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MONT-DE-MARSAN : « HARA CARRI…KIRI !!! »
Un troisième jour, pour rien…
23 Juillet : Il y a des soirs comme ça, quand la corrida a été décevante,
on sort des arènes fatigués, mais fatigués… Certains connaissent la cause
de ce terrible passage à vide : la fête, le bruit, la chaleur, l’alcool…
de quoi « péter un joint de culasse ! » Mais quand il n’y a même pas cette
excuse, que vous êtes venus à Mont de Marsan, entouré d’amis, de
tranquillité et d’aficion, et que vous sortez dans cet état… c’est que la
corrida a été mauvaise. Et hier, on est tous sortis…crevés !
Déception totale, pour cette troisième de Feria. Les
toros de Carriquiri ont fortement déçu. Beaucoup plus que les Rocio de
dimanche, et cela, pour deux raisons : La première, parce que l’on ne s’y
attendait pas. Certes, on avait bien vu qu’ils n’étaient pas, en 2003, les
brillants combattant quai avaient levé Madrid, le 17 Mai 2002, révélant au
grand jour les qualités toreras de Ferrera et Fandi. Mais on ne
s’attendait pas à ce qu’ils ne donnent… rien, à ce qu’ils sortent « sans
une passe ». La seconde raison est que les Rocio de la Camara étaient
superbement présentés, et formidablement armés… eux !
Après l’orgie de bon toreo vécue la veille, la
déception fut terrible, d’autant qu’on se la promettait belle, avec les
deux duettistes banderilleros que sont Antonio Ferrera et El Fandi. Ce
dernier se présentait au Plumaçon, et donc, on pouvait penser que... Quant
à Ferrera, personne ne pouvait douter de ses bonnes intentions. A leur
côté, Miguel Abellan avait eu une telle poisse, l’an dernier, qu’elle ne
pouvait se répéter. Et pourtant…
Charges courtes, ou pas de charge du tout ! Arrêts au
niveau des jambes ou de la poitrine ! Retours secs, immédiats ! Regards
lourds et pourtant « vides de tout » ! Cinq des six Carriquiri d’hier
furent l’image même d’un « hara kiri ganadero », d’autant que leur
présentation de par trop inégale, finit de leur ôter toute circonstance
atténuante. En un mot, la corrida fut « une moruchada inservible ! »
Devant de telles bestioles, que voulez vous donc qu’ils
firent … qu’ils moururent ?
Antonio Ferrera a été bien, faisant sobrement et
vaillamment ce qu’il devait faire, et prenant un coup de pointe au
passage, ce qui n’est pas fait pour lui rendre confiance. Miguel Abellan
joua sur la quantité, tirant deux belles véroniques et trois naturelles de
face. Quant au Fandi, il ne put jamais se libérer, et ne fut « El Fandi »
que dans sa réception de cape, à son premier. Pour le reste… voyez Cossio,
à la page «ennui et danger» !
A l’heure où la fiesta est en grosse crise, Mont de
Marsan a au moins le mérite, bien malgré elle, à nous montrer les
ganaderias… qu’il ne faut plus voir. Espérons que ce coup du sort ne sera
que passager, et gageons que nous attendent de grands moments, avec les
Jandillas de ce jour, et la journée finale, mañana : Grosse novillada de
la Quinta, le matin, et Victorinada, le soir. On va tous sortir crevés,
probablement, mais ce sera pour une autre raison… une bonne, cette fois.
22
Juillet – MONT DE MARSAN – 3ème corrida de La Madeleine –
Llenazo – Grisaille claire :
Six toros de Carriquiri, très inégalement présentés, le
deuxième « jurant » beaucoup avec le reste. Toros qui sortirent « abantos »,
distraits, fuyards, s’échappant des capes, regardant du côté callejon,
faisant semblant d’y aller et s’arrêtant, en soufflant beaucoup. Pouah !
