Reseña du 14 août 2003

 

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FERIA DE DAX… AU JOUR LE JOUR (2)

     14 Août : Deuxième de Feria, aujourd’hui : Toros de Manolo Gonzalez, pour Rivera Ordoñez, Antonio Ferrera et Sébastien Castella.
     Les Manolo Gonzalez sont sortis « catastrophiques », l’autre jour, au Puerto : Décastés et dangereux. Rivera Ordoñez s’en étonnait, d’ailleurs, lui qui prend toute la camada, cette année. Voyons donc si Dax sera « le desquite » du grand fer qui a donné tant de grandes choses.
     Rivera Ordoñez revient à Dax. Il y triompha, par le passé. Après quelques années de bouderie, le « beau Fran » revient dans la plaza qui fut « celle de son père », Paquirri, avec une plus grande volonté de faire les choses « en torero ». On applaudira, sans nul doute, sa cape vibrante (largas répétées, delantales) et un toreo de muleta sans génie, mais parfois très propre. Le point d’interrogation, tournant souvent « à noir » : L’épée !
    Antonio Ferrera revient à la plaza qui le vit couper trois oreilles, l’an passé, « à la barbe du Juli ». A cette époque, il était, comme on dit, « emballé ».Tout lui réussissait. Depuis, le décor a changé, et les mauvais coups ont plu (Valencia, Floirac, Huelva). La saison de Ferrera n’est pas bonne. Cependant, depuis quelques jours, il semble avoir retrouvé quelque « sérénité muletera », et l’indulto d’un toro d’Alcurrucen, dimanche, à Pontevedra, ne peut qu’être « bon pour le moral ».
    Sébastien Castella doit remplir deux missions : La première est d’effacer la grise journée de l’an passé. La seconde est de « convaincre le Sud Ouest »…
     Sans dénigrer les louanges dithyrambiques qui baignent chacune de ses actuaciones dans le Sud Est (Ref : Arles, Nîmes…) le Sud Ouest « attend » et demande à voir… 
     A surveiller avec angoisse, sa nouvelle façon de recevoir les toros « a portagayola » : Debout au centre, dos au toril, faisant passer le toro par le haut, en spectaculaires tafalleras. Brrrrrr !

 

DAX : « UNE BANDE DE CARACTERIELS !»…
La seule oreille pour un bon Rivera Ordoñez

     15 août : Est-ce la chaleur ? Est-ce l’orage qui approche, et cette crainte qui nous étreint ? (à chaque fois qu’il a fait « très chaud », et que la température a « baissé d’un coup », la mer n’a pas eu le temps de se refroidir et la différence brutale des températures a produit de véritables catastrophes – Souvenez-vous de 83, de 92)...
     Est-ce parce que nous sommes tous révoltés de voir qu’en 2003, près de 3000 personnes peuvent mourir à cause de la chaleur sans que l’on n’y puisse rien ?  Est-ce parce que dans les hôpitaux, les professionnels, admirables, se désespèrent de ne pouvoir mieux faire ? Parce qu’à Clichy, un cadavre est dans un appartement depuis une semaine, et que les voisins doivent évacuer l’immeuble, le mouchoir sur le visage ? Est ce parce que l’on ne peut même pas mourir dans le respect et la dignité ? Est-ce donc parce que l’on est en train « de couler à pic » ?
     Est-ce pour tout cela, que le public dacquois, hier, a eu de drôles de réactions, tantôt ovationnant, tantôt sifflant ce qu’il avait ovationné, auparavant ?
     Est ce parce que le « malaise » s’empare de la France, comme une honte sourde, comme un triste abandon, comme un manque d’honneur, de courage, de sincérité, d’humilité ?
     Comment un ministre de la Santé peut il dire « Nous avons tout fait ! Nous dominons la situation ! » Comment, en 2003, peut on amasser tant d’incapacité, de mensongère démagogie ?
     Mieux vaut laisser un bout de terrain vague à 40000 pauvres gosses paumés ou camés, plutôt que qu’apporter quelque bien-être aux petits vieux ou aux malades, sans défense devant la furie des éléments… Mieux vaut la poignée de main télévisée entre Sarko et Bové, que l’armée pour aider tout le monde. Mieux vaut faire les beaux, sur le tendido d’une plaza, à recevoir des « brindis pour la photo », plutôt que de plancher à sauver la moindre vie, que ce soit d’un humain ou même d’un animal.
     Franchement… c’est donc cela, la France ? 

