LES
VICTORINOS, A DAX : « IL ME SEMBLE QUE… »
17 Août : « Il me semble que… » Etre aficionado est
« ressentir » les choses, puis apprendre, toujours apprendre,
sans ne jamais pouvoir se vanter de tout savoir. Aussi, loin des
certitudes, loin des copinages et souterraines démagogies, la corrida de
Victorino Martin, hier, en plaza de Dax, m’a laissé de curieuses
impressions…
« Il me semble que… ! »
Il me semble que Dax n’a pas « voulu »
voir la Victorinada, parce qu’elle n’a « pu » voir
triompher son torero favori…
Il me semble que Victorino Martin a sorti une
corrida, petite mais bien faite, encastée mais faible, dont quatre
exemplaires furent nobles, à divers degrés...
Il me semble qu’un toro qui met deux minutes à
charger de loin, pour prendre un picotazo, est un toro « alegre »,
mais pas brave...
Il me semble que les trois entrées au cheval, du
quatrième, furent pure démagogie… comme le prouva la suite...
Il me semble que Stéphane Fernandez Meca n’est
pas bien, en ce moment… et que la blessure de Madrid n’y a rien à
voir...
Il me semble que Le Cid a fait une grande faena,
au deuxième, et une immense faena, au cinquième, encore supérieure à
celle de Bayonne, car il ne pouvait plus « surprendre »...
Il me semble que lui accorder chichement, du bout
des lèvres, une oreille chaque fois, pour une estocade desprendida, est
une insulte aux deux meilleures faenas de la temporada, dans le sud Ouest
(A moins qu’aujourd’hui…)
Il me semble que Javier Valderde « se paso
de faena », ce qui n’excuse pas la froideur du public à son
encontre, le salmantino tirant de profondes naturelles à chacun de ses
toros. Comment aurait réagi ce même public, si Meca avait toréé de la
sorte ?
Il me semble que le bon toreo et la bonne lidia,
contribuent à faire le bon toro…
Il me semble … mais je peux me tromper!
Par contre, je suis sûr de deux choses :
D’abord : le ciel nous a épargnés, et
l’on aimerait bien qu’il ait la gentillesse d’en faire de même,
aujourd’hui…
Ensuite, un sacré « Enhorabuena ! »
au jeune sauteur landais Nicolas Vergonzanne, qui s’est magnifiquement
« envolé », au dessus du premier Victorino, rejoignant ainsi
dans la gloire torera, les illustres prédécesseurs qui nous ont causés
de sacré montées d’adrénaline, à Dax (Dupla), Mont de Marsan, Saint
Sever, Bayonne…
Mais, le saut d’hier fut… « toda
una hazaña ! »
16
Août – DAX – 4ème corrida de Feria – No hay
Billetes – Gris plomb et légères averses, troué de quelques rais de
soleil (Un miracle, vu tout ce qui tombait alentour) :
Six toros de Victorino Martin, inégalement présentés,
bas et fins, plus charpentés les trois derniers. Plusieurs armures éclatèrent,
soit au sol, sur chute, soit dans de gros topetazos au burladero (le
premier).
Deux toros « ne servirent pas » :
le premier, extrêmement court de charge, mirando y midiendo mucho ;
et le quatrième, court parce faible… et affaibli par un tiers de piques,
démagogique et inutile.
Les toros du Cid furent châtiés avec mesure,
arrivant très nobles, à la muleta. Ceux de Valverde, plus rétifs, se
livrèrent, avec une pointe de soseria.
Dans l’ensemble, la corrida fut flojita,
noblona, à des lieues de celle de Mont de Marsan, dure mais palpitante.
D’entrée, un exploit « bien landais » :
Nicolas Vergonzanne, torero landais, champion de France, sauta
« en périlleux », le premier Victorino, sous l’ovation que
l’on devine. Aurait mérité grande vuelta. Un monterazo !
Fernandez Meca (Ovation – Silence
« gêné ») bougea beaucoup, au capote, après une vibrante
larga, à genoux.
Obnubilé par ce désir de faire briller le toro
(dit on) le Français le mit à dix mètres du piquero… et l’on
attendit, longtemps. Le toro regarda, se retourna, faillit aller prendre
un apéro, puis alla voir ce grand escogriffe à cheval qui criait
beaucoup. Tout cela, par deux fois… pa na ! Ni force ni bravoure. Eso
no es lidia !
A la muleta, le bicho est court et avisé
(ni bravura, ni casta, ni na!) et les demi passes du français ne pourront
rien améliorer. Heureusement, une presque entière, « un pelin »
de côté, et ovation, partagée avec le sauteur landais, auquel on avait
brindé, logiquement.
