retour galerie
Le matin, le public avait beaucoup renâclé sur les cornes des San Martin.
On sait que les toros de Chafick sont du pur Santa Coloma, donc,
astigordos y cornicortos, souvent brochos et engatillados. Mais là,
effectivement, on peut avoir des doutes, même s’il fut démontré que les
toros ont violemment "tapé". Le quatrième en particulier, dont le piton
droit se démolit
complètement, au point d’en saigner.
Afeitado ? « Arregaldo », avant ? Allez donc
savoir…
Corrida mal ou peu armée, mais corrida sérieuse,
encastée, dont les trois toreros furent les protagonistes, « à divers
degrés » :
Très torero et très bien Javier Valverde, à ses
deux toros. Sans un bajonazo au deuxième, il sortait a hombros. Toreo
sobre, sérieux, très « du fond de Salamanca ».
Très bien Juan Bautista Jalabert, qui toréa
superbement le bon premier, et se laissa aller à quelque inutile
provocation, face au quatrième, en réponse à de méchants quolibets,
isolés, tombés du tendido. Jean Baptiste a fait le toreo « de classe »…
point donc n'était besoin de
verser dans un rôle qui ne lui va pas. La deuxième vuelta au
quatrième, fut « de pure provoc», tout comme la façon, très insistante, de
regarder la palco « dans les yeux », pour voir s’il accordait l’oreille ou
non. Hombre, le torero avait besoin d’un gros succès et d’une sortie « a
hombros ». Certes ! Mais il savait, mieux que personne que son estocade al
recibir, bien portée, « sortait » sur le côté, et que le président ne
pouvait décemment pas lui accorder une oreille, alors qu’il l’avait
refusée à Valverde, pour un précédent bajonazo…
Quant à Julien Lescarret, il tomba sur le mauvais
lot, et le troisième lui mit une terrible voltereta, triplée, quadruplée,
le garçon volant longuement sur les cornes, comme fétu de paille. Se
relevant, sans mal apparent, Julien s’épuisa vite et perdit tout influx,
se révélant totalement impuissant à l’heure du descabello. Les avis
tombèrent, un à un, et le torero, qui n’en n’avait compté que deux, jeta
un regard perdu à ses espoirs fracassés. « C’est le métier qui rentre,
Julien ! » sembla lui dire le tendido. Triste, bien sûr, mais…palante !
Grande journée de toros, hier, à Bayonne ! De ces journées qui marquent la
mémoire et confortent l’Aficion. « Croire au Père Noël », écrivait Jean
Cau… Il avait raison et, hier soir, repartis pour deux ou trois ans d’Aficion,
je suis sûr que beaucoup ont rêvé de futures apothéoses… Tiens ! Je suis
même sûr que certains ont « vu » Jose Tomas couper deux rabos, à une
corrida « cinqueña », et « armée comme ça ! »… a que si ?
1er Septembre – Matin – BAYONNE – une grosse ½ plaza -
Matinée agréable:
Toros de San Martin (Pepe Chafick), très inégaux
de trapio, et mal armés, pour la plupart. Toros qui sortirent au galop,
rematant fort aux burladeros. Le troisième sortit « comme une
torpille », à cent à l’heure. Corrida encastée, mobile, un poil
faible. Les Santa Coloma allèrent deux fois au cheval, fort correctement,
permettant aux toreros « de se piquer » aux quites. A la
muleta, Juan Bautista toucha le bon lot, et Lescarret fut le plus mal
servi.
Juan Bautista (Une oreille – Pétition
et deux vueltas) toréa magnifiquement le premier. Toro de trapio réduit,
qui prit deux piques en venant de loin. Jalabert l’avait bien reçu de
cape, par véroniques, chicuelinas et demie à genoux. Grand chic !
Faena très calme, très limpia, à un toro un peu faible, que le torero
sut maintenir, avant d’aller « a mas », terminant par de
bons muletazos de face et une bonne entière, contraire.
Le quatrième fut protesté pour une corne droite
très abîmée. Bautista le toréa « a placer », malgré les
protestations d’un petit secteur de la plaza. Longue faena, au cours de
laquelle Bautista répliqua du regard et de la parole, aux contestataires.
Bonne faena, terminée par un recibir, bien porté, mais hélas « atravesado »
et ressortant sur le côté. L’oreille fut justement refusée, par le
palco, et Juan Bautista donna une grande vuelta qu’il jugea bon de
doubler, sous des opinions qui se divisèrent.
Javier Valverde (Vuelta – Oreille)
s’est montré torero responsable, fort, serein, tout au long de la matinée.
Deux faenas solides, s’adaptant aux conditions de ses adversaires,
corrigeant les défauts, toréant magnifiquement sur main gauche, et ne
faisant concession aux galeries que de trois redondos inversés, très
bien tirés et quelques manoletinas, au cordeau. Actuacion très sérieuse,
d’un torero qui va monter, et faire parler de lui, probablement « très
vite » (Sa Feria de Salamanca est là, tout près !) Une épée
« très caida » lui fit perdre l’oreille de son premier. Par
contre, il porta une demie, très puissante, au cinquième, dont il coupa
un juste trophée.
Julien Lescarret (Trois avis et
applaudissements – Un avis et applaudissements) a connu la noire
malchance d’un mauvais sorteo, et, surtout la terrible déconvenue de
prendre trois avis à un toro.
Le troisième le prit très vilainement, et très
longuement, le jeune torero en sortant « sonné », mais
reprenant le combat, comme si de rien n’était. A l’heure de l’épée,
les forces l’abandonnèrent et le descabello fut un désastre.
Pareille mésaventure faillit bien lui arriver
face au costaud sixième, qu’il reçut par un farol à genoux. Toro
parado, soufflant comme une forge, court dans ses demi charges, auquel
Julien Lescarret mit une une épée atravesada, après deux entrées, qui
ne fit aucun effet. Le
cauchemar recommença, au descabello. Suerte negra et plus de forces… Il
va falloir « muscler tout cela, cet hiver ! »
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