DAX :
« UNE BANDE DE CARACTERIELS !»…
La seule oreille pour un bon Rivera Ordoñez
15 août : Est-ce la
chaleur ? Est-ce l’orage qui approche, et cette crainte qui nous étreint ?
(à chaque fois qu’il a fait « très chaud », et que la température
a « baissé d’un coup », la mer n’a pas eu le temps de se
refroidir et la différence brutale des températures a produit de véritables
catastrophes – Souvenez-vous de 83, de 92)...
Est-ce parce que nous sommes tous révoltés de
voir qu’en 2003, près de 3000 personnes peuvent mourir à cause de la
chaleur sans que l’on n’y puisse rien ?
Est-ce parce que dans les hôpitaux, les professionnels,
admirables, se désespèrent de ne pouvoir mieux faire ? Parce qu’à
Clichy, un cadavre est dans un appartement depuis une semaine, et que les
voisins doivent évacuer l’immeuble, le mouchoir sur le visage ?
Est ce parce que l’on ne peut même pas mourir dans le respect et la
dignité ? Est-ce donc parce que l’on est en train « de
couler à pic » ?
Est-ce pour tout cela, que le public dacquois,
hier, a eu de drôles de réactions, tantôt ovationnant, tantôt sifflant
ce qu’il avait ovationné, auparavant ?
Est ce parce que le « malaise »
s’empare de la France, comme une honte sourde, comme un triste abandon,
comme un manque d’honneur, de courage, de sincérité, d’humilité ?
Comment un ministre de la Santé peut il dire
« Nous avons tout fait ! Nous dominons la situation ! »
Comment, en 2003, peut on amasser tant d’incapacité, de mensongère démagogie ?
Mieux vaut laisser un bout de terrain vague à
40000 pauvres gosses paumés ou camés, plutôt que qu’apporter quelque
bien-être aux petits vieux ou aux malades, sans défense devant la furie
des éléments… Mieux vaut la poignée de main télévisée entre Sarko
et Bové, que l’armée pour aider tout le monde. Mieux vaut faire les
beaux, sur le tendido d’une plaza, à recevoir des « brindis pour
la photo », plutôt que de plancher à sauver la moindre vie, que ce
soit d’un humain ou même d’un animal.
Franchement… c’est donc cela, la France ?
Corrida « chunga » ! Corrida pénible à suivre,
parce qu’elle réunit, devant un public « déboussolé et déboussolant »,
trois toreros « caractériels », face à des toros « bien
tordus »…
Les Manolo Gonzalez
sont sortis sans qualité, trompant le monde, faisant semblant
d’y aller, mais regardant « en dessous, de côté ou en arrière ».
Limités de forces, mais sans tomber vraiment, mettant plus de hargne que
de bravoure, à la pique.
En face, les toreros furent également déroutants.
Seul, Rivera Ordoñez, qui s’y connaît pourtant « en mala leche »,
se montra très professionnel et bon torero, toute la tarde. Antonio
Ferrera, une nouvelle fois, « péta un plomb », lui-même
déboussolé par un public qui soudain se mit à siffler ce qu’il avait
toujours applaudi, auparavant.
Quant à Sébastien Castella, désolé ! Ne
pas faire piquer ses toros implique que l’on est sûr de les dominer,
par la suite. Or, la démonstration d’hier, entre sustos et enganchones,
le tout accompagné de petits vilains gestes ou regards, souligne le
chemin qu’il reste à faire, pour un torero qui, décidément,
n’arrive pas « à rentrer dans le Sud Ouest ». Ses deux
prestations débutèrent bien, avec la total appui du public. Hélas, le
final fut chaque fois moins brillant. C’est le moins que l’on puisse
dire…
Corrida « chunga » ! Désagréable,
parce que déroutante ! Restent de grand détails : trois
grandes naturelles, une paire de banderilles, algun puyazo… l’amitié
et les belles dames, dans le tendido...
C’est bien, mais on attend mieux !
14
Août – DAX – 2ème de Feria – Lleno – Chaleur en
gris bleu : Toros de Manolo Gonzalez et un Sanchez Dalp (3ème),
correctement présentés, fins de type, qui sortirent avec caractère :
soit en répétant fort, dans les capotes, comme ceux de Ferrera, soit en
freinant et puntéant, comme le quatrième et ceux de Castella.
A la pique, du caractère et de la force, comme
le troisième qui prit un gros puyazo, romaneando (levant haut le cheval,
le secouant d’abondance). Pas de vraie fijeza, pas de vraie bravoure,
mais du caractère, une pointe de genio, et de la mala leche.
A la muleta, un toro qui répondit avec noble
caractère : le premier. La suite fut « en dents de scie ».
On restera dubitatif sur les deux de Castella : Leur fallait il
quelque puyacito de plus ? allez donc savoir. Le fait est qu’ils
« remontèrent », de vilaine façon, puntéant, derrotant,
marchant et promettant mille avatars.
