Reseña du 4 août 2002

 

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BAYONNE : « CE FERRERA-LA… OUI ! »

     5 Août : On se souvient de la rogne qui était la nôtre, au sortir de la corrida d’Azpeitia. Antonio Ferrera avait monté un cirque « de mil demonios », voulant absolument faire gracier le cinquième et « passant la ligne jaune », ensuite, en lui mettant une épée, pour le moins « discutable ». D’où la conversation, bien amicale, avec Don Luis Alvarez, son apoderado, au moment du sorteo, hier matin à Bayonne. « La qualité d’Antonio, est d’être très malin, mais aussi d’écouter. Lorsqu’il faut couper les oreilles « à tout prix, ben… mais lorsqu’il faut être « sérieux », il m’écoute » - « Ah, bon ! Et aujourd’hui, Don Luis, que lui avez vous dit, pour Bayonne ? » - « Sérieux ! ».
     Et, bon Dieu ! pour sûr qu’il a été sérieux, concentré, calme, muy torero toute la tarde ! Autant on pouvait rager, l’autre jour, autant il faut saluer bien bas, devant l’actuacion d’Antonio Ferrera, hier, en plaza de Bayonne : Formidable, au capote, avec de grands moments purement artistiques (demi véroniques et remate à une main, devant le troisième) ; « Enorme! » aux banderilles, au sixième, dans un por dentro ultra serré face à une brute « incertaine », sur l’espace d’un timbre poste, contre les barrières ; très sérieux muletero, face au bon troisième, toréant templé, « la mano dormida ». Un malheureux « metisaca », au sixième, l’empêcha de couper une deuxième oreille qui lui aurait ouvert la grande porte. Dommage ! Cependant, un gros bravo, sans réserve aucune, et la confirmation de ce qui était dit, ici, vendredi matin : Antonio Ferrera n’a pas besoin de ces « coups de stromboli », pour couper les oreilles. Ce qu’il a fait, hier à Bayonne, lui vaudrait grand succès partout, que ce soit à Madrid, ou à Laguian-Mazous ! Certes, la pression est là, et il faut couper autant que le Fandi, avec qui Ferrera mène un amical, mais terrible duel. Hier, avant que ne sorte le sixième, Don Luis savait déjà que le Fandi avait coupé « les deux de son premier », à Santander. Ferrera est sorti "comme un lion", face au dernier Atanasio. Hélas, il trouva… une mule, et le tua… comme une mule ! Maudit metisaca ! Ca ne fait rien !

     Par contre… « il ne faudrait pas trop attendre pour voir ces deux toreros à la même affiche… » Vous ne croyez pas ? Et, à ceux qui disent « Facile à dire, aujourd’hui… », un tout petit conseil : allez voir certains de nos éditos… l’an dernier !

     Pour le reste, la corrida d’Atanasio n’a donné que peu de facilité, et les toreros n’ont pu répondre qu’avec de piètres arguments : Fernandez Meca, avec une vaillance « bien gigotée », et Padilla, horriblement vêtu de son « costume pyjama » rose tendre à peine effleuré d’or, (qu’aurait probablement bien porté Luis Miguel Dominguin), qui s’est comporté « en bûcheron » : de l’abattage, mais beaucoup de bruit, pour un piètre résultat, alors qu’il toucha « un des bons », de la journée.
     Pour le reste… plaza pleine (casi !) et grande ambiance. Certes, il y eut bien quelques coups de gueule intempestifs, quelque chanson malvenue, mais… allez savoir pourquoi, ce manège  se tut lorsque Ferrera s’avança vers ses toros. « Sérieux, aujourd’hui ! » avait dit Don Luis… Et tout le monde a obéi ! Jo !

