Reseña du 14 Septembre 2003

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A DAX : DEUX GRANDES RENCONTRES !

     14 Septembre : Journée des plus intéressantes. Espérons que l’on en attend pas « trop » ! Vous savez « Corrida de expectacion, corrida de… !! »
     Ce matin, 11h30, à ne pas manquer : quatre novillos de Torrestrella, pour Antonio Caro Gil, révélation du concours de Las Ventas, et Eduardo Gallo, nouvelle promesse du Toreo. D’un côté, académisme et naturelle élégance. De l’autre, personnalité, courage et toreo «dans les cornes ».
     Ce soir, le mano a mano entre Ponce et Juli, face à des Juan Pedro Domecq dont on dit que… s’ils veulent « bien » charger…
     Enrique Ponce n’a pas aimé, mais pas du tout, le traitement que lui a (injustement) infligé le public de la feria, face au « quatrième Samuel ». La réponse sera celle… d’un torerazo !
     Voir s’il sort avec le costume perle et or, qu’il a étrenné à Bilbao. Cela voudra tout dire.
     De son côté, le Juli a repris, à pas de géant, tout son brillo. Triomphe, hier, à Murcia. Les toreros (Cesar Jimenez, Robleño, Califa)  ouvrent souvent leur faena par « deux » passes changées dans le dos.
     Le Juli , hier, en mit… trois !

     Vraiment… si les toros veulent bien charger !

 

DAX : LE « ROI PONCE », SUR SES TERRES !

     15 Septembre : Définitivement, « historiquement », Enrique Ponce est le Roi de Dax.
     Hier, quelques heures avant le paseo, nous vous disions que « quelque chose » devait se passer, et que si Enrique Ponce s’habillait de son nouveau « gris perla y oro », attention !
     Quand il arriva au patio, ainsi vêtu, la cause était entendue : Enrique Ponce venait, fermement décidé à « laver l’affront » de la feria. Ce jour là, il avait été obligé de "courir", devant un toro, et on l’avait sifflé, pour cela, fort injustement.
     Personne ne l’aurait accepté, et encore moins Ponce, Prince de Dax, et surtout pas de ces princes… qu’on sort !
     L’homme a du courage et de la superbe à revendre. Ajoutez à cela, la technique, l’intelligence, un vrai talent et un registre de suertes qu’on pourrait penser inépuisable, et vous avez, si l’occasion s’en présente : Un faenon ! 

     Hier, 14 Septembre 2003, Enrique Ponce, Prince de Dax, est définitivement monté sur le trône de Roi, confirmant bien haut qu’il est le seul, unique et magnifique "Numéro Un" du Toreo, au nez et à la barbe de tous ces jeunes loups qui peuvent gigoter tant qu’ils veulent. Ils ne lui arrivent pas à la rotule.
     Hier, la corrida de Domecq est sortie noblona mais faible, voulant être brave. Pour autant, pas scandaleuse.
     Malgré tous ses efforts, le Juli n’a pu que voir s’envoler le Roi Ponce, tandis qu’il devait batailler avec deux « impossibles » et un dernier qui lui laissa faire de bonnes choses, pieds joints. Le garçon a de la caste à revendre, mais ne put jamais se hisser à la hauteur du Valenciano.

     Maintenant et une autre fois, comme pour le Juli, à Mont de Marsan : Pourquoi ne pas aller au bout de son plaisir et accorder les deux oreilles et le rabo ?
     Quand on assiste à une telle faena, et que sur les bras, « la chair de poule envahit tous les poils déjà au garde à vous », pourquoi ainsi bouder sa totale félicité?
     Le toro n’était pas complet, ou semblait trop faible ? Il ne fléchit pas beaucoup, à partir des roblesinas, et il me semble, il y a peu (24 heures à peine), que Dax avait « surprimé » un toro qui n’était pas complet, non plus. Digo yo! 
     Alors, pourquoi ne pas demander et obtenir le rabo?  L’estocade n’était pas entière ? Non, mais ce fut une media lagartijera, très bien portée, et qui tua. Alors ?

