Reseña du 20 juillet 2002

 

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MONT-DE-MARSAN : « IL PARAIT QUE… IL SEMBLE QUE…MANOLO ESCRIBANO…»
Grande novillada de San Martin

     21 Juillet : Il paraît que…il semble qu’un novillero est sorti « a hombros », hier, de la novillada d’ouverture des Fêtes de la Madeleine, à Mont-de-Marsan. On reste abasourdi d’un tel triomphe, et une peu honteux d’avoir à le retranscrire. Pourtant c’est la réalité des faits.
     Donc, hier, Manuel Escribano est sorti en triomphe du Plumaçon, ayant coupé trois oreilles.    

           Pendant ce temps, ses deux compagnons avaient les yeux dans le vague, et méditaient sur la façon de couper les oreilles, eux qui avaient cent fois mieux toréé que le blond andalou, mais que le public avait applaudi du bout « du bout des doigt »… Certes, leurs faenas avaient été inégales… Certes, ils avaient aussi été « en dessous » de leurs adversaires, mais franchement, entre le classicisme des uns et cette espèce de « fourre tout » proposé par Escribano, on n’hésite pas longtemps.
     Oui mais voilà… Signe des temps ! on préfère  le clinquant, l’artificiel, le vulgaire, le facile… Et pendant ce temps, « la qualité doit baisser les yeux »…
     Jarocho est un torero qui fait les choses « bien », toréant classiquement, parsemant ses faenas de détails de grande esthétique. Rien de génial, mais, du métier et le sentiment d’être « en torero ». Le public et les circonstances se sont montrées injustes à son égard, en particulier, au quatrième toro.
     Raul Cano continue à nous laisser dans la perplexité. Est-ce « un mauvais » ? Est-ce « un mou » ? Est ce « un triste » ? Est-ce « un pleutre » ? Non… rien de tout cela, et peut-être même, l’exact contraire…
     A la cape, il est « juste » et a du mal à « parar » ses adversaires. Cependant, cela s’améliore bien, lorsque le toro est mieux fixé. A la muleta, un énorme problème : Il ne transmet pas ! Pourtant, regardez mieux la faena au cinquième : il y a eu de précieux muletazos, parfaitement engagés, profondément « naturels », les pieds posés bien à plat sur le sable ; la « main qui ne torée pas », parfaitement relâchée. Qu’on le veuille ou non, on retrouve une grande partie du Pepe Luis Vazquez fils, en 1979, lorsque novillero, il leva par deux fois la plaza de Valencia, et fit de grandes choses à Madrid. Et, à Valencia, on a eu la même impression, dérangeante : Cette façon timide, presque inquiète, d’approcher le toro… ce visage peu expressif…cette apparente fragilité… Il y a vraiment des comparaisons à faire. Ne nous y trompons pas : il est dur de toréer ainsi, et, à moins de monter « un faenon », complet, dans une grande plaza, Raul Cano n’a que peu de chance de « sortir du rang »…
     Le public préfère le facile, le brillant (même de pacotille), le jetable ! Il préfère Manuel Escribano ! Pues bien ! Il est vrai que le jeune homme se multiplie, tente tout, bouge beaucoup…Il fait tout, très vite, très vaillant…quoique !  Il est vrai, également, qu’il a « la fesse avenante »… C’est la deuxième fois, en une semaine qu’Escribano se retrouve, chez nous, les fesses à l’air. A priori, cela n’a pas l’air de le déranger, et certaines aficionadas, présentes à Bayonne et Mont-de-Marsan nous ont avoué attendre Villeneuve, avec impatience ! Serait ce donc là le secret du triomphe ? Il est évident que s’il met de son côté la gent féminine, par cet érotisme torride…apaga y vamonos !

     Bref, il y en a eu pour tout le monde, pour tous les goûts… et c’est très bien ainsi ! Par contre, il y a unanimité sur la novillada de San Martin : Grande et noble novillada qui a valu une vuelta d’honneur au mayoral. Cependant, si le public a salué la grande qualité de noblesse des six toros, le ganadero, Pepe Chafik, aura peut être levé le sourcil : Manquait peut-être le piquant Santacoloma… Mais, ne soyons pas plus royaliste que le roi ! Et hier, le Roi s’appelait San Martin !

