Reseña du 13 août 2003

 

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FERIA DE DAX… AU JOUR LE JOUR !

     13 Août : Au milieu de tant de « copinage » et de « coquinage »… Dax va son chemin, en indépendant (como debe de ser !) et joue, dès aujourd’hui, son « Challenge 2003 ». La feria débute, avec son cortège d’espoirs, de questions, de critiques… Comme d’habitude ! Cinq jours de Feria, cinq corridas, trois novilladas sin picar, une corrida de Rejoneo… Mucho !

     Devant un tel programme, on se contentera, chaque jour, de présenter le cartel du jour, et les défis qu’il impliquera, les intérêts particuliers qu’il suggérera…
     Ainsi tenez : Aujourd’hui, la feria débute par un lot de Victoriano del Rio pour Morante de la Puebla, El Juli et Cesar Jimenez.
     Côté toros, les Victoriano ont fait hurler, du côté de Castellon. Dax est grande terre pour un desquite.
     Morante de la Puebla est en verve, en ce moment. De plus, il fut bien intéressant, ici, l’an passé, quand personne ne lui faisait plus confiance. Ces deux raisons additionnées devraient le motiver fortement. Seule point noir, qui lui a coûté de nombreux trophées, en juin et juillet : L’épée. Mais, si un toro permet, le Morante nous amènera … très haut.
     El Juli nous a laissés pantois, à Mont de Marsan. Par ailleurs, il n’a jamais complètement triomphé, n’est jamais complètement « entré » à Dax. Fortement contesté et « mangé par Ferrera », l’an passé, il a toutes les raisons pour mettre le paquet, et moucher au passage cet insolent Jimenez, qui profite sans honte de son passage « un peu gris ».
     Cesar Jimenez coupe partout, en ce moment. Par ailleurs, son gros fracaso montois est là, tout frais. A n’en pas douter, il va vouloir démontrer que… 
     Il aura du travail, parce qu’ici, on demande le « menos a mas », et il faudra plus que « six rodilazos annoncés » pour convaincre l’aficion…

     Une première donc, qui peut se révéler passionnante, même si on aurait préféré voir ce cartel, plus avant dans la feria.
     A ver lo que pasa ! Suerte, toreros ! Suerte Dax ! 

                                         DAX: FERIA 2003
Mercredi 13 Août:
     Toros de Victoriano del Rio, pour Morante de la Puebla, El Juli et Cesar Jimenez
Jeudi 14 août :
     Toros de Manolo Gonzalez, pour Rivera Ordoñez, Antonio Ferrera et Sebastien Castella
Vendredi 15 Août, au matin – Rejoneo :
     Toros de Sanchez Cobaleda, pour Marie Sara, Andy Cartagena et Diego Ventura
Vendredi 15 Août :
     Toros de Dolores Aguirre, pour Juan Jose Padilla, Davila Miura et Anton Cortes.
Samedi 16 Août :
     Toros de Victorino Martin, pour Fernandez Meca, El Cid et Javier Valverde.
Dimanche 17 Août :
     Toros de Samuel Flores, pour Enrique Ponce, Javier Conde et Salvador Vega.

     A l’habitude, il y aura concours des novilladas non piquées, en matinées des 14 et 16 Août, en ce qui concerne les éliminatoires. Finale, le 17.

 

DAX : LE HASARD FIT (PRESQUE) BIEN LES CHOSES…
Une oreille pour le Juli.

     14 Août : L’anecdote raconte qu’hier, pour la corrida d’ouverture des Fêtes de Dax, le Juli vint assister au sorteo. Etonné de voir que les cuadrillas voulaient mettre « en réserve », le grand burraco N°37, il insista pour qu’il entre dans le sorteo, en espérant que le sort lui soit favorable, et qu’il lui attribue le toro dont il s’était entiché.
     On ne refuse rien au Juli, même quand on s’appelle « le sort » !
     « El Juli se enamoro del toro… y le toco ! » Le Juli s’était amouraché de ce toro, et le destin combla ses désirs. On en parla beaucoup, et tout le monde attendait le fameux cinquième…