Le quatrième sortit très fort, fut passé de
cape sans repos, et mis de loin à la pique. Il vint, au pas, et on le
piqua… peu ! Deuxième mise en suerte, et bis repetita, pour un
nouveau « touch and go » ! Troisième démonstration, au
grand plaisir de la masse, qui ne voit pas… que le toro n’a pas pris
un seul « vrai puyazo ».
Grande ovation au piquero, qui salue pour ne pas
avoir piqué, et le toro arrive exsangue, court et avisé, à la muleta,
probable résulta d’une lidia inappropriée. Meca va beaucoup danser,
beaucoup sursauter, tuant de deux pinchazos et une entière.
El Cid (Une oreille – Une
oreille) a été magnifique, tant à la cape qu’à la muleta. Il faudra
revoir les grandes véroniques, lentes, majestueuses, à son premier,
qu’il fit piquer peu et « en corto ». Toro un peu faible,
qu’il fallait « cuidar », mais qui se livra entièrement et
ne fléchit plus, lorsque le sévillan le toréa de muleta, avec temple,
profondeur, empaque. Séries sur deux mains, bien liées et rythmées,
closes de grands pechos, de piton a rabo. Grande faena, toreo très sérieux
et d’énorme qualité.
Entrant fort, le Cid laissa une entière, entre
desprendida et caida… trop basse au goût du public. Bueno ! On a
vu pire ! Une oreille seulement, qui parut « peu », à côté
de la qualité torera de cette faena.
Et l’on n’avait pas tout vu ! Plus court
dans le capote, mais lidié tout aussi « discret mais efficace ! »,
le cinquième va offrir à Manuel Jesus une qualité de charge que le
torero va exploiter au delà de ses propres espoirs. No
se lo creia !
Faenon, que le public accompagna avec une
« muette admiration » (dirons nous), ne se rendant
peut-être pas compte de la formidable démonstration de toreo profond et
artistique, qui se déroulait sous ses yeux. Le Cid, sur un nuage, ne le
croyait pas lui-même. Toreo « total », la muleta verticale,
lente et profonde, à deux centimètre du mufle du toro. La jambe avancée,
chargeant la suerte, naturellement, les adornos de fin de série, de
grande classe. Un faenon, (bien supérieur à celui de Bayonne, l’an
passé).
Vu la charge du toro, on aurait pu souhaiter une
tentative « recibiendo ». Le Cid ne s’y hasarda pas, et
c’est son seul tort de la journée, car, malheureusement, il mit
exactement la même épée qu’à son premier, trop de côté au goût de
certains… et ce qui fut une faena « de rabo », se termina en
« una orejita » qui ne traduit absolument pas l’immensité
du moment.
Señores, El Cid fue, ayer « El Toreo»!!!
Lors de la vuelta, le torero envoya le
trophée dans les rangées du haut, qu’une dame attrapa au vol. A ses côtés,
un quidam, chauve, dont on espère qu’il n’est pas « sa moitié »,
le lui arracha des mains, et le renvoya dans le ruedo. La bronca fut épique,
et grande la honte…
Javier Valverde (Deux avis et silence – Un
avis et palmitas) a enfin touché deux toros qui lui permettait de
« se donner ». Depuis quelques jours, il ne pouvait
pratiquement « péguer un muletazo ». Du coup, il se « saoula »
de passes, indisposant le public, et surtout, laissant passer le moment où
l’on dit que les toros « demandent la mort ».
Efficace au capote, le Salmantino fit peu piquer,
et tomba sur deux toros qui répétaient à la muleta, avec plus ou moins
d’allant, plus ou moins de fadeur. Valverde mit au premier une faena
« kilométrique », amoncelant les muletazos « à droite »,
et tardant à prendre la gauche, qui est « sa bonne main ». Il
y eut de très bonnes naturelles, mais le public n’y était plus. Faena
bien trop longue, un avis tombant, avant même de prendre l’épée. Et
ce fut un désastre : Demi lame et catastrophe au descabello, picoté
trop en arrière, a toro tapado. Deux avis, à deux doigts du toro al
corral.
On pouvait penser à la faena « du desquite »,
au sixième, mais, encore une fois, Javier Valverde, qui donna de très
bonnes naturelles, se montra long et répétitif, se passant de faena.
Pinchazo, une bonne épée et nouvelle hésitation au descabello.
La corrida était finie, Dax était déçue parce
que « Meca » n’avait pas triomphé…
Pourtant, « il me semble… » que
l’on avait vu de grandes choses… |