Reseña du 14 juillet 2002

 

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BAYONNE : GRANDE NOVILLADA DE LORETO CHARRO
Matias Tejela « se sent » torero!

     15 juillet : Ceux qui ne sont pas venus ont eu grand tort. Peut être avons nous déjà vu « le » lot et « la » faena de la Saison 2002, en plaza de Bayonne. On ne le souhaite pas, bien sûr, mais il faudra vraiment que soufflent tous les duendes, pour qu'on voit meilleur toreo que celui de Matias Tejela au cinquième novillo de cette lumineuse tarde « de Fiesta national », à Lachepaillet.
     Le lot de Loreto Charro était impressionnant de présence : Novillos lourds, sérieux, très correctement armés. Un petit détour par les poids des « novillos » : 507, 505, 529, 507, 550, 537 kgs. C’est à dire, une corrida de toros. A part le premier, faible, et le sixième, incertain et court, les novillos de Salamanca, de souche Atanasio, ont donné grand jeu, avec noblesse, mais sans innocence ; mobilité et résistance, permettant au trois toreros des faenas longues où ils purent entièrement s’exprimer… et ils ne s’en privèrent pas.
     Trois novilleros, trois personnalités.
     Raul Cano, me fait penser au fils de Pepe Luis, en 1979, quand il était novillero : Cette façon d’aller au toro, timidement, presque « en lui demandant pardon », et soudain, après quelques hésitations, de très bons muletazos auquel il ne sait pas assez donner d’importance.
     Manuel Escribano, le troisième est un torero « tous terrains » qui mord dans le toro, toutes dents dehors. A la cape, aux banderilles comme à la muleta, cela part dans tous les sens, très fort et très vite. Dans le callejon, une cour de gens, tous plus importants les uns que les autres, font un tapage monstre et se contredisent dans leur conseils au torero. Peu importe, il y a là Manolo Cortes qui essaie de mettre un peu d’ordre… Il a du boulot, Manolo !
     Et puis… Matias Tejela. L’épée lui a joué un sale tour, aujourd’hui. Sinon, il coupe trois oreilles. Formidable prestation de ce jeune qui « se sent torero » et le démontre à chaque pas, dans chaque geste. Il pense, regarde, marche « en torero ». De plus, « tiene raza, y mucha ! ». Il ne se fatigue pas de toréer, « rentre dedans », revient à la charge, jusqu’à obtenir le résultat escompté. Son toreo est fait de fermeté et d’empaque, le diestro sachant imprimer à chaque passe une élégance qui fait le plaisir des photographes. Torero de « pellizco » autant que de « poder », qui peut convaincre tous les publics, ainsi qu’on la vu, à Madrid, Bilbao, Pamplona. Hier, à Bayonne, Matias Tejela a donné une des grandes faenas de la saison, laissant les professionnels pantois, et les aficionados, ravis. 
     Grande novillada à Bayonne, et bon toreo. La saison débute « de perlas » !

    14 Juillet – BAYONNE – Un gros tiers d’arène – Beau temps frais, avec quelques nuages et du vent : Novillos de Loreto Charro, lourds et bien charpentés, qui firent des sorties « en Atanasio », un peu abantos, avant de se fixer et répéter dans les capes. Faisant leur devoir à la pique, les Loreto sont arrivés nobles à la muleta, répétant la charge, à condition que l’on commande, que l’on avance la muleta. Le premier se montra très faible, en début de trasteo. Le sixième fut le plus compliqué, accrochant beaucoup, se retournant sec. On donna vuelta d’honneur, fort méritée, au cinquième, du nom de « Cardicito », et le Mayoral fut justement invité à saluer, en fin du spectacle. La ganadera peut être satisfaite, elle s’est « regagnée » Bayonne.

