DAX : A CHAQUE CESAR CE QUI LUI APPARTIENT
15 Août : Sale début de journée ! Deux pannes en une
matinée cela fait un peu beaucoup pour le même bonhomme…
L’informatique et ses mystères ! Un peu comme le gars
qui s’achète la dernière de chez… (Non ! non ! on ne dira pas la
marque !), une voiture bourrée d’électronique, super confortable, «qui se
conduit toute seule », vous donne les dernières nouvelles de la Bourse,
vous sert le café… mais passe tout son temps au garage !
« On voit bien que quelque chose ne va pas, mais on
n’arrive pas à localiser le problème ! »
Du coup : « Vive les 2Cv et les tape cul ! »
Seulement voilà ! Ici… vous ne pouvez même pas dire cela ! Il
n’y a pas de « 2Cv informatique ! » Enfin bref, quand vous lirez cela, la
panne sera résolue, en principe. On aura tout changé, sauf le bonhomme !
De fait…. on aurait peut-être du commencer par cela !
Ces aléas du « multimédias » nous ayant « légèrement »
hérissé, on va se calmer, boire un verre d’eau fraîche, et revenir à cette
chaude Feria de Dax qui se déroule de la plus belle façon qui soit. Tout
le monde déambule dans les rues, bien gentiment, et la joie est partout.
Certes il y a quelques viandes saoules, quelques zombies, quelques
iroquois venus d’ailleurs… mais on est loin des excès constatés plus bas,
en descendant l’Adour. Et cela fait bien plaisir à voir !
Mais revenons aux toros ! La feria a bien mal débuté, avec
les pauvres Montalvo… qui ne nous ont montés nulle part. Puis les Escolar
Gil, eux, nous ont presque transportés au ciel. Corrida superbe, et
Superbe Fundi !
Hier, on avait bien peur de retomber bien bas, avec les
Bañuelos, ces fameux « toros du froid », dont on sait qu’ils sont souvent…
« un peu faibles ». Et il est vrai que plusieurs vilains clignotants se
sont allumés quand trois d’entre eux manifestèrent d’angoissantes
carences. Le troisième, en particulier, fit un curieux roulé-boulé, plus
approprié à un commando parachutiste qu’à un toro de combat. Mais au fond,
cela faisait peut-être partie du personnage. Il s’appelait « Jugador ».
A peine remis sur ses pattes, ce « joueur » se prit au
jeu, et se mit à poursuivre la muleta de Cesar Jimenez, avec une noblesse,
une douceur, que le jeune madrilène mit à profit, de la plus belle façon
qui soit. Faena essentiellement gauchère, sans un accroc. Dax
découvrait « le Cesar Nouveau », fils spirituel de Jose Miguel Arroyo « Joselito »,
présent au callejon. En voyant son poulain promener les deux oreilles de
« Jugador », le Jose en question ne pouvait que se murmurer : « Bien
joué ! »
Par contre, à voir sa tête, on peut penser qu’il aura
été déçu par son élève, face au dernier. Cela tombe bien, car un peu tout
le monde l’a été.
Ayant laissé son picador s’acharner comme une brute, en
un puyazo assassin, Jimenez se retrouva avec un toro noble, mais vidé de
toute substance. Du coup, l’applaudimètre baissa de plusieurs crans, et la
sortie a hombros fut « à peine polie », car on sait se tenir, ici...
Puis il y avait « l’autre Cesar ! », celui de toujours !
Cesar Rincon.
Non seulement il était bien présent (ce qui, la veille
encore, était loin d’être sûr) mais il s’est donné à fond, « s’envoyant »
avec talent et sempiternelle sincérité, les deux « toracos » du jour,
hauts, bien armés et noblement encastés.
Une oreille pour le Colombien, et peut-être trois, si
le premier recibir avait bien fonctionné, après sa faena au quatrième.
Victime d’une nouvelle lésion à la main droite (renouvelée et aggravée le
11 Août à San Roque), Rincon ne peut plus pousser l’épée, au point qu’on a
du à la hâte, modifier «la empeñadura », « l’empoignure » de son estoque,
et qu’il sortit, hier, « multi infiltré », massé, strappé, « spryé »…et
que cela a presque bien tenu.
Dax a retrouvé « son » Cesar… et Cesar « son » Dax. Non
seulement « il est venu », mais « il a vu » que les deux toros
« servaient », et… je vous laisse finir…
Le président joua « les pisse froid » toute l’après
midi…mais le public le réchauffa. Pas de sortie a hombros pour Cesar
Rincon, mais la joie de donner deux « énormes » vueltas, et la récompense
à tous ses efforts. On imagine qu’aujourd’hui, à Malaga, la chaleur ne
sera pas la même.
