Reseña du 19 juillet 2005

 

 

MONT DE MARSAN : « EL CID…STEMA !!! »
Petite oreille pour tarde d’ennui.

     20 Juillet : « El Cid…stema ! » ou si vous préférez : « Le Cid…stème ! » Titre désolant pour aficionado désolé. En effet, il est désolant de voir Manuel Jesus « El Cid » dont on a chanté la rigueur, il y a peu, être si rapidement tombé dans « le Système ». 
     « Le Système !» Certes il en fut longtemps victime, et encore a-t-il gâché de nombreuses opportunités en toréant si bien, mais tuant si mal, des toros durs, pleins de force et de rage.  Hélas, le preux chevalier est vite tombé dans les facilités de ceux qui, arrivés presque en haut, n’ont qu’un objectif : Toréer n’importe où, n’importe quoi, n’importe comment… mais beaucoup. Alors, comme on sait que l’on a un registre « muy corto », par ailleurs apprécié des puristes, il faut quand même rassasier « le grand public ». Du coup, on verse dans les quelques facilités des redondos « à tours complets et multiples », bien installé « derrière la corne », comme au premier ; ou encore les desplantes à genoux, dos au toro, entre deux passes de pecho, dans la même posture. Du vrai Jesulin de Ubrique ! Si vous ajoutez à ces « exploits », deux toros exsangues, qui sortent du cheval comme on va prier à Lourdes… pues ! que pourra t’on en conclure ?  - Que le Cid est tombé dans « le Système » et qu’il s’y complaît déjà.
     A voir sa colère à peine rentrée, à la mort du cinquième, on se demande ce qu’il aurait coupé, s’il n’avait eu l’idée de rentrer trois fois.. pour deux atravesadas.
     Bien sûr on dira : « Il ressentait encore les effets de ses deux blessures de Burgos et Fréjus ! » Plus « dans la tête » que sur le plan physique, parce que… faut être en forme pour une telle  gymnastique. Non ?

     Vous l’aurez compris, « El Cid no me gusto nada, ayer ! »
     En fait, c’est la corrida entière qui a profondément déçu. Corrida basse, surchargée de kilos, faible et sans race. Corrida « salopée » au premier tiers et à l’épée. Le « système ! », vous dis je !
     Va quand même falloir que le règlement « se penche » sur le premier tiers !
     Marre des piques « a toro lanzado », envoyant la bête se fracasser dans le cheval, directement, sans la mettre en suerte, sans la fixer, sans lui donner la chance de « répondre » à l’appel du picador.
     Marre des puyazos traseros ou caidos, portés à la sauvette, sur le retour du toro depuis la barrière où il avait été faire un tour.
     Marre de ces puyas que l’on laisse fichés dans la plaie, une fois que le picador « ne pique  plus », et attend qu’on sorte l’animal endormi au peto. Parfois même, on « mouline bien », à l’intérieur, histoire d’agrandir le trou, et faire ainsi mieux saigner l’animal, pour « le décongestionner », comme nous l’apprennent les livres. « Décongestionnez-le, mais en faisant les choses correctement et avec honneur ! »
     Marre de bouchers habillés de lumières ! Mais que fait donc la police ?

     Dans toute cette tristesse… c’est Enrique Ponce qui s’est encore montré le plus torero. Certes, lui aussi fait partie « du Système », et depuis de nombreuses années, mais il a assez d’Aficion et d’amour propre, pour « se piquer », et se montrer torero, là où « des jeunes loups » n’auraient pas risqué le moindre alamar, la moindre dorure de leur beau costume.
     Enrique Ponce a coupé une oreille, la seule du jour, au quatrième. Pourtant c’est au premier qu’il a été fameux (sauf à l’épée) et, plus discrètement, mais « royal », en mettant un capotazo, un, de cinquante centimètres pas plus, qui fit le quite au banderillero du Cid « el Alacalareño », poursuivi par le cinquième. Un petit bout de cape, mais un grand quite.
     Le premier est sorti, bien décidé à ne pas charger. Ponce s’en rendit parfaitement compte, et dés la cape, se mit en devoir de lui apprendre à charger. Quinze minutes après, le toro prenait quatre muletazos, presque limpides. Il était vaincu et surtout, convaincu. Ensuite il y eut cinq pinchazos, d’accord ! Mais « la » faena de la tarde, c’est celle là !

     Pour le reste… muletazos van, capotazos vienen ! Pas de toros… pas d’émotion ! Pas d’âme ! La grisaille et le presque néant au fond duquel Matias Tejela, cheveux ras et idées courtes, semble plongé. Ce n’est pas qu’il a été mal… « il n’a pas été du tout ».
     On espérait de grandes choses de la corrida de Valdefresno. Surtout de la force et de la caste. Hélas ce fut un peu le contraire qui arriva, et l’on oubliera bien vite cette troisième corrida, bien décevante, de la Madeleine 2005. Dans chaque feria, il y en a une !
     C’est…systématique !

