Reseña du 17 aout 2003

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DAX… AU JOUR LE JOUR (5)

     17 Août : Pris par le temps, hier, puis muselé par l’orage, on n’a pu vous présenter la Victorinada. De toutes façons, on ne présente pas une Victorinada. On la voit, on la vit… et c’est tout !

     Ce soir… on espère que !!!!!
     Avant tout, espérons que le ciel « restera aficionado », et qu’il ne déversera ses trombes d’eaux promises… qu’après le feu d’artifice du « pobre de mi ! »
     Esperons que… les Samuel Flores, qui ont donné tant de satisfactions, ici, « ne trahiront pas »…car, le cartel est « monunental » : Ponce, Conde, Vega !
     Enrique Ponce est actuellement, au plus haut de son talent technique et artistique. N’ayant plus rien à prouver, n’ayant plus à courir derrière quelque maillot jaune, le Valenciano torée « a gusto », pour le plaisir de tous. Un vrai « Numero Un », y ya esta ! … même s’il connaît quelque mauvais passage à l’épée.
    Javier Conde  a débouché le flacon, l’an passé, à Dax. Il ne l’a pas refermé, depuis. Après Nîmes, Mont de Marsan et tant d’autres plazas, il revient « danser » son toreo si personnel, sans que l’on oublie pour autant que, pour se laisser aller ainsi, il faut aussi « toréer vraiment », et « poder al toro ».
     Salvador Vega fait sa présentation, dans une grande feria du Sud Ouest. Encadré de ces étoiles, il va mettre « tout ce qu’il a ! » : Tantôt « valiente y poderoso », tantôt « artiste de filigranes », alliant le profond et le beau, grand tueur, Salvador Vega a déjà conquis mains aficionados du cru, qui l’ont vu à Jerez ou Santander. Hier, il a ouvert la grande porte de Malaga, avant de s’engouffrer dans le coche, pour quelques 1000 kms d’espoir… celui d’être bien, à Dax.
     A ver si hay suerte !

 

DAX : DE L’ELECTRICITE DANS L’AIR…
Ponce et Vega arrachent deux oreilles à de mauvais Samuel

     18 Août : Corrida désagréable ! Ambiance électrique, comme si les orages qui cernent la région influaient sur les esprits. Bizarres réactions du public, tout au long de cette feria, exacerbées, ce jour, par la déception née d’un mauvais lot de Samuel Flores, que la terna « artiste » ne put qu’envoyer ad patres, sans pouvoir « faire rêver » personne.
     Mansada de Don Samuel et un zéro pointé à celui que tous venaient voir : Javier Conde.

     A ce sujet, l’ambiance était déjà électrique, bien avant le paseo, suite à un triste incident entre l’empresa et l’apoderado du diestro. Cela a t’il influé ? Ptêt ben qu’oui !! Allez donc savoir !
     Toujours est il que le génial torero avait rangé ses fioritures, et se laissa balader par deux carnes qui en auraient écoeurés plus d’un. Toros à contre style, et peu de recours au plan lidia pure. Javier Conde ne put péguer un capotazo ou muletazo dignes de ce nom. Pas un !
     Bien sûr, la déception fut grande, et partie du public s’amusa à pousser des « olés » de chufla, bien sadiques, sans vouloir se rendre compte que les toros étaient compliqué, l’un; et impossible, l’autre.
     A noter des protestations aussi hystériques que déplacées d’une partie du public, lorsqu’un peon de Conde poussa du pied, la tête du toro déjà puntillé, qui était restée droite. Il la poussa du pied ! Il ne lui donna pas un coup de pied ! Cela ne valait donc pas ces cris d’orfraie et ces rictus haineux… Señores, por favor!

