Reseña du 22 juillet 2002

 

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MONT-DE-MARSAN : « TROIS EN UN ! »
Manolo Caballero coupe la première oreille de la Feria

    23 Juillet : La novillada de samedi étant « fuera de abono », on peut considérer que les oreilles coupées par Manuel Escribano n’ont que peu à voir avec la feria proprement dite.
     Donc, hier, lundi 22, la « vraie » première oreille de la Madeleine 2002 est allée aux mains de Manolo Caballero, presque en toute justice. Par ailleurs, Cesar Jimenez a d’abord ravi, puis convaincu grande partie des aficionados. Quant à Jose Tomas, aux cheveux coupés tellement courts qu’il en a perdu sa coleta, au cours de la corrida… on dira qu’il est passé, a fait quelques minauderies, et s’en est reparti, aussi hermétique que son coffre à la banque d’Espagne.

      Corrida qui ne décolle pas, diront certains. « Véritable toston ! », s’écrieront les autres en commandant leur cinquième « jaune » !
     Nous dirons simplement que nous sommes passés hier, à côté d’un grand moment, et de ce fait, avons assisté à un énorme scandale, par la faute de gens qui se disent « professionnels, faisant tout pour satisfaire le public »
     La corrida de Javier Perez Tabernero était du genre réduit, par rapport aux toracos de la veille. On s’en doutait. Mais trois toros ont été tellement braves que, s’ils avaient été correctement piqués, on parlerait aujourd’hui, d’une toute autre corrida.
     Braves mais mal piqués les deux et troisièmes… Très brave et horriblement trop piqué en une seul puyazo, le quatrième. Trois puyazos en un seul ! Combien de temps encore ? Ce toro prit une première partie de châtiment, fixé dans le peto, mettant les reins, poussant fort et droit, faisant reculer l’attelage. Une pique énorme, de grande classe ! Et puis, la deuxième partie, celle que l’on hait, que l’on déteste : le piquero s’acharne, pique et repique, monte sur ses étriers, tandis que la main gauche tire le cheval, droit à la maudite carioca. Cela dure des heures et le toro, forcément, s’y épuise, recevant alors un vrai « châtiment », à l’âcre goût de vengeance. Mais, bon Dieu ! mettez-lui quatre, cinq puyazos s’il le faut, mais courts, intenses, qui révèlent à tous, la bravoure du toro, l’adresse et la toreria du piquero, le sens de la lidia de son matador… Mais arrêtez donc ce massacre organisé, planifié, qui vole au toro de combat sa force et son honneur.
     Hier, on a failli assister à un incident : Après le terrible monopuyazo, le sieur Caballero se retourna élégamment vers la présidence, demandant le changement… Et la présidence refusa !
     Air contrit et peiné du  maestro : « Quoi ? Me faire cela à moi ? » Et on en remet une couche, histoire de mettre le public contre la présidence… « Le toro est piqué ! » Oui, mais mal piqué ! On vous a prévenu, avant le paseo…
     Bon gré, mal gré, il fallut ramener le toro au cheval, pour une deuxième pique, qui compte tenu de la triple raclée précédente, tenait lieu de « quatrième puyazo ». Bien, le président ! Il risquait gros : le toro pouvait y laisser ses dernières forces, et le matador pouvait également le jeter en pâture à la foule déçue par l’impossible faena.. Il n’en fut rien, heureusement…
     Et c’est ainsi que hier, Monsieur Caballero a certes coupé une oreille, mais a volé un grand moment aux aficionados : celui de la vuelta d’honneur à un toro très brave, et ensuite très noble…Et cela est impardonnable.
     Quand donc arrivera t’on à ces puyazos dans les règles de l’art, aussi nombreux que nécessaire, entrecoupés de quites où les toreros font briller leur répertoire ? Hier, vu l’intensité de plusieurs « premiers tiers », on aurait pu assister à « la corrida des quites » : Trois ou quatre puyazos à plusieurs toros, et une cascade de quites, de la part des trois artistes. Aujourd’hui, cela est impossible, dans 90% des corridas.
     Hier, « ils » nous ont volé un grand moment d’aficion et de Tauromachie !!!
     Et le public n’a rien dit ! Comme il n’a rien dit, lorsque Jose Tomas s’est franchement moqué de lui, face au cinquième. Certes, le toro ne valait pas grand chose, mais est ce une raison pour jouer ainsi les ballerines ? Est ce une raison pour ainsi picoter trois pinchazos, comme des olives « à un apéritif chez Madame de… » ? Le public, encore une fois, s’est tu, a presque applaudi ! Publico santo !!!
     Dommage ! avec un peu plus de « verguenza torera », les choses auraient pu être fort intéressantes, hier. Non une grande corrida, mais « une corrida très intéressante ».  Ces messieurs ne l’ont pas voulu, et le public n’a pas su se faire respecter. C’est ainsi ! Dommage !

