Reseña du 15 août 2002

 

retour galerie

MANOLO CABALLERO GAGNE « LE PARI BAYONNAIS »
L’albaceteño, en grand torero, toute la tarde.

     16 Août : Il est arrivé aux arènes, très concentré, loin de ce Caballero jovial, plaisantin, un peu « pasota » que l’on voit quelquefois, dans les « petites » occasions. Manolo Caballero savait l’importance de ce double challenge : Celui de Bayonne, et le sien.

     A Bayonne, certains râlaient franchement, d’autres haussaient les épaules, abattus ; les derniers levaient les sourcils et disaient : « Attendons ! » Et nous en étions.
     On sait que Manolo Caballero n’est pas torero de notre dévotion… sauf quand il se trouve face à un toro devant lequel il doit démontrer son « poder ». Voir Manuel Caballero faire le dandy devant des chèvres rampantes a de quoi « se couper le coleta ». Par contre, lorsqu’il y a de la race, de la force, et qu’il faut vaincre par la technique et la fermeté, alors Caballero est aux premiers rangs. La corrida d’hier était pour lui, celle de tous les dangers. La presse espagnole et le mundillo étaient aux aguets. Certes, il avait gracié un toro au Puerto, dimanche, certes, il avait coupé une grosse oreille, à San Sebastian, mais beaucoup disaient qu’il avait « laissé passer » un grand toro de Javier Perez Tabernero. Et hier, à Bayonne, il en avait six, face à lui. Par ailleurs, beaucoup commentaient le manque de « registre artistique de l’Albaceteño » : trop court pour maintenir l’intérêt du public, et aller « à mas », sur six toros. Toutes ces questions avaient de quoi faire gamberger le plus insouciant et Caballero pouvait se montrer « un peu tendu ». « Pouvoir, avec six toros ! », aucun doute la dessus. La question était de savoir : Comment ?

     Pour l’organisation Bayonnaise, c’était également un gros pari. Il y avait « la pression locale » et certaines déclarations imprudentes d’avant saison, quant à d’éventuels remplacements. Il y avait la nécéssité de maintenir le niveau du cartel décapité par l’absence de Ponce, et le retrait forcé de Barrera, qui se remet difficilement de la cornada de Barcelone. Monter un cartel « de grande classe », comme il sied à cette plaza, un 15 Août où tout le monde torée ou presque, était un gros challenge. D’où le choix de « l’événement ». Un dur pari ! Un gros challenge ! Une corrida de six toros pour un seul diestro peut être « muy pesada ». Alors, Caballero, avec six, dans une plaza où plus de 50% du public est « touriste, ou tout comme », on pouvait se poser quelques questions…

     La réponse est éclatante : Manolo Caballero, très concentré, très sérieux, et très torero, a pris les six toros de Javier Perez Tabernero, une corrida très sérieuse en tous domaines, et a triomphé, de façon incontestable. Peu importent les cinq oreilles, dont trois nous semblent seulement justifiées. Seule importe « la façon » ! Et, même s’il avait fracassé à l’épée, perdu tous les trophées au descabello, en un mot, « même s’il n’avait rien coupé », nous soutiendrions que Manolo Caballero a été « Enorme » de sérieux et de toreria, hier, 15 Août 2002, en plaza de Bayonne.
     Le plus beau est que tout le monde s’en est aperçu. Même le public a eu du talent! A preuve, l’ovation formidable, lorsque Caballero s’en vint au centre, brinder à tous le dernier toro. Une ovation d’admiration et de totale reconnaissance. Une ovation qui disait : « Chapeau, monsieur ! »
     Pas un instant d’ennui ! Pas un moment de doute : le torero donnait des ordres, rassuraient ses gens, faisant preuve d’un calme total, même quand les toros lui mirent deux terribles coladas, d’entrée de jeu. Caballero fut très bon, au capote, plaçant des quites discrets, mais impeccables, par chicuelinas ou tafalleras. A garder dans la mémoire, ses débuts de faenas, soit par le haut, soit par doblones, efficaces et élégants, très calmes. Dans le toreo fondamental, il n’abusa pas « des séries sans fin ». Il toréa toujours « juste », jouant sobriété et qualité. Muy bien ! A l’épée, toujours tendido et trasero… mais il tua très bien le troisième, et le dernier, d’un recibir « a un tiempo ».
     Seules petites concessions au public… un petit geste coquin pour demander à la présidence « alors, il n’y a pas de musique ? ».  Et la faena au dernier où, ne pouvant totalement convaincre dans le fondamental, et devant à tout prix couper les trophées, Manolo Caballero fit un peu monter la pression par des enchaînements inversés, un peu brouillons, un peu électriques. On lui pardonne bien volontiers.
     Encore une fois, le torero d’Albacete a été « vraiment bien », et tout le monde en est très heureux.

