DAX…
AU JOUR LE JOUR (5)
17 Août : Pris par le temps, hier, puis muselé par l’orage, on
n’a pu vous présenter la Victorinada. De toutes façons, on ne présente
pas une Victorinada. On la voit, on la vit… et c’est tout !
Ce soir… on espère que !!!!!
Avant tout, espérons que le ciel « restera
aficionado », et qu’il ne déversera ses trombes d’eaux
promises… qu’après le feu d’artifice du « pobre de mi ! »
Esperons que… les Samuel Flores, qui ont donné
tant de satisfactions, ici, « ne trahiront pas »…car, le
cartel est « monunental » : Ponce, Conde, Vega !
Enrique Ponce est actuellement, au plus
haut de son talent technique et artistique. N’ayant plus rien à
prouver, n’ayant plus à courir derrière quelque maillot jaune, le
Valenciano torée « a gusto », pour le plaisir de tous. Un
vrai « Numero Un », y ya esta ! … même s’il connaît
quelque mauvais passage à l’épée.
Javier Conde
a débouché le flacon, l’an passé, à Dax. Il ne l’a pas
refermé, depuis. Après Nîmes, Mont de Marsan et tant d’autres plazas,
il revient « danser » son toreo si personnel, sans que l’on
oublie pour autant que, pour se laisser aller ainsi, il faut aussi
« toréer vraiment », et « poder al toro ».
Salvador Vega fait sa présentation, dans
une grande feria du Sud Ouest. Encadré de ces étoiles, il va mettre
« tout ce qu’il a ! » : Tantôt « valiente y
poderoso », tantôt « artiste de filigranes », alliant
le profond et le beau, grand tueur, Salvador Vega a déjà conquis mains
aficionados du cru, qui l’ont vu à Jerez ou Santander. Hier, il a
ouvert la grande porte de Malaga, avant de s’engouffrer dans le coche,
pour quelques 1000 kms d’espoir… celui d’être bien, à Dax.
A ver si hay suerte ! |
DAX :
DE L’ELECTRICITE DANS L’AIR…
Ponce et Vega arrachent deux oreilles à de mauvais Samuel
18 Août : Corrida désagréable ! Ambiance électrique, comme
si les orages qui cernent la région influaient sur les esprits. Bizarres
réactions du public, tout au long de cette feria, exacerbées, ce jour,
par la déception née d’un mauvais lot de Samuel Flores, que la terna
« artiste » ne put qu’envoyer ad patres, sans pouvoir
« faire rêver » personne.
Mansada de Don Samuel et un zéro pointé à
celui que tous venaient voir : Javier Conde.
A
ce sujet, l’ambiance était déjà électrique, bien avant le paseo,
suite à un triste incident entre l’empresa et l’apoderado du diestro.
Cela a t’il influé ? Ptêt ben qu’oui !! Allez donc savoir !
Toujours est il que le génial torero avait rangé
ses fioritures, et se laissa balader par deux carnes qui en auraient écoeurés
plus d’un. Toros à contre style, et peu de recours au plan lidia pure.
Javier Conde ne put péguer un capotazo ou muletazo dignes de ce nom. Pas
un !
Bien sûr, la déception fut grande, et partie du
public s’amusa à pousser des « olés » de chufla, bien
sadiques, sans vouloir se rendre compte que les toros étaient compliqué,
l’un; et impossible, l’autre.
A noter des protestations aussi hystériques que
déplacées d’une partie du public, lorsqu’un peon de Conde poussa du
pied, la tête du toro déjà puntillé, qui était restée droite. Il la
poussa du pied ! Il ne lui donna pas un coup de pied ! Cela ne
valait donc pas ces cris d’orfraie et ces rictus haineux… Señores,
por favor!
Toute la corrida fut ainsi parsemée d’épidermiques réactions qui
traduisent l’état d’esprit actuel, règnant dans notre « ex »
belle France.
Ainsi, on dressa des louanges à Enrique Ponce,
devant son premier, mais on le condamna sans sursis, au quatrième, malgré
des années de pseudo « cariño », et surtout, malgré le
danger évident que présentait un toro, dont on peut supposer qu’il
avait déjà lu le Cossio.
