Reseña du 14 Août 2005

 

 

DAX : A CHAQUE CESAR CE QUI LUI APPARTIENT

15 Août : Sale début de journée ! Deux pannes en une matinée cela fait un peu beaucoup pour le même bonhomme…
     L’informatique et ses mystères ! Un peu comme le gars qui s’achète la dernière de chez… (Non ! non ! on ne dira pas la marque !), une voiture bourrée d’électronique, super confortable, «qui se conduit toute seule », vous donne les dernières nouvelles de la Bourse, vous sert le café… mais passe tout son temps au garage !
     « On voit bien que quelque chose ne va pas, mais on n’arrive pas à localiser le problème ! »
     Du coup : « Vive les 2Cv et les tape cul ! »
    Seulement voilà ! Ici… vous ne pouvez même pas dire cela ! Il n’y a pas de « 2Cv informatique ! » Enfin bref, quand vous lirez cela, la panne sera résolue, en principe. On aura tout changé, sauf le bonhomme ! De fait…. on aurait peut-être du commencer par cela !

 

Ces aléas du « multimédias » nous ayant « légèrement » hérissé, on va se calmer, boire un verre d’eau fraîche, et revenir à cette chaude Feria de Dax qui se déroule de la plus belle façon qui soit. Tout le monde déambule dans les rues, bien gentiment, et la joie est partout. Certes il y a quelques viandes saoules, quelques zombies, quelques iroquois venus d’ailleurs… mais on est loin des excès constatés plus bas, en descendant l’Adour. Et cela fait bien plaisir à voir !

Mais revenons aux toros ! La feria a bien mal débuté, avec les pauvres Montalvo… qui ne nous ont montés nulle part. Puis les Escolar Gil, eux, nous ont presque transportés au ciel. Corrida superbe, et Superbe Fundi !
     Hier, on avait bien peur de retomber bien bas, avec les Bañuelos, ces fameux « toros du froid », dont on sait qu’ils sont souvent… « un peu faibles ». Et il est vrai que plusieurs vilains clignotants se sont allumés quand trois d’entre eux manifestèrent d’angoissantes carences. Le troisième, en particulier, fit un curieux roulé-boulé, plus approprié à un commando parachutiste qu’à un toro de combat. Mais au fond, cela faisait peut-être partie du personnage. Il s’appelait « Jugador ».
     A peine remis sur ses pattes, ce « joueur » se prit au jeu, et se mit à poursuivre la muleta de Cesar Jimenez, avec une noblesse, une douceur, que le jeune madrilène mit à profit, de la plus belle façon qui soit. Faena essentiellement gauchère, sans un accroc. Dax découvrait « le Cesar Nouveau », fils spirituel de Jose Miguel Arroyo « Joselito », présent au callejon. En voyant son poulain promener les deux oreilles de « Jugador », le Jose en question ne pouvait que se murmurer : « Bien joué ! »
     Par contre, à voir sa tête, on peut penser qu’il aura été déçu par son élève, face au dernier. Cela tombe bien, car un peu tout le monde l’a été.
     Ayant laissé son picador s’acharner comme une brute, en un puyazo assassin, Jimenez se retrouva avec un toro noble, mais vidé de toute substance. Du coup, l’applaudimètre baissa de plusieurs crans, et la sortie a hombros fut « à peine polie », car on sait se tenir, ici...

Puis il y avait « l’autre Cesar ! », celui de toujours ! Cesar Rincon.
     Non seulement il était bien présent (ce qui, la veille encore, était loin d’être sûr) mais il s’est donné à fond, « s’envoyant » avec talent et sempiternelle sincérité, les deux « toracos » du jour, hauts, bien armés et noblement encastés.
     Une oreille pour le Colombien, et peut-être trois, si le premier recibir avait bien fonctionné, après sa faena au quatrième. Victime d’une nouvelle lésion à la main droite (renouvelée et aggravée le 11 Août à San Roque), Rincon ne peut plus pousser l’épée, au point qu’on a du à la hâte, modifier «la empeñadura », « l’empoignure » de son estoque, et qu’il sortit, hier, « multi infiltré », massé, strappé, « spryé »…et que cela a presque bien tenu.
     Dax a retrouvé « son » Cesar… et Cesar « son » Dax. Non seulement « il est venu », mais « il a vu » que les deux toros « servaient », et… je vous laisse finir…
     Le président joua « les pisse froid » toute l’après midi…mais le public le réchauffa. Pas de sortie a hombros pour Cesar Rincon, mais la joie de donner deux « énormes » vueltas, et la récompense à tous ses efforts. On imagine qu’aujourd’hui, à Malaga, la chaleur ne sera pas la même.