     22 Juillet – MONT-DE-MARSAN – 2ème de Feria – Llenazo – Beau temps.
     La corrida de Javier Perez Tabernero est sortie fort disparate de présentation et comportement.  Le premier toro surprit beaucoup, paraissant l’un des jeunes fils de « ceux du dimanche ». Heureusement, cela s’arrangea par la suite. La corrida presque entière, est sortie  « enterandose », au pas, presque arrêtée « à la porte du garage », humant l’ambiance, comme se demandant « Que se passe t’il donc, ici ? » Puis, quelques pas, le long des barrières, en regardant beaucoup. Enfin le trot qui se transforme en charge plus puissante, comme pour les deux de Cesar Jimenez. Les autres ne permirent pas, ou trop peu, de toréer au capote, le cinquième paraissant affublé de quelque raideur du train arrière. 
     A la pique, les Salmantinos firent plus que leur devoir, y compris le deuxième, sorti figé, mais qui explosa littéralement à la barbe du piquero. Grande poussée du troisième, également. Puis l’épisode du quatrième « Pitinesco », très brave, dont on devrait chanter les honneurs de la vuelta, aujourd’hui. Monopique terrible ! « Trois en une ! » Un vrai sabotage ! Un vrai « sabordage ! »
     La corrida n’a pas donné grand chose à la muleta, excepté le quatrième, complet et le dernier, qui débuta faible, mais suivit la muleta de Jimenez, à la fois douce et autoritaire.
     Pour le reste, soseria et manque de caste, en particulier dans le lot de Jose Tomas. Mais, le matador, lui… où donc, dans quel recoin, dans quel tiroir secret, avait il donc rangé « sa » caste ?
     Manolo Caballero (Silence – Oreille) a fonctionné, face au burraco premier. Toro soso, manson, qui gratte et recule à mesure que le torero avance… Comment voulez vous ? Caballero égrena quelques passes et tua comme un cochon, de deux pinchazos, un vilain metisaca,  et une entière qui tarda à faire son effet.
     Après l’épisode « hold up » du quatrième, Caballero se retrouva avec un toro qui ne lui tint pas rancune, chargeant noblement la muleta, sur les deux côtés. L’albaceteño en profita largement, sans pour autant atteindre « l’Historique ». Bonne faena, débutée majestueusement, liée sur les deux mains, en particulier à gauche. Grande estocade, un peu en arrière et oreille logique. Mais, ne nous trompons pas, dans une corrida « de rêve », on devait avoir : Vuelta au toro et deux oreilles au matador, qui invite son picador à faire avec lui le tour du rond. Un rêve !
    Jose Tomas (Ovation – Silence « siffloté ») reprenait l’épée, après la cogida de Badajoz. Déjà, au patio : visage hermétique, le regard « en bas », les peones qui se mettent devant les photographes, bref… une grande joie de vivre ! Dans la plaza, l’air de toréer « pour lui », comme au campo. « Si cela vous plaît, bien ! Sinon, pueeees… »
     Il ne put toréer de cape, aucun de ses adversaires. D’accord ! Mais ensuite, son actuacion est sujette à caution. Jose Tomas donna une longue litanie de passes droitières « de règlage », à son premier. Faena qui ne décolla jamais, et se liquéfia définitivement sur le mauvais côté gauche. Epée en entrant fort. Bueno !
     Le cinquième, vilain cariavacado, traînait l’arrière train et le public ronchonna. Lésion ? Raideur passagère ? Cela ne fut jamais défini. Longuement piqué, lui aussi. Tomas débuta bien, avançant vers le centre, intercalant un bon trincherazo. Hélas, « trois fléchissements du toro, et deux enganchones de muleta, plus loin… », Tomas décida de tout plier, et piqua vilainement trois pinchazos, précédant une entière. On le laissa faire. Il y eut même quelque applaudissements.
     Cesar Jimenez (Ovation – Ovation, après un avis) « se regarde » toujours autant, et se trouve toujours aussi beau. Certains sont d’ailleurs d’accord avec lui. Cependant, on lui doit de très bonnes choses au cours de cette journée, en particulier à la cape, et dans sa faena au dernier. Il reçut le troisième par delantales et une grande demi véronique. Après avoir laissé piquer le toro en une longue « trois en une », le madrilène dessina son quite par chicuelinas et tafalleras. Faena débutée à genoux, un peu compromise, en son début. Le toro n’avait pas de continuité dans sa charge, et le torero fut obligé de « meubler », élégamment. Deux pinchazos et une entière en arrière et de côté.
     Grande série de véroniques en recevant le dernier, colorado. Moelleux de la cape, erguida la figura. Superbe ! Faena « a mas », devant un toro qui débute faible, trébuchant à plusieurs reprises. A la fois doux et autoritaire, Cesar Jimenez va le tirer  « vers le haut », en faisant presque un grand toro. Le trasteo débuta un peu haché, mais parvint à prendre son envol, en particulier sur trois séries de gauchères, dont une de face, bien liées au pase de pecho. Faena longue, technique, hélas clôturée par une épée basse, le toro chutant au moment de l’embroque. Le temps passa ; l’avis tomba et une possible oreille s’envola avec trois descabellos. Dommage.