Reseña du dimanche 22 juillet 2001

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MONT DE MARSAN : BEAUCOUP AU GRATTAGE, BIEN PEU AU TIRAGE…

     23 juillet : La feria de Mont de Marsan s’est ouverte sur un dimanche de canicule. Sur les pentes du Tourmalet, les coureurs du Tour ont ouvert « leur haut »et dans le ruedo du Plumaçon, certains toreros ont ouvert le chaleco. Leur façon à eux de « tomber la veste »

     Certes, on peut les comprendre, tous. Mais un coureur fait un rien négligé, ses blancs pectoraux à l’air. Quant au torero, avec les artifices des costumes d’aujourd’hui, notamment la ceinture réduite à un ruban cousu au chaleco, et qui ne fait office de « faja » que si le gilet est fermé, il ressemble à un danseur aux collants trop grands, qui baillent un peu…
     Un torero doit mettre un point d’honneur a être bien habillé, y compris dans les chaudes après-midis landaises. Un détail, direz vous, mais qui traduit aussi un certain état d’esprit, que l’on retrouve, presque, dans la façon de toréer, un peu débraillée, à la limite du vulgaire…
     On nous vantait les mérites d’Antonio Ferrera, confirmés par son indiscutable triomphe devant le Palha de Nîmes. De fait, et malgré l’oreille coupée au sixième, le frisé torero a montré beaucoup d’ardeur, un réel talent pour la gesticulation, mais a rarement posé son toreo, bataillant rageusement, « à chaleco ouvert »…
     Certes, on peut estimer qu’il avait quelques excuses, le lot de Charro Sanchez Tabernero  étant sorti « muy molesto » pour les toreros, mais….

     22 Juillet – Mont de Marsan – 1ère de la Madeleine – Llenazo – Canicule bleue : Seis toros toros de Jose Ignacio Charro Sanchez, pour Richard Milian, Pepin Liria et Antonio Ferrera.
     De présentation inégale, trois d’entre eux étant de véritables estampes, les toros salmantinos ont eu un comportement déroutant. Tous sortirent au pas, olisqueando, pour ensuite fuser sur tout ce qui bougeait. Cependant, très vite, ils retenaient leurs charges, se promenaient, sin fijeza, faisant fi des capes, pour s’arrêter plus loin, escarbando, grattant le sol, en attendant de déclencher quelque oleada, violente et sans suite. Personne ne put les passer de cape. Cependant, il y eut de bonnes choses à la pique, en particulier chez le quatrième qui, par deux fois, chargea bravement, le piquero de Milian faisant la suerte « con mucha toreria. Ce fut un des grands moments de la tarde. A la muleta, les salmantinos continuèrent à gratter le sol, prenant une passe, deux, à la limite, puis jouant les gros brutaux sur les suivantes. 
     Richard Milian faisait ses adieux à Mont de Marsan. Il salua une grande ovation, d’entrée, et sortit fortement applaudi. Ce n’est que justice, mais c’est a hombros qu’il aurait pu s’en aller. Oh, bien sûr, on ne parle pas ici de faenas pour l’histoire, mais bien parce qu’il aurait pu couper deux oreilles, à force de métier, de vista, de grande volonté et de sens du spectacle. Larga à genoux pour accueillir le grand premier et faenita movidita, le torero imposant quelques bons moments sur le corne gauche et terminant par passes militaires en regardant le public. L’estocade, très tombée, provoqua une mort immédiate, et la première oreille de la Feria fut diversement accueillie. Bien plus intéressante les lidia et faena au quatrième, « Servicillo », un colorado qui se montrera excellent, mais sans innocence. Bon doblones de Milian qui s’en va vers le centre, marchant bien avec le toro . Le début de la faena est forcé, toréant « courbé », avant de se libérer, peu à peu. Bonne séquence à droite, avant de se faire prendre et vilainement chercher au sol. Gros susto, mais rien, heureusement, Richard repartant au combat pour un final spectaculaire et valeureux. Bonne entière en se « mouillant les doigts ». L’oreille était acquise, et de même, la sortie a hombros. Allez donc savoir pourquoi, Milian se mit à « picoter » avec le descabello, préférant l’esthétique à l’efficacité. Grande ovation que Richard salua au tercio. Aux Banderilles, le catalan des Landes avait été, pour le moins, irrégulier.
     Pepin Liria ne put donner un vrai capotazo de la journée. Il fut le moins bien servi de la journée, ses deux toros retenant leurs charges, grattant beaucoup, regardant l’homme, s’appuyant sur le côté, dès la deuxième passe. Liria essaya, sans grande conviction à l’un, beaucoup plus volontairement face au cinquième, trois derechazos faisant naître l’espoir. Sur le côté gauche, cette façon de citer pieds presque joints, la muleta derrière la hanche, fit par trois fois craindre quelque voltige. Il n’en fut rien, heureusement. Avec l’épée, bon trois quarts de lame au deuxième, pour une ovation au tiers. Par contre, le cinquième passa son temps à se « décadrer », grattant le sol sans cesse, au désespoir de son matador. Ce fut un peu longuet, avec un avis à la clef, le public reprochant à Liria de charcuter son descabello après trois pinchazos peu glorieux.
     Antonio Ferrera fait beaucoup de bruit, presque « beaucoup de vent ». Agréable, par cette chaleur ! Très actif, on le vit appliqué au capote, avec de bons détails, comme cette façon de fixer le sixième que les peones n’arrivaient pas à retenir au burladero ; comme ces deux demi véroniques, à le sortie des piques. Aux banderilles, des courses spectaculaires, des rèunions vibrantes, mais des résultats inégaux, fort ovationnés, cependant. Sa première faena fut décevante, le toréro débutant fort, pour aller « a menos », la muleta accrochée, au gré des charges du bicho qui lui fit très peur au moment de l’épée : deux vilains pinchazos et un sartenazo de bas étage. Silence poli. Le sixième, un magnifique salpicado, alla percuter un burladero, assommant le banderillero qui s’y cachait. Ferrera mit la pression, fit « la moto », avec les banderilles, toréa, et « destoréa » à cent à l’heure. Mais comme tout cela était vibrant, que le public s’était parfois ennuyé, et que l’estocade, desprendida, fut portée avec foi, il y eut « petite pétition d’une petite oreille » que le torero, chaleco « reverrouillé », ceinture postiche en place, promena comme à Las Ventas, un jour de San Isidro. Mais à la fin de la corrida, tout le monde avait oublié sa faena… et lui de même. Au fond, c’est mieux ainsi.

     Ce Lundi 23 juillet, les toros seront du Capea. Joli lot, procédance Murube. Le matador ganadero est présent à Mont de Marsan –  Au cartel torero : Manolo Caballero, qui revient fort, après un très laborieux début de temporada. Depuis Asprona, en Juin, triomphe partout, et de belle façon. – Jose Tomas sera le point de mire de tous. La saison a débuté en totale « Tomasitis ». Puis, il y a eu le « sale coup », incompréhensible attitude, de Madrid. Depuis, le matador a vilainement flotté, au point qu’on l’a envoyé « au vert », pendant vingt jours. A repris l’épée hier, à Barcelone, digne, mais sans réussite. On attendra son retour dans le Sud Ouest. Ce sera « tout ou rien » - Quant à Miguel Abellan, il mettra en avant son ardeur, sa jeunesse et, si un toro vient de loin, peut obliger les copains « à s’’arrimer », car, dans ces conditions, le madrilène est dur à arrêter.