Reseña du 15 Août 2005

 

DAX : « BRAVO PASCAL ! »

     16 Août : Il était 19h30 ! Sur le ruedo envahi des premières pénombres de l’automne, Salvador Vega tirait quelques droitières prometteuses. La foule attendait, espérait, priait « pour qu’enfin »… A son balcon Francis Lalanne se disait que jusque là, « il n’en ferait pas une chanson »…Perdue dans la foule, la petite brune si jolie, toute vêtue de rouge, se demandait pourquoi elle avait attendu les toreros, tout à l’heure, discrètement appuyée à une colonne du patio de caballos. Ses beaux yeux en amande n’avaient rien perdu des ors et des argent, du velours pourpre de Vega, de l’air déjà bougon du Morante, des frisettes disparues de Tejela…
     Y ahora que ? Qu’en restait il, une heure et demi après !

     Vega se disait « Ca y est ! Je vais triompher ! » Et comme en écho à son rêve, retentit « Nerva », ce pasodoble qui fit se lever la Maestranza de Sevilla, un soir d’avril 82, au grand dam de Paquirri, à qui l’on volait la vedette, l’espace d’un  solo de trompette « pharaonique ».
     Hier à Dax, il résonna, ce solo… Chacun de ses trémolos pénétra les cœurs aficionados, et en cet instant précis, unique, chacun fut transporté ailleurs, en une terre de paix, en un paradis taurin, en une plaza de rêve où sortent des toros solides, braves, nobles et… en pleine forme physique ; où les toreros ne boudent pas, dès qu’une corne « pourrait » les frôler de trop près…
     Le solo dura une minute trente, peut-être… mais dans le cœur de chacun, il retentira longtemps encore.
     A peine le pasodoble se fut il éteint que Salvador Vega essaya de lui reprendre la vedette, mais c’était trop tard, et la faena se termina par un « Bravo Pascal ! » bien mérité.
     Sans le savoir, sans le vouloir, Pascal Lacouture, trompette soliste et second chef de La Néhe, était le véritable triomphateur d’une quatrième de feria Dacquoise que l’on essaiera d’oublier… avec un peu de mal.

     Avec beaucoup de respect pour Dax et pour tous, on aura du mal à cacher « un certain malaise ». A l’heure où les attaques contre la Fiesta Brava fusent de partout… A l’heure où la cabaña brava se réduit comme peau de chagrin… A l’heure où l’Escalafon est si pauvre qu’il faut parfois se pincer pour « ressentir quelque émotion » (ref : Les deux premières faenas du Fundi, l’autre jour), on ne peut se permettre certaines « libertés » qui, en d’autres temps, seraient peut-être « mieux passées », ou en tous cas, « plus vite oubliées ».
     Hier sont sortis en plaza de Dax, deux toros (ou plus) portant des cornadas, suite à la bagarre générale qui avait émaillé le débarquement des Sanchez Arjona. Certes, les blessures n’étaient peut-être pas graves… mais « eso no puede ser ! ».
     Les temps ont bien changé, d’ailleurs, car il n’est pas si éloigné le temps où un toro blessé par un congénère « n’entrait pas dans le sorteo ». Oui décidément, les temps ont bien changé…

     Au début de la corrida, il y eut minute de silence, au souvenir du grand Manolo Vazquez, celui « des naturelles de face », et lors de sa première faena, Salvador Vega lui rendit son hommage personnel, en tirant deux séries… « à la Manolo Vazquez ». 
     Au silence respectueux succéda la bronca féroce, et méritée, pour un Morante de la Puebla bien moins inspiré par les eaux sombres de l’Adour, que par son Guadalquivir natal. On le comprend, mais on ne lui pardonne pas, sur ce coup-là. Qui aime bien châtie bien !
     Puis ce fut l’indifférence et l’ennui. Un peu de rage, lorsque sortirent les deux toros en question… Des cœurs pleins d’espoir, lorsque Vega « faillit » donner grande faena, mais un « Halte là ! » bien sec, lorsqu’il voulut entamer une vuelta, après trois pinchazos sans gloire et deux descabellos…

     Restent donc… des illusions perdues, et un solo de trompette. Reste donc le « Bravo Pascal ! » C’est peu… mais c’est beaucoup. C’est surtout… bien mérité !

