Reseña du 21 juillet 2002

 

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MONT-DE-MARSAN : PITONES Y MALA LECHE…
Corrida compliquée de Sanchez Ybargüen

    22 Juillet : « Des cornes et un caractère de cochon ! » C’est ainsi que l’on pourrait traduire l’impression qui domine en cette fin de première corrida de la Madeleine 2002.
     Il y eut des toros, grands, armés, qui firent illusion le temps de trois photos et d’un « Haaaa! » d’admiration. Hélas, cela se transforma vite en d’autres exclamations, soit de déception, soit de peur. En plusieurs moments de la lidia, le public qui remplissait le Plumaçon, a eu l’occasion de sursauter, en particulier lors de la lidia des deux toros de Denis Loré. 

  L’un était un véritable assassin ; l’autre, exagérément armé, prit très vilainement Tino Lopez eu sortir d’une paire de banderilles, le cornéant en l’air, puis le cherchant longuement au sol, au grand dam des toreros accourus au quite. Très sale impression d’une grave cornada, le torero s’écroulant dans le callejon, avant d’être emporté en hâte vers l’infirmerie où l’on décela une petite cornada au côté gauche de l’abdomen. Le banderillero fut mis en condition pour le transfert et rapidement évacué vers le Centre Hospitalier des Landes où il fut opéré par le docteur Chaussende. Le bilan est moins grave que l’on aurait pu le craindre en revoyant les tragiques images de la cogida : deux côtes cassées, et aucun organe vital de touché. Suerte hubo ! 
     Pendant ce temps, l’organisation avait d’autres soucis. En effet, elle apprenait, coup sur coup, les blessures d’Antonio Barrera et de Ferrera, se retrouvant de nouveau devant la feuille blanche des possibles substitutions. Décidément, cette feria a pris l’allure d’un puzzle de mille pièces à reconstruire en dix minutes. Cinq remplacements, et ce n’est peut-être pas fini, car le Juli a été soigné hier soir, à Marbella, pour une coupure au pied… avec son épée. Mais, à chaque jour sa peine suffit ! Ce lundi, Cesar Jimenez remplacera Antonio Barrera. Quant à Ferrera, plus sévèrement touché, on ne savait pas encore, hier soir, qui prendrait sa place, devant les Victorino Martin. A priori, le Fandi ne torée pas, jeudi, mais … On verra bien !

     Hier… il y a eu des toros. Bon ! Grands, hauts et très armés. Bien ! Pour autant, la corrida ne laissera que peu de souvenirs, d’autant que les hommes n’ont pas pu, ou su, briller devant de tels mastodontes, souvent pourvus de mauvaises idées. Seul un toro a vraiment permis de se livrer à fond, ce que fit Pepin Liria en première moitié de sa faena au troisième. Pour le reste, toros « topones », « probones », « broncos » et pleins de regards de côté ou en dessous. La palme revint au troisième, qui trompa le monde en percutant le piquero, trois fois de suite, dont une en chargeant de loin. Hélas, le pseudo brave se transforma en terrible spadassin dès le premier muletazo. Comme s’il avait déjà été toréé. Denis Loré passa un mauvais moment, et nous de même…
     Côté des hommes, Zotoluco semble faire des efforts désespérés pour essayer de « rester quieto ». Ce n’est pas son année. Après les mésaventures de Madrid et Pamplona, le mexicain semble avoir atteint une limite, un plafond. Seuls, Arles et Nîmes ont pu, cette année, lui mettre quelque baume au cœur. Il serait étonnant de revoir le Zotoluco, en Europe, l’an prochain.
     Denis Loré a eu la guigne au tirage au sort. Suerte negra ! Il fit face, et s’en sort indemne. Ya es algo!  A revoir, dans d’autres conditions.
     Quant à Pepin Liria, il donne l’unique (et mérité) tour d’honneur de la soirée, après « s’être envoyé » le troisième, impressionnant de trapio, mais heureusement noble. A grands coups de « Hey toro, hey ! », martelés mille fois, Pepin Liria a pu capter l’attention du toro et du public, dominant l’un et séduisant l’autre. Le torero de Cehegin avait besoin de cela, vivant actuellement une dure saison. Bon pour le moral !
     Corrida dure, parfois intense. Corrida qui fait que l’on respecte les hommes, quoiqu’ils fassent. Corrida, pourtant, que l’on n’irait pas voir tous les jours…