     Toute la corrida fut ainsi parsemée d’épidermiques réactions qui traduisent l’état d’esprit actuel, règnant dans notre « ex » belle France.
     Ainsi, on dressa des louanges à Enrique Ponce, devant son premier, mais on le condamna sans sursis, au quatrième, malgré des années de pseudo « cariño », et surtout, malgré le danger évident que présentait un toro, dont on peut supposer qu’il avait déjà lu le Cossio.
     Toréé ou pas ? On ne saura jamais. Toujours est il que d’entrée, il partit droit dans le torero, le poursuivant dangereusement. Voir Ponce se faire ainsi désarmer et prendre ses jambes à son cou, n’est pas spectacle courant. Une plaza telle que Dax... Un public « si aficionado » que le Dacquois, aurait du garder respect pour ce diestro qui lui a tant donné, alors qu'il faisait face à un toro extrêmement dangereux. Au lieu de cela, il se répandit en insultes, ce qui fit disjoncter Antonio Saavedra, picador de Ponce, pourtant la crème des hommes.
     Il fallait réduire ce fauve, le plus rapidement possible, et s’il fut durement châtié, il ne fut pas massacré, comme le prouva la suite… Mais, c’est tellement facile et gratifiant de traiter les autres de « fils de pute ! », bien planqué au milieu de la foule…

     Corrida électrique et désagréable ! Corrida dont seul se sauva Salvador Vega, qui coupa au dernier, une oreille généreuse. A part au capote, où il fut étincelant, Dax n’a pas vu le vrai Salvador Vega. Un peu rapide, un peu raide, un peu… électrique, il laissa deviner la classe qui est sienne, mais ne la libéra jamais.

     Restent la tristesse, la sueur et les espoirs déçus. Dax 2003 n’a pas été « une bonne feria ». Ce sont des chose qui arrivent… Cela dit, le public semble avoir cette année, accumulé de nombreuses rancoeurs, et les a déversées d’un coup, parfois de vilaine façon. Y eso tampoco es !
     Non vraiment, l’époque n’est pas bonne, et si l’été fût chaud, on peut craindre que l’automne ne soit brûlant. Asi las cosas !

