Reseña du 24 juillet 2002

 

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MONT-DE-MARSAN : DANS UN RIDEAU DE PLUIE …
Les trois toreros, en triomphe !

     25 Juillet : La quatrième corrida de la Feria de La Madeleine 2002 s’est terminée en apothéose : six oreilles coupées, sortie a hombros pour le trois diestros… et un bon rhume pour tous.
     Bien ! Tout cela semble un peu exagéré (y compris le rhume !). Cependant, il est indéniable qu’il y a eu de bons moments, dus en particulier à l’allant et la race des toros de Salvador Domecq « El Torero », ainsi qu’à la grande bonne volonté des trois toreros.

     Jour de pluie sur Mont de Marsan !  Non pas de ces bonnes averses, bien franches, que l’on voit arriver de loin, aussi courtes que violentes.  Au contraire, ce fut un continuel rideau d’une pluie fine et pénétrante, style « sirimiri bilbaino », s’insinuant dans les moindres recoins, dégoulinant doucement dans les moindres cols, jusqu’en bas de chaque dos (aaahh !), vous trempant plus sûrement qu’une vague au Rocher de la Vierge, quand l’océan n’est pas content. Tantôt bruine, tantôt douche plus conséquente, la pluie  nous a en partie gâché le plaisir, les photographes utilisant maints stratagèmes pour essayer de protéger leur matériel, tout en captant quelques bons souvenirs. En vagues « plasitifiées », vertes, bleues ou jaunes, le public se protégeait comme il pouvait Pendant ce temps, il en est un qui ne se posait pas de question : le légendaire alguazil, qui déambulait dignement, se protégeant d’un immense parapluie, les plumes au sec. Ridicule, mais efficace !

     Reseña sans carnet… compte rendu « sans filet » ! Impressions attrapées « au vol » et rangées en vrac dans la mémoire, sans le secours du stylo. Papier noyé, crayon muet ! Allons y !
     On craignait ! On avait le souvenir des Salvador Domecq d’Eauze, et des bruits de couloir parlaient d’une présentation indécente… Bref, une catastrophe annoncée.
     De fait, « au travers du rideau de pluie », la corrida d’El Torero est sortie, certes réduite de trapio, pour certains, mais bien faite et correctement armée. Ce qui a surtout frappé l’aficionado, ce fut l’allant, le moteur, la race de ces bichos, qui n’ont pas arrêté de galoper, d’attaquer, de charger, tout au long de la tarde. On se souviendra longtemps du troisième, qui a bien failli faire exploser Castella, et du quatrième, plus imposant, plus templado dans sa charge.
     On se souviendra des hommes. Chacun dans son style, ils donnèrent le maximum et, si le distributeur d’oreilles s’est un peu emballé, et la sortie a hombros semble un poil exagérée (le seul qui restait de sec !), on peut quand même les féliciter d’avoir ainsi « aguanté le temporal », en vrais loups de mer et en vrais toreros.
     Stéphane Fernandez Meca nous a paru bien énervé, ce jour. Virulent, gesticulant, peut-être tout simplement « heureux ! », le français s’est montré omniprésent comme chef de lidia et, habitué à de plus rudes batailles, a tiré son épingle du jeu. Sa faena au quatrième méritait elle deux oreilles ? « Au travers du rideau de pluie »… on dira que la faena fut correcte, l’estocade, supérieure… et  qu’il y avait peu d’oreilles coupées au cours de cette feria.
     El Juli a eu, hier, un immense mérite. Blessé au pied gauche par son épée, dimanche à Marbella, le garçon souffrait visiblement, avant le paseo, et se plaignait, très dignement. A part quelque discrète boiterie dans la boue, il n’en laissa rien voir, de toute la tarde, banderilla ses deux toros, et mit un énorme coup d’épée. Deux oreilles sont tombées au cinquième, résultante de la générosité présidentielle au toro précédent. Peu importe. Si le vrai Juli n’est toujours pas « rentré » à Mont-de-Marsan, le torero a montré hier, une grande partie de sa caste, et en cela, sa sortie a hombros est méritée.
     Sebastian Castella paraît toujours aussi fragile, et sa voix toujours aussi fluette. Ne vous y trompez pas ! le garçon a eu un formidable mérite devant ce typhon cornu qu’était le troisième toro. Plusieurs fois désarmé, menacé, poursuivi, Castella a supporté la tempête et tout à coup, décida que « maintenant, c’est fini ! C’est moi qui commande ! » Ce fut le moment le plus intense de la corrida, et de la feria. Il y avait en piste, le réel combat d’un homme face à un vrai toro. Et la pluie ne parvint pas à éteindre le magnifique incendie… L’oreille fut « en or ».
     Voilà, à grands traits, les impressions « sans carnet, sans filet ! », que laisse la quatrième corrida de Mont-de-Marsan. La sortie fut euphorique, et beaucoup d’aficionados se regardaient d’un air entendu. Peu importe ! Dans le rideau de pluie, des petits toros de Salvador Domecq et trois valientes avaient réveillé… le soleil de la Fiesta Brava. Quitte à se voir à nouveau « trempés comme soupe », on en redemande…

