Reseña du 12 Août 2005

 

 

DAX : « ILS VOULAIENT ÊTRE DES TOROS… »

     13 Août : On aura beau dire, « Dax ne méritait pas cela ! » Ni son public, ni son organisation, ni sa feria toute entière….     
     Bien sûr, en lisant « Montalvo », au cartel, on avait un peu haussé les sourcils : Montalvo sort « regordito », « bravucon », « noblon », « soson », y « flojon »… En un mot, c’est parfois « une outre, pleine… de rien ! ». Pourtant, c’est un toro de qualité, dont certains spécimens, s’ils tiennent la distance, favorisent le toreo.
     Hier…les Montalvo « voulaient être des toros ! », mais ils ne le pouvaient pas.
     Rien à redire sur la présentation, ni sur les sorties. A chaque fois on se disait : « ese va ser ! » Avec celui-là, on va voir quelque chose, enfin ! Mais après quelques courses des Salmantinos, qu’ils portent casaque noire, auburn ou blanche et noire, « quelque chose » se déréglait dans les belles mécaniques, et, langue bleue ou patte folle, le résultat était le même : les toros trébuchaient, « chaloupaient » vilainement sur le sable d’or, et les toreros savaient d’avance qu’ils n’en pourraient rien tirer.
     Pourtant... « Ils voulaient » être des toros ! Pourtant ils voulaient être nobles, et y parvinrent souvent. Pourtant ils voulaient être braves, et y parvinrent parfois. Mais « ho hisse ! » qu’il était dur de soulever ces chevaux ! Et quelle fatigue à suivre trois muletazos consécutifs.
     « Ils voulaient être des toros !  Et ils le furent… mais pas ceux que l’on souhaite, pas ceux que l’on aime. Pobres !

     Fernando Cepeda est à coup sûr un très gentil garçon, mais ne comptons pas trop sur lui pour égayer les galeries. « Toro bueno o malo », il égrène les muletazos, dont certains de haute tenue, mais vous laisse froid, même « à cinquante degrés, au soleil ». Madrid l’a relevé, en automne 2004 et au premier printemps 2005. Mais Madrid l’a coulé, à la San Isidro… Et il est resté au fond.
     El Cid inquiète ! Visage émacié, regard perdu, crises de rogne, le grand Manuel de Salteras  a besoin d’un toro fort, qui charge dur et se livre à fond…. tout simplement parce que lui, se livre à fond. Lorsque le toro calcule, vient au pas, ou « amaga », fait semblant de partir, le Cid ne sait plus où il est, tressaute, sursaute, se décentre… et patine. Malheureusement, le public est habitué à sa magnifique fermeté, devant des toros « de nerf », de caste et enracés. Alors, maintenant et surtout en France, l’Aficionado se dit que « Esto no es « mi » Cid ! » On nous l’a changé. Du coup, le grand Manuel, très court de registre, essaie de faire dans le pueblerino, à bout portant… Cela passe peut-être « à Gijon », mais pas à Dax, comme cela n’est pas passé à Mont de Marsan, et cela ne passera pas… à Bayonne.
     Attention ! Monté trop haut, et trop vite, au firmament du Toreo, El Cid risque d’être une étoile… filante. C’est l’époque. Faisons un vœu ! Que cela ne soit pas vrai! Ojala... pero
     Quant à Luis Vilches, il vaut vraiment la peine qu’on l’attende.
     Hier, en plaza de Dax, il a sauvé la corrida. Ou du moins « amplement sauvé… ce qui pouvait l’être ! ». Certes il a besoin « d’un toro » Certes il tue mal, et descabelle « peor aun ! », mais le diestro d’Utrera a le don de capter les regards, au capote, en de superbes moments, comme la demie à son premier ; à la muleta, tant dans les droitières coulées, parfaitement « toréées », devant son premier, que dans les naturelles forcées, fermement « toquées », au sixième, un toro « con guasa », resté solide, celui-là. De plus, il sait marcher « sans le toro », reprenant ses distances avec élégance, et non comme un champion du monde de 110 mètres haies (que ya tenemos uno ! hombre !), ne « décomposant » jamais la figure.
     Il a été « bien bien ! », Luis Vilches, hier… même si le ganado ne valait pas grand-chose, et même si l’acier, chez lui, est plus en crise que le pétrole… chez nous. Peut-être a-t-il perdu une oreille de chaque, hier à Dax…  Mais on ira le revoir avec grand plaisir, comme on reviendra aujourd’hui et demain, en cette plaza, tout en se demandant : « Comment vont sortir les Montalvo, à Bayonne ? »
     Vous pariez ?