     Quand il sortit, muy guapo, le Juli avait déjà coupé une oreille, forte, démontrant grande capacité technique et réelle envie de triompher.
     Quand sonnèrent les clarines, la tension monta d’un cran, et le torero serra les dents. « C’est pas le tout ! va falloir démontrer pourquoi ce toro m’a plu ! »
     Hélas, des les premières charges, le fameux burraco se révéla très faible, et les protestations fusèrent. Visage crispé, très concentré, le jeune diestro mit alors tout en œuvre, d’abord pour que l’on ne renvoie pas le bicho au corral, et ensuite, pour prouver qu’il avait eu raison. On eut alors droit à un festival de technique et de volonté, d’intelligence et de verguenza torera, qui eurent pour résultat une lidia appropriée, une faena peu spectaculaire mais de grand intérêt, le garçon poussant son orgueil jusqu’à vouloir tuer recibiendo, rien que pour prouver qu’il avait eu raison.
     Cela faillit bien marcher, et s’il ne triompha entièrement, hier, à Dax, le Juli sortit de la plaza sous une ovation unanime, ayant coupé une oreille que beaucoup auraient aimée voir « doublée », et démontré grande volonté, tout au long d’une tarde que la chaleur et la faiblesse des Victoriano del Rio avaient plongée dans la torpeur.
     Certes, il y eut des « chispazos », des éclairs de grande classe, notamment sur quelques muletazos du Morante, mais le dénominateur commun des six lidias fut : « Mimar al toro »… prendre soin de ne pas le faire tomber.
      « Baisser la main » fut, hier, quasiment impossible, et seul le Juli trouva les solutions, à force d’intelligence et de toreria. De son côté, Cesar Jimenez débuta très bien… et finit très mal. Un bon copain me glissa "Tu pourras dire, cette fois, que Cesar Jimenez alla "de menos a menos !"
     Vache! … mais pas forcément  faux !

     Dax, première de feria : Anecdotes et un moment d’émotion. Tandis qu’un clairon sonnait aux morts, la plaza respecta intensément une minute de silence, en hommage à deux personnages qui firent partie de son histoire : L’inoubliable Pagnot, et le Potra, veedor de la plaza, depuis des années, légende vivante du mundillo, décédé, le matin, à Séville.