     24 Juillet – MONT DE MARSAN – 4ème corrida de La Madeleine – Llenazo – Pluie fine et pénétrante, quasi continue :
     Corrida de Salvador Domecq « El Torero ». Toros de taille réduite mais bien faits, armés commode mais fin. Les premiers et sixièmes furent « en dessous » semble t’il, de la catégorie de la plaza. Cependant, le lot manifesta, à divers degrés, une race, une agressivité, une mobilité, qui a rendu la corrida passionnante, malgré les mauvaises conditions météo. Toro passionnant, le troisième, très encasté, pegajoso inépuisable. Précieux le quatrième, noble ; les cinq et sixième, répétant leur charge, en diverses intensités. Intéressant le premier, qu’il fallu combattre, vraiment. Seul, le deuxième fit preuve de quelque soseria, avant de partir aux barrières, terrain qu’il avait d’avance choisi, pour se protéger de la pluie. Le lot a fait très sèchement son travail au cheval, en de courtes piques, intenses. Le quatrième, « Reojos », fut le plus brave, bien mis en évidence par Fernandez Meca, et son piquero.
     Stephane Fernandez Meca (Vuelta, après pétition – Deux oreilles, un peu protestées) remplaçait Joselito. Il tint a justifier à tout prix son double contrat, à la Madeleine. On le vit omniprésent, comme chef de lidia, tout au long de la corrida. Précieux, pour les collègues. Son premier toro est un petit nerveux que le français reçoit en une larga à genoux très serrée. Puis on retrouve le Meca, rageur et engagé, toréant muleta en avant, très basse, en longues séries musclées, closes de pechos doublés, très autoritaires. Bonne faena, sanctionnée d’un récibir, contraire et en arrière, suivi d’un descabello, seul au milieu du ruedo. Il y eut pétition, que le président refusa d’entendre.
     Euphorique, un brin excité, le français brinda au public, le bon quatrième. Ce fut une faena, classique, à un excellent toro. Faena comportant de bons enchaînements, mais sans la profondeur et l’expression artistique que méritait le bicho. Par contre, le volapié fut de « mention très bien » et mort spectaculaire du toro, au milieu d’une excitation un peu excessive. Deux oreilles, dont l’une fut fortement critiquée par une partie de la plaza.
     El Juli (Silence – Deux oreilles, un peu protestées) eut du mal avec son premier, qui cherchait à rejoindre sa querencia aux barrières. Toro qui gigote dans tous les sens, en particulier au tiers des banderilles, où il n’aurait jamais du s’engager. D’abord, parce qu’il n »’était pas en condition physique pour le bien faire. Ensuite, parce que le toro, sans fijeza aucune, ne permettait pas le succès dans cette discipline. La cuadrilla patina beaucoup au placement, et Juli cloua avec mérite, mais à la sauvette. A la muleta, toro pénible, d’aucun relief, qui passe et sort du muletazo, désirant rejoindre son abri. A l’épée, cela se passe mal, et Juli rentre en grimaçant.
     Le cinquième est noble, et Julian Lopez pense pouvoir développer tout son registre torero. Ce ne sera que partiellement le cas. Faena accélérée, le torero voulant forcer un rythme, que le toro ne put suivre, fléchissant à plusieurs reprises. Une faena qui nous sembla (à travers le rideau de pluie) « sans unité », sans crescendo, sans  « la série définitive », celle qui rallie tous les suffrages. Par contre, bien préparé, « en corto », un énorme coup d’épée, dont le toro sort « rodado ». Mort immédiate et deux oreilles accordées, partie du tendido protestant la seconde. Cependant, vu les trophées accordés a Meca…
     Sebastien Castella (Oreille – Oreille) toucha un premier toro très collant, pegajoso. Toro qui alla « a mas », après un premier tiers intense. Un toro  qui ne cessa de marcher sur le torero, le mettant en danger, le débordant à plusieurs reprises. La première partie de la faena fut « de défense », le torero supportant les dures charges répétées du bicho, ses coups de boutoir et ses regards menaçants. A la limite de l’explosion, Castella supporta les assauts, essayant d’endiguer ce typhon infatigable. Tout à coup, le torero « se planta » dans le sable, et donna une première série droitière, qui surprit à la fois le toro et le public. A partir de cet instant, Castella commença à s’imposer dans une suite de séries intenses, très vaillantes, qui finirent par dompter l’animal. Vrai desplante, pour une grande ovation. Sebastien pinchera une fois, manquant de se couper à la main, avec l’épée, et tuera d’une bonne demie. Gosse oreille, bien méritée.
     Le sixième était plus réduit, semblait armé plus commode. Castella dessina une longue faena un peu irrégulière, comportant de bonnes séquences, en particulier sur main droite. Gros mérite du français, qui sut maintenir l’intérêt et triompher à son tour, passant derrière ses deux collègues, doublement récompensés. Oreille pour Sebastian Castella et sortie a hombros générale.

     Cinq minutes après, le soleil pointait… Que cabron !