     12 Août – DAX – 1ère de Feria – Plaza pleine – Grand beau, chaud – Plaza magnifique de couleur et «d’élégantes » : Six toros de Montalvo, variopintos (deux berrendos), très correctement présentés et armés (quelques astillas, sur chutes et « labourages ») Les six sortirent très fort, mais rapidement manifestèrent des forces extrêmement limitées, excepté le sixième. Comportement de toros « qui auraient voulu être braves et nobles », mais n’en avaient pas les moyens physiques. Dés lors, charges chancelantes, génuflexions, hésitations, lamentations. Le troisième, que l’on  crut un moment affublé d’un défaut de vue, mit quelque ambiance au premiers tiers, avant de finir noble et répétant une bonne vingtaines d’embestidas, à la muleta. Le sixième fut le contraire : solide, un poil « guason », malin, crocheteur, sachant que l’homme « se planquait » quelque part, il n’accepta qu’en fin de faena, les vrais efforts et le talent de Vilches.
     Fernando Cepeda (Division - Silence) donna « fadement » quelques illustrations de son toreo : une véronique, deux naturelles, trois derechazos… Une indéniable douceur dans la cape, un certain « moelleux » dans la muleta… mais « les soins infirmiers » exigent l’efficacité, avant tout, et donc, le Sévillan de  Gines ne put jamais de relâcher, s’abandonner à « son » toreo. De plus, le bajonazo à son premier n’arrangea rien.
     El Cid (Silence – Légère division, après un avis) ne put, encore une fois, que constater la différence entre « avant », quand il toréait bien peu, et « toujours du dur »... et « maintenant », où il torée presque chaque jour… et souvent du mou !
     Hier, le Cid ne put s’exprimer : Son premier accepta « une » véronique, en mettant les reins, avant de se montrer « muy flojo », sous les protestations et la grande déception naissante. Le toro « aurait voulu » être brave, mais hélas, il fut faible, très faible, et le Cid eut du mal à tenir debout sa grande noblesse.
     Le cinquième fut du même acabit et le Cid « perdit les nerfs » : Le public lui avait (justement) refusé un brindis qu’il n’aurait jamais du oser proposer, et le grand Sévillan « patina » d’importance, devant un toro faible, tardissimo, qui faisait semblant d’y aller, le « surprenant » à trois reprises. Vexé, le Cid tira deux ou trois muletazos d’espoir, avant de tenter une porfia, ventre en avant, au fil des cornes, que le public refusa. Décidant d’en finir, Manuel Jesus attaqua par quatre fois, avec l’épée, sans que le toro « ne l’aide » le moins du monde. S’énervant, le matador décida de passer au descabello à toro « semi vif », mais celui-ci préféra se coucher, de fatigue et d’ennui. Una tristeza !
     Luis Vilches (Silence – Ovation, à la sortie, après un avis au sixième) a justifié pleinement la confiance mise en lui par Dax, en remplacement de Julien Lescarret (revenu en clinique, à Bayonne). D’ores et déjà, sa demi véronique, à son premier, est l’un des bijoux de la Feria, d’autant que tout le monde la vit arriver. (Oooolé ! comme une vague !)
     Bien au capote, le sévillan d’Utrera essuya deux grosses coladas, à droite, par cet adversaire « explosif », du nom de « Gaseoso ». Le premier tiers fut un peu « bousculé », le toro faisant fi du cheval, le contournant, chargeant celui-ci, poursuivant celui-là, comme affublé d’une vue « de soir de fin de feria ». Pourtant, plus manso que déficient, l’animal se rendit rapidement à la muleta décidée du diestro, lui permettant de grands moments, sur deux mains, entrecoupés d’adornos d’inimitable «air d’en bas !». Hélas, et comme tant de fois, Vilches pincha à trois reprises, et descabella… le double. Ayyyyy !
     Il fut par contre surprenant de technique et de décision, devant le sixième, qui était loin d’être clair et cherchait le coup dur. Vilches, peu à peu, prit le dessus, et finit par convaincre le toro de prendre, une à une, de belles naturelles, bien tirées, pleines d’allure. Une série de trois et joli pecho levèrent l’une des rares grandes ovations du jour. Faena longue, terminée par une demi lame « très atravesada » et deux descabellos. Tristesse et désolation… mais sourire et grand salut quand Dax lui dit « Au revoir et à Septembre ! »

     Dans les cuadrillas, El Chano salua, au quatrième (parce que c’est El Chano) et Alcalareño aurait bien mérité d’en faire autant, au cinquième (grande première paire)   
     Avant le paseo, on fit signer au trois matadors, des magnums de Moët, destinés à être vendus aux enchères, en faveur d’une œuvre caritative. Muy bien, Dax !

     Ah ! Ne manquez surtout pas l’exposition de Loren, à la Chapelle des Carmes (magnifique lieu). Cela vous en coûtera « dix balles », mais vous serez transportés en cet « ailleurs »  où les toros et l’humain se rejoignent, parfois dans la sueur, souvent dans la douleur, toujours dans la grandeur. A ne pas manquer le grand travail d’un artiste « à fleur de toro !» Enhorabuena, Señor!