Reseña du 24 juillet 2003

 

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MONT DE MARSAN : LE RETOUR DES "ALIMAÑAS" DE VICTORINO.
Grande novillada de La Quinta, le matin

     25 Juillet : La Madeleine 2003 s’est achevée sur une rude journée, pour l’aficionado. Quant au néophyte, il n’y aura rien compris, et en sortira fortement déçu.
     Pourtant, cette dernière journée ne peut que nous réconcilier, à divers degrés, avec la Fiesta, dite « Brava », tout simplement, parce qu’il y a eu des toros, en piste, tant le matin, avec la grande novillada de La Quinta, que le soir, avec la Victorinada.
     De vrais toros, de vrai combat. Et devant eux, tout ce que firent les hommes a grande importance, et mérite grand respect, même si, parfois, le « vibrant et vociférant », remplaça « le serein et reposé ». Pouvait-il en être autrement ? Certains prétendent que oui !
     Deux parties bien distinctes, dans cette journée : Une grande novillada et un grand toro, le matin. Et le soir, le retour des Victorino de toujours, remarquablement présentés, et très durs, très compliqués. De vraies alimañas, pour trois d’entre eux.

     Au préalable, un avertissement : Tout ce qui est dit ici n’est pas "parole d’Evangile" C’est une impression, un sentiment Aficionado. C’est « mon avis, à moi ! » On peut avoir le sentiment contraire, mais il faut pouvoir, savoir l’expliquer et l’argumenter.
     Allons y donc !

     Le matin, le public a montré bien peu de savoir, et le président, encore moins. En fait, il s’est passé un événement qui a faussé la course : N’ayant pas « vu » le grand toro que fut « Coronel », deuxième de la matinée, le public a culpabilisé, et pris fait et cause pour le troisième toro, passant outre les très bons moments de Fernando Cruz, et ne demandant pour lui, aucun trophée.
     Grosse et lamentable tergiversation de la présidence, devant le deuxième novillo de la matinée. Il s’appelle « Coronel » - N°63 – magnifique exemplaire de La Quinta. Il sort en marchant, renifle le sol, cherchant quelque brin d’herbe, regarde d’un air distrait et bien pacifique, tous ces hommes qui s’agitent, ces capes qui flamboient. « Pero aqui que pasa ? »
     Le torero s’approche, cite longuement… Rien ! "Alors, Président, au lieu d’attendre l’impossible série de véroniques… sonnez donc l’entrée de picadors. Cela n’empêchera nullement le diestro de toréer de cape, si le toro daigne charger. Pour le moment, il ne sait pas qu’il doit charger ! On a oublié de lui donner les règles du jeu"
     Quand sonna enfin le tiers, Javier Solis eut toutes les peines du monde à mettre le toro au cheval. Mais quand il sentit le fer, Señores, ce fut Austerlitz.
     D’abord, un énorme saut de carpe, prévisible. "Ouille ! Ca fait mal ! Pero eso que es ? Allons voir!" Mais ensuite, ce fut la grande bagarre ! Tête fixée droit dans le peto, mettant les reins, conjuguant rage et force, le novillo-toro poussa l’équipage, et le fit reculer sur vingt mètres.
     « Manso con casta », disent les uns. « Genio ! Solo Genio ! » opinent les autres. Certains enfin disent « Bravoure soudain révélée », comme s’il venait de découvrir « les règles du jeu ».
     Bravoure et caste, qui se confirmèrent par la suite, dans le quite, dans la deuxième entrée au cheval, et tout au long de la faena. Bravoure et noblesse. Noblesse et bravoure. Un grand toro que Javier Solis n’a pas réussi à gâcher, malgré ses tombereaux de muletazos, plus insipides les uns que les autres. Un grand toro qui chargea à fond, fort et droit, jusqu’à la fin. Solis le tua bien et coupa « una orejita ». Pero "ita"! 
     Alors des voix s’élevèrent. Quelques voix. « Vuelta al toro ! ». L’assesseur poussa du coude le président! « Eh… y demandent la vuelta ! » De loin, on vit parfaitement le président dire que « non ! ». C’est alors que la pétition gonfla, et que le président… se dégonfla, tirant à regret le mouchoir bleu autorisant l’ultime salut d’honneur au « Coronel ». Alors retentit la grosse protestation de ceux qui étaient restés « au début du film »…