     Faenon d’Enrique Ponce ! Symphonie achevée ! Totale victoire de « la brutale douceur ». Car, restons lucides : Toréer, c’est conduire une charge toujours trop violente, d’un fauve, toujours dangereux. Il aura beau être noble et « suave », un toro aura toujours assez de force et de rage pour envoyer au ciel l’importun qui lui cherche noise.
     En face, Ponce ne va pas se laisser aller à de douces rêveries. C’est un combat qu’il va livrer, et il sait ce qu’il peut y perdre (on l’a vu d’un coup, l'an passé, en plaza de Leon). Mais voilà, le torero est arrivé à un tel point d’excellence que tout paraît facile, doux, comme « coulant de source »; au point que dans cette dentelle, on en oublie tout danger.
     La faena de Ponce, hier, en plaza de Dax est historique, encore supérieure aux précédentes, par la variété et le crescendo dans le mano a mano « Emotion – Perfection ».
     Le toro lui-même semblait dire « Pas mal, Enrique! Et maintenant, qu’est ce que tu me fais ? » Alors, tandis que tout le monde écarquillait les yeux, tandis que les photographes n’avaient plus de pellicule, tandis que la chair de poule envahissait le callejon, le Roi Ponce inventait encore une nouvelle série, supérieure à la précédente, qui était pourtant parfaite…
     Extraordinaire Enrique Ponce !
     Emouvante, cette vuelta al ruedo, et ce geste au salut final, élégamment revanchard, comme disant « Alors, vous avez compris ? Alors, vous savez bien que le jour du Samuel, j’avais envie, mais que je ne pouvais pas. Vous m’avez fait très mal, ce jour là, parce que je pensais que nous étions amis. Aujourd’hui,  nous faisons la paix. Mais, n’y revenez pas ! »
     Alors, Dax, encore une fois, comme souvent dans son histoire, est redevenue très grande : Debout, alors que le diestro revenait au callejon, elle s’est mise à scander à l’unisson un « Torero ! Torero ! » qui obligea le Roi Ponce à revenir saluer, visiblement ému. Re chair de poule garantie ! L’émotion du grandiose ! Une image et un bonheur partagé, qui sauvent la terne saison dacquoise.

     "Venus d’ailleurs", et très bien reçus à Dax, que ce soit par l’ organisation, par les amis photographes, et par la gentille petite Dacquoise qui, de la buvette, essaie de suivre les faenas, nous sommes vraiment heureux pour Dax, car elle ne méritait pas ce qu’il lui était arrivé, jusque-là. Hier, elle a retrouvé toute sa grandeur, toute son ardente générosité aficionada, et enfin, toute sa chance. Comme de plus, c’est Enrique Ponce qui lui a rendu tout cela… la vie est vraiment belle ! 
     Chapeau et Merci, Monsieur Ponce ! Enhorabuena, Juli ! Bravo, Dax !