    17 Août – DAX – Dernière de Feria – Llenazo et revente « au plafond » – Ciel pacifique:
     Six toros de Don Samuel Flores, inégalement roulés, armés comme des Samuel « pour Dax », c’est à dire « brochos », avec d’immenses cornes « en dedans », sauf le premier, plus ouvert et bizco.
     De la viande, il y en eut, mais de la race… muy poca ! Toros qui sortent abantos, comme de bons Parladé, trottant ou galopant, distraits, aux quatre coins du ruedos. Toros qui ne se laissèrent que peu toréer de cape, les deux de Vega, exceptés. Toros qui ne donnèrent aucune facilité, le troisième étant le seul à venir relativement clair, au troisième tiers.
     Le premier, rebrincado et couard eut la chance de tomber sur Ponce. Le deuxième fut le roi de la marche, andarin digne des grand marathons ; le quatrième fut un assassin potentiel ; le cinquième, manso total, et le dernier faible et soso.
     Avec ça, que vouliez vous donc qu’ils fassent ?
    Enrique Ponce (Une oreille – Courte bronca, injuste) donna grande leçon, une nouvelle fois, devant le premier : Ce toro, désordonné et  violent, ne prenait pas une passe, au début de la faena. A la fin… un petit chien. Heureusement, il avait de la mobilité, que Ponce commença par laisser s’exprimer, à tort et à travers, puis à dompter, ensuite à réguler, enfin à totalement radoucir, au cours d’un trasteo que l’on suivit en se regardant les uns les autres, et se disant : « L’animal ! Il nous a encore fait un gros coup ! » Estocade desprendida, au deuxième élan, et une oreille à la science, au professionnalisme et à la verguenza torera.
     Le quatrième lui « rentra dedans », une première fois, dès le deuxième capotazo à droite. Ponce l’évita de justesse, mais très proprement. Sur le retour suivant, même corne, une terrible colada, montant au visage, arrachant le capote. Ponce, vilainement désarmé, dut prendre ses jambes à son cou.
     « Chaqueteado ? Tocado ? » déjà toréé ? Les toreros le pensèrent fortement. Le fait est que...« directo al bulto ! ».
     Mariano De la Viña prit la suite, et Saavedra mit une grosse raclée à la brute, qui la prit comme si de rien n’était. Les protestations furent terribles (Claro, Dax est trop habitués aux « grandes piques », des Victorinos !) Châtiment logique et nécessaire, même si le picador alla poursuivre le bestiau « jusqu’en enfer, s’il le fallait ». Bronca mémorable, qui redoubla lorsque Saavedra menaça de sa lance un quidam, toujours le même, qui  a l’habitude de l’insulter… Ambiance électrisée par un gros fiasco aux banderilles, Tejero devant jouer les rejoneadores.
     Enrique Ponce, parlant beaucoup avec sa cuadrilla, va « essayer », à gauche, corne prétendue « restée potable ». Mais, après quatre passes, la violence, les regards lourds et la charge millimétrique firent désister le Valenciano qui avait encore subi deux uppercuts, à droite. Avec les précautions d’usage, Ponce en termina, et le public déversa rapidement son ire.
     Un silence respectueux, et des palmas de consolation eurent été plus appropriées. « Paso un mal rato, el torero. Y nosotros tambien ! »
     Javier Conde (Silence – Courte bronca) ne put s’exprimer. Un premier distrait et court au capote, qui arriva à la muleta « andarin », marchant sans cesse sur le torero, l’empêchant de se placer et de toréer. Bien sûr, on dit qu’il faut alors « aguanter » deux ou trois de ces charges dolentes, et qu'après, cela va mieux. Facile à dire ! Conde l’exécuta d’un bajonazo.
     Quant au cinquième, il fut un manso violent qui alterna des arreones et picotazos en sautant beaucoup, entre les deux picadors. Au cours de ce premier tiers pour le moins désordonné, le cheval du réserve s’emballa, allant percuter la barrière, le picador étant fortement bousculé, secoué, ballotté comme sur une pinasse sautant le Niagara.
     Tandis qu’on soignait le malheureux, pour de multiples ecchymoses, le maestro se montrait peu maître de la situation, et terminait comme il pouvait, sous les insultes de la foule. Au moment de la puntilla, un torero poussa du pied la tête du toro mort, restée droite. Certains prirent cela pour un coup de pied, insulte au toro de lidia, et déversèrent la hargne « de toute une feria »…. Tampoco es eso!
     Salvador Vega (Ovation, après un avis – Une oreille) se montra remarquable, cape en main, dans ses véroniques de réception (deux sur piton gauche, en mettant les reins) ; dans sa mise en suerte (par deux fois, un remate « tournant », du plus bel effet) ; et dans un énorme quite par chicuelinas, seul, plein centre, au troisième. Chapeau ! 
     A la muleta, ce fut plus laborieux, et si l’on devina de grosses qualités, lors de la première faena, nous n’avons pas encore vu « le toreo  de Vega », lorsqu’il est libéré. Ce fut irrégulier, un peu rapidillo, un peu en ligne, un peu laborieux. Pinchazo, en plein dans la devise, et estocade traserilla, gâchée par quatre descabellos. Rage !
     Il fut encore magistral en recevant le dernier de cape, gagnant du terrain, signant un gros double remate, au centre de la plaza. Grande ovation. A la muleta, le toro sera faible, et le torero insistera, plaçant ça et là quelque bon muletazo.
     Heureusement, l’épée voyagera, rapide, et le public dacquois, sevré d’oreilles, cette année, réclamera « une petite dernière », pour l’ultime « Agur ». Cela dit, Vega mérite d’être vu et revu, ici et ailleurs !

     Lors des novilladas matinales, le ganado fut en général supérieur aux toreros, lors des éliminatoires. Hier, en finale, c’est Alejandro Talavante (de Badajoz), qui remporta le trophée, « por los pelos », devant le jeune arlésien Mehdi Savalli.
     Encore une fois, les « sin picar », remarquablement organisées, firent recette, mais on ne peut que s’inquiéter pour le futur…
     Quien vendra?  Donde esta « aquel »? Quelle sera la figura de demain? On a beau regarder… pas grand chose à l’horizon !