     Alors… Méritée ou pas, cette vuelta ? Ici, il n’y a aucun doute : Elle est tout à fait méritée.
     On a eu le plus gros et plus beau puyazo de la feria, et le plus noblement encasté de tous les toros de cette Madeleine 2003. Alors ! Que faut-il de plus ? Ah, bien sûr, on préfère maintenant donner vuelta à un toro qui sort comme un obus, prend huit capotazos, un petit puyazo, bien soigné, bien « mimado », pour permettre une grande faena, où le torero va mettre tous son savoir, afin… « de le maintenir debout, joliment ».
     Ce novillo de La Quinta fut tout le contraire. Il sortit en apparent manso, et s’en fut « a mas,  y mas,  y mas… ». Si le président avait réagi plus vite, il aurait entendu les quelques sifflets « des amoureux du capote », mais aurait immédiatement mis tout le monde d’accord. Il ne le vit pas ainsi, et ne le vit jamais ainsi, puisqu’il donna la vuelta, vraiment à contre coeur. Chose que l’on peut comprendre, dans le feu de l’instant, et le stress de la responsabilité. Asi que… no pasa nada !
     Cela dit, le public se mit à gamberger, et prit soudain fait et cause pour le bétail, applaudissant à tout rompre le novillo suivant, mais ne voulant pas voir les remarquables moments muleteros de Fernando Cruz. Ce fut, à notre humble avis, sa grosse deuxième erreur de la matinée. Culpabilisant de n’avoir pas « vu » le toro précédent, il se rabattit sur le suivant… un peu comme un arbitre qui siffle un penalty « de raccroc », parce qu’il n’a pas vu « le vrai », quelques minutes plus tôt.
     Il a été pourtant bien, le Fernando, tirant de longs muletazos, « gustandose », « creciendose ».Certes, tout ne fut pas parfait, mais le madrilène-landais méritait bien plus que cette vuelta bien chiche… No?
     En tous cas, voilà des images qui feront jaser, et provoqueront des discussions enflammées, dans les tertulias d’hiver.
     C’est bon pour l’Aficion, et excellent pour la buvette…

   24 Juillet  (Le matin) –MONT DE MARSAN – Novillada de Feria – Bonne « grosse demi entrée », ou plus – Soleil brillant annonçant l’orage :
     Grande novillada de La Quinta. A la fin, le Mayoral dut saluer, et c’est très bien ainsi. Grosse présence, armures pointues, des Santa Coloma, qui  ont montré caste et noblesse, tout au long de la matinée.
     On a conté plus haut la polémique issue de la sortie du deuxième, « Coronel », à qui l’on donna vuelta d’honneur, sous une forte division d’opinions.
     Sorti « en bloc de marbre », apparent « manso total », le novillo s’alluma sous le fer et poussa avec genio, puis bravoure, droit en mettant les reins, sur quinze-vingt mètres. « Le » puyazo de la Feria ! Ensuite, il fut une machine à charger droit… surtout à droite. Vuelta totalement méritée, même si le torero fut « très en dessous ».
     A part le quatrième, court et tête haute, tous les toros « permirent » le toreo, et seul Fernando Cruz sut en profiter vraiment.
     « Serranito » (Vuelta – Silence) relève d’une mauvaise lésion osseuse. On peut penser qu’il n’a pas encore retrouvé les sitio. Deux faenas « intermittentes », mêlant le calme et le bousculé, tantôt s’imposant, tantôt à la merci des cornes, en particulier du quatrième. Bien au capote, notamment par chicuelinas, il tua « irrégulier », le public lui pardonnant les cinq entrées à matar, au quatrième.
     Javier Solis (Une oreille – Silence) confirma la pâle impression qu’il donna à Bayonne, le 14 Juillet, (entre autres !) : Des passes, encore des passes, toujours des passes, liées mais vulgaires, « derechazos van, derechazos vienen ! » Cela marcha devant son premier, auteur de l’épisode « manso-bravo », mais le public commença à voir rouge, lors de l’interminable faena au cinquième. Mais, à priori, ça marche, en Espagne !
    Fernando Cruz (Vuelta – Applaudissements) a confirmé son « grand moment », ratifié vendredi dernier, à Las Ventas. Le menton encore orné des points de sa blessure madrilène, le jeune diestro a fortement brillé avec le capote, tant dans ses réceptions que dans les divers quites, donnés tout au long de la matinée. Deux faenas copieuses, avec d’indéniables moments de bon toreo, long, léché, templé à fond, souvent clos de pechos « en se grandissant ». Il tua bien son premier, un peu moins l’ultime. On peut être surpris de n’avoir pas vu de pétition, à  la mort de son premier adversaire. Quelque chose à du nous échapper… Perdon !