      Et « au milieu »… coule une rivière ! Une rivière de talent et de toreria… mais une rivière glacée ! Brrr ! Qu’il est froid et triste ce pauvre Uceda Leal, actuellement enfoui dans un bache que n’aurait pas à lui envier un mammouth préhistorique au fin fond de la steppe Sibérienne. Por Favor !
     Pourtant il fut à deux doigts de se réveiller… Son début de faena, au cinquième fut du plus bel effet, réchauffant tous les cœurs. Mais très vite, brrr ! Et tout s’écroula ! Tout se congela ! Vêtu de velours bouteille et or, Uceda aurait bien du « s’en jeter un », avant de sortir…
     A part un gros quite par chicuelinas, il ne dit rien, au capote ! Et lui qui est grand tueur, pues… Una tristeza !  

     Ainsi donc Dax sut rendre à Cesar ce qui lui appartenait ! Un grand salut, au Cesar de toujours !
     Un «au revoir » au jeune Cesarillon, et un « Tchao ! » à celui qui aurait pu, aurait du être couronné « César de Madrid », l’an passé… mais qui a laissé partir le cortège… 

     14 Août – DAX : 3ème corrida de Feria – Plaza pleine – Grand bleu, parcellé de plumes blanches : Six toros de Antonio Bañuelos bien roulés et portant beaux. Hauts et musculeux, ils firent de jolies sorties, maintes fois applaudies. Les toros de Rincon et le dernier furent « de sacré tontons », au plan carcasse.
     Les toros de Bañuelos allèrent facilement au cheval où il fallut « medir », bien calibrer le châtiment, car hélas, il y eut grande part de faiblesse, en particulier chez les 2, 3 et 6èmes. Un bémol toutefois : Le troisième, victime d’une vilaine culbute à la sortie d’un capotazo, ne tomba plus, par la suite. Le sixième, quant à lui, fut victime d’un interminable puyazo « pistonné » du picador, sous le regard complice de son maestro. Le toro sortit du cheval « sur les rotules », et accusa vite cette méchante punition. A la muleta, seul le deuxième manifesta une triste tendance à la fadeur, tout en accrochant un peu, à droite. Pour le torero, le troisième, du nom de « Jugador », fut « un sucre », tandis que les deux de Rincon se laissèrent convaincre par la générosité du colombien.
     Cesar Rincon (Une oreille – Vuelta) a beaucoup souffert, ces derniers jours, mais il tenait à venir à Dax. A force de pincher, une méchante lésion s’est réveillée, dans la paume de sa main droite, qui va lui jouer de mauvais tours. Cela dit, Cesar Rincon a le principal de sa glorieuse carrière « derrière lui », et maintenant, il est là « presque pour le plaisir ». Et c’est un plaisir de le voir aller au toro, l’étudier, « lui proposer » son capote ou sa muleta, lui « offrir » la meilleure façon de charger, sans forcer, sans bousculer, tout en disant : « Attention, c’est moi le patron ! » 
     Il construisit une faena « a mas », devant le noble premier, dont le point culminant fut quatre derechazos, tirés à fond, précédant une estocade entière, en faisant très bien la suerte. Pétition majoritaire que le président eut quelque mal à avaler, on se demande bien pourquoi. Les politiques ne parlent-ils pas tout le temps… de Démocratie ! Pour ce qui concerne la première oreille, n’est ce pas l’occasion de joindre le geste à la parole « Señor Presidente » ? (Ud la tiene con Cesar, No ? – Ref : Bayonne, il y a trois ans)
     Le quatrième toro se montra plus distrait, au premier tiers, mais dès le premier muletazos, la caste, la noblesse, jouèrent à fond, et le Colombien ne laissa point passer l’occasion : Faena « a mas », jouant avec les distances, liant sur place d’importants muletazos droitiers, se libérant par de gros pechos. Le toro venait fort, répétant sa charge, obligeant le torero à se donner à fond.
     Ce ne fut pas une faena « de soie », mais un trasteo ferme, plein de sincérité, les deux adversaires se livrant entièrement. A la fin, à toro dominé, Rincon se permit un pecho à genoux, avant de clore par des statuaires, histoire de laisser respirer l’animal. µ
     Car il avait déjà son idée, le Cesar !  Il savait qu’il avait été bien, et que le toro venait au moindre cite. Par ailleurs, Cesar Jimenez avait déjà la porte grande assurée, mais lui non ! S’il tuait bien, c’était un trophée assuré, et si cela se passait « mieux encore », c’était l’apothéose. Vu tous ces paramètres, l’estocade « al recibir » s’imposait, tout simplement.
     Cesar « y alla », mais le destin lui fut contraire : D’abord une lame courte, que le toro rejeta, puis une vilaine demie, atravesada. Et pour finir de tout gâcher, trois descabellos. Adieu la valise d’oreilles ! L’ovation fut énorme, cependant, invitant le petit géant Colombien à une vuelta « de verdad ».
