifinas. Mais les cornes seules ne font pas le trapio !
     Bien sûr il y avait « force et rage »… qui n’ont jamais fait « la caste ».
     Bien sûr il y eut « la mobilité », mais toujours liée à des trajectoires « en demie courbe », à des retours « en hameçon », à des arrêts « tordus » en plein muletazo…  A ce jeu-là, le premier, du nom de « Macarron » fut le roi (Il aurait mieux porté le nom de « Macarra » !), immédiatement suivi du cinquième, « Roncador », ronflant sa traitrise par tous les naseaux. Le sixième ne fut pas mal non plus, côté « regards en dessous, bien torves ! »
     Et puis, il y eut « Cardon », le premier « officiel » de Lopez Chaves, que l’on sortit en troisième, afin de laisser se reposer le torero, après le « trance » qui suivit la blessure du Français.
     Le toro ne payait pas de mine, mais il eut « deux qualités » : De la mobilité un peu « plus droite » que les autres, et surtout « la chance » de trouver face à lui, un torero qui « resta là », esquiva se premiers mauvais coups à droite, et lui fit avaler, l’une après l’autre, trois séries de naturelles « gonflées », de plus en plus « limpias », de plus en plus dominatrices, au point de même revenir à droite, histoire de montrer que le fauve était « à peu près » dompté.
     Formidable engagement d’un Domingo Lopez Chaves qui, sur ce coup là, cent fois plus méritoire et « plus vrai » que l’autre jour à Bilbao, mérite tous les éloges. Certes, ce ne fut pas une faena « de dentelle », mais après un estoconazo entier « de los valientes », les deux oreilles étaient de rigueur. Alli estuvo « muy en torero » Domingo Lopez Chaves.

     Pour le reste… il fallut se défendre et se cantonner à des  « exploits » individuels, à des éclairs fugitifs. A ce titre, on saluera « El Javi », banderillero du Salmantino, qui posa deux paires de banderilles au cinquième… pour le souvenir. Les picadors, eux-aussi, eurent à faire à une mer souvent « force huit ».
     Triste souvenir « d’une sale après midi » de fausse caste et de vrais mensonges, où la chance, encore une fois, a refusé de sourire à Denis Loré. Encore une fois... dans le Sud-Ouest. Habitué aux coups de la vie et des toros, le Français ne s’est pas plaint et s’est comporté en torero, durant sa brève présence dans le ruedo Bayonnais. Mais cette fois encore « Le toco, le toco perdeee ! » et nous… « nos toco, nos toco lloooooraaa ! »
     Que te pongas bueno, Denis, et que l’on puisse te revoir bientôt par ici, avec des vrais toros… et des vrais aficionados ! Que te quedé la ilusion torera !»

    1er Septembre – BAYONNE – 1ère corrida de la Feria dite « de l’Atlantique » - Deux tiers de plaza environ – Ciel gris, entoldao et un peu de vent :
     Six toros de Juan Luis Fraile, inégaux de poids, de trapios, et certains vraiment très laids. Par contre, tous très armés et « puissamment astifinos ». Au moral : Pouah ! Certes de la mobilité, mais teintée de violence et de sentido. Des charges fortes, en « s’appuyant » immédiatement sur les hommes, les mettant en danger et les obligeant à rompre. De ce lot de Fraile, qu’on espère « le dernier à Bayonne », on retiendra le troisième, qui alla « a mas », grâce au torero ; et le mastodonte quatrième, qui aurait pu donner, s’il n’avait été trop durement chatié. Pour le reste, charges en crochets et têtes chercheuses, avec « au hit parade » : 1er, 5ème (les champions toute catégorie) et le 6ème, qui « regardait sourdement ». Pouah !

