DAX : « BRAVO PASCAL ! »
16 Août : Il était 19h30 ! Sur le ruedo envahi des premières pénombres de
l’automne, Salvador Vega tirait quelques droitières prometteuses. La foule
attendait, espérait, priait « pour qu’enfin »… A son balcon Francis
Lalanne se disait que jusque là, « il n’en ferait pas une chanson »…Perdue
dans la foule, la petite brune si jolie, toute vêtue de rouge, se
demandait pourquoi elle avait attendu les toreros, tout à l’heure,
discrètement appuyée à une colonne du patio de caballos. Ses beaux yeux en
amande n’avaient rien perdu des ors et des argent, du velours pourpre de
Vega, de l’air déjà bougon du Morante, des frisettes disparues de Tejela…
Y ahora que ? Qu’en restait il, une heure et demi
après !
Vega se disait « Ca y est ! Je vais triompher ! » Et comme en écho à son
rêve, retentit « Nerva », ce pasodoble qui fit se lever la Maestranza de
Sevilla, un soir d’avril 82, au grand dam de Paquirri, à qui l’on volait
la vedette, l’espace d’un solo de trompette « pharaonique ».
Hier à Dax, il résonna, ce solo… Chacun de ses trémolos
pénétra les cœurs aficionados, et en cet instant précis, unique, chacun
fut transporté ailleurs, en une terre de paix, en un paradis taurin, en
une plaza de rêve où sortent des toros solides, braves, nobles et… en
pleine forme physique ; où les toreros ne boudent pas, dès qu’une corne
« pourrait » les frôler de trop près…
Le solo dura une minute trente, peut-être… mais dans le
cœur de chacun, il retentira longtemps encore.
A peine le pasodoble se fut il éteint que Salvador Vega
essaya de lui reprendre la vedette, mais c’était trop tard, et la faena se
termina par un « Bravo Pascal ! » bien mérité.
Sans le savoir, sans le vouloir, Pascal Lacouture,
trompette soliste et second chef de La Néhe, était le véritable
triomphateur d’une quatrième de feria Dacquoise que l’on essaiera
d’oublier… avec un peu de mal.
Avec beaucoup de respect pour Dax et pour tous, on aura du mal à cacher
« un certain malaise ». A l’heure où les attaques contre la Fiesta Brava
fusent de partout… A l’heure où la cabaña brava se réduit comme peau de
chagrin… A l’heure où l’Escalafon est si pauvre qu’il faut parfois se
pincer pour « ressentir quelque émotion » (ref : Les deux premières faenas
du Fundi, l’autre jour), on ne peut se permettre certaines « libertés »
qui, en d’autres temps, seraient peut-être « mieux passées », ou en tous
cas, « plus vite oubliées ».
Hier sont sortis en plaza de Dax, deux toros (ou plus)
portant des cornadas, suite à la bagarre générale qui avait émaillé le
débarquement des Sanchez Arjona. Certes, les blessures n’étaient peut-être
pas graves… mais « eso no puede ser ! ».
Les temps ont bien changé, d’ailleurs, car il n’est pas
si éloigné le temps où un toro blessé par un congénère « n’entrait pas
dans le sorteo ». Oui décidément, les temps ont bien changé…
Au début de la corrida, il y eut minute de silence, au souvenir du grand
Manolo Vazquez, celui « des naturelles de face », et lors de sa première
faena, Salvador Vega lui rendit son hommage personnel, en tirant deux
séries… « à la Manolo Vazquez ».
Au silence respectueux succéda la bronca féroce, et
méritée, pour un Morante de la Puebla bien moins inspiré par les eaux
sombres de l’Adour, que par son Guadalquivir natal. On le comprend, mais
on ne lui pardonne pas, sur ce coup-là. Qui aime bien châtie bien !
Puis ce fut l’indifférence et l’ennui. Un peu de rage,
lorsque sortirent les deux toros en question… Des cœurs pleins d’espoir,
lorsque Vega « faillit » donner grande faena, mais un « Halte là ! » bien
sec, lorsqu’il voulut entamer une vuelta, après trois pinchazos sans
gloire et deux descabellos…
Restent donc… des illusions perdues, et un solo de trompette. Reste donc
le « Bravo Pascal ! » C’est peu… mais c’est beaucoup. C’est surtout… bien
mérité !
15 Août – DAX – 4ème corrida de Feria – No hay
billetes – Grand bleu : Six toros de Sanchez Arjona (rama Domecq), très
irréguliers de présence (deux « montados », très armés – deux « mas
reducidos », en tout).
Portant cornada au jarret arrière droit, le troisième
fut protesté, et remplacé par un sobrero du Risco (souche Aldeanueva),
très charpenté, mais armé astigordo. Le quatrième portait aussi une
cornada au bas du flanc droit. Il ne fut pas changé. On sait que le
débarquement de cette corrida avait donné lieu à une terrible et
interminable bagarre générale, tout le personnel présent ayant un mal fou
à séparer les belligérants. Le N°38, notamment, du nom de « Gacetero »
avait pris de grosses roustes, revenant pourtant sans cesse au combat.
