Reseña du 16 août 2002

 

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DAX: « MAIS DONNEZ DONC UNE OREILLE « DIFFERENTE » !!!!

     17 Août : Si l’on part du principe que toréer, c’est conduire la charge d’un toro ; c’est le mener « où il ne veut pas forcément » ; c’est imposer à lui un ensemble de trajectoires curvilignes, poursuivant un leurre qu’il n’atteint jamais… Si l’on part du principe que toréer est traduire avec « sentiment », cette force, ce courage, cette technique…on peut se demander pourquoi monsieur le président et ses assesseurs n’ont pas daigné laissé tomber un mouchoir, hier, en faveur de Javier Conde. On peut également se demander pourquoi certains ont cru bon de les applaudir, pour ce refus qui rompait l’instant magique.
     Alors, bien sûr, on ne peut s’étonner qu’une oreille, parce qu’il en fallait une, ait été accordée à Cesar Jimenez, après une faena « a menos », un pinchazo et deux descabellos. Bravo, monsieur le président. Continuez donc à être bien coiffé, bien habillé, bien cravaté…Restez bien « dans la norme », continuez donc « à ne pas rêver », gardez bien votre règlement, et vos articles 18, rectifié 19 alinéa 3… No pasa nada ! Seulement, permettez nous…
     Permettez nous de vous dire que si Dax a engagé Javier Conde, c’est parce qu’il est un torero « différent » et qu’il fait un toreo « différent ». Lui qui a mis le feu à deux ferias de Malaga, pour de semblables arabesques, vous le sanctionnez, alors qu’il vient les dessiner à Dax… Hors, c’est exactement ce que l’on attendait de lui… Avouez qu’il y à de quoi se poser des questions. Avait il donc été à ce point ridicule ? N’avait il pas dominé son toro, en faisant « son toreo » ? Avait il multiplié les pinchazos, tué d’un bajonazo ?
     C’est vrai, il ne figurait pas à l’article 18, rectifié 19, alinéa 3 du code du bon président… Una lastima, no ?
    
Peut-être avez vous préféré les interminables séries assenées par un Castella sans âme ? Peut-être prépariez vous votre mouchoir, lorsqu’il brinda le cinquième au public, bien décidé… à faire la même faena qu'au deuxième ? Certes, des toros sosos… mais, peut-être fallait il un grain de folie, pour arrêter la sieste, non ? Peut-être et certainement, vous avez préféré les faenas de Cesar Jimenez, exactement les mêmes qu’hier et avant-hier… Ces mêmes faenas qu’on lui sifflera, demain. Pues bien !
     Enfin !!!  On gardera le souvenir d’un moment magique, qui retint l’attention de tous, avec des expressions du style « Mais qu’est ce qu’il nous fait ? » à « Génial, il est en train de danser le toreo ! », en passant par « Il a fumé la moquette ou quoi ? ». Et dans le callejon, un ami photographe, féru de flamenco, de déclarer, catégorique : « Si c’est cela, vive le cannabis ! »
     Formidable, inoubliable moment, que ces sept minutes de « danse avec le toro » ! Ceux qui n’ont rien ressenti peuvent  retourner au Macdo…. Con perdon !

     Conde a « dansé le toreo », a soupiré de lentes arabesques, faisant d’un toro de 506 kgs, normalement monté, un véritable complice, qui entra totalement dans sa dramaturgie, lui laissant le temps de préparer ses suertes, et de les clore, en arcs en ciel de génie… Le toro a vraiment eu du talent, lui aussi ! 
     La bonne demie, après pinchazo, n’interdisait aucun trophée, de même que la scénographie accompagnant la longue agonie du bicho. On a vu bien pire, bien plus fade, bien plus long… Si o no ?
     Faena « différente », d’un torero « différent », qui méritait une oreille « différente », ou peut-être… un président « différent » ! Dommage !

     Autre satisfaction : la présentation des « Manolo Gonzalez and Co » :  robes précieuses, cornes de respect, sorties majestueuses. Pourtant, ce n’était pas des autobus, mais de vraies Cadillac. Après, les moteurs ont eu quelques ratés, d’accord ! Mais on pardonne tout… à des Cadillac ! Tout simplement parce qu’elles sont « différentes ». Pas vrai, monsieur le président ?

