Reseña du 25 juillet 2002

 

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MONT-DE-MARSAN : QUAND PADILLA SAUVE VICTORINO…
Excellente présentation de Javier Valverde

     26 Juillet : La corrida de clôture de la Madeleine 2002 aurait pu être un fracaso retentissant. Un torero l’a sauvée… Juste retour des choses !
     Après les apothéoses auxquelles nous étions (trop mal) habitués, il fallait bien que cela arrivre un jour…
     Cela fait cinq ans que la Victorinade « sauvait », en partie, la Feria de Mont de Marsan. Cette fois, elle a failli l’engloutir. Adieu l’admiration, l’émotion, le rythme, l’intensité des « versions passées »… Cette année, on peut se demander quelles auraient été les réactions du public si les toros sortis hier, avaient porté, par exemple, la devise d’un Jose Luis Marca ou d’un quelconque Domecq… « Pues, queman la plaza ! »

     La corrida est sortie, basse, réduite, faible et endormie au cheval. La corrida est sortie, mobile certes, mais bourrée de défauts, « regardant » beaucoup, « marchant » beaucoup, se retournant beaucoup et vite… Si on ne nous croit pas, qu’on interroge Fernandez Meca, qui a du passer un des plus mauvais moments de sa carrière… Qu’on en parle a Javier Valverde, face à son premier.
     Hier, à Mont de Marsan, Victorino aura eu du mal à revendiquer une quelconque place de Numéro Un au ranking ganadero.
     Ces toros sont « différents », certes, mais la corrida d’hier, même dans sa « différence »  fut pour beaucoup une immense déception, de par sa présentation, et par le jeu « qu’elle n’a pas donné », en particulier au premier tiers...

     Heureusement, un homme a, en partie, gommé ce lapsus. Dieu sait qu’il n’est, ni un grand classique, ni un grand technicien, ni un artiste de haute inspiration. Dieu sait qu’il n’est pas torero de notre dévotion… Mais il faut bien reconnaître que la décision, l’abattage, la puissance et une certaine sincérité, ont fait de Juan Jose Padilla l’indéniable triomphateur de la corrida… et de la feria. Quatre oreilles, dont une, fort discutable, sont là pour en témoigner, tout comme les visages en joie, dans les gradins… et dans le callejon.
     Alors, ne boudons pas le plaisir de la majorité… Hier, à Mont de Marsan, le public a préféré rugir de plaisir, plutôt que de gronder sa colère. C’est bien ainsi !
     Juan Jose Padilla, pueblerino presque détestable devant son minuscule premier, mais « se sauvant » par une impressionnante cogida au moment de l’épée, a surpris beaucoup de monde en ralentissant son toreo, face au noble cinquième, et en portant une estocade digne des « canons de Navarone », avant que ne passe Grégory Peck et sa bande de dynamiteurs... Quatre oreilles, c’est beaucoup, mais c’est bien peu, à côté de l’énergie dépensée par le Jerezano.

     A ses côtés, plus calme, plus classique mais tout aussi décidé, Javier Valverde. Le jeune Salmantino vient de prendre l’alternative. Il se présentait en France, de matador de toros, et prenait de Victorinos, pour la première fois. On peut dire que sa sortie est des plus positives, de par le sérieux, la fermeté et le talents déployés. Passer derrière « le Typhon Padilla » et « faire dans la sobriété », deux minutes après l’immense orgie…, cela ne manque pas de  mérite, que le public sut lui reconnaître.

     Au palco, la Victorino Martin Family ne disait rien… mais, peut-être pensait elle que, pour une fois, un torero lui avait fait le quite…et qu’il faudrait « rectifier le tir », l’an prochain ! Cependant, « les choses étant ce qu’elles sont… », il n’en manquera pas pour dire que nous avons vu « une grande Victorinade » ! Bueno ! Chacun voyant dans la corrida ce qu’il va y chercher, nous respecterons cet avis. C’est aussi pour cela…que nous sommes Aficionados !

