Reseña du lundi 23 juillet 2001

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MONT DE MARSAN : TOMBES SANS HONNEUR…

     24 Juillet : On peut « tomber à la renverse » ou « tomber d’inanition » ; on peut « mal tomber ». En allant plus loin dans la fiesta, on peut « tomber la chemise » et, dans la fièvre du samedi soir, vouloir « tomber sa voisine ». On s’arrêtera là, car cela tourne au grivois, sans compter qu’on risque de « tomber sur un bec »…

     Ce que l’on attend d’un toro de combat, c’est « qu’il tombe au champ d’honneur », celui de la caste, de la bravoure, de la fierté guerrière. C’est la moindre des choses.
     Hier, au Plumaçon, on est « tombés de haut »… On attendait la corrida du Capea. Tous avions espoir dans les Murube de la « Gutierrez family ». Certains étaient venus de loin pour cette corrida. Paco Ojeda, lui même, était revenu en terre landaise, « humer l’aficion » et peut être, à l’occasion, voir si l’on attendait son retour…bof !.
     La corrida a fortement déçu pour deux raisons essentielles : une navrante faiblesse et une présentation disparate, sans volume et sans « piquant », que le public prit en grippe, d’entrée, au point de nier beaucoup de choses, en particulier la bravoure et la noblesse de quatre des pensionnaires de Pedro Moya qui, dans son burladero, a du passer une sale après midi. Certes, on savait que les toros du Capea, n’avaient pas la réussite de l’an 2000. Mais on ne pensait pas les voir ainsi trébucher à chaque pas, se coucher vilainement entre deux muletazos, charger sans aucune émotion, sans aucune flamme, en un mot, « tomber sans honneur »… Dans ces conditions, la course  se traîna, parfois lamentablement, secouée de quelque saute d’humeur du public, des toreros, du président, d’un peu tout le monde… sauf des toros.
     Tour à tour, Caballero, Tomas et Abellan firent l’effort, mais… tentative nulle. A n’en pas douter, cette course tombera vite… dans l’oubli.

     23 Juillet – Mont de Marsan – 2ème de la Feria de La Madeleine – Llenazo – Beau temps virant au gris lourd : Six toros du Capea. Peu importe qu’ils soient de Carmen, Pedro ou Veronica… « Son del Capea !».
     Présentation très inégale, allant du petit rablé au grand dégingandé, en passant par le « moyen en tout »… Le public murmura beaucoup, puis rugit un brin à l’aspect de certaines cornes… Hélas, le point douloureux fut une déplorable faiblesse de pattes qui transforma les lidias en séance de soins, les faenas en cure de repos… Une réelle déception, d’autant qu’avec plus de forces, la corrida aurait montré bravoure au cheval et grande noblesse, pour quatre d’entre eux, à la muleta ( le lot de Caballero, le troisième et cinquième).Trop soso le deuxième et un poil pervers, le dernier, qui joua les malins, « amagando », faisant semblant de charger, mais déclenchant après que le torero eut déjà commencé sa passe, le laissant ainsi à découvert.
     Manolo Caballero a été parfait devant son premier, un toro « noblisimo, pero flojisimo ». L’albaceteño fit une faena « de dulce », avec empaque, comme toréant de salon… que personne ne prit au sérieux. Seul, un « tres en uno » fit un peut réagir les galeries qui applaudirent le matador, après le traditionnelle épée tendida et trasera. Le quatrième avait plus de caractère. Hélas, il fallut le « soigner » sur une pique qu’il prit bravement, et l’amener en douceur à la muleta de Caballero. Le beau Manolo donna alors 325 passes (peut être 26), dont la moitié furent accrochées. Faena sans fin, alternant le meilleur sans pourtant convaincre tout à fait, et le pire, jouant les démagos sur des gags déplacés, comme le « solo de pipeau », dirigé à la présidence, du style « maintenant, vous pourriez faire jouer la musique ! ». Bien sûr, cela fait rire un peu, ça rend sympathique, comme le gag « rénatesque », durant la vuelta. Cependant, on se dit que l’on attend bien plus de Manolo Caballero et que l’oreille coupée au quatrième ne restera pas dans les mémoires.
     Jose Tomas est revenu tel qu’en lui même, froid, lointain, comme perdu dans ses pensées. S’il a donné les meilleurs passes de la tarde, sa prestation est cependant globalement décevante, en particulier face à son premier, où l’homme et la bête firent assaut de soseria, tandis que les gradins sombraient dans une sieste boudeuse, refusant même la berceuse qu’un président mal inspiré voulait leur imposer. Le toro fut sifflé et l’on respecta en silence le beau ténébreux. Par contre, on doit à Jose Tomas, les bons moments de la corrida, face au cinquième qui perdit deux onglets en début de faena. Toro noble mais hésitant, que le torero , peu  à peu, amena à charger régulièrement, au fil de plusieurs séries de gauche, de plus en plus liées, de plus en plus profondes, de plus en plus galbées. Plusieurs grandes naturelles firent rugir de vrais olés. Faena longue qui déclencha un avis au moment de l’épée, puis un deuxième, tandis que le toro s’écroulait après trois pinchazos, une épée bien tombée et deux descabellos. Adieu les trophées, mais la grande ovation salua le souvenir des naturelles et de deux trincherazos main gauche qui firent la joie des photographes.
     Miguel Abellan eut la malchance de tomber le plus faible et le plus malin… Le troisième, de Carmen Lorenzo sortit presqu’invalide. De plus, il planta dans la caillasse du ruedo des cornes qui en sortirent pour le moins, abîmées, sans parler de la vuelta de campana qui compléta salement le tableau. Ce toro fut très protesté, mais Abellan fit taire tout le monde en citant à quinze mètres, pour « alegrar », certes, le toro, mais aussi réduisant rapidement les quelques forces qui lui restaient. Quelques bons muletazos ne feront pas oublier la longue et vilaine chute du bicho, au beau milieu du trasteo. Abellan en termina dans le silence. Face au dernier qui lui fit deux dangereuses coladas, Abellan tenta beaucoup et réussit bien peu. Le toro était sorti fort, allant percuter le burladero d’en face, prenant bravement une grosse pique, mais terminant « listo » à la muleta. Faisant semblant de charger, mais retenant son premier élan, il mit Abellan en fâcheuse position. Le madrilène « essaya un peu », puis conclut d’un pinchazo, suivi d’une bonne entière sortant bousculé et de deux descabellos. Le public applaudit la volonté, puis s’en alla, les épaules basses…presque « tombantes »…

     Ce Mardi 24 Juillet, la Corrida est du Marquis de Domecq. On la sait bien présentée, et l’on souhaite retrouver les qualités démontrées l’an dernier, lors de la Feria de Dax. Chez les hommes, on attend, bien sûr, le Juli. Avec ses cheveux courts, on dirait un para de l’ex 6ème RPIMA… Sacré baroudeur, sacré torero que ce garçon qui est en train de rallier tous les suffrages. A ses côtés, un calife, venu directement de Cordoue. Finito est en pleine bourre, en ce moment, et l’on retrouvera avec plaisir son toreo à la fois puissant et de magnifique empaque. Entre les deux, Victor Puerto, moins à l’aise, semble t’il, que l’an passé. Vedette à part entière, il est aujourd’hui, regardé « à la loupe », mais peut, en de grandes occasions se hisser au plus haut niveau. Aujourd’hui… est une grande occasion.