Reseña du 16 Août 2005

 

DAX : « TOROS BLUES ! »

     17 Août : On est mal ! on est mal ! Ahh, langue bleue, que je te hais ! Tandis qu’à vingt kilomètres de la pseudo frontière, une « bourgade » comme Azpeitia se paie une grande corrida de Fuente Ymbro, nous voilà condamnés à nous coltiner « tout Salamanca ». Les Montalvo, les Tabernero, les divers Fraile… (sauf les Pilar pour cause « de scandale récent » - Pas de pot, ce sont ceux qui sortent le mieux).
     C’est d’ailleurs idiot, ce que je dis, puisque des cinq corridas de la Feria, deux étaient de Salamanca (Montalvo et Sanchez Arjona) mais les trois autres venaient « d’ailleurs » : Burgos, pour les Bañuelos (qui sont la surprise du cycle) ; Avila, pour les Escolar Gil (le grand moment de la feria) et de Tolède, les Ventorrillo d’hier…
     Mais avouez que ces derniers auraient bien mérité d’être…de Salamanque !
     A l’heure où le moustique bleu fait de nouveaux ravages, « en bas », on se demande quelle mouche a piqué Paco Medina, ce printemps, pour qu’il vende ainsi, d’un coup d’un seul, toute sa ganaderia.
     En tous cas, au vu des résultats de Dax… il a eu raison ! Lui qui, pour la Feria 2004, avait déclaré : « Si ma corrida sort mal, je vous la rembourse ! », ne pouvait faire cette chevaleresque proposition, cette année. Et pour cause !
     D’ailleurs, pas fou… il ne l’aurait pas faite !

     Cette introduction, un peu vaseuse, pour vous dire à quel point le blues est là, au sortir de cette Feria de Dax 2005.
     Hier le ciel s’est tout à coup assombri, comme pour dire « Je vous ai aidés, durant quatre jours ! Du bleu partout ! Et c’est ainsi que vous me remerciez ? »
     Sombre, le ciel ! Sombres les cœurs ! Tristes et fatigués, les regards ! Et « le grand adieu » des bandas a eu bien du mal à faire oublier cette méchante mélodie que l’on sifflote quand « on s’ennuie d’importance, ici ou ailleurs! »

     Hier, la corrida du Ventorrillo est sortie « à l’envers »… et les toreros ont également sombré dans une sorte de torpeur où le flamenco et le cante jondo, « la musica callada del toreo » ont fait place à une lourde mélopée qui disait : « I’ve got the blues ! The toros blues ! »
     Qu’y faire, mon commandant ?
     La corrida fut une suite de monologues et de platitudes. Ponce s’est bien mis en colère, mais seulement contre Tejero, qui le méritait bien. Même un toro décasté mérite le respect, lorsqu’il vient de mourir, et lui balancer un coup de pied dans le mufle est une « fantaisie » que l’on ne se serait pas permise… de son vivant. D’où les protestations justifiées du tendido, et la bronca du patron, un tantinet trop « ostentatoire ».
     Il faut dire qu’il avait de quoi être à cran, le bon Enrique. Des dizaines de passes « pa na ! », y avait de quoi être en rogne.
     On ne parlera même pas de Miguel Angel Perera, retombé dans son apparente léthargie, dont le sens de la communication semble voué aux abonnés absents, et dont le regard est aussi vide que la Place Rouge, du temps de Nathalie...
     « I’ve got the blues ! ».

     Reste Salvador Vega ! Dieu sait que Dax espérait en lui ! Elle lui avait même fait « double pont d’or ! » Et Dieu sait qu’elle l’a encouragé, poussé, attendu jusqu’au dernier moment… mais « pfftt ! », la mèche a fait long feu, et certains auront beau se bercer de « il a été bien ! », ou encore « il n’a pas été si mal ! », ou bien même « S’il tue, il sort triomphateur de la feria ! », il n’empêche que le Malagueño semble avoir perdu ce toreo qui fut le sien « cuando novillero », ou encore, en fin d’année dernière. Un toreo vibrant, à la fois artiste et vaillant, pleins d’étincelles gaillardes…
     A Dax, il a touché deux toros de faena, et l’espèce de charolais d’hier méritait bien d’autres choses. Certes, le toro était soso, mais il méritait cent fois mieux, plus de risques, plus de sentiment, plus d’âme !
     A Dax, Salvador Vega a peut-être perdu « trois oreilles », à cause de l’épée. Il y a surtout perdu… notre espoir ! Demain peut-être, un toro « lui rendra le sitio ». Ojala ! On le souhaite… mais pour l’instant, « He got the blues ! The Toreo’s blues !»

