Reseña du 16 juillet 2005

 

 

MONT DE MARSAN : DEPART AU CANON !
Santo triomphe et Naranjo torée…

     17 Juillet : Il ne peut être question de mesurer les jeunes en sans piquées, au diapason des toreros d’alternative. Le seul fait « de se mettre devant » leur vaut tout notre respect, toute notre admiration. Cependant, ils portent le costume de leurs glorieux prédécesseurs, marchent dans leur traces, et donc veulent faire profession de cette espèce de projet fou : Affronter, presque à main nues, un toro de combat. Donc, sans « critiquer », on pourra quand même dire ce que l’on en pense…
     Hier, la Feria de la Madeleine 2005 a connu « un départ canon » avec une novillada non piquée, du genre « mouvementée », que l’on doit en grande partie à un bétail de Tardieu, mobile, parfois trop, et un tantinet « familier » lorsque l’on oubliait de lui imposer clairement le chemin avec cape ou muleta. Au capote, on peut bouger, « taparse »… mais à la muleta, non ! Aussi, tous les petits défauts et les grands manques se font aussitôt plus évidents, et le « Tu vas voir, il va se faire… » se transforment vite en « Je te l’avais bien dit ! »
     Admirables gamins ! Ils se font percuter, cisailler, tailler en pièces… mais ils reviennent toujours, réanimés, rhabillés, rapiécés. Le lendemain, leur anatomie sera probablement couverte d’ecchymoses et de bleus, mais sur l’instant, ils réussissent à changer la moindre grimace douloureuse et un sourire vainqueur. Admirables et déjà « muy toreros ! »
     Bien sûr, tous n’arriveront pas « en haut ». Certains ne prendront même pas l’alternative et même finiront par laisser le costume de lumières au font de l’armoire, ou le vendront, écoeurés, vaincus par la peur, les coups et le sort injuste. D’autres auront plus de réussite, de courage ou de talent. Au fond d’eux-mêmes, ils le savent déjà…

     Que deviendront Julien, « de chez nous » ; Ruben, de Salamanca ; ou Santiago, de la lointaine Colombie ? Nul ne le sait encore, même si l’on peut en avoir quelque première idée…
     Hier, les trois jeunes n’ont ménagé aucun effort, et l’un d’entre eux, porté par la ferveur populaire, est même sorti a hombros, mais peut être pourra t’on tenter « un hit parade » au plan des perspectives d’avenir, qui n’engage bien sûr, que celui qui s’y colle…
     Le Salmantino Ruben Blanco a peut-être de bons moments, avec « du pastueño », mais s’est vite trouvé dépassé, hier par deux adversaires pegajosos, (collants), gazapones (qui marchaient tout le temps) et accrocheurs, qui tiraient de mauvais coups bas, ou crochetaient au passage. Un peu trop codillero (le coude au corps), n’arrivant pas à lancer la muleta « devant », le jeune Salmantino se fit balader par le premier, au gré d’une longue faena souvent accrochée, puis terriblement secouer par le quatrième, bien plus corpulent… et carrément « cabron ». Première cogida, tournant autour du piton ; puis une seconde, en se jetant « a matar », le bicho lui mettant, au sol, un terrible derrote qui lui frôla la tête. On a eu peur ! Mais le dieu des jeunes vaillants était de garde, et il fut « très pro ». Silence, à l’un, et vuelta « de convalo », au quatrième. On espère que « tous les frais » lui auront été payés, y compris pour un costume neuf.
     Deuxième à ce hit parade « perso », Julien Dusseing « El Santo », de Pontonx. Le jeune landais coupa trois oreilles, sortit a hombros et ravit l’ensemble du bon public montois. « Trois oreilles ! Peuchère… ce n’est pas un triomphe, c’est une apothéose ! ». Bueno ! On veut bien ! Certes le garçon fut mieux qu’à Bayonne, notamment en son début de faena au bon cinquième. Certes il fit étalage de vista et de bonnes facultés physiques, notamment aux banderilles et dans « des jugueteos-recortes » de sortie ou de mise en place. Certes il a de l’abattage et sait jouer avec le public… Certes ! N’empêche que les pieds « gigotent beaucoup », que la cape a du mal à fixer, puis conduire les adversaires, et que l’on passe vite aux chicuelinas… où l’on bouge mieux. N’empêche que la muleta ne commande que rarement, et qu’on en arriva même… à gâcher le cinquième. A l’épée, le jeune landais attaque vite et fort, même si le résultat est bien aléatoire : Demie verticale et de travers au premier, et entière delantera caida, ressortant par-dessous, à son second. Il y eut de belles envolées et un violin, aux banderilles. Il y eut quelques muletazos bien tirés et deux beaux pechos, à la muleta… Il y eut trois oreilles et beaucoup de fleurs. C’est logique, tout à fait normal, tout à fait humain : Le Santo est chez lui. Mais ailleurs ????
     On aura préféré, et de très très loin, le jeune Santiago Naranjo, né à Manizales, en, Colombie. Il a pris des coups, hier, pour vouloir « rester quieto » et faire les choses « bien ». Cependant, on lui aura vu d’importants détails qui ne trompent pas, avec cape, banderilles et muleta. Cette façon de fixer le torillo, puis de planter les pieds, au capote ; cette façon de « gustarse » au sortir des demies ou des reboleras. Bien entendu, tout ne va pas tout seul, et le premier de la tarde lui mit une grosse rouste, en initiant un quite, cape dans le dos. Taleguilla rompue de bas en haut, flottant sur la jambe quasi dénudée, le garçon revint « sin mirarse » et plaça un nouveau quite. Aux banderilles, il sait gagner la tête et  « clouer beau », sans gesticulations superflues. A la muleta, « il pense » devant le toro, pose les pieds bien à plat, et avance la main. Son toreo est ferme, rigoureux, et les muletazos ont souvent la qualité des grands : muy limpios !  Son premier lui mit, de la corne gauche, une terrible cogida qui nous donna la méchante impression de lui avoir fait très mal. On le ramena à la barrière ; on fit un rapide examen, trouvant probablement « des coups partout », mais le garçon repartit, à moitié dans le cirage, tandis que Blanco avait déjà l’épée en main. Naranjo mit une série, à deux doigts de l’évanouissement, et revint à la charge pour une lame forte, très vaillamment portée. Il coupa une oreille « de courageux ». Le sixième fut longuement brindé au ciel, et certains ne perçurent pas l’émotion du moment. Naranjo attaqua, et tira des muletazos importants, sans toutefois parvenir à enthousiasmer la majorité. Vuelta seulement, mais un gros satisfecit, et l’envie de le revoir au plus tôt.

     C’est ainsi que s’est ouverte cette Madeleine 2005, porteuse de tant d’espoirs… et peut-être, de tant de craintes. A chaque jour sa peine, et hier, elle fut bien légère. « Pouvou qué cà doure ! »

     Ce dimanche, cuidado ! Corridon de Escolar Gil. On imagine le trapio.. mais on craint le caractère ! Côté des hommes, s’y colleront Pepin Liria, que l’on reverra avec plaisir ; Juan Jose Padilla, toujours à l’aise au Plumaçon, et Domingo Lopez Chaves, sur la lancée d’une très bonne sortie, à Pamplona.

     Autre nouvelle totalement confirmée : Salvador Cortes, auteur d’une grande dernière quinzaine (Soria et surtout Pamplona), remplacera le Gallo, jeudi, en compagnie de César Rincon et Salvador Vega, devant les Gracigrande.