Et « au milieu »… coule une rivière ! Une
rivière de talent et de toreria… mais une rivière glacée ! Brrr ! Qu’il
est froid et triste ce pauvre Uceda Leal, actuellement enfoui dans un
bache que n’aurait pas à lui envier un mammouth préhistorique au fin fond
de la steppe Sibérienne. Por Favor !
Pourtant il fut à deux doigts de se réveiller… Son
début de faena, au cinquième fut du plus bel effet, réchauffant tous les
cœurs. Mais très vite, brrr ! Et tout s’écroula ! Tout se congela ! Vêtu
de velours bouteille et or, Uceda aurait bien du « s’en jeter un », avant
de sortir…
A part un gros quite par chicuelinas, il ne dit rien,
au capote ! Et lui qui est grand tueur, pues… Una tristeza !
Ainsi donc Dax sut rendre à Cesar ce qui lui appartenait ! Un grand salut,
au Cesar de toujours !
Un «au revoir » au jeune Cesarillon, et un « Tchao ! »
à celui qui aurait pu, aurait du être couronné « César de Madrid », l’an
passé… mais qui a laissé partir le cortège…
14 Août – DAX : 3ème corrida de Feria – Plaza
pleine – Grand bleu, parcellé de plumes blanches : Six toros de Antonio
Bañuelos bien roulés et portant beaux. Hauts et musculeux, ils firent de
jolies sorties, maintes fois applaudies. Les toros de Rincon et le dernier
furent « de sacré tontons », au plan carcasse.
Les toros de Bañuelos allèrent facilement au cheval où
il fallut « medir », bien calibrer le châtiment, car hélas, il y eut
grande part de faiblesse, en particulier chez les 2, 3 et 6èmes. Un bémol
toutefois : Le troisième, victime d’une vilaine culbute à la sortie d’un
capotazo, ne tomba plus, par la suite. Le sixième, quant à lui, fut
victime d’un interminable puyazo « pistonné » du picador, sous le regard
complice de son maestro. Le toro sortit du cheval « sur les rotules », et
accusa vite cette méchante punition. A la muleta, seul le deuxième
manifesta une triste tendance à la fadeur, tout en accrochant un peu, à
droite. Pour le torero, le troisième, du nom de « Jugador », fut « un
sucre », tandis que les deux de Rincon se laissèrent convaincre par la
générosité du colombien.
Cesar Rincon (Une oreille – Vuelta) a
beaucoup souffert, ces derniers jours, mais il tenait à venir à Dax. A
force de pincher, une méchante lésion s’est réveillée, dans la paume de sa
main droite, qui va lui jouer de mauvais tours. Cela dit, Cesar Rincon a
le principal de sa glorieuse carrière « derrière lui », et maintenant, il
est là « presque pour le plaisir ». Et c’est un plaisir de le voir aller
au toro, l’étudier, « lui proposer » son capote ou sa muleta, lui
« offrir » la meilleure façon de charger, sans forcer, sans bousculer,
tout en disant : « Attention, c’est moi le patron ! »
Il construisit une faena « a mas », devant le noble
premier, dont le point culminant fut quatre derechazos, tirés à fond,
précédant une estocade entière, en faisant très bien la suerte. Pétition
majoritaire que le président eut quelque mal à avaler, on se demande bien
pourquoi. Les politiques ne parlent-ils pas tout le temps… de Démocratie !
Pour ce qui concerne la première oreille, n’est ce pas l’occasion de
joindre le geste à la parole « Señor Presidente » ? (Ud la tiene con Cesar,
No ? – Ref : Bayonne, il y a trois ans)
Le quatrième toro se montra plus distrait, au premier
tiers, mais dès le premier muletazos, la caste, la noblesse, jouèrent à
fond, et le Colombien ne laissa point passer l’occasion : Faena « a mas »,
jouant avec les distances, liant sur place d’importants muletazos
droitiers, se libérant par de gros pechos. Le toro venait fort, répétant
sa charge, obligeant le torero à se donner à fond.
Ce ne fut pas une faena « de soie », mais un trasteo
ferme, plein de sincérité, les deux adversaires se livrant entièrement. A
la fin, à toro dominé, Rincon se permit un pecho à genoux, avant de clore
par des statuaires, histoire de laisser respirer l’animal. µ
Car il avait déjà son idée, le Cesar ! Il savait qu’il
avait été bien, et que le toro venait au moindre cite. Par ailleurs, Cesar
Jimenez avait déjà la porte grande assurée, mais lui non ! S’il tuait
bien, c’était un trophée assuré, et si cela se passait « mieux encore »,
c’était l’apothéose. Vu tous ces paramètres, l’estocade « al recibir »
s’imposait, tout simplement.
Cesar « y alla », mais le destin lui fut contraire :
D’abord une lame courte, que le toro rejeta, puis une vilaine demie,
atravesada. Et pour finir de tout gâcher, trois descabellos. Adieu la
valise d’oreilles ! L’ovation fut énorme, cependant, invitant le petit
géant Colombien à une vuelta « de verdad ».