     Corrida « chunga » ! Corrida pénible à suivre, parce qu’elle réunit, devant un public « déboussolé et déboussolant », trois toreros « caractériels », face à des toros « bien tordus »…
     Les Manolo Gonzalez  sont sortis sans qualité, trompant le monde, faisant semblant d’y aller, mais regardant « en dessous, de côté ou en arrière ». Limités de forces, mais sans tomber vraiment, mettant plus de hargne que de bravoure, à la pique.
     En face, les toreros furent également déroutants. Seul, Rivera Ordoñez, qui s’y connaît pourtant « en mala leche », se montra très professionnel et bon torero, toute la tarde. Antonio Ferrera, une nouvelle fois, « péta un plomb », lui-même déboussolé par un public qui soudain se mit à siffler ce qu’il avait toujours applaudi, auparavant.
     Quant à Sébastien Castella, désolé ! Ne pas faire piquer ses toros implique que l’on est sûr de les dominer, par la suite. Or, la démonstration d’hier, entre sustos et enganchones, le tout accompagné de petits vilains gestes ou regards, souligne le chemin qu’il reste à faire, pour un torero qui, décidément, n’arrive pas « à rentrer dans le Sud Ouest ». Ses deux prestations débutèrent bien, avec la total appui du public. Hélas, le final fut chaque fois moins brillant. C’est le moins que l’on puisse dire…
     Corrida « chunga » ! Désagréable, parce que déroutante ! Restent de grand détails : trois grandes naturelles, une paire de banderilles, algun puyazo… l’amitié et les belles dames, dans le tendido...
     C’est bien, mais on attend mieux !