      Les premiers tiers furent très animés, le toro d'ouverture donnant illusion de bravoure, au point que l’on exigea de Loré qu’il le laissât au centre, comme l’on fait des vrais braves… Le toro « y alla », pour un châtiment nul… et c’est le torero qui « paya la note », aussitôt. Il y eut d’autres moments, où « l’Aficion » ne comprit pas toujours que « ces toros là », il faut les piquer, les lidier « sur les jambes », les mettre en place… y matarlos !
     Les poids, dans l’ordre de lidia : 482, 504, 502, 623, 511, 531 kgs.
     Denis Loré : Cornada grave, en début de faena – Reçut proprement le premier, très armé, et le mit en place. Après le premier puyazo poussé "a mas", un quite par faroles inversés, risqué. Une partie du public, plus « éclairée » que les professionnels, lui demanda de laisser le toro charger « depuis le centre », et fit arrêter le castigo, d’autant que le toro n’avait pas tenu ses promesses. Ce fut une erreur, Loré se retrouvant, dès le premier muletazo, avec un  toro affichant beaucoup de sentido et encore plus de violence. Le torero fit quelques passes par en bas, quelques pas vers le centre, et la cornada arriva d’un coup sec, Loré étant enlevé par la cuisse droite, le corps montant, tournant autour du piton et tombant au sol où le toro le chercha encore. La cornada était certaine et le blessé fut évacué très rapidement. Quelques minutes plus tard, l’équipe chirurgicale du docteur Gouffrant était intervenue, avec le professionnalisme que l’on sait, et le diestro était évacué sur la clinique Paulmy. Au bilan : Cornada grave, à double trajectoire de 15 et 25 cms, qui ne saigne pas beaucoup, ne touche aucun vaisseau principal, mais fait de gros dégâts musculaires.
     Pendant ce temps, le toro est seul dans le ruedo, la corne droite ensanglantée. Domingo Lopez Chaves va prendre la suite, réussissant à éviter de gros « arreones » pleins de furieuse traitrise. Le Salmantino tua comme il le put, et sua « la gota gorda » au descabello. Denis Loré hors de combat, on décida « d’inverser l’ordre des deux toros suivants, pour laisser reposer Lopez Chaves.
     Domingo Lopez Chaves : Deux oreilles et « Petite » division – A remporté un triomphe « de vaillant » et « de torero », face au troisième de la soirée, du nom de « Cardon ». Il le doit aussi à une troisième puyazo, très appuyé, de son picador Miguel Angel Herrero, tandis que le public grondait.
     Ce toro arriva à la muleta, hyper dangereux à droite, comme put immédiatement le vérifier le diestro. Muleta main gauche, Lopez Chaves « essaya », réussissant « à faire avaler » une, puis deux « semblants de naturelles » au malandrin. Le torero alors « se planta » sur le sable, et tira trois autres passes gauchères, à mi hauteur, plus rondes, plus ralenties, plus liées…que le toro « avala mieux ». La deuxième série, toujours aussi décidée, vit le toro prendre mieux la muleta, Lopez Chaves se libérant d’un grand pecho. Ovation de surprise et d’encouragement, dans les gradins. La troisième série gauchère fut liée, ralentie, insoupçonnée et le pecho qui suivit fut salué de vrais clameurs. Y olé el valiente ! Et vaillant il le fut encore, le jeune Salmantino, en revenant sur la corne droite, et en s’y imposant également, avec force et grand courage. Le public « explosa » fort logiquement, exigeant les deux oreilles, après un coup d’épée entier, porté avec plus de foi que de style, qui culbuta le toro en une mort spectaculaire. Gros triomphe, mérité, et gros « trago » passé par le torero. 
     Devant le cinquième, « a defenderse !» : Le toro était armé de deux missiles que Lopez Chaves réussit à éviter. Après un vilain pinchazo, un bajonazo « qui fera date », mais que l’on pardonne, car il fallait se défendre.
     Luis Vilches : Silence au trois, après « des passages sifflés », à ses trois – Que peut faire « un styliste » devant de telles « choses » ? – Se défendre ; « essayer » en sachant déjà que l’on ne pourra s’exprimer ; et « en finir », le plus vite, le plus proprement possible.
     Vilches « essaya », fit beaucoup de passes, cria un peu, persuadé que « c’était perdu d’avance ». Il tua son premier d’un bajonazo infâme, accidentel, et fut plus « correct » ensuite, même si le dernier lui fit grand peur, au moment de l’épée. Peut-être le quatrième lui aurait permis une autre faena, s’il avait été moins piqué, mais… « 623 kgs et des cornes « asi !», vu ce qui était sorti avant…
     Echec donc, de Luis Vilches, que l’on pouvait deviner… dès la lecture des cartels. Hier encore… on a « un peu plus » détruit un bon torero !

Ce soir, la corrida débute à 18 Heures :
      Toros de Charro de Llen, pour Juan Bautista, Jose Maria Manzanares et Miguel Angel Perera

ATTENTION ! Demain Dimanche, le paseo sera à 17h30. Qu’on se le dise !
      Toros de Garcigrande, pour Morante de La Puebla, El Juli et Sébastien Castella.