Reseña du 16 août 2003

 

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LES VICTORINOS, A DAX : « IL ME SEMBLE QUE… »

     17 Août : « Il me semble que… » Etre aficionado est « ressentir » les choses, puis apprendre, toujours apprendre, sans ne jamais pouvoir se vanter de tout savoir. Aussi, loin des certitudes, loin des copinages et souterraines démagogies, la corrida de Victorino Martin, hier, en plaza de Dax, m’a laissé de curieuses impressions…
     « Il me semble que… ! »
     Il me semble que Dax n’a pas « voulu » voir la Victorinada, parce qu’elle n’a « pu » voir triompher son torero favori…
     Il me semble que Victorino Martin a sorti une corrida, petite mais bien faite, encastée mais faible, dont quatre exemplaires furent nobles, à divers degrés...
     Il me semble qu’un toro qui met deux minutes à charger de loin, pour prendre un picotazo, est un toro « alegre », mais pas brave...
     Il me semble que les trois entrées au cheval, du quatrième, furent pure démagogie… comme le prouva la suite...
     Il me semble que Stéphane Fernandez Meca n’est pas bien, en ce moment… et que la blessure de Madrid n’y a rien à voir...
     Il me semble que Le Cid a fait une grande faena, au deuxième, et une immense faena, au cinquième, encore supérieure à celle de Bayonne, car il ne pouvait plus « surprendre »...
     Il me semble que lui accorder chichement, du bout des lèvres, une oreille chaque fois, pour une estocade desprendida, est une insulte aux deux meilleures faenas de la temporada, dans le sud Ouest (A moins qu’aujourd’hui…)
     Il me semble que Javier Valderde « se paso de faena », ce qui n’excuse pas la froideur du public à son encontre, le salmantino tirant de profondes naturelles à chacun de ses toros. Comment aurait réagi ce même public, si Meca avait toréé de la sorte ?
     Il me semble que le bon toreo et la bonne lidia, contribuent à faire le bon toro…

     Il me semble … mais je peux me tromper!

     Par contre, je suis sûr de deux choses :
     D’abord : le ciel nous a épargnés, et l’on aimerait bien qu’il ait la gentillesse d’en faire de même, aujourd’hui…
     Ensuite, un sacré « Enhorabuena ! » au jeune sauteur landais Nicolas Vergonzanne, qui s’est magnifiquement « envolé », au dessus du premier Victorino, rejoignant ainsi dans la gloire torera, les illustres prédécesseurs qui nous ont causés de sacré montées d’adrénaline, à Dax (Dupla), Mont de Marsan, Saint Sever, Bayonne…
     Mais, le saut d’hier fut… « toda una hazaña ! »

     16 Août – DAX – 4ème corrida de Feria – No hay Billetes – Gris plomb et légères averses, troué de quelques rais de soleil (Un miracle, vu tout ce qui tombait alentour) :
     Six toros de Victorino Martin, inégalement présentés, bas et fins, plus charpentés les trois derniers. Plusieurs armures éclatèrent, soit au sol, sur chute, soit dans de gros topetazos au burladero (le premier).
     Deux toros « ne servirent pas » : le premier, extrêmement court de charge, mirando y midiendo mucho ; et le quatrième, court parce faible… et affaibli par un tiers de piques, démagogique et inutile.
     Les toros du Cid furent châtiés avec mesure, arrivant très nobles, à la muleta. Ceux de Valverde, plus rétifs, se livrèrent, avec une pointe de soseria.
     Dans l’ensemble, la corrida fut flojita, noblona, à des lieues de celle de Mont de Marsan, dure mais palpitante.
     D’entrée, un exploit « bien landais » : Nicolas Vergonzanne, torero landais, champion de France, sauta « en périlleux », le premier Victorino, sous l’ovation que l’on devine. Aurait mérité grande vuelta. Un monterazo !
     Fernandez Meca (Ovation – Silence « gêné ») bougea beaucoup, au capote, après une vibrante larga, à genoux.
     Obnubilé par ce désir de faire briller le toro (dit on) le Français le mit à dix mètres du piquero… et l’on attendit, longtemps. Le toro regarda, se retourna, faillit aller prendre un apéro, puis alla voir ce grand escogriffe à cheval qui criait beaucoup. Tout cela, par deux fois… pa na ! Ni force ni bravoure. Eso no es lidia !
    