    14 Septembre – DAX – No Hay Billetes – Grand bleu : Six toros de Juan Pedro Domecq, dont un de Parladé (même chose !), inégalement présentés, allant du bas deuxième au grandullon jabonero troisième, très haut ; Habillés de diverses capes (noirs, colorado, meloconton) et correctement armés, la plupart de façon très diplomatique, mais correctes et astifinas, pour la plupart.
     Les toros firent de grosses sorties, courant un peu distraits, rematant aux planches, venant bien aux capes, mais déclarant rapidement une faiblesse qui allait se confirmer tout au long de l’après midi, au point que le tiers de pique fut pure anecdote.
     Noblesse générale, mais mansedumbre déclarée chez le premier du Juli qui décida d’un coup que… « j’adore les barrières en pin des Landes ! ».
     Enrique Ponce eut le meilleur lot, même si son deuxième lui joua le plus sale tour de la journée. Le Juli, quant à lui, ne devra pas jouer au loto, cette semaine.
     En début de tarde, comme un bis repetita de ce qui s’était fait à Bayonne, on rendit hommage à Jean Marie Bourret, applaudi par son maestro. Du coup, Jean Marie posa trois honorables paires de banderilles, et, après ce qu’il a vu, au cinquième, devrait bien décider de rempiler un an de plus, rien que pour le plaisir des yeux
     Enrique Ponce (Une oreille, avec pétition de la seconde – Grande ovation, de consolation – Deux oreilles, avec timide pétition de rabo) a débuté en maestro, et a terminé en « artiste grandiose ». Le Prince est devenu Roi !
     Vêtu de gris perle et or, Enrique Ponce a d’abord construit une grande tarde, puis, au cinquième s’est laissé allé « à l’immense ». Première faena « a gusto », toréant classique, finissant dans une qualité crescendo, et tuant d’une bonne demi épée. Le toro était faible, mais ne songea pas à flancher. Oreille bien gagnée, et un murmure qui déjà, parcourt l’assemblée « Ce Ponce, quand même ! » 
     Face à son « savonneux » deuxième, haut, intéressant mais faible, Ponce va encore monter d’un cran l’intensité artistique. La faena va grandir, jusqu’au moment où, trahison ! le toro va faire une très lourde chute dont il se relèvera bien tardivement, gâchant totalement la faena, et le plaisir. Enrique reviendra pour trois muletazos de face, et un trincherazo, mais devra vite conclure, dans la compréhension déçue de tous.
     Puis sortit le cinquième : Déjà, la grande symphonie débuta à la cape, où le Valenciano enchaîna de précieux capotazos, conclus au centre par une demie de rêve, une rebolera et un pecho, extraordinaires.
     Pour mettre en suerte, un capotazo « en rond », fixant le toro, comme un rejoneador le fait avec son cheval, et une « demi » demi-véronique, d’une précieuse élégance.
     A la muleta, que dire ? Comment raconter ? Le toro va débuter faible, et Ponce va « marcher » en toréant, vers le centre. Les deux premières séries seront classiques, sans trop appuyer, comme pour convaincre le toro que « tu peux le faire ! ». Puis, le torero « s’envole », et le toro de même : Un pase de las flores et trois roblesinas, qui mettent le feu aux poudres. A partir de cet instant, tout va s’enchaîner, et chaque épisode sera plus parfait que le précédent. Dans une intensité émotionnelle croissante, Enrique Ponce va enchaîner les suertes, le tres en uno, les naturelles de face, les changements de mains, les remates, tous plus précieux les uns que les autres. Tout à coup deux redondos, à double tour, templadisimos, et les mêmes, mais à l’envers, le tout scellé d’un immense double pecho. Oooooooooolé ! La plaza est emportée, et certains, dans le callejon ont les larmes aux yeux.
     La faena va se terminant, quand un olibrius, dans le tendido, crie « aviso » (il avait raison, mais…) et qu’au beau milieu d’une ultime série de doblones, mettant « artistiquement » en place pour l’estocade, une première sonnerie éclata. (On l’eut préférée moins forte, et en fin de la série. On pouvait  bien attendre deux secondes !) Le torero « se réveilla » de son rêve, et partit fort pour un demi lame, très bien placée, qui tua le grand partenaire, toro de combat  devenu ami.
     Deux oreilles (insuffisantes, à notre avis) et vuelta d’apothéose. En fin de l’ultime salut, Dax rappela Ponce, au centre, aux son d’un émouvant et puissant « Torero ! Torero ! ». Fabuleux !
     El Juli (Silence – Silence – Une oreille) joua de malchance, au sorteo. Il fit tous les efforts, multiplia les tentatives, les suertes, mais… quand le toro ne veut pas !
     Son premier décida, après une bonne série, qu’il préférait se coller aux planches, rompant tout combat. Le Juli faillit l’estoquer là, mais pincha beaucoup.
     Le quatrième posait un problème : Si on baissait la muleta, il allait « se répandre », et si l’on restait « à mi hauteur », il devenait molesto, compliqué, emm..bêtant ! Là, également, le Juli essaya, mai dut renoncer. A son actif, une réception au capote, par six delantales, sans rompre d’un orteil ; un quite par gaoneras, précédant une lourde chute du bicho, et une épée, en entrant fort.
     Après la grandiose faena de Ponce, le Juli s’accrocha comme un mort de faim, face au dernier : Larga à genoux, banderilles et début vibrant. Hélas, le toro baissa de rythme, et l’on crut que tout était perdu. Mais le Juli a de la caste, et il « remonta » sa faena, en toréant beaucoup « pieds joints ». Ainsi, le muletazo est plus court, dérange moins le toro, tout en restant spectaculaire et très torero. Juli rendit ainsi de la force et de l’envie, au toro, mais ne put arriver à « la totale plénitude ». Il entrera fort pour un pinchazo « très hondo », ratifié d’un descabello chanceux.
     La messe était dite : « Bien petit ! Mais, un peu court ! Aujourd’hui, Ponce était… sur une autre planète.
     Le Roi Ponce avait regagné son trône.