     4 Août – BAYONNE – Casi lleno  - Grand beau temps :
     Cinq toros d’Atanasio Fernandez et un de Aguirre Fernandez Cobaleda, sorti cinquième. Des « grandes carcasses », volumineuses, hautes, sérieusement mais inégalement armées, sans grande beauté. Au moral, bien peu de qualité, si ce n’est que la corrida « a tenu debout », et que deux toros, au moins, ont servi, les trois et cinquièmes. Pour le reste, des moruchos, qui ne se définissent pas, ne rematent pas, vont et viennent sin fijeza, percutent lourdement les cavaliers, et s’en vont vers d’autres aventures. Le premier permettait il plus ? On peut avoir un doute, car il chargea fort et bien dans la seule série « bien appuyée » que Meca lui imposa. Le sixième chargeait, mais à contre cœur, « descolocando al torero ». La            plupart ne prenait pas le muletazo entièrement, obligeant les diestros à marcher beaucoup et rectifier la position. Corrida incommode, peu spectaculaire, pour la grand public, sans grandes possibilités, pour les toreros.
     Stéphane Fernandez Meca (Vuelta – Ovation) s’est appliqué, mais a caché une certaine fébrilité, derrière des artifices qui ne sont pas « Meca ». Certes, il faut animer le public ! Certes, il faut lui en donner pour son billet… mais on attend de Fernandez Meca, de la fermeté, de la technique et de la sobriété, adaptées au toro. Le français a fait illusion avec la cape, s’est montré précieux dans toutes les lidias, faisant de très utiles « quites de secours », mais se montrant très « movido » à la muleta, en particulier face à un premier qu’il aurait mangé tout cru, il y a peu de temps encore, nous semble t’il. Ce toro prenait « medio muletazo » et se retournait court… mais lorsque Meca se planta, et tira « à fond », le toro prit quatre gros derechazos, suivi d’un vibrant pecho. Mais voilà…
     Face au quatrième, qui s’éteignit rapidement, le français ne put que porfiar, vainement. Heureusement, Fernandez Meca tua vite, donnant une vuelta un peu généreuse, à la fin de son premier combat. 
     A noter deux curiosités : Le quatrième, que le français abat d’un descabello… et qui se relève, quelques instants plus tard, au coup de puntilla. Et l’autre : Un quite « al alimon », à deux, face au premier de la tarde, Meca et Padilla  « chicuelinant de concert », sous les yeux d’un Ferrera impavide.
     Juan Jose Padilla (Division – Ovation) avait les faveurs du public… au début. Mais un très lourd puyazo, carioqué par le picador de réserve, à son premier adversaire qui avait basculé le titulaire, a fait rugir les gradins d’une juste colère. Ajoutons à cela un tiers de banderilles voué à l’échec, le toro allant et venant, distrait, tête haute… Padilla eut beau multiplier quelques fausses bravades, il subit un échec, ratifié par une mise à mort hasardeuse (« Lo cazo » sur une arrancada, tête en haut !). On espérait plus du Jerezano, face au cinquième, qu’il toréa correctement de cape, et qu’il banderilla spectaculairement, en particulier dans un « violin » musclé. Bon début à genoux, puis un fatras de passes plus ou moins coordonnées, plus ou moins templées, plus ou moins esthétiques. Tout fut « plus ou moins… » 
     A la fin, la mort fut « plus ou moins » efficace, en trois épisodes, et le public marcha… plus ou moins. Ce toro, cependant, méritait… plus !
    Antonio Ferrera (Une oreille – Ovation) a été « énorme » dans son capeo de réception au troisième de la tarde : Longues véroniques, une grande demie, qui fait rugir, et un formidable remate à une main, faisant la joie des photographes qui ne se sont pas laissés surprendre. Olé ! Grande mise en suerte, très bien rematée d’une demie. Après la pique, mesurée, Ferrera garde le toro entier, pour des banderilles partagées avec Padilla. On retiendra un vibrant quiebro, suivi d’une virevolte, pour sortir de la suerte, sous les ovations. Faena très sérieuse, débutée en torero, par doblones d’efficacité et de grande esthétique. Vint alors un toreo reposé, sur main droite, les passes se succédant lentement, sans violence, la main « s’endormant », à plusieurs reprises. Longues séries, bien terminées par de grands pechos. A gauche, le toro protesta un peu, et Ferrera termina par le haut, en manoletinas et banderas impavides, closes d’un remate par le bas, en marchant. Muy bueno ! Pinchazo, hélas, et grosse épée, qui libère une oreille qu’il aurait coupée en toutes plazas. Très bien, Ferrera.
     A n’en pas douter, "il voulait", face au dernier. Hélas, le toro ne le laissa pas toréer de cape, et ne donna pas trois charges suivies, au cours de la faena. Ferrera s’accrocha comme un perdu, réussissant à lui arracher deux séries de droitières de grand mérite. L’oreille était peut-âtre gagnée, mais un malencontreux metisaca, bien vilain, blessa mortellement le morucho. Adieu l’oreille, mais reste le souvenir d’un fabuleux tercio de banderilles, à ce toro : Quatre paires, dans l’enthousiasme général, et en particulier, la deuxième, partant des barrières, vers l’extérieur, et changeant le trajet, pour clouer «pa dentro». Terrible ! Il n’y avait pas un mètre, entre les cornes et le bois… Ah, l’animal ! Superbe ! Furieusement sauvage et grandiose. En un mot… Torero !

     Ce dimanche à Bayonne… « Ce Ferrera-là… oui, bien sûr ! »