Toréé ou pas ? On ne saura jamais.
Toujours est il que d’entrée, il partit droit dans le torero, le
poursuivant dangereusement. Voir Ponce se faire ainsi désarmer et prendre
ses jambes à son cou, n’est pas spectacle courant. Une plaza telle que
Dax... Un public « si aficionado » que le Dacquois, aurait du
garder respect pour ce diestro qui lui a tant donné, alors qu'il faisait
face à un toro extrêmement dangereux. Au lieu de cela, il se répandit
en insultes, ce qui fit disjoncter Antonio Saavedra, picador de Ponce,
pourtant la crème des hommes.
Il fallait réduire ce fauve, le plus rapidement
possible, et s’il fut durement châtié, il ne fut pas massacré, comme
le prouva la suite… Mais, c’est tellement facile et gratifiant de
traiter les autres de « fils de pute ! », bien planqué
au milieu de la foule…
Corrida électrique et désagréable ! Corrida dont seul se sauva
Salvador Vega, qui coupa au dernier, une oreille généreuse. A part au
capote, où il fut étincelant, Dax n’a pas vu le vrai Salvador Vega. Un
peu rapide, un peu raide, un peu… électrique, il laissa deviner la
classe qui est sienne, mais ne la libéra jamais.
Restent la tristesse, la sueur et les espoirs déçus. Dax 2003 n’a pas
été « une bonne feria ». Ce sont des chose qui arrivent…
Cela dit, le public semble avoir cette année, accumulé de nombreuses
rancoeurs, et les a déversées d’un coup, parfois de vilaine façon. Y
eso tampoco es !
Non vraiment, l’époque n’est pas
bonne, et si l’été fût chaud, on peut craindre que l’automne ne
soit brûlant. Asi las
cosas !
17
Août – DAX – Dernière de Feria – Llenazo et revente « au
plafond » – Ciel pacifique:
Six toros de Don Samuel Flores, inégalement roulés,
armés comme des Samuel « pour Dax », c’est à dire « brochos »,
avec d’immenses cornes « en dedans », sauf le premier, plus
ouvert et bizco.
De la viande, il y en eut, mais de la race… muy
poca ! Toros qui sortent abantos, comme de bons Parladé, trottant ou
galopant, distraits, aux quatre coins du ruedos. Toros qui ne se laissèrent
que peu toréer de cape, les deux de Vega, exceptés. Toros qui ne donnèrent
aucune facilité, le troisième étant le seul à venir relativement
clair, au troisième tiers.
Le premier, rebrincado et couard eut la chance de
tomber sur Ponce. Le deuxième fut le roi de la marche, andarin digne des
grand marathons ; le quatrième fut un assassin potentiel ; le
cinquième, manso total, et le dernier faible et soso.
Avec ça, que vouliez vous donc qu’ils fassent ?
Enrique Ponce (Une oreille – Courte bronca,
injuste) donna grande leçon, une nouvelle fois, devant le premier :
Ce toro, désordonné et violent,
ne prenait pas une passe, au début de la faena. A la fin… un petit
chien. Heureusement, il avait de la mobilité, que Ponce commença par
laisser s’exprimer, à tort et à travers, puis à dompter, ensuite à réguler,
enfin à totalement radoucir, au cours d’un trasteo que l’on suivit en
se regardant les uns les autres, et se disant : « L’animal !
Il nous a encore fait un gros coup ! » Estocade desprendida, au
deuxième élan, et une oreille à la science, au professionnalisme et à
la verguenza torera.
Le quatrième lui « rentra dedans »,
une première fois, dès le deuxième capotazo à droite. Ponce l’évita
de justesse, mais très proprement. Sur le retour suivant, même corne,
une terrible colada, montant au visage, arrachant le capote. Ponce,
vilainement désarmé, dut prendre ses jambes à son cou.
« Chaqueteado ? Tocado ? »
déjà toréé ? Les toreros le pensèrent fortement. Le fait est que...« directo
al bulto ! ».
Mariano De la Viña prit la suite, et Saavedra
mit une grosse raclée à la brute, qui la prit comme si de rien n’était.