     15 Août – BAYONNE – Plaza llena – Temps ensoleillé, très agréable :
    Six toros de Javier Perez Tabernero, de présentation inégale, mais tous sérieux, soient par leur gabarit et hauteur, soit par les cornes qui « compensaient » une corpulence plus réduite. Au moral, du sérieux et de la race, à plusieurs reprises. Corrida importante, quatre toros « rompant a bueno », parce que le torero avait fait les choses correctement. Au cheval, ils poussèrent inégalement, le quatrième seul se déclarant manso. Grand tiers de piques du dernier qui poussa longuement et fort. Seul le quatrième, manso, andarin, court et « cabécéant », ne permettait rien. Au contraire, les 2, 3 et 6èmes permirent le toreo sérieux, répétant avec noblesse et force.

     Impeccablement vêtu de bleu roi et or, Manuel Caballero prit les six, sans tension, sans cette grande tâche de sueur qui change souvent la couleur du traje, au creux des reins… Pourtant, Dieu sait que l’effort fut intense et soutenu. Il se montra remarquable, au capote, toute la tarde, recevant les toros par d’amples véroniques, remarquablement rematées. A la muleta, rigueur, parsemée d’adornos du meilleur goût, sans décomposer le figure, ni entrer « dans le registre d’un autre ».

     Premier toro tardo, hésitant, court. Caballero tue d’un pinchazo hondo tendido, mais a déjà démontré qu’il vient, très concentre, très décidé. Ovation
     Le deuxième lui met une méchante colada, sur la première passe de cape. Caballero le reprit et le dompta, montrant qui était le patron. Faena très torera, avec une première série droitière, de grande classe. Final par un superbe tres en uno et une épée trasera un poil de côté. Une oreille, très méritée.
     Le troisième n’a pas la même classe. Très remuant au capote, il permettra au diestro de montrer son poder et sa technique. Faena de torero complet, sérieux et professionnel. Bonne estocade et descabello. Deux oreilles, un peu surprenantes, la deuxième étant respectueusement protestée.
     Le quatrième est le mauvais garçon, manso qui marche et cherche le sale coup. Caballero le démontra en de brefs essais sur les deux côtés, et s’en défit, dans la compréhension quasi générale. Silence.
     Le cinquième est un toro très armé, très sérieux, qui met une terrible colada au diestro, sur la première passe de cape. Caballero est obligé de tout lâcher et sauter au callejon. Bonne intervention du Niño de Belen. Ce toro était il vraiment dangereux ? Peut-être. Difficile, certainement. Caballero l’entreprit avec calme et courage, mais ne réussit pas à trouver la solution, à gauche. Dans le callejon, certain ganadero salmantino soutenait que « là était la solution ». Grande ovation après avoir un peu coincé avec l’acier.
     Manolo Caballero « devait », à tout prix, couper les oreilles du dernier, un toro sérieux, très armé, brillant au premier tiers, et venant de loin, à la muleta. On attendait une grande faena, et l’ovation au brindis général soulignait ce désir. Ce ne fut pas une grande faena ! Pourtant, elle débuta par quatre passes de grande classe, doblandose con el toro. Après une première partie sérieuse et très torera, Manolo Caballero « préféra assurer » en prenant le toro par muletazos inversés, qui chauffèrent les gradins. On aurait préféré des cites à quinze mètres, auxquels le toro aurait sûrement répondu. Final spectaculaire et un recibir, rapidement préparé et éxécuté », qui libèrent l’enthousiasme général, avec deux oreilles, logiquement généreuses.

     Grand triomphe, belle salida « a hombros », et « double pari » remporté : « celui » de Bayonne, et « celui » de Manolo Caballero. Todo bien ! Enhorabuena !