Jose Ignacio Uceda Leal (Silence –
Ovation) semble passer un mauvais moment ! Son toreo est noyé dans la
torpeur, et ce blues apparent gagne le public, qui l’applaudit, essaie de
suivre, mais finit par retomber dans l’indifférence et l’ennui.
Son premier se révéla faible (trop piqué ?) et soso,
tirant d’imperceptibles avertissements sur corne droite. Après un quite
par chicuelinas, millimétré, le madrilène d’Ucera tira une faena
essentiellement gauchère, rapidilla, sans temple, un poil routinière.
Quelque rare naturelle isolée fit mouche, mais l’ensemble ennuya un brin.
Après pinchazo, une entière qui n’avait rien à voir avec les grands coups
d’épée du passé. « Même cela, il semble l’avoir perdu ! ».
Le cinquième toro sortit « au pas », ne se réveillant
qu’après un bon puyazo. Le début de faena, par statuaires et remates du
mépris, fut énorme de toreria, promettant de grandes choses. Et il y en
eut, dans les premières séries sur les deux mains. Temple, galbe, « señorio »,
tout y était ! Hélas, le torero « perdit le fil », et les passes se firent
moins profondes, moins « propres », s’amoncelant et perdant toute
grandeur, toute classe. Faena de mas a menos, que le torero essaya de
« remonter » avec des manoletinas, au cordeau. Hélas, le mal était fait !
Le charme s’était rompu, et l’estocade « trasera y caida », après pinchazo,
n’arrangea nullement le tableau. Parti pour deux oreilles, Uceda ne put
même pas « songer à entamer une vuelta ».
Cesar Jimenez (Deux oreilles après avis
–Avis partagés) reçut avec toreria le noble troisième, du nom de « Jugador ».
Hélas, le toro s’échappa du capote, partant se fracasser dans le peto, et
quand il en sortit, ce fut pour « une roulade » sur le côté, fort
surprenante, qui ne disait rien qui vaille. Pourtant, le « joueur » ne
répéta point ce tour, et se mit à offrir mille charges, douces et droites,
que Jimenez exploita fort joliment. Après un brindis à tous, toujours
aussi cérémonieux, mais un poil plus naturel, Jimenez monta une superbe
faena, laissant respirer le toro, tout d’abord par le haut, en sept
aller-retour au fil des barrières, puis lui donnant grand champ, tirant
sur main droite quelques douceurs, avant de passer « au corps » de la
faena. Et là, chapeau ! Tout sur main gauche ! Le jeune madrilène, très
torero, tira quatre séries de naturelles, longues, suaves, parfois
alanguies, bien liées au pecho. Citant de trois quarts face, avançant la
jambe, ne forçant ni l’attitude ni la démagogie, Cesar Jimenez toréa très
bien… un très noble toro. Faena « de dulce », très bien menée, d’une
grande esthétique, close d’un « trois quarts de lame » un peu delantero et
horizontal. Est-ce cela qui fit longuement hésiter le Président pour
l’octroi des deux oreilles. C’était là son droit.
Par contre, on aura du mal a pardonner au maestro, le
puyazo assassin de « son employé à cheval », qui réduisit le beau sixième,
à l’état de semi somnambule. Dans le callejon, Joselito se grattait la
tête, dubitatif, et Martin Arranz regardait ailleurs. N’ont-ils pas appris
à leur protégé, qu’en France, cela ne se fait pas ? Piquez-le deux, trois,
quatre fois si nécessaire, mais pas « quatre en une ! » Por favor !
Du coup, il n’y eut pas de faena, et d’ailleurs, le
public l’aurait boudée. On retrouva « le petit César d’avant », celui des
attitudes, celui qui fait des mines et tire des lignes. Pouah ! Pour
finir, l’épée fut bien peu glorieuse, mais peu rancunière, Dax applaudit
la sortie a hombros… Mais pas aussi fort qu’elle l’aurait fait, si
« l’autre Cesar », le seul, le vrai, avait mieux conclu son nouveau rendez
vous d’amitié.
14 Août – En matinée – DAX – Novillada piquée – Deux tiers
de plaza – Forte chaleur : Grande novillada de Baltasar Iban, avec
présentation, bravoure, caste et mobilité « réfléchie ». Le troisième
réfléchit beaucoup trop.
Canito : Une oreille et Ovation – Toréa « en
Sévillan » qu’il est, mêlant le fondamental, efficace au toreo plus léger,
plein d’esthétique.
Antonio Joao Ferreira : Silence partout – Gâcha
tous ses efforts par une avalanche de descabellos. Bonnes naturelles à son
premier.
Mehdi Savalli : Une oreille et Ovation – Fit un
gros tabac, devant son premier, mais fut mis en échec par le dernier, qui
l’accrocha méchamment, pour lui faire mal. |