     21 Juillet – MONT-DE-MARSAN- 1ère de Feria – Llenazo – Grand beau, avec des rafales de vent, au début.
     Corrida de Sanchez Ybargüen, de grand trapio et très armés. Le premier était « un tio » ; le troisième « un pavo » et le cinq « un pavo real ». Armures exagérément larges et pointues, impressionnantes. Le premier fit ronchonner les gradins, s’étant astillé les deux pitons, en labourant le sable et la caillasse, sur une chute, au sortir du cheval. Pour le reste, les burladeros vous diront que les cornes étaient pointues et très solides. Plusieurs toros ont rageusement planté leur piton dans le bois, en faisant voler des éclats à maintes reprises.
     Au moral, ce fut autre chose : Seul l’impressionnant troisième a donné un jeu potable. Les autres ont souvent manqué « de fijeza », de fixité dans les leurres,  et se sont défendus avec plus ou moins de violence et de force. Le deuxième est un assassin ; le quatrième, un violent, court ; le cinquième « amaga », fait semblant de déclencher, puis se reprend. A noter que le premier perdit le sabot antérieur droit, et que le sixième, magnifique colorado dut être rentré, pour boiterie intermittente : lésion ou crampe passagère. Algo tenia ! En remplacement, « un tonton » de Martinez Elizondo, aussi beau de corps que court et épais de corne… Toro soso qui plongea tout le monde dans la torpeur.
     Zotoluco (Courte division d’opinions – Petite ovation) a beaucoup patiné, toute la tarde. Donnant l’impression de vouloir mais ne plus pouvoir, le mexicain s’est montré sur le reculoir, devant le premier, très hésitant dans sa charge, parce que naturellement « probon », ou parce qu’il souffrait de son sabot perdu. Toro sérieux, devant lequel, le Zotoluco fut un peu gêné par le vent. Excuse que le public n’accepta pas. N’ayant rien dominé, le diestro ne domina pas la suerte de matar : vilain pinchazo et une entière habile, en sortant par devant, précédant deux descabellos.
     La faena au quatrième, deux fois correctement piqué par Efren Acosta, fut une suite d’essais, le torero « voulant » mais ne pouvant pas. Toro qui « regarde beaucoup », devant un torero qui ne lui donne pas confiance. Zotoluco multiplia les passes, le corps appuyé sur la jambe arrière, toujours prêt à la retraite. Trois muletazos en fin de trasteo, prouvèrent qu’avec plus de décision… Mais, facile çà dire ! Il tua en une entrée desprendida.
     Denis Loré (Silence – Palmas) a fait mentir son premier, en « lui rentrant dedans » au capote. Le toro répondit rageusement, et parut brave et encasté. Trois attaques fortes au cheval de Michel Bouix confirmèrent l’impression. Cependant, le toro s’endormit sous le fer. Aucune bravoure, la dedans. Panique aux banderilles. Toro « topon », qui percute, mais en garde sous la pédale. Danger ! Ce n’était qu’une douce préface à ce qui allait suivre : désarmant Denis Loré dans le troisième doblon, « Gavilan » va tout à coup révéler sa vraie nature : un assassin qui va directement « al bulto », tirant à la poitrine ou au visage de terribles derrotes, interdisant toute possibilités de trasteo. Ayant essuyé plusieurs upercuts, Denis Loré s’en débarrassa comme il le put, dans la compréhension générale, même si certains crurent bon de siffler.
     Le cinquième avait une paire de cornes à faire cauchemarder le diable, lui-même. Pas un assassin, à priori, mais un toro qui faisait semblant d’y aller et « en gardait un peu », de façon à mettre le mauvais coup de corne à l’imprudent qui passe. Il cueillit Tino Lopez, à la première pose de banderilles et lui mit une terrible raclée. Pris, cornéé en l’air, longuement et très violemment recherché au sol, le banderillero se releva, partit au callejon où il s’écroula en vomissant. Impression de grave blessure qui ne se confirma heureusement pas. Mais… vaya susto ! Faena difficile devant un toro qui avance d’un pas, se retient au dernier moment et « descoloca al torero ». Denis Loré essaiera, en vain, terminant en une inutile porfia. A l’épée, une vilaine épée, horizontale, basse, envainada (sous la peau), et une demie verticale. Pas de chance pour Loré, à Mont-de-Marsan. Voyons si cela sourit mieux, dimanche à Tyrosse… face aux Miuras.
     Pepin Liria (Vuelta – Palmitas) a donné les bons moments de la journée : Tout d’abord, les trois demi véroniques qui signèrent sa réception au capote de l’impressionnant troisième. Toro très armé, puissant, mais qui s’endormit sous le fer et se montra noble, mais imposant, dans ses attaques. Pepin Liria, très maître de lui, attaqua fort, en une faena intense, construite en courtes séries, nettes, sans fioritures. Clair dans ses positions, Liria imposa un trasteo vibrant que le toro suivit bien, au début. Le passage à gauche, où il fallut insister lourdement pour arracher deux naturelles, fit baisser le ton de la faena. La suite fut plus heurtée, le torero se montrant moins à son aise, jetant le toro « dehors », allant un peu « a menos ». Pinchazo et une entière vaillante, un peu de côté. L’avis tombe, et le toro de même, au deuxième descabello. Grande ovation et vraie vuelta.
     Malheureusement, Pepin Liria verra rentrer au corral le beau sixième. On ne sait ce qu’il aurait donné. Par contre, on compris tout de suite que le remplaçant de Chopera n’apporterait rien au débat. Toro distrait, soson, qui reste la  tête en l’air… pas grand chose à faire, sinon s’en défaire proprement. Epée tendida et longue séance au descabello. Mais le public avait déjà la tête ailleurs…