Certains allèrent à la pique, en faisant illusion de quelque bravoure,
comme le quatrième, qui mit les reins. Les autres firent sonner les
étriers, et montrèrent plus de brutalité que de violence guerrière. Au
deuxième tiers, ils ne laissèrent pas les toreros s’exprimer, tardant
beaucoup à déclencher, changeant de rythme, coupant leur élan, comme le
sixième. A la muleta, ce fut un concert de demi charges, de soudains
arrêts, de retours secs « dans l’homme »…
Seul, le cinquième permit quelques bonnes choses, à
gauche. Par contre, dans ce concert de mauvaise race, le sixième fut le
pire, pointant l’homme à chaque passe, comme s’il avait déjà connu vingt
faenas…Une vraie saleté.
Antonio Ferrera (Silence – Palmas) n’aura rien à
se reprocher, pour cette triste occasion. Il fut vaillant, responsable,
sobre, essaya tout, de tous côtés, pour finalement renoncer, dans la
compréhension générale.
Son premier, manso à la demi charge courte et retours
secs ne permettait rien. Il le tua bien, après pinchazo, regrettant
peut-être de l’avoir brindé au ciel. Mais, de là-haut, Miguelin lui aura
pardonné. Le quatrième lui permit un tiers de banderilles « musclé », avec
un gros susto dans le quiebro, le bicho arrêtant son élan, lors de la
réunion, et «le pointant » douloureusement au ventre. Fererra revint à la
charge, cloua un quiebro risqué, brinda au public, fit tous les efforts
possibles et risqués, pour arracher deux passes liées à ce triste sire, et
finit par le tuer, vertical et de côté, sous quelques applaudissements de
consolation. Ouf ! Pour le souvenir, une grande demi véronique, en quite,
au sortir d’un puyazo. C’est peu, mais bien.
Miguel Abellan (Silence – Ovation, après avis)
s’éternisa à péguer moult derechazos au vilain deuxième, auquel il avait
donné un quite par chicuelinas vaillantes, scellé d’une serpentina. Il tua
vite et se retira en silence.
Face au cinquième qui fit meilleur figure, car il
daigna charger avec plus de continuité, Abellan s’illustra dans les
véroniques de réception, mettant la hanche, gagnant du terrain et
clôturant d’une bonne demie. Enfin !
La faena fut longue, bien trop longue. Dommage ! Partie
en crescendo, elle aurait du s’arrêter après trois bonnes naturelles de
face, bien tirées, bien fêtées. Abellan s’entêta, et la sauce retomba. Pinchazo,
demie desprendida et tendue, et … trop de descabellos. A cause de l’ennui,
on lui en voulut à peine.
El Fandi (Applaudi aux deux) n’a pu montrer que
quelques détails de sa personnalité torera : Un départ en fanfare, à la
cape, face à son premier : quatre largas à genoux, suivis de delantales et
d’un remate torero. Aux banderilles, il signa en compagnie de Ferrera, un
tiers enlevé, mais qui ne passera pas à la postérité. Ovation pour la
troisième paire, al violin. Quant à la faena, elle fut une suite d’essais
visant à pouvoir donner une passe complète. Trois derechazos sont à
retenir, dans un fatras de demi passes obligées, au fil de la rupture.
Pinchazo et bonne épée, en attendant la suite.
Elle fut « de cauchemar » ! Le sixième refusa tout, les
capes, les piques, les banderilles… A la muleta, il garda ses quelques
centimètres de charge pour aller directement « al bulto », c'est-à-dire,
en visant l’homme. Fandi s’essouffla à vouloir banderiller, s’escrima à
vouloir toréer, mais dut renoncé, furieusement déçu. Estocade deffectueuse,
encore trop honorable pour ce morucho de Carriquiri, qui ne mérite qu’une
chose : Le Hara Kiri !
Ce soir, la quatrième : Toros de Jandilla pour Antonio Barrera, Cesar
Jimenez et Javier Conde le remplaçant de Ponce, blessé à une main, hier, à Santander.
Caste, chez les Jandilla, et chez les
toreros, Arte…peut-être ! |