     20 Juillet – MONT-DE-MARSAN – Novillada d’ouverture – Un gros tiers de plaza – Chaleur gris et moite.
     Novillada de San Martin, inégalement mais bien présentée, sérieuse, très correctement armée. La palme du trapio et de la « présence » dans le ruedo, revint au magnifique cinquième, du nom de « Arlequin », un cardeno qui fit une sortie de toute beauté. Dans l’ensemble, les novillos firent une sortie distraite, mouvante, dure à fixer. Puis, resserrant leur jeu, ils devinrent collants au capote, pegajosos et certains, comme Cano, ne purent s’en dépêtrer. A la pique, les novillos ne se firent pas prier, surtout le deuxième, leva le cheval (romaneo) et le grand quatrième qui poussa très bravement dans la première pique (trop longue) et vint de loin, à la seconde. A la muleta, les San Martin furent d’une grande noblesse, sans exprimer «le nerf des Santacoloma ». Longues charges droites, permettant aux muleteros de s’exprimer totalement. Un peu de faiblesse chez les deux derniers ; un peu de retard à déclencher (tardanza) chez le quatrième. Le troisième « Esparteño » était une véritable machine à charger, que l’on récompensa de la vuelta posthume.
     Problème : Le public réagit tardivement au moment du verdict. Il laisse passer du temps, et soudain se met à vociférer dans tous les sens. Pas facile pour le président. L’oreille se demande en agitant le mouchoir blanc, et immédiatement. Si la présidence ne bouge pas, on peut donner de la voix jusqu’à ce que…mais toujours « con clase ! »
     Jarocho (Vuelta après timide et tardive pétition – Petite ovation) a semblé un peu marginal et sans personnalité, face au bon premier. Faena sérieuse, débutée par quatre « à genoux », plein centre, et poursuivie sur les deux mains, tirant de bonnes naturelles et clôturant de grands pechos. Le public a suivi, froidement. Rentrant fort, le Jarocho laisse une lame entière, dont dix centimètres « sortent en dessous ». Peut-être a t’il perdu l’oreille à ce moment-là. Logique !
     Par contre, on est surpris du manque de réaction du public devant le bon toréo proposé au quatrième. Déjà, la portagayola avait été « bien aguantée » (contrairement à Escribano) et la faena se déroula, ferme et classique, le torero allongeant la charge, tirant de grands muletazos, doublant de grands pechos, en ligne ou sur l’épaule contraire. En fin de trasteo des adornos très bien enchaînés et originaux, tels ces deux molinetes à l’épaule. Calme, « se sentant torero », Jarocho se jeta sur le morillo, pour une entière qui, encore une fois transperça verticalement… Pas d’oreille, d’autant qu’une banda annihile toute réaction du public. Bien tardivement, une petit ovation que le garçon vint saluer… mais on lui refusa la vuelta. Aïeeee ! Pues, lo siento ! Estuvo muy bien Jarocho, en ese toro!
     Raul Cano (Silence – Ovation, avec refus de vuelta) a confirmé l’impression de toujours… quoique plus souriant que de coutume. Son premier le mit en déroute, cape en main. Toro très puissant qui « romanéa »… Après un quite embrouillé, Cano demanda le changement et égrena des dizaines de passes « sans rien dire », avec, en fin de faena, du toreo plus reposé, et deux adornos de classe. Pinchazo hondo, ladeado, trasero… tout pour plaire ! Ovation au novillo, et silence au torero. Bufff !
     Le gris cinquième fait une sortie ovationnée… mais se révélera un peu limité de forces, au début. Raul Cano dessina une faena beaucoup plus posée, beaucoup plus « sentie », liant des muletazos coulés, sans forcer l’attitude, muy asentado. Il y a eu là, de très bonnes choses, et probablement les meilleures passes (isolées) de la soirée. Cependant, l’ensemble manque d’enthousiasme, et le public ne suit pas, complètement. Final de haut vol, en adornos et desplantes de classe, quoique timides. Trois pinchazos hésitants, avec longue et dure cogida, le torero se relevant groggy. Entière tardive et adieu à l’espoir de triomphe. Ovation seulement.
     Manuel Escribano (Deux oreilles – Une oreille) a donné une portagayola loupée sortant poursuivi - deux essais de véroniques à genoux, en danger – trois véroniques closes par une espèce de demie en regardant le public. Après la pique, trois paires de banderilles « comme ça », avec un bon quiebro, en dernier lieu. A la muleta, quatre vingt six passes, en une faena volontaire mais sans aucune classe, bougée, retorcida, le corps « tournant plus » que le poignet. Quantité, oui ! Qualité ? Où ça ? Très en dessous du toro, Escribano mit une grosse entière dont il sortit accroché et repris, durement cherché au sol. Le torero se relève, la taleguilla amplement trouée… « vous savez où ! ». Deux oreilles, totalement hors de propos, tandis qu’on donnait vuelta au novillo. Il y eut petite bronca au palco.
     Le sévillan réédita sa portagayola au dernier, se mettant également en danger, parce que tirant le capote trop tôt, probablement. Deux premiers tiers à « essayer des choses », avec des résultats divers : mise en suerte « désarmée » ; quites tarabiscotés, avec cite, la cape sur l’épaule ; banderilles… dans le sable ; troisième « al violin », en kamikaze… Le novillo débute faible, et le torero va essayer de trouver distance et hauteur de muleta. Enfin, les paramètres sont entrés dans l’ordinateur de la polycopieuse, et, on retrouva le final précédent : Quantité, vulgarité…oubli. L’épée fut décisive et l’oreille tomba, forcément…
     Hier, à Mont-de-Marsan, « il semble que… il paraît… » qu’un novillero est sorti a hombros, après avoir coupé trois oreilles… Pues bien ! Mais, qui s’en souviendra, demain ?