Bravo, el toro ! Est-ce pour cette raison qu’on a décidé de le maintenir ?
Des explications s’imposent.
Au plan du comportement la corrida « n’a pas servi ».
Faible, se défendant brutalement sur place (1er) ou sans race (les 2,
6èmes). Seul le cinquième a eu quelque noblesse, quelque « continuité »
dans sa charge, mais… aucune émotion. Le gros sobrero, lui, a eu « toutes
les qualités » : Escarbando, andarin, distraido, bruto… Pouah !
Morante de la Puebla (Grande bronca –
Division, après un avis) a donné une sale impression, et la déception de
tous est à la mesure de tous leurs espoirs, avant la course.
Le premier, grandon, armé dur, se défendit
d’entrée. Cela ne fut pas du goût de l’artiste qui régla les affaires en
exactement trois muletazos et quatre minutes. Bronca furieuse, totalement
méritée. Le toro ne valait rien, certes, mais le torero se devait
« d’essayer » et démontrer à tous pourquoi il convenait d’abréger. Grand
torero, le Morante s’est comporté là « comme un petit monsieur ».
Malheureusement, ce ne fut pas le « petit gris »
quatrième qui lui donna l’occasion de se racheter, d’autant que le toro
portait au flanc droit une plaie bien déplaisante, qui eut du interdire
toute parution. Morante donna deux véroniques, esquissa trois naturelles,
s’étira sur quatre derechazos, sans parvenir à dérider le tendido. Cela se
termina en un curieux macheteo, avant un trois quarts d’épée « très très »
en arrière, et un descabello. Tarde mala… sin paliativos !
Salvador Vega (Silence – Grande ovation,
après avis, avec refus de la vuelta) fit toute la tarde, les efforts de
celui sur lequel repose la feria : Deux contrats et beaucoup d’espoirs,
suite à la brillante présentation en 2004. Hélas, Salvador Vega, cette
année, n’est plus le même. « L’artiste vaillant » semble avoir perdu son
toreo, en 2005. Hier pourtant, on ne pourra lui nier les gros efforts
consentis, face aux deux meilleurs de la journée.
Brillant au capote, en particulier sur un quite par
chicuelinas « au demi millimètre », devant son premier, Vega essaya de
convaincre, et peut-être, « de se convaincre ». Dax l’a attendu,
encouragé, poussé, et cette première sortie peut être considérée comme… un
demi succès.
De ses deux faenas, on retiendra les naturelles de
face, devant son premier, en hommage personnel, peut-être, à Manolo
Vazquez, salué d’une profonde minute de silence, à l’issue du paseo. On
retiendra aussi, face au noble cinquième, ses derechazos, en citant de
loin, ou en « se grandissant », en fin de passe, donnant encore plus
d’amplitude au muletazo. De même ses redondos « codilleando », coudes
rentrés, exprès, en une belle attitude d’éphémère esthétique. Il y eut un
« tres en uno », un peu tarabiscoté, que le toro accepta « du bout des
cornes »… puis, il fallut se résoudre à tuer. Mais là… deux vilains
pinchazos et une lame courte, « en sortant a matar », qui précèdent deux
descabellos, tandis que sonne l’avis.
Dax applaudit sans rancune aucune, mais refusa la
vuelta que le Malagueño voulait s’offrir. Hay que ser correcto, señor !
Matias Tejela (Palmitas - Silence) n’eut
guère de chance au sorteo, et malgré quelques efforts routiniers, ne fit
rien pour changer le cours des choses.
Son premier fut changé, et le gros sobrero avait les
caractéristiques décrites plus haut. Le torero dut se défendre, tirant
quelques naturelles aidées, dansant élégamment et tuant rapidement. En paz !
Il reçut le dernier, superbe de présence, par
delantales qu’il ne put clore proprement. Le toro s’échappa des capes et
alla prendre un gros puyazo, à la sortie des picadors. Dès lors, il
manifesta une grosse faiblesse, confirmée aux banderilles et durant le
trasteo. Matias Tejela essaya de tirer des passes, visant l’esthétique et
« l’efficacité infirmière », mais ne parvint jamais à bouleverser les
gradins. De plus, un vilain arreon du bicho lui imposa de prendre quelques
précautions. Ce que voyant, il en termina d’une épée « à la vapeur », qui
fit discrètement son office. Tejela paso « sin suerte », cumpliendo. C’est
bien peu ! C’est trop peu !
15 Août – En matinée – DAX – Corrida de Rejoneo – Plaza
pleine : Bonne corrida de Sanchez Cobaleda (à part le premier)
Raul Martin Burgos : Vuelta et Une oreille, avec
forte pétition de la deuxième.
Andy Cartagena : Quatre oreilles – Apothéose
d’un génial « tous terrains » du rejoneo.
Diego Ventura : Une oreille et Ovation – Tua
fort mal le dernier.
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