Rivera Ordoñez (Une oreille, avec
division d’opinions – Silence) a un gros défaut que l’on pourrait
croire « indifférence », voire « mépris ». Il ne
donne pas « d’importance » à ce qu’il fait. Il ne
« vend pas ». Il torée, un point c’est tout ! « Cela
vous plaît ? Tant mieux ! Cela ne vous plaît pas… allez donc
vous faire voir ! »
Hier, Rivera Ordoñez fut « très bien »
et très torero, devant le premier, dans une faena très propre, très sérieuse,
bien construite, allant « a mas ». Le public ne marcha qu’à
moitié, laissant passer trois grosses naturelles, limpisimas, la jambe en
avant, closes d’un bon pecho. Faena sobre, toréo classique et très
propre, très vrai, sans tricher, avec des remates, pieds joints, discrets
et sans démagogie. Estuvo muy bien ! Estocade forte, tendidita, et
une oreille que l’on chahuta un peu. Bon !
Le quatrième était un autre client, tardo, tête
à mi hauteur, court de charge. Rivera essaya longuement, longuement… ce
qui en indisposa certains. A l’épée, deux pinchazos (toujours en haut)
et une entière qui provoque degüello. On a vu pire.
Sans être « historique », le fils de
Paquirri a été bien, hier, à Dax. Dans sa cuadrilla, un banderillero
qui fait merveille, sans l’affectation et le « protagonisme »
du Chano. Il s’appelle Joselito Gutierrez, et dut saluer, au premier,
pour une troisième paire de banderilles claire, nette, sans bavure.
Antonio Ferrera (Division « silenciée »
- Vuelta « divisée », après pétition d’oreille) sort de
Dax avec un puntazo et plein de questions dans la tête. Mauvaise sortie,
hier, pour un des toreros que la France à fait, et qui est « ce
qu’il est » dans son caractère, sa spectaculaire vaillance, et
parfois sa vulgarité électrique… parce que le France lui a fait grande
ovation pour tout cela…
Hier, il y eut divorce ! Hier, la première
paire de banderilles, passée d’un mètre cinquante, mais suivie d’un
bond en l’air (d’un mètre cinquante) a mis le feu aux poudres. On
siffla. (Pourtant, combien d’ovations, depuis des années, pour la même
suerte ?) La deuxième paire ne rectifia point et, cruelle vengeance
du destin, le torero calcula mal la vitesse du toro, lors du quiebro aux
barrières, planta… dans le vide, et se retrouva par terre, le nez dans
le sable. Cruel revirement, dans la risée des plus méchants.
Faena « baladée », le public
n’aidant en rien, guettant le moindre recul, le plus petit faux pas. Un
peu perdu, Ferrera jette un regard assassin à un « courageux »
qui, des gradins, fit allusion au "bombero torero".
Puis, cela tourn au vinaigre. Certains le prient
d’en finir, tandis que d’autres sifflent fort, quand il lève l’épée.
Ferrera repart pour une nouvelle série de trapazos, et tue vilainement,
au deuxième élan.
Le cinquième viendra fort dans une série de
delantales spectaculaires. Après le quite, bien rematé, un tiers de
banderilles, spectaculaire, qui ralliera majorité des suffrages.
Cependant, la faena sera laborieuse, mêlant quelques muletazos propres,
à d’autres « forcés », disgracieux, prétendant « codiller »
artistiquement. Faena « irrégulière », divisant les gradins.
Le torero s’en rend bien compte, qui,
après pinchazo, entre fort, pour une estocade basse, qui lui vaut
un gros coup, au bas de la cuisse droite.
Le costume est déchiré, et l’on pense à une
nouvelle blessure. Cris et chuchotements ! Le torero en rajoute un
peu. Du coup, la pétition d’oreille monte, mais le président refuse.
Ferrera, vexé, salue, mais refuse de faire la vuelta. Puis, toute réflexion
« pas faite », décide de la donner. Du coup, certains
sifflent. Un vrai congrès de caractériels !
Sebastien Castella (Légère division, après
un avis – Silence) laisse perplexe. On l’attend avec espoir et générosité.
On admire certain geste de grande classe. On souhaite pouvoir exploser
d’enthousiasme… mais on se regarde, tout à coup, dubitatifs ; on
fait la moue… et on se dit qu’encore une fois, ça n’a pas marché.
Hier, le français touche les deux plus durs, les
plus violents et sournois. Mais on se demande quel jeu auraient donné ces
toros, avec une pique de plus ? Et que se serait il passé si
Castella n’avait pas cette obsession de vite passer à la courte
distance, au toreo « à bout portant », qui déclencha
derrotes et moult accrochages de muleta, désarmés et moments de danger.
Au final, des trasteos déroutants, de mas à
menos, sans emprise sur le toro, ni sur les gradins. Public
silencieusement déçu, qui ne se mit en rogne que sur des estocades défectueuses.
On apprécia le début de la première faena, par
cinq doblones et un joli remate. Hélas, le toro, court et pegajoso ne le
laissa pas faire le toreo fondamental… « ni l’autre », à
bout portant. Le sixième est aussi compliqué, et le torero a un petit
geste de dépit, au milieu de la faena, qu’on devra oublier bien vite.
A Bilbao, vraiment, il faudra être « autrement » ! |