    25 Juillet – MONT DE MARSAN – 5ème et dernière de La Madeleine – Llenazo – Temps gris et lourd.
     Corrida de Victorino Martin : Basse, de profil ; Fine, de face, « se cachant » derrière des armures sérieuses, sans exagération. Corrida qui est sortie mobile, correosa, avec tendance à la distraction et la fuite (le deuxième sauta au callejon et deux autres y regardèrent beaucoup). A part le cinquième, les toros furent difficiles à fixer aux capotes. A la pique, même s’ils furent mis plusieurs fois, et de loin, au cheval, on dut les « protéger », car ils eurent tendance à faiblir et s’endormir sous le fer. « Descafeinados », au premier tiers. A la muleta, un toro noblisimo : le cinquième. Un terrible et dangereux : le quatrième. Entre ces deux extrêmes, des charges qui se raccourcissent, des retours secs, des regards lourds de menace. En un mot : petits, souvent vicieux, maintenant l’inquiétude de tous. En un mot… une corrida des plus incommode pour les toreros.
     Stéphane Fernandez Meca (Silence – Division) ne fut jamais « a gusto ». Son premier est faible au cheval, court à la muleta. Meca essaie de la passer des deux côtés, sortant avec difficulté de chaque série. A un moment, on croit qu’il va y arriver, sur main gauche… mais un upercut du toro le fait renoncer. Deux pinchazos et une entière suivie d’un descabello.
     Le quatrième est un danger ambulant. Una caja de bombas ! Endormi à la pique, ce toro va se mettre à marcher, marcher, le regard « directement dans les yeux du matador »… Celui-ci va aguanter deux charges, puis se faire totalement déborder, accentuant les défauts du toro, finissant en panique. Et on peut le comprendre ! Epée "de gendarme", sortant de cinquante centimètres, sur le côté ; un pinchazo, très compromis, et l’entière libératrice. Fernandez Meca s’est fait très peur… Et à nous donc !
     Juan Jose Padilla (Deux oreilles – Deux oreilles) a connu une apothéose que personne ne pourra lui discuter, quant à l’intensité. Que les récompenses attribuées soient justes ou non, passe à l’arrière plan. Le public a récompensé l’abattage, l’énergie et la grande bonne volonté du Jerezano, tant à la cape qu’aux banderilles, tant à la muleta qu’avec l’épée.
     Son premier est un moustique, cardeno muy claro, qui galopa dans tous les sens. Padilla le toréa bien à la cape, le banderilla en puissance, terminant par une paire « al violin ». La faena comportera plusieurs séries de droitières très liées, clôturées de vibrants double pechos. Puis, ce sera une débauche de diverses vulgarités, qui mirent la plaza en ébullition. Entrant court, le grand Padilla « tombe » littéralement sur le petit toro, qui le prend au niveau du ventre et le lève haut, dans un furieux dernier hachazo. Le costume déchiré, tordu de douleur, grimaçant d’importance, Padilla lutte pour ne pas être emporté vers l’infirmerie… Le toro tombe et la plaza explose, d’émotion et de joie. Une oreille, immédiate, le président résistant un moment, mais devant abandonner ses prérogatives et lâchant la deuxième oreille, sous peine de se faire écharper par la masse « vociférante ». Padilla donna une vuelta d’apothéose et fila à l’infirmerie, dont il revint, le costume dûment « strappé Velpeau »!
     Par contre, son actuacion au cinquième est complète, digne d’éloges. Bien au capote, avec des véroniques ralenties, à droite. Enorme de puissance et de vista, aux banderilles, en particulier dans un «violin » parfait. Surprenant, à la muleta, dans une faena beaucoup plus sérieuse, plus posée, que le première, tirant deux séries de naturelles amples, ralenties, parfaitement liées à de grands pechos. Ce n’est pas du Paula, mais… Pour en finir, un monumental coup d’épée, dont le toro sort moribond. Deux oreilles incontestables et une vuelta d’enfer, le sympathique jerezano doublant le tour d’honneur, dans l’allégresse générale. Rien à dire, sinon que le toro fut très noble, et que le torero sut se hisser à son niveau. Bravo !
     Javier Valverde (Ovation – Une oreille) a remporté un sacré challenge : Un mois et demi après son alternative, de présenter en France, dans une grosse feria, en remplacement de Ferrera, et face à des Victorino Martin ! Monterazo !
     Son premier était bas, armé fin. Le salmantino, très calme, très ferme, le fixa par lances « génuflexés », avant de donner les trois grandes véroniques de la journée. Le bicho prend trois piques qui ne disent rien, et arrive sans grand jus, à la muleta. Valverde, très décidé, va essayer d’allonger cette charge, mais essuyer plusieurs retours très secs, dans les remates de chaque série. On a quelque espoir sur les premières passes de gauche, mais le toro va également fermer la porte, de ce côté là. Valverde essaie à nouveau, mais se fait longuement enlever et bringuebaler au dessus des cornes. Sans mal, heureusement. Une presque demie épée, en arrière et de côté, qui ne fait pas son effet, et une épée contraire. Ovation que libère un descabello. Estuvo en torero !
    
Le sixième sera peut être trop piqué. Qui le sait ? Valverde va démontrer, face à ce toro noble, mais qui ne dura pas longtemps, toute la sobriété, la fermeté et la personnalité de son toreo. Il y a du Viti, là-dedans. Une grande série de derechazos fut le sommet d’un trasteo sans aucune concession à la galerie, hormis trois pechos enchaînés. Tuant rapidement, Javier Valverde coupa une oreille de justice et de raison. Une oreille qui doit lui servir à gagner des contrats et des postes dans l’escalafon. En tous cas, le jeune torero de Salamanca a gagné le respect de l’Aficion du Sud Ouest, qui le reverra avec plaisir.  

     Final de la feria 2002. Ce fut long, parfois un peu poussif. Mais la sortie, radieuse, de Padilla, ovationné par la foule, debout, en restera l’image première. Après tant de coups reçus, tant de cicatrices « inoubliées », le Jerezano méritait bien cela. Viva !