    19 Juillet – MONT DE MARSAN – 3ème corrida de la Madeleine – Bonne entrée, mais arène loin d’être pleine – Grand beau : Six toros de Valdefresno, de Nicolas Fraile, de présentation très inégale, bas, ronds, surchargés pour la plupart. Le quatrième, plus fin, engatillado de pitones (cornes « en crochet » vers le haut) fit la meilleure impression. La corrida se déroula tristement, prise dans un carcan de faiblesse générale, en particulier les deux du Cid, de noble soseria et total manque de race. Le plus intéressant fut encore le premier, manso en tablas, qui ne savait pas, au début, qu’il pouvait charger.

      Enrique Ponce (Palmas et Une oreille, avec un avis à chaque toro) se mit en quête d’apprendre à son premier, comment on pouvait et devait charger. Pour cela, il sacrifia totalement le chapitre « véroniques, demies, reboleras etc », pour commencer « la leçon », dès le premier capotazo.
     Le toro, aquerenciado en un endroit précis des tablas, refusa tout châtiment, jusqu’à  ce que Saavedra, picador chef de Ponce, aille l’y attendre. La rencontre alors, fut « musclée ». Manso, mais costaud !
     Toute la faena sera… une partie d’échecs. Jouant avec les lignes, les terrains, les retours naturels du toro vers « sa » querencia, Enrique Ponce va tisser une toile de fils conducteurs dans laquelle le toro va s’emmêler les mauvaises idées, et finir par suivre la muleta, d’abord « a regañadientes », à contre cœur, puis enfin plus docilement. Le public s’en rendit compte, qui monta le volume de ses bravos, au fur et à mesure du petit miracle. Faena technique, super intelligente et courageuse, qui méritait grande oreille… à condition que ! Hélas, Ponce qui est mal, en ce moment avec l’épée, porta cinq pinchazos « de trop », avant une lame « comme ça ». Un final petit exploit qui méritait un autre final, et une autre récompense.
     Le quatrième, plus beau, aux cornes plus sérieuses, lui permit une faena « à la Ponce », classique, coulée, faisant oublier la prudente distance dans les muletazos, et le fait « d’echar fuera » le toro, dans chaque passe de pecho. Faenita élégante, criblée des mille petits détails de cette classe indéniable « que possède Ponce ». Demi estocade, bien préparée, bien portée, mais qui ne fit effet qu’après un descabello bien tardif. En fait.. il nous a possédés, Ponce !
     A noter le quite, presque sans en avoir l’air, à El Alacalareño, poursuivi après avoir banderillé le cinquième. Cinquante centimètres de capote. Pas plus !
     El Cid
(Ovation et Ovation, après un avis) semble avoir changé d’attitude. Torero sérieux, rigoureux et digne, le Sévillan a montré hier, deux facettes qui « dénaturent » l’idée et l’image qui sont les siennes, dans l’esprit des aficionados français.
     Mont de Marsan n’est pas Benidorm. Ou le Cid le comprend immédiatement, ou quelques nuages pourraient poindre à l’horizon. Le fait de tromper le monde par des redondos à double tour, mis « derrière » la corne droite du premier, parce qu’il ne voulait pas retenter la gauche, qui l’avait méchamment avisé… n’est pas digne du Cid. La fin de faena au cinquième, par pecho à genoux, avec long desplante de dos, exacte copie du Jesulin de Ubrique quand il faisait l’andouille… n’est pas digne du Cid.
     Certes ses deux toros furent très faibles, mais il devait les bien lidier (ce qu’il ne fit pas, au premier) et les toréer avec technique et cœur. Malgré l’avertissement, il devait revenir à gauche, devant son premier, et non pas « noyer le poisson » comme il le fit, trois fois de suite, citant pour des redondos «à double tour », où il est forcément « derrière la corne ». Et face au cinquième, extrêmement faible en début de faena, il devait trouver d’autres solutions que ces pitoyables artifices agenouillés. Esto no fue « El Cid » ! De plus, il tua très mal (« gamberge », après ses récentes blessures) pinchant deux fois son premier, et mettant vilaine atravesada au cinquième, avant pinchazo hondo, et une lame entière… qui ressortait en dessous. A la fin, il maugréait sa colère, les yeux en forme de mitraillette… Le public eut toutes les peines du monde à le sortir à saluer. « Va, on ne te hait point ! » semblaient dire les Montois. Enfin… pour le moment !  
     Matias Tejela
(Palmas et Silence ponctué de quelques sifflets)  fut « transparent ». Comme « ido » ! Comme s’il n’était pas là, « plus là ! »
     Routinier avec le capote (on retiendra deux « demies », au sixième) il amassa les muletazos devant deux toros, respectivement faible le troisième, et soso le dernier, incapable se soulever la moindre ovation, la moindre émotion, la moindre passion. Du toréo « transparent » et des épées calamiteuses. « Pincho feo », et s’en alla… comme il était venu. Dommage ! Une chose semble claire : Matias Tejela n’est pas bien en ce moment. Le « Système », peut-être ?

     Ce soir, cela devrait « bouger ». Comment sortiront les Baltasar Iban ? Toute la question est là. Pour y répondre, un Fundi 2005 qui doit se ressourcer dans un Sud Ouest qui l’apprécie beaucoup ; Un Fernandez Meca que l’on espère remis de son malaise à Fréjus – Il fera ses adieux à Mont de Marsan ; et un Julien Lescarret en pleine bourre, auréolé de ses bonnes dernières sorties, dont celle de sa confirmation d’alternative, à Madrid. Que haya suerte !