A la muleta, le bicho est court et avisé (ni bravura, ni casta, ni na!) et les demi passes du français ne pourront rien améliorer. Heureusement, une presque entière, « un pelin » de côté, et ovation, partagée avec le sauteur landais, auquel on avait brindé, logiquement.
     Le quatrième sortit très fort, fut passé de cape sans repos, et mis de loin à la pique. Il vint, au pas, et on le piqua… peu ! Deuxième mise en suerte, et bis repetita, pour un nouveau « touch and go » ! Troisième démonstration, au grand plaisir de la masse, qui ne voit pas… que le toro n’a pas pris un seul « vrai puyazo ».
     Grande ovation au piquero, qui salue pour ne pas avoir piqué, et le toro arrive exsangue, court et avisé, à la muleta, probable résulta d’une lidia inappropriée. Meca va beaucoup danser, beaucoup sursauter, tuant de deux pinchazos et une entière. 
     El Cid (Une oreille – Une oreille) a été magnifique, tant à la cape qu’à la muleta. Il faudra revoir les grandes véroniques, lentes, majestueuses, à son premier, qu’il fit piquer peu et « en corto ». Toro un peu faible, qu’il fallait « cuidar », mais qui se livra entièrement et ne fléchit plus, lorsque le sévillan le toréa de muleta, avec temple, profondeur, empaque. Séries sur deux mains, bien liées et rythmées, closes de grands pechos, de piton a rabo. Grande faena, toreo très sérieux et d’énorme qualité.
     Entrant fort, le Cid laissa une entière, entre desprendida et caida… trop basse au goût du public. Bueno ! On a vu pire ! Une oreille seulement, qui parut « peu », à côté de la qualité torera de cette faena.
     Et l’on n’avait pas tout vu ! Plus court dans le capote, mais lidié tout aussi « discret mais efficace ! », le cinquième va offrir à Manuel Jesus une qualité de charge que le torero va exploiter au delà de ses propres espoirs. No se lo creia !
    
Faenon, que le public accompagna avec une  « muette admiration » (dirons nous), ne se rendant peut-être pas compte de la formidable démonstration de toreo profond et artistique, qui se déroulait sous ses yeux. Le Cid, sur un nuage, ne le croyait pas lui-même. Toreo « total », la muleta verticale, lente et profonde, à deux centimètre du mufle du toro. La jambe avancée, chargeant la suerte, naturellement, les adornos de fin de série, de grande classe. Un faenon, (bien supérieur à celui de Bayonne, l’an passé).
     Vu la charge du toro, on aurait pu souhaiter une tentative « recibiendo ». Le Cid ne s’y hasarda pas, et c’est son seul tort de la journée, car, malheureusement, il mit exactement la même épée qu’à son premier, trop de côté au goût de certains… et ce qui fut une faena « de rabo », se termina en « una orejita » qui ne traduit absolument pas l’immensité du moment.
     Señores, El Cid fue, ayer « El Toreo»!!!
     Lors de la vuelta, le torero envoya le trophée dans les rangées du haut, qu’une dame attrapa au vol. A ses côtés, un quidam, chauve, dont on espère qu’il n’est pas « sa moitié », le lui arracha des mains, et le renvoya dans le ruedo. La bronca fut épique, et grande la honte…
    Javier Valverde (Deux avis et silence – Un avis et palmitas) a enfin touché deux toros qui lui permettait de « se donner ». Depuis quelques jours, il ne pouvait pratiquement « péguer un muletazo ». Du coup, il se « saoula » de passes, indisposant le public, et surtout, laissant passer le moment où l’on dit que les toros « demandent la mort ».
     Efficace au capote, le Salmantino fit peu piquer, et tomba sur deux toros qui répétaient à la muleta, avec plus ou moins d’allant, plus ou moins de fadeur. Valverde mit au premier une faena « kilométrique », amoncelant les muletazos « à droite », et tardant à prendre la gauche, qui est « sa bonne main ». Il y eut de très bonnes naturelles, mais le public n’y était plus. Faena bien trop longue, un avis tombant, avant même de prendre l’épée. Et ce fut un désastre : Demi lame et catastrophe au descabello, picoté trop en arrière, a toro tapado. Deux avis, à deux doigts du toro al corral.
     On pouvait penser à la faena « du desquite », au sixième, mais, encore une fois, Javier Valverde, qui donna de très bonnes naturelles, se montra long et répétitif, se passant de faena. Pinchazo, une bonne épée et nouvelle hésitation au descabello.
     La corrida était finie, Dax était déçue parce que « Meca » n’avait pas triomphé…
     Pourtant, « il me semble… » que l’on avait vu de grandes choses…