Reseña du 17 août 2002

 

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DAX : DES ROSES... POUR VICTORINO!
Corrida triomphale, avec des « mais ! » et des « pourtant ! »

    18 Août : Un peu caché par le public, debout, et les copains du callejon, je ne peux jurer avoir bien vu un geste très torero, très « chevaleresque » et spontané, de Victorino Martin père, ganadero triomphateur de cette feria de Dax, comme il l’est de presque toutes les ferias où il affiche ses toros : A la fin de sa vuelta triomphale, au quatrième, Fernandez Meca, qui sait y faire, fit saluer le ganadero et son fils, sagement assis à une delantera, et leur lança un bouquet de roses (à moins que ce fut des œillets) que don Victorino se mit à distribuer à la cantonade.

 Je ne jurerais pas, mais il me semble que cela s’est passé ainsi. Et si cela ne fut pas, ça aurait mérité de l’être. Y olé ! Comme quoi, on peut être du fin fond de l’extrémadure, et être galant homme et grand seigneur. Y "re olé !"

     Pour le reste, les yeux grands ouverts, bien aidés par le zoom photographique, et le champ bien dégagé, je vais me lancer dans une reseña « muy dificil », pleine de « il me semble que », qui n’engage que moi, mais qui aura l’avantage de faire réfléchir... peut-être.
     Elle se résume en quatre « sentiments », très personnels, très respectueux, et…très aficionados !     
     Un : J’ai vu, hier, une grande corrida de Victorino Martin, qui à su compenser par une grande noblesse, encastée ou plus « douce », une présentation réduite, et une bravoure plus spectaculaire que réelle.
     Deux : J’ai vu un Fernandez Meca, qui «vend » très bien ses actuaciones face aux Victorinos, surtout au premier tiers, et qui en fait même un peu trop. Stéphane, qui avait cruel besoin d’un triomphe, a mis « deux grosses faenas », en puissance, baissant beaucoup la main, tirant fort… mais sans cette grande variété que méritaient ces toros, une fois réduits. Par contre, on soulignera le total mérite de ses estocades recibiendo, y compris avec pinchazos et metisaca.
     Trois : « Il m’a semblé » que les deux faenas du jour, l’une parce que très technique et très courageuse ; l’autre parce que monumentale d’esthétique, de lenteur et de grande toreria, ont porté la signature de Manolo Caballero. Malheureusement, le public ne l’a pas vu ainsi, ou, amoureux de Meca… n’a pas voulu le voir ainsi.
     Quatre : Juan Bautista, vilainement cueilli d’entrée, a parfaitement joué sa carte, tuant bien le plus fade, et toréant superbement le dernier.

     Allons-y donc, « con el Point N° 1 » :  Victorino Martin sort, cette année, des toros beaucoup plus bas, beaucoup plus réduits, que par le passé. Cela s’est vu à Mont de Marsan, cela s’est vérifié, hier. "Con perdon", la corrida d’hier avait moins « de caisse », que les novilladas de Juillet, à Bayonne et Mont de Marsan. Pero bueno ! Les toros sortent fins, agalgados, mais sérieux et toujours intéressants. Des toros « spéciaux »… qui reçoivent, de la part du tendido, un traitement « autre », plus admiratif, plus tolérant… Je ne suis pas sûr que « sous un autre nom », la corrida d’hier eût connu un tel triomphe.
     On a donné vuelta à deux toros. Bien ! Mais pour nobles et encastés qu’ont été « Misivo » et « Montonero », on ne peut pas dire qu’ils ont été « complètement complets »… Le premier doit son succès au fait qu’il vient facilement, mais au petit trot, de loin et de très loin, au cheval, mais « dans le puyazo », on ne peut pas dire qu’il fixe, met les reins et pousse longuement. Quant au quatrième, il vient aussi de loin, mais pour deux puyacitos très courts, et à la troisième charge, « de très très loin », escarba (il gratte le sol), hume le sable, et s’arrête en chemin… Mais, comme ces lointaines envolées sont « bien vendues » et suscitent de grandes ovations d’un public qui n’attend que ça, on regarde moins le toro « dans le puyazo ».
     Alors, bien sûr, on dira :  « Vous n’êtes jamais content, vous râlez sur les monopiques interminables, et vous râlez contre quatre piques données « dans les règles »... Non ! Je dis que dans un puyazo, on doit quand même donner le temps au toro de démontrer qu’il est vraiment brave, et non pas le porter au nues, seulement parce qu’il est venu de dix mètres.