     15 Août – DAX – 4ème corrida de Feria – No hay billetes – Grand bleu : Six toros de Sanchez Arjona (rama Domecq), très irréguliers de présence (deux « montados », très armés – deux « mas reducidos », en tout).
     Portant cornada au jarret arrière droit, le troisième fut protesté, et remplacé par un sobrero du Risco (souche Aldeanueva), très charpenté, mais armé astigordo. Le quatrième portait aussi une cornada au bas du flanc droit. Il ne fut pas changé. On sait que le débarquement de cette corrida avait donné lieu à une terrible et interminable bagarre générale, tout le personnel présent ayant un mal fou à séparer les belligérants. Le N°38, notamment, du nom de « Gacetero » avait pris de grosses roustes, revenant pourtant sans cesse au combat. Bravo, el toro ! Est-ce pour cette raison qu’on a décidé de le maintenir ? Des explications s’imposent.
     Au plan du comportement la corrida « n’a pas servi ». Faible, se défendant brutalement sur place (1er) ou sans race (les 2, 6èmes). Seul le cinquième a eu quelque  noblesse, quelque « continuité » dans sa charge, mais… aucune émotion. Le gros sobrero, lui, a eu « toutes les qualités » : Escarbando, andarin, distraido, bruto… Pouah !
     Morante de la Puebla (Grande bronca – Division, après un avis) a donné une sale impression, et la déception de tous est à la mesure de tous leurs espoirs, avant la course.
     Le premier, grandon, armé dur, se défendit d’entrée. Cela ne fut pas du goût de l’artiste qui régla les affaires en exactement trois muletazos et quatre minutes. Bronca furieuse, totalement méritée. Le toro ne valait rien, certes, mais le torero se devait « d’essayer » et démontrer à tous pourquoi il convenait d’abréger. Grand torero, le Morante s’est comporté là « comme un petit monsieur ».
     Malheureusement, ce ne fut pas le « petit gris » quatrième qui lui donna l’occasion de se racheter, d’autant que le toro portait  au flanc droit une plaie bien déplaisante, qui eut du interdire toute parution. Morante donna deux véroniques,  esquissa trois naturelles, s’étira sur quatre derechazos, sans parvenir à dérider le tendido. Cela se termina en un curieux macheteo, avant un trois quarts d’épée « très très » en arrière, et un descabello. Tarde mala… sin paliativos !
     Salvador Vega (Silence – Grande ovation, après avis, avec refus de la vuelta) fit toute la tarde, les efforts de celui sur lequel repose la feria : Deux contrats et beaucoup d’espoirs, suite à la brillante présentation en 2004. Hélas, Salvador Vega, cette année, n’est plus le même. « L’artiste vaillant » semble avoir perdu son toreo, en 2005. Hier pourtant, on ne pourra lui nier les gros efforts consentis, face aux deux meilleurs de la journée.
     Brillant au capote, en particulier sur un quite par chicuelinas « au demi millimètre », devant son premier, Vega essaya de convaincre, et peut-être, « de se convaincre ». Dax l’a attendu, encouragé, poussé, et cette première sortie peut être considérée comme… un demi succès.
     De ses deux faenas, on retiendra les naturelles de face, devant son premier, en hommage personnel, peut-être, à Manolo Vazquez, salué d’une profonde minute de silence, à l’issue du paseo. On retiendra aussi, face au noble cinquième, ses derechazos, en citant de loin, ou en « se grandissant », en fin de passe, donnant encore plus d’amplitude au muletazo. De même ses redondos « codilleando », coudes rentrés, exprès, en une belle attitude d’éphémère esthétique. Il y eut un « tres en uno », un peu tarabiscoté, que le toro accepta « du bout des cornes »… puis, il fallut se résoudre à tuer. Mais là… deux vilains pinchazos et une lame courte, « en sortant a matar », qui précèdent deux descabellos, tandis que sonne l’avis.
     Dax applaudit sans rancune aucune, mais refusa la vuelta que le Malagueño voulait s’offrir. Hay que ser correcto, señor !
     Matias Tejela (Palmitas - Silence) n’eut guère de chance au sorteo, et malgré quelques efforts routiniers, ne fit rien pour changer le cours des choses.
     Son premier fut changé, et le gros sobrero avait les caractéristiques décrites plus haut. Le torero dut se défendre, tirant quelques naturelles aidées, dansant élégamment et tuant rapidement. En paz !
     Il reçut le dernier, superbe de présence, par delantales qu’il ne put clore proprement. Le toro s’échappa des capes et alla prendre un gros puyazo, à la sortie des picadors. Dès lors, il manifesta une grosse faiblesse, confirmée aux banderilles et durant le trasteo. Matias Tejela essaya de tirer des passes, visant l’esthétique et « l’efficacité infirmière », mais ne parvint jamais à bouleverser les gradins. De plus, un vilain arreon du bicho lui imposa de prendre quelques précautions. Ce que voyant, il en termina d’une épée « à la vapeur », qui fit discrètement son office. Tejela paso « sin suerte », cumpliendo. C’est bien peu ! C’est trop peu !

     15 Août – En matinée – DAX – Corrida de Rejoneo – Plaza pleine : Bonne corrida de Sanchez Cobaleda (à part le premier)
     Raul Martin Burgos : Vuelta et Une oreille, avec forte pétition de la deuxième.
     Andy Cartagena : Quatre oreilles – Apothéose d’un génial « tous terrains » du rejoneo.  
     Diego Ventura : Une oreille et Ovation – Tua fort mal le dernier.