     14 Août – DAX – 2ème de Feria – Lleno – Chaleur en gris bleu : Toros de Manolo Gonzalez et un Sanchez Dalp (3ème), correctement présentés, fins de type, qui sortirent avec caractère : soit en répétant fort, dans les capotes, comme ceux de Ferrera, soit en freinant et puntéant, comme le quatrième et ceux de Castella.
     A la pique, du caractère et de la force, comme le troisième qui prit un gros puyazo, romaneando (levant haut le cheval, le secouant d’abondance). Pas de vraie fijeza, pas de vraie bravoure, mais du caractère, une pointe de genio, et de la mala leche.
     A la muleta, un toro qui répondit avec noble caractère : le premier. La suite fut « en dents de scie ». On restera dubitatif sur les deux de Castella : Leur fallait il quelque puyacito de plus ? allez donc savoir. Le fait est qu’ils « remontèrent », de vilaine façon, puntéant, derrotant, marchant et promettant mille avatars.
     Rivera Ordoñez (Une oreille, avec division d’opinions – Silence) a un gros défaut que l’on pourrait croire « indifférence », voire « mépris ». Il ne donne pas « d’importance » à ce qu’il fait. Il ne « vend pas ». Il torée, un point c’est tout ! « Cela vous plaît ? Tant mieux ! Cela ne vous plaît pas… allez donc vous faire voir ! »
     Hier, Rivera Ordoñez fut « très bien » et très torero, devant le premier, dans une faena très propre, très sérieuse, bien construite, allant « a mas ». Le public ne marcha qu’à moitié, laissant passer trois grosses naturelles, limpisimas, la jambe en avant, closes d’un bon pecho. Faena sobre, toréo classique et très propre, très vrai, sans tricher, avec des remates, pieds joints, discrets et sans démagogie. Estuvo muy bien ! Estocade forte, tendidita, et une oreille que l’on chahuta un peu. Bon ! 
     Le quatrième était un autre client, tardo, tête à mi hauteur, court de charge. Rivera essaya longuement, longuement… ce qui en indisposa certains. A l’épée, deux pinchazos (toujours en haut) et une entière qui provoque degüello. On a vu pire.
     Sans être « historique », le fils de Paquirri a été bien, hier, à Dax. Dans sa cuadrilla, un banderillero qui fait merveille, sans l’affectation et le « protagonisme » du Chano. Il s’appelle Joselito Gutierrez, et dut saluer, au premier, pour une troisième paire de banderilles claire, nette, sans bavure.
     Antonio Ferrera (Division « silenciée » - Vuelta « divisée », après pétition d’oreille) sort de Dax avec un puntazo et plein de questions dans la tête. Mauvaise sortie, hier, pour un des toreros que la France à fait, et qui est « ce qu’il est » dans son caractère, sa spectaculaire vaillance, et parfois sa vulgarité électrique… parce que le France lui a fait grande ovation  pour tout cela…
     Hier, il y eut divorce ! Hier, la première paire de banderilles, passée d’un mètre cinquante, mais suivie d’un bond en l’air (d’un mètre cinquante) a mis le feu aux poudres. On siffla. (Pourtant, combien d’ovations, depuis des années, pour la même suerte ?) La deuxième paire ne rectifia point et, cruelle vengeance du destin, le torero calcula mal la vitesse du toro, lors du quiebro aux barrières, planta… dans le vide, et se retrouva par terre, le nez dans le sable. Cruel revirement, dans la risée des plus méchants.
     Faena « baladée », le public n’aidant en rien, guettant le moindre recul, le plus petit faux pas. Un peu perdu, Ferrera jette un regard assassin à un « courageux » qui, des gradins, fit allusion au "bombero torero".
     Puis, cela tourn au vinaigre. Certains le prient d’en finir, tandis que d’autres sifflent fort, quand il lève l’épée. Ferrera repart pour une nouvelle série de trapazos, et tue vilainement, au deuxième élan.
     Le cinquième viendra fort dans une série de delantales spectaculaires. Après le quite, bien rematé, un tiers de banderilles, spectaculaire, qui ralliera majorité des suffrages. Cependant, la faena sera laborieuse, mêlant quelques muletazos propres, à d’autres « forcés », disgracieux, prétendant « codiller » artistiquement. Faena « irrégulière », divisant les gradins. Le torero s’en rend bien compte, qui,  après pinchazo, entre fort, pour une estocade basse, qui lui vaut un gros coup, au bas de la cuisse droite.
     Le costume est déchiré, et l’on pense à une nouvelle blessure. Cris et chuchotements ! Le torero en rajoute un peu. Du coup, la pétition d’oreille monte, mais le président refuse. Ferrera, vexé, salue, mais refuse de faire la vuelta. Puis, toute réflexion « pas faite », décide de la donner. Du coup, certains sifflent. Un vrai congrès de caractériels !
     Sebastien Castella (Légère division, après un avis – Silence) laisse perplexe. On l’attend avec espoir et générosité. On admire certain geste de grande classe. On souhaite pouvoir exploser d’enthousiasme… mais on se regarde, tout à coup, dubitatifs ; on fait la moue… et on se dit qu’encore une fois, ça n’a pas marché.
     Hier, le français touche les deux plus durs, les plus violents et sournois. Mais on se demande quel jeu auraient donné ces toros, avec une pique de plus ? Et que se serait il passé si Castella n’avait pas cette obsession de vite passer à la courte distance, au toreo « à bout portant », qui déclencha derrotes et moult accrochages de muleta, désarmés et moments de danger.
     Au final, des trasteos déroutants, de mas à menos, sans emprise sur le toro, ni sur les gradins. Public silencieusement déçu, qui ne se mit en rogne que sur des estocades défectueuses.
     On apprécia le début de la première faena, par cinq doblones et un joli remate. Hélas, le toro, court et pegajoso ne le laissa pas faire le toreo fondamental… « ni l’autre », à bout portant. Le sixième est aussi compliqué, et le torero a un petit geste de dépit, au milieu de la faena, qu’on devra oublier bien vite.
     A Bilbao, vraiment, il faudra être « autrement » !