Les protestations furent terribles (Claro, Dax est trop habitués aux
« grandes piques », des Victorinos !) Châtiment logique
et nécessaire, même si le picador alla poursuivre le bestiau « jusqu’en
enfer, s’il le fallait ». Bronca mémorable, qui redoubla lorsque
Saavedra menaça de sa lance un quidam, toujours le même, qui
a l’habitude de l’insulter… Ambiance électrisée par un gros
fiasco aux banderilles, Tejero devant jouer les rejoneadores.
Enrique Ponce, parlant beaucoup avec sa
cuadrilla, va « essayer », à gauche, corne prétendue
« restée potable ». Mais, après quatre passes, la violence,
les regards lourds et la charge millimétrique firent désister le
Valenciano qui avait encore subi deux uppercuts, à droite. Avec les précautions
d’usage, Ponce en termina, et le public déversa rapidement son ire.
Un silence respectueux, et des palmas de
consolation eurent été plus appropriées. « Paso un mal rato, el
torero. Y nosotros tambien ! »
Javier Conde (Silence – Courte bronca)
ne put s’exprimer. Un premier distrait et court au capote, qui arriva à
la muleta « andarin », marchant sans cesse sur le torero,
l’empêchant de se placer et de toréer. Bien sûr, on dit qu’il faut
alors « aguanter » deux ou trois de ces charges dolentes, et
qu'après, cela va mieux. Facile à dire ! Conde l’exécuta d’un
bajonazo.
Quant au cinquième, il fut un manso violent qui
alterna des arreones et picotazos en sautant beaucoup, entre les deux
picadors. Au cours de ce premier tiers pour le moins désordonné, le
cheval du réserve s’emballa, allant percuter la barrière, le picador
étant fortement bousculé, secoué, ballotté comme sur une pinasse
sautant le Niagara.
Tandis qu’on soignait le malheureux, pour de
multiples ecchymoses, le maestro se montrait peu maître de la situation,
et terminait comme il pouvait, sous les insultes de la foule. Au moment de
la puntilla, un torero poussa du pied la tête du toro mort, restée
droite. Certains prirent cela pour un coup de pied, insulte au toro de
lidia, et déversèrent la hargne « de toute une feria »….
Tampoco es eso!
Salvador Vega (Ovation, après un avis –
Une oreille) se montra remarquable, cape en main, dans ses véroniques de
réception (deux sur piton gauche, en mettant les reins) ; dans sa
mise en suerte (par deux fois, un remate « tournant », du plus
bel effet) ; et dans un énorme quite par chicuelinas, seul, plein
centre, au troisième. Chapeau !
A la muleta, ce fut plus laborieux, et si l’on
devina de grosses qualités, lors de la première faena, nous n’avons
pas encore vu « le toreo de
Vega », lorsqu’il est libéré. Ce fut irrégulier, un peu
rapidillo, un peu en ligne, un peu laborieux. Pinchazo, en plein dans la
devise, et estocade traserilla, gâchée par quatre descabellos. Rage !
Il fut encore magistral en recevant le dernier de
cape, gagnant du terrain, signant un gros double remate, au centre de la
plaza. Grande ovation. A la muleta, le toro sera faible, et le torero
insistera, plaçant ça et là quelque bon muletazo.
Heureusement, l’épée voyagera, rapide, et le
public dacquois, sevré d’oreilles, cette année, réclamera « une
petite dernière », pour l’ultime « Agur ». Cela dit,
Vega mérite d’être vu et revu, ici et ailleurs !
Lors des novilladas matinales, le ganado fut en général supérieur aux
toreros, lors des éliminatoires. Hier, en finale, c’est Alejandro
Talavante (de Badajoz), qui remporta le trophée, « por los pelos »,
devant le jeune arlésien Mehdi Savalli.
Encore une fois, les « sin picar »,
remarquablement organisées, firent recette, mais on ne peut que s’inquiéter
pour le futur…
Quien vendra? Donde esta « aquel »? Quelle
sera la figura de demain? On a beau regarder… pas grand chose à
l’horizon ! |