     Point Deux : Stéphane Fernandez Meca est vraiment un spécialiste des Victorinos. Il avait dramatiquement besoin de ce triomphe, et on en est vraiment heureux pour lui. Reste un doute : Cette propension à faire briller exagérément et systématiquement les premiers tiers, par ce que l’on sait que l’on se gagne ainsi le public, et parce que l’on sait que l’on est « un peu court » (de registre, mais non de valeur), à la muleta. No sé ! Face à deux toros, très encastés, le français à tiré des dizaines et des dizaines de passes, intenses, longues, tirées « main basse ». Muy bueno ! Mais ces toros méritaient peut-être, en fin de trasteo, plus de  variété, qui « aussi » pouvait traduire domination et toreria. Quand on voit la faena de Caballero au cinquième, un tout autre toro, on se prend à penser que Meca l’aurait toréé exactement de la même façon que les premier et quatrième… Mais je me trompe sûrement… 
     Donner au public « ce qu’il veut » est aussi « être torero » ! Meca, qui l’aurait fait de toutes façons, répondit à la demande du tendido « a recibir ! » Cette façon de tuer, on le sait est très risquée, puisque le toro vient sur le matador qui l’attend. Sa tête, et donc ses cornes, ont eu le temps d’arriver à hauteur de poitrine. (Le toro arme son coup de corne, de bas en haut, en démarrant. Al volapié, on lui gagne un temps, et la tête est « en bas. Al recibir, la tête est « en haut »). Enorme mérite de Fernandez Meca de répéter la suerte, jusqu’à la consommer parfaitement. Toreria  y cojones !
     Maintenant, je n’ai pas aimé le fait de « remettre un quite », au premier toro, pour « effacer » celui de Bautista, qui venait de se faire sérieusement accrocher (ce qui lui a valu un rafistolage de la taleguilla, sponsorisé par « Pampers »). Ce « pique » au quite était superflu, même s’il s’est inquiété de la santé de son jeune concurrent, avant d’y aller par chicuelinas. Mais, dans le feu de l’action…bueno !

     Point trois : « Il m’a semblé » que Dax et une partie de son public, n’ont pas voulu apprécier les deux faenas de Caballero. Pourtant, l’albaceteño a été colossal, hier, face à deux toros différents. Et Dieu sait qu’il n’est pas torero de notre dévotion ! Sa première faena a été longue, interminable. Mais ce toro, qui débuta « chat griffeur », termina « presque toutou », parce qu’un torero se l’est jouée, malgré l’impatience hostile des gradins, et a fini par « rester là », quand le toro avait passé son temps a essayer de l’en déloger… Caballero a été technique et vaillantissimme ! Très torero ! Dax ne l’a pas vu ainsi, tout comme elle a poliment applaudi de formidables passages, face au cinquième : Faena remarquable de lenteur, de toreria, de plastique, et parfois de total abandon… face à un Victorino, « noble mais Victorino ». Alli estuvo cumbre ! Tuant vite et sincère, Caballero méritait deux oreilles « como una casa » ! Ce n’est « que » mon sentiment…

     Point quatre : Souligner le grand mérite de Juan Bautista, que l’on sait « en heures un peu basses », comme c’est arrivé à tous le toreros… Jalabert prenait les Victorino, pour la première fois, et il a passé avec brio cet examen. Le sort n’a pas été juste avec lui, en dirigeant de travers, la grosse estocade portée au sixième. Nous parlerions aujourd’hui d’une seconde sortie a hombros…

     En fait, dans la rétine, j’ai quatre sorties a hombros : Celle de Meca, indiscutable ; celle de Caballero, pour les raisons exposées ; celle de Juan Bautista, s’il n’y avait pas eu ce « coquiiiin de sort ! » ; et celle du ganadero, plus pour la noblesse et la caste de ses toros, que pour leur réelle bravoure et leur présentation.
     « Alors - me direz vous- pourquoi tu râles ? » Hombre...

    17 Août – DAX – 4ème corrida de Feria – Casi lleno – Grand bleu :
     Toros de Victorino Martin, très inégaux de présentation et de « romana » : 484, 468, 513, 490, 482 et 496 kgs. Bas et armés diversement. Le plus beau : le quatrième, cardeno claro. Sorties avec beaucoup de tonus, sauf le troisième, au pas, sans se presser. Ce toro fit illusion en prenant un gros puyazo, poussant fort et droit, sur cinq mètres. En fait, codicia et bravoure « de défense », car à la deuxième… salio suelto. Très spectaculaires tiers de piques des deux toros de Fernandez Meca, plus intenses dans leurs préparations, que leur réelle exécution (voir point un). Deux toros d’une caste incontestable, d’une noblesse enracée, qui répétaient et pouvaient asphyxier le muletero. Tous ces éléments ajoutés firent que le public demanda et obtint les vueltas daux dépouilles de « Misivo », le premier, et de son compagnon quatrième, « Montonero ». Dangereux parce que court et avisé, le deuxième. Noble mais « muy soso », le trois. Nobles terminant pastueños, les deux derniers. A la fin de la corrida, le Mayoral de Victorino, Modesto Baile, sortit a hombros, en compagnie du triomphateur de la journée.