     Comme on le voit, la feria de Dax se termine dans la grisaille. D’ailleurs, vous devez en avoir marre de lire ceci ! Pour autant, les autres plazas de cette « Mi Août » n’auront pas plus le cœur à sourire. N’est ce pas Béziers ? N’est ce pas, Bayonne ?
     Ah « Langue Bleue »… que nous te haïssons. A cause de toi, nous avons le blues… le « Blue tongue blues » !

     16 Août – DAX – 5ème et dernière de Feria – Plaza pleine – Grand bleu, se noircissant, à partir du cinquième : Six toros du Ventorrillo, de présentation très inégale (bien terciadito, le premier ; balourd les jabonero charolais deuxième ; le trois « se cache » derrière les cornes. Bien plus sérieux, les suivants) et de comportement décevant : Faibles pour la plupart, certains ayant subi les conséquences de quelques rixes « de dernière heure » (trois et quatrième). Sont sortis «abantos », courant beaucoup, distraits, sin fijeza, sortant à l’envers, sans aucune continuité au capote. Il n’y eut aucun toreo de cape, aucun quite, de toute la tarde. A la pique, ils auraient probablement voulu pousser, mais il fallut « mesurer » le châtiment, et malgré ce, plusieurs toros fléchirent, à la sortie, raclant la rocaille sous le sable et s’abîmant les cornes. A ce sujet, on aurait pu annoncer que le N°8 qui sortit avec les deux pointes éclatées,  avait démonté et déplacé deux portes, le matin. Et à entendre le boucan au moment de sa sortie des chiqueros, on peut penser… qu’il y en a eu trois !
     A la muleta : Soseria totale, et manque de race ! Manque de tout… Avec leur patron, les Ventorrillo ont aussi perdu leur âme. Le gros bœuf blond sorti deuxième avait la noblesse…mais pas de classe. Ce fut peut-être, le moins mauvais.
     Enrique Ponce (Ovation et Silence) a « joué » avec le premier, en une faena « ligerita » en tout, à l’issue de laquelle il aurait probablement coupé un trophée, s’il n’avait pas eu la mauvaise idée de pincher deux fois, après vilain metisaca.
     Le quatrième avoua d’entrée que la race, ce n’était pas son truc. Ponce se fit élégamment pesant, au point que le public le prit à partie pour ne pas descabeller plus vite, après une demie en arrière. Ce en quoi il avait tort, car le toro « se tapaba », cherchant quelques bouffées d’air, avant de s’écrouler. Enfin il se coucha, tandis que Ponce disait aux braillards: "Vous voyez?" C’est alors que Tejero joua du crampon, et que le public gronda. Ponce, lui, se mit carrément en boule ! Fallait bien que quelqu’un paie les pots même pas cassés.
     Salvador Vega (Ovation, après un avis – Silence) a connu de très bons moments face au gros balourd sorti deuxième, un toraco couleur melocoton foncé, qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui primé au dernier Salon de l’Agriculture (Bon, d’accord ! à 800kgs près !). Cependant, ce bicharraco n’arrêta point de charger, noblement, même s’il fallait « le soutenir » un brin. Vega y parvint en partie, lors d’une faena où il brilla « par intermittence », sans pour autant atteindre le moindre sommet. Faena agréable, alternant le toreo fondamental avec quelques adornos « d’en bas », un peu gâchés par la soseria du bicho. Les manoletinas finales précédèrent, hélas, deux pinchazos et une demi lame, un peu hasardeuse.
     Face au cinquième, le fameux N°8, le Malagueño débuta par des beaux doblones, un genou en terre, mais cela tourna vite à l’amoncellement de passes, qui n’eut d’égal que « l’amoncellement de descabellos », après une lame tendida et trasera. Bien triste, tout cela !  
     Miguel Angel Perera (Silence aux deux, avec un avis, au troisième) ne donna pas un seul capotazo, digne de ce nom, de toute la tarde.
     Son premier toro était blessé des antérieurs. Il voulait charger, mais hésitait, se retenait. Le grand jeune homme essaya d’en tirer le maximum, en une longue litanie de passes sur les deux mains, dont certaines naturelles, très isolées, dirent la qualité qui est sienne, quand un toro lui donne « une vraie » réplique. Final peu glorieux, par deux pinchazos et une atravesada, suivis de trois descabellos.
     Quand sortit le sixième, le ciel s’était obscurci, et les esprits de même. Imperturbable et « vide » de toute expression, Miguel Angel Perera reprit sa litanie, qui devint véritable pensum. Le public protesta, et ainsi se termina « ses deux heures de colle ».

     Les peñas sortirent au ruedo pour un traditionnel et bien émouvant salut à une feria 2005 qui aura vécu quelques grands moments, notamment avec le Fundi et Rincon, mais dont le résultat fut, comme en bien d’autres ferias de France et d’Espagne, ternis par les toros… sauf les Escolar Gil