Reseña du mardi 14 août 2001

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DAX : ENRIQUE PONCE, « L’ARTISTE DES PEINTRES »...

     15 août : En se rendant aux arènes, sur les coups de cinq heures, on croit toujours au Père Noël, cher à Jean Cau. Justement, son ami Jean Ducasse est là pour nous le rappeler. A l’entrée du parc, au milieu de la foule disparate et des flonflons de la Fête, sa caseta a bien  résisté au bruit et à la poussière...

     « Je suis content, dit il, l’exposition sur « le Campo » marche bien, mais alors, qu’est ce que je vends comme Ponce... Tout le monde veut du Ponce ! »
    
« Ca »... c’était hier, avant le paseo de la quatrième corrida de la feria Dacquoise.Qu’en aura t’il été, après la  corrida, après une des plus belles faenas, plus harmonieuses, plus artistiques, qu’ait ici dessinée Enrique Ponce ? Qu’en sera t’il ce soir, après la deuxième production du Valenciano, devant les toros de Samuel ?
    
Jean Ducasse n’a plus qu’à « rembobiner sa mémoire »,  réviser ses images et s’installer à nouveau devant son chevalet. Après ce que l’on a vu , hier, il va encore vendre du « Enrique Ponce »...tout le monde va lui demander « du Enrique Ponce ». Et c’est très bien ainsi, puisque l’artiste peintre sait si bien traduire sur la toile le toreo du Maestro de Chiva.
    
C’est que... « après ce que l’on a vu hier », il va falloir ajouter un qualificatif à Enrique Ponce... « Torero Artista ! ». Et ça, c’est nouveau... En parlant de lui, on disait toujours « grand professionnel », histoire « de se faire le quite ! ». On disait souvent « remarquable technicien », l’air un peu pincé. On disait aussi « trop facile »... Un peu court, comme appréciation !
    
Que doit on dire après la grande symphonie d’hier ? Simplement ceci : Que si Enrique Ponce « touche » ce toro, à Séville, en pleine feria, et qu’il lui donne exactement la même faena, tout le monde sort de la Maestranza « en toréant » et la presse ne parlera plus que d’Enrique Ponce, Numero Uno « total », grand torero, immense artiste que le Duende est venu visiter. On met, respectueusement, de côté, la photo du desplante de Curro, et à sa place, seul sur l’albero doré, la muleta pliée sous le bras, à huit mètres du toro, Enrique Ponce, en une pose torerisima, immortalisée par les plus grnads photographes taurins de la planète... Pas besoin de photoshop ! pas besoin de retouche ! La photo est parfaite, parce que l’image est grandiose. Une vraie peinture de Ducasse !
    
Enrique Ponce a donc écrit une nouvelle page de son Toreo sur l’albero Dacquois... Pourtant, on était bien mal parti. La corrida de Zalduendo sortait « pequeñote », se cachant derrières des armures très correctes. Faibles et soso les deux premiers... Oooaaaahh ! Tout le monde baillait de concert. La Feria faisait la sieste. On leva un oeil quand sortit le troisième, mieux fait, precioso... Bautista réveilla enfin le monde, à la cape. Faena honnête mais sans génie, close d’une affreuse transperçante accidentelle qui, jamais, ne doit donner lieu à l’attribution d’une oreille.. jamais ! Faites lui donner vingt vueltas, tout le monde debout ! d’accord... Une oreille, jamais ! Question de principe. Question  d’un « minimum de sérieux », même si la faena... même si ce fut un accident... même si, après, l’estocade fut bien portée.
    
Et puis sortit « Legado », un castaño, petit, bien fait, armé haut. Un toro d’une remarquable fijeza, au troisième tiers, parce que lidié « au cordeau » par le Maestro et sa cuadrilla. Enrique Ponce partit brinder à la plaza, et déjà, l’attitude du torero était celle de l’inspiration...
    
« Fue un faenon ! », le torero se permettant, au côté du fondamental, des pages d’improvisation esthétique, des chapitres de profondeur artistique, qui firent d’une grande faena, un moment inoubliable... L’espace d’un instant, dans un silence de cathédrale, toro et torero se figèrent en une image qui, d’un seul coup, traduisait la grandeur du Toreo... Tous les appareils photos crépitèrent d’un seul clic... Ponce, muleta pliée au bras gauche, citait le toro pour un nouvelle « ronde naturelle ». Passes de soie, douceur infinie, pechos soupirés... Puis le « tres en uno », puis les changements de main, puis, puis....
    