     Stéphane Fernandez Meca (Deux oreilles – Oreille, après un vis) a remporté un énorme triomphe, sortant « a volandas » par la grande porte, et continuant ainsi, jusqu’à l’hôtel) Deux faenas sur le même patron, répondant à la caste, par la caste, tirant à fond, main très basse, de longs muletazos, fermant ses séries par de gros pechos, souvent doublés, voire triplés. Poderoso, prenant la charge « loin devant », et la tirant, « loin derrière ». La silhouette est un peu  « forcée » et ce n’est pas de la dentelle, mais cela soulève de gros olés, aussi longs que chaque passe. Il y eut d’intenses moments, tant à droite que sur main gauche. Estocade recibiendo,  après pinchazo, pour tuer le premier. Après longue et belle préparation, il portera trois récibir au quatrième : Un vilain metisaca ; une demie atravesada « contraire » ; et une casi entera, parfaite. La longue et noble agonie de l’animal mit la chair de poule. Elle fut une des clefs de l’apothéose.

     Manolo Caballero (Division, après avis – Une oreille, après avis) a été discret et facile capotero. Son premier toro avait « plus que peligro sordo » : regardant beaucoup, calculant sa charge, passant sèchement, mais tirant des coups « à mi mollet », se retournant sec, ou s’arrêtant dans le troisième charge… Un vrai chat qui griffe ! Caballero s’attela à le dompter, à lui faire accepter la muleta et la présence de son corps. Ce fut long, interminable, et des quolibets injurieux le firent hocher de la tête, d’un air navré. Mais ils eurent aussi pour effet de lui faire gagner son propre challenge : « réussir à le faire passer, et lui donner une série complète, sur chaque côté ». Ce fut difficile, fastidieux. Il faillit renoncer, mais à la fin y parvint : Une grande série de naturelles, taille enfin redressée, suivie de « la même », à droite, clôturée de grands pechos, libérateurs. Estocade entière et mort spectaculaire, enrazada, du toro enfin vaincu. Tout le monde ne le vit pas ainsi.
     Face au noble cinquième, Manolo Caballero débuta sous quelques lazzis, style « v’la qu’il recommence ! » De fait, la faena va vite prendre un côté « grand seigneur », le torero finissant par toréer, totalement vertical, la main et la muleta tombant, parfaitement relachées, tirant le bicho en de longues passes parfaitement templées, au ralenti. Enorme faena de Manuel Caballero, close d’une bonne entière, trasera, moins tendida que de coutume. Une seule oreille. Oooh ! Grande actuacion qui remate ainsi une formidable semaine : Un toro grâcié au Puerto ; six, muy bien, à Bayonne ; et cette actuacion de Dax, face à deux Victorinos différents. Actuellement « embalado », Caballero va faire une grande fin de saison. En dépit d’un manque d’appui de partie de la plaza, Manolo Caballero a été « en grand torero », hier, à Dax.

     Juan Bautista (Ovation – Une oreille, après un avis) a, d’entrée, senti la différence de charge des Victorinos, puisqu’il les affrontait pour la première fois : vilaine cogida, pris et repris au sol, en voulant prendre son quite, face au premier toro. On a craint, un instant, une cornada. Jalabert reviendra, le costume drôlement rafistolé, et se montrera très torero, très appliqué, toute la tarde.
     Son premier fut « le triste » de la corrida : soso, sans aucune transmission. La faena fut correcte, mais un peu grise, du fait du bicho. Par contre, l’estoconazo fut  « de categoria » et tua immédiatement.
     Bonne faena « a mas », devant le sixième, brindé au peintre Loren et son épouse. Faena débutée classiquement, sans grands éclats. Puis, un « pico ! » tombé du gradin « hérissa » le torero. Pico ? Tiens, tu vas voir… Et tombèrent alors trois naturelles, de face, muy buenas… La faena, ensuite, devint un récital, Jalabert oubliant sa naturelle froideur, toréant magnifiquement à gauche, et rematant par de grandes passes de poitrine. Voulant bien conclure le tout, et couper les oreilles dont il avait besoin, Jalabert rentra comme un fou, avec l’épée, pour une entière…atravesada et transperçante. Geste de désespoir, que le public sut consoler, bien convaincu qu’il n’y avait là aucune préméditation. L’épée qui suivit fut nette et sans bavure… mais Juan Bautista avait perdu dans l’affaire, une oreille sur deux, et la salida « a hombros ».

     La corrida de Victorino Martin s’est terminée en une apothéose, que l’on souhaite voir se répéter ce soir, pour la dernière de feria : Toros de Juan Pedro Domecq, pour Finito de Cordoba, Jose Tomas et Morante de la Puebla. Tout ou rien ! « Pinceladas », ou monument « del arte torero » ! Bonne chance à tous !