     16 Août – DAX – 3ème de Feria – Lleno et grand beau temps – Plaza preciosa :
     Quatre toros de Socorro Sanchez Dalp et deux Manolo Gonzalez (5 et 6èmes). Le deuxième, un petit mais bien armé colorado, précieux, de San Miguel (3ème fer de la casa) a été protesté pour une blessure au bas du flanc gauche, puis rentré, pour faiblesse, (sans savoir si cette cause avait fait cet effet).  
     Les toros de Gonzalez ont fait de spectaculaires sorties, faisant apprécier de belles robes allant du chorreado au castaño oscuro, passant par un burraco foncé, pour terminer par un « noir de geai », magnifique. Côté pitones, c’était plutôt du sérieux, virant à « très pointu », comme l’astifinisimo quatrième. Deux aiguilles ! Corrida qui a fait son boulot au cheval, la plupart attaquant fort, et poussant, fijos, sous la trop longue première et seule pique administrée. On n’en sortira pas ! A la muleta, un peu de faiblesse, un peu de soseria, pas assez de piquant, pas assez de moteur. Le lot de Castella méritait qu’on le secoue un peu. Seul le quatrième a dit « non ! »
    Javier Conde (Grosse pétition et deux vueltas – Division) n’a pu toréer de cape un premier qui sortit « suelto » de chaque essai…Un toro qui changea à la muleta, partant noble, et terminant noblissimme ! Il faut dire qu’entre temps, ce toro fut subjugué par la faena de Javier Conde. Et cette faena, véritable ode à l’inspiration « taurino flamenca », débuta par trois passes dont un « pecho caresse », qui dominèrent la bête, et ouvrirent le flacon de tous les parfums d’Andalousie. Alors, le regard noir, le menton perdu dans le jabot de la chemise torera, Javier Conde  va entonner le « Cante Jondo » du toreo… Peu importe le temps qui passe, peu importent les kleenex du président… le torero est seul, il avance et creuse les reins, son bras s’élève, pour attirer l’attention des dieux « Silence, là haut! on torée, en bas ! » Après une longue préparation, la muleta embrasse le toro, l’enveloppe et le guide jusqu’au bout du voyage parfumé. De longs muletazos, compas très ouvert (trop ouvert), puis des passes plus courtes, plus marchées, comme murmurées, le temps prenant la pause. On est ailleurs, essayant de rejoindre cet artiste « différent »… Faena courte, mais d’une totale intensité artistique. Un pinchazo nous ramène à terre, suivi d’une demi lame, très honorable. Le toro mettra du temps à tomber, mais loin de permettre la terrible « ronde de peones », Javier Conde improvisa un dernier ballet, celui de « la mort del toro bueno ». Cela lui valut un avis. Pues bien ! Le triste vint ensuite : Beaucoup ont ressenti « algo », dans l’échine, au cours de cette faena... D’autres, non ! Parmi eux, le président et ses acolytes ! Article 18, rectifié 19, alinéa 3…. Pas d’oreille ! Du coup, les deux vueltas de Conde furent, à elles seules, tout un spectacle…
     Le quatrième était très armé et « de mala uva » : court, la tête à mi hauteur… Conde essaya, un peu, de lui construire une charge. Mais, rapidement on sut que l’entreprise serait veine, d’autant que la conviction semblait boiteuse. Oublié, les reins cambrés et les regards de braise. Pour arranger le tout, quelques « olé » moqueurs tombèrent des gradins. Se acabo ! Vilain metisaca, vilain pinchazo et vilain bajonazo. Ya !
     Sebastian Castella (silence – silence) a semblé « flotter » toute la tarde. Certes, il touche deux toros sosos, sans définition: un sobrero de Sanchez Dalp, guapisimo, brave sous la pique, et un cinquième, castaño de Manolo Gonzalez, qui, lui aussi démarra bien. Allez donc savoir pourquoi ? Pas un quite ! Un toreo mécanique, répétitif, comme sans âme, sans feu… Pas d’inspiration, pas de « transpiration » !  Una siesta !
     Cesar Jimenez (Ovation – Une oreille, avec avis) a été formidable avec la cape : réceptions qui accrochent le toro, le fixent, le ramènent à soi, et un festival de véroniques, chargeant la suerte, sans forcer, laissant tomber les bras, jouant des poignets… superbe ! Et, pour la bonne bouche, des demies « sculpturales », doublées d’aériennes reboleras. De grand luxe !  Au quite, on chicueline au troisième, et on farolise à l’envers, au sixième. Très, très bien. Première faena, débutée par six derechazos à genoux, plein centre. Olé ! Ensuite, cela va partir un peu dans tous les sens, au gré de la soseria et faiblesse du toro. On retiendra quelques passes de face, et surtout, un gros volapié, le meilleur de la tarde, et peut-être, de la feria.
     Jimenez ouvrit sa dernière faena par trois passes changées, dans le dos, en forçant beaucoup la position, puis continua, liant plusieurs séries de droitières inégales, closes de bons pechos. Impression de suprême facilité, de grande toreria. Pourtant, un faena qui alla « a menos », et se termina d’un pinchazo, une bonne entière et deux descabellos. Comme il fallait une oreille pour sortir de la douce léthargie, ce fut Cesar qui la coupa… Pues bien !
     L’article 18, rectifié 19, alinéa 3… sans doute !