« Fue un faenon ! » L’estocade, portée à fond, mais un poil atravesadilla, mit du temps à faire effet... Que se serait il passé, si le toro avait basculé, au sortir  de l’embroque ? « Apaga y vamonos ! », on parlerait de rabo, et du « énième » faenon de Ponce, cette année...
    
Après cela, personne ne pouvait plus «passer aucune rampe ». Finito, qui d’ailleurs, salua le chef d’oeuvre, et Jalabert, repartit vers son « soupir torero ». Rien à faire : « Là où était passé Ponce, le toreo ne repoussait plus »... du moins, hier, 14 Août 2001,  à Dax

     14 août  - Dax – 4ème de Feria – Llenazo – Temps lourd qui va s’améliorant : Six toros de Zalduendo, de format réduit, mais bien roulés, pour trois d’entre eux, tapandose, « se cachant », derrière des cornes astifinas et résistantes. Au sortir des deux premiers, on craignait le scandale... Cela s’améliora avec les deux suivants, les meilleurs du jour. Puis, le moment magique passé, on laissa sortir les deux derniers... le sixième percutera par deux fois le burladero, se cassant logiquement un bout de corne. Aux piques, il y eut de tout, surtout peu de force. Cependant, il y eut un batacazo limpio de Bonnier, par le troisième. A la muleta, beaucoup de soseria chez le lot de Finito. Deux toros « en or » : Troisième et le fabuleux quatrième « Legado », que Ponce immortalisa dans sa grandeur.
    
Enrique Ponce écouta le silence, après avoir règlé, en toréant à mi hauteur, sans le brusquer, le triste premier moustique, qui s’était assommé sur une double vuelta de campana. Toro faible, sosisimo... Rien à faire. Capeo réduit au quatrième, bonne mise en suerte, lidia bien soignée. Le toro est bon, fixe sur les capes, sur les banderilleros. Il accourt au moindre cite, « con alegria ». La faena sera longue, rythmée, parfaitement construite en un crescendo d’émotion artistique, le torero s’envolant « vers d’autres cieux ». Dieu qu’il paraît facile de toréer... Faenon « total » et public en joie. Estocade qui met du temps à faire effet. Un avis résonne, tandis que tombe le brave. Deux oreilles "totales", indiscutables. Un maestro heureux, digne dans son triomphe, et un public, encore une fois, enchanté.
    
Finito de Cordoba toucha les moins bons, d’accord. Mélange de mansedumbre et de soseria, les deux toros allaient et venaient, sans rythme, sans sel ni poivre. Finito les poussa, les tira, voulut allonger leurs charges, au point d’en être disgracieux, forçant la figure, sans une once de relâché. Mais, malgré cette volonté, le Finito ne se mit pas en, colère, « no se enfado ! no se embragueto ! », et ses deux faenas furent oubliées, à peine terminées. Silence et courte ovation . On fut loin du Finito de l’an passé, avec les toros de « la ganaderia Marquis de Domecq »
    
Juan Bautista débuta fort bien face au joli troisième, avec le capote : Lances con garbo, chicuelinas et rebolera. Y olé ! Joli quite par navarras et serpentina, après un gros batacazo, sans mal, heureusement, à Monnier. Faena très propre, dessinant les séries sur deux mains, avec calme et allure, mais sans hausser le ton, à part sur quatre muletazos « despatarrados » que le public fêta, immédiatement. Final en manoletinas et desplantes polis. Bautista entre à matar et laisse, accidentellement, une affreuse lame contraire, qui « ressort » de quarante centimètres... Reprenant l’épée, le Français portera une bonne entière, à peine desprendida et coupera une oreille qui nous semble contestable, sans qu’ici ne soient dénigrées, ni la faena, ni l’accidentelle atravesada, ni la totale honnêteté du torero. Eurent mieux valu deux grosses vueltas, totalement fêtées – Le sixième sortit fort, et percuta un premier burladero. Bautista voulut le prendre par véroniques à genoux, mais pour cela il fallait serrer le toro aux barrières. Sur le cite des peones, le toro partit une nouvelle fois cartonner dans l’abri et s’y fit mal, probablement. Jalabert va ouvrir une larga à genoux, puis se rendre compte que le toro allait peu servir. Malgré un châtiment réduit, le toro n’offrit que peu de résistance, affchant pourtant une charge longue, au début, que le torero exploita, citant de loin. Puis, le souffle, comme la charge, se raccourcirent et la faena traîna un peu en longueur, Bautista exprimant, pieds joints, les dernières demi arrancadas. Estocade un peu ladeada, mais en faisant bien la suerte... Applaudissements, tandis que tout le monde cherchait des yeux « Enrique... », que l’on allait sortir à hombros, et que Jean Ducasse filait préparer ses couleurs...