     13 Août – DAX – 1ère de feria – Lleno – Chaleur moite et ciel « se grisant », à mi course :
     Six toros de Victoriano del Rio (le 3ème, de Cortes - Deuxième fer) inégalement présentés (les 3, 4 et 5 plus hauts et charpentés).
     Plusieurs toros, notamment au début, sortirent avec les pitones escobillés, qui soulevèrent des protestations. Les toros ont beaucoup tapé (en particulier le premier) ou planté les cornes dans le sable et la caillasse (1, 3, en vuelta de campana).
     Corrida qui sortit fort, mais révéla rapidement une grande faiblesse dont il fallut tenir compte, tout au  long de la lidia. Corrida noble, pourtant, qui aurait permis de grande choses, avec « plus de moteur », et de meilleurs appuis. Toros « fijos » et « prontos », mais…
     Morante de la Puebla (Silence partout, avec un avis au quatrième) allait vêtu de blanc et noir « a cuadritos ». Costume de torero « artiste » pour un Morante qui fit rugir quelques « olés » secs, sur trois bonnes véroniques au toro d’ouverture, lequel avait méchamment percuté un burladero, dès sa sortie. Ce topetazo eut de funestes conséquences, le toro sortant du puyazo en lourde vuelta de campana. Toro faible, noble, que le  Morante va toréer longuement, « mettant les reins » sur plusieurs derechazos, longs mais isolés, sans pouvoir lier, sans pouvoir « transmettre ». Faena de courts éclairs de grande classe, que le public suivit avec une placide admiration. Pinchazo, une demi lame atravesada et deux descabellos. Début en demi teinte.
     Le quatrième, toro sérieux, montado, armé vers le haut, fut beaucoup plus solide et retors. Morante essaiera de se convaincre de sa noblesse, mais ne se confiera qu’à moitié. Longue faena, un peu répétitive, multipliant les passes fondamentales d’inégale qualité, ne se libérant qu’en fin de trasteo, pour un trincherazo, un remate de grande classe, et deux molinetes « culeros » qui divisèrent les opinions. Pour conclure, le Morante mit deux pinchazos feos, et se fit surprendre en une préparation de descabello « génuflexée ». Dans un ultime arreon, le toro « lui passa dessus », heureusement sans autre dégâts que le "susto"..
     Sans être « mal », le Morante n’a jamais pu se libérer complètement. Peor para nosotros!
     El Juli (Une oreille, pétition de la deuxième et bronca au président – Grande ovation, après un avis, et pétition incomplète) a connu une journée irréprochable, que le bilan comptable ne reflète pas. Un triomphe qui ne pouvait être spectaculaire, du fait de l’endémique faiblesse de ses deux toros. Cependant voyez : à force d’intelligence, de technique et d’envie, le Juli réussit à faire qu’à partir de la deuxième série, les toros « ont voulu charger », et ne tombèrent plus...
      Son premier manifesta de la faiblesse, et peu de monde donnait cher de la faena, en fin d’un deuxième tiers rapide et discret. Cependant, le Juli sut attendre et mettre en valeur un toro noble, « pronto », très fixe dans la muleta. Avec une grande dose de force en plus, on avait là « un grand toro ».
     Première partie de faena, légère, égrenant les muletazos a mi hauteur, sans déranger le toro (dejandolo a su aire). Puis, peu à peu, la muleta se fera plus impérative, et le Juli finira par se laisser aller à de longues passes, templées, suaves, bien enchaînées. Il y eut un trincherazo « royal », et de longs pechos « bien tournés », qui firent un peu penser… à Mont de Marsan.
     Faena « a mas » d’un Juli heureux, libéré, muy maestro, face à un toro d’une grande noblesse et très prompt à charger, mais hélas un peu trop faible. C’est probablement la raison pour laquelle le président, après une entière trasera, refusera d’accorder la deuxième oreille, que certains demandèrent longuement. (C’est là son critère, et nous le respectons : attribuer deux oreilles, d’entrée, dans ces circonstances, n’était pas facile. Qu’aurait il du donner si, quelques instants plus tard, un torero montait « un tabaco », à un toro fort et encasté ?)
     Le Juli « croyait », au cinquième. Hélas, il se rendit compte, immédiatement, qu’il était bien faible. Et, malgré les protestations qui fusèrent, il fit tout pour y croire. Y estuvo bien ! Tout d’abord dans un tiers de banderilles, pas génial, mais plus serré, plus sincère, plus propre qu’à son premier. Faena « de vouloir » ! Faena de « faire tout son possible pour démontrer que le toro était bon, et qu’il avait eu raison d’insister ».
     Un vrai cabochard, le Juli !
     Un torero de parole et de pundonor, également. Même si certains ne voulurent pas en tenir compte, sa faena, forcément irrégulière, fut d’une grande volonté, allant à mas, intercalant des suertes légères et habiles, avec un toreo plus appuyé, plus profond, plus lié.
     Sachant que sa faena n’avait pas entièrement convaincu, le Juli cita au récibir, pour une media buena, qui mit un peu trop de temps à faire effet. Il perdit là une oreille, mais pas la reconnaissance d’une plaza qui le fit saluer au centre, sous une immense ovation.
     Cesar Jimenez (Silence – Ovation, après un avis) commença fort bien, et finit…comme d’habitude.
     La première partie de sa faena au troisième fut remarquable, toréant vertical, erguido, la muleta à mi hauteur, au rythme des charges d’un toro noble, mais faible. Toreo classique, adapté, face à un joli burraco qui avait fait une demi culbute, au sortir d’un puyazo léger. Hélas, le madrilène voulut doubler un changement dans le dos, à mi faena, et se fit désarmer. A partit de cet instant, le trasteo, jusque là limpide, se fit plus accroché, beaucoup moins convaincant. Deux pinchazos bien vilains noircirent encore le tableau, et Jimenez perdit tout crédit.
     Il passa longuement de cape le sixième, par delantales et chicuelinas. Après un quite par navarras bien remate en double rebolera haute, le jeune diestro alla brinder au public, cérémonieusement, et se mit à genoux, au tercio, tandis que le public poussait un « ha ! », style « Je vous l’avais bien dit ! »
     Il y eut sept muletazos, les deux genoux en terre, d’un mérite indéniable, mais qui n’émurent personne. La faena ne prit jamais son vol, et, la torpeur aidant, personne « n’y crut plus »… Multi séries, plus ou moins limpides, et quelques sifflets appelant à l’apéro…
     Cesar Jimenez en termina d’une entière desprendida de rapide effet, qui lui valut une ovation, mais également un constat : Il ne « rentre pas » dans le Sud Ouest.
     A signaler qu’à ce toro, El Chano « en fit un peu trop », pour deux bonnes paires de banderilles, son matador l’invitant immédiatement à saluer, ce qui « prédispose » le public, avant la faena. Pero, fallo !