      Raul Cano (Silence  - Vuelta) est connu chez nous, depuis le concours de San Sebastian. Ce jeune homme de Baracaldo, sérieux et pâle, semble un peu timide avec le toro. Discret au capote, il commence doucement ses faenas, avance « presque en demandant pardon au toro », et ne transmet que peu au gradin. Pourtant, peu à peu, il se libère et dessine un toreo très propre, souvent alluré, parfois profond. Il sait « templar » la charge du toro, et donne d’excellents adornos. En un mot, le Bilbaino fait un toreo « de classe », mais à du mal à connecter avec le tendido. Son premier débuta très faible. Le jeune le soutint, en début de faena, et parvint à lui donner des séries « crescendo » sur les deux mains. Il pincha, et prit une sérieuse voltereta sur l’entière aguantando qui suivit. Quatre descabellos provoquèrent un silence respectueux. Le quatrième était un colorado imposant, bravucon au fer. Raul Cano monta une faena « a mas », débutant un peu dubitatif, puis, se centrant mieux, enchaîna de très bons moments, sur chaque main, avant de clore par des adornos de « corte » très classique. Torero sérieux, qui mérite attention et respect. A l’épée, un pinchazo et une atravesade, qui le privent d’une probable oreille. Ovation au toro et vuelta timide du bon novillero bilbaino.
     Matias Tejela (Vuelta après un avis – Oreille, après un avis) a frôlé le grand triomphe. Très engagé, toute la tarde, le torero d’Alcala a perdu les oreilles, à cause de sa probable précipitation, avec l’épée. Poco importa, presque. Impeccable au capote, où il se fend vers l’avant pour fixer le toro, met la hanche dans les véroniques, et clôt la série, de façon aérienne. Son quite par faroles inversés, est un peu tirebouchonné, mais de gros effet sur le public. Faena agréable, un peu ligerita, à son premier. Abondance de passes, sans prendre la vraie bonne cadence. D’excellentes choses, mais pas de totale domination. Peut-être est ce la raison pour laquelle le novillero attaquera fort, mais de côté, pour une épée très basse, qui lui fera perdre une oreille demandée par une partie du public.
     Par contre, la faena au cinquième ira crescendo, le torero se livrant à une débauche d’inspiration artistique, alliant la fermeté à l’esthétisme, toréant « à fond » un grand novillo, dessinant des naturelles parfois profondes, templées, liées ; parfois légères, très sévillanes. Grande faena, « se sentant » torero, s’enivrant de passes et d’adornos bienvenus, de remates « de cartel ». Très, très bien. S’il tue, ce sont deux oreilles assurées. Mais… maldita sea!: Grand pinchazo, applaudi, qui précède un vilain metisaca, et une entière qui libère enfin tout le monde. Excès de précipitation. Dommage ! Une seule oreille, mais un grand souvenir ! Monterazo, Torero ! 
     Manuel Escribano (Oreille – Palmas, après un avis) est un grand dégingandé blond frisé au sourire à la Fernandel, qui fait tout en abondance, à la cape, aux banderilles, à la muleta, avec une évidente bonne volonté, mais un manque de classe « aplastante ». Un torero « tous terrains », toutes postures, debout, à genoux, de face, de dos, de profil et… en l’air. Il prit une très sérieuse voltereta pour ne pas « commander » sur  son premier. On a un peu de mal à comprendre l’enthousiasme de Séville (à voir !) et de son abondante « suite », dans le callejon, hurlant de tonitruants « olés », à chaque passe, qu’elle soit bonne ou vulgaire. Il tua bien son premier, coupant une oreille. On l’avait vu recevoir ce bicho à portagayola, toréer « vibrant », au capote ; bien banderiller, en poder a poder, vraiment « puissants ». Puis, cela se gâta quelque peu. Au sixième, banderilles bien enlevées, avec une paire al violin en quiebro, près des barrières. Le toro « n’était pas le même », et Manuel Escribano bredouilla une faena volontaire mais sans fil conducteur. 
     En un mot, Manuel Escribano est tout à fait… le contraire de Tejela.