Reseña du 07 Aout 2005

 

 

BAYONNE : « NI MAS…NI MENOS ! »

     8 Août : Ce que l’on en attendait… ni plus, ni moins !
     La corrida des Fêtes de Bayonne en aura satisfait certains. Grand bien leur fasse ! Cependant, face à cet étalage de vulgarité, de « destoreo » et de faux courage, on peut se demander où est la réputation de sérieux et d’Aficion, de Bayonne. Laisser Padilla « s’offrir » une vuelta, après avoir laissé passer un bon toro ; lui offrir une oreille, après des manoletinas culeras, à cent à l’heure ; faire un triomphe à Lopez Chaves, après un semblant de folle vaillance, devant un toro certes compliqué, mais que d’autres auraient dompté…tout cela est bien joli et marque bien « l’esprit des Fêtes », mais ne fait pas avancer d’un centimètre, la réputation d’une plaza.
     Dorénavant, on peut y aller tranquille : « Tu cries beaucoup ! Tu bouges beaucoup ! Tu décharges la suerte « à fond » ! Tu tires « tout par en haut ! » Tu t’arranges par débuter à la larga, et conclure à la manoletina. Après… tu forces un peu la dose, l’air tragique… et tu coupes une oreille. Si tu t’y prends bien… tu peux même en couper deux ! »
     Ce n’est peut-être pas « tout à fait » cela (exagerado que es uno !), mais… avouez quand même que.. c’est « un peu » cela ! Mais au fond… si le public en est ravi, on ne va pas lui gâcher son plaisir.. Au prix où il le paie. 

     Hier, la corrida de Bayonne fut un agréable « toston ». Ni mas, ni menos !
     A qui la faute ? Tout d’abord au ganado du Hoyo de la Gitana, très inégal de présence et sans réelle qualité, excepté le lot de Padilla.
     A qui la faute ? Aux toreros qui se montrèrent extrêmement « limite » dans leur engagement, soit parce qu’ils ne voulaient pas, soit parce qu’ils ne le pouvaient point. Ajoutez à cela un sorteo qui ne sourit pas à celui qui fait « le toreo de toujours », même si sa sobriété frise la platitude… et vous avez une corrida où l’on a eu que bien peu d’occasions de s’enthousiasmer.
     Pourtant, il reste toujours quelques déclics qui vous poussent au « olé instinctif ! » : Ainsi deux paires de banderilles de Padilla, bien plus centrées et serrées qu’il ne l’aurait probablement voulu. Ainsi son estocade, en force. Ainsi la première série de Lopez Chaves, à son premier. Ainsi quelque muletazo, isolé, de Valverde, pieds bien posés au sol, muleta limpia, tirant la passe « de haut en bas ». Ainsi le cheval de Bonijol, qui chute et se relève, aussitôt…  
     Il y eut du danger en piste, en particulier à cause du manque de caste des toros de la Gitane, tombés « dans le trou » et du manque de recours des hommes… Por eso estan donde estan !
     Corrida qu’il faudra oublier… mais il n’y aura pas grand effort à faire ! Ni mas, ni menos !