     Jose Ignacio Uceda Leal (Silence – Ovation) semble passer un mauvais moment ! Son toreo est noyé dans la torpeur, et ce blues apparent gagne le public, qui l’applaudit, essaie de suivre, mais finit par retomber dans l’indifférence et l’ennui.
     Son premier se révéla faible (trop piqué ?) et soso, tirant d’imperceptibles avertissements sur corne droite. Après un quite par chicuelinas, millimétré, le madrilène d’Ucera tira une faena essentiellement gauchère, rapidilla, sans temple, un poil routinière. Quelque rare naturelle isolée fit mouche, mais l’ensemble ennuya un brin. Après pinchazo, une entière qui n’avait rien à voir avec les grands coups d’épée du passé. « Même cela, il semble l’avoir perdu ! ».
     Le cinquième toro sortit « au pas », ne se réveillant qu’après un bon puyazo. Le début de faena, par statuaires et remates du mépris, fut énorme de toreria, promettant de grandes choses. Et il y en eut, dans les premières séries sur les deux mains. Temple, galbe, « señorio », tout y était ! Hélas, le torero « perdit le fil », et les passes se firent moins profondes, moins « propres », s’amoncelant et perdant toute grandeur, toute classe. Faena de mas a menos, que le torero essaya de « remonter » avec des manoletinas, au cordeau. Hélas, le mal était fait ! Le charme s’était rompu, et l’estocade « trasera y caida », après pinchazo, n’arrangea nullement le tableau. Parti pour deux oreilles, Uceda ne put même pas « songer à entamer une vuelta ».
     Cesar Jimenez (Deux oreilles après avis –Avis partagés) reçut avec toreria le noble troisième, du nom de « Jugador ». Hélas, le toro s’échappa du capote, partant se fracasser dans le peto, et quand il en sortit, ce fut pour « une roulade » sur le côté, fort surprenante, qui ne disait rien qui vaille. Pourtant, le « joueur » ne répéta point ce tour, et se mit à offrir mille charges, douces et droites, que Jimenez exploita fort joliment. Après un brindis à tous, toujours aussi  cérémonieux, mais un poil plus naturel, Jimenez monta une superbe faena, laissant respirer le toro, tout d’abord par le haut, en sept aller-retour au fil des barrières, puis lui donnant grand champ, tirant sur main droite quelques douceurs, avant de passer « au corps » de la faena. Et là, chapeau ! Tout sur main gauche ! Le jeune madrilène, très torero, tira quatre séries de naturelles, longues, suaves, parfois alanguies, bien liées au pecho. Citant de trois quarts face, avançant la jambe, ne forçant ni l’attitude ni la démagogie, Cesar Jimenez toréa très bien… un très noble toro. Faena « de dulce », très bien menée, d’une grande esthétique, close d’un « trois quarts de lame » un peu delantero et horizontal. Est-ce cela qui fit longuement hésiter le Président pour l’octroi des deux oreilles. C’était là son droit.   
     Par contre, on aura du mal a pardonner au maestro, le puyazo assassin de « son employé à cheval », qui réduisit le beau sixième, à l’état de semi somnambule. Dans le callejon, Joselito se grattait la tête, dubitatif, et Martin Arranz regardait ailleurs. N’ont-ils pas appris à leur protégé, qu’en France, cela ne se fait pas ? Piquez-le deux, trois, quatre fois si nécessaire, mais pas « quatre en une ! » Por favor !
     Du coup, il n’y eut pas de faena, et d’ailleurs, le public l’aurait boudée. On retrouva « le petit César d’avant », celui des attitudes, celui qui fait des mines et tire des lignes. Pouah ! Pour finir, l’épée fut bien peu glorieuse, mais peu rancunière, Dax applaudit la sortie a hombros… Mais pas aussi fort qu’elle l’aurait fait, si « l’autre Cesar », le seul, le vrai, avait mieux conclu son nouveau rendez vous d’amitié.

     14 Août – En matinée – DAX – Novillada piquée – Deux tiers de plaza – Forte chaleur : Grande novillada de Baltasar Iban, avec présentation, bravoure, caste et mobilité « réfléchie ». Le troisième réfléchit beaucoup trop.
     Canito : Une oreille et Ovation – Toréa « en Sévillan » qu’il est, mêlant le fondamental, efficace au toreo plus léger, plein  d’esthétique.
     Antonio Joao Ferreira : Silence partout – Gâcha tous ses efforts par une avalanche de descabellos. Bonnes naturelles à son premier.
     Mehdi Savalli : Une oreille et Ovation – Fit un gros tabac, devant son premier, mais fut mis en échec par le dernier, qui l’accrocha méchamment, pour lui faire mal.