     7 Août – BAYONNE – Corrida des Fêtes – ¾ de plaza – Temps magnifique – Plaza magnifique : Cinq toros du Hoyo de la Gitana, très inégaux de présence, « tapandose », se cachant, derrière des cornes sérieuses, et un de Criado Holgado, en  cinquième, un gigantesque (649 kgs) qui joua les gros balourds avant de refuser d’aligner deux charges consécutives.
     Au moral, on retiendra surtout le premier, plein de fijeza au cheval, et répétant noble et fort, à la muleta. Le quatrième, mal piqué, qui permettait le toreo « asentado ». Moins évident le troisième, qui exigeait de se croiser, plus que ne le fit Valverde…  et bien triste le dernier, avec cinquante centimètres de charge. Reste le deuxième, petit méchant moustique de 460 kgs, caché derrière deux pitones astifinos, qui « déclenchait » en retard et très violemment, exigeant un torero « qui s’y mît vraiment »… ce qui n’est pas donné à tout le monde.
     Juan Jose Padilla (Vuelta forcée – Une oreille) fit le paseo en souriant et saluant, à droite et à gauche, l’air de dire : « Je vais bien vous avoir ! ». Il avait raison.
     Le Jerezano attaqua fort, par une larga à genoux, avant de cafouiller la suite. Le toro fit brave pelea, et arriva très clair au deuxième tiers. Un cuarteo, un dentro por fuera  et un « violin » après, Padilla monta un grand show, bien bougé, bien tournicoté, bien gesticulé, qui ressemblait plus à la Braderie de Bayonne qu’à une faena en une plaza de catégorie. « Larguant tout », avec de grands cris de bûcherons, Padilla donna bien cent passes, toutes plus rapides,  plus vulgaires les unes que les autres. Mais cela mit de l’ambiance ! Après pinchazo al encuentro, le bon Juan Jose mit une lame correcte, qui tarda un peu dans ses effets. Silence dans les rangs que le « Typhon » transforma en applaudissements, en sortant du burladero… au point de s’offrir une vuelta que personne ne demandait. Au plan arnaque… c’est très fort !
     Le quatrième le vit beaucoup plus sérieux.. dans la première partie du combat : mal lidié, mal piqué, le toro vint très fort sur les deux premières paires de banderilles, et là, Padilla dut « tout donner ». Y olé ! Bonnes intentions, également dans le début de trasteo, le Jerezano débutant assis, puis à genoux à l’estribo. La première série aura pour but d’allonger la charge du bicho. Muy bien ! Hélas, après un échec, Padilla va vite partir « a menos », tout en faisant semblant « d’aller a mas ». Tout y est passé, en une accumulation de « trapazos », avec en prime molinetes en chaîne et manoletinas culeras, à fond de train. Pôv toro ! Heureusement, l’estocade fut « toute en muscles », et le bon public Bayonnais demanda l’oreille.. « des Fêtes ! »
     Domingo Lopez Chaves (Une oreille – Palmas avec salut) s’embarqua imprudemment sur deux largas à genoux, mal calculées, face à un deuxième qui se montra aussitôt des plus rétifs à charger. Toro manso, avec du genio, de la violence, mais sans vice. Limité dans ses recours, le diestro partit au combat, bien moins convaincu que sa cuadrilla, derrière le burladero. Pourtant, il faillit bien réussir, arrachant une première série très valeureuse, où le toro déclencha brusquement, chargeant comme une brute, « pesant » beaucoup sur l’homme. Une vraie bagarre ! Lopez Chaves se remit devant, évitant que le toro ne parte définitivement aux barrières, mais peu à peu sa vaillance et sa franchise s’étiolèrent, faisant place aux demi passes, aux vaines bravades et aux pechos « echando el toro pa fuera ». Cependant, la tension et le danger étaient présents, donnant au moment une « intensité » qui fit grand effet sur les cœurs. Et comme le salmantino attaqua fort à l'épée, une forte pétition monta, que la présidence, irréprochable ce jour, ne put que satisfaire.
     Le cinquième fut un véritable « tonton » de 649 kgs, qui bouscula fort la cavalerie « topando », c'est-à-dire « bouchonnant », plus que poussant bravement. Encore une fois, l’agilité et « l’intelligence » des chevaux de Bonijol firent grand effet. Enhorabuena! A la muleta, le toro, long et presque plus haut que le diestro, manifesta une forte volonté à « ne rien vouloir du tout »… Lopez se mit à bout portant, essayant vainement de lier deux passes, ne s’apercevant pas qu’il avait meilleur résultat, « de uno en uno », en se positionnant bien et en « toquant fort ». De toutes façons, l’entreprise était vaine et le matador renonça, comme le démontrèrent ses quatre « sorties » a matar. Il y eut quelques bravos que le torero vint saluer. Gentille, Bayonne !
     Javier Valverde (Palmas et Silence) n’a pas connu une grande journée. Mal servi, peu inspiré, trop « sobre » dans son toreo, trop « rigoureux » dans sa façon d’être, il ne sut pas « faire semblant », et ses deux trasteos sombrèrent dans l’ennui, face à des toros sans charge, sans jus.
     Petit bémol, semble t’il, en ce qui concerne le troisième : Qu’aurait donné ce toro, si le torero s’était croisé un peu plus ? Valverde se perdit un peu en des essais peu convaincus.. et peu centrés. Par contre, le dernier avait une charge « minime », et, après une première série « qui semblait promettre », Valverde se fit  « un peu lourd » à force d’insister, quêtant vainement une série « à peu près propre » (à lire à voix haute, d’un coup, très vite, histoire de sourire un peu !)… Au final, après pinchazo et bonne lame, on sourit à peine, déçus